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Semestre : 4

Année universitaire : 2022-2023

Pr. LAACHRATE Mohamed


“The main distinction between general and special
criminal law is that the latter constitutes a specific
crime that does not breach into other areas of
criminality”
Préparé par : LYAKTINI. MY. Youssef.

INTRODUCTION : QUALIFICATION PENALE DES INFRACTIONS

A- Les qualifications exclusives

I- Les qualifications incompatibles :

L’infraction imputable au délinquant est une conséquence logique d’une 1ère infraction.
- Ex1 : soustraction frauduleuse d’un bien et sa conservation au domicile du délinquant. Deux
qualifications : vol + recel. Ces 2 qualifications se confondent (incompatibles). Il est tout à fait logique
que le voleur puisse garder le bien soustrait. Le recel est une conséquence logique et naturelle du vol.
dans ce cas, le cumul des qualifications n’aura pas lieu puisque le voleur qui garde la chose volée n’est
animé que par une seule intention de vouloir soustraire la chose à son propriétaire.
- Ex2 : celui qui frappe une personne (délit de violences) et la laisse ensuite sans soins (délit de non-
assistance à personne en danger), ne sera condamné que pour le seul délit de violences volontaires.
II- Les qualifications alternatives :

C’est le cas de 2 qualifications qui s’excluent réciproquement en raison d’une opposition essentielle dans
leurs éléments constitutifs.
- Ex1 : un fait causant la mort d’autrui ne peut être qualifié à la fois d’homicide volontaire et d’homicide
involontaire.
- Ex2 : des violences ne peuvent avoir entrainé sur la même victime des mutilations ou la mort. Ces
infractions sont définies par le résultat sont incompatibles. C’est l’une (violences entrainant des
mutilations) ou l’autre (des violences entrainant la mort).
III- Les qualifications redondantes :

Une qualification redondante est celle qui recouvre exactement des faits se trouvant déjà inclus dans une autre
qualification. Pour trouver la qualification adaptée aux actes incriminés :
1- lorsque coexistent 2 qualifications (une générale et l’autre spéciale), on fait prévaloir la qualification spéciale.
- Ex : l’acte causant la mort d’autrui suite à l’administration ou l’emploi de substances mortifères est qualifié
d’empoisonnement (qualification spéciale) et non pas d’homicide volontaire (qualification générale).

2- lorsque coexistent 2 qualifications, une large et l’autre partielle, la qualification large prime. C’est le cas d’un acte
qui constitue seul une infraction autonome et en même temps un élément constitutif ou circonstance aggravante
d’une autre infraction.
- Ex : vol commis avec des violences. Les violences constituent une infraction autonome « atteintes volontaires
à l’intégrité corporelle » et en même temps circonstance aggravante du vol simple. Le vol est la qualification
large et les violences sont la qualification partielle. On fait prévaloir le vol. la qualification retenue est donc le
vol aggravé.
B- Le concours idéal des qualifications
- Il se présente lorsqu’un acte unique est susceptible de +++ qualifications ;
- En droit marocain (Art. 118 CP) : le fait unique doit être réprimé sous sa plus haute expression pénale. On
retient la qualification la plus grave (principe de l’unité de qualifications et l’unité de peines);
- En droit français : la jurisprudence retient le cumul des qualifications lorsque :
o L’action délictueuse est unique et matériellement indivisible ;
o L’atteinte lèse des intérêts ou valeurs sociales distinctes.
- Ex : atteinte à la pudeur sans violence dans un lieu public sur la personne d’un mineur = est un acte unique
mais 2 qualifications distinctes : atteinte à la pudeur et outrage public à la pudeur. En droit marocain, on doit
retenir la qualification la plus grave celle punie de la peine la plus sévère (atteinte à la pudeur sur mineur)

Atteinte à la pudeur sur un mineur Outrage public à la pudeur


2 à 5 ans 1 mois à 2 ans

PARTIE I : INFRACTIONS CONTRE LES PERSONNES

I- LE MEURTRE
I- Les articles du code pénal marocain relatifs au meurtre :

Article 392 :
Quiconque donne intentionnellement la mort à autrui est coupable de meurtre et puni de la réclusion
perpétuelle. Toutefois, le meurtre est puni de mort :
1. Lorsqu'il a précédé, accompagné ou suivi un autre crime ;
2. Lorsqu'il a eu pour objet, soit de préparer, faciliter ou exécuter un autre crime ou un délit, soit de
favoriser la fuite ou d'assurer l'impunité des auteurs ou complices de ce crime ou de ce délit.
Article 393 :
Le meurtre commis avec préméditation ou guet-apens est qualifié assassinat et puni de la peine de mort.
Article 394 : -
La préméditation consiste dans le dessein (dans l’intention), formé avant l'action, d'attenter à la personne
d'un individu déterminé, ou même de celui qui sera trouvé ou rencontré, quand même ce dessein dépendrait
de quelque circonstance ou de quelque condition.
Article 395 :
Le guet-apens consiste à attendre plus ou moins de temps, dans un ou divers lieux, un individu, soit pour lui
donner la mort, soit pour exercer sur lui des actes de violences.
Article 396 :
Quiconque donne intentionnellement la mort à son père, à sa mère ou à tout autre ascendant est coupable
de parricide et puni de la peine de mort. (Parents naturels ou adoptif ?)
Article 397 :
Quiconque donne intentionnellement la mort à un enfant nouveau-né est coupable d'infanticide et puni,
suivant les distinctions prévues aux articles 392 et 393, des peines édictées à ces articles.
Toutefois, la mère, auteur principal ou complice du meurtre ou de l'assassinat de son enfant nouveau-né
(définition ? âge ?), est punie de la peine de la réclusion de 5 à 10 ans, mais sans que cette disposition
puisse s'appliquer à ses coauteurs ou complices.
Article 399 :
Est puni de la peine de mort, quiconque pour l'exécution d'un fait qualifié crime emploie des tortures ou
des actes de barbarie.
NB : Aujourd’hui, l’infanticide n’est plus la dénomination d’une infraction pénale en code pénal français. Il
est désormais considéré comme un meurtre ou assassinat d’un mineur de moins de 15 ans. Le nouveau-né
et l’enfant plus âgé sont réunis sous le même terme de « mineur de moins de 15 ans ». Article 221-4.
II- Les éléments constitutifs du meurtre :

1. Elément matériel (l’action meurtrière) : le meurtre = infraction matérielle de résultat.


1.1. Résultat mortel (élément de distinction avec l’empoisonnement) :
- Vise une personne autre que l’auteur : le fait de se donner la mort « suicide » ou de tenter de la faire n’est
pas punissable ;
- Vise l’humanité de la victime : celui qui frappe un cadavre n’est coupable ni de meurtre ni de tentative de
meurtre.
1.2. Moyen mortel : n’est pas précisé dans l’article 392.
- Acte positif du meurtre : acte de violence (coups de feu, de poing ou de pied, une arme, étouffement…).
Exception de l’emploi ou l’administration de substances mortifères (cas d’empoisonnement). Les
comportements négatifs sont qualifiés comme incriminations particulières (Ex : omission à porter secours
à une personne en péril) ;
- Acte causal qui est un acte de violence doit être en rapport direct de cause à effet avec la mort de la
victime ou sa tentative. Si la victime souffrait antérieurement de maladie ou blessures mortelles, la
qualification du meurtre est délaissée. Dans ce cas, on reproche à l’accusé la cause occasionnelle du
décès.
2. Elément psychologique (l’intention meurtrière) :
- L’intention de provoquer la mort avec conscience de l’effet qui suivra l’acte.
- L’intention meurtrière est le critère distinctif du meurtre des autres infractions susceptibles de provoquer
un résultat mortel : des coups volontairement donnés causant la mort sans l’intention de la donner.
- L’intention meurtrière est la conjugaison de 2 volontés : la volonté de l’atteinte portée (dol général) et la
volonté de tuer (dol spécial).
- La volonté meurtrière et le résultat meurtrier caractérisent le meurtre à défaut de cet élément
psychologique l’infraction sera qualifiée autrement : délit de coups et de blessures volontaires entrainant
la mort ou le délit d’homicide involontaire.
- La preuve de l’intention meurtrière : difficile à identifier. Face à l’auteur qui avance toujours qu’il n’a pas
voulu la mort de la victime, le juge peut recourir à la présomption (en s’appuyant sur les circonstances
appréciées au niveau de la matérialité de l’acte mortel et sa portée, le juge via un raisonnement inductif
peut établir l’intention meurtrière.
- Au niveau de la matérialité de l’acte mortel : par l’usage d’une arme dangereuse (arme à feu, explosif,
sabre…) ou par la cible de l’acte d’une partie sensible du corps (thorax, tête, cœur, artère…) :
- Au niveau de la portée de l’acte mortel : l’intention meurtrière peut être déduite de l’intensité et la
manière de l’acte de violence (tirs groupés visant une partie sensible du corps, préméditation, guet-
apens…).
- L’intention meurtrière est indifférente des mobiles (vengeance, haine, cupidité…) qui n’ont aucun effet
sur la qualification du meurtre.
III- causes d’aggravation du meurtre

