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Droit patrimonial de la
famille
Septembre 2022
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INTRODUCTION
Encore appelé « Droit patrimonial de la famille », le présent enseignement porte sur les
régimes matrimoniaux, les successions et les libéralités.
L’on entend par régime matrimonial « l’ensemble des règles relatives aux rapports
pécuniaires des époux entre eux et avec les tiers ». C’est donc l’aspect économique de l’état du
mariage ; il détermine le sort des biens des époux et les règles de leur gestion en fixant le pouvoir
des époux à cette fin. Il organise ainsi la satisfaction des besoins du ménage et éventuellement
l’association des époux dans les gains.
Cette partie des régimes matrimoniaux fait surgir le problème de la subsistance commune et de la
répartition des charges. Apparaîtront aussi les problèmes relatifs à l’administration et à la gestion
des biens d’usage commun que les époux vont utiliser ensemble et qui, de ce fait, devront être
soumis à un statut particulier. L’étude des régimes matrimoniaux a aussi mis en la lumière
l’affectation des biens à l’entretien de la famille ; en ce sens, il est possible, bien que la famille
n’ait pas la personnalité morale, de parler d’un patrimoine familial.
En effet, la vie commune donne naissance, dans la grande majorité des cas, à certaines économies
communes, provenant du concours que l’un des époux apportera à l’autre, sous la forme d’une aide
dans son activité professionnelle ou sous la forme de son activité domestique. L’équité aussi bien
qu’un sentiment naturel d’égalité et de solidarité entre conjoints rend souhaitable sinon nécessaire
qu’existe un règlement adéquat de la gestion de ces économies et de leur répartition entre conjoints
ou leurs ayants cause à la dissolution du mariage ou du régime.
Les divers problèmes que nous venons d’évoquer doivent trouver une solution juridique. Pour
certains d’entre eux, et notamment ceux qui concernent la contribution aux charges du ménage,
l’affectation des biens des époux aux besoins communs, le sort des économies faites ensemble, on
ne voit pas comment il serait possible de les régler adéquatement sans tenir compte de la
communauté d’existence que le mariage établit entre les époux. De ce fait, le recours à la technique
des régimes matrimoniaux (droit patrimonial de l’association conjugale) s’impose.
Pour d’autres, spécialement, le sort du conjoint survivant, on peut songer à la technique du droit
successoral, deuxième partie de cet enseignement. Cette partie est également en relation avec les
régimes matrimoniaux en référence à la question d’affectation familiale des biens. En effet,
l’affectation familiale des biens des membres de la famille se traduit d’une autre manière. Il est
nécessaire que les biens soient affectés non seulement à l’entretien, mais aussi à la survie de la
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famille. Les enfants créent de nouvelles familles ; pour qu’elles puissent poursuivre l’œuvre
commencée par les générations précédentes, il faut qu’ils reçoivent les biens familiaux. Le
patrimoine familial assurera ainsi l’unité entre les familles qui se succèdent.
Le "droit des successions" régit les rapports qu'entretiennent les héritiers entre eux, et les
rapports qu'en cette qualité, ils entretiennent avec les tiers. Le mot désigne aussi le mécanisme
juridique par lequel s'opère tant activement que passivement le transfert de ces droits, du
patrimoine du défunt à celui de ceux qui héritent.
La succession est le nom donné à l'ensemble des biens, des droits et des actions qui appartenaient
au défunt à la date de son décès et dont les divers éléments le composant reviennent aux personnes
appelées à hériter. Elle renvoie aussi aux personnes appelées à hériter.
Mais pour assurer une protection parfaite du patrimoine familial, le législateur doit ainsi régler la
dévolution des biens ab intestat en veillant à ce que ces biens soient attribués aux personnes qui
perpétuent la famille. Il doit également restreindre la faculté pour le de cujus de disposer librement
à titre gratuit. Les libéralités entre vifs ou testamentaires constituent en effet un danger pour la
famille qui va se trouver privée des biens donnés ou légués aux tiers. D’où, l’importance des
règles sur la réserve successorale. Ainsi, une étude des successions focalisant sur la transmission du
patrimoine familial doit englober, outre les successions, les libéralités (les legs et les donations).
