Vous êtes sur la page 1sur 33

Nov.

2021 - à jour de l’ordonnance -

IAE CAEN - M2 CCA

Droit des entreprises en difficulté

1
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -

Introduction
Lorsqu’une entreprise est liquidé les créanciers qui sont chirographaire ne perçoivent que 0,05 % de leurs créances
donc en cas de liquidation le législateur doit déterminer quels créanciers doivent être préférés : associés, financiers…

Tous les 10 ans, désormais, le législateur entreprend une réforme du droit des entreprises en difficulté. Au-delà
d’éventuelles critiques quant à l’inflation législative, cette succession de réformes trouve, en réalité, une
justification profonde : le droit des entreprises en difficulté constitue une branche du droit particulièrement
sensible à la conjoncture économique. Par ailleurs, ce droit présente la particularité, de devoir satisfaire en
permanence des intérêts antagoniques car lorsqu’une entreprise est en difficulté, elle ne pourra pas, en
principe, satisfaire ses engagements. Face à cette défaillance généralisée, le législateur aura pour tâche de
trouver un équilibre pour satisfaire toutes les catégories de créanciers. Cet équilibre peut être représenté :

Créanciers externes

Créanciers internes Entreprise/débiteur

Du coté des créanciers externes : il y a ceux titulaires de sûreté et les chirographaire.

Du coté des créanciers internes : Il y a les salariés qui sont super privilégiés, qui sont payés avant les autres et
s’ils ne peuvent pas être payés un fond d’assurance prendre leur salaire en charge et il y a également les
associés qui sont eux des chirographaire de dernier rang c’est à dire qui ne seront payés que quand tout les
autres auront été désintéressés.

L’entreprise elle va être protéger dans le cadre des procédures collectives. D’un coté il pourrait y avoir le
dirigeant qui lui n’est pas protégé.

Toute la législation dépend du maintien de ce paradoxe.

Les réformes successives ont consisté à opérer un déplacement du centre de gravité des textes vers un pôle
d’intérêt. Or, chaque déplacement dudit centre de gravité a constitué, compte tenu des insuffisances d’actif, un
risque d’appauvrissement potentiel d’une catégorie de créanciers. En outre, au-delà de cette représentation close
de l’entreprise (une forme de vision de la boîte noire) le législateur a dû prendre en considération d’autres
facteurs d’équilibres, non plus juridiques – les droits des créanciers – mais économiques – la pérennité
économique des partenaires - en mesurant l’impact de la législation quant à l’équilibre du marché sur lequel
l’entreprise défaillante intervenait. Il s’est ainsi agi, récemment, d’édicter des textes susceptibles de garantir à la
fois la sécurité des affaires, la confiance (globalement) dans l’économie, mais également la confiance des salariés
et des partenaires externes dans les entreprises.

Demeure la véritable difficulté, savoir la prévention des défaillances, les statistiques étant, à cet égard,
particulièrement inquiétantes. Avant de les évoquer, un historique s’impose, afin de mieux appréhender
l’évolution de cette branche particulière du droit des affaires qu’est le droit des entreprises en difficulté.

A l’origine, les lois concernent la « faillite », et on ne la distingue guère, dans le public, de la banqueroute tant
son caractère est infamant. Théoriquement, les lois du début du XXème visent essentiellement à satisfaire le
règlement des créanciers. L’objectif du législateur, à cette époque, était de tenter de créer une égalité entre les
créanciers (création d’une « masse » des créanciers) pour que le règlement ne soit pas « le prix de la course »,
c’est-à-dire le désintéressement, le plus souvent occulte, des créanciers les plus diligents, sinon les plus retors.

Ce n’est que fort tardivement que la loi du 13 juillet 1967 introduit la première mutation d’envergure. Le
législateur commence, en effet, à s’y préoccuper de la survie de l’entreprise, mais ce ne seront que les lois du
1er mars 1984 et 1er juillet 1985 qui feront véritablement basculer le droit des procédures collectives dans la
modernité, le faisant passer, selon les termes du professeur Paillusseau, du « droit de la faillite au droit de

2
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -
l’entreprise en difficulté ».

Ainsi, il ne faudra plus, selon les textes, parler de droit de la faillite mais de loi sur l’entreprise en difficulté et le
terme de « faillite » disparaît pratiquement des textes. L’objectif du législateur, dans un contexte de crise, aura
été de préserver la survie de l’entreprise et la sauvegarde de l’emploi (et donc les aspects économiques). Il en
résultera un affaiblissement de la situation des créanciers. Une autre loi, du 25 janvier 1985, modifiera,
corrélativement, le régime et la situation des administrateurs judiciaires, mandataires judiciaires à la liquidation
des entreprises et experts en diagnostic d’entreprise.

La vraie modernisation résultera cependant de la loi sur la « sauvegarde des entreprises » (Loi Perben)., en date
du 26 juillet 2005, qui s’est appliquée au 1er Janvier 2006 avec pour ambition de réaliser une nouvelle
quadrature du cercle. Dés 2007, des travaux débuteront, cependant pour réformer ce texte, ce qui sera réalisé
par l’ordonnance n° 2008-1345 du 18 décembre 2008 dans un contexte de crise financière qui a vu, en 2008, les
défaillances d’entreprise s’accroître de 10%. Pour autant, le droit des entreprises en difficulté évoluera sans
doute rapidement dans le détail, ainsi qu’en atteste l’édiction d’un nouveau texte : le décret du 13 février 2009
suivi de la loi pacte de 2018 etc. ; avec, pour terminer, l’aménagement transitoire que constitue l’ordonnance
du 27 mars 2020 emportant assouplissement du droit des entreprises en difficulté (jusqu’à la fin de l’urgence
sanitaire, cf. addendum p. 21).

La loi de 2005 est issu de la Loi Perben qui s’inspire elle même du droit Américain sur les « faillites » qu’on
appelle le Chapter 11. L ‘idée du Chapter 11 est que le dépôt de bilan devient un acte de gestion. Cela signifie
que l’entreprise doit pouvoir se placer dans le cadre d’une loi protectrice dès qu’elle éprouve la plus petite
difficulté. Et donc tout le régime des procédures collectives est un régime protecteur de l’activité et non pas un
régime de sanction. Sur cette différence… le juge joue un rôle majeur face aux difficultés de l’entreprise il
examine si le dirigeant est de bonne foi ou de mauvaise foi et il applique des procédures différentes dans les
deux cas.

Les termes de l’équation que le législateur a eu à résoudre de 2005 à 2009 tenaient au coût social abyssal de
défaillance des entreprises qui, au-delà de son impact sur l’emploi, touchait également la structure de certains
bassins économiques, la disparition des entreprises étant de l’ordre de 40 000 à 50 000 par an (avec les suites
ultérieures de la crise financière). Or, on s’est aperçu - à l’époque de la rédaction de la loi de 2005 - que
certaines législations dédiées à des économies autrement moins administrées que la nôtre, étaient,
paradoxalement, plus protectrices des entreprises (avec cette référence que nous ferons tout au long du cours
au chapter 11 de la loi américaine sur les faillites), permettaient d’anticiper les problèmes, et de négocier les
créances avant tout jugement. Les entreprises, en effet, se placent, aux États-Unis, sous la protection de la loi
sur les faillites (ex. la moitié des compagnies aériennes aux US volaient en 2005 -après le 11 septembre- sous la
protection du chapter 11). Le dépôt de bilan y est, là-bas, un acte de gestion et non pas un constat de
défaillance. En France, donc, la loi de 2005 s’est alignée sur les standards internationaux et a rejeté l’ancien
concept de « faillite », avec son cortège infamant, la volonté avérée du gouvernement étant de dissocier : « le
sort de l’homme de celui de l’entreprise » (cf. : travaux préparatoires). Cet aspect protecteur a encore été
renforcé par l’ordonnance de 2008 puis des textes de 2009, 2014 et 2015.

Dernier texte en date, la Directive du 20 juin 2019 « relative aux cadres de restructuration préventive, à la
remise de dettes, aux déchéances, et aux mesures à prendre pour augmenter l’efficacité des procédures en
matière de restructuration, d’insolvabilité et de remise de dettes »2 (la « Directive ») est le premier texte de
droit de l’Union européenne qui édicte les règles d’un droit substantiel des entreprises en difficulté européen.
Elle a eu pour objectif le sauvetage accéléré des entreprises viables. La lutte contre le « forum shopping » a
également constitué un autre en complément du règlement (UE) n° 2015/848 « insolvabilité ». L’innovation
majeure de la Directive est l’instauration de classes de créanciers. L’introduction de cette notion en droit
français marque une rupture avec le classement actuel le nouveau regroupement des créanciers en « classes »,
étant fonction de la fragilité de la créance et non de sa qualité (par ex : créance garantie par une hypothèque).
La définition de la notion de
« partie affectée » qui permet de déterminer si un créancier peut rentrer dans une classe est donnée par l’article
2.2 de la Directive ce sont : « les créanciers, y compris, si le droit national le prévoit, les travailleurs, (…) (ou) les
détenteurs de capital, dont les créances ou les intérêts, respectivement, sont directement affectés par un plan
de restructuration ». Objectivement, cette notion constitue une véritable révolution de la logique du droit de
l’entreprise en difficulté.

La directive a été transposée par l’ordonnance du 15 septembre 2021 alors que, le même jour paraissait
également une autre ordonnance réformant cette fois le droit des sûretés. Cette conjonction était volontaire,

3
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -
ne nous y trompons pas, car l’adaptation du droit interne à la directive nécessitait qu’un toilettage du droit des
sûretés soit entrepris. Sur ce point, le texte prévoit de se référer désormais à une sûreté réelle conventionnelle
au lieu d’évoquer une hypothèque, un gage ou un nantissement. Il évoque également les garants personnes
physiques ou morales plutôt que les cautions. Cela s’explique par la mise en jeu de la nouvelle notion
communautaire de « partie affectée » qui rejette désormais, pour apprécier le règlement des créanciers
l’ancienne approche fondée sur la qualité de leur titre. L’ordonnance sera ici analysée en profondeur, avec
d’autant plus de vigilance que cette dernière réforme sera, elle également, marquée par une crise, pandémique
cette fois, qui a priori pourrait se traduire par la création d’un « mur des faillites » - selon l’expression
gouvernementale -.

Pour des raisons didactiques, la présentation des différents régimes applicables aux entreprises en difficulté
reposera sur une approche strictement pratique. Dans un premier temps il s’agira de se placer dans la situation
du débiteur confronté à des difficultés (1ère partie) pour en venir ensuite à examiner la situation des
partenaires du débiteur (2ème partie), confrontés, en tant que créanciers à l’insolvabilité potentielle de
l’entreprise

4
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -

1ère partie : Le débiteur confronté aux difficultés


Chapitre I / Le dépistage des difficultés des entreprises
A / Le champ d’application

1 / Les débiteurs (L. 611-1 C. com.)


Quand l’entreprise est en difficulté on l’appelle débiteur quelle que soit sa forme. Depuis 2005 toutes personnes
physique ou moral qui a une activité économique peut être placé sous procédure collective sauf les personnes
morales de droit public : État, collectivités territoriales et établissements publics. Depuis 2005 les professions
libérales vont être touchés avec une différence le fait qu’elle soit juger par le tribunal fiduciaire et non le tribunal de
commerce, sont inclus les agriculteurs, les association et toutes les personnes morales.

La notion d’entreprise n’est pas une notion juridique : elle n’emporte pas nécessairement l’adoption d’une
forme sociale. Sont visés par l’application de la « procédure de sauvegarde » tous les débiteurs : sauf les
personnes morales de droit public (État, collectivités territoriales, établissements publics) et les groupements
sans personnalité morale - dans ce dernier cas ce sont les personnes physiques qui en assurent la gérance qui
sont déclarés débiteurs -. Compétence TC & TJ (professions libérales)

2 / L’extension (L.621-2)

L’extension c’est le mécanisme qui permet que lorsqu’une procédure collective est ouverte à l’encontre d’un
débiteur de l’étendre à un autre débiteur voir à un groupe de sociétés. C’est une notion jurisprudentielle qui
vise à éviter les fraudes des débiteurs. Ainsi par exemple le commerçant va détourner des biens pour les placer
dans le patrimoine du conjoint et surtout il va créer des sociétés écrans ou de fausses sociétés pour détourner
des actifs. L’extension cependant ne peut être prononcer par le juge que dans deux hypothèses : La confusion
qui opère sur un constat comptable et la Fictivité qui est un constat juridique.

La confusion : c’est la situation dans laquelle les actifs et passifs de sociétés ou de patrimoine sont tellement
imbriqués qu’il est impossible de déterminer dans quels patrimoines les biens figurents.
L’hypothèse de co exploitation à partir du même bien (exemple : un camion appartient à deux entreprises
distinctes). La confusion se constate au niveau comptable, le juge regarde également les flux financiers
anormaux.