1- Le concours du meurtre avec d’autres infractions :


- Lorsque le meurtre est précédé, accompagné, ou suivi un autre crime ;
- Lorsqu'il a eu pour objet, soit de préparer, faciliter ou exécuter un autre crime ou un délit, soit
de favoriser la fuite ou d'assurer l'impunité des auteurs ou complices de ce crime ou de ce délit.
2- La préméditation ou guet-apens : un meurtre avec préméditation ou guet-apens = assassinat.
3- Le parricide (père, mère, ou tout autre ascendant) ou régicide.
4- Emploi de la torture ou d’actes de barbarie lors de la commission du crime.
IV- différence entre le meurtre et l’empoisonnement

Meurtre (article 392) Empoisonnement (article 398)


Infraction matérielle Infraction formelle
Moyen utilisé
N’est pas précisé Emploi ou administration de substances qui
peuvent donner la mort +/- promptement.
Résultat de l’acte
Le meurtre ne se consomme que par le résultat N’exige pas le résultat mortel. Punissable
mortel indépendamment de l’existence d’un dommage.

V- Sanctions

Meurtre simple Réclusion perpétuelle : isolement physique la nuit et travail obligatoire le jour.
Meurtre aggravé Peine capitale.
Infanticide Si l’auteur est la mère → réclusion de 5 à 10 ans mais l’atténuation de la peine ne
s’applique pas aux coauteurs et complices

II- L’EMPOISONNEMENT
I- Les articles du code pénal marocain relatifs à l’empoisonnement :

Article 398 :
Quiconque attente à la vie d'une personne par l'effet de substances qui peuvent donner la mort + ou -
promptement, de quelque manière que ces substances aient été employées ou administrées, et quelles
qu'en aient été les suites, est coupable d'empoisonnement et puni de mort.
II- Les éléments constitutifs de l’empoisonnement :

1. Elément matériel : une infraction formelle.


1.1- L’action d’emploi ou d’administration « de quelque manière » :
- Divers procédés : ingestion (liquide ou solide), inhalation (gaz), inoculation (piqure), contact (produit
radioactif ou chimique) ou tout moyen permettant l’absorption de la substance mortifère par la victime.
- Par l’auteur en personne ou par un tiers. Si ce dernier connait le caractère mortifère de la substance, il
est coauteur. Le tiers de bonne foi échappe naturellement à la répression.
- L’empoisonnement est retenu même si l’auteur se trompe de la victime ou si la victime est une
personne indéterminée.
1.2- La substance mortifère :
- Toute substance à caractère mortifère : médicament, poison (arsenic, cyanure, strychnine), virus, gaz,
substance végétarienne ou radioactive…
- Pour un certain nombre de substances, le juge doit se livrer à l’appréciation du caractère mortifère car
ce qui peut être mortifère pour certains ne l’est pas pour d’autres.
- Dans ce cas, le juge se réfère non seulement aux caractéristiques de la substance mais à l’usage en est
fait selon les circonstances (administration mortelle de doses successives alors que la dose unique ne
l’est pas) et à la vulnérabilité de la victime connue par l’auteur de l’acte
- Un ensemble de produits anodins est un poison si leur mélange les rend mortels, même chose pour un
produit dont l’auteur a connaissance de l’allergie de la victime pour ce dernier (administration de dose
d’un antibiotique à base de pénicilline à laquelle la victime est allergique).
- Une substance qui peut donner la mort +/- promptement (rapidement). Cependant, l’administration
répétée dans le temps de substance mortifère en vue de provoquer lentement la mort qui qualifiée
d’empoisonnement.
- L’infraction est consommée dés l’acte de l’administration de la substance mortifère indépendamment
du résultat (infraction formelle).
- Le cas de l’administration simultanée d’une substance (S) à deux personnes X et Y. l’auteur savait que
(S) est mortifère pour X et nuisible pour Y. on est donc devant une dualité de qualification :
empoisonnement à l’encontre de X et l’administration de substances nuisibles à la santé à l’encontre de
Y. Dans ce cas, le critère déterminant de ces qualifications est l’élément intentionnel.
- L’exigence du caractère mortifère des substances distingue l’empoisonnement de l’ administration de
substances nuisibles qui est de nature à porter atteinte à l’intégrité d’une victime et non à la vie.
2. Elément intentionnel :

-L’empoisonnement est une infraction intentionnelle qui consiste pour son auteur d’employer ou
administrer volontairement une substance en parfaite connaissance de son caractère mortifère.
-L’empoisonnement nécessite donc un dol général : L’agent doit avoir la connaissance du caractère mortel
de la substance administrée.
- l’empoisonnement nécessite aussi un dol spécial qui consiste dans l’intention de donner la mort c-à-d
l’intention meurtrière comme dans le cas du meurtre.
- Autrement dit, l’empoisonnement ne sera pas caractérisé lorsqu’une personne administre un produit
mortel dans l’ignorance de sa toxicité, de l’allergie de la victime, ni à administrer un produit mortel en une
quantité qu’on croit à tort ou à raison insusceptible de provoquer la mort.
-L’absence de cette intention fait écarter l’empoisonnement (un crime) et implique l’homicide involontaire
(délit).
- Par exemple, dans le cas d’une relation sexuelle non protégée ayant entraîné la transmission du virus du
sida, la Cour préfère retenir la qualification d’administration de substances nuisibles, laquelle n’exige pas
une telle intention de tuer.
-Comme pour le meurtre, l’élément intentionnel est indifférent quant au mobile ayant animé l’auteur
(jalousie, cupidité, compassion en cas d’euthanasie…)
III- Tentative d’empoisonnement

-Elle est punissable, puisque l’empoisonnement est un crime.