Les libéralités, troisième partie de cet enseignement, s’entendent d’un acte juridique fait entre
vifs (personnes vivantes) ou dans une disposition testamentaire par laquelle une personne transfert
au profit d'une autre, dit "le légataire", un droit, un ou des biens dépendant de son patrimoine. La
libéralité peut être consentie en pleine propriété, en nue- propriété ou en usufruit.
Si le droit des régimes matrimoniaux est distinct de celui des successions et des libéralités, il n’est
pas sans entretenir avec celui-ci des rapports étroits. Les libéralités entre époux ou aux époux sont
soumises à des règles particulières à raison de leurs rapports avec le régime matrimonial.
Enfin, le droit des régimes matrimoniaux n’est pas indifférent à celui des successions. A la mort d’un
époux, le survivant peut prétendre à des droits de nature successorale et au partage des biens
communs. Le problème des droits successoraux du conjoint survivant a toujours été traité en
considération des droits matrimoniaux de celui-ci.
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Objectifs du cours
Ce cours exposera de manière claire et précise les règles des régimes matrimoniaux, du droit
des successions et des libéralités d'un point de vue théorique mais aussi pratique. Il mettra en
évidence les relations entre les régimes matrimoniaux, les successions et les libéralités tout en
montrant leur lien, à des fins familiales, avec certaines techniques juridiques du droit patrimonial,
principalement du droit des biens et du droit des contrats.
Ainsi, à la fin de cet enseignement, les étudiants auront acquis des connaissances théoriques
et pratiques sur les questions de régimes matrimoniaux, successions et libéralités. Ils seront donc
capables :
- d’expliquer et d’illustrer les règles relatives aux rapports pécuniaires des époux entre eux et
avec les tiers ainsi que celles relatives aux droits et devoirs respectifs des époux quant à la gestion
de leurs biens ;
- Comprendre les règles de la dévolution successorale et comment se réalise la transmission à cause
de mort du patrimoine familial et les moyens mis en œuvre pour y parvenir ;
- D’expliquer les différentes formes de libéralités et de les différencier les unes des autres ;
- De donner des conseils juridiques en matière des régimes matrimoniaux, successions et libéralités.
Approche méthodologique
Tout au long de cet enseignement, il sera fait utilisation des méthodes pédagogiques interactives et
participatives. Un syllabus sera utilisé pour synthétiser la matière et orienter les débats avec les
étudiants. Des questions seront posées de manière permanente par l’enseignant pour non seulement
mesurer la connaissance des étudiants sur le cours, mais aussi pour les amener à partager leurs
expériences autour de la matière. Des exposés seront faits et des explications données par
l’enseignant pour fixer les notions clés et les éléments essentiels.
Les questions viendront également des étudiants et seront reçues tout au long de l’enseignement
chaque fois que nécessaire.
Des récapitulations participatives seront aussi tenues chaque matin avant le début du cours pour se
rassurer que les étudiants ont compris l’essentiel de la matière précédente et des compléments
d’information seront données selon le besoin.
Èvaluations
Le cours est de pondération 5 et s’évaluera à 20 points. Il sera organisé, au cours de cet
enseignement, au moins une interrogation et cela à la fin de chaque partie. Les interrogations
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couvriront 25% des points. Des exercices d’assimilation seront aussi faits par les étudiants et
dirigés par l’enseignant. A la fin des heures théoriques, il sera fait un travail pratique de 15 heures.
Tous ces travaux pratiques seront évalués à 25% des points. Un examen sanctionnera la fin du cours
et couvrira 50% des points.
