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Pr M.

LAACHRATE
FSJES- Agadir
Université Ibn Zohr

DROIT PÉNAL SPÉCIAL

Séance 5. Les atteintes à l'intégrité corporelle (I)

LES ATTEINTES À L'INTÉGRITÉ


CORPORELLE

Latreinte à [intégrité corporelle est une forme de criminalité qui s u s c i t e t o u j o u r s


d e s q u e s t i o n s e t d e s r é f l e x i o n s s u r s a n a t u r e protéiforme.
Le code distingue deux suies d'atteintes à l'intégrité corporelle : les atteintes
volontaires (I) les atteintes involontaires (11).
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I. LES ATTEINTES VOLONTAIRES

Ces atteintes peuvent résulter soit d'un acte positif, soit d'une attitude négative.

1. Les atteintes résultant d'un acte positif


2. Les atteintes résultant d'un acte d'omission.

1. Les atteintes résultant d'un acte positif

Il s'agit des coups et blessures, des violences et des voies de fait. Mais à côté de
ces incriminations générales (1.1). le Code pénal prévoit d'autres incriminations
particulières (1.2).

1.1. Les incriminations générales 1.2. Les incriminations particulières


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1.1. Les incriminations générales

C. pên., art. 400

« Quiconque, volontairement, fait des blessures ou porte des coups à


autrui ou commet toutes autres violences ou voies de fait, soit qu'ils n'ont
causé ni maladie, ni incapacité, soit qu'ils ont entraîné une maladie ou
une incapacité de travail personnel n'excédant pas vingt jours. est puni
d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 200 à 500
dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement »

Comme to ute infra ction , l'a ttein te à l'in té gri té corp orel le, dans sa dimension
générale, nécessite un élément matériel et un élément moral (a). La sanction quant
à elle est fonction du préjudice causé (b)

o. Les éléments constitutifs b. La sanction

a. Les éléments constitutifs

L'élément matériel :
La notion de blessure est plus grave que celle de coups, de violence ou
de voie de fait.
Les blessures : impliquent une lésion de la peau occasionnée par tout objet
ou arme. Les blessures peuvent également résulter de procédés directs (coup
de poing ou de pied) ou de procédés indirects (chien, serpent ...).
Les coups : revêtent la forme d'un contact brutal entre l'auteur et le corps
de la victime. Ils n'engendrent pas de plaies et ne provoquent pas
d'effusion de sang.
La voie de fait : elle ne laisse aucune trace sur le corps de la victime (ex. ;
jeter une personne par terre, cracher sur le visage de quelqu'un).
La violence : est une agression qui, sans atteindre matériellement la victime
dans son corps, impressionne vivement (ex. coup de feu tiré pour l'effrayer
la victime, foncer sur la victime avec une voiture).
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L'élément moral :

L'intention délictuelle résulte de la volonté consciente de l'auteur de porter


préjudice à autrui, notamment par une atteinte à son intégrité corporelle.

Peu importe le mobile ou les conséquences de l'acte de l'agresseur (le préjudice),


la qualification (coups, blessures, violence ou voie de fait) sera retenue dès lors
que l'acte initial a été voulu.

b. La sanction
La sanction est fonction de la gravité du préjudice causé par l'atteinte. Elle est
aggravée lorsqu'il s'agit de préméditation, de guet-apens ou d'emploi d'une arme.
Elle l'est également en fonction de la qualité de la victime.
Ainsi, la sanction est de
• 1 mois à 1 an et/au amende de 200 à 500 dhs : lorsque les atteintes
n ' o n t c a u s é n i m a i a d i e , n i i n c a p a c i t é » ou ont entraîné une rnafaclie ou
une incapacité de travail personnel n'excédant pas vingt jours » (C. pén., art. 400
al. 1 er)r aggravée (6 mois à 2 ans et amende de 200 à 1000 dhs) lorsque les
atteintes ont été commises avec préméditation ou guet-apens ou emploi d'une
arme (C. pén., art. 400 i n fi n e ) ; ( l e d o u b l e de c e s d e u x p e i n e s ) l or s q u e l a
v i c t i m e e s t l'ascendant, le Kafil ou l'époux de l'auteur des atteintes (C. pén., art.
404 1° );
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 1 an à 3 ans et amende de 200 à 1000 dhs : lorsque les atteintes ont


entraîné une incapacité supérieure à 21 jours (C. péri., art. 401 al. ler) ; aggravée
(2 ans à 5 ans et amende de 250 à 2000 dhs} lorsque les atteintes ont été
commises avec préméditation ou guet-apens ou emploi d'une arme {C.
pén., art. 401 al. 2) ;
 5 à 10 ans ou 10 à 20 ans* : lorsque les atteintes ont entraîné une
mutilation, amputation ou privation de l'usage d'un membre, cécité, perte
d'un oeil ou toutes autres infirmités permanentes C. pén., art. 402 al. 1 er )
aggravée (10 à 20 ans ou 20 à 30 ans* ) lorsque les atteintes ont été
commises avec prémédibtion ou guet-apens ou emploi d'une orme {C. pén.,
art. 402 in fine);

*Lorsque la victime est l'ascendant, le Kafil ou l'époux de l'auteur des atteintes (C. pén., art. 404
2c )

 10 à 20 ans ou 20 à 30 ans * : lorsque les atteintes ont entraîné la mort


de la victime, mais sans intention de la donner {C. pén., art. 403 al. ter) ;
aggravée (réclusion perpétuelle* ) lorsqu'il y a eu préméditation, guet-apens ou
emploi d'une arme (C. pén., art. 402 in fine);

Lorsque la victime est l'ascendant, le Kafil ou l'époux de l'auteur des atteintes (C. pén., art.
:4

404 3)
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1.2. Les incriminations particulières

Les infractions parilculières sont des qualifications spéciales complétant la


répression des atteintes volontaires à l'intégrité physique.
Il s'agit des violences légères, des violences à enfant et l'administration de
substances nuisibles à la santé.

a. Les violences légères


b. Les violences à enfant
c. l'administration de substances nuisibles à la santé

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a. Les violences légères

Elles sont incriminées par l'article 608 du Code pénal et relèvent des
contraven tion s de Ire classe. Ce sont des atteintes de faible gravité punies de la
détention d'un à 15 jours et d'une amende de 20 à 200 dirhams ou de l'une de
ces deux peines seulement.