- C’est le cas lorsque la substance mortifère a été préparée et présentée à la victime sans qu’elle l’absorbe.
La tentative intervient durant la période qui se situe entre la préparation et la prise de la substance par la
victime
- Par exemple, si une personne prépare un poison, que la victime le boit mais ne meurt pas, il y aura
bien empoisonnement (et non tentative d’empoisonnement). Par contre, si la victime ne le boit pas mais
que le verre empoisonné a été posé à dessein que cette dernière le boive, il y aura là tentative
d’empoisonnement.
- En théorie, il peut y avoir un désistement volontaire, par exemple si l’auteur jette le mets empoisonné
avant qu’il ne soit consommé. Mais en pratique, un tel désistement est difficilement réalisable.
IV- Sanctions

Empoisonnement Peine capitale (arts 601-609 ; CPP)


Réduction de la peine Non envisageable même si l’auteur administre l’antidote ou avertit les
autorités pour éviter la mort de la victime. Le repentir est inefficace.
Complicité La complicité d’empoisonnement est punissable, par exemple un pharmacien
qui fournirait sciemment du poison à celui qui l’administrera.
Prescription Le délai de prescription commence à courir le jour où la substance a été
administrée. Il est de 15 ans.
III- LES ATTEINTES VOLONTAIRES A L’INTEGRITE CORPORELLE
Acte positif :
1. Atteintes volontaires à l’intégrité corporelle : incriminations générales ;
2. Incriminations particulières : par la qualité de la victime ou par le moyen utilisé.
2.1. Les atteintes légères ;
2.2. Les violences à l’enfant (qualité de la victime);
2.3. L’administration de substances nuisibles à la santé (moyen utilisé pour commettre l’infraction).
Acte d’omission :
1. La non-assistance à une personne en péril ;
2. L’abstention d’empêcher une infraction
3.1- LES ATTEINTES VOLONTAIRES A L’INTEGRITE CORPORELLE
1. Elément matériel : une infraction complexe. Art 400-403 CP

Blessures Lésion de la peau avec effusion du sang causée par : tout objet, coup de pied,
chien…
Coups Contusions sans effusion de sang par le corps de l’auteur (griffe, pied…) ou tout
objet (bâton…)
Voie de fait Sans trace sur le corps de la victime : (bascule, crachat…)
Violence Agression psychique sans contact physique : coup de feu vers la victime pour
l’effrayer, foncer sur la victime par une voiture…)

2. Elément moral :
- Intention délictuelle résultant de la volonté consciente de l’auteur de porter préjudice à la victime ;
- La qualification (blessures, coups, violence ou voie de fait) sera retenue dés lors que l’acte initial a été
voulu indépendamment des mobiles ou du préjudice.
3. Sanction :
Circonstances aggravantes
Préméditation, Victime : Femme enceinte, Auteur : magistrat,
guet-apens, handicapée ou mentalement fonctionnaire public, agent
Atteintes Peine emploi d’arme faible. Ascendants, kafil, époux, ou préposé d’autorité ou de
Initiale fiancé, conjoint divorcé, tuteur, la force publique → sans
en présence d’enfants ou de l’un motif légitime et dans
des parents l’exercice de ses fonctions
*AVIC sans maladie 1 mois à 1 an 6 mois à 2 ans Double de la peine Double de la peine
ni incapacité ou et/ou et
causant une 200 à 500 DH 200 à 1000 DH
incapacité ≤ 20j
Une incapacité > 1 à 3 ans et 2 à 5 ans ET Double de la peine Double de la peine
20j 200 à 1000 DH 250 à 2000 DH
Mutilation,
amputation, 10 à 20 ans OU
privation d’usage 5 à 10 ans 10 à 20 ans 20 à 30 ans si le crime est
d’un membre, commis avec préméditation ou 10 à 15 ans
cécité ou toutes guet-apens ou emploi d’arme.
autres infirmités
permanentes
Mort involontaire 10 à 20 ans Réclusion 20 à 30 ans OU 20 à 30 ans
de la victime perpétuelle Réclusion perpétuelle en cas de :
préméditation, guet-apens ou
emploi d’arme.
*AVIC = Atteinte Volontaire à l’Intégrité Corporelle.
3.2- LES ATTEINTES VOLONTAIRES LEGERES
- Les violences ;
- Les voies de fait.
➔ Ce sont des contraventions de 1ère classe ;
➔ Ce sont des actes qui n’atteignent pas la victime dans son corps ;
➔ Elles se manifestent par une déstabilisation physique ou psychique en vue d’exercer une certaine
emprise sur la victime ;
➔ L’article 400 du CP réprime les violences et les voies de fait qu’elles aient causé un préjudice ou non ;
➔ Leur caractère léger rend leur qualification très difficile.
➔ Sanctionnées par l’article 608 du CP→ détention de 1 à 15 j + une amende de 20 à 200 DH ou l’une
de ces 2 peines seulement.

3.3- LES VIOLENCES A L’ENFANT


1. Elément matériel : Article 408 du CP (un délit)
➔ Un fait attentatoire à l’intégrité corporelle ou à la santé de l’enfant âgé moins de 15 ans ;
➔ Par des blessures ou des coups ;
➔ Par violences ou voies de fait à l’exclusion des violences légères ;
➔ Par privation d’aliments ou de soins au point de compromettre sa santé.
➔ Les actes de blessures, coups, violences ou voies de fait peuvent être commis par quiconque ;
➔ Par contre, la privation d’aliments ou de soins, ne peut être imputée qu’à la personne à laquelle
l’enfant qui confié provisoirement ou aux parents ;
➔ Dans ce cas, la privation doit être volontaire et qu’elle ne soit pas une conséquence de la pauvreté
ou de défaut d’éducation. Il faut enfin que cette privation soit au point de compromettre la santé
de l’enfant.
2. Elément intentionnel :
➔ Intention délictuelle qui consiste en des agissements volontaires par un auteur conscient du fait
que la santé de l’enfant pourrait être ou serait être compromise (dol général) ;
3. Sanction :

Peine initiale Article 408 : 1 an à 3 ans


Peine aggravée
Maladie, Mutilation, Si la mort en est Si la mort en est Si les coups, blessures,
immobilisation ou amputation, cécité, résultée sans intention résultée, sans violences, voies de fait
incapacité de travail > perte d’un œil, toutes de la donner intention de la donner, ou privations ont été
21 j) ou si autres infirmités mais par l'effet de pratiqués avec
préméditation, guet- permanente. pratiques habituelles l'intention de
apens, ou emploi provoquer la mort
d’arme
2 à 5 ans (+) 10 à 20 ans 20 à 30 ans Réclusion perpétuelle Peine capitale

(+) L’auteur peut être frappé de 5 à 10 ans de l’interdiction d’un ou +++ des droits mentionnés à l’article 40 CP et de
l’interdiction de séjour.

3.4- ADMINISTRATION DE SUBSTANCES NUISIBLES A LA SANTE (ASNS)


1. Elément matériel : Article 413 CP (un délit simple)
➔ L’ASNS, comme l’empoisonnement nécessite, pour être réalisé, un acte d’administration ;
➔ Cependant, contrairement au crime d’empoisonnement, l’administration doit concerner une substance
qui serait nuisible et non mortifère ;
➔ La notion de substance nuisible vise le produit de nature à provoquer un dommage à l’exclusion de celui
qui pourrait entraîner la mort ;
➔ Contrairement à l’infraction d’empoisonnement qui est de nature formelle, l’ASNS est une infraction
matérielle qui nécessite un résultat légal, celui de causer une maladie ou une incapacité de travail ;
➔ Enfin, un lien de causalité certaine doit être établi entre l’administration de la substance nuisible et
l’atteinte à l’intégrité physique ou psychique qui a été observée ;
➔ Si le résultat n’est pas atteint, alors qu’il y a eu ASNS, il n’y a ni infraction ni tentative punissable car
l’infraction est un délit simple.
2. Elément moral : « sciemment mais sans intention de donner la mort » Art 413 CP.
➔ L’infraction de l’ASNS suppose que soit établie la connaissance du caractère préjudiciable des
substances administrées volontairement par l’auteur ;
➔ En d’autres termes, l’auteur doit avoir administré de manière volontaire et en connaissance de cause le
produit ;
➔ Comme l’empoisonnement, l’ASNS nécessite un dol spécial tendant à nuire à la santé de la victime ;
➔ L’intention implique aussi la connaissance par l’auteur du caractère nuisible des substances à
administrer ;
➔ Ainsi, les erreurs de manipulation ou de dosage, les imprudences ou les négligences excluent la
qualification de l’ASNS par défaut de l’élément moral. Ex : Jeux de plaisanterie entre amis par
manipulation imprudente de substances nuisibles à la santé.
3. Sanction :