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La loi n° 87-010 du 1er août 1987 portant code de la famille telle que complétée et modifiée en
2016 prévoit une législation appropriée dans ce domaine. C’est cette législation que nous allons exposer
dans ce cours. Il s’agit d’une législation très simple destinée à être appliquée aux Congolais qui jusqu’avant
1987 n’ont guère envisagé cet aspect du mariage.
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certaine mesure améliorée avec la révision de juillet 2016. En effet, au lieu de considérer que
seul le mari doit protéger sa femme et que la femme doit obéissance à son mari, il soutient plutôt
que les époux se doivent protection mutuelle. Ce qui rencontre de plus en plus l’objectif de la
convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard de la femme ratifiée
par la RDC, et cela sans aucune réserve.
Revenant au maintien du mari comme chef de ménage, consécration que nous avons
toujours jugée sans critère objectif, il sied de noter que cette direction confiée au mari ne
signifie pas que ce dernier doit prendre seul les décisions. Le mari et sa femme doivent concourir
ensemble à la direction morale et à la gestion financière et matérielle du ménage, ce que confirme
l’article 445. Toutefois, la direction n’est pas pour autant collégiale. Entant que chef de ménage, le
mari se voit attribué un rôle prépondérant, pas pour son propre intérêt, mais dans l’intérêt du
ménage. Mais cette prépondérance s’est vue suffisamment amoindrie avec la révision du code
comme cela a été déjà souligné dans l’exposé des motifs qui reconnait plusieurs faiblesses du code
de 1987, notamment sur la question spécifique du statut de la femme mariée, car la capacité
juridique de la femme mariée était limitée d’une manière excessive et discriminatoire. En outre, la
loi portant modalités d’application des droits de la femme et de la parité promulguée en août 2015
avait déjà commencé à atténuer le pouvoir du mari dans la gestion des biens de sa femme. Et, à cet
effet, l’État s’oblige à prendre des mesures pour éliminer toute pratique néfaste aux droits de la
femme en matière d’accès à la propriété, à la gestion, à l’administration, à la jouissance et à la
disposition des biens.
Avec la révision de 2016, les époux doivent s’accorder pour tous les actes juridiques dans
lesquels ils s’obligent à une prestation qu’ils doivent effectuer (article 448). Chaque conjoint, en
concertation avec l’autre, dispose du pouvoir de conclure des contrats relatifs aux charges du
ménage (article 477). Ainsi, le mari n’a plus le pouvoir discrétionnaire de conclure les contrats
relatifs aux charges du ménage, comme c’était le cas avant 2016 ; et la femme ne nécessite plus une
autorisation pour le faire. Si le désaccord persiste entre eux à ce sujet, le tribunal de paix peut être
saisi quant à ce par le conjoint lésé.
Mais, une question demeure concernant le mandat domestique tacite. En effet, la suppression
de l’autorisation maritale pour que la femme conclue des actes juridiques au nom du ménage et la
consécration du pouvoir reconnu à chacun des époux de conclure, en concertation avec l’autre, les
contrats relatifs aux charges du ménage supposent également la suppression de l’institution du
mandat domestique tacite. Mais l’article 477 y fait référence en disposant « sans préjudice de
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Cette technique oblige le débiteur de l’époux qui a manqué a son devoir de payer la dette entre les mains l’autre conjoint. Ainsi, par décision
judiciaire, ce dernier acquiert le droit de représenter l’époux créancier lors du paiement des dettes.
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La gestion implique le pouvoir d’administration, de jouissance et de disposition.
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Nous saluons l’abrogation de l’article 497 susvisé étant donné que la logique qui le sous-
tendait se fondait d’une certaine manière sur le régime « protectionniste » de la femme
considérée comme être humain vulnérable contrairement à son homologue homme et suscitait un
débat autour de la valeur négligeable accordée aux revenus du travail de la femme, lesquels revenus
étant souvent considérés comme insignifiants, minimes, peu consistants.
