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Bachelor of Law with Honours P/T La Responsabilité Délictuelle – 3ème semaine 2015

3ème semaine : Les faits générateurs de la responsabilité civile (1 ère


partie)

Les faits générateurs de la responsabilité civile

L’article 1384 alinéa 1 invite à faire une distinction entre les dommages que
l’homme cause par son propre fait, donnant lieu à la responsabilité du fait
personnel et ceux causés par le fait des personnes dont il doit répondre ou
par le fait des choses qu’il a sous sa garde.

Il y a 3 sortes de faits dommageables susceptibles d’engager la


responsabilité:

(i) Fait personnel ;


(ii) Fait d’autrui ; et
(iii) Fait des choses.

Responsabilité du fait personnel

La responsabilité du fait personnel représente le droit commun de la


responsabilité civile. Elle a sa base dans l’article 1382 qui prévoit que «tout
fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui
par la faute duquel il est arrivé, à le réparer».

Une analyse du texte fait ressortir trois conditions pour son application : une
faute, un dommage, un rapport de causalité entre la faute et le dommage.

Nous examinerons que la faute, les deux autres conditions ayant déjà été
étudiées (voir les notes pour la 2 ème semaine) puisqu’elles sont communes à
tous les faits générateurs de la responsabilité civile.

A. Nécessité d’un fait fautif

Le fait susceptible d’entrainer la responsabilité personnelle de son auteur


n’est pas un fait quelconque : il doit constituer une faute. L’article 1382
l’indique nettement en désignant le responsable du dommage comme « celui
par la faute duquel il est arrivé ».

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B. Éléments de la faute

La faute comprend elle-même deux éléments : (a) la culpabilité de l’auteur


du fait; le fait commis doit être illicite ou du moins mauvais socialement ;
(b) l’imputabilité de ce fait à son auteur (l’auteur avait une volonté libre et
consciente de commettre la faute).

a. Culpabilité de l’auteur
La loi, dans les articles 1382 et suivants, n’a pas défini de façon précise la
faute, se contentant d’indiquer qu’il peut y avoir faute intentionnelle (délit
proprement dit), faute d’imprudence ou de négligence (quasi-délit). Il
revient généralement au juge de décider si les faits peuvent être qualifiés de
faute.

Les auteurs ont proposé diverses définitions de la faute. Les uns parlent de
fait illicite, d’autres de violation d’une obligation légale préexistante, d’autres
d’atteinte à la confiance légitime que les hommes se doivent les uns aux
autres.

Ces définitions n’apportent pas beaucoup de clarté dans la question. En


réalité, il y a là une notion à la fois morale et sociale, qui peut donc changer
selon les mœurs et les conditions de vie. Il est d’ailleurs préférable de
laisser la notion assez large de façon à donner plus de liberté aux juges
d’évaluer les faits qui peuvent constituer une faute.

Trois propositions peuvent résumer les décisions des tribunaux :

(i) Il y a faute lorsqu’il y a violation d’un texte légal ou règlementaire


impératif ;
(ii) Il peut y avoir faute sans qu’il y ait violation d’un texte précis ;
(iii) Il peut y avoir faute même si on agit dans les limites d’un droit
défini par un texte – il s’agit de l’abus de droit

i. La faute, violation d’un texte


Le fait illicite est le fait contraire à un texte de loi.

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Ex : un accident de la route, coups et blessures, diffamation (prévus par le


Road Trafic Act 1962 et le Criminal Code Act 1838) – dans ces cas, il s’agit
de faits contraires à un texte de loi qui causent un dommage et donne donc
droit à indemnisation à la victime.

ii. La faute, en dehors de la violation d’un texte


Il peut y avoir faute en dehors de la violation d’un texte, le délit civil
pouvant être tout fait quelconque de l’homme causant un dommage à autrui.

Ex : rupture de promesse de mariage

Voir l’affaire Mohun v. Jugnah 2002 SCJ 36 :

“We wish to spell out that the basis of tortious liability under art. 1382 and
1383 of the Civil Code is still “faute” in its normal dictionary meaning of
wrongful act done either deliberately or through negligence or imprudence.
Where a citizen suffers loss as a result of what is glaringly a criminal act it is
clearly open to him to report the matter to the police for enquiry. It is also
logical that he should impart to the police any information on the identity of
the wrongdoer or suspected wrongdoer, depending upon the situation;
unless the declarant is of bad faith, and the declaration is false and
malicious, he stands no reason to fear any legal action from any person he
has named and who may have been subjected to questioning by the Police.
It is therefore essential, for his action to succeed, that the person who may
have been subjected to unpleasant and perhaps strong questioning during a
consequential police enquiry avers and proves “faute” on the part of the
declarant.”

