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UNIVERSITE MOHAMMED V DE RABAT

Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales – Souissi

Master spécialisé juriste d’affaires (M1)


Semestre 1

Module : Droit et pratique des entreprises en difficultés

Travail de recherche sous le thème :

Soumis à l’appréciation de:


Professeur AHMED EL HAJJAMI

Préparé par :
ESSAGHIR Soufiane
FARIDI Safae

Année universitaire 2021/2022


Sommaire:
Introduction.

Partie I : Droit inféodé au droit du travail

Chapitre 1 : Le sort du contrat de travail

Section 1 : La continuation du contrat de travail

Section 2 : Le licenciement pour motif économique

Chapitre 2 : Le sort des créances salariales

Section 1 : Le caractère privilégié

Section 2 : Le paiement des créances salariales

Partie II : Les procédures collectives et les préoccupations environnementales :

Chapitre 1 : Les organes de la procédure collective et les obligations environnementales

Section 1 : Le syndic : une fonction ambivalente assortie d’obligations environnementales dans la


procédure collective

Section 2 : Les organes des créanciers

Section 3 : Le rôle environnemental des organes judiciaires

Chapitre 2 : La procédure collective face à la créance environnementale

Section 1 : Le fait générateur de la créance environnementale

Section 2 : La nature juridique de la créance

Partie III : Le rattachement du droit des entreprises en difficulté avec le droit de la concurrence

Chapitre 1 : Indifférence de principe au particularisme du droit des entreprises en difficulté

Section 1 : La légitimité sous conditions du droit des entreprises en difficulté

Section 2 : Les manifestations de l’indifférence

Chapitre 2 : Une prise en considération ponctuelle de l’entreprise en difficulté

Section 1 : A l’ occasion de l’analyse concurrentielle de la pratique prohibée

Section 2 : A l’ occasion de la sanction

Conclusion.

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Introduction
« Ni les enseignements de la pratique la plus expérimentale, ni les recherches de la science la plus
vaste, ni les ressources de l'esprit le plus délié, ni les combinaisons de la prévoyance la plus sage ne
supprimeront jamais à cette matière les difficultés qui tiennent à sa nature et qui mêlent leurs
inévitables inconvénients à toutes les imperfections du législateur.. ». M. Renouard, Traité des faillites
et des banqueroutes, Paris, 1842, I, 2002(1).

Le droit des entreprises en difficulté est réputé pour sa complexité. Il fait partie de ces droits que
l’on ne comprend qu’une fois l’avoir étudié dans sa totalité car il forme un tout. Il est donc utile de
recourir à des schémas pour donner immédiatement l’image de la globalité du droit des entreprises en
difficulté.
Les procédures collectives sont une terre de conflits. Le débiteur étant incapable d’honorer ses
dettes, les conflits surgissent entre lui et ses partenaires économiques, cocontractants, fournisseurs,
clients, mais aussi parfois salariés si le débiteur est un employeur.
Conflits encore entre lui et ses banquiers, créanciers, dont certains sont titulaires de sûretés, de garanties
et d’autres sont chirographaires...
La résolution de ces conflits est l’objet du droit des procédures collectives. Il a évolué au fil du temps.
Dans un premier temps, la finalité du droit était de sanctionner le débiteur qui avait trahi la confiance de
ses créanciers (symboliquement son banc était cassé, banca rota, expression à l’origine du mot
banqueroute). Le droit confiait aux créanciers dont le recouvrement de la créance est mis en cause le
soin d’organiser leur paiement collectif en réalisant tous les actifs du débiteur dans une procédure
collective universelle. L’objectif premier était d’assurer le paiement des créanciers. Ces derniers
s’organisaient pour supporter à parts égales la perte commune qu’ils devaient subir. Le sort du débiteur
était peu enviable car, outre la perte de tous ses biens, il subissait une lourde répression. Ainsi, la faillite
est avant tout une procédure collective – égalitaire mais en fonction des droits de chacun – de
désintéressement maximum des créanciers. Le devenir du débiteur ne figurait pas parmi les objectifs
premiers de la loi. Ce n’est qu’au XIXe siècle (Loi du 4 mars 1889) (2) que son sort commence à
émouvoir. Il n’est pas nécessairement malhonnête, il peut manquer de chance. Le droit des procédures
collectives devient donc une terre de compromis entre les intérêts contradictoires du débiteur, des
créanciers, des créanciers entre eux... Il émerge une prise de conscience de l’enjeu économique : la
disparition de l’activité générée par l’entrepreneur débiteur entraîne une perte de richesse néfaste à long
terme pour ses partenaires (salariés, contractants, créanciers...) et pour le tissu économique. Le
redressement du débiteur devient un véritable sujet de droit et s’impose à côté de la liquidation de ses
biens pour désintéresser ses créanciers.

Le droit des entreprises en difficulté peut se confronter à d’autres droits comme étant dérogatoire
ou inféodé, D’une part dérogatoire du droit commun qui tend à assurer ces arbitrages difficiles sans
avoir comme premier objectif la punition patrimoniale ou pénale du chef d’entreprise. En fait, le droit ne
peut être un rempart totalement efficace contre les aléas de l’économie. Il n’est ni réaliste ni saint de
vouloir préserver coute que coute, les entreprises vouées à une disparition certaine contenue de leur
faiblesse économique. Ainsi, les libéraux disent « laisser faire, laisser mourir ».De même il importe
que le recours aux règles dérogatoires des procédures collectives ne soient pas laxiste (3) au risque de

(1)-Thera, Fatoma, « La réforme de l’OHADA et les procédures collectives d’apurement du passif », édition L'Harmattan, 2012, p17.
(2)-La loi du 4 mars 1889 modifie substantiellement l'esprit du droit des faillites. La liquidation judiciaire devient un mode de gestion de la
défaillance à part entière.
(3)-Le laxisme est un système moral ou religieux visant à minimiser voire exclure les interdictions et les sanctions, par une absence de contraintes.

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provoquer un effet d’aubaine (4) conduisant certains débiteurs à les utiliser comme de simple modes de
gestion ( 5).
D’autre part, le droit des entreprises en difficulté est un droit inféodé, c'est-à-dire qui est soumis
à un autre droit.

De tout ce qui précède, et après la lecture de plusieurs études effectuées en la matière, ouvrages,
commentaires, conférences, colloques…, nous avons pu dégagé la problématique relative au sujet de la
dépendance du droit des entreprises en difficulté aux autres droits à savoir :
Quels sont les droits auxquels le droit des entreprises en difficulté s’inféode ?

Cette problématique représente notre thème de recherche et de celle-ci se dégagent plusieurs lignes
directrices. C’est la raison pour laquelle nous allons mettre en exergue dans une première partie le droit
des entreprises en difficulté inféodé au droit du travail, la seconde partie sera réservée aux
procédures collectives et les préoccupations environnementales, et la troisième tiendra le
rattachement du droit des entreprises en difficulté avec le droit de la concurrence.

(4)-Effet survenant lorsque des individus non ciblés par un programme ou une action marketing se trouvent néanmoins en être les
destinataires des bénéfices. L’effet d’aubaine est caractéristique d’une erreur de ciblage et/ou d’une mauvaise opérationnalisation. Plus
généralement, l’effet d’aubaine est constaté lorsque l’environnement spatio-temporel influence positivement le résultat obtenu, sans que
cela ait été prévu en amont.
(5)-https://cours-de-droit.net/cours-de-droit-des-entreprises-en-difficulte-au-maroc-a130729868/, consulté le 20 /11/2021.

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Partie I : Droit inféodé au droit du travail
Une fois n’est pas coutume, le droit des entreprises en difficulté subit la loi d’autres branches du
droit. Il en va tout particulièrement ainsi du droit du travail qui impose, depuis plus de trente ans, dans
sa rencontre avec les entreprises en difficulté, toute l’autorité de sa règlementation.

Pour comprendre la relation qui s’est tissée ces dernières années entre le droit du travail et le
droit des entreprises en difficulté, il faut remonter à la loi n° 85-98 du 25 janvier 1985(6). Le législateur
de l’époque a souhaité intégrer à la procédure collective tous ceux qui sont intéressés à son déroulement,
et tout particulièrement les salariés, rompant de la sorte avec une perception purement financière de la
faillite. Ce renouveau est présent dès le 1er article de la loi qui énonçait, dans sa rédaction d’origine, qu’
« il est institué une procédure de redressement judiciaire destinée à permettre la sauvegarde de
l’entreprise, le maintien de l’activité et de l’emploi et l’apurement du passif » (7).La disposition est
importante car non seulement elle officialise la rencontre du droit des entreprises en difficulté avec le
droit du travail, mais fait du maintien de l’emploi le deuxième objectif poursuivi par le droit des
entreprises en difficulté. A partir de là, la prise en compte des intérêts des salariés ne quittera plus le
déroulé et l’issue de la procédure collective (8).

De ce fait, les salariés sont-ils véritablement protégés en cet état d’exception ?

Chapitre 1 : Le sort du contrat de travail


Lorsqu’une entreprise souffre d’un trouble au niveau économique, les contrats de travail peuvent
également être affectés partiellement ou totalement et les salariés peuvent par la suite en subir le contre
coup à des degrés divers. C’est une raison qui a incité le code de commerce marocain à consacrer
quelques dispositions aux salariés qui font partie d’une entreprise en difficulté, comme elle a contraint
les partenaires sociaux de l’entreprise concernée à rechercher le maintien des relations contractuelles y
compris les contrats de travail. Ce maintien peut être réalisé de manière directe par la poursuite ou la
continuation, cependant les contrats peuvent prendre fin à cause de licenciement pour motif
économique.