Avec la révision de 2016, le législateur s’est donc rendu compte des réalités
contemporaines qui montrent avec éloquence que le pouvoir économique des femmes
(évidemment pas encore celui de toutes les femmes ou de la majorité d’entre elles) devient de plus
en plus important au point de renverser la conception selon laquelle les hommes sont de principaux
pourvoyeurs présumés aux besoins du ménage et que l’égalité proportionnelle des époux ne jouerait
plus qu’au profit de la femme, conjointe au pouvoir économique faible.
Concernant la limitation des droits des époux sur leurs biens, l’article 499 dispose que quels
que soient le régime matrimonial choisi par les époux et les modalités de la gestion de ce régime,
l’accord de deux époux est nécessaire pour :
1. transférer une concession foncière commune ou propre, ordinaire ou perpétuelle ou la
grever d’un droit d’emphytéose, de superficie, d’usufruit, d’usage, d’habitation, d’hypothèque ou
d’une servitude ;
2. aliéner, par incorporation, un immeuble commun ou propre ou le grever d’un droit réel
d’emphytéose, de superficie, d’usufruit, d’usage, d’habitation, d’hypothèque ou d’une servitude et
d’un bail de plus de neuf ans ;
3. aliéner un immeuble commun dont la valeur est supérieure à 650.000 francs congolais ou
des titres inscrits de cette valeur au nom du mari et de la femme ;
4. contracter un emprunt de plus de 150.000 francs congolais sur les biens communs ou propres
de l’autre époux ;
5. faire une donation de plus de 650.000 francs congolais ou cautionner la dette d’un tiers pour un
montant supérieur à 650.000 francs congolais, sur les biens communs ou propres de l’autre époux.
Cette disposition empêcherait ainsi des actes inconsidérés en faveur de tiers ou contre le
ménage et permet au conjoint qui n’a pas le pouvoir de gestion de bénéficier d’une réelle cogestion
là où les actes s’avèrent importants (aliénation, donation, emprunt,…).
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Toutefois, l’article 500 dispose que le consentement de l’autre époux est présumé acquis 6
mois après la passation de l’acte s’il n’y a pas eu de réclamation notifiée aux tiers contractants ou le
mois qui suit l’accusé de réception.
Trois observations peuvent être ainsi faites :
- aucune forme n’est véritablement exigée pour l’accord ; il peut être donné par écrit ou
verbalement voire de manière implicite, mais le désaccord doit être écrit.
- le tiers contractant n’est plus, en principe, tenu de revendiquer l’accord 6 mois après l’acte ;
ce qui pousse les époux à une grande vigilance
- aucun régime de nullité n’est prévu en cas de désaccord entre les époux
Notons également que certaines législations contemporaines ont délibérément rompu avec
le principe de l’unité de gestion et de la primauté du mari. On y trouve diverses solutions tendant à
équilibrer le principe moderne de l’égalité des époux et l’idée d’association qui caractérise la
communauté.
En outre, à l’époque contemporaine, particulièrement le régime de séparation des biens est
plus fréquemment défini d’une manière autonome, comme étant celui dans lequel chacun des
époux conserve l’administration, la jouissance et la disposition de ses biens plus exactement la
propriété, l’administration et la jouissance de tous ses biens. En bref, dans ce régime, la gestion des
biens est également fréquemment séparée.
Enfin, il existe également une possibilité de représentation entre époux ; quel que soit le
type de gestion qui gouverne le régime matrimonial, un époux peut donner mandat à l’autre de le
représenter dans l’exercice des pouvoirs que le régime matrimonial lui attribue (art. 498).
Si un des époux se trouve hors d’état de manifester sa volonté, l’autre peut se faire autoriser par
ordonnance du Président du tribunal de paix de leur domicile, à le représenter en tout ou en partie,
suivant les règles de la gestion d’affaire.