La faute d’imprudence ou de négligence

Pour juger s’il y a imprudence ou négligence, le juge doit comparer la


conduite de l’auteur du fait à celle d’un homme très diligent, placé dans les
mêmes circonstances et de la même condition sociale que lui.

La faute d’omission

Un individu peut en effet commettre une faute en s’abstenant d’agir (faute


d’omission), comme en agissant (faute de commission).

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Il convient de distinguer entre l’abstention dans l’action et l’abstention pure


et simple.

L’abstention dans l’action se rattache à une activité. Ex : un automobiliste


gare sa voiture la nuit, sans allumer les feux de position. L’abstention se
rattache à l’activité de l’automobiliste. L’abstention est fautive et tombera
dans le domaine de la négligence visée par l’art. 1383 du CCM.

Il y a abstention pure et simple lorsque l’abstention ne se rattache à la


manifestation d’aucune activité du défendeur auquel on reproche
simplement de n’avoir pas agi, d’avoir laissé s’accomplir un évènement qu’il
n’a pas contribué à créer.

On doit admettre, en cas d’abstention pure et simple, l’existence d’une faute


dans les 2 cas suivants :

1. L’abstention est une faute si elle s’accompagne de l’intention de nuire ;


2. En l’absence de l’intention de nuire, l’abstention n’est une faute qu’à
condition de violer une obligation d’agir imposée par la loi ou les
règlements.

Voir Section 39A du Criminal Code Act 1838 (« Culpable


Omission ») (introduit par L’Act No. 24 de 2006) et la Section 140
du Road Traffic Act :

« S. 39A du Criminal Code Act 1838: Culpable Omission

(1) Quiconque pouvant empêcher par son action immediate, sans


risque pour lui ni pour les tiers, soit un fait qualifié crime, soit un
délit contre l’intégrité corporelle de la personne, s’abstient
volontairement de le faire, shall be punished by a fine not exceeding
10,000 rupees and by imprisonment for a term not exceeding 2 years.

(2) Quiconque, s’abstient volontairement de porter à une personne


en peril l’assistance que, sans risque pour lui ni pour les tiers, il
pouvait lui porter, soit par son action personnelle soit en
provoquant un secours, shall be punished by a fine not exceeding
10,000 rupees and by imprisonment for a term not exceeding 2 years.

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(3) Subsection (2) shall be in addition to and not in derogation of


section 140 of the Road Traffic Act.”

«  S. 140 du Road Traffic Act  : Duty of driver in case of accident

(1) Where owing to the presence of a motor vehicle on a road, an


accident occurs whereby damage or injury is caused to any person,
vehicle, structure or animal, the driver of the motor vehicle shall −

(a) unless it is not practicable to do so on account of mob fury or any


other reason beyond his control, stop his vehicle and remain at the
scene of the accident until he has complied with paragraphs (b) and
(c);

(b) take all reasonable steps to render reasonable assistance to any


person injured in the accident and, if necessary, arrange for the
conveyance of the person to the nearest hospital for medical
treatment, unless the injured person or his guardian, in case he is a
minor, desires otherwise;
… »

Voir aussi l’affaire Goinhat v. Municipal Council of Quatre Bornes 2014


INT 176 où la Cour se réfère au Droit Civil, Les Obligations, 10e
édition, Alain Bénabent, note 550, p. 377 Fautes d’abstention:

“La jurisprudence admet aujourd’hui qu’une abstention peut constituer


une faute, si le bon père de famille, placé dans la même situation, ne se fût
pas abstenu… On revient donc au vieil adage de Loysel « qui peut et
n’empêche, pèche » Il faut toutefois observer que les tribunaux semblent
plus indulgents lorsqu’il s’agit d’une abstention qui ne concerne que les
intérêts matériels d’autrui… “

Droit de la Responsabilité et des contrats, 7ème édition, Philippe le


Tourneau, notes 7202 et 7209:

7202. La faute peut consister non seulement en un fait actif, culpa in


commitendo, mais en une simple abstention, une omission, culpa in

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omittendo. Ce principe, implicitement admis par les auteurs du Code civil,


était déjà connu dans notre ancien droit. Loysel enseignait que « qui peut
et n’empêche, pêche » tandis que Domat affirmait: « Ceux qui
pouvant empêcher un dommage, que quelque devoir les engageait de
prévenir, y auront manqué, pourront en être tenus selon les circonstances…
»

7209…Dès lors, l’appréciation de la faute d’omission apparaît tout à fait


comparable à celle de la faute par commission. Il est donc possible de poser
la règle que toute omission est répréhensible si un homme diligent normal,
placé dans les mêmes circonstances, aurait agi…

iii. La faute dans l’exercice d’un droit

Normalement, il ne peut y avoir faute si le fait commis rentre dans l’exercise


d’un droit. Du moment que l’auteur a agi dans les limites d’un droit, qui lui
est garanti par la loi, il a accompli un acte licite, il ne peut normalement pas
être responsable du dommage causé par son acte.