Peine initiale : 1 mois à 3 ans. L’auteur peut être frappé de 5 à 10 ans de l’interdiction d’un ou
Un délit simple +++ des droits mentionnés à l’article 40 CP et de l’interdiction de séjour.
Peine aggravée : Circonstances aggravantes :
2 à 5 ans Maladie ou incapacité de travail > 21j
5 à 10 ans Maladies incurables, perte de l’usage d’un organe ou infirmité permanente
10 à 20 ans Mort involontaire

Empoisonnement Administration de substances nuisibles (ASNS)


Infraction formelle Infraction matérielle
Crime Délit
Substance mortifère Substance nuisible à la santé
Attentatoire à la vie de la victime Attentatoire à l’intégrité physique de la victime
Consommée même sans résultat N’est consommée que par la présence du préjudice
La tentative est punissable Pas de tentative car l’infraction est un délit simple

3.5- NON-ASSISTANCE A UNE PERSONNE EN PERIL (NAPP)


1. Circonstances préalables
1. Existence d’un péril menaçant une personne. Péril = toute menace à la vie, la santé ou l’intégrité
physique d’une personne de diverses origines (accident, infraction intentionnelle ou non…) et qui
nécessite une intervention immédiate ;
2. Possibilité de secourir soit par intervention personnelle si les capacités physiques ou techniques sont
disponibles, soit par la provocation de secours auprès des personnes compétentes, voire de cumuler
les 2 modalités (prodiguer les premiers soins et faire parvenir un médecin en cas d’un AVP par
exemple) ;
3. Absence du risque pour l’intervenant et pour les tiers. Le risque doit être sérieux pour la vie ou la santé
pour justifier l’abstention de secourir.
2. Elément matériel : Article 431 CP (un délit simple)
- Le délit requiert une attitude passive face au danger menaçant autrui ;
- Le simple fait de tenter une assistance disqualifie l’infraction même infructueuse (mort de la personne) ;
3. Elément moral :
- Le délit est intentionnel = abstention volontaire et en connaissance de cause de porter assistance ou
provoquer les secours ;
- L’infraction ne serait être qualifiée si l’individu poursuivi n’a pas eu conscience de l’existence du péril ou
de sa gravité.
4. Sanction :
- La NAPP est toujours un délit correctionnel ;
Peine initiale : 3 mois à 5 ans + 2000 à 10000DH Ou l’une des deux seulement
Peine aggravée : Le double de la peine initiale
Circonstances aggravantes : Récidive.
Auteur : époux, fiancé, conjoint divorcé, ascendant, descendant, frère, kafil, tuteur.
Victime : mineur, handicapée ou faible capacité mentale.

3.6- ABSTENTION D’EMPECHER UNE INFRACTION (AEI)


1. Circonstances préalables
1. La nécessité d’une infraction envisagée. Il faut une infraction à empêcher.
2. La nature de l’infraction envisagée : le fait, qui n’a pas été empêché, doit être un crime ou un délit
contre l’intégrité corporelle. Celui qui d’abstient d’empêcher la commission d’une contravention n’est
pas puni ;
3. La non consommation de l’infraction envisagée : la loi réprime le fait de ne pas empêcher une infraction
de se commettre. L’infraction ne doit donc pas avoir eu lieu au moment où l’agent aurait dû intervenir.
Il y a donc délit lorsque l’agent n’intervient pas face à une tentative, à des actes préparatoires ou encore
face à un projet certain.
2. Elément matériel : Art 430 CP.
- Le délit est constitué par une abstention, l’action pouvant alors empêcher un crime ou un délit contre
l’intégrité corporelle ;
- L’abstention doit être caractérisée : l’individu doit n’avoir rien fait ;
- Pour éviter la répression, l’individu doit réellement intervenir et ne pas se contenter de donner des
conseils au futur délinquant pour qu’il n’agisse pas ;
- L’abstention n’est sanctionnée que lorsqu’une action immédiate et personnelle était possible et lorsque
l’infraction pouvait être empêchée sans risque ;
- L’individu doit agir lui-même sans risque pour lui ni pour les tiers. Mais, cette action personnelle peut
très bien se manifester par le fait de prévenir les autorités de police ;
- L’intervention peut donc être directe ou indirecte, soit, il avertit la victime, soit, il dénonce le projet à la
police (si il craint un risque sérieux pour lui ou pour les tiers);
- L’action doit être immédiate. Une action tardive peut alors caractériser une abstention coupable.
3. Elément moral :
- Le non obstacle à la commission d’une infraction est un délit intentionnel ce qui implique que
l’abstention soit volontaire, mais aussi qu’elle ait été adoptée en connaissance de cause ;
- Ainsi, l’agent doit savoir qu’une infraction était projetée ;
- Seule l’existence d’un risque pour lui ou pour les tiers fait disparaitre l’élément moral de cette infraction.
4. Sanction :
- Le délit est puni de 3 mois à 5 ans + 200 à 1000 DH comme amende ou l’une de ces deux.
III- LES ATTEINTES INVOLONTAIRES A L’INTEGRITE CORPORELLE
- Les articles 432-434 répriment l’homicide et les blessures involontaires ;
- Cas des accidents de la circulation et les accidents de travail → Infractions non intentionnelles.

Homicide et blessures involontaires


1. Eléments constitutifs : Art 432-433 CP.

Faute Résultat dommageable Lien de causalité


Actes de commission ou d’omission : Le CP ne sanctionne pas la faute en Il faut établir le lien de causalité
Par maladresse : Par cet acte, un elle-même mais seulement celle qui entre la faute et le dommage pour
chasseur a blessé un autre par a eu un résultat dommageable de pouvoir qualifier pénalement
maladresse, un conducteur a nature corporelle pour la victime. l’atteinte involontaire à l’intégrité
renversé un piéton, un coiffeur a Le résultat dommageable = corporelle de la victime.
blessé son client. - la mort de la victime (art 343) ; L’incertitude entourant le lien de
Par imprudence : X prête sa moto à - les blessures, les coups ou les causalité fait tomber la qualification
Y inapte à conduire ou X manipulant maladies entrainant une incapacité pénale, même si une faute est
des produits dangereux sans se de travail personnel reprochée au prévenu.
conformer aux prescriptions > 6j (art 433)
d’emploi.
Par négligence : un médecin oublie
une pince dans l’estomac du patient,
un chien non surveillé par son
propriétaire morde un enfant.
Par inobservation d’une obligation
légale : code de la route, du travail…

2. Sanction :

Atteinte Peine initiale Peine aggravée Circonstance aggravante


Homicide involontaire 3 mois à 5 ans + amende : Le double de la peine Auteur en état d’ivresse ;
(Art 432) 250 à 1000 DH Tentative de fuite,
Incapacité de travail 1 mois à 2 ans Le double de la peine modification de l’état des
Personnel > 6 j. et/ou lieux e tout autre moyen
(Art 433) Amende : 200 à 500 DH d’échapper à la
responsabilité pénale ou
civile.

PARTIE II : INFRACTIONS CONTRE LES BIENS

I- LE VOL
- L’article 505 CP définit le vol comme la soustraction frauduleuse d’une chose appartement à autrui ;
- Soustraction frauduleuse = action de s’emparer d’une chose contre le gré de son propriétaire
(détenteur légitime) ;
- Le vol simple est sanctionné d’une peine délictuelle.