Section 1 : La continuation du contrat de travail


Le plan de continuation de l’entreprise est considéré parmi les mécanismes les plus
indispensables qui permettent la sauvegarde ou le redressement de l’entreprise recherchés par
l’ensemble des parties, notamment le chef d’entreprise, les créanciers et les organes judiciaires. Ainsi
que, le tribunal de commerce peut décider de mettre en place un plan de continuation lorsque le juge
compètent estime qu’il existe des possibilités sérieuses que l’entreprise soit sauvegardée et que son
passif puisse être apuré. A cet égard, le plan de continuation vise principalement la protection des
intérêts de l’entreprise et d’écarter tout obstacle pouvant limiter son exploitation comme il permet à

(6)-Loi n° 85-98 du 25 janvier 1985 relative au redressement et à la liquidation judiciaires des entreprises. Il est institué une procédure de
redressement judiciaire destinée à permettre la sauvegarde de l'entreprise, le maintien de l'activité et de l'emploi et l'apurement du passif
(7)-Article 1er de la loi n°85-98 correspond à l’article 560 du code de commerce marocain qui dispose que : « La procédure de sauvegarde
a pour objet de permettre à l’entreprise de surmonter ses difficultés afin de garantir la poursuite de son activité, le maintien de l’emploi et
l’apurement du passif».
(8)- Colloque sous la direction de Francine MACORIG-VENIER, « Le droit des entreprises en difficulté après 30 ans : droit dérogatoire,
précurseur ou révélateur ? » N°30, PRESSES DE L'UNIVERSITÉ TOULOUSE 1 CAPITOLE, 2017, p 253 et 254.

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l’employeur de retrouver ses pouvoirs en tant que chef d’entreprise. Cette continuation est accompagnée
s’il y a lieu de l’arrêt, de l’adjonction, ou de la cession de certaines branches d’activité.

A cet égard, le plan de continuation mentionne les modifications des statuts nécessaires à la
continuation de l’entreprise et le syndic convoque, dans les formes prévues par les statuts, l’assemblée
générale compétente pour mettre en œuvre les modifications prévues par le plan de continuation. Il
convient de préciser que la durée du plan est fixée par le tribunal sans pouvoir excéder dix ans. La
véritable question qui se pose à cet effet s’articule autour de la place des contrats de travail dans le plan
de continuation adopté par l’entreprise concernée.

Les contrats de travail sont soumis à un régime assez particulier et ce conformément à l’article
588 du code de commerce qui exclut les contrats de travail des contrats en cours en stipulant que : « ...
Les dispositions des alinéas précédents ne s’appliquent pas aux contrats de travail. ». Cette exception
faite par le législateur marocain concorde avec les dispositions prévues par le législateur français à
travers l’article 37( 9) de la loi 25 janvier 1985 relative au redressement et à la liquidation judiciaire des
entreprises. Cela s’explique essentiellement par le fait que le maintien de l’emploi constitue un objectif
principal pour les procédures collectives, et que les contrats de travail doivent être continués de plein
droit en période d’observation. La poursuite des contrats de travail est automatique en cas de
redressement judiciaire, alors que dans le cadre de la liquidation des biens, elle doit faire l’objet d’une
autorisation judiciaire qui n’est accordée que si elle est justifiée par les besoins de cette procédure.
L’exécution de ces contrats dans le cadre de ces procédures est tout à fait normal dans la mesure où
l’entreprise en cours de sauvetage a besoin d’une force de travail pour relancer et pérenniser son activité
économique. Il est donc bien évident que le fonctionnement de l’entreprise en difficulté ne peut
s’effectuer sans force de travail. Dans le même cadre, il nous convient d’indiquer que le sauvetage des
contrats de travail est également concevable par la cession de l’entreprise.

Section 2 : Le licenciement pour motif économique


Sauvegarde de l’entreprise, sauvegarde de l’emploi. Plan de sauvegarde de l’entreprise, plan de
sauvegarde de l’emploi. Le premier peut prévoir des licenciements pour motif économique mais doit en
ce cas rappeler les mesures déjà intervenues et définir les actions à entreprendre « en vue de faciliter le
reclassement et l’indemnisation des salariés dont l’emploi est menacé ». Le second a pour finalité, dans
les entreprises d’au moins cinquante salariés, d’éviter les licenciements, de limiter le nombre de ceux
qui ne peuvent être évités et de faciliter le reclassement des salariés concernés.

L’apparente proximité du vocabulaire ne doit pas faire illusion. Sans doute, les contextes
économiques des dispositifs en cause présentent-ils plus que des analogies ne serait ce que parce que,
parmi les causes susceptibles de caractériser le caractère économique d’un licenciement, figurent en
bonne place les « difficultés économiques » de l’entreprise. Pourtant, le droit des procédures collectives
entretient une relation assez ambivalente avec le droit des licenciements pour motif économique. D’une
part, la protection de l’emploi figure parmi les objectifs explicites du premier et d’autre part, le second
sera parfois mis en œuvre alors même que l’entreprise n’est pas confrontée à proprement parler à des
difficultés économiques. La Cour de cassation admet en effet que la nature économique du licenciement
peut être reconnue lorsque ce licenciement trouve sa cause dans une réorganisation de l’entreprise

(9)-L’article 37 de la loi 25 janvier 1985 dispose que : « …. Les dispositions du présent article ne concernent pas les contrats de travail. »

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rendue nécessaire par la sauvegarde de la compétitivité de l’entreprise ou celle du secteur d’activité du
groupe auquel elle appartient. Pour dire les choses simplement, toute procédure collective ne conduit pas
nécessairement à des licenciements économiques et tous les licenciements économiques n’interviennent
pas dans une entreprise qui fait l’objet d’une procédure collective. Si l’on écarte le cas où une procédure
collective est ouverte alors qu’un processus de licenciement économique est enclenché, la mise en
œuvre du droit du licenciement pour motif économique dans une entreprise faisant l’objet d’une
procédure collective est aménagée pour des raisons liées à l’impératif de sauvegarde de l’entreprise. Ces
aménagements se traduisent par un relatif assouplissement des règles applicables, comme si l’intérêt de
l’entreprise primait sur les intérêts immédiats des salariés. Mais l’hypothèse doit être nuancée(10.

Dans le même ordre d’idées le législateur marocain a consacré une dizaine d’articles contenus
dans le code de travail dans lesquels il dispose que :

L'employeur dans les entreprises commerciales, industrielles ou dans les exploitations agricoles
ou forestières et leurs dépendances ou dans les entreprises d' artisanat, occupant habituellement dix
salariés ou plus, qui envisage le licenciement de tout ou partie de ces salariés, pour motifs
technologiques, structurels ou pour motifs similaires ou économiques, doit porter sa décision à la
connaissance des délégués des salariés et, le cas échéant, des représentants syndicaux à l'entreprise, au
moins un mois avant de procéder au licenciement. Il doit, en même temps, leur fournir tous
renseignements nécessaires y afférents, y compris les motifs du licenciement, ainsi que le nombre et les
catégories des salariés concernés et la période dans laquelle il entend entreprendre ce licenciement. Il
doit également engager des concertations et des négociations avec eux en vue d'examiner les mesures
susceptibles d'empêcher le licenciement ou d'en atténuer les effets négatifs, y compris la possibilité de
réintégration dans d'autres postes.

Le comité d'entreprise agit au lieu et place des délégués des salariés dans les entreprises
occupant plus de cinquante salariés.

L'administration de l'entreprise dresse un procès-verbal constatant les résultats des concertations


et négociations précitées, signé par les deux parties, dont une copie est adressée aux délégués des
salariés et une autre au délégué provincial chargé du travail (11).

Le licenciement de tout ou partie des salariés employés dans les entreprises visées à l'article 66
ci-dessus pour motifs technologiques, structurels ou pour motifs similaires ou économiques, est
subordonné à une autorisation délivrée par le gouverneur de la préfecture ou de la province, dans un
délai maximum de deux mois à compter de la date de la présentation de la demande par l'employeur au
délégué provincial chargé du travail.

La fermeture, partielle ou totale, des entreprises ou des exploitations visées à l'article 66 ci-
dessus, n'est pas autorisée si elle est dictée par des motifs autres que ceux prévus dans le même article, si
elle est de nature à entraîner le licenciement des salariés, sauf dans les cas où il devient impossible de

(10)-Colloque Sous la direction de Nicole Decoopman, « Entreprises en difficulté et droit du travail », collection CEPRISCA, 2016, p 17.
(11)-Article 66 du Dahir n°1-03-194 du 14 rejeb (11 septembre 2003) portant promulgation de la loi n°65-99 relative au Code du Travail.

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poursuivre l'activité de l'entreprise, et sur autorisation délivrée par le gouverneur de la préfecture ou de
la province, conformément à la même procédure fixée par les articles 66 et 67 ci-dessus (12).

Les salariés bénéficient des indemnités de préavis et de licenciement prévues respectivement aux
articles 51 et 52 ci-dessus, en cas de l'obtention ou non par l'employeur de l'autorisation de licenciement,
conformément aux articles 66, 67 et 69 ci-dessus. Toutefois, en cas de licenciement conformément aux
dits articles, sans l'autorisation précitée, les salariés licenciés ne bénéficient des dommages-intérêts
prévus à l'article 41 ci-dessus que sur décision judiciaire s'ils ne sont pas réintégrés dans leurs postes
tout en conservant leurs droits. L'employeur et les salariés peuvent recourir à la conciliation préliminaire
conformément à l'article 41 ci-dessus ou au tribunal pour statuer sur le litige (13).