2. Conventions entre époux
L’article 493 du code de la famille révisé permet en principe aux époux de passer des
conventions, notamment de donation ou de vente. Cette liberté d’agir est cependant limitée dans le
cas où cette convention pourrait porter atteinte aux droits fondamentaux de la famille, plus
particulièrement aux droits des enfants issus de cette union qui bénéficient d’un droit à l’éducation et
à l’entretien. De même, les intérêts pécuniaires des époux doivent être protégés comme par exemple
le droit à un standing de vie conforme à leur état de fortune. Enfin, il fallait également protéger
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l’avenir des patrimoines en limitant cette liberté des conventions entre les époux au respect dû par
eux à l’ordre légal des successions.
3. Le choix des régimes matrimoniaux
Dans certaines législations contemporaines, certaines reprennent l’idée que le régime
matrimonial est de droit impératif et ne permet pas aux conjoints d’adopter un régime fondamental,
différent de celui qui est organisé au titre de tout choix. Dans d’autres, la liberté des conventions
matrimoniales s’étend parfois aussi dans l’aménagement particulier du régime choisi, soit pour
modifier les règles légales de ce régime soit pour les compléter en introduisant, par exemple les
règles relatives à l’évaluation des biens.
Pour le droit congolais, il est consacré un système de liberté de choix limitée et encadrée. Le
code de la famille organise trois régimes matrimoniaux parmi lesquels les parties doivent choisir ;
elles ne peuvent donc pas aménager leur régime choisi ni choisir en dehors des régimes organisés
par la loi. Cette option fondamentale et originale constitue un système réglementaire limitant la
liberté de volonté des époux à l’option qu’ils peuvent faire entre ces trois régimes statutaires.
La justification de cette limitation était que :
- Ce système est simple et facile parce qu’il se réalise directement dans l’acte de mariage ;
- Il introduit l’organisation des régimes matrimoniaux à partir des règles bien définies pour
l’ensemble des Congolais qui jusqu’à présent n’ont guère envisagé cet aspect du mariage ;
Toutefois, l’autonomie de la volonté des époux trouve cependant de larges possibilités, non
seulement dans le choix du régime légal, mais aussi dans la possibilité de modifier à l’intérieur
du régime opté la règle « présumée », mais non impérative de la gestion maritale.
Concernant la procédure pour choisir le régime matrimonial, il sied de noter que le code de
la famille révisé fixe la procédure du choix du régime matrimonial dans l’acte de mariage et le rôle
que doit jouer à cet effet l’officier de l’Etat civil (art. 488). Au moment où les époux se présentent
pour la célébration ou pour l’enregistrement de leur mariage célébré en famille, l’officier de l’état
civil est tenu de les avertir de l’existence de trois régimes matrimoniaux et la faculté qu’ils ont
d’opter et, qu’à défaut pour eux de se prononcer, le régime qui leur sera applicable sera celui de la
communauté réduite aux acquêts. Le code prévoit l’obligation pour l’officier de l’état civil
d’expliquer ces régimes aux futurs conjoints au moment de la publication des bans. Au moment de
la célébration du mariage ou de l’enregistrement de celui-ci, l’officier de l’état civil leur demandera
de fixer leur choix. Il actera leur réponse dans l’acte de mariage (art. 488). En cas de défaut
d’option, le régime de la communauté réduite aux acquêts leur sera applicable. De même, si le
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mariage est annulé, le régime matrimonial choisi sera considéré comme inexistant et celui de la
communauté réduite aux acquêts leur sera applicable.
NB : L’assistance du curateur du majeur sous curatelle est requise pour le consentement (art. 491).
4. Modification du régime matrimonial
Quel est le fondement de la modification ?
Dans le code napoléonien, le régime matrimonial était définitivement fixé au moment de
la célébration du mariage. C’était la consécration du principe de l’immutabilité du régime
matrimonial qui se justifiait par plusieurs raisons à savoir:
- il permet d’éviter à l’un des époux d’user de son influence sur l’autre pour le déterminer à
accepter une modification qui lui serait préjudiciable
- il permet que soient respecté la volonté des tiers à l’égard des époux particulièrement ceux qui
effectueraient des donations en considération du régime adopté.