La fictivité : dans la fictivité le débiteur à crée une société dont l’unique objectif de frauder les créanciers et de
créer un patrimoine pour placer des actifs détourner. Ici il manque donc un élément pour constituer la société :
l’affecto societatis, depuis 1996 le fait de vouloir contribuer à une activité commune pour réaliser des gains ou
des économies. Or dans notre hypothèse il n’y a pas d’affecto societatis la seule motivation des personnes qui
ont fondés la société c’est la fraude. Donc la société est nulle.C’est ce qu’on appel un abus de personnalité
morale.

Le soucis est que la nullité de la société ne pourra être prononcer que par le juge au bout de plusieurs mois voir
un petit couple d’années et pendant ce temps les actifs auront pu totalement disparaître. C’est la raison pour
laquelle la procédure est étendu pour fictivité sans attendre que le juge prononce la nullité.

L’extension peut se définir comme l’élargissement de la procédure originelle d’un patrimoine à un autre . La
procédure s’applique ainsi à plusieurs personnes mais il y a constitution d’une masse unique. Le tribunal n‘a
pas à relever l’état de cessation de paiement de chaque personne. La procédure peut ainsi être étendue à des
personnes qui ne sont concernées par les textes, ex : le conjoint etc… Il est nécessaire, toutefois que l’extension
soit déclarée par un jugement. La jurisprudence a dégagé deux mécanismes initiaux repris implicitement dans
le code de commerce :
Confusion des patrimoines : c’est un état d’imbrication tel, qu’il n’est pas possible de distinguer les passifs
d’un chef ou de l’autre, ou qu’il y a co-exploitation avec une masse commune de biens (c’est souvent le cas
entre époux ou patrimoines des membres d’une même famille).
Pour les personnes morales, le juge recherche l’imbrication des éléments de passif et d’actif, des relations
financières anormales entre les sociétés, des transferts d’une société a une autre sans justification ni
contrepartie ou l’existence de liens de financiers anormaux.
 Fictivité. Elle est parfois révélée à l’occasion d’une confusion des patrimoines, mais cela va plus loin puisque,
dans la fictivité, les deux sociétés n’en forment en réalité qu’une seule. C’est ainsi un abus de personnalité
morale utilisé pour fractionner artificiellement un patrimoine.
5
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -

L’article L 621-2 rajoute d’autres hypothèses mais finalement qui touchent à la confusion :
 Réunion d’un ou plusieurs patrimoines du débiteur « entrepreneur individuel à responsabilité limitée » dans
l’hypothèse d’une « confusion ».
 Absence de tenue de la comptabilité ou traitement non autonome de la comptabilité (L .526-13 C com).

B / La prévention par l’alerte


L’idée qui préside les procédures d’alerte repose sur un constat : plus les difficultés de l’entreprise sot
traitées en amont, moins il y a de chance de liquidation.

1 / L’alerte du commissaire aux comptes

L’alerte du CAC est un devoir, une obligation professionnelle, il est contraint de déclarer la découverte de fait de
nature à compromettre la continuité de l’exploitation. L’entreprise risque la liquidation. Enfin si le CAC
déclenche son alerte de façon intempestive il ne peut pas être poursuivi, il bénéficie d’une totale immunité.

La spécificité de l’alerte du commissaire aux comptes est qu’il a un devoir d’alerte et non simplement un droit.
L’élément déclencheur de l’alerte est la découverte de fait de nature à compromettre la continuité de
l’exploitation (L.611-2)

 Procédure dans les SA (L. 234-1) en dehors des situations d’urgence :

Ça s’applique aux SA et aux SAS.

- 1ère phase : le CC demande des explications au pdt du conseil d’adm. ou du directoire (LR AR).

- 2ème phase : dans les 8 jours de la réponse ou au terme d’un silence gardé pendant le délai de 15 jours de la
réception de l’info en cas de réponse non satisfaisante, invitation par écrit à réunir le CA ou le directoire.
Délibération obligatoire dans les 15 jours qui suivent la réception de la lettre. Copie de cette lettre de
convocation est envoyée au pdt TC.
Le CC assiste à la réunion. La délibération est adressée aux et aux IRP (CE dit le texte) et au Pdt TC dans les 8
jours qui suivent la réunion de l’organe de direction et soumis à la prochaine AG. Le CC informe le président du
tribunal de commerce du déroulement de la procédure par LR avec AR (R 234-2). Il peut demander à être
entendu par le Pdt du tribunal. En principe le CC n’intervient plus, sauf si, il s’aperçoit de nouvelle carence,
alors : 3ème phase…

6
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -
- 3ème phase. Si le CC constate, ensuite, que les décisions prises (ou leur absence de décision ou l’absence de
réunion du CA/ directoire) n’ont pas permis d’assurer la continuité de l’exploitation, (R 234-3) il établit un
rapport spécial et invite le CA ou le directoire, dans les 15 jours de la délibération ou de l’expiration du délai
pour répondre, à délibérer à la prochaine assemblée – il invite également à la convoquer - dans les 8 jours
suivant sa notification, rapport communiqué au CSE.

-4ème phase. Si le CC, à l’occasion de l’assemblée relève encore des carences, il en avertit le Pdt TC il peut
également être demandé a être entendu par le Pdt du TC.

Responsabilité du CC / Immunité de l’article pour l’ensemble des actes qui précèdent, mais responsabilité
« civile » et professionnelle si les diligences n’ont pas été réalisées.

 Procédure accélérée dans les SA (L. 611-2-2, réforme de 2021) en cas d’urgence :

Cette procédure permet d’alerter directement le président du tribunal de commerce avant même de parler au
dirigeant de la société dès lors qu’il estime qu’il faut des mesures immédiates et que les dirigeants prennent les
mesures suffisantes, et donc il le fait immédiatement dès la première information par tout moyen et sans délai et
il donne des explications au président du tribunal de commerce.

Ordonnance de 2021. Art. L. 611-2-2 nouveau. Dans l’esprit même de la réforme, la procédure d’alerte du CAC
peut être accélérée depuis 2021 et lui permet, depuis le 1/10 /2021, d’informer directement le TC lorsqu'il lui
apparaît que l'urgence commande l'adoption de mesures immédiates et que le dirigeant s'y refuse ou fait
savoir qu'il envisage des mesures que le CAC estime insuffisantes. Il peut alors en informer le président du
tribunal compétent dès la première information. Il le fait par tout moyen et sans délai de ses constats et
démarches, envoie de copies de documents en tant que de besoin et informe le Pdt des raisons de la saisine.

Mieux encore, Le CAC peut également, à tout moment, accélérer encore l’alerte et demander à être entendu,
avec les dirigeants, par le président du tribunal.

2 / L’alerte du CSE (L. 2312-63 CT)

Elle n’a pas le même fondement que l’alerte du CAC.

Le régime est différent du précédent, d’abord depuis 2020 elle est réservée au CSE et limitée aux sociétés de +
de 50 salariés. En effet, si les motifs d’alerte sont plus larges, cette dernière n’est pas obligatoire mais
simplement facultative. Celui-ci peut agir lorsqu’il « a connaissance de faits de nature à affecter de manière
préoccupante la situation économique de l’entreprise »1.

Le CSE ou les IRP peut alerter le tribunal de commerce si la connaissance de fait de nature a affecté de manière
préoccupante la situation économique de l’entreprise.

Il s’agit de préoccupation c’est à dire d’inquiétude et donc ce sont des inquiétudes qui ne sont forcément pas
étayé.
La situation économique : ici on vise l’emploi

Depuis 2020 l’alerte des IRP est réservé au CSE est limité au CSE des entreprises de plus de 50 salariés. Pour le
CSE l’alerte est facultative parce que le CSE est dans une position ambigu s’il déclenche l’alerte et qu’il y a
procédure collective cela peut entraîner des licenciements.

3 / Les pouvoirs des associés

 Personnes concernées. Seuls les associés d’une SARL non gérants et les actionnaires d’une société anonyme
et d’une SCA peuvent déclencher l’alerte (L. 223-36 ; et L 225-232). Il n’existe pas de texte pour les SAS.
Toutefois, pour les SA, il faut que ces associés représentent 5 % (L 225-232) du capital social et 10 % pour les
SARL (L 223- 36) et ce droit n’est exerçable que 2 fois par exercice.

 Procédure / Les associés peuvent poser 2 fois par exercice des questions écrites aux dirigeants qui doivent
leur répondre dans le mois, cette réponse étant communiquée au CAC, dans les SA – ou s’il « en existe un ». Les
associés peuvent, ensuite, diligenter une expertise de gestion (L. 225-231, al. 1 C. com.), à la condition d’avoir
posé la question écrite au préalable (pas dans les SARL).
7
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -
Le même article dispose que la question peut porter sur les sociétés que la société contrôle (mais l’appréciation
doit être faite en vertu de l’intérêt du groupe). La demande d’expertise de gestion ne peut porter que sur une
ou plusieurs opérations déterminées, qui pourraient être entachées d’irrégularité. Le juge acceptera sur le
fondement du « going concern »2 comme celui du CAC. Toutefois, à la différence du CSE et du CAC, les associés
n’ont pas de devoir de confidentialité.

Les associés peuvent demandés une expertise de gestion si la réponse n’est pas satisfaisante et si il constate
des faits de nature à compromettre la continuité de l’exploitation. La question ne peut porter que sur la gestion
et sur des opérations déterminés et l’expertise peut porter sur des sociétés contrôlées. Le juge cependant
répugne accorder l’expertise de gestion car elle est au frais de la société qui éprouve déjà des difficultés,
autrement dit pour le juge il semble souvent préférable de rentrer directement dans une procédure collective.
Comme l’expertise de gestion est difficile à obtenir le juge accorde aux associés la possibilité de demander une
expertise in futurum. Cette expertise permet de pré constituer les preuves en vu d’un futur procès. C’est
intéressant parce que l’expertise peut porter sur n’importe quel élément et c’est intéressant également car
l’expertise ne pèse pas sur les comptes de la société, elle est au frais de l’associé.

La jurisprudence admet toutefois que les associés puissent diligenter l’expertise in futurum (145 c de proc. civ.)
qui est destinée à « conserver ou d’établir avant tout procès la preuve de faits dont pourrait dépendre la
solution d'un litige », avec cet avantage que cette expertise n’est assujettie à aucune des exigences
précédentes. Cependant si l’expertise de gestion est au frais de la société, l’expertise in futurum est aux frais de
l’associé, charge souvent très dissuasive pour le demandeur.
1 Cette demande est inscrite de droit à l'ordre du jour de la prochaine séance du comité. Si le comité n'a pu obtenir de réponse suffisante de
l'employeur ou si celle-ci confirme le caractère préoccupant de la situation, il établit un rapport. Dans les entreprises employant au moins mille salariés
et en l'absence d'accord prévu à l'article L. 2315-45, ce rapport est établi par la commission économique prévue par l'article L. 2315-46. Ce rapport, au
titre du droit d'alerte économique, est transmis à l'employeur et au commissaire aux comptes.
2 Plus exactement « as a going concern », forme adverbiale pour « en continuité d'exploitation ».

8
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -
4 / La convocation du président du tribunal (L 611-2 cc)

Le président du TC peut convoquer les dirigeants si la connaissance d’un document qui prouve que la continuité de
l’exploitation est compromise. Par exemple le créancier signale de nombreux impayés, le président reçoit des
information de CAC ou alors on lui demande une expertise de gestion ou encore l’administration fiscale inscrit une
créance.

Soit TC soit TJ. Le président peut convoquer les dirigeants lorsqu’il « résulte de tout acte, document ou
procédure (c’est donc plus large que les documents sociaux : impayé par exemple) qu’elles connaissent des
difficultés de nature à compromettre la continuité de l’exploitation ».

Convocation du débiteur : le président convoque (par écrit, en pratique) le dirigeant afin que soient envisagés
les moyens propres à redresser la situation.
S’il ne se présente pas, toutefois, on lui adresse, si nécessaire, une deuxième convocation par LR avec AR
reproduisant les articles L. 611-2 (régime de convocation et de sanction) et, le cas échéant, l’article L. 611-5 du
CC (conciliation).
Depuis 2008 l’entretien se passe en dehors de la présence du greffier. Si le débiteur ne se présente pas on lui envoi
une deuxième convocation où on lui indique que si il est en cessation de paiement il doit déposer son livre de
compte au TC dans les 45 jours.

Ordonnance de 2021. Alors qu’auparavant le P. du TC devait recourir à un relevé de carence, après constat de
l’absence de réaction du débiteur, depuis l’ordonnance, l’information relative à la situation de ce dernier va
pouvoir être obtenue pratiquement instantanément. En effet, désormais, dès que des difficultés de nature à
compromettre la continuité de l'exploitation seront portées à la connaissance du Tnl, le Pdt du TC, dès l’envoi
de la convocation au débiteur peut (al 2 de l’article L611-2 I) « obtenir communication, par le CAC, le CSE, les
administrations publiques, les organismes de sécurité et de prévoyance sociales ainsi que les services chargés de
la centralisation des risques bancaires et des incidents de paiement, des renseignements de nature à lui donner
une exacte information sur la situation économique et financière du débiteur ».