Dans chaque catégorie professionnelle, les licenciements autorisés interviennent dans chaque
établissement de l'entreprise, en tenant compte des éléments ci-après :

- l'ancienneté ;

- la valeur professionnelle ;

- les charges familiales.

Les salariés licenciés bénéficient d'une priorité de réembauchage (14).

Chapitre 2 : Le sort des créances salariales


La loi considère depuis longtemps que le salarié ne peut être traité comme un créancier
ordinaire. En effet en principe un fournisseur aura plusieurs clients, et le fait que l'un ne le paye
pas ne le privera pas des recettes provenant des autres. Le salarié, pour sa part, tire généralement la
totalité de ses ressources de son salaire.
Pour cette raison la loi avait dans un premier temps institué des privilèges pour garantir le
paiement des créances des salariés.
Section 1 : Le caractère privilégié

Le législateur français institue un double système de garantie : le privilège et le superprivilège de


salaire. Le privilège général des salaires Il est opposable aux autres créanciers sans qu’il soit besoin de
le publier au registre du commerce et du crédit mobilier. Son rang dépend alors selon que l’entreprise est
in bonis ou en cessation des paiements et selon qu’il s’agit du paiement des créances de salaire dans la
masse ou contre la masse. Ainsi, lorsque l’entreprise est in bonis, ce qui est le cas dans le cadre d’un
règlement préventif, le paiement des créances de salaire dans la masse se fait conformément au privilège
général.

Les créances salariales nées de la poursuite de l’exploitation – encore appelées créances contre la
masse ou créances de la masse – font partie de la masse des créanciers. Cependant, ils bénéficient d’un
droit de préférence sur les créanciers chirographaires et ceux munis d’un privilège général pour avoir
permis de sauvegarder leurs créances. Ces créances doivent être payées par le syndic à leur échéance. À

(12)-Article 69 du Dahir n°1-03-194 du 14 rejeb (11 septembre 2003) portant promulgation de la loi n°65-99 relative au Code du Travail
(13)- Article 70 du Dahir n°1-03-194 du 14 rejeb (11 septembre 2003) portant promulgation de la loi n°65-99 relative au Code du Travail
(14)-Article 71 du Dahir n°1-03-194 du 14 rejeb (11 septembre 2003) portant promulgation de la loi n°65-99 relative au Code du Travail

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défaut, en cas de continuation ou dans l’hypothèse de cession globale ou d’une liquidation, elles seront
réglées avant toutes autres créances y compris assorties de sûretés, à l’exception bien sûr des salaires et
accessoires superprivilégiés.

L’efficacité du privilège général du salaire est, cependant, relative. Il est primé, par les
privilèges fiscaux et par les privilèges mobiliers et immobiliers spéciaux. Il y a peu de chance pour les
salariés d’être désintéressés. Face aux faiblesses avérées du privilège général des salaires, il a été créé le
superprivilège.

Le superprivilège porte sur la fraction incessible et insaisissable du salaire. Ainsi, si au moment


où le syndic entre en fonction il trouve des salaires impayés contenant le superprivilège il doit payer ces
créances « au plus tard, dans les dix jours qui suivent la décision d'ouverture et sur simple décision du
Juge-commissaire (…) sous déduction des acomptes déjà perçus. Au cas où il n'aurait pas les fonds
nécessaires, ces créances doivent être acquittées sur les premières rentrées de fonds avant toute autre
créance » (15).

Au Maroc, en vertu de l’article 382 du code de travail, pour le paiement des salaires et
indemnités dus par l'employeur et par dérogation aux dispositions de l'article 1248 du dahir du 9
ramadan 1331 (12 août 1913) formant Code des obligations et contrats, les salariés bénéficient du
privilège de premier rang institué par ledit article sur la généralité des meubles de l'employeur. Est
privilégiée dans les mêmes conditions et au même rang l'indemnité légale de licenciement.

Section 2 : Le paiement des créances salariales

Lors d’une procédure collective, les salariés bénéficient d’un traitement particulier, car ils sont
créanciers du débiteur et acteurs de l’activité de l’entreprise. Le régime réservé aux salariés est
relativement unitaire pour le paiement de leurs créances. Tel n’est pas le cas pour les licenciements.
Pour faire face à la crise économique liée à l’épidémie de Covid-19, le législateur a temporairement
modifié le paiement des créances salariales.

Lorsque des rémunérations n’ont pas été payées ou si des indemnités de licenciement sont
dues, les salariés sont dispensés d’avoir à déclarer leur créance.

En France, pour les créances salariales, le mandataire judiciaire est chargé de dresser des relevés
de créances salariales dans les 10 jours qui suivent le prononcé du jugement d’ouverture pour les
rémunérations des 60 derniers jours de travail et les indemnités de congés payés. Ce délai est allongé à
3 mois pour les autres rémunérations.

Lors de l’établissement de ces relevés, le mandataire judiciaire doit vérifier l’existence des
créances et leur origine salariale. Les relevés sont communiqués aux représentants du personnel.
Chaque salarié doit également être informé. Les relevés de créances salariales doivent être visés par le
juge-commissaire et remis à l’Association pour la Gestion du régime d’assurance des créances des
Salaires, l’AGS.

(15)-VIRGINIE YANPELDA, Article dans la REVUE DE DROIT COMPARÉ DU TRAVAIL ET DE LA SÉCURITÉ SOCIALE « LES
SALARIÉS DANS LES PROCÉDURES COLLECTIVES OHADA ACTEURS OU SPECTATEURS ? », p45.

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Pour le paiement des rémunérations des 60 derniers jours de travail, les salariés disposent d’un
super-privilège prévu à l’article L. 3253-2 du Code du travail. Ce super-privilège couvre les
rémunérations de toutes natures nés avant le jugement d’ouverture, déduction faite des acomptes
déjà perçus.

Ainsi, les salariés doivent être payés par l’administrateur ou le liquidateur, sur autorisation du
juge-commissaire, dans les 10 jours de l’ouverture de la procédure. Attention, en procédure de
sauvegarde, l’AGS ne garantit pas les rémunérations des salariés antérieures au jugement
d’ouverture. Cette mesure est justifiée par l’absence de cessation des paiements. En revanche, lors
d’un redressement et d’une liquidation judiciaires, l’AGS garantit les sommes dues aux salariés à la
date du jugement d’ouverture ainsi que les créances liées à la rupture d’un contrat de travail
postérieurement au jugement d’ouverture. Les créances salariales antérieures au jugement d’ouverture
sont également garanties par un privilège général mobilier prévu à l’article 2331 du Code civil
français et par un privilège général immobilier(16).

(16)-Sarah FARHI, « Les procédures collectives , 22 fiches pour décrypter le droit des entreprises en difficulté. », 2ème édition
Gualino,2020,p 66.

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Partie II : Les procédures collectives et les préoccupations
environnementales :
Étudier la protection de l’environnement dans le cadre d’une procédure collective de l’entreprise
constituant une installation classée fait forcément cohabiter deux corps de règles bien distincts : les
règles du droit de l’environnement et celles qui organisent les procédures collectives (17).

Si le droit de l’environnement a pour objectif de prévenir, de protéger et de réparer, les


procédures collectives traitent quant à elles les difficultés de l’entreprise. Il faut noter qu’une entreprise
peut tomber sous le coup de difficultés financières à la suite d’une catastrophe qu’elle a causée (c’est la
catastrophe qui entraîne la mise en redressement ou en liquidation judiciaire de l’entreprise). A
l’inverse, une autre entreprise qui développe une activité présentant des risques industriels, et donc
potentiellement polluante, peut être placée en redressement ou en liquidation judiciaire pour des causes
purement économiques et financières. Dans l’un ou l’autre cas, les organes mis en place par le tribunal
pour organiser le redressement ou la liquidation judiciaires de l’entreprise se trouveront confrontés aux
questions d’atteintes environnementales auxquelles ils devront faire face et qui engagent les personnes
dont les intérêts sont différents. Cela justifie la cohabitation du droit de l’environnement et du droit des
procédures collectives, deux corps de règles qui protègent des intérêts différents et quelques fois même
opposés.

La protection de l’environnement pouvant avoir un coût élevé, il est à craindre que le passif de
l’entreprise en difficulté s’en trouve de ce fait augmenté. Cela serait dû au fait que « la problématique
environnementale est une question patrimoniale et lorsqu’un site industriel est pollué, cela a une
incidence directe sur le patrimoine de l’entreprise en difficulté ».

Cette situation n’est pas de nature à aider financièrement la procédure qui, par principe, est
ouverte suite à des difficultés financières. C’est pour cela qu’il est fort justement noté le tumulte qui
caractérise les relations entre le droit de l’environnement et le droit des procédures collectives.

En outre, l’ouverture d’une procédure collective fait intervenir dans la conduite des activités de
l’entreprise des organes de la procédure ayant des missions bien précises. Il va de soit que ces missions
prennent en compte le volet environnemental de l’entreprise polluante. D’inévitables difficultés
surgissent lorsque l’entreprise fait l’objet d’une procédure collective, nées de la confrontation entre les
deux corps de règles que représentent le droit de l’environnement et le droit des procédures collectives.
Le point de contact et de croisement réside dans l’intervention d’un mandataire de justice qui sera
confronté aux problèmes environnementaux, qu’il soit question d’un redressement ou d’une liquidation
judiciaire (18).