 L’abus de droit

Toutefois, le Code lui-même a prévu la situation où le titulaire d’un droit


pourrait faire un abus de son droit. Le Code exige à l’art. 16, l’exercice d’un
droit « de bonne foi » et l’art. 17 prévoit qu’on ne peut exercer son droit
dans le seul but de nuire à autrui.

Art. 16 du CCM:

“Chacun est tenu d’exercer ses droits et d’exécuter ses devoirs selon les
exigences de la bonne foi.”

Art. 17 du CCM:

“Nul ne peut exercer un droit en vue de nuire à autrui ou de manière à


causer un préjudice hors de proportion avec l’avantage qu’il peut en
retirer.

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Encyclopédie Dalloz Répertoire Droit Civil Vol 1 note 9:

“L’expression abus du droit est tout d’abord employée pour qualifier une
faute commise dans l’exercice d’un droit, et qui doit être retenue comme
source de responsabilité, parce que l’acte est en réalité illicite et irrégulier.
Toutes les fois que le titulaire d’un droit dépasse les limites que la loi a
fixées à l’exercice de ce droit, il est responsable du dommage qu’il cause
parce qu’il est en faute.”

Encyclopédie Dalloz Vo. Responsabilité Civile note 14:

«L’exercice d’un droit qui cause à autrui un préjudice dégénère en abus et


engage la responsabilité de son auteur dans deux cas:

1o quand le droit n’est exercé que pour nuire à autrui;

2o quand l’exercice de droit, quoique pratiqué sans intention de nuire, a lieu


d’une manière incorrecte.»

Dans l’affaire, Innovator Ltd v. IBL Properties Ltd 2006 SCJ 321, la
Cour Suprême confirme que l’exercice abusif d’un droit qui cause à autrui un
préjudice constitue une « faute » sous l’art. 1382 et peut donner lieu à une
action en réparation par la victime qui pourra donc réclamer des dommages-
intérêts. La Cour conclue qu’une rupture abusive des pourparlers constitue
une faute sous l’art. 1382.

A lire l’affaire Innovator Ltd v. IBL Properties Ltd 2006 SCJ 321

Appréciation de la faute : Les deux modes d’appréciation

Pour qualifier tel fait dommageable de ‘faute’, le juge dispose de deux


méthodes:

 L’appréciation in concreto: la qualification de faute sera retenue en


fonction de la personne de l’auteur du dommage. Il qualifiera son
comportement de faute si la personne n’a pas mis en œuvre tous les

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moyens qu’elle avait à sa disposition compte tenu de sa spécificité


concrète.

 L’appréciation in abstracto: le juge ne tient plus compte des


caractéristiques de la personne, il se livre à une comparaison entre le
comportement de l’auteur du fait dommageable et le comportement
qu’aurait eu une personne normalement prudente et raisonnable dans
les mêmes circonstances.

Le principe retenu par les tribunaux

La Cour a tendance a privilegier une solution in abstracto, c’est-à-dire que le


juge apprécie le comportement de l’auteur du dommage par rapport à celui
d’un individu loyal et avisé. La conséquence est que les tribunaux refusent,
en principe, de tenir compte des insuffisances personnelles ou
psychologiques de l’auteur du dommage.

Voir l’affaire Hurnam v. Dabee 2010 INT 176 où la Cour fait référence au
Droit Civil, Les Obligations, Alain Bénabent, 10ème édition, p.370:

“At notes 540 and 543 we read that faute is defined as « une atteinte à
l’attitude que l’on peut attendre entre les concitoyens normalement
conscients et respectueux de l’équilibre qu’exige toute vie en société.» « La
base de la faute réside dans un élément matériel: Un fait, un comportement,
une attitude. » The test to be applied is that of the conduct of the
reasonable man or the bon père de famille. It is trite law that it is an
objective test to be decided « in abstracto ».

b. Imputabilité
Il ne suffit pas que l’acte en lui-même soit illicite, il faut encore qu’il puisse
être imputé, reproché au défendeur. C’est l’élément plus particulièrement
subjectif de la faute.

Cela emporte les conséquences suivantes :

1. Pour commettre une faute, il faut avoir agi avec une volonté
consciente ;

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2. L’auteur du dommage ne peut pas se décharger par des conventions


de non-responsabilité.

i. Faut-il une volonté consciente ? 