Depuis 2021 le président du TC peut obtenir instantanément des informations sur le débiteur, il peut lever le
secret professionnel. Depuis 2021 si une société commerciale ne publie pas ses compte le président peut les
obliger à les publier et si les dirigeants n’obéissent pas on peut procéder à la même procédure que l’alerte.

En outre (2021), lorsque les dirigeants d’une société commerciale ne publient pas les comptes le Pdt peut leur
adresser une injonction de le faire sous astreinte. Si elle n’est pas suivie d’effet (délai fixé par le Conseil d’État
en attente), le Pdt peut convoquer les dirigeants (en cas de péril sur la continuité de l’exploitation ? le texte ne
le précise pas) « pour que soient envisagées les mesures propres à redresser la situation ».

La même disposition peut être appliquée, toujours depuis l’ordonnance, à un entrepreneur individuel à
responsabilité limitée qui ne procède pas au dépôt des comptes annuels ou documents exigés (nouvelle
contrainte depuis 2019), si son activité est l'activité professionnelle à laquelle le patrimoine est affecté est
commerciale ou artisanale.

5 / Fin de la période d’alerte : Saisine et ouverture de la procédure collective

Le président du tribunal, en matière de redressement judiciaire lorsque le président du tribunal veut ouvrir une
procédure, il est obligé de recourir au service du ministère public, en effet pour que le procès soit équitable, il faut
que les phases d’instructions de mise en accusation et de jugement soient séparées et confiés à des personnes
différentes. Donc depuis 2014 le président du tribunal de commerce ne peut plus déclencher de lui même la
procédure collective, il doit demander au parquet de le faire pour lui et il ne peut pas siéger c’est-à-dire participer au
jugement. C’est donc le parquet qui demande au tribunal d’ouvrir la procédure collective sauf pour la sauvegarde qui
ne peut être déclenché que par le débiteur.

L. 631-3-1 nouveau (ord 2014) : en matière de redressement judiciaire, le pdt du tnl informe le MP qu’il détient
des éléments d’information faisant apparaître que le débiteur est en cessation de paiement. Le MP saisit alors
le tnl. La même solution est retenue pour la liquidation (L. 640-3-1). Dans ces deux procédures, le Pdt du tnl ne
peut participer au délibéré ni siéger dans la formation de jugement sous peine de nullité de la procédure
(mêmes articles). Le juge commissaire (L. 662-7) est frappé du même empêchement. Idem pour le TJ dans le
cas ou le débiteur est une profession libérale.
9
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -

La procédure est différence pour la sauvegarde car, comme nous le verrons, son ouverture est placée sous la
seule diligence du débiteur.

10
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -

Chap. II / Mandat ad hoc, Conciliation et Sauvegarde

Il existe deux types de procédures pour les entreprises ne difficulté :


- amiable ou contractuelle : il s’agit du mandat ad hoc et de la conciliation
- procédures collectives de règlement : on trouve la sauvegarde, le redressement et la liquidation

Dans les régimes contractuelle il n’y a pas de procédures collectives donc la société va fonctionner
normalement et surtout il n’y aura pas de poursuite de la part des créanciers.

Les procédures collectives permettent l’arrêt des poursuites de la part des créanciers, les créanciers antérieurs
à l’ouverture de la procédure collective ne vont pas être réglées.

A / La conciliation (L 611-4 CC)

La conciliation prend pour principe l’existence d’un accord négocié entre débiteur et créancier, mécanisme qui
est historiquement calquée sur le règlement amiable (agriculteurs). Il convient d’examiner successivement
deux étapes. L’établissement de l’accord de conciliation (1) et son homologation (2).

1 / l’accord de conciliation

 La procédure de conciliation est ouverte aux personnes qui « éprouvent une difficulté juridique,
économique ou financière, avérée ou prévisible et ne se trouvent pas en cessation de paiements depuis plus
de 45 jours » (L 611-4 CC).

 Notion d’état de cessation des paiements inférieur à 45 jours. La conciliation pourra profiter à des
personnes qui sont déjà en état de cessation de paiements, dès lors que cet état n'est pas caractérisé depuis
plus de 45 jours. Il s'agit de favoriser la conclusion d'un accord avec les principaux créanciers. La procédure est
à l’initiative du chef d’entreprise.

Ouverture ou non de la procédure, et nomination d’un conciliateur. Le Président du tribunal ouvrira la


procédure de conciliation. Toutefois, s'il constate qu'il y a état de cessation des paiements depuis plus de 45
jours, il doit refuser.
Les créanciers, qui ne sont pas partie à la conciliation, peuvent faire tierce opposition contre la décision de
recourir à la conciliation.

Le conciliateur, est choisi par le pdt, le débiteur pouvant proposer un nom (O. de 2008). Il est « chargé de
favoriser la conclusion, entre le débiteur et ses principaux créanciers, d'un accord amiable destiné à mettre
fin aux difficultés de l'entreprise ». La durée de la procédure est limitée à quatre mois (prorogeable un mois).
On ne peut s’adresser qu’aux principaux créanciers. Prolongeable une seule fois pour une durée d’un mois.

 Régime : Portée limitée de la conciliation

La procédure de conciliation n'est pas une procédure collective de paiement. La conciliation laisse subsister
les poursuites sauf pour les créanciers qui acceptent de négocier.
La conciliation est une procédure secrète les tiers n’en n’ont pas connaissance, seul les créanciers
contactés savent qu’il y a une conciliation, enfin les créanciers ont deux option soit refusé la conciliation et
donc peuvent continuer à poursuivre le débiteur, soit accepter la conciliation et dans ce cas ils perdent le
droit de continuer les poursuites.
Hypothèse de l’échec de la négociation.
 Si le débiteur est en état de cessation des paiements (C. com., art. L. 631-4, al. 2). L'échec de la
procédure de conciliation conduit le tribunal à se saisir d'office (en passant par le MP) et de passer à
une autre procédure : l’ouverture d'un redressement judiciaire.
 Si les conditions de la liquidation judiciaire immédiate sont réunies, le débiteur, dans les huit jours de
la notification du refus d'homologation, doit saisir le tribunal aux fins d'ouverture d'une liquidation
judiciaire (C. com., art. L. 640-4, al. 2). L’entreprise est en cessation de paiement mais le redressement
est manifestement impossible dans ce cas le juge doit prononcer la liquidation judiciaire.
 Le débiteur est en cessation de paiement mais l’entreprise est sauvable alors le tribunal engagera dans
ce cas une procédure de redressement

11
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -

2 / L’homologation ou la constatation de l’accord

L’homologation a pour but de rendre l’accord amiable opposé aux tiers, en effet l’accord, le contrat par principe
est inopposable aux tiers. En revanche si il est homologué par un jugement il est opposable, ça permettra de la
sorte au débiteur de disposer d’un acte qui a la force d’un jugement. Lors de l’homologation les tiers découvrent
l’existence d’un accord à l’occasion du jugement.

Principe : Le débiteur peut faire constater (dans ce cas c’est une ordonnance de conciliation) ou homologuer
l'accord par le juge.

Premier cas, homologation


L'homologation est possible si les conditions suivantes sont réunies :
 le débiteur n'est pas en cessation des paiements ou l'accord conclu y met fin ;
 les termes de l'accord sont de nature à assurer la pérennité de l'activité de l'entreprise ; pas de risque de
discontinuité d’exploitation
 l'accord ne porte pas atteinte aux intérêts des créanciers non signataires (qui ont refusés de négocier).

Si les 3 conditions sont réunies ont homologue 2 ordres :


- Lève l’Interdiction d’émettre des chèques
- Elle permet aux créanciers qui ont aidés l’entreprise grâce à la négociation de disposer de privilèges de paiement
au cas où et éventuellement le débiteur venait à être liquider.

Second cas : la conciliation avec accord constaté. (Hypothèse d’une homologation impossible).
L’accord constaté par le juge a force exécutoire mais il n’est pas soumis à publication et ne peut faire l’objet de
recours (L 611-8 -I). Il a au moins l’avantage de la discrétion. Il ne demeure plus qu’une seule différence
majeure, désormais : l’homologation lève l’interdiction d’émettre des chèques (L 611-10-2 cc ) suite à un
rejet avant l’ouverture de la conciliation, alors que la constatation (dans le vide textuel), ne le permet pas.
Seconde différence, les créanciers n’ont pas le privilège de new money. Toutefois, désormais, le débiteur doit
désormais également établir qu’il n’est pas ou plus en cessation de paiement. La constatation n’est possible
que si le débiteur n’est pas en cessation de paiement (depuis 2021).

Effet de l’accord (homologué ou constaté). Interdiction de toute action en justice et arrêt des poursuites.
Avantages pour certains créanciers qui ont souscrit à l’accord : privilège de conciliation en cas d’ouverture
ultérieure d’une liquidation (privilège de new money). Les interdictions bancaires prennent fin (Banque de
France).

Réforme de 2021. Le tribunal peut désormais imposer des délais aux créanciers qui refusent de suspendre
l’exigibilité de leurs créances pendant la procédure de conciliation. L’entreprise en difficulté peut demander au
juge de reporter ou échelonner le paiement de la créance.
La première phrase du cinquième alinéa de l'article L. 611-7 dispose, à ce titre qu’en cours de procédure de
conciliation, le débiteur peut demander au juge de reporter ou de rééchelonner le paiement des sommes dues
au créancier (art 1343-5 C civil) dans la limite de la mission du conciliateur. ( Attention, le Code civil, lui, prévoit
un délai de 2 ans et il n ‘y a pas encore de doctrine sur la question).

Depuis 2021 le débiteur qui demande une procédure de conciliation peut demander aux juges en plus de
reporter les échéances en attendant les résultats de la conciliation. D’après le texte de loi se serait un
rééchelonnement pendant 5 mois d’après le code civil la période serait de 2 ans.

C’est en quelque sorte une incitation pour les principaux créanciers à accepter de négocier, la négociation étant
en principe préférable à un échelonnement imposé par le juge.
Les garants, par ailleurs auront vocation à bénéficier de ces délais (modifications du 1 er alinéa de l’article L. 611-
10-2). Les « cautions » ainsi ne pourront être exercées pendant le délai de grâce accordé. C’est un avantage
sérieux pour les dirigeants qui sont très souvent caution de leur entreprise/société3.

En conclusion la réforme de 2021 est censé inciter les créanciers à négocier puisque de toute façon le juge
pourra imposer un rééchelonnement, enfin si le juge rééchelonne la dette, ce rééchelonnement bénéficie aux
12
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -
cautions qui ne pourront plus être activée pendant cette période.

B / Le mandat ad hoc (L. 611-3 CC)

Le mandat ad hoc est une procédure originale mise en œuvre par la jurisprudence commerciale. Et,
aujourd’hui, reconnue implicitement par la loi du 26 juillet 2005 mais dans un seul article…. l’article 611-3 du
Code de commerce prévoit désormais que le Pdt du TC peut, à la demande du débiteur désigner un mandataire
ad hoc dont il détermine la mission. Le législateur a souhaité ne pas encadrer cette mission afin de lui conserver
toute sa souplesse. Idéalement, ce peut être une nomination préalable à la conciliation ou qui remplace la
conciliation. Cette nomination ne débouche pas sur une procédure collective, elle n’arrête donc pas les
paiements. Le débiteur n’est pas tenu d’informer le CSE.

Les conditions de nomination n’étant pas encadrée, le Pdt est libre de nommer le mandataire. Il existe toutefois
une ambiguïté. Pour la plupart de la doctrine, le mandataire ne peut être nommé en cas de cessation de
paiement du débiteur (c’est la position du TC Paris). En pratique, toutefois, il arrive que des mandataires soient
nommés en cas de cessation de paiement.

Le mandataire ad hoc est nommé par le Pdt qui le choisit, de sa compétence exclusive. Depuis l’ordonnance du
18 décembre 2008, le débiteur peut proposer « le nom » du mandataire ad hoc (A 611-3 nouveau). En
revanche, c’est le débiteur qui demande un mandataire à la place du conciliateur. Toutefois, il ne peut pas le
récuser et peut simplement faire appel de la décision du pdt de ne pas nommer de mandataire (R 611-20 dans
sa rédaction du D du 12 février 2009). Son mandat est illimité. Les relations sont de nature purement
contractuelle et c’est donc le pdt qui détermine le champ et l’étendue de la mission de ce mandataire (R 611-
19) ainsi que sa rémunération, avec accord du débiteur. De facto, rien n’interdit, si la mission du conciliateur a
échoué, que le débiteur demande la nomination d’un mandataire pour achever la conciliation.

Depuis l’ordonnance de 2014 : L. 611-3 : La décision de nomination du mandataire ad hoc doit être
communiquée au commissaire aux comptes.

On utilise souvent le mandat ad hoc pour achever la conciliation, en effet la conciliation ne dure que 2 mois ce qui
est trop bref pour obtenir un accord. D’ailleurs la loi précise : le débiteur qui pense que la durée de la conciliation
sera trop brève de demander au juge de bénéficier à la place d’une procédure de mandat ad hoc. Enfin le mandat
ad hoc n’a pas de durée établit. C’est au juge de la déterminé.