(17)- Roussel Galle P., « Entreprises en difficulté », éd LexisNexis, 2012, Présentation.


(18)- Airou, Yafradou Adam, « Préoccupations environnementales et droit de l'entreprise dans l'espace OHADA. » éditeur: L'Harmattan,
2013, p 251 et 252.

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Chapitre 1 : Les organes de la procédure collective et les obligations
environnementales
L’ouverture d’une procédure collective a pour corollaire la désignation des organes ayant pour
mission de conduire la procédure à son terme. Qu’on soit en présence d’un redressement ou d’une
liquidation judiciaires, les organes qui sont mis en place par le jugement d’ouverture sont variés et ont
chacun des missions bien définies qui ne sauraient exclure les questions de pollution qui se poseraient.
Dès lors, les problèmes environnementaux n’échappent pas au joug des exigences et contraintes de la
procédure ouverte. Ils intègrent les procédures collectives et « le droit spécial de l’environnement et des
procédures collectives s’appliquent donc de façon simultanée ».

L’analyse de l’application simultanée de ces deux corps de règles nous impose d’étudier la prise
en compte des questions environnementales dans la gestion des difficultés d’une installation classée par
les organes mis en place par le jugement d’ouverture. Ces organes doivent donc affronter et inscrire au
titre de leurs missions une exigence nouvelle de la société contemporaine qui ne peut être passée sous
silence encore moins laisser aux oubliettes (19).

Section 1 : le Syndic : une fonction ambivalente assortie d’obligations


environnementales dans la procédure collective
Le syndic est un organe important dans les procédures collectives telles que organisées par le
droit O.H.A.D.A. (20) puisqu’il est à la fois chargé « de représenter les créanciers », d’assister le débiteur
et de le substituer en cas de liquidation. Ainsi, « en cas de liquidation judiciaire, il assiste
obligatoirement le débiteur pour tous les actes concernant l’administration et la disposition de ses biens ;
en cas de liquidation des biens, il accomplit ou exerce les actes, droits et actions du débiteur concernant
son patrimoine ». Cette fusion des rôles rappelle en droit français le vocable de « syndic - administrateur
judiciaire » que la loi du 25 janvier 198521 a supprimé en opérant la distinction entre les professions de
mandataire judiciaire et d’administrateur judiciaire.

Jouant un rôle principal dans la gestion des entreprises en difficulté, les syndics ne doivent pas
être exemptés de cette charge par les réformes à venir. Il leur reviendra de réaliser ou de faire réaliser le
bilan environnemental par un spécialiste. C’est ainsi qu’en droit français, le bilan environnemental peut
être non seulement « établi à la demande des administrateurs judiciaires nommés dans le cadre des
procédures de traitement des difficultés des entreprises », mais aussi « réalisé à la demande de
l’administrateur judicaire par le débiteur lui-même ou par un technicien qui sera désigné par le juge-
commissaire ».

(19)- Airou, Yafradou Adam, Op.cit. p 255.


(20)-L'Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires (en abrégé OHADA) est une organisation
intergouvernementale d'intégration juridique. Instituée par le traité du 17 octobre 1993 signé à Port-Louis, tel que révisé le 17 octobre
2008 à Québec, cette organisation regroupe à ce jour 17 pays africains et reste ouverte à tout État membre de l'Union africaine, voire à tout
État non membre de l'Union africaine qui serait invité à y adhérer du commun accord des États membres. Elle vise à combattre la chute des
investissements en Afrique en proposant un cadre juridique commun dans le domaine économique et du droit des affaires.
(21)-Loi n° 85-98 du 25 janvier 1985 relative au redressement et à la liquidation judiciaires des entreprises. Il est institué une procédure de
redressement judiciaire destinée à permettre la sauvegarde de l'entreprise, le maintien de l'activité et de l'emploi et l'apurement du passif.

12
Le contenu du bilan environnemental doit permettre de faire ressortir tous les impacts
environnementaux qui sont le fait des activités de l’entreprise ainsi que les dispositions et mesures qui
sont déjà prises afin d’éclairer le syndic sur la situation environnementale de l’entreprise. Sur ce point, il
convient de noter l’apport intéressant du décret français du 29 novembre 2005 (22) qui précise que « ce
bilan contient des informations concernant l’identification et la description du ou des sites où sont
exploitées la ou les installations classées et de leur environnement ; l’existence de pollutions potentielles
; les mesures d’urgence de mise en sécurité déjà prises, prévues ou à prendre et les mesures réalisées
afin de surveiller l’impact de l’exploitation sur l’environnement ».

Le bilan environnemental est tout de même un instrument qui permettra au syndic d’analyser la
situation environnementale de l’entreprise dont il a la responsabilité afin d’envisager les mesures
appropriées tout en respectant les règles qui régissent la procédure collective.

Section 2 : les organes des créanciers


Analyser le rôle que les organes des créanciers peuvent jouer afin d’œuvrer pour la protection de
l’environnement dans la gestion de l’entreprise en pleine procédure collective nous oblige tout d’abord à
étudier leurs différentes attributions dans la procédure collective. C’est seulement après l’étude de ces
attributions que nous pouvons déterminer d’éventuelles obligations environnementales auxquelles ces
organes seront soumis. Bien avant, il faut préciser que les organes des créanciers qui sont prévus par le
droit O.H.A.D.A (23) sont : les contrôleurs et dans une certaine mesure l’assemblée des créanciers.

Les contrôleurs (24) sont consultés sur des questions importantes de la procédure avec possibilité
de donner leur point de vue et de formuler des suggestions dans leur mission de surveillance du
déroulement de la procédure collective. Ils veillent par ailleurs aux intérêts des créanciers. Ils
représentent les intérêts de tous les créanciers y compris les créanciers environnementaux qui sont
particulièrement spécifiques en fonction de la nature de leur créance. Dès lors, les contrôleurs peuvent
jouer un véritable rôle environnemental puisqu’ils seront amenés à représenter les intérêts des créanciers
environnementaux qui font partie des créanciers de la procédure.

Quant à l’assemblée des créanciers (25), son champ est réduit puisque « dans l’acte uniforme
portant organisation des procédures collectives (l’A.U.P.C), il ne reste plus qu’une assemblée des
créanciers chargée de voter le concordat (26) en cas de redressement judiciaire et même cette unique
assemblée n’est pas de rigueur si le concordat ne contient pas de demande de remise de dettes mais
seulement des demandes de délais de paiement n’excédant pas deux ans».Vu la petitesse du champ
d’action de l’assemblée des créanciers, nous avons choisi de porter nos développements sur les
contrôleurs qui, une fois désignés sont présents pendant toute la durée de la procédure. Ils sont ainsi, en
vertu de leurs attributions, plus à même de jouer un rôle de protection de l’environnement puisqu’ils
assistent le juge commissaire dans sa mission de surveillance du déroulement de la procédure collective

(22)-Décret n° 2005-1470 du 29 novembre 2005 relatif à l'aide juridictionnelle accordée dans les litiges transfrontaliers en matière civile ou
commerciale et modifiant le décret n° 91-1266 du 19 décembre 1991.
(23)-Dominique Vidal, Giulio Cesare Giorgini, « Droit des entreprises en difficulté »,édition Gualino ,2014-2015, p10
(24)-Euloge Mesmin KOUMBA, « Droit de l’OHADA : prévenir les difficultés des entreprises », édition l’Harmattan, 2013,p 167.
(25)-Le législateur marocain a réglementé l’assemblée des créanciers dans les articles 606 à 621 de la loi n° 17-73.
(26)-D.R.Martin. « Droit des affaires » ; Tome 2 ,1ére édition, 2019, p.196.

13
et veillent aux intérêts des créanciers. Aussi, ils surveillent le cours des évènements et sont attentifs au
paiement des créances de tous les créanciers de la procédure qu’ils représentent.

Section 3 : Le rôle environnemental des organes judiciaires


La procédure collective se déroule sous le contrôle d’une juridiction qui prononce son ouverture
et qui veille au bon respect des règles relatives au droit des procédures collectives. Pour ce faire, le droit
communautaire O.H.A.D.A. prévoit que la juridiction compétente désigne un magistrat qui aura pour
mission de veiller au déroulement normal de la procédure : c’est le juge-commissaire. Ce dernier n’est
pas l’unique magistrat qui peut intervenir dans la procédure. Il y a aussi le représentant du ministère
public qui est traditionnellement le gardien de la légalité et de l’ordre public et qui intervient à ce titre
durant toute la procédure collective pour faire connaître la position des pouvoirs publics et veiller à
l’intérêt général. Ces deux organes judiciaires sont l’œil du tribunal et seront chargés de concilier tous
les intérêts en présence qui peuvent parfois paraître contradictoires. De ce fait, quels pourraient être
leurs rôles respectifs, de même que celui de la juridiction compétente, dans la protection des intérêts
environnementaux en présence ?

Tel sera l’objectif que nous nous assignons en étudiant les organes judiciaires. Nous analyserons
donc successivement à travers leurs missions respectives le rôle que le juge-commissaire, le tribunal
compétent et le ministère public peuvent jouer afin que les questions environnementales ne soient pas
ignorées dans le déroulement de la procédure collective.

Le juge-commissaire (27) :

Il est nommé par le tribunal compétent à l’ouverture de la procédure collective. Le tribunal peut
procéder à son remplacement à tout moment. Le juge-commissaire est un des organes essentiels de la
procédure auxquels la doctrine se prête bien volontiers à attribuer des qualificatifs qui sont à la hauteur
de son importance et de son implication dans la procédure collective. Il est en effet l’ « homme
orchestre », le « chef d’orchestre de la procédure », le « pivot de la procédure collective » et l’« élément
moteur des procédures collectives ».