Pendant longtemps, la seule illicéité du comportement ne suffisait pas à


qualifier de faute l'attitude d'un sujet de droit. Il fallait en plus que l’acte soit
imputable à son auteur, c’est à dire, que ce dernier est une conscience du
caractère illicite de son acte.

Un élément objectif d'illicéité s'ajoutait donc à un élément subjectif


s'imputabilité. La conséquence était qu’aucune faute ne pouvait être
commise par une personne qui avait causé un dommage dans un état
d'inconscience.

La justification de cette solution traditionnelle se trouvait dans la philosophie


individualiste du Code civil avec l'idée que l'on ne peut reproché à l'homme
que les actes dont il a pu mesurer la portée. La responsabilité subjective
était liée à la raison. Par conséquent, en l'absence de raison, en cas
d'inconscience de l'auteur, l'acte illicite ne pouvait être considéré comme une
faute.

o Irresponsabilité des personnes atteintes d'un trouble mental

Les personnes ayant agi sous l'empire de la démence étaient considérées


comme irresponsables du dommage causé à autrui à deux conditions: (i)
qu'elles aient souffert d'un état de démence complet au moment de la
réalisation du dommage et (ii) que leur état n'ai pas été dû à une faute
antérieur de leur part.

o Irresponsabilité des jeunes enfants (ceux qui n'avaient pas


encore atteint l'âge de raison)

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De même, on ne pouvait pas imputer une faute à un mineur en raison de


son jeune âge, solution justifiée par l'impossibilité, pour le jeune enfant, de
comprendre et de mesurer ses actes.

Toutefois, le mineur sorti de la première enfance est responsable de ses


délits. La victime peut avoir une action contre les parents de l’enfant, ceux-ci
étant responsables des dommages causés par leurs enfants mineurs
habitant avec eux (voir les notes pour la 4ème semaine sur « la
responsabilité du fait d’autrui »).

ii. La responsabilité de l’infans (l’enfant en


bas-âge)

         Dans un arrêt du 9 mai 1984, arrêt Derguini, l’Assemblée Plénière a


décidé que l’infans (enfant en bas âge) pouvait être l’auteur d’une faute sans
qu’il soit nécessaire de vérifier s’il était capable de discerner les
conséquences de ses actes. La même année, dans un arrêt du 12
décembre 1984, la 2ème Chambre civile applique le principe dégagé par
l’Assemblée plénière et déduit que la responsabilité de l’enfant peut être
engagée sur le fondement de l’art. 1382. La tendance est d’objectiviser la
faute dans un soucis d’assurer l’indemnisation des victimes.

 
iii.
La responsabilité des aliénés (personnes
souffrant de troubles mentaux)
Le Code prévoit maintenant clairement la responsabilité des aliénés à l’ Art.
491 CCM:

“Celui qui a causé dommage à autrui alors qu’il était sous l’empire
d’un trouble mental, n’en est pas moins obligé à réparation”.

La jurisprudence a précisé que l’obligation à réparation édictée par ce texte


concernait tous les incapables, qu’ils soient majeurs ou mineurs, à partir du
moment où sous l’empire d’un trouble mental, ils ont causé un dommage à
autrui. Ensuite, la Cour de Cassation a considéré que ce texte ne pouvait pas
s’appliquer aux enfants en bas âge qui ne souffraient pas d’un trouble
mental au moment du dommage. La jurisprudence a également procédé à
une interprétation restrictive des conditions d’application de ce texte et

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notamment de la notion de trouble mental. Elle refuse d’appliquer ce texte à


la personne qui a créé un dommage sous l’empire d’un trouble physique.

En conclusion, on peut dire qu’aujourd’hui la condition d’imputabilité a


perdu son importance. Peu importe que l’on ne puisse pas reprocher sa faute
à l’auteur du dommage. On est donc ainsi passé de l’exigence d’une faute
subjective (nécessairement imputable à son auteur) à celle d’une faute
objective. La responsabilité de la personne atteinte d’un trouble mental et du
petit enfant s’inscrit dans un mouvement plus vaste d’objectivation de la
responsabilité et du concept de la faute.

iv. Convention de non-responsabilité


La jurisprudence a toujours admis que toute convention par laquelle on
prétend, par avance, s’exonérer des conséquences de sa responsabilité
délictuelle est nulle d’une nullité absolue, comme contraire à l’ordre public.