Le vol simple (délit correctionnel)


Article 505 :
Quiconque soustrait frauduleusement une chose appartenant à autrui est coupable de vol et puni de
l'emprisonnement d’un à cinq ans et d'une amende de 200 à 500 dirhams.
1. Elément matériel :

Il se divise en 3 éléments :
1. L’acte de la soustraction frauduleuse ;
2. Une chose susceptible d’être volée
3. La propriété d’autrui.
1- L’acte de la soustraction frauduleuse (la nature de l’acte):

L’acte du vol par la soustraction matérielle de la chose :


- La soustraction caractérise le fait de prendre, d’enlever ou de ravir (enlever de force) ;
- Une action subreptice (Qui se fait furtivement et d'une façon déloyale, illicite.) d’une chose ;
- Elle implique son appréhension et son déplacement à l’insu ou contre le gré de son propriétaire par un
acte émanant de l’auteur du vol et non pas de la victime ;
- La jurisprudence française : le fait de photocopier des documents est un vol ;
- Une remise volontaire de la chose serait exclusive de la qualification du vol même par erreur et non
provoquée par l’agent chez la victime → ne se rend pas coupable de vol celui à qui la chose est remise
par erreur, et qui la retient dans une pensée de fraude, quand bien même il aurait découvert l’erreur
dès l’instant où elle a été commise.
- Ex : le fait de profiter de la remise de la monnaie par erreur par une caissière ou la remise d’un produit
plus cher que celui acquis par un acheteur.
- La remise forcée par l’action de l’agent = soustraction = vol. Ex : remise d’une somme supplémentaire
par un passager au chauffeur sous la menace de l’abandonner.
- La remise inconsciente = soustraction = vol. Ex : remise obtenue d’une personne atteinte de troubles
mentaux ou d’un enfant en bas âge.
L’acte du vol par maniement juridique (la jurisprudence) :
- Le fait d’usurper (S'approprier sans droit) la possession d’une chose remise à titre de détention précaire
(= révocable) (conserver un bien pour le compte d'autrui) ;
- Le simple détenteur, dès lors qu'il décide, contre la volonté du propriétaire, de se faire maître de fait de
la chose qu'on lui a remise devient possesseur et donc voleur.
- Une “soustraction juridique“ est admise dans les cas où la personne ne vole pas la chose au sens
matériel, mais refuse de la rendre à son propriétaire.
- Ex1 : deux étudiants qui vivaient ensemble se séparent, si l’un ne rend pas des livres appartenant à
l’autre, cela constitue un vol ;
- Ex2 : dans un magasin de libre-service, l’acheteur vient de franchir la caisse sans payer ;
- Ex3 : la remise nécessaire par l’activité du remettant. C’est le cas du vendeur qui confie des chaussures
au client en vue d’un essai.
2- Une chose susceptible d’être volée (objet de l’acte) :

- Le vol ne peut pas porter sur les immeubles car il existe une incrimination spéciale qui sanctionne la
dépossession immobilière (les immeubles par destination peuvent être volés) ;
- Seules les choses meubles et déplaçables peuvent constituer des objets de vol ;
- En principe, l’objet de vol doit avoir une existence physique (caractère corporel) ;
- La chose peut avoir une origine illicite (voler un voleur) ou de nature illicite (vol des stupéfiants) ;
- Un corps humain ≠ une chose → pas du vol d’une personne, partie du corps (vivante ou morte).
Objets de vol Incriminations spéciales
Une chose immeuble Dépossession immobilière
Une chose incorporelle
- L’électricité Vol d’électricité : article 521 CP
- Prestation de service Filouterie d’aliments ou d’hôtel : article 532 CP
Filouterie de transport : article 533 CP
Filouterie d’autoroute : Art. 23/Loi 4-89 relative aux autoroutes
- Communications téléphoniques Détournement des Com. Télé. Art. 82-2/loi 24-96 relative à la
poste et aux télécommunications
- Information Le vol d’information n’est pourtant pas une qualification
juridique reconnue en tant que telle par le CP marocain.
Le vol de données est sanctionné par l’article 323-3 du CP
français.
- Une chose de faible valeur Larcin
3- la propriété d’autrui :

- Le vol doit avoir pour objet une chose appartenant à autrui ;


- Il n’est pas nécessaire que le propriétaire soit connu ;
- Il suffit de prouver que la chose n’appartient pas à l’auteur et qu’elle est appropriée pour établir le vol ;
- En cas d’abandon effective et incontestable de la chose → l’abandon fait échec à l’infraction → la chose
ne peut être volée car elle n’a pas de propriétaire → le vol n’est pas caractérisé ;
- Si la chose est perdue, elle continue d’appartenir à son propriétaire
- Si l’auteur est le propriétaire de la chose (il vole une chose qui est à lui en pensant qu’elle est à un
autre)→ le vol n’est pas caractérisé. Toutefois, le vol sera établi si :
➔ L’agent n’est plus le propriétaire de la chose soustraite. Ex : le vendeur qui reprend la chose vendue en
cas de non-paiement même en cas de résolution rétroactive de la vente. En d’autres termes, le vendeur,
même impayé, commet un vol s’il reprend de force la chose qu’il a vendue sauf si une clause de réserve
de propriété est prévue dans le contrat.

Dans le contrat de vente, l’acheteur devient propriétaire de la chose vendue dés que le consentement est
donné avant même d’avoir payé le prix (vol de la chose dont on est plus propriétaire).
Dans les magasins, l’acheteur ne devient propriétaire de la marchandise posée dans son chariot qu’après
le paiement du prix à la caisse. Avant le paiement on se trouve devant un contrat de réserve de propriété.
Si l’acheteur s’empare de la marchandise sans payer à la caisse on est devant du vol de la chose dont on
n’est pas encore propriétaire.

➔ L’agent n’est pas encore propriétaire de la chose soustraite. Ex : le légataire universel qui dispose d’une
partie du patrimoine avant le décès du testateur. C’est qu’après le décès du testateur que tous ses biens
deviennent la possession du légataire universel.

Rappel : legs = don par testament. Légataire universel= est la personne que le testateur désigne pour
recevoir tout ou partie de son patrimoine au moment de son décès.
➔ L’héritier qui dispose d’une partie ou de la totalité de l’héritage avant le partage est une infraction
indépendante prévue par l’article 532 du CP.
2. Elément moral :
- L’intention coupable est une condition essentielle pour caractériser un vol ;
- L’intention coupable doit être vérifier quant à :
o L’acte même de soustraction. L’agent doit avoir conscience de soustraire ;
o L’objet de l’acte. L’agent doit avoir conscience que ce qu’il prend c’est la chose d’autrui.
- Elle suppose un dol général par l’usage des expressions : « quiconque » et « frauduleusement » ;
- Une personne découvrant un objet, le prend pour le ramener à son propriétaire et qui en chemin se
ravise (change d’avis), ne commet pas un vol car il y a une discordance entre l’élément matériel et
l’élément moral (l’intention coupable doit exister au moment de la soustraction) ;
- L’intention même momentanée de se comporter comme propriétaire de la chose suffit à caractériser le
vol. Ex le vol d’usage (vol temporaire) par l’usage de la chose qui n’a pas privé le propriétaire de son
droit de propriété. C’est l’exemple aussi d’emprunter un véhicule sans l’accord de son propriétaire.
- L'erreur de fait est une erreur sur la matérialité de l'acte accompli (bonne foi) ;
- L'erreur de fait supprime le dol général. Il n'y a donc pas de dol général (fait disparaitre l’intention
coupable) et l'infraction n'est pas constituée. Ex : le fait de s'emparer d'une chose (une moto, des
chaussures…) dont on se croit propriétaire. Matériellement, le vol est accompli mais l’élément moral
fait défaut ;
- La preuve de l'erreur de fait est laissée à l'appréciation des juges du fond
- Par contre, l’erreur sur les éléments matériels ne supprime pas le dol général. C’est le cas de celui qui
s’empare d’un tableau contrefait au lieu de l’original.
- Tous les mobiles sont indifférents (cupidité, vengeance, générosité…). Ex : en s’emparant d’un
document compromettant pour un tiers ou prendre aux riches afin de donner aux pauvres.
- Le juge peut seulement tenir compte des mobiles dans la détermination de la peine.
- Les faits justificatifs du vol → suppriment l’élément moral.
- Autorisation de la loi : le droit de saisir les preuves par les fonctionnaires de la police ;
- Légitime de défense : s’emparer d’une arme qui menace ;
- L’état de nécessité : vol de nourriture par une personne affamée ;
- S’emparer d’une arme d’une personne voulant se suicider ;
- Le consentement libre du propriétaire obtenu antérieurement à la soustraction. A contrario, l’abus du
consentement est un élément constitutif du vol.
3. Sanction du vol simple :
- Vol simple et sa tentative : 1 à 5 ans et 200 à 500 DH ;
- Le coupable peut aussi être frappé de 5 à 10 ans de l’interdiction d’un ou +++ des droits mentionnés à
l’article 40 CP et de l’interdiction de séjour.
- Les immunités familiales (Art 543 CP) : → obstacle aux poursuites.
- Vol simple ou aggravé commis entre époux ou par des ascendants au préjudice de leurs enfants ou
autres descendants → pas de peines. Que des réparations civiles
- Vol par les descendants au préjudice de leurs ascendants + vol entre parents ou alliés jusqu’au 4ème
degré → poursuite que par la plainte des ascendants. Le retrait de la plainte fait tomber la poursuite.