Tous ces pouvoirs qui relèvent de sa compétence démontrent bel et bien qu’il est un organe
central. Son degré d’implication dans le déroulement de la procédure lui permet de connaître toutes les
questions que soulève l’administration de l’entreprise en difficulté. C’est donc dans cette optique que
nous concevons que le juge-commissaire est fondé à prendre connaissance des questions
environnementales qu’impliquent la gestion de l’entreprise en difficulté auprès de laquelle le tribunal
l’aura commis. Pour ce faire, il doit s’informer sur tous les impacts environnementaux de l’activité de
l’entreprise en difficulté. Dès lors, il ne peut véritablement remplir cette mission que s’il est bien
informé. Dans cet objectif, il mettra à contribution les personnes impliquées dans la gestion de
l’entreprise.

Le tribunal compétent :

Malgré le rôle actif du juge-commissaire dans le déroulement de la procédure, il est placé sous
l’autorité du tribunal compétent dont la mission est l’administration de la procédure et la centralisation

(27)- Dominique Vidal, Giulio Cesare Giorgini, Op.cit.p158.

14
de toutes les contestations. Il reçoit de ce fait un rapport du juge-commissaire qui porte sur toutes les
contestations nées de la procédure. Le tribunal compétent est l’organe judiciaire qui statue et décide en
dernier ressort sur toutes les questions relatives à l’administration de la procédure collective. Il est donc
l’organe suprême centralisateur des décisions des autres organes. Il arbitre et décide en dernier ressort. Il
statue sur l’opposition qui peut être formée contre une décision du juge-commissaire et il peut même
s’auto saisir afin de réformer ou annuler la décision du juge-commissaire.

Le Ministère public (28):

Quant au représentant du Ministère public, il occupe une place importante dans le déroulement
de la procédure du fait du caractère d’ordre public de cette dernière. Il reste en contact avec le juge-
commissaire qui l’informe de l’évolution de la procédure et il est présent et entendu à la réunion
concordataire. Pendant cette audience, le représentant du Ministère public expose ses conclusions orales
et écrites sur la base des informations qu’il tient de ses investigations personnelles et de l’analyse qu’il
fait du rapport du syndic qui lui est transmis. De même, « ses avis sont en pratique précieux pour le
tribunal lors des chambres du conseil qui précèdent le prononcé de toute décision importante».

Il faut noter par ailleurs que « lorsque la juridiction compétente statue sur une opposition formée
contre une décision du Juge-commissaire, ce dernier ne peut siéger ». Ce rôle le place en ultime recours
et il peut connaître de toutes les situations dépassant la compétence du syndic et du juge-commissaire à
l’exception des incompétences de l’article 3 de l’A.U.P.C (29). Ce même article dispose en son alinéa 2
(30) que la juridiction des procédures collectives « est compétente pour connaître de toutes les
contestations nées de la procédure collective, de celles sur lesquelles la procédure collective exerce une
influence juridique, ainsi que de celles concernant la faillite personnelle et les autres sanctions ». Aussi,
c’est à ce stade de l’analyse que nous pensons qu’il peut connaître des questions impliquant les atteintes
environnementales puisque « cette conception extensive de la compétence d’attribution de la juridiction
commerciale doit être relevée, tant il est possible que la procédure collective exerce une influence
juridique sur une variété quasiment infinie de situations de droit privé et de droit public ».

En effet, l’article 66 de l’A.U.P.C (31) prévoit la transmission immédiate du rapport du syndic


avec les observations du juge-commissaire au représentant du Ministère public. Dès lors, les conclusions
qui seront produites par le représentant du Ministère public après étude du rapport du syndic et sur la
base de ses recherches personnelles, n’éluderont point le volet environnemental de l’activité de
l’entreprise qui aura un impact sur le déroulement de la procédure.

(28)- Idem, p 154


(29)-Article 3.La conciliation, le règlement préventif, le redressement judiciaire et la liquidation des biens relèvent de la juridiction
compétente en matière de procédures collectives. Cette juridiction est également compétente pour connaître de toutes les contestations nées
de la procédure collective, de celles sur lesquelles la procédure collective exerce une influence juridique ainsi que de celles concernant la
faillite personnelle et les autres sanctions, à l’exception de celles qui sont exclusivement de la compétence des juridictions administratives,
pénales et sociales. Il appartient à chaque État partie, le cas échéant, de désigner la ou les juridictions qui ont seules compétence pour
connaître des procédures régies par le présent Acte uniforme.
(30)-Art.3‐2.‐ Toute contestation sur la compétence de la juridiction saisie doit être tranchée par celle‐ci dans les quinze jours de sa saisine
et, en cas d’appel, dans le délai de trente jours par la juridiction d’appel. La juridiction, si elle se déclare compétente, doit statuer aussi sur
le fond dans la même décision, qui ne peut être attaquée sur la compétence et sur le fond que par la voie de l’appel.
(31)-Art.66.‐ Sans préjudice de l’élaboration du bilan économique et social prévu à l’article 119‐1 ci‐dessous, le syndic, dans un délai de
trente jours à compter de son entrée en fonction, remet au juge commissaire un rapport sommaire sur la situation apparente du débiteur. Le
juge commissaire transmet sans délai le rapport avec ses observations au ministère public. Si ce rapport ne lui a pas été remis dans le délai
prescrit, le juge commissaire en avise le ministère public en expliquant les causes de ce retard. Dans le cas où la procédure de redressement
ou de liquidation des biens est ouverte à rencontre d’une personne exerçant une profession libérale soumise à un statut réglementé, le
rapport est également remis à l’ordre professionnel ou à l’autorité compétente dont le débiteur relève.

15
La protection de l’environnement n’étant pas un objectif clairement défini par le droit
O.H.A.D.A., le rôle de défense de l’intérêt général de Ministère public lui impose de relever au cours
d’une procédure collective une atteinte environnementale qui au-delà de l’intérêt des créanciers,
porterait atteinte à l’intérêt général. Ainsi, s’il détient des informations de nature environnementale
susceptibles d’intéresser l’administration de la procédure, il n’en fera pas économie de communication
au juge-commissaire. Ce dernier, en retour, est tenu d’une obligation d’information environnementale
envers le représentant du Ministère public.

Chapitre 2 : La procédure collective face à la créance environnementale


La question des créanciers au sein de la procédure collective est toujours délicate à traiter
puisque l’organisation de la procédure doit permettre de désintéresser les créanciers qui ne sont toutefois
pas traités de la même manière. Cette situation s’explique par les différences qui existent entre les
créanciers et qui résultent du fait que leurs créances ne sont pas nées à la même époque de la vie de
l’entreprise. « Selon la date de naissance de la créance invoquée contre l’entreprise en redressement ou
en liquidation judiciaire, elle suivra un régime différent ».

Aux créances antérieures (32) qui doivent être déclarées, s’opposent les créances postérieures (33)
qui bénéficient d’un paiement prioritaire. La place des créances au sein de la procédure collective est
alors déterminée par le droit des procédures collectives dont les règles sont d’ordre public. Il convient
alors de faire une place à la créance environnementale parmi la mosaïque de créances que doivent
liquider les organes de la procédure. Cette situation constitue une difficulté supplémentaire au traitement
des créances dans la procédure puisque « l’étude de la créance environnementale n’en constitue pas
moins une bonne illustration des difficultés que soulèvent en général le sort des créances dans la
procédure collective », sort que la créance environnementale doit suivre.

L’opposition classique entre les créances antérieures et les créances postérieures doit-elle guider
l’étude de la créance environnementale ? Ou a contrario « la créance environnementale qui présente la
particularité d’avoir une grande diversité de sources et qui contribue dans une certaine mesure à la
protection de l’environnement » doit-elle se voir réserver un traitement prioritaire ? L’argumentation
qui nous permettra de répondre à cette interrogation nous engagera tout d’abord dans l’analyse du fait
générateur de la créance environnementale (I), avant de procéder à l’étude de la nature juridique de la
créance environnementale (II).

Section 1 : Le fait générateur de la créance environnementale

L’étude de la créance environnementale dans la procédure collective permettra d’analyser une


créance de nature particulière qui peut être évaluée à un tel montant, que le redressement de l’entreprise
en sera compromis34. La créance environnementale peut prendre la forme d’une « remise en état
d’installations classées, de l’élimination de déchets, de l’obligation d’information de l’acheteur d’un
terrain pollué, de la réparation de troubles de voisinage ». Elle peut accélérer la procédure de
redressement en le transformant en liquidation mettant ainsi fin à la vie de l’entreprise.

(32)-Laétitia LETHIELLEUX, « Mémento LMD-Droit des entreprises en difficulté »,3ème édition Gualino, 2012,,p99.
(33)- Idem, p100.
(34)-En effet, dans le cadre d’une procédure de redressement judiciaire, le paiement de la créance environnementale, vu le montant qu’elle
peut représenter, peut compromettre définitivement toutes les chances de l’entreprise d’être redressée.