3 Très obscurément (il faudra attendre les décisions de justice) le nouveau texte prévoit que la caducité ou la résolution de l’accord amiable
ne prive pas d’effets les clauses dont l’objet est d’en organiser les conséquences. (modification de l’article 611-10). En pratique ainsi, la
solution contredirait la jurisprudence de la Cour de cassation : en effet certaines clauses qui sont la conséquence d’un accord annulé, ne peuvent
pas perdurer selon le juge du droit ; plus précisément lorsque le créancier a bénéficié de nouvelles sûretés dans le cadre d’un accord, il est
illogique qu’il puisse les conserver…

13
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -

C / Les procédures de sauvegarde (L 620-1 et s. cc)

1 / La sauvegarde

La sauvegarde est un procédure crée le 25 juillet 2005, c’est une procédure calquée sur les mécanismes
américains de « faillite ». L’idée est la suivante : le dépôt de bilan est un acte de gestion, il est conçut
pour anticiper les difficultés des entreprises.

Désormais la sauvegarde c’est le régime « socle » sur lequel vont se greffer toutes les autres
procédures.

a / Ouverture de la procédure

 C’est le chef d’entreprise et lui seul, qui peut demander à obtenir le bénéfice d’une procédure de
sauvegarde (Art. L. 620-1 : tous les débiteurs sont concernés, art. L. 620-2 ; p. lib. et agriculteurs y compris). Elle
est ouverte à toute personne, « qui, sans être en cessation des paiements, justifie de difficultés qu’il n’est pas
en mesure de surmonter seul ». Cette procédure est destinée à faciliter la réorganisation de l'entreprise afin de
permettre la poursuite de l'activité économique, le maintien de l'emploi et l'apurement du passif.

Une procédure ouverte par le tribunal. L’ouverture de cette procédure est réalisée par le tribunal en
« chambre du conseil ». Vont être entendues :
Art. L. 621-1 al. 1 : Le débiteur, CSE, et si nécessaire toute personne que le tribunal juge utile d’entendre.
Art. L. 621-1 al. 2 : Si débiteur est une profession libérale, le tribunal statue après avoir entendu ou appelé l’ordre
professionnel ou l’autorité compétente.
Art. L. 621-1 al. 3 : le tribunal peut, avant de statuer, commettre un juge pour recueillir tous renseignements
utiles.
Art. L. 621-1 al. 4 : Si le débiteur a déjà bénéficié d’une conciliation ou d’un mandat ad hoc (voir infra) dans les
18 mois qui précèdent l’ouverture le jugement doit être rendu en présence du ministère public.
- Si le tribunal estime que le débiteur peut surmonter seul les difficultés il l’invite à solliciter une procédure de
conciliation.
- S’il constate une cessation de paiement au moment du prononcé du jugement, il fixe la date de CP et
convertit la sauvegarde en redressement. Ou en liquidation si le redressement est manifestement impossible.

b / Protection par la procédure de sauvegarde

La période d’observation débouche sur l’adoption du projet de plan. Elle permet d’élaborer le bilan
économique et social, d’une part et, d’autre part, le projet de plan de sauvegarde

/ Période d’observation
Le jugement d’ouverture ouvre la période d’observation. Le jugement ouvre une période d'observation d'une
durée maximale de six mois, qui peut être renouvelée. La réforme de 2021 supprime l’ancien délai de 18 mois.

Le tribunal désigne le juge-commissaire (f onction de surveillance), le chef d’entreprise n’est jamais dessaisi de
ses droits et peut ainsi piloter l’entreprise.
Le tribunal désigne deux mandataires de justice : l’un est « mandataire judiciaire » l’autre « administrateur
judiciaire »
L. 622-20 al 1 : Le mandataire judiciaire a seul qualité pour agir au nom et dans l'intérêt collectif des
créanciers. 4
L'administration de l'entreprise est assurée par son dirigeant, l’administrateur (s) est chargé par le tnl.
de « surveiller le débiteur dans sa gestion ou de l'assister pour tous les actes de gestion ou pour
certains d'entre eux ». Dans les petites sociétés/entreprises, le tribunal peut ne pas nommer
d’administrateur. MP et débiteur peuvent proposer le nom d’un administrateur.

Désignation des contrôleurs par le juge commissaire. Art. L. 621-10. al 1 - Le juge-commissaire désigne un à
cinq contrôleurs parmi les créanciers qui lui en font la demande. L'un d'entre eux est titulaire de sûretés, l’autre
chirographaire. La fonction est gratuite. Un représentant des salariés est nommé, désigné par les autres
salariés, et lors du jugement le tribunal demande cette désignation. (L 621-1 al 2°)

14
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -
Effet du jugement (622-7). Soumission des créanciers antérieurs à la procédure collective qui entraîne arrêt des
poursuites individuelles et obligation corrélative de déclarer les créances au passif, interdiction des paiements

4
La loi Macron du 6 août 2015 (Art. L. 621-4-1. Nouveau) est venue modifier la nomination des mandataires de justice (administrateur et
mandataire judiciaire) lorsque le débiteur est partie d’un groupe de société ou possède des établissements secondaires. En ce cas le tribunal
désigne « au moins » un deuxième administrateur et un deuxième mandataire. La même règle s’applique en cas de liquidation.

15
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -
des créances antérieures arrêt du cours des intérêts (sauf prêts à plus d’un an) et des inscriptions. Il emporte
également, de plein droit, interdiction de payer toute créance née après le jugement d'ouverture (Art. L622-21,
al. 1, C. com), (sauf cas de créancier aidant, cf. infra), à l'exception des créances liées aux besoins de la vie
courante du débiteur personne physique et des créances alimentaires. Il fait, enfin, obstacle à la conclusion et à
la réalisation d'un pacte commissoire. Désormais, depuis l’Ord. Du 15 septembre 2021, le même jugement
interdit également tout accroissement de l’assiette d’une sûreté réelle conventionnelle ou d’un droit de
rétention conventionnel (art. L622-21, al. 2, C. com.).

Au surplus, désormais (2021), même avant paiement, les garants ou personnes ayant consenti une sûreté
personnelle ou affecté ou cédé un bien en garantie peuvent déclarer leur créance pour protéger leur recours
personnel (art. L. 622-34, C. com.). Elles doivent toutefois obligatoirement notifier l’état de leurs créances (art.
L624-3-1, C. com.), essentiellement parce qu’elles peuvent être considérées comme des parties affectées, et
entrer de la sorte dans une classe de créanciers, (il existe par ailleurs une autre contrainte pour les créances
agricoles).

S’agissant des garants personnes physiques (anciennement dites cautions) ces derniers sont éminemment
protégés : d’une part, dès l’ouverture de la procédure mais également lors du plan. Ils ne pourront être
actionnés qu’en cas de résolution du plan.

Dès l’ouverture de la procédure : inventaire des biens du débiteur, mais depuis la réforme de 2021, le tribunal
peut l’en dispenser s’il le demande.

Déroulement de la période d’observation

La période d’observation est d’abord organisée autour de l’élaboration du bilan par l’Administrateur (L 623-1)
puis par la préparation du plan.

Aspects procéduraux (simplifiés) : L’administrateur peut se faire assister par un ou deux experts (L 623-2). Il
prépare le Bilan en étroite collaboration avec le débiteur en sauvegarde (volonté législative appuyée mais elle
ne vaut que pour la sauvegarde). L’administrateur se fait aider du juge commissaire qui a tous pouvoirs pour
obtenir des renseignements auprès de toutes les instances (CAC, experts comptables, banques etc.).

Contenu du bilan économique et social (simplifié) : (L 623-1.) Ce bilan est réalisé par l’administrateur, avec le
concours du débiteur et l’assistance d’un ou plsrs experts si nécessaire.
 Il précise l’origine, la nature et l’importance des difficultés de l’entreprise ;
 l’aspect économique : le bilan doit dresser la situation comptable et financière ; État des comptes
 l’aspect social, l’impact de l’emploi de l’entreprise dans le bassin niveau des salaires, l’état de la
négociation collective et le climat social ;
 l’aspect juridique, litiges, structure juridique, validité des contrats en cours, nature des contrats avec
les fournisseurs les clients, accords de distribution etc. ;
 si, en +, l’entreprise exploite une ou des installations classées dans les catégories dangereuses, un
bilan environnemental est exigé.

Le bilan étant réalisé et les créances déclarées, l’administrateur peut se trouver dans trois situations :

 1er cas : Art. L. 621-12. – Fin de la procédure par le tribunal si les difficultés ont disparu.
 2ème cas : S'il apparaît, après l'ouverture de la procédure, que le débiteur était déjà en cessation des
paiements au moment du prononcé du jugement, le tribunal la constate et en fixe la date dans les conditions
prévues au deuxième alinéa de l'article L. 631-8. Il convertit la procédure de sauvegarde en une procédure de
redressement judiciaire (ou de liquidation). Si nécessaire, il peut modifier la durée de la période d'observation
restant à courir. Éventuellement prononcer la liquidation.
3ème cas : Le sauvetage de l’entreprise est envisageable, dès lors, établissement d’un plan, à partir des
éléments du bilan.

L. 628-8 C. com. (rédaction de 2021) -Le tribunal arrête le plan dans les conditions prévues aux articles dans un
délai de deux mois qui peut être porté à 4 mois maximum. En sauvegarde, aucun plan concurrent ne peut être
présenté.

16
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -

Projet de plan . Contenu : le projet de plan détermine : les perspectives de rétablissement en fonction des
possibilités de l’entreprise / les modalités de poursuite d’activités / les moyens financiers disponibles /
modalités de règlement des créanciers. L’administrateur, durant cette phase, n’a plus qu’une mission
d’assistance depuis l’O de 2008. C’est maintenant le débiteur qui propose, avec son aide, le plan de
sauvegarde. Depuis l’ordonnance de 2021, il mentionne l’engagement d’effectuer un apport de trésorerie
(art. L626-2, C. com.) par les créanciers ou les actionnaires et l’identité de celui qui prend l’engagement Art.
L626-10, C. Com Privilège de post money.

En sauvegarde (et sauvegarde accélérée) ou en redressement judiciaire, un nouveau privilège « post money » a
en effet été créé pour le créancier consentant un apport de trésorerie (soit pendant la période d’observation
soit pendant la période de plan). Il est réglé immédiatement après les salariés (Art. L622-17, C. com.) dans
l’ordre des paiements (cf, infra).
Cette disposition, cependant, ne concerne pas l’associé ou l’actionnaire qui participe à une augmentation de
capital (il n’a pas de privilège post money)
Elle ne concerne pas non plus ni les créanciers qui ont réalisé ce même type d’apport avant l’ouverture de la
procédure (C. com., art. L. 626-10, 3, al. 3). Tel est le cas des créanciers qui ont consenti, lors d’une procédure
préalable de conciliation, des apports en trésorerie. C’est logique, car ces créanciers « aidants » disposent d’un
autre privilège celui de « new money » instauré en 2005 qu’ils pourront exercer en cas de liquidation.

Transmission de la liste des créances Le mandataire judiciaire, qui a fait une liste des créances déclarées et
admises (L 624-1), les soumet au juge commissaire qui la valide (ou non). Il fait une proposition de règlement
des dettes (dits dividendes du plan), communiquée : aux contrôleurs / au CSE et au MP, cette proposition de
règlement servant à constituer le plan.

Communication du projet de plan par le débiteur, après avis de l’administrateur, le plan étant est
communiqué avec le bilan économique et social : Au débiteur/au CSE ou, à défaut, aux délégués du personnel,
aux contrôleurs, au mandataire judiciaire. Toutes ces personnes donnent leur avis. Sont informés, sans que leur
avis soit requis, la DIRECTTE, le MP.
*
Adoption du plan (il s’agit ici du plan de sauvegarde qui est de droit commun mais la procédure est très voisine
en redressement). Il y a 2 procédures pour adopter le plan : l’une est relative à la procédure de droit commun
pour les petites entreprises (Plan sans classe de créancier) et l’autre, assise sur une procédure spéciale (2)
(avec classe de créancier pour les grandes entreprises. (voir le décret) l’administrateur constitue les classes de
créanciers à partir des déclarations de créance.

 Procédure de droit commun. Le TC arrête le plan par jugement. Il nomme un commissaire au plan, pour la
durée fixée à l'article L. 626-12, (c.a.d. fixée par le tribunal mais ne pouvant excéder 10 ans) ce commissaire
peut être soit l’administrateur soit le mandataire, ou éventuellement une autre personne.

 Procédure avec classe(s) de créanciers. Art. L626-30, C. com. La notion de « comité de créanciers » est
supprimée – bienheureusement - et remplacé par celle de « classe de parties affectées » ou « classe de
créanciers ».
Leur constitution repose sur le constat que certains créanciers vont être affectés davantage que d’autres et
qu’ils constituent, de la sorte, une communauté d’intérêts dont les objectifs peuvent diverger de ceux d’autres
catégories de créanciers. Selon les textes, constituent des parties affectées (approche simpliste, cf encadré ci-
dessous pour davantage de précision).
 les créanciers dont les droits sont directement affectés par le projet de plan ; ou
 les détenteurs de capital dont la participation au capital du débiteur ou dont les droits sont modifiés
par le projet de plan.