Art. 608 du C. pén.

ff Sont punis de la détention d'un à quinze jours et d'une amende de 20 à


200 dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement :
1° Les auteurs de voies de fait ou de violences légères:
2° Ceux qui jettent volontairement sur quelqu'un des corps durs, des immondices
ou toutes autres matières susceptibles de souiller les
vêtements;
»
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b. Les violences à enfant

Ces infractions sont prévues par les articles 408 et suivants. L'article 408

précise que

« Quiconque volontairement fait des blessures ou porte des coups à un


enfant âgé de moins de quinze ans ou l'a volontairement privé d'aliments
ou de soins au point de compromettre sa santé, ou commet
volontairement sur cet enfant toutes autres violences ou voies de fait à
l'exclusion des violences légères, est puni de l'emprisonnement d'un an à
trois ans ».

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Les éléments constitutifs de l'infraction sont :


 L'élément matériel qui consistant soit en coups et blessures ou
même des violences, soit en privation d'aliments ou de soins au point de
co mpr om et tr e la sa nt é de l' en fa nt. I l fa ut n oter que c on tra i re me nt a u x
c o u p s e t b l e s s u r e s o u a u x v i ol e n c e s , l a p ri v a ti o n d e s oi n s ou d'aliments
ne peut être imputée qu'aux parents ou à une personne à laquelle l'enfant
était confié provisoirement.

 L'âge de la victime qui doit être un enfant de moins de 15 ans

 L'élément intentionnel qui consiste en des agissements volontaires


avec conscience qu'ils pourraient compromettre la santé de l'enfant. Notons
qu'en ce qui concerne la privation d'aliment, celle-ci ne doit pas être une
conséquence de la pauvreté ou de défaut d'éducation.
La sanction de ces agissements est prévue à l'article 408 du C.
pénal Il s'agit d'une peine d'emprisonnement d'un an à trois ans.
La peine est aggravée dans les proportions suivantes :
 2 à 5 ans : dans le cas où les coups, blessures, violences,
voies de fai
o u p ri va ti o n s c a u s e n t u n e m al ad ie, u ne im mobi li sa ti on ou un e
incapacité de travail supérieure à 21 jours, ou s ' i l y a e u
préméditation, guet-apens ou usage d'une arme (C. pén., art.
409J ;
 10 à 20 ans : lorsqu'il est résulté des coups, blessures,
violences, voies
de fait ou privations visées à l'article 408, une mutilation, amputation,
privation de l'usage d'un membre, cécité, perte d'un oeil ou autres
infirmités permanentes
 20 à 30 ans : si la mort en est résultée sans intention de la
donner ;
 Réclusion perpétuelle : si la mort en est résultée, sans
intention de la donner, mais par l'effet de pratiques habituelles,
la peine est celle de la réclusion perpétuelle.
 Peine de mort: si les coups, blessures, violences, voies

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c. L'administration de substances nuisibles à la santé

C'est une infraction qui se rapproche par son élément matériel de


l'empoisonnement, mais sans intention de donner la mort.
Art. 413 al. ler du C. pén.

{{ Est puni de l'emprisonnement d'un mois à trois ans et d'une amende


de
200 à 500 dirhams quiconque cause à autrui une maiadie ou
incapacité
de travail personnel en lui administrant, de quelque manière que ce
soit,
sciemment mais sans intention de donner la mort, des substances
nuisibles à la santé n.
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Les éléments constitutifs :


 L'élément matériel : c'est le fait d'administrer à une personne des
substances nuisibles, mais qui ne sont pas de nature à entrainer la mort.
L'élément matériel de cette infraction doit causer une maladie ou une
incapacité de travail. Si ce résultat n'est pas atteint, alors qu'il y a eu
administration de substances nuisibles d la santé, il n'y a pas d'infraction (il
ne s'agit pas d'une infraction formelle) ni tentative. car cette dernière n'est pas
punissable (la loi ne le prévoit pas).
 L'élément moral : l'article 413 utilise la formule « sciemment », mais sans
intention de donner la mort. L'auteur savait que les produits étaient nuisibles
à la santé.

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La sanction :

L'article 413 du Code pénal prévoit une peine d'emprisonnement d'un mois à trois
ans et une amende de 200 à 500 dirhams.
Le même article prévoit une aggravation de la sanction qui peut être :
 Un emprisonnement de 2 à 5 ans : lorsque l'administration des
substances nuisibles cause une maladie ou une incapacité de travail
personnel supérieure à 21 jours ;
 Une réclusion de 5 à 10 ans : lorsque les substances administrées ont
causé soit une maladie paraissent incurable, soit la perte de l'usage d'un
organe soit une infirmité permanente.
 Une réclusion de dix à 20 ans : lorsqu'elles ont causé la mort sans
l'intention de la donner.

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