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Ceci est d’autant plus important que la majorité des entreprises de l’espace économique
O.H.A.D.A. sont économiquement fragiles et le poids d’une créance environnementale « peut constituer
une charge très lourde, voire intolérable, susceptible de provoquer le dépôt de bilan des entreprises aux
reins insuffisamment solides ». Aussi, la question de la pérennité de l’entreprise se pose dans le cadre de
la procédure de redressement judiciaire et c’est pourquoi la protection de l’environnement présente un
risque pour la solvabilité de l’entreprise. Etudier la créance environnementale revient donc à s’intéresser
à l’origine d’une créance dont la finalité est la protection de l’environnement mais qui par ailleurs fait «
gonfler le passif de l’entreprise en difficulté ». Cette créance naît a priori de la conséquence d’une
activité qui s’est avérée polluante (A), mais également de l’acte administratif ou de la décision de justice
qui met le débiteur en demeure de dépolluer (B).

A- Une créance résultant d’une activité polluante

Si le fait générateur de la créance environnementale peut être déterminé avant ou après le


jugement d’ouverture, l’activité qui est la source de la pollution que la créance environnementale devra
permettre de réparer sera considérée comme le fait principal de la survenance de la créance. La créance
ne serait pas née si l’activité polluante n’avait pas existé. C’est ce qui fait entre autres la particularité de
la créance environnementale. Elle résulte de l’obligation juridique de l’entreprise en raison de l’activité
d’installation classée qu’elle exerce et qui fait d’elle la débitrice de la remise en état après arrêt définitif.

La créance environnementale peut être considérée comme l’aboutissement juridique d’une


pollution déjà présente et relative à l’activité de l’entreprise. En effet, elle ne serait pas insérée dans les
créances de la procédure si auparavant aucune atteinte physique à l’environnement n’avait pas eu lieu.
La pollution est donc la source principale de la créance. Ainsi, les différentes pollutions dues à l’activité
de l’entreprise constituent le point de départ d’un processus qui conduira à la qualification du passif
environnemental ainsi constitué en créance. Dès lors, l’existence antérieure d’une activité polluante de
l’entreprise, à l’encontre de laquelle une procédure collective est ouverte, est une condition sine qua non
(35) de l’apparition future d’une créance environnementale dans la procédure collective.

L’exploitation de l’entreprise constitue la cause majeure de l’apparition des nuisances


génératrices d’un préjudice environnemental. Une entreprise soumise à une procédure collective et dont
les différentes activités ne portent aucun préjudice à l’environnement ne se verra pas dans l’obligation
de faire face à une quelconque créance environnementale.

A contrario, il est tout à fait logique que l’entreprise qui a pollué l’environnement à travers
différentes émissions et déversements de produits toxiques s’en trouve responsabilisée. Cette
responsabilisation passe par la prise en compte par la procédure collective du passif qui aura été
constitué en vue de son extinction.

Les faits de pollution et l’effectivité de l’atteinte à l’environnement constituent, en réalité, les


sources réelles de l’obligation de dépolluer. Ces faits trouvent leur origine véritable à toutes les étapes
de la vie de l’entreprise qui ont coïncidé avec l’apparition des indices de pollution. C’est ainsi que, « si
l’on recherche la période d’exécution de l’activité polluante pour y attacher la créance de remise en état
qui en découle, on peut d’abord décider que la créance est née virtuellement dès que l’entreprise a

(35)-Sine qua non signifie Indispensable à la bonne exécution d'une tâche ou d'un événement, sans quoi il ne sera pas possible de mener à
bien ses objectifs ou, dans le cas contraire, d'empêcher leur bon déroulement.

17
commencé à exercer son activité et qu’elle correspond à toute la durée de son exploitation ». Dès lors, il
faut noter que les pollutions que la procédure collective doit intégrer dans le passif global de l’entreprise
peuvent avoir leur source véritable dans les exploitations antérieures. Cela n’enlève en rien la charge de
la dépollution par les organes de la procédure puisque la remise en état est à la charge du dernier
exploitant dont le représentant légal est le syndic (36).

La procédure collective prendra en compte toutes les pollutions dues aux différentes activités de
l’entreprise même si lesdites pollutions sont imputables aux exploitants antérieurs. Ce n’est que
l’application de la législation sur les installations classées qui fait du dernier exploitant celui sur qui pèse
l’obligation de remise en état. S’il est vrai que la créance environnementale résulte en pratique d’une
activité polluante, il est tout aussi vrai que son fait générateur est l’acte administratif de mise en
demeure de dépolluer ou une décision de justice.

B-Une créance qui naît d’un acte administratif ou d’une décision de justice

La créance environnementale présente quelques caractéristiques propres par rapport aux autres
créances de la procédure. Ces différences sont relatives à l’acte administratif et à la décision de justice
qui peut la faire naître et à la nature de cet acte ou de cette décision que prendra l’autorité administrative
ou le juge pour faire cesser ou faire réparer les nuisances occasionnées par les pollutions.

L’arrêté de l’autorité ou la décision du juge prendra la forme d’une sanction afin de parer à une
défaillance des dirigeants de l’entreprise. La particularité de la créance environnementale est ainsi due
au fait qu’elle naît d’un dispositif répressif du droit de l’environnement qui se décline tant en sanctions
administratives qu’en sanctions judiciaires qui seront appliquées si l’entreprise débitrice n’exécute pas
son obligation de dépollution. En effet, en cas d’inexécution volontaire des obligations
environnementales de remise en état par les représentants de l’entreprise, ces derniers seront contraints
de s’exécuter sur injonction des autorités compétentes.

Section 2 : La nature juridique de la créance environnementale dans la procédure


collective
La nature juridique (37) de la créance environnementale peut avoir un lien avec son fait
générateur (38). Il en est ainsi puisqu’une créance qui résulte d’une activité polluante du débiteur et qui
est une dette échue sera juridiquement de nature différente que celle qui est née à la suite des sanctions
administratives et judiciaires intervenues après le jugement d’ouverture.

La première sera une créance antérieure tandis que la seconde sera une créance postérieure. Le
jugement d’ouverture marque l’instant qui détermine le caractère antérieur ou postérieur des créances en
présence. Le rappel de ce principe du droit des entreprises en difficulté nous paraît important dans la
mesure où la qualification retenue déterminera le sort réservé aux créances. Ainsi, si la créance

(36)-Il s’agit d’un syndic en application du droit OHADA, syndic qui joue les rôles de mandataire judiciaire et de liquidateur judiciaire
selon la procédure ouverte
(37)- On entend par nature juridique la propriété d'une personne ou d'un acte à se voir appliquer des règles du droit.
(38)-Le fait générateur est un événement à l'origine d'un sinistre. Ce fait peut être une faute, un fait de la chose, ou un
fait d'autrui. Le fait générateur peut être de responsabilité délictuelle ou contractuelle.

18
antérieure doit être déclarée au passif, la créance postérieure quant à elle bénéficiera d’un traitement
prioritaire.

La nature juridique de la créance n’est donc pas sans avoir une incidence sur le traitement de la
créance fut-elle environnementale. Cette incidence se traduira par le gonflement du passif de l’entreprise
si la créance se révèle être une créance antérieure tandis qu’une qualification en créance postérieure
offrira l’opportunité de donner la priorité à la dépollution. La nature juridique de la créance
environnementale sera donc forcément déterminante dans la dépollution. Dès lors, il faudra procéder à la
qualification juridique de la créance environnementale. Cette qualification permettra de déterminer sa
place parmi l’ensemble des créances qu’il faudra apurer.

Répondre à cette interrogation revient à démontrer que la créance qui est la conséquence d’une
atteinte environnementale correspond aux exigences de l’une ou l’autre catégorie de créance. Ce faisant,
il convient de se pencher, en amont, sur une première préoccupation : celle de savoir « si une obligation
de nature environnementale peut être considérée en tant que créance ou non. Cela revient à se poser la
question de savoir si la logique tirée de la législation relative aux procédures collectives est applicable à
la matière environnementale ou pas ».

Il faudra conduire l’analyse sous le prisme du droit O.H.A.D.A. qui n’a pas pris en compte ladite
créance parmi les créances de la procédure. Les magistrats des pays membres de l’espace juridique
O.H.A.D.A. ne se sont pas non plus prononcés sur cette créance encore moins sur sa nature. Retenant
tout de même de nos analyses précédentes que cette créance doit être prise en compte par les organes de
la procédure collective, bien qu’il ressorte « de la législation relative aux installations classées et que
nous ne sommes pas en présence d’un rapport classique de créancier à débiteur ».

Il est donc indispensable d’étudier la créance environnementale au regard des articles de l’Acte
Uniforme portant organisation des Procédures Collectives qui traitent des créances antérieures et des
créances postérieures traditionnelles. A ce sujet, le droit français, suite à l’adoption de la loi de
sauvegarde des entreprises du 26 juillet 2005(39), marque une évolution quant à la qualification des
créances postérieures. Elles seront constituées de créances nées pour les besoins de la procédure ou en
contre partie d’une prestation fournie au débiteur pour son activité professionnelle.

La place de la créance environnementale dans la procédure collective pose autant de questions


que les autres créances. Il est donc primordial de déterminer son classement parmi le capharnaüm (40) de
créances. Il s’agira « en effet de savoir si le paiement de cette créance peut être demandé et si elle doit
être réglée sur les fonds disponibles dans la procédure parce qu’elle s’analyse en une créance née après
le jugement d’ouverture ou si elle doit être simplement déclarée au passif et acquittée selon les règles du
plan ou de la liquidation parce qu’elle constitue une créance antérieure à l’ouverture de la procédure
collective » (41).

(39)-La loi de sauvegarde des entreprises, du 26 juillet 2005, est une réforme jugée importante du droit commercial, s'apparentant à un
ajustement des dispositions du code de commerce relatives aux procédures collectives.
(40)-Le capharnaüm est un endroit où des objets sont en grand nombre et en désordre.
(41)-Dominique Vidal, Giulio Cesare Giorgini, Op.cit. de la page 255 à la page 305.