L’administrateur judiciaire établir des classes, à partir de la liste des créances déclarées, en fonction de
critères objectifs et transparents, une communauté d’intérêts devant réellement exister entre les créanciers
avec, en cas de désaccord, un recours au juge-commissaire. Toutefois dans la sauvegarde accélérée, 2 classes
distinctes pourront seulement être constituées (exigence de célérité)

Le mandataire judiciaire (cf., supra), quant à lui, transmettra à chaque partie affectée, l’extrait de la liste
déposée concernant sa créance et le dépôt de la liste au greffe vaudra déclaration au nom des parties

17
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -
affectées.

18
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -

Pendant cette procédure, le juge-commissaire pourra autoriser le débiteur (uniquement dans la sauvegarde) à
conclure certains actes (consentir une sûreté réelle conventionnelle en garantie d’une créance postérieure,
faire un acte de disposition étranger à la gestion courante, compromettre ou transiger et si ces modifications
sont déterminantes, le procureur devra donner préalablement son avis) Art. L. 622-7 modifié en 2021.

Vote du plan avec classes de créanciers

Le vote par les classes de créancier s’effectue selon deux modalités, en relation avec la nature des créanciers :
- pour les classes des créanciers non détenteurs de capital, au deux tiers des suffrages exprimés dans un délai
de 20 à 30 jours ;
- pour les classes des créanciers détenteurs de capital, selon les modalités du droit des sociétés : modalité de
vote en AGE, ou modalités relatives aux assemblées spéciales (obligataires, actions de préférence votent selon
des modalités spécifiques).
Par exception, au sein d'une classe, le vote sur l'adoption du plan peut être remplacé par un accord ayant
recueilli l'approbation des deux tiers des voix de la classe.

Le tribunal peut toutefois refuser d’arrêter le plan voté si ce dernier n'offre pas une perspective raisonnable
d'éviter la cessation des paiements du débiteur ou de garantir la viabilité de l'entreprise

Par ailleurs il peut « forcer » le plan qui n’a pas été voté si ledit plan ne place pas les parties affectées dans une
situation moins favorable qu’en l’absence de plan (en simplifiant). Au cas, en outre, où ce serait une ou
plusieurs classes de détenteur de capital qui l’aurait refusé et que les autres classes l’auraient accepté, le juge
peut également imposer l’adoption du plan, après appréciation (très complexe), de la situation capitalistique
du débiteur et/ou de sa position dans un groupe. (Art. L. 626-32).

En toute hypothèse, une partie affectée peut contester le plan, la décision du TC de refus de la contestation
étant susceptible d’appel.

La notion de classes de créanciers (ou de parties affectées) dans la réforme de 2021

Il convient de souligner que la constitution de classe de créancier est fondamentale puisqu’elle repose sur la notion de
partie affectée, les parties « non affectées » étant celles dont la créance sera systématiquement honorée. Tel est le cas, par
exemple des salariés superprivilégiés (en principe) ou des prêteurs qui disposent d’une sûreté qui les garantit intégralement
en cas de non-paiement.

Dans les faits, il s’avère que la constitution de classes de créanciers est beaucoup plus complexe raison pour laquelle elle
nécessite au préalable l’indentification des créanciers affectés. Tous les créanciers – actuels ou potentiels - ont en effet à
déclarer obligatoirement leurs créances. A ce titre, le débiteur établit la liste des créances de chaque partie affectée ayant
participé à la conciliation (C. com., art. L. 622-24, al 1. C’est sur cette base qu’elles seront identifiées et, éventuellement que
seront communiqués des « accords de subordination ».

Il faut, ici, une fois n’est pas coutume, raisonner par l’exemple pour expliquer la notion, tant le concept de classe et de
partie affectée est complexe.

Le premier exemple porte sur les superprivilégiés que sont les salariés. En effet le super privilège ne porte pas sur toutes
les créances salariales (cf. infra) et il se peut qu’un solde de salaire ne soit pas réglé, en conséquence, les salariés
deviendront des parties affectées pour la part impayée correspondante. (Du moins dans la compréhension que nous avons
actuellement des textes, ce qui semble contredit par Art. L. 626-30. IV cité ci-dessous alors que notre lecture de la directive
conclut à l’inverse
– le sujet reste pendant – c’est peut-être parce que c’est l’AGS qui est subrogé dans les droits des salariés)

Le second exemple, plus technique, porte sur les accords de subordination évoqués précédemment (dits crédits
structurés). Un accord de subordination est un acte juridique, entre prêteurs (ce qui suppose qu’elle s’établit entre
établissement de crédit ou prêteurs organisés), qui stipule que la créance d'une partie est supérieure à celle d'une autre
partie dans le cas où les actifs de l'emprunteur seraient liquidés.

La partie subordonnée n’est donc titulaire que d’une dette dite « junior » et ne recouvrera sa créance que si le
remboursement du prêteur principal (titulaire d’une dette « senior » a été réalisé. Ainsi, comme les prêteurs de dettes de
rang supérieur disposent, au titre du droit des obligations, d'être remboursés intégralement avant les prêteurs de dettes
inférieures, il s’avère que la situation des prêteurs n’est pas homogène et que certains d’entre eux peuvent être des parties
affectées plus que d’autres, ce qui justifierait qu’ils soient admis au sein d’une classe de créanciers (sachant qu’il peut se
constituer plusieurs classes de créanciers plus ou moins affectés).

19
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -

Vie du plan de sauvegarde.

Paiement, réforme en 2021. Le premier paiement en exécution du plan ne peut intervenir avant 1 an, à
compter de la 3ème année, le montant des annuités ne peut être inférieur à 5 % des créances admises. Depuis
2021, à compter de la 6ème année, le montant des annuités ne peut désormais plus être inférieur à 10% des
créances admises (Art. L626-18, C. com.).

Modification du plan, réforme en 2021. L. 626-31-1 En cas de modification du plan, les créanciers seront
consultés selon les mêmes modalités que leur vote par classe et leur défaut de réponse vaudra acceptation,
sauf si une remise de dette ou une conversion de titres en capital est demandée : dans ce cas, l’acceptation ne
pourra être implicite.

Inexécution (2 cas) :
- Cessation des paiements des dividendes constatée : le tribunal est lié et doit prononcer la résolution et ouvrir,
soit un redressement (hypothèses d’une sauvegarde uniquement) , soit la liquidation judiciaire.
- Cessation des paiements non constatée : le tribunal conserve sa liberté d'appréciation.
La résolution du plan a des conséquences importantes : le créancier n’est plus protégé. Le plan prévoit un
remboursement des créances antérieures au jugement d’ouverture, il l’étale par des moratoires. Lorsque,
cependant, le plan est résolu, les créanciers retrouvent tous leurs droits.

Clôture : Si les engagements énoncés dans le plan ont été tenus, « le tribunal [...] constate que l'exécution du
plan est achevée ».

2 / La sauvegarde accélérée (depuis 2021)

Nouvelle procédure. La sauvegarde financière accélérée est supprimée. Une nouvelle sauvegarde accélérée est
créée (cela va au-delà de la transformation), réservée aux très grandes entreprises et ne devrait concerner que
très peu d’entre elles, mais à l’évidence, traitera des procédures les plus médiatisées.

Cas d’ouverture. Art. L628-1, C. com. Elle est ouverte à tout débiteur engagé dans une procédure de
conciliation qui justifie avoir élaboré un projet de plan permettant la poursuite de l’entreprise et susceptible
de recueillir un soutien suffisamment large des parties affectées (classes de créanciers) pour rendre
vraisemblable son adoption dans un délai de 2 mois à compter du jugement d’ouverture, prolongeable jusqu’à
4 mois maximum (art. L. 628- 8, C. com.). Les comptes doivent être certifiés par un commissaire aux comptes
ou un expert-comptable Art. L628-1, al. 4, C. com. Quant au seuil, voir le décret d’application
Cette sauvegarde est possible même en état de cessation de paiement inférieure à 45 jours.
Le tribunal statue sur l'ouverture de la procédure après un rapport du conciliateur

Procédure d’ouverture. L. 628-2.-Le tribunal statue sur l'ouverture de la procédure après un rapport du
conciliateur déroulement de la conciliation et les perspectives d'adoption du projet de plan. Il peut obtenir
communication des pièces et actes relatifs à la conciliation et, le cas échéant, au mandat ad hoc. L'ouverture de
la procédure est examinée en présence du ministère public.

Organes de la procédure. L. 628-3.-Le tribunal désigne un ou plusieurs administrateurs judiciaires et un


mandataire judiciaire. Le conciliateur peut être nommé administrateur judiciaire, ou mandataire judiciaire,
selon la profession qu'il exerce. Par décision spécialement motivée, le tribunal peut désigner une autre
personne.

Effet de la procédure. Article L. 628-6. L'ouverture d'une procédure de sauvegarde accélérée ne produit
d'effet qu'à l'égard des parties affectées directement par le projet de plan.
De surcroît, si parties affectées sont uniquement des créanciers financiers le débiteur peut demander (L. 628-1.
Al.3) que la procédure n’ait d’effet qu’à l’égard de ces derniers. On entre alors dans une procédure dite « semi-
collective » comme elle existait auparavant dans un mécanisme de sauvegarde aujourd’hui abrogé (la SFA)

Inventaire des biens du débiteur. Il est en principe obligatoire (art. L. 622-6) mais le débiteur peut demander à
en être dispensé (L. 628-3. al 2.) le débiteur établit la liste des créances de chaque partie affectée ayant
participé à la conciliation qui doivent faire l'objet de la déclaration.

20
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -
Chapitre III / Le redressement, la liquidation et le rétablissement professionnel
A / Le redressement
Le déroulement du redressement est particulièrement simple puisqu’il est composé, d’abord, de la phase
d’ouverture de la période de redressement (1) et, ensuite, de la phase de plan (2).

1 / La phase d’ouverture

En cessation de paiement. L. 631-1 la cessation de paiement s’applique au débiteur qui est « dans
l’impossibilité de faire face au passif exigible avec son actif disponible ». La continuité de l’exploitation est
compromise.

Saisine du tribunal (L 631-4)


- Initiative du débiteur au + tard dans les 45 j de la cessation de p (sauf si conciliation).
- Saisine d’office, par le tribunal, ou lorsque la conciliation débouche sur un échec et que le conciliateur, dans
son rapport, constate que l’E est en cessation de paiement (L631-5 al. 1).
- Saisine par un créancier (impossible si conciliation en cours) sur assignation. (L631-5 al. 2)
- Requête du MP (L 631-5 al. 2).
- Cas spécial des salariés : « Le comité d’entreprise ou le DP » (à défaut) (le CSE en fait) peuvent communiquer
au tribunal ou au MP, tout fait révélateur de la cessation de paiement (L 631-6).
- CAC, informe le Pdt

Jugement d’ouverture
Le tribunal fixe la date de cessation de paiement. A défaut, elle est réputée intervenue à la date du jugement
d’ouverture de la procédure. Si le tribunal constate que le redressement est impossible, il convertit la
procédure en liquidation.
Le report ou la modification de la date de CP est possible, à la demande de l’administrateur, du mandataire
judiciaire ou du MP mais dans la limite des 18 mois avant le jugement d’ouverture.
La période d’observation est ouverte à compter du jugement : elle est maxi 6 mois. Renouvelable 1 fois à la
demande de l’administrateur, du débiteur, du MP.

Il n’y a guère de différence dans la procédure au regard de la sauvegarde mais c’est la situation du débiteur (P
physique ou morale) qui change radicalement. Alors que dans la sauvegarde, l’administrateur l’assiste – en
principe – il est suspect dans le redressement, en raison de la cessation de paiement. Il est dessaisi et
mécaniquement est souvent interdit bancaire. Il n’a donc plus de pouvoir dans la société. Depuis l’ord. de 2021,
cependant, l’administrateur établit désormais le plan avec le concours du débiteur qui en était auparavant
exclu. C’est toutefois l’administrateur qui seul présente le plan aux classes de parties affectées L. 631-19.-I. al 1

La phase de plan renvoie au chapitre sur la sauvegarde, les mêmes mécanismes sont à l’œuvre mais il existe
quelques différences
 Ainsi, (art. L626-30, C. com.), seules les parties affectées se prononcent sur le projet de plan, toutefois,
à la différence de la sauvegarde, toute partie affectée peut proposer un projet de plan (art. L631-19, al
2).
 Si le plan est rejeté par les classes un ou d’autres plans peuvent être proposés.
 Les garants personnes physiques (ex-cautions) seront protégés pendant le plan de redressement et
non plus seulement pour le plan de sauvegarde : il s’agit donc là d’une importante innovation (articles
L. 622-33, un nouvel article L. 622-34, L. 624-3-1 et L. 631-14 modifiés).