Le vol aggravé (crime)

Peine Circonstances aggravantes


aggravée
Article 507 : Si les voleurs ou l'un d'eux étaient porteurs de manière apparente ou cachée d'une
arme au sens de l'article 303, même si le vol a été commis par une seule personne et en l'absence
Réclusion de toute autre circonstance aggravante.
perpétuelle Article 303 : Sont considérées comme armes, toutes armes à feu, tous explosifs, tous engins,
instruments ou objets perçants, contondants, tranchants ou suffoquants.
(RP)
Article 507 : si les coupables ou l'un d'eux détenaient l'arme dans le véhicule motorisé qui les a
conduits sur le lieu de l'infraction ou qu'ils auraient utilisé pour assurer leur fuite.
Article 508 : les individus coupables de vol commis sur les chemins publics ou dans les véhicules
20 à 30 ans servant au transport des voyageurs, des correspondances ou des bagages, ou dans l'enceinte
des voies ferrées, gares, ports, aéroports, quais de débarquement ou d'embarquement,
lorsque le vol a été commis avec l'une au moins des circonstances visées à l'article 509.
Article 509 : Les individus coupables de vol commis avec 2 au moins des circonstances
suivantes :
1- violences, ou menaces de violences, ou port illégal d'uniforme, ou usurpation d'une
fonction d'autorité ;
2- la nuit ;
10 à 20 ans 3- Deux ou +++ personnes ;
4- Escalade, Effraction, Ouverture souterraine, Fausses clés, ou bris de scellés, dans une
maison, appartement, chambre ou logement, habités ou servant à l'habitation ou leurs
dépendances ;
5- Un véhicule motorisé en vue de faciliter leur entreprise ou de favoriser leur fuite ;
6- Voleur = un domestique ou serviteur à gages, même lorsqu'il a commis le vol envers
des personnes qu'il ne servait pas, mais qui se trouvaient soit dans la maison de son
employeur, soit dans celle où il l'accompagnait ;
7- Voleur = un ouvrier ou apprenti, dans la maison, l'atelier ou magasin de son
employeur ou s'il est un individu travaillant habituellement dans l'habitation où il a volé.
5 à 10 ans Article 510 : Les coupables de vol commis avec une seule des circonstances suivantes :
1- violences, ou menaces de violences, ou port illégal d'uniforme, ou usurpation d'une
fonction d'autorité ;
2- la nuit ;
3- Deux ou +++ personnes ;
4- Escalade, Effraction, Ouverture souterraine, Fausses clés, ou bris de scellés, même
dans un édifice ne servant pas à l'habitation ;
5- Au cours d'un incendie ou après une explosion / effondrement / inondation / naufrage, une
révolte / émeute/ tout autre trouble ;
6- Si le vol a porté sur un objet qui assurait la sécurité d'un moyen de transport quelconque,
public ou privé.

II- INFRACTIONS SPECIALES ET VOISINES DU VOL

1- Selon la nature de l’objet :


- Vols ruraux
- Vol d’énergie
- Larcin
Infractions spéciales du vol 2- Selon le caractère de l’acte de soustraction
- Vol d’usage
- Destruction ou détournement d’objets saisis ou de gage
- Disposition frauduleuse d’un héritage
Infractions voisines du vol - Extorsion
- Chantage

Les vols ruraux


1- vol des objets se trouvant dans les champs :
Article 517 :
Quiconque vole dans les champs, des chevaux ou bêtes de charge, de voiture ou de monture, gros et menu
bétail, ou des instruments agricoles est puni de l'emprisonnement de 1 à 5 ans et d'une amende de 1200 à
5.000 dirhams.
1- vol des récoltes :

Infraction Peine initiale Peine aggravée Circonstances


d’aggravation
Vol de récoltes ou 15j à 2 ans 1 à 5 ans - La nuit
autres produits utiles de + + - Pluralité d’auteurs
la terre déjà détachés 200 à 250 DH 200 à 250 DH - Par véhicule ou
du sol (Art. 518) animaux de charge
Vol de récoltes ou 15j à 2 ans 2 à 5 ans La réunion de ces 4
autres produits utiles de + + circonstances :
la terre non encore 200 à 250 DH 200 à 250 DH - Usage paniers ou
détachés du sol avec équivalents +
une des 4 circonstances - La nuit +
d’aggravations (Art. - Pluralité d’auteurs +
519) - Par véhicule ou +
animaux de charge

Le vol d’énergie (délit de police)


Article 521 :
Quiconque soustrait frauduleusement de l'énergie électrique ou toute autre énergie ayant une valeur
économique, est puni de l'emprisonnement de 1 mois à 2 ans, et d'une amende de 250 à 2.000 DH ou
de l'une de ces 2 peines seulement.

- Cet article vise la captation frauduleuse de l’énergie ;


- Branchements en amont du capteur d’enregistrement de la consommation électrique ou réalisés sur les
lignes électriques de moyenne ou basse tension ;
- L’altération de ce capteur ne constitue pas une soustraction (vol) mais une manœuvre frauduleuse
qualifiée d’escroquerie ;
Sanction : 1 mois à 2 ans, et d'une amende de 250 à 2.000 DH ou de l'une de ces 2 peines seulement.

Le larcin (délit de police)


Article 506 :
- La soustraction frauduleuse d'une chose de faible valeur appartenant à autrui ;
- Puni de l'emprisonnement de 1 mois à 2 ans et d'une amende de 200 à 250 DH ;
- Les larcins commis avec les circonstances aggravantes prévues aux articles 507 à 510 constituent des
vols punis des pénalités édictées auxdits articles.

Le vol d’usage ou emprunts de véhicule


Article 522 :
Quiconque fait usage d'un véhicule motorisé à l'insu ou contre la volonté de l'ayant droit est puni de
l'emprisonnement de 1 mois à 2 ans, à moins que le fait ne constitue une infraction plus grave. La
poursuite n'a lieu que sur plainte de la personne lésée ; le retrait de la plainte met fin aux poursuites.
- Le texte incrimine l’acte de l’usage et non pas la soustraction ;
- Le texte limite l’objet de l’acte aux véhicules motorisés ;
- L’usage est l’action de se servir d’un véhicule pendant une période limitée dans le temps pour enfin le
restituer ou l’abandonner ;
- La poursuite de l’infraction n’est activée que sur plainte de la personne lésée ;
- Le retrait de la plainte met fin à la poursuite.
La destruction ou le détournement d’objets saisis ou de gage
Article 524
Est puni de l'emprisonnement de 1 à 5 ans et d'une amende de 200 à 500 DH le saisi qui détruit volontairement ou
détourne des objets saisis, si ces objets avaient été confiés à la garde d'un tiers. Si les objets saisis avaient été confiés
à sa garde, la peine est l'emprisonnement de 6 mois à 3 ans et une amende de 200 à 500 DH.