19
Partie III : Le rattachement du droit des entreprises en
difficulté avec le droit de la concurrence:
La loi du 25 janvier 1985( 42), qui refonde le droit de la défaillance des entreprises a été suivie par
l’ordonnance du 1 er décembre 1986(43) qui a, également, refondé le droit français de la concurrence,

Le droit des entreprises en difficulté cherche à préserver l’entreprise, en dépit et en raison de ses
difficultés, alors que le droit de la concurrence a pour but la protection du libre jeu de la concurrence.
Plus largement, le droit de la concurrence inclut également les pratiques restrictives de concurrence ainsi
que la concurrence déloyale et le parasitisme ( 44).

Cependant, des points de convergence existent. Le droit des entreprises en difficulté exerçait une
fonction concurrentielle, d’une part, parce qu’il organise l’élimination des entreprises économiquement
malades et, d’autre part, parce qu’il offre un instrument de restructuration des entreprises dans un
contexte concurrentiel, notamment par le régime des offres de reprise.

Ces deux matières relèvent du droit économique et traduisent le choix d’une économie de
marché régulée.

Mais, il ne s’agit pas d’apprécier les distorsions de concurrence que peut introduire l’existence
même du droit des entreprises en difficulté, ou sa fonction concurrentielle, mais d’appréhender les
rapports qu’entretient ce droit avec le droit de la concurrence pour constater que le premier est inféodé
au second.

L’emploi du terme « inféodé » (45) peut, paraître excessif. Mais, le retour au sens premier du mot
convainc de la pertinence de son emploi. Il est possible d’imaginer, le droit de la concurrence en
suzerain (46) qui donne une terre à un vassal47, le droit des entreprises en difficulté, pour qu’il administre
ces entreprises sans que ne soit porté atteinte à ses intérêts de suzerain. Ce n’est que dans cette
hypothèse, une atteinte à ses intérêts, que le droit de la concurrence intervient, pour que règne son ordre.
L’ordre concurrentiel s’impose, en effet, au droit des entreprises en difficulté.

(16)-Loi n° 85-98 du 25 janvier 1985 relative au redressement et à la liquidation judiciaires des entreprises. Il est institué une procédure de
redressement judiciaire destinée à permettre la sauvegarde de l'entreprise, le maintien de l'activité et de l'emploi et l'apurement du passif.
(17)-Ordonnance n° 86-1243 du 1 décembre 1986 relative à la liberté des prix et de la concurrence.
(44)-Pierre-Grégoire Marly, Vincent Ruol, (préface de François Ewald), « Droit des entreprises d’assurance »,Revue Banque édition ,
2011, p296
(45)-Être inféodé : Être attaché à quelqu'un, à quelque chose par des liens d'étroite dépendance, par une subordination constante :
S'inféoder à un parti.
(46)- Dans le vocabulaire du droit féodo-vassalique, le suzerain est le seigneur du seigneur (antonyme : arrière-vassal). Ce terme désigne
par excellence la personne qui se trouve au sommet d'une pyramide hiérarchique : l'empereur, le roi, dans la société féodale, sont
des suzerains.
(47)- Qui est en état de dépendance par rapport à un autre/ www.larousse.fr, consulté le 20-11-2021.

20
Chapitre 1 : L’indifférence de principe au particularisme du droit des
entreprises en difficulté :
Certes, le droit de la concurrence admet la légitimité du droit des entreprises en difficulté, mais à la
condition que son ordre ne soit pas troublé. Si tel est le cas, il s’applique sans un quelconque
infléchissement dû à l’ouverture ou à l’existence d’une procédure collective, indifférent aux
particularités de cette situation.

Section1 : La légitimité sous condition du droit des entreprises en difficulté :


La question de la compatibilité du droit interne des entreprises en difficulté avec le droit européen de
la concurrence pouvait légitimement se poser, tout particulièrement avec les règles applicables aux Etats
et prohibant les aides d’Etat. En effet, cette législation nationale confère nécessairement un avantage
concurrentiel aux entreprises qui en bénéficient. Il s’agit ici d’envisager l’hypothèse de l’effet inhérent à
la procédure collective.

La qualification d’aide ne peut pas être déduite « automatiquement » de cet effet, ce qui assure la
légitimité du droit des entreprises en difficulté. En outre, la condition de sélectivité pourrait faire défaut,
ce qui s’oppose à la qualification d’aides. . En effet, les conditions d’ouverture des procédures reposent
sur des critères objectifs, d’application générale et non-discrétionnaire, justifiés par l’objectif de ces
procédures.

Section 2 : Les manifestations de l’indifférence :


Les modes de traitement des difficultés de l’entreprise peuvent, tout d’abord, relever de
qualifications propres au droit de la concurrence. Si les conditions sont remplies, ces qualifications vont
s’appliquer sans que le particularisme du droit des entreprises en difficulté n’exerce une influence. Puis,
s’agissant de l’imputabilité de l’infraction, le droit de la concurrence raisonne à partir de la notion
d’entreprise et non de débiteur.

A- L’application des qualifications du droit de la concurrence

Les qualifications en cause sont celles d’entente, d’aides d’Etat ou d’opération de concentration. En
premier lieu, il n’est pas exclu d’appliquer la qualification d’entente à un accord de conciliation, sous
réserve, notamment, d’établir un effet anticoncurrentiel, ce qui supposerait qu’un créancier partie à
l’accord soit concurrent du débiteur. L’homologation de cet accord (48) ne devrait pas paralyser cette
qualification. En effet, les conditions de l’homologation ne portent pas sur la neutralité des effets sur la
concurrence de l’accord

En second lieu, le soutien de l’Etat, est susceptible de relever de la qualification d’aide.

Un des critères de qualification est celui de l’opérateur privé. Si l’Etat se comporte comme l’aurait
fait un opérateur privé, le soutien ne sera pas qualifié d’aide.

(48)- D.R.Martin. Op.cit. p.207.

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La recherche du comportement de l’opérateur privé dans des conditions normales de marché a
conduit à distinguer le créancier privé de l’investisseur privé.

Dans son comportement, l’investisseur privé vise « à maximiser la rentabilité des fonds qu’il peut
investir où il le souhaite »

Le créancier privé, quant à lui, « escompte maximiser ses chances de recouvrer sa créance ou, à tout
le moins, la plus grande partie de cette créance… »

Enfin, le « prepack cession » (49), la restructuration, le plan de cession, peuvent comporter une prise
de contrôle au sens du droit des opérations de concentration, pour autant que les seuils du contrôle
national ou européen soient dépassés. L’analyse de l’opération de concentration est menée
indépendamment de l’existence d’une procédure et, comme cela a été relevé, elle « ne prend pas en
compte les exigences du droit des entreprises en difficulté ». Cette « indifférence » est clairement
affirmée par l’Autorité de la concurrence dans ses lignes directrices relatives au contrôle des opérations
de concentration.

B- L’imputabilité de l’infraction liée un comportement antérieur à la cession :

Dans l’hypothèse où une entreprise soumise à la procédure collective fait l’objet de poursuites
devant l’Autorité de la concurrence ou devant la Commission européenne et que sa cession survient
avant la décision de condamnation, l’infraction peut être imputée au cessionnaire. Cette imputabilité
suppose que deux conditions soient remplies. D’une part, l’entreprise auteur des actes anticoncurrentiels
doit avoir cessé d’exister juridiquement. D’autre part, le cessionnaire doit avoir reçu les droits et
obligations du cédant ou, à défaut, doit assurer, en fait, sa continuité économique et fonctionnelle.

Chapitre 2 : Une prise en considération ponctuelle de l’entreprise en


difficulté
Si le droit de la concurrence est indifférent au particularisme du droit des entreprises en difficulté, il
ne s’interdit pas une prise en considération des difficultés de l’entreprise, dans l’analyse concurrentielle
de la pratique litigieuse (section(1)), ou au moment d’infliger la sanction ((section2)).

Section 1 : A l’ occasion de l’analyse concurrentielle de la pratique prohibée


A- En application de l’interdiction des aides d’Etat

Certaines catégories d’aides peuvent être considérées comme compatibles notamment les aides
destinées à faciliter le développement de certaines activités.

Mais l’entreprise en difficulté au sens de ces lignes directrices ne se limite pas à l’entreprise qui fait
l’objet d’une procédure collective d’insolvabilité.

(49)- Créé par l’ordonnance du 12 mars 2014, le « prépack cession » consiste à préparer pour sa société une cession totale ou une cession partielle
dans le cadre d’une procédure préventive, c’est-à-dire avant l’ouverture d’une procédure collective (sauvegarde, redressement ou liquidation
judiciaire).

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Une entreprise est « considérée en difficulté lorsqu’il est pratiquement certain qu’en l’absence
d’intervention de l’Etat elle sera contrainte de renoncer son activité à court ou à moyen terme ». Tel est
le cas d’une entreprise qui « fait l’objet d’une procédure collective d’insolvabilité ( 50) ou remplit, selon
le droit national qui lui est applicable, les conditions de soumission à une procédure collective
d’insolvabilité à la demande de ses créanciers ».

En droit français, l’état de cessation des paiements (51) constitue cette condition. Il apparaît que la
référence au droit des entreprises en difficulté n’est que ponctuelle et très partielle, la notion d’entreprise
en difficulté n’étant utilisée, avec une acception plus large, que pour délimiter le champ d’application
des lignes directrices. Les conditions de compatibilité de l’aide vont au-delà des finalités poursuivies par
le droit des entreprises en difficulté, même si des points communs peuvent être décelés.