Par ailleurs, les textes offrent davantage de possibilités de cession ou de modification de la structure du
débiteur.
Par exemple, remplacement des dirigeants possible ; incessibilité des parts sociales (virés sur un compte spécial
L 631-10) de plein droit à l’ouverture de la procédure ; la cession des parts sociales peut être ordonnée.

 Modification du capital. Ordonnance du 12 mars 2014. Le projet de plan peut prévoir une modification de
capital, soit une reconstitution si les capitaux propres sont inférieurs à la moitié du capital social, soit une
augmentation afin de réinjecter des fonds dans la société.
La loi Macron du 6 août 2015 est venue renforcer le dispositif : lorsque la cessation d’activité d’une entreprise
(ou un groupe) de plus de 150 salariés doit être envisagée et que cette cessation risque de causer un trouble

21
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -
grave à l’économie et que l’augmentation de capital apparaît comme étant la seule solution sérieuse ; le
tribunal sur demande de l’administrateur, du mandataire, du MP dispose du pouvoir de forcer l’augmentation
de capital.

 Offres de cession : Dès l’ouverture de la procédure, les 1/3 sont admis à soumettre à l’administrateur des
offres tendant au maintien de l’activité de l’entreprise sous forme de cession totale ou partielle d’actifs

Procédure en cas de cession avant ou pendant le plan La cession totale ou partielle de l’entreprise est
décidée au vu du rapport de l’administrateur par le tribunal (L.631-22) lorsque le débiteur « est dans
l’impossibilité d’assurer lui-même le redressement de son entreprise ». Dans ce cas, le mandataire judiciaire
exercera les fonctions normalement dévolues au liquidateur. Quant au plan de redressement lui-même il obéit
aux mêmes règles que le plan qui s’applique en cas de plan de sauvegarde.

 S’agissant cette fois des salariés (innovation de la loi de 2014 réformé en 2018), l’article L1233-58 dispose
qu’en cas de redressement ou de liquidation judiciaire, l'employeur, l'administrateur ou le liquidateur, selon le
cas, qui envisage des licenciements économiques, met en œuvre un plan de licenciement réunit et consulte le
CSE. Pour un licenciement d'au moins dix salariés dans une entreprise d'au moins cinquante salariés, l'accord
mentionné est validé et homologué par « l’autorité administrative » (la DIRECTTE ?). Aucun licenciement n’est
possible sans cette homologation. Lorsque l'autorité administrative rend une décision de refus de validation ou
d'homologation, l'employeur consulte le comité social et économique dans un délai de trois jours. Selon le cas,
le document modifié et l'avis du CSE, ou un avenant à l'accord collectif, sont transmis à l'autorité
administrative, qui se prononce dans un délai de trois jours.

 Défaut de paiement constaté pendant le plan (art L. 631-20). Si la cessation des paiements du débiteur est
constatée au cours de l'exécution du plan, le tribunal décide, après avis du ministère public, sa résolution et
ouvre une procédure de liquidation judiciaire.

22
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -
B / La liquidation judiciaire
1 / Ouverture de la procédure de liquidation judiciaire
a conditions d’ouverture

Les personnes concernées sont les mêmes que pour les autres procédures. Les conditions d’ouverture sont : 1 /
une cessation des paiements < 45 jours et, 2 / un redressement manifestement impossible.

b la procédure simplifiée :

La procédure simplifiée devient unique depuis 2021 et les débiteurs concernés sont plus nombreux puisque
lorsqu’il s’agit d’une
- personne physique, il n’existe qu’une condition pour l’ouvrir : qu’il ne figure pas de bien immobilier dans le
bilan ;
- pour les sociétés, en revanche
doit ouvrir une procédure simplifiée lorsque (R 641-10)
- pas d’immobilier
- 1 salarié maximum
- le CA HT ne dépassant pas 300 000 €

Avantages de la procédure simplifiée :


- Le délai de clôture est de 6 mois
- Le tribunal détermine les biens qui peuvent faire l’objet d’une vente de gré à gré (pas d’enchère publique).
- Le liquidateur procède à la vente dans les 3 mois de la publication du jugement après ces 3 mois, vente publique.
- Le Tnl peut confier l’inventaire au liquidateur (moindre coût)
- Les créances vérifiées sont exclusivement celles qui sont susceptibles de venir en rang utile (hypothèque par
ex…) et salariales (on comprend bien). Les autres ne sont pas vérifiées. L 641-4.

c La procédure normale

La procédure doit être demandée par le débiteur au plus tard dans les 45 jours qui suivent la cessation des
paiements, si, dans ce délai, il n’a pas demandé « l’ouverture d’une procédure de conciliation ». (L 640-4.)
Le tribunal se saisit d’office en cas d’échec d’une procédure de conciliation /ou de redressement
manifestement impossible.
Le MP. Par voie de requête aux fins d’ouverture d’une liquidation, mais cette voie est impossible s’il y a une
conciliation en cours. (si plan de sauvegarde, la question ne se pose pas, on est pas dans l’hypothèse d’une
liquidation) (L 640-5 al. 1.)
Un créancier, si pas conciliation ou sur assignation (L 640-5 al. 2.)
Le CSE a moins de pouvoir, ne pouvant que communiquer au président du tribunal ou au MP tout fait révélant la
cessation de paiement du débiteur. (L 640-6.)
Le CAC a le pouvoir d’informer le président du TC.

2 / Le jugement de liquidation judiciaire

Désignation des acteurs de la procédure : le tnal désigne le juge commissaire et un mandataire judiciaire qui
va agir en tant que liquidateur. Le liquidateur exerce les missions dévolues à l'administrateur et au mandataire
judiciaire par les articles L. 622-6, L. 622-20, L. 622-22, L. 622-23, L. 625-3, L. 625-4 et L. 625-8. Des experts
peuvent être nommés. Un représentant des salariés est désigné, ainsi que des contrôleurs. L’O de 2008 donne
au MP le pouvoir de proposer un liquidateur et il peut s’opposer à ce que le mandataire ad hoc ou le
conciliateur soit désigné en qualité de liquidateur.

Effets.
 Déclaration des créances, bilan et liquidation. Dans un délai de 2 mois à partir de la publication du
jugement d'ouverture au Bodacc, les créanciers qui disposent d'une créance qui existait avant le jugement
d'ouverture doivent adresser une déclaration de créances au liquidateur. Le liquidateur va alors établir le bilan.
Le liquidateur procède aux opérations de liquidation des biens en même temps qu'à la vérification des
créances. Il peut introduire ou poursuivre les actions qui relèvent de la compétence du mandataire
judiciaire. Toutefois s’il

23
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -
apparait que la liquidation de l’actif ne permettra que de régler les frais de justice (parmi les chirographaires),
alors il n’y a pas lieu de vérifier les créances.

 Effets sur les créances. L’effet n’est pas le même que celui des autres procédures collectives, s’agissant du
débiteur. Les recours contre lui sont gelés, mais toutes les créances deviennent immédiatement exigibles,
même si elles ne sont pas encore échues. (ne pas confondre exigibilité et gel des recours). Par ailleurs, le
liquidateur peut également payer immédiatement les créances antérieures au jgt d’ouverture (pour retirer le
gage ou la chose légitimement retenue ou encore pour lever l'option d'achat d'un contrat de crédit-bail).
Toutes les créances que les créanciers détiennent contre l'entreprise deviennent immédiatement exigibles,
même si elles ne sont pas encore échues.

 Sur les contrats de travail. Les contrats de travail sont rompus dans un délai de 15 jours suivant le jugement
prononçant la liquidation judiciaire. Ce délai est porté à 21 jours lorsqu'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE)
est établi. Les créances issues de la rupture du contrat de travail (salaires, primes, indemnités, cotisations et
contributions sociales...) sont couvertes par l'assurance de garantie des salaires (AGS) si la rupture intervient
dans les délais précités (15 & 21 jours).

 Ordre des paiements. L’ordre des paiements des chirographaires est différent de celui des autres
procédures collectives. Cela s’explique par le fait qu’en matière de sauvegarde et de redressement, il reste une
chance pour certains créanciers d’être payés. Ainsi leurs créances vont réapparaitre au moment de la
liquidation (par exemple pour les titulaires du privilège de new money).
L’ordre des paiements se calque désormais sur celui de l’article 643-8 nouveau (à noter que même non
déclarées, les créances résultant de frais et dépens de la procédure sont réglés, art. L 641-13).

C’est l’occasion d’examiner le nouvel ordre des paiements des chirographaires privilégiés en matière de
liquidation (l’ordre n’est pas le même que pour la sauvegarde/redressement).

1° Les subsides prévus à l'article L. 631-11 restés impayés ; (rémunération du dirigeant – innovation due à la
réforme de la loi Pacte de 2019)
2° Les créances garanties par le privilège établi aux articles L. 3253-2, L. 3253-4 et L. 7313-8 du code du travail ;
(les créances super privilégiées des salariés)
3° Les frais de justice nés régulièrement après le jugement d'ouverture pour les besoins du déroulement de la
procédure restés impayés à l'échéance ; (rémunération des organes de la procédure surtout)
4° Les créances garanties par le privilège prévu par l'article L. 624-21 ; (NOTA Cet article n’existe pas…. et la
doctrine est encore silencieuse au 6/10/2021) – il doit s’agir du privilège de post money ? -
5° Les créances garanties par le privilège de conciliation établi par l'article L. 611-11 ; privilège de new money.
6° Les créances garanties par des sûretés immobilières classées entre elles dans l'ordre prévu au code civil ;
7° Les créances de salaires restées impayées à l'échéance dont le montant n'a pas été avancé en application
des articles L. 3253-6, L. 3253-8 à L. 3253-12 du code du travail, dans les conditions prévues à l'article L. 641-
13 ; Ce sont les créances salariales qui excèdent le superprivilège des salariés.
Etc…

24
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -
C / Le rétablissement professionnel (L 645-1)

Depuis l’ordonnance de 2014, figure un nouveau chapitre V dans la section réservée aux procédures
collectives, le Rétablissement Professionnel (RP) qui a pour objectif « d’adapter le traitement de situation
irrémédiablement compromises à la réalité économique de l’entreprise ». C’est une procédure extrêmement
simplifiée (pas collective). Il concerne le débiteur, personne physique (L’EIRL en est exclue), qui est en
cessation de paiement, dont le redressement est manifestement impossible, n’a pas cessé son activité depuis
plus d’un an et dont la situation est irrémédiablement compromise.

Le RP n’est conçu que comme une alternative à la liquidation classique réservée au débiteur « méritant »
(Reille). L’initiative de sa demande revient au débiteur seul, et s’il a été assigné en liquidation, il ne peut faire
cette demande. Le débiteur doit être de bonne foi. Ainsi, il ne peut avoir été placé en liquidation ou en RP dans
les 5 ans. Ainsi également on doit toujours lui proposer d’ouvrir une RP s’il semble que les conditions sont
réunies plutôt qu’une liquidation.

 Conditions d’ouverture (L. 645-1). Le débiteur ne doit pas avoir exercé d’activité depuis plus d’un an
(nouveauté ord. 2021). Aucune instance prud’homale ne doit être en cours. Il existe un plafond de la valeur
patrimoniale déclarée qui est de 5000 euros. Si les conditions ne sont pas remplies, le Tnl doit ouvrir alors une
procédure de liquidation, même en cours de procédure. Dans tous les cas l’avis du MP est requis (L 645-3, l. 22
mai 2019).

 Durée (L. 645-4). La procédure ne peut durer que 4 mois sans prorogation.

 Organes (L. 645-4) Nomination d’un juge commis, qui établit la situation patrimoniale et d’un mandataire
qui l’assiste (ou une autre personne) ce dernier conserve les droits du débiteur et reçoit les créances dans les 2
mois. Depuis 2021, (art. L645-1, C. com). La valeur de la résidence principale est désormais expressément
écartée pour déterminer l’actif du débiteur (le texte en écarte plus précisément les « biens que la loi déclare
insaisissables »).

 Régime (L. 645-6). Aucune interdiction de paiement n’est prononcée, les créanciers poursuivent au prix de la
course. Le juge commis peut quand même reporter les créances poursuivies dans la limite de 4 mois et
suspendre l’exécution.

 Clôture et effets de la clôture (L. 645-6) . Effacement des dettes du débiteur. Il n’y a donc pas de poursuites
ultérieures pour insuffisance d’actif. Toutefois, cela ne concerne que les créances antérieures au jugement
d’ouverture (sauf les créances des salariés – en simplifiant). Selon la doctrine, toutefois, cela ne concerne pas
les cautions. C’est le Tnl qui clôt la procédure.

25
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -

IIème partie : Les partenaires du débiteur

Chapitre I / les partenaires du débiteur dans la sauvegarde

A / Situation des créanciers pendant la période d’observation

1 / La poursuite de l’activité

a) Le principe : l’absence de poursuite des contrats en cours.