- il permet également de protéger les intérêts des tiers en ce sens qu’ayant contracté
avec les époux, ils seraient préjudiciés par les changements indéfinis de leurs régimes
matrimoniaux et courent même le risque d’ignorer les modifications dudit régime en cours de
mariage (source d’insécurité juridique). Par exemple, les garanties du créancier diminuent en cas de
changement de régime en séparation des biens.
- il va également dans le souci d’éviter les donations indirectes ou déguisées entre époux à l’idée
que le contrat de mariage est un pacte de famille.
Le principe d’immutabilité avait fait ainsi l’objet de vives critiques. Le principe de
mutabilité des régimes matrimoniaux est de plus en plus retenu par les législations modernes, car
en effet, dans l’état actuel de l’évolution du monde contemporain, la grande mobilité de la vie
économique et professionnelle des individus peut faire à ce que la situation qui a présidé au choix
d’un régime matrimonial initial peut être dépassée, changé et peut même être totalement
bouleversé quelques années plus tard au point où l’interdiction de changer constituerait un préjudice
grave aux intérêts économiques du ménage. Voilà pourquoi il est admis la possibilité de
modification du régime matrimonial. La modification peut être totale ou partielle. Elle peut aussi
porter sur les règles de gestion prévues dans le régime matrimonial antérieur.
Quelles sont les possibilités de modification ?
Dans son article 494, le code de la famille prévoit la réglementation de la mutabilité totale
ou partielle des régimes matrimoniaux durant le mariage tout en limitant cette possibilité à une
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seule fois durant le mariage, et cela est assorti des conditions rigoureuses. C’est donc une
possibilité presqu’à mi-chemin entre le principe d’immutabilité et de mutabilité.
A la demande des époux, le régime matrimonial peut être modifié, mais sous les conditions suivantes
- Une demande conjointe de deux époux ;
- La demande doit être motivée d’une façon sérieuse pour l’intérêt du ménage, ou à raison
d’une modification importante intervenue dans la situation des époux ou de l’un d’entre eux.
Sous les mêmes conditions, les époux peuvent demander de modifier le régime de gestion de leurs
biens propres ou communs.
Quel est le tribunal compétent ?
Le tribunal de paix compétent est celui de la dernière résidence conjugale des époux. Au cas
où cette demande n’est pas accueillie, celle-ci ne peut être renouvelée qu’après deux ans, à dater de
la décision devenue définitive pour autant qu’elle s’appuie sur des éléments nouveaux.
Quelles sont les mesures de publicité ?
Dans le délai d’un mois à compter de la date à laquelle la décision de modification est
intervenue et n’est plus susceptible de recours, le dispositif du jugement est envoyé par les soins du
greffier à l’officier de l’Etat-civil du lieu de célébration ou de l’enregistrement du mariage pour
transcription par mention en marge de l’acte de mariage. Il sera également procédé à la publicité du
dispositif dans le même délai, par les soins du greffier au journal officiel.
Lorsque l’un des époux est commerçant, mention du dispositif du jugement de modification
est portée au registre de commerce dans le même délai (art. 496).
5. La présomption de l’indivision (art. 492)
L’article 492 du code de la famille dispose ce qui suit : « Quel que soit le régime choisi,
lorsque l’un des époux ne peut justifier de la propriété ou de la concession exclusive d’un bien,
celui-ci est présumé indivis ». Dans l’esprit du législateur congolais, les biens des époux sont
censés servir à l’épanouissement du ménage. Cette présomption se justifie notamment par le souci
de protection des intérêts des tiers ayant traité avec les époux. En effet, à l’égard des tiers, la qualité
des biens propres ne peut être invoquée que si ceux-ci connaissent ou devraient connaitre cette
dernière. La règle de présomption d’indivision inscrite dans la loi s’impose pour n’importe quel
régime pour régler d’une façon simple les cas précis et complexes des biens dont on ne peut
connaître exactement l’origine.