Ainsi, la compatibilité des trois catégories d’aides visées, les aides au sauvetage, les aides à la
restructuration et les mesures de soutien temporaire à la restructuration, est subordonnée au respect de
nombreuses conditions. L’aide doit, notamment, poursuivre un objectif d’intérêt commun, ce qui exclut
le simple fait d’empêcher une entreprise de sortir du marché. Plus précisément, l’aide doit avoir pour
objet d’éviter des difficultés sociales ou de remédier à la défaillance du marché en rétablissant la
viabilité à long terme de l’entreprise.

Il doit être « réaliste, cohérent et de grande envergure », « destiné à rétablir la viabilité à long terme
du bénéficiaire ». En outre, l’intervention de l’Etat doit être nécessaire, appropriée et proportionnée. La
logique est ici celle du droit de la concurrence : l’entreprise en difficulté ne doit « pouvoir bénéficier
d’une aide d’Etat qu’une fois toutes les options offertes par le marché épuisées et à condition que cette
aide soit indispensable pour atteindre un objectif d’intérêt commun ».

B- En application du contrôle des opérations de concentration :

Deux aspects du contrôle des opérations de concentrations révèlent des points de rencontre.

- Le premier point réside dans une possible dérogation à l’effet suspensif du contrôle.
- Le second point de rencontre peut se manifester lors de l’appréciation de l’effet de
l’opération de reprise d’une entreprise en difficulté, lorsque l’argument de l’entreprise
défaillante est invoqué.

Section 2 : A l’ occasion de la sanction :


L’ouverture ou le risque d’ouverture d’une procédure ne paralyse pas l’obligation de restitution.
L’Etat doit se comporter comme un créancier privé, mettre en œuvre les procédures de recouvrement :
déclarer sa créance ou demander l’ouverture d’une liquidation judiciaire. La seule limite, appréciée
restrictivement, résulte de l’impossibilité absolue de recouvrer. Cependant, pour des pratiques

(50)- Etat d’une personne ne disposant pas de biens ou de revenus saisissables susceptibles d'être appréhendés vendus aux enchères
publiques et distribués pour répondre de tout ou partie de ses dettes
(51)-Pierre-Michel LE CORRE, Emmanuelle LE CORRE-BROLY, « Droit des entreprises en difficulté », 8ème éd DALLOZ,2018,p172.

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anticoncurrentielles ( 52), la situation financière de l’entreprise peut être prise en considération pour
déterminer le montant de la sanction pécuniaire. Le critère est celui de la capacité contributive ( 53).

(52)-Rhalib, Moulay Mohamed Lahbib,« Droit des affaires pour managers. », Editeur: La Croisée des Chemins,2020.p.154
(53)-La capacité contributive est définie comme la différence entre les revenus et le seuil de ressources nécessaires pour satisfaire les
besoins. Ce seuil forfaitaire étant identique pour tous les ménages de même configuration, il représente une part d'autant plus importante
des revenus que ces derniers sont faibles.

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Conclusion

En guise de conclusion, plus que d’autres disciplines, le droit des entreprises en difficulté est au
croisement de plusieurs branches du droit. Cela tient à son objet, l’entreprise en difficulté, qui est au
cœur d’intérêts souvent divergents (créanciers, salariés, administration, etc.).

Ces conflits d’intérêts nécessitent de coordonner les différents régimes juridiques concernés
(droit du travail, droit des obligations, droit de la concurrence, etc.) avec le droit des entreprises en
difficulté. Ainsi, la confrontation avec le droit de l’environnement n’est pas surprenante. Elle est même
récurrente depuis une trentaine d’années. L’ampleur de l’opposition est telle que le droit de
l’environnement peut apparaître comme une sorte d’obstacle au déroulement normal des procédures
applicables au débiteur défaillant. D’où l’impression que le droit des entreprises en difficulté serait
inféodé au droit de l’environnement.

Ainsi et après plus de trente ans de relation, le droit commun du travail continue d’imposer toute
l’autorité de sa règlementation à l’entreprise en difficulté. Pourtant, les récentes avancées sociales vers
la prise en compte de la réalité des difficultés de l’entreprise et des spécificités de la procédure
collective, ne sauraient être passées sous silence. Outre qu’elles sont prometteuses d’un droit social
adapté à l’entreprise en difficulté, d’autant plus souhaitable que la protection sociale à laquelle les
salariés peuvent aujourd’hui prétendre doit demeurer à la hausse, ici sans doute plus qu’ailleurs, elles
sont, peut-être, annonciatrices d’une nouvelle ère sociale pour les entreprises défaillantes
économiquement. Il en va de la finalité même du droit du travail appliqué à l’entreprise.

En outre, si le droit de la concurrence n’ignore pas l’entreprise en difficulté, la prise en


considération de cette situation est ponctuelle et s’insère dans la logique de ce droit. Ainsi, le
particularisme du droit des entreprises en difficulté n’infléchit en rien l’analyse concurrentielle menée
en application du droit de la concurrence qui impose ses qualifications et techniques.

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Liste bibliographique
Les ouvrages :
 Rhalib, Moulay Mohamed Lahbib, « Droit des affaires pour managers. », édition La Croisée
des Chemins,2020.
 Rhalib, Moulay Mohamed Lahbib, « Entreprises en difficulté : Quels sont vos droits ? »,
Edition La Croisée des Chemins,2014.
 Pierre-Michel LE CORRE, Emmanuelle LE CORRE-BROLY, « Droit des entreprises en
difficulté », 8ème édition DALLOZ, 2018.
 D.R.Martin. « Droit des affaires » ; Tome 2 ,1ère édition, 2019.
 Pierre-Grégoire Marly, Vincent Ruol, (préface de François Ewald), « Droit des entreprises
d’assurance », Revue Banque édition, 2011.
 Euloge Mesmin KOUMBA, « Droit de l’OHADA : prévenir les difficultés des entreprises »,
édition l’Harmattan, 2013.
 Jacques Barthélémy, « Le droit des groupes de sociétés », édition DALLOZ, 1991.
 Dominique Vidal, Giulio Cesare Giorgini, « Droit des entreprises en difficulté », édition
Gualino ,2014-2015.

 Roussel Galle P., « Entreprises en difficulté », édition LexisNexis, 2012, Présentation.


 Airou, Yafradou Adam, « Préoccupations environnementales et droit de l'entreprise dans
l'espace OHADA. » éditeur: L'Harmattan, 2013.
 Sarah FARHI, « Les procédures collectives, 22 fiches pour décrypter le droit des entreprises en
difficulté. », 2ème édition Gualino, 2020.
 Thera, Fatoma, « La réforme de l’OHADA et les procédures collectives d’apurement du
passif », édition L'Harmattan, 2012
 Romy GENSSE, « Manuel du droit des entreprises en difficulté », les éditions d’organisations
enseignement supérieur, 1995.
 Henry, Laurence-Caroline, Antonini-Cochin, Laetitia, « Mémentos droit des entreprises en
difficulté »,3ème édition Gualino, 2020.
 Laétitia LETHIELLEUX, « Mémento LMD-Droit des entreprises en difficulté »,3ème édition
Gualino, 2012.
 Henry Laurence-Caroline, Antonini-Cochin, Laetitia, « L’essentiel du droit des entreprises en
difficulté »,9ème édition Gualino, 2020.

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 Girogini Giulio Cesare, « Cours de droit des entreprises en difficulté »,3ème édition Gualino,
2020-2021.
 Hygin Didace Amboulou, « Le droit des entreprises en difficulté dans l’espace OHADA »,
édition l’Harmattan, 2015.
 Henry Laurence-Caroline, « Droit des sociétés et procédures collectives », édition l’Harmattan,
2018.
 Martine Dizel-Chanfreau, « Droit des affaires et gestion des entreprises »¸édition EMS, 2004.
 Feydel Romain, « Le refinancement d’entreprises en difficulté », édition l’Harmattan, 2021.
 Pascal Nguihé Kanté, « Les techniques de sauvetage des entreprises en difficulté en droit
OHADA », édition l’Harmattan, 2019.

Textes de loi :

 Dahir (9 ramadan 1331) formant Code des obligations et des contrats (B.O. 12 septembre 1913).
 Dahir n°1-03-194 du 14 rejeb (11 septembre 2003) portant promulgation de la loi n°65-99
relative au Code du Travail.
 Code de Commerce Marocain, Version consolidée en date du 19 décembre 2019.
 Loi n° 85-98 du 25 janvier 1985 relative au redressement et à la liquidation judiciaires des
entreprises.
 Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif, adopté le
10 avril 1998 (JO OHADA n°7 du 1er juillet 1998), Révisé le 10 septembre 2015 (JO OHADA
spécial du 25 septembre 2015).

Colloques:

 Colloque sous la direction de Francine MACORIG-VENIER, « Le droit des entreprises en


difficulté après 30 ans : droit dérogatoire, précurseur ou révélateur ? » N°30, PRESSES DE
L'UNIVERSITÉ TOULOUSE 1 CAPITOLE, 2017.
 Colloque Sous la direction de Nicole Decoopman, « Entreprises en difficulté et droit du
travail », collection CEPRISCA, 2016.

Mémoire :
 Mémoire pour l’obtention du master sous le thème : « La condition juridique du salarié dans
les procédures collectives», soutenue par Cyrille MONKAM à l’Université de
Douala Cameroun 2005.

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