Principe : Soumission à la décision de l’administrateur (L 622-13). La définition du contrat en cours renvoie à


celui qui n’est pas terminé le jour du jugement d’ouverture. Le principe est que les contrats ne « continuent pas
» et l’exception, que l’administrateur les maintient. Ils sont donc résiliés mais le créancier ne peut invoquer la
résiliation pour quelque cause que ce soit, ce qui lui interdit de demander des pénalités, par exemple. Lorsque
l’administrateur opte pour la continuation, il doit vérifier qu’il dispose des fonds nécessaires car, à défaut de
paiement à l’échéance, le contrat est résilié de plein droit. La responsabilité de l’administrateur est engagée
lorsqu’il a continué un contrat et qu’il s’aperçoit qu’il ne peut l’honorer.
Les créanciers peuvent mettre en demeure de continuer le contrat mais si l’administrateur ne donne pas de
réponse dans le mois de la demande, le contrat est réputé résilié. Sauf pour le bail.

b ) Exceptions pour certains contrats

- Les contrats de travail : continuation de plein droit (L 622-13) ;


- Fiducie (L 622-13), lorsque le bénéficiaire est également le promettant ;
- Assurance (L 622-14), a l’exclusion des « placements » en assurance-vie ;
- Bail (L 622-14) dans ces deux derniers cas le régime est très complexe.

2 / Les créanciers qui financent l’observation (L. 622-17)

a) situation des créanciers financeurs

 Comme ces créanciers aident l’entreprise ils sont payés à échéance (en concours avec les frais du
déroulement de la procédure) avec un classement en privilège.

La règle est simple (L 622-17-I) : « Les créances nées régulièrement après le jugement d'ouverture pour les
besoins du déroulement de la procédure ou de la période d'observation, ou en contrepartie d'une prestation
fournie au débiteur pendant cette période, sont payées à leur échéance ».

Par exception, si le paiement à l’échéance ne peut être réalisé, alors les créanciers sont payés dans l’ordre suivant

0 ° Sont réglés immédiatement les frais de justice et le superprivilège des salariés 5, puis dans l’ordre :

1° Les créances de salaires du superprivilège dont le montant n’a pas été avancé (c.à.d. celles qui sont au-delà
de la garantie de l’AGS – solution inchangée en 2021 – il s’agit de créances salariales antérieures à l’ouverture
de la procédure)
2° Les créances résultant d'un nouvel apport de trésorerie consenti en vue d'assurer la poursuite de l'activité
pour la durée de la procédure ; (privilège de post money) elles doivent faire l’objet d’une publicité et être
autorisées par le juge commissaire (ces créances sont post-procédure).
3° Les créances résultant de l'exécution des contrats poursuivis conformément aux dispositions de l'article L.
622-13 et dont le cocontractant accepte de recevoir un paiement différé ; (les contrats en cours non payés
comptant constituent indirectement un nouvel apport de trésorerie dans la procédure).
4° Les autres créances, selon leur rang.

5
Ainsi que, anecdotiquement, les frais engagés par les associations de gestion agréées.

26
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -

On remarque que les créanciers titulaires du privilège de new money, (c.à.d. ceux qui bénéficient d’un privilège
à la suite de l’aide qu’ils ont apporté au débiteur lors d’une conciliation antérieure à l’ouverture d’une
procédure collective) ne figurent pas en rang utile dans l’article L 622-17. En effet, leur privilège ne s’exerce
qu’en cas de liquidation, et il figure en 5ème rang. C’est logique car la reconnaissance de leur privilège a déjà
été validée lors de l’homologation ou de la constatation de l’accord de conciliation par le juge. Toutefois, à
notre sens – il n’y pas de doctrine à l’heure où ces lignes sont écrites -, rien ne semble empêcher qu’ils puissent
constituer une « partie affectée » au sens de la directive UE de 2019 (à confirmer ultérieurement par la
jurisprudence en l’état des textes).

b ) cas spécial des salariés

 Le représentant des créanciers accompagné de celui des salariés a 10 jours à compter du jugement
d’ouverture, pour déclarer les créances salariales garanties par le super privilège c.a.d. celles qui sont
constituées par un arriéré de 60 jours (3253-2 CT - toutefois - ce n’est que le cas généra, cf. 3253-2 et s. CT).
Si l’actif est suffisant le Juge commissaire rend une ordonnance en vertu de laquelle l’administrateur règle tout.
Si c’est insuffisant, action de l’AGS qui paie dans les 5 jours du relevé.
 Pour les créances qui ne sont pas dans le super privilège (arriéré supérieur à 60 jours) la déclaration peut se
faire dans les 3 mois du jugement d’ouverture. Le juge commissaire vise le relevé, publication au greffe,
information individuelle de chaque salarié. Les salariés bénéficient quand même d’un sous-privilège en ce cas6

B / La reconstitution (comptable) du patrimoine de l’entreprise


1 / Évaluation de l’actif

a Préservation de l’actif

Première mesure : énoncer des interdictions de paiement (L 622-7- I). concerne les créances antérieures et les
contrats qui l’administrateur choisit de ne pas poursuivre.
Actes interdits. Actes de disposition du débiteur, hypothèque, nantissement, sauf si le juge commissaire
l’autorise. (L 622-7- II), depuis 2021, interdiction de l’accroissement du volume des sûretés.
Mesures conservatoires. L 622-4.
- Première catégorie. Ce sont celles qui permettent de conserver les créances du débiteur.
- Seconde catégorie celles qui empêchent l’évasion de biens du patrimoine du débiteur. Inventaire des biens du
débiteur et prisée de ce patrimoine par des experts qui l’évaluent,

b comptabilisation des diminutions de l’actif

Principe. 3 mois de délai maxi pour revendiquer les meubles après la publication du jugement (quelqu’il soit)
pour les biens qui font l’objet d’un contrat le délai court après la résiliation ou le terme du contrat. (L 624-9)
Exception. Les créanciers dont la créance a fait l’objet de publicité échappent au délai (ex : gage).
Condition. Les marchandises doivent se trouver « en nature » chez le débiteur.
En revanche, le paiement immédiat en cas de clause de rp ou de gage fait échec à la revendication.

2 / Évaluation du passif

a gel des créances antérieures. Nécessaire pour la comptabilisation et la poursuite de l’activité.

Principe : arrêt des poursuites individuelles. (L 622-21) rappel. Sont visées : les actions qui visent à la
condamnation du débiteur au paiement d’une somme d’argent / à la résolution d’un contrat / les voies
d’exécution sont également paralysées /les instances en cours sont interrompues tant que le créancier n’a pas
déclaré sa créance, alors elles peuvent reprendre /
Arrêt du cours des intérêts. (L 622-28) sauf pour les contrats de prêt supérieur a un an ou des contrats assortis
d’un paiement différé d’un an et +. (favoriser le redressement)
Sort des cautions (nouveauté) (même article) les cautions personnes physiques ou qui ont donné une garantie
autonome ou un bien en garante bénéficient d’une suspension : avantage énorme, souvent les dirigeants
cautionnant leur propre entreprise ne voulaient pas rentrer en pro. coll. Cette mesure est fondamentale.
Gel des inscriptions… hypothécaires et autres, privilèges etc (L 622-30) et interdiction d’accroître le montant
des sûretés existantes.
6
Voir note de bas de page dans le a) précédent.

27
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -

b Calcul du passif

Il s’agit d’évaluer la réalité du passif réclamé par les créanciers. C’est fondamental car on est dans une
procédure de relance d’une entreprise.
 1ère étape / Déclaration des créances. Tous les créanciers antérieurs, sauf les salariés doivent déclarer au
mandataire dans les 2 mois. Ceux qui disposent d’une sûreté publiée ou d’un contrat publié sont avisés
individuellement d’avoir à déclarer.
 2ème étape /vérification des créances. Établissement de la liste des créances.
Droits du conjoint (L624-5 à 8) Établit la liste de ses biens personnels conformément au régime matrimonial.
Liste contestable par l’administrateur ou le mandataire.

28
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -

Chapitre II / La situation des créanciers dans le cadre de la procédure de redressement

Il y a peu à dire, ou tout le moins, des choses inutilisables car de nature strictement procédurale mais peu différentes sur le
fond du régime de la sauvegarde. Toutefois un régime se distingue en matière de redressement, celui des nullités de la
période suspecte.

A ) notions relatives aux nullités de la période suspecte

Le principe des nullités de la période suspecte est le suivant : le délai de déclaration de la cessation de
paiement étant long, le chef d’entreprise dispose d’une période de temps importante entre le moment où il
constate que les difficultés sont très sérieuses et l’instant où il est tenu de les déclarer. Cette période est
propice aux détournements.

Étendue de la période suspecte. Entre la date de cessation de paiement constatée par le tribunal et celle du
jugement qui ouvre la procédure. 2 régimes durant cette période : les nullités de plein droit de la période
suspecte et les nullités facultatives de la période suspecte.

B ) régime

Ces nullités peuvent être invoquées par l’administrateur, le représentant des créanciers (mandataire), le
liquidateur, le commissaire à l’exécution du plan et - nouveau - le ministère public.

 Nullité de plein droit. (L 621-107 ) : la nullité est prononcée par le tribunal même si le cocontractant est de
bonne foi. Cela concerne :
 Les actes sans contrepartie
 Les paiements anormaux
 Les garanties suspectes
 Les autorisations, levée ou revente d’options de souscription ou de rachat d’action (Loi 2005)
 La jurisprudence vient d’y rajouter le contrat de travail lorsque ce dernier fait apparaître un
déséquilibre entre les prestations des parties au contrat.
 L’ordonnance de 2014 prévoit, enfin un nouveau cas : il y a nullité de droit pour la déclaration
d’insaisissabilité (biens immobiliers non professionnels) faite devant notaire depuis la CP.

 Nullités facultatives de la période suspecte.

 Les actes à titre gratuit passés dans les 6 mois qui précèdent la période suspecte.
 Les paiements pour dettes échues effectués après la date de CP
 les actes à titre onéreux accomplis après CP si ceux qui ont traité avec le débiteur ont eu connaissance
de la cessation de paiement.
 Les avis à tiers détenteurs, saisies attributions, oppositions, après la date de cessation des paiements
et en connaissance de celle-ci.

29
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -

Chapitre III / La procédure de liquidation judiciaire et les partenaires de l’entreprise

Rappel : ce chapitre se limite à l’effet de la procédure sur la situation des créanciers, le régime a déjà été vu.

A / Les effets du jugement sur la situation des partenaires


1 / La mission du liquidateur
Information. Tous les 3 mois, au moins, le liquidateur informe : le juge-commissaire, le débiteur, le ministère
public. Mesures conservatoires. Administre l’entreprise. Dresse un inventaire. Action en justice. Le
liquidateur représente les créanciers et, en cas de carence, c’est le contrôleur. Revendication. Il agrée les
revendications avec l’accord du débiteur.

2 / Effet principal du jugement

Le jugement emporte, de plein droit, interdiction de payer. Réalisation de l’actif.


Reconstitution du patrimoine de l’entreprise.

Sont payées à l’échéance (O. de 2008 article 641-13).


- les créances nées régulièrement après le jugement qui ouvre ou prononce la liquidation judiciaire pour les
besoins du déroulement de la procédure ou du maintien provisoire de l’activité ou en contrepartie d’une
prestation fournie au débiteur pendant ce maintien de l’activité.
- les créances nées régulièrement après le jugement d’ouverture de la procédure de sauvegarde ou de
redressement judiciaire (implicitement, suivi d’une liquidation).

Conséquences du jugement pour le débiteur : il n’administre plus l’entreprise, ne dispose plus de ses biens
jusqu’à la clôture de la liquidation. Ne peut exercer aucune activité ou profession indépendante. Il peut se
constituer partie civile et accomplir les actes qui n’entrent pas dans la mission de l’administrateur et/ou du
liquidateur. Lorsque le débiteur est une personne morale, les dirigeants restent en place, sauf dispositions
contraires des statuts ou décision de l’AG. Un mandataire peut être désigné, par le Président du tribunal, pour
diriger l’entreprise.

B / La cession de l’entreprise et des biens du débiteur

1 / Cession de l’entreprise
Renvoi aux mécanismes de la cession, vus à l’occasion du plan de redressement pour : les conditions de cession,
modalités des offres, communication des offres, interdiction de rachat pour certaines personnes.

2 / Cession des biens du débiteur


Immeubles : mise à prix par le juge commissaire (et non le liquidateur), qui en fait la publicité. Il prend sa
décision après avoir entendu débiteur, contrôleur et liquidateur. Si les conditions sont favorables (le marché),
la cession amiable est envisageable. En ce cas, il ordonne la vente par adjudication amiable ou autorise la vente
de gré à gré. Paye ensuite les créanciers.
Meubles vente aux enchères publiques en principe mais le juge-commissaire peut autoriser la vente de gré à
gré. (O 2008) : si les biens sont de faible valeur et nécessaires à la vie courante, le juge-commissaire peut, par
ordonnance, autoriser le débiteur et ses proches a en rester détenteur.