- Destruction ou détournement des objets placés sous la main de la justice en vertu d’une saisie-exécution
ou saisie conservatoire ;
- Ces objets demeurent indisponibles durant la période de saisie jusqu’à ce que le débiteur en obtienne la
mainlevée ;
- Destruction ou détournement englobent tout agissement portant atteinte aux droits du créancier en
empêchant l’exercice de la saisie et sa bonne fin. Ex : vente ou non-représentation de la totalité ou une
partie des objets de la saisie ;
- L’élément intentionnel = la mauvaise foi du coupable qui agit volontairement et en connaissance de cause
de l’indisponibilité des objets en raison de la mesure judicaire de saisie et que son acte porte atteinte aux
droits des créanciers ;
- Sanction :

Le coupable n’avait pas la garde des objets de saisie Le coupable avait la garde des objets de saisie
1 à 5 ans et d'une amende de 200 à 500 DH 6 mois à 3 ans et une amende de 200 à 500 DH
Article 525
Est puni de l'emprisonnement de 1 à 5 ans et d'une amende de 200 à 500 DH tout débiteur, emprunteur ou tiers
donneur de gages qui détourne ou détruit volontairement un objet engagé dont il est propriétaire.
- L’infraction ne concerne que le gage sans dépossession ;
- Détournement du gage = sa vente, son abandon dans la voie publique, omission ou refus de le restituer ;
- L’élément moral = dol général = volonté consciente d’agir en connaissance de cause de l’existence du
gage et de l’atteinte aux droits des créanciers ;
- Sanction : 1 à 5 ans et d'une amende de 200 à 500 DH.

La disposition frauduleuse d’un héritage (délit de police)


Article 523 :
Est puni de l'emprisonnement de 1 mois à 1 an et d'une amende de 200 à 1.000 dirhams, le cohéritier ou le
prétendant à une succession qui, frauduleusement, dispose avant le partage, de tout ou partie de
l'hérédité. La même peine est applicable au copropriétaire ou à l'associé qui dispose frauduleusement de
choses communes ou du fonds social.
L’extorsion ou racket (crime)
Article 537
Quiconque par force, violences ou contraintes, extorque la signature ou la remise d'un écrit, d'un acte, d'un
titre, d'une pièce quelconque contenant ou opérant obligation, disposition ou décharge, est puni de la
réclusion de 5 à 10 ans.

Elément matériel
Le délit ne peut être constitué Il suffit que la victime ait été Les moyens mis en œuvre
qu’à condition que le menacée, à travers ces violences, extorquent par exemple une
comportement de la victime (la pour que l’élément matériel soit reconnaissance de dette,
remise) a été obtenu par constitué. renonciation à une poursuite
violence, menaces de violence ou Le délit d’extorsion, pour être judiciaire, endossement d’une
contrainte. constitué, suppose une remise lettre de change…
involontaire, mais consciente de
la part de la victime.
Elément moral
Infraction intentionnelle = la volonté consciente d’obtenir par force, violence ou contrainte ce qui n'aurait
pas pu être librement accordé par la victime s’elle était libre de sa décision. Extorsion sera retenue à
l’égard du créancier qui force son débiteur à régler sa créance.
Le mobile ayant animé le coupable reste indifférent.
Sanction : extorsion est un crime (5 à 10 ans) dont la tentative est punissable.

Le chantage (délit)
Article 538
Quiconque au moyen de la menace, écrite ou verbale, de révélations ou d'imputations diffamatoires,
extorque soit la remise de fonds ou valeurs, soit la signature ou remise des écrits prévus à l'article
précédent, est coupable de chantage et puni de l'emprisonnement de 1 à 5 ans et d'une amende de 200 à
2.000 DH.

Elément matériel
Le délit ne peut être constitué La menace doit être antérieure à Peu importe que le fait soit exact
qu’à condition que le la remise. La menace = tout fait ou non, qu’il concerne la vie privé
comportement de la victime (la de nature à porter atteinte à ou publique.
remise) a été obtenu que par la l’honneur, la considération,
menace. Il s’agit donc d’une statut social de la victime.
violence morale écrite ou
verbale
Elément moral
Infraction intentionnelle = la volonté consciente de contraindre la victime à des remises indues.
Sanction : extorsion est un délit (1 à 5 ans) dont la tentative est punissable des mêmes peines

III- L’ESCROQUERIE (délit)


Article 540 :
Quiconque, en vue de se procurer ou de procurer à un tiers, un profit pécuniaire illégitime, induit astucieusement en
erreur une personne par des affirmations fallacieuses, ou par la dissimulation de faits vrais, ou exploite astucieusement
l'erreur où se trouvait une personne et la détermine ainsi à des actes préjudiciables à ses intérêts pécuniaires ou à
ceux d'un tiers, est coupable d'escroquerie et puni de l'emprisonnement de 1 à 5 ans et d'une amende de 500 à 5.000
DH.
La peine d'emprisonnement est portée au double et le maximum de l'amende à 100.000 DH si le coupable est une
personne ayant fait appel au public en vue de l'émission d'actions, obligations, bons, parts ou titres quelconques, soit
d'une société, soit d'une entreprise commerciale ou industrielle.
1. Elément matériel :

A- les moyens de l’escroquerie :


