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Pr M.

LAACHRATE
FSJES- Agadir
Université Ibn Zohr

DROIT PÉNAL SPÉCIAL

Séance 6. Les atteintes à l'intégrité corporelle (II)

I. LES ATTEINTES VOLONTAIRES

Rappel

Les atteintes peuvent résulter soit d'un acte positif, soit d'une attitude négative.

1. Les atteintes résultant d'un acte positif (traité dans la Sème


séance)
2. Les atteintes résultant d'un acte d'omission.
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2. Les atteintes résultant d'un acte d'omission


Deux infractions attentatoires à l'intégrité corporelle se matérialisent
par un acte d'omission. Elles sont prévues par les articles 430 et 431 du
Code pénal.
L'article 430 vise les personnes qui s'abstiennent volontairement
d'empêcher un crime ou un délit contre l'intégrité corporelle d'un individu.
L'article 431 vise le cas de celui qui s'abstient volontairement de porter
secours à une personne en péril (blessé abandonné, enfant en noyade, ...),
soit par son action personnelle, soit en provoquant un secours.
Ces deux infractions supposent les mêmes conditions préalables (1) et
présentent des similitudes au niveau des éléments constitutifs (2).
2.1. Les conditions préalables
2.2. Les éléments constitutifs

1.1. Les conditions préalables

Ces conditions sont au nombre de trois :

a. L'existence d'un péril menaçant une personne


b. La possibilité de secourir
c. L'absence de danger pour le secouriste ou les tiers
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a. L'existence d'un péril menaçant une personne

Le péril prévue par l'article 430 du Code pénal est déterminé en ce qu'il doit
résulter d'une infraction imminente : un crime ou un délit contre l'intégrité
corporelle.

En revanche, le péril reste indéterminé dans l'infraction prévue à l'article 431 du


Code pénal ; l'essentiel c'est qu'il doit résulter d'une menace contre l'intégrité
d'une personne (risque de noyade, étouffement, accident de la circulation...).

b. La possibilité de secourir

Au niveau de l'article 430, il faut que l'intervention puisse empêcher la


commission de l'infraction ou permettre sa commission dans des conditions
moins préjudiciables. L'intervention peut être directe, mais aussi indirecte
(appeler la police ou la gendarmerie).
Au niveau de l'article 431, l'intervention personnelle n'est pas toujours op por iune ,
cor tout le monde ne p ossèd e pas la capa cité physiq ue ou les connaissances
techniques requises pour faire face à toute sorte de périls (éteindre un incendie,
sauver un naufragé, soigner un blesser grave...), mois chacun peut provoquer
des secours en alertant ou en faisant prévenir les personnes compétentes. Dès
lors, on doit opter pour Ja forme d'intervention la plus efficace (directe ou
indirecte) et la plus utile ; voire à cumuler les deux (par exemple prodiguer les
premiers soins à un blessé et faire prévenir un médecin).
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c. L'absence de dangers pour le secouriste ou les tiers

L'intervention exigée au niveau des articles 430 et 431 du Code pénal est de nature
à ne pas fait courir de risque ni à l'intervenant ni au tiers.
L 'a b senc e de r isq ue ne sig nifie p a s q ue l'o n doit s'a b ste nir d e t o ut e intervention
en présence d'un risque minime soit-il.
En effet , seul un risque sér ieux dispe nse de l'o blig at ion d 'assist ance , c'est-à-dire
le danger d'exposer sa santé ou celle des tiers.

1.2. Les éléments constitutifs

Il s'agit de l'élément matériel et de l'élément moral.


a. L'élément matériel
b. L'élément moral
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a. L'élément matériel

L ' é l é m e n t m a t é r i e l c o n s i s t e e n u n e a b s t e n t i o n d ' i n t e r v e n i r p o u r empêcher


la commission d'une infraction ou encore le fait de s'abstenir de porter assistance
à une personne en péril.
 L'abstention au niveau de l'article 430 : vise le fait d'empêcher la
commission d'une infraction sur le point ou en train d'être commise. Celle - ci
doit être un cr ime o u un délit co nt re l'intégrité corp ore lle d'une personne.
 L'abstention au niveau de l'article 431 : on ne peut pas imposer par
exemple à un individu qui ne sait pas nager de se jeter à l'eau pour sauver
une personne qui se noie.

b. L'élément moral

L'abstention doit être volontaire. Il faudra prouver que le prévenu s'est r e nd u


co mp t e d u p ér il a uq uel la v ic t ime e st e xp o sé e et qu'il po uv a it porter secours sans
risque sérieux pour lui et pour les tiers.
En ce qui concerne la répression, il résulte des articles 430 et 431 du Code pénal
que l'omission de porter secours est un délit sanctionné par l'e mp r iso nne me nt d e
tr o is mo is d c inq a ns et d 'une a me nd e de 200 à 1000 dirhams ou de l'une des
deux peines seulement.
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Il. LES ATTEINTES INVOLONTAIRES


Les articles 432 à 435 répriment l'homicide et les blessures involontaires.
La particularité de ces infractions nous amène à en étudier leurs éléments constitutifs
(1) ainsi que leur répression (2).

1. Les éléments constitutifs


2. La répression

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I. Les éléments constitutifs

L'homicide et les blessures involontaires se ramènent au seul élément matériel ;


l'élément intentionnel n'est pas requis dans la mesure où il s'agit d'infractions non
intentionnelles.
L 'élément ma t ér iel co nsist e en un a c t e de ma la d r e sse , d 'imp r ud e nc e ,
d'inattention, de négligence ou d'inobservation des règlements. Il s'agit d o n c
d ' u n e f a u t e d o n t l a p r e u v e d o i t ê t r e r a p p o r t é e ( l a p r é s o m p t i o n d'une faute est
inopérante en matière criminelle contrairement au civil).
Aussi, une relation de cause à effet entre la faute commise et l'homicide o u l e s
blessures (causalité entre la faute et le dommage). En effet, a u c u n e
i n f r a c t i o n n e s e r a i m p u t é e a u p r é v e n u s i l a f a u t e e t l e dommage
apparaissent étrangers l'un à l'autre }).

E n c e q u i c o n c e r n e l e c a s d e l ' h o m i c i d e i n v o l o n t a i r e , i l n ' e s t p a s nécessaire


que la faute du prévenu ait été la cause directe. Il suffit qu'elle en soit la cause
indirecte (exemple : le patron qui oblige son préposé à livrer unie marchandise en
utilisant un camion non entretenu ; le préposé perd le contrôle du camion et
renverse un passager qui décède).
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2. La
répression

L'article 432 du Code pénal punit l'homicide involontaire d'un


emprisonnement de trois mois à cinq ans et d'une amende de 250 à 1000
dirhams.
L 'a r t i c l e 43 3 d u Co d e p én a l é n o n c e un e p e i ne d 'e mp r i so nn e m e n t d ' un
mo is à d eux a ns et/o u d 'une amende d e 200 à 500 d ir ha ms à l'e nc ontr e
d e c elui q ui ca use inv o lo nt a ir e me nt une inc a p a c ité d e t ra v a il p er so nne l
de plus de six jours.

Les peines prévues aux articles 432 et 433 sont aggravées par l'article 434
du Co de p énal. Cet te dispo sition do ub le la sanct io n lor sq ue l'aute ur du
délit a agi en état d'ivresse, ou a tenté, soit en prenant la fuite, soit en
mo d i fi a n t l' ét a t d e s li eu x, so i t p a r t o ut a ut r e mo y e n , d 'é c h a p p e r à la
responsabilité pénale ou civile qu'il pouvait encourir.

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