 Acceptation des risques

Le consentement de la victime au dommage, ou ce que l’on nomme


acceptation des risques, c’est-à-dire l’acceptation par la victime de la
possibilité d’un dommage, n’empêche pas la victime lorsque le dommage lui
est causé, à sa personne ou à ses biens, de pouvoir obtenir réparation si elle
prouve la faute du défendeur. Ainsi la personne qui assiste volontairement à
un spectacle sportif n’en conserve pas moins le droit de se prévaloir de l’art.
1382 si elle est blessée au cours de ce spectacle.

A la règle ci-dessus, il y a plusieurs tempéraments qui doivent être admis : Il


se peut que le consentement de la victime enlève au fait du défendeur,
auteur du dommage, son caractère fautif.

Ainsi en est-il du contrat chirurgical : le malade consent à ce que le


chirurgien lui fasse une blessure mais dans le but de guérir le malade,
enlève le caractère d’une faute à l’acte du chirurgien. Ce dernier ne sera pas
responsable, à moins que l’on ne prouve qu’il n’ait pas respecté les règles de
l’art.

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De même, la participation d’un individu à un sport en commun enlève tout


caractère fautif aux violences qu’un autre joueur exerce sur lui, à moins de
prouver que les règles du sport n’ont pas été respectées.

v. La responsabilité des personnes


morales

Bien que la personne morale, être abstrait, ne soit pas douée vraiment
d’une volonté consciente et que, pour cette raison, sa responsabilité pénale
ne soit pas en principe mise en jeu, on n’a jamais hésité à la déclarer
responsable civilement des fautes commises par les individus qui agissent en
son nom. Req. 19 nov. 1935.

A Maurice, dans l’affaire Chadien v. Commissioner of Police 2013 SCJ


351, la Cour Suprême semble dire que la responsabilité des personnes
morales ne peut être engagée que sous l’art. 1384 du Code Civil comme
commettant pour les faits fautifs de ses préposés (les personnes formant
partie de la personne morale) – voir les notes pour la 4eme Semaine.

Chadien v. Commissioner of Police 2013 SCJ 351 :

« The civil action is grounded under article 1382 (“faute personnelle”)


against des personnes physiques and not des personnes morales. The
Ministry, the police authority or the customs authority or the statutory body
are des personnes morales. Their vicarious liability, if at all, in tort will be
engaged if, and only if, the personal liability of the actual officer has been
established as a fact and not otherwise. The personne morale, in the
circumstances, can be sued only under article 1384 as commettant. Likewise
the Commissioner and the Permanent Secretaries may not be sued for acts
of others because the Commissioner or the Permanent Secretary are
themselves servants and agent of the State so that they cannot be a
regarded as commettants. »

C. Causes d’exonération

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Celui qui est poursuivi sous l’article 1382 ou 1383 du Code Civil Mauricien
peut soulever les défences suivantes pour ne pas avoir à payer des
dommages-intérêts :

a. Absence de faute, négligence et imprudence

La victime demandeur dans une action sous l’art. 1382 ou 1383 du CCM a la
charge d’établir une faute ou imprudence/négligence de la part de l’auteur
du dommage. Ainsi, le défendeur peut se défendre en établissant une
absence de faute ou imprudence/négligence de sa part. Si la victime n’arrive
pas à établir la faute ou imprudence/négligence, une des 3 conditions
requises pour enclencher la responsabilité délictuelle manquerait à l’appel et
la victime n’aurait pas droit à compensation.

b. Cas de force majeure

Le défendeur pourrait se défendre en invoquant un cas de force majeure. Il


devra établir que le dommage résulte d’un évènement extérieur,
imprévisible et irrésistible.

A lire :

RAMKISTO v. SUN INSURANCE CO LTD 2002 SCJ 62

SOONDON & Anor v. SWAN INSURANCE & Anor2004 SCJ 125

SOCOVIA (BELLE VUE) LTEE v. THE QUARANTINE AUTHORITY &


ANOR 2006 SCJ 102

GENERAL CONSTRUCTION CO. LTD v IBRAHIM CASSAM & CO. LTD


2011 SCJ 19 – Full bench decision : 5 judges

c. Intervention d’un tiers

Le défendeur pourrait aussi se défendre en établissant qu’il n’est pas l’auteur


du dommage qui résulte de la faute d’une tierce personne.

d. Faute exclusive de la victime

Il s’agit aussi d’une défence de montrer que le dommage résulte de la faute


exclusive de la victime. Ex : un piéton habillé de vêtements sombres qui

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traverse la route en pleine nuit ou la victime d’un accident qui est sous
l’influence de l’alcool.

Si le dommage résulte en partie de la faute de la victime, le défendeur reste


responsable mais la Cour en tiendra compte lors qu’elle décidera du montant
de la compensation (« contributory negligence »).

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