3 / Clôture des opérations


La date de clôture est fixée dès le jugement, elle est prorogeable, mais par une décision du tribunal motivée.
Prononcé de la clôture dans 4 cas : lorsque le passif exigible n’existe plus, ou que les créanciers ont été
désintéressés, ou que la poursuite de la liquidation bute sur l’insuffisance d’actif, ou en cas de cession mais
seulement si le cessionnaire a rempli toutes ses obligations.
Demande de clôture (anticipée) par le liquidateur, le débiteur, le M. Public ou tout créancier. Limite dans les 2
ans du jugement.
Reddition des comptes. Par le liquidateur, il est responsable pendant 5 ans.
Effet de clôture, (créanciers désintéressés ?) = levée de l’interdiction du droit d’emmètre des chèques + perte
du droit de poursuite individuelle.

30
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -

Chapitre IV / Les responsabilités et les sanctions

A / La responsabilité des créanciers (extracontractuelle) (L 650-1) – Concours abusifs -

Elle correspond à des concours, ou à des aides ou des actes qui ne peuvent être considérés comme normaux
dans le cadre d’une gestion courante. La jurisprudence sur les banques sanctionne, par exemple, l’attitude de
« soutien abusif ».

Principe : irresponsabilité du créancier.


Exceptions : responsabilité extracontractuelle (civile) si
*1 / Fraude, ou ;
*2 / Immixtion caractérisée dans la gestion du débiteur, ou ;
*3 / Garanties disproportionnées par rapport aux concours consentis.

B / La responsabilité non pénale des dirigeants

1 / Responsabilité pour insuffisance d’actif. (faute de gestion)

Caractérisation de la faute de gestion : « Les dirigeants ont pour obligation de gérer la société de façon
compétente, diligente et dans le respect de l'intérêt social, en écartant tout intérêt personnel » et la violation
de cette obligation met en jeu leur responsabilité extracontractuelle civile. Il n’y a toutefois aucune définition
légale de la faute de gestion. La simple négligence, selon les textes, ne peut être assimilée à la faute de gestion.

Définition : oblige les dirigeants (ou les représentants permanents) d’une personne morale qui ont commis
une faute de gestion à supporter en tout ou en partie les dettes du débiteur personne morale. 2 hypothèses
pour faute de gestion / ou sans faute de gestion. L’0 de 2008 limite son appréciation à la date de liquidation elle
ne peut donc être constatée qu’à l’issue de celle-ci.

Procédure : pas de cumul avec les autres sanctions Sanction fixée par le tribunal.

2 / La faillite (L 653-1 s.)

Définition : Sanction facultative, décidée par le tribunal, sanction profondément remaniée par l’O. de 2008.
Certains y voient une sanction « professionnelle » (Jacquemont), ce qui est certain, en tous cas, c’est qu’elle est
censée atteindre la dignité et la crédibilité du débiteur. Elle s’applique en vertu de l’article L aux personnes
physiques dirigeant des personnes morales (L 653-4) qui ont, soit accéléré abusivement la dégradation de
l’exploitation, soit avoir personnellement profité des difficultés7.

Pour les dirigeants, de droit ou de fait, d'une personne morale : (L 653-4)


- Avoir disposé des biens de la personne morale comme des siens propres ;
- Sous le couvert de la personne morale masquant ses agissements, avoir fait des actes de commerce dans un intérêt personnel ;
- Avoir fait des biens ou du crédit de la personne morale un usage contraire à l’intérêt de celle-ci à des fins personnelles ou pour
favoriser une autre personne morale ou entreprise dans laquelle il était intéressé directement ou indirectement ; (ABS ?)
- Avoir poursuivi abusivement, dans un intérêt personnel, une exploitation déficitaire qui ne pouvait conduire qu’à la CP ;
- Avoir détourné ou dissimulé tout ou partie de l’actif ou frauduleusement augmenté le passif de la personne morale.

Elle s’applique également aux personnes physiques (L 653-3), pour d’autres types de faits8 mais qui peuvent y
être comparés.

7 Article L653-8 (…), le tribunal peut prononcer, à la place de la faillite personnelle, l'interdiction de diriger, gérer,
administrer ou contrôler, directement ou indirectement, soit toute entreprise commerciale ou artisanale, toute exploitation
agricole et toute personne morale, soit une ou plusieurs de celles-ci. La jurisprudence est parfois très sévère : ainsi, (Cass. com.,
12 juin 2019, n° 17-23.176). Si le dirigeant omet sciemment de demander l’ouverture d’une procédure de redressement ou de liquidation
judiciaire dans ce délai de 45 jours, le tribunal a la possibilité de prononcer à l’encontre du dirigeant une interdiction de diriger, de gérer,
d'administrer ou de contrôler une entreprise dès lors que cette omission a conduit à une augmentation notable du passif de la société
8 Pour les personnes physiques, La loi du 22 mai 2019 a sensiblement simplifié l’article L 653 3 du Code de commerce, désormais,
I.-Le tribunal peut prononcer la faillite personnelle pour :
1° Avoir poursuivi abusivement une exploitation déficitaire qui ne pouvait conduire qu'à la cessation des paiements ;

31
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -
Enfin, certaines catégories d’actes frappent indistinctement tous les dirigeants, qu’ils soient commerçants ou
dirigeants mandataires d’une société, au titre de l’article L 553-5 9. Ce sont tous des actes constitutifs de fraude
à la procédure collective (cf, note de bas de page).

La faillite emporte les sanctions suivantes : Interdiction de gérer de diriger d’administrer, de contrôler –
directement ou indirectement toute entité susceptible d’être soumise à une procédure collective. Le droit de
vote, des dirigeants est alors exercé par un mandataire nommé par le tribunal. La faillite entraine également
incapacité d'exercer une fonction publique élective ou de devenir éligible. La durée de la faillite est de 15 ans
maximum (5 ans pour les sanctions de la fonction publique élective). Prescription de 3 ans.

C / La responsabilité pénale du débiteur (L. 654-1 et s.)

La banqueroute. On est en matière pénale : conditions plus strictes. Peut être ouvert contre le débiteur en
situation de redressement ou de liquidation et concerne tous les débiteurs susceptibles d’être soumis à une
procédure collective + toute personne qui a, directement ou indirectement, en droit ou en fait, dirigé ou liquidé
une personne morale de droit privé + aux personnes physiques représentants permanents de personnes
morales dirigeants des personnes morales.

Définition : c’est le fait d’avoir : ( 5 cas)


 Dans l’intention d’éviter la procédure collective : fait des achats en vue d’une revente au-dessous des
cours / employé des moyens ruineux pour se procurer des fonds
 Avoir dissimulé tout ou partie de l’actif du débiteur
 Avoir frauduleusement augmenté le passif du débiteur
 Avoir tenu une comptabilité fictive ou fait disparaître des documents comptables ou ne pas avoir tenu
la comptabilité
 Avoir tenu une comptabilité manifestement incomplète ou irrégulière.
Sanctions : La banqueroute est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. Les
personnes morales font l’objet d’autres sanctions mais l’amende est multipliée par 510.

D / les autres infractions – (limité à la malversation)

Le délit de malversation, (L 654-12) est le fait de, pour tout administrateur, mandataire judiciaire, liquidateur,
commissaire à l'exécution du plan ou toute autre personne, à l'exception des représentants des salariés, de se
rendre acquéreur pour son compte, directement ou indirectement, de biens du débiteur ou de les utiliser à son
profit. La sanction est celle prévue par l’article L 314-2 du Code pénal (abus de confiance mais peine portée à
75 000 Euros et sept ans d’emprisonnement + nullité de l’acte et dommages et intérêts).

2° (Abrogé).
3° Avoir détourné ou dissimulé tout ou partie de son actif ou frauduleusement augmenté son passif.
II.-Peuvent en outre, être retenus à l'encontre d'un entrepreneur individuel à responsabilité limitée les faits ci-après :
1° (Abrogé)
2° Sous le couvert de l'activité visée par la procédure masquant ses agissements, avoir fait des actes de commerce dans un intérêt autre que
celui de cette activité ;
3° Avoir fait des biens ou du crédit de l'entreprise visée par la procédure un usage contraire à l'intérêt de celle-ci à des fin personnelles ou
pour favoriser une personne morale ou entreprise dans laquelle il était intéressé directement ou indirectement.
9 1° Avoir exercé une activité commerciale, artisanale ou agricole ou une fonction de direction ou d'administration d'une personne morale
contrairement à une interdiction prévue par la loi ;
2° Avoir, dans l'intention d'éviter ou de retarder l'ouverture de la procédure de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire, fait des
achats en vue d'une revente au-dessous du cours ou employé des moyens ruineux pour se procurer des fonds ;
3° Avoir souscrit, pour le compte d'autrui, sans contrepartie, des engagements jugés trop importants au moment de leur conclusion, eu égard
à la situation de l'entreprise ou de la personne morale ;
4° Avoir payé ou fait payer, après cessation des paiements et en connaissance de cause de celle-ci, un créancier au préjudice des autres
créanciers ;
5° Avoir, en s'abstenant volontairement de coopérer avec les organes de la procédure, fait obstacle à son bon déroulement ;
6° Avoir fait disparaître des documents comptables, ne pas avoir tenu de comptabilité lorsque les textes applicables en font obligation, ou
avoir tenu une comptabilité fictive, manifestement incomplète ou irrégulière au regard des dispositions applicables ;
7° Avoir déclaré sciemment, au nom d'un créancier, une créance supposée.

10 Article L654-5 prévoit également des sanctions facultatives supplémentaires (privation des droits civiques, inéligibilité,
interdiction de gérer, interdiction de marchés publics, d’émettre des chèques pendant 5 ans et affichage ou publication de la décision.

32
Nov. 2021 - à jour de l’ordonnance -
Addendum – État d’urgence et entreprises en difficulté

L’ordonnance n°2020-341 du 27 mars 2020 portant adaptation des règles relatives aux difficultés des
entreprises et des exploitations agricoles à l'urgence sanitaire et modifiant certaines dispositions de procédure
pénale (ci- après l’« Ordonnance ») publiée au Journal Officiel le 28 mars 2020 adapte temporairement le droit
des entreprises en difficultés.

A titre préalable, on rappellera qu’en application de la loi n°2020-290 du 23 mars 2020, l’État d’urgence
sanitaire débute le 24 mars 2020 pour une durée initiale de deux mois, soit jusqu’au 24 mai 2020. Il a été
prolongé ensuite jusqu’en fin janvier 2021.

1 La fixation dans le temps de l'état de cessation des paiements

Jusqu'à l'expiration d'un délai de trois mois après la fin de l'état d’urgence sanitaire, l'état de cessation des
paiements sera apprécié en considération de la situation du débiteur à la date du 12 mars 2020.

Cette règle présente plusieurs intérêts :


- un débiteur qui, ne se trouvait pas en CP ou s'y trouvait depuis moins de 45 jours le 12 mars pourrait solliciter
l'ouverture d'une procédure de conciliation, plusieurs mois après, alors qu’il est en CP depuis plus de 45 j.
- un débiteur n’étant pas en CP le 12 mars peut solliciter l'ouverture d'une procédure de sauvegarde alors qu’il
est désormais en CP.

2 L’adaptation des contraintes chronologiques des procédures

Super privilégiés

-l'Ordonnance permet la transmission par le mandataire judiciaire à l'AGS des relevés de créances salariales sans
intervention du représentant des salariés et du juge-commissaire. Ainsi le paiement est immédiat.

Prolongation de la durée de la procédure de conciliation

- la durée légale des procédures de conciliation est prolongée de plein droit d’une durée équivalente à celle de
l’état d’urgence sanitaire plus trois mois.
- l’ordonnance reste muette sur la durée du mandat ad hoc. Le mandataire devra présenter une requête auprès
du président du tribunal afin d’obtenir la prorogation.

Prolongation sur décision judiciaire des délais de procédure pour les mandataires de justice

Le Pdt du tnl pourra prolonger les délais impartis aux mandataires de justice d’une durée équivalente à celle de
l’état d’urgence sanitaire plus trois mois. (par exemple, le mandataire judiciaire à 1 an mois pour liquider la
société)

Prolongation de plein droit de périodes d’observations et des délais de couverture par l’AGS

Prolongation d'un délai d'un mois après la fin de l'état d’urgence sanitaire, de plein droit :
- pour la période d'observation, à la liquidation judiciaire simplifiée ;
- pour les délais de couverture de certaines créances salariales par l'AGS, (rupture des contrats de travail à la
suite d’un plan)

Prolongation de plein droit des plans de sauvegarde et de redressement judiciaire

Un mois après le terme de l'état d'urgence sanitaire, (automatique sans jugement)11

11 si pendant la période de l’état d’urgence sanitaire plus un mois, une échéance d’un plan de redressement ou d’un plan de sauvegarde
ne pouvait pas être réglée, la résolution du plan pourrait donc ne pas être sollicitée en raison du report d’exigibilité induit par cette
règle. En outre, jusqu’à l'expiration d'un délai de trois mois après la fin de l'état d’urgence sanitaire, des délais supplémentaires pourront
également être accordés par le président du tribunal sur requête du commissaire à l’exécution du plan ou du ministère public, notamment
prorogation maximale d’un an du plan.

33

Vous aimerez peut-être aussi