A1- Provocation d’une erreur chez la victime :
* Objectif de l’escroc : Amener sa victime à commettre une erreur qu’elle n’aurait pas commise sans son
intervention.
- Par l’usage d’affirmations fallacieuses :
- Mensonge sur l’identité du délinquant (faux nom, nom vrai d’un tiers, fausse qualité) ;
- Abus d’une qualité vraie. Ex : avocat qui abuse de sa qualité pour obtenir le désistement de l’adversaire
de son client ;
- Par dissimulation de faits vrais :
- Au lieu de mentir, l’escroc se contente de garder le silence ;
- Dissimulation de son nom, de sa qualité ou de la qualité des biens (remise de biens inaliénables ou gagés) ;
- Par des manœuvres frauduleuses :
- Un montage (une mise en scène) destiné à surprendre la victime = un mensonge corroboré par quelque
chose qui le rend crédible. Ex : confirmation des faits mensongers par un « tiers certificateur » qui donne
force et crédit aux mensonges ;
- Ex : un escroc homme d’affaire douteux recevant un appel d’un tiers certificateur en plein réunion avec
la victime pour donner l’impression de négocier un contrat important devant la victime.
A2- Exploitation frauduleuse d’une erreur commise spontanément par la victime :
- Le simple fait de laisser la victime se trompe sans rien faire pour la détromper ne constitue pas une
manœuvre frauduleuse constitutive d’une escroquerie ;
- La jurisprudence estime que l’escroquerie est constituée lorsque l’agent, ayant pris connaissance de
l’erreur, propose à la victime un contrat afin d’exploiter son erreur ;
- Ex : la victime confond l’escroc avec le dirigeant d’une société avec laquelle il avait un rapport d’affaires
ou bien la victime transmet un bien croyant à tort qu’elle n’avait plus droit sur lui.
B- Le but de l’escroquerie :
B1- la remise d’un objet d’une valeur pécuniaire postérieure aux moyens d’escroquerie :
- Les manœuvres doivent être déterminants dans la remise (la procuration pour soi ou pour un tiers d’un
bien de valeur pécuniaire) ;
- Ne commet pas d’escroquerie l’acheteur, ayant reçu une marchandise, qui remet au vendeur un chèque
signé de manière non conforme (la non-conformité est postérieure à la remise) ;
- L’objet de la remise :
- L’objet doit être une chose mobilière → pas d’escroquerie pour la remise d’immeubles construits sauf si
l’objet de la remise est un acte constatant un droit réel sur le bien.
- L’objet doit avoir une valeur pécuniaire : le profit est susceptible d’une évaluation en somme d’argent ;
- La remise doit être profitable à l’escroc d’une manière illégitime (non justifiée). Si la remise est justifiée
par un droit (l’agent a un droit de créance ou propriétaire de la chose remise), l’escroquerie est exclue.
B1- le préjudice aux intérêts de la victime ou aux tiers :
- L’escroquerie suppose l’existence d’un préjudice matériel d’appauvrissement du patrimoine de la
victime ;
- Son absence fait tomber l’infraction même s’il y a lieu d’utilisation de moyens frauduleux ;
- Ex : un administré a pu obtenir par moyens frauduleux un document de l’administration n’est pas escroc
en absence du préjudice matériel causée à cette dernière.
2. Elément moral :
- La faute intentionnelle réside dans la mauvaise foi et la conscience que l’on a d’agir pour duper la victime :
- L’escroquerie est indifférente aux mobiles même si le mobile est légitime. Ex1 : récupérer un bien volé
par des manœuvres frauduleuses constitue une escroquerie. Ex2 : une victime d’un incendie établissant
une comptabilité fictive pour obtenir satisfaction de la compagnie d’assurance commet aussi un acte
d’escroquerie.
- La preuve de l’intention coupable est facile à établir par la seule constatation des manœuvres
frauduleuses (l’élément matériel).
3. Sanction du vol simple :
- Escroquerie et sa tentative : 1 à 5 ans (= vol simple) et 200 à 500 DH ;
- La tentative est retenue si l’acte de commencement d’exécution se situe avant la remise et que le
coupable n’a manqué son forfait qu’à raison de circonstances extérieures et indépendantes de sa
volonté.
- Escroquerie aggravée : le double de la peine (2 à 10 ans) + une amende ≤ 100.000 DH. Si le coupable est
une personne ayant fait appel au public en vue de l'émission d'actions, obligations, bons, parts ou titres
quelconques, soit d'une société, soit d'une entreprise commerciale ou industrielle.
- Le coupable peut aussi être frappé de 5 à 10 ans de l’interdiction d’un ou +++ des droits mentionnés à
l’article 40 CP et de l’interdiction de séjour.
- Les immunités familiales (Art 541 CP) : → obstacle aux poursuites.
- Acte d’escroquerie, commis entre époux ou par des ascendants au préjudice de leurs enfants ou autres
descendants, n’est pas punissable et ne donne lieu qu’à des réparations civiles
- Escroquerie commise par les descendants au préjudice de leurs ascendants + vol entre parents ou alliés
jusqu’au 4ème degré → poursuite que par la plainte des ascendants. Le retrait de la plainte fait tomber
la poursuite.
- Les personnes autres que celles désignées en haut, qui ont agi comme coauteurs ou complices de ces
infractions ou qui en ont recelé le produit, ne peuvent bénéficier des dispositions de l’immunité
familiale.

IV- L’ABUS DE CONFIANCE (délit)


Article 547 :
Quiconque de mauvaise foi détourne ou dissipe au préjudice des propriétaires (possesseurs ou détenteurs),
soit des effets, des deniers ou marchandises, soit des billets, quittances, écrits de toute nature contenant ou
opérant obligations ou décharges et qui lui avaient été remis à la condition de les rendre ou d'en faire un
usage ou un emploi déterminé, est coupable d'abus de confiance et puni de l'emprisonnement de 6 mois à
3 ans et d'une amende de 200 à 2.000 DH.
1. Les éléments préalables :

1.1. La remise préalable, licite et volontaire de la chose dans un cadre consensuel :


- Le cadre consensuel peut prendre la forme d’un contrat entrainant une remise à condition qu’il traduit
une obligation de restitution, d’affectation ou de destination ;
- Exemples de contrats :
- Contrats nommés : contrat de louage, de crédit-bail mobilier, de dépôt, de mandat, de vente…
- Contrats innomés : contrat de déménagement …
- Avant-contrats : ou "contrat préparatoire", est une convention par laquelle les signataires arrêtent les
règles par lesquelles elles entendent ultérieurement s'engager ;
- Les choses remises : effets, deniers, marchandises, billets, quittances, écrit de toute nature ;
- Les immeubles sont exclus du champ de l’abus de confiance ;
1.2. La finalité de la remise :
- Si la charge étant la restitution de la chose, celle-ci doit être restituée en identique (corps certain) ou en
équivalent (chose fongible) au possesseur ou détenteur au terme prévu ;
- Si la charge étant de faire un usage déterminé de la chose, le chargé doit respecter l’accord en exécutant
à la lettre les obligations découlant de l’accord ;
- Enfin, la remise est faite à titre précaire (révocable, restituable) au bénéficiaire qui ne doit nullement se
comporter comme le vrai propriétaire de la chose.
2. L’élément matériel :

2.1. L’acte de détournement ou dissipation :


- Le détournement consiste à s’approprier et d’utiliser à son propre profit un objet ;
- La dissipation concerne un bien fongible ;
- Le détenteur précaire se comporte comme le propriétaire véritable de la chose remise ;
- Il peut s’agir de la destruction, vente, consommation de la chose ou tout usage étranger aux fins
déterminées par l’accord de volonté ;
- L’abus de confiance se concrétise ultérieurement dans l’inexécution frauduleuse du contrat conclu lors
de la remise du bien ;
- Ex : usage à des fins personnelles d’un véhicule de la société ;
- Ex : un commercial qui ne restitue pas la marchandise mise à sa disposition pour démarcher la clientèle
- Sur le plan technique, l’abus de confiance prend 4 formes :
1- Usage abusif de la chose remise : contraire aux stipulations contractuelles en connaissance de cause
et volontairement.
2- Retard de restitution de la chose remise : il doit être injustifié ou abusif, animé par la volonté de priver
le propriétaire de son bien.
3- Refus de restitution : sans motif légitime comme le droit de rétention ou la compensation.
4- Impossibilité de restitution : par destruction volontaire de la chose remise par exemple. Pas d’abus de
confiance si la restitution est rendue impossible à cause d’une force majeur, d’un cas fortuit ou d’une
négligence en absence d’une intention frauduleuse.

2.2. Le préjudice :
- Le préjudice est un élément constitutif de l’abus de confiance, mais également un résultat. Ceci
expliquerait que la tentative n’est pas punissable ;
- Contrairement à l’escroquerie, l’abus de confiance n’exige pas que l’auteur ait tiré profit de son acte ;
- Le profit comme la perte subie par le coupable sont indifférents à ce délit ;
- Seul importe le préjudice certain et réalisé causé à la victime ;
- Le préjudice concerne seulement la privation de la jouissance des droits et pas la transmission de la
propriété de la chose remise.

3. L’élément moral :
- L’auteur de l’abus doit être conscient de la précarité de sa détention de la chose remise et des obligations
contractuelles ;
- S’il s’est trompé sur la nature de son droit, il n’y a pas d’intention frauduleuse (pas d’abus de confiance).
Dans ce cas, il s’agit d’une simple inexécution d’obligation contractuelle ;
- La preuve de l’intention frauduleuse se trouve dans les faits eux-mêmes.
-
4. Sanction :

Peine initiale : Le coupable d'abus de confiance est puni de l'emprisonnement de 6 mois à 3 ans et d'une
amende de 200 à 2.000 DH.
Peine atténuée : Si le préjudice est de faible valeur : 1 mois à 2 ans + 200 à 250 DH.
Peine aggravée :

1 à 5 ans Par un adel, séquestre, curateur, administrateur judiciaire ;


200 à 5000 DH Par un administrateur, employé ou gardien d'une fondation pieuse au préjudice de cette
fondation
Par un salarié ou préposé au préjudice de son employeur
2 à 10 ans Par une personne faisant appel au public à l’épargne afin d'obtenir, soit pour son propre
≤ 100.000 DH compte, la remise de fonds ou valeurs à titre de dépôt, de mandat ou de nantissement

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