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- Les biens qui leur sont strictement personnels : souvenirs de famille, lettres, diplômes,
habillement ;
- Le capital d’assurance vie ;
- Les indemnités compensatoires d’un préjudice physique ou moral ;
- Les rentes alimentaires ;
- La pension de retraite et d’invalidité.
B. Modification volontaire de la communauté
universelle
La modification du régime de la communauté universelle vers les deux autres régimes doit
être assimilée au partage en cas de dissolution. Ainsi, la communauté universelle sera partagée par
moitié tant activement que passivement (art. 534). Les dettes contractées avant la modification du
régime pourront être poursuivies par les tiers solidairement sur le patrimoine des époux et après
partage sur ce qui subsiste du patrimoine commun.
C. Partage des biens
A la dissolution du mariage, par le divorce, l’actif et le passif de la communauté sont
partagés par moitié entre les anciens époux. Et si cette dissolution est causée par le décès de l’un
des conjoints ou le remariage du conjoint de l’absent, les biens seront divisés en parts égales entre
le conjoint survivant et les héritiers de l’autre époux de façon à donner à ces derniers la part du de
cujus.
Les créances acquises avant la dissolution du mariage sont dues par moitié aux anciens époux
ou au conjoint survivant et aux héritiers de l’autre époux décédé. Il en est de même des dettes
notamment celles contractées avant la dissolution du mariage (l’alinéa 2 de l’article 535 du code de
la famille). Etant donné que l’article 535 du code de la famille maintient la solidarité au profit du
tiers créancier, le patrimoine qui a payé la dette dispose d’un droit de recours, c’est-à-dire une
action récursoire, contre le titulaire de l’autre patrimoine en proportion de leur part dans le partage
de la communauté
2. Le régime de la communauté réduite aux acquêts
A. Composition de la masse des biens
Le régime de la communauté réduite aux acquêts est caractérisé par l’existence, d’une part,
des biens propres de chacun des époux et d’autre part des biens communs. La distinction des biens
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communs et des biens propres est donc capitale à ce moment et les articles 516 et 517 établissent
notamment le principe qui détermine la qualité de communs ou propres à certains biens.
Ainsi, sont propres :
- les biens meubles comme les immeubles que chacun des époux possède au moment de la
célébration du mariage ou de son enregistrement (ceux acquis avant le mariage) ou qu’il acquiert
postérieurement au mariage par donations, successions ou testaments. Mais il faut souligner que de
fois la stipulation de la donation ou du leg fait au conjoint pourra renverser la présomption.
- Restent aussi propres à chacun des époux, les biens acquis à titre onéreux pendant le mariage, en
échange, d’un bien propre ou avec des deniers propres ou provenant de l’aliénation d’un bien propre
(art. 517).
Sont communs et ainsi qualifiés d’acquêts :
- Les biens que les époux acquièrent pendant le mariage par leur activité commune ou
séparée ainsi que les biens conjointement acquis par les deux époux par donations, successions ou
testament. Il faut ajouter à cette énumération les biens dont les époux n’ont pas prouvé la propriété
exclusive.
- Les biens acquis en échange d’un bien commun ou avec des deniers provenant de
l’aliénation d’un bien commun. C’est la technique d’emploi et de réemploi.
Les époux peuvent établir et remettre à l’officier de l’état civil qui célèbre ou enregistre le
mariage un inventaire signé par eux et précisant les biens meubles et immeubles dont ils ont la
propriété ou la possession antérieurement au mariage (art. 518). L’opération de l’inventaire n’est
pas obligatoire. Car cela pourrait, pour certains époux, constituer un acte de méfiance. L’inventaire
est mentionné dans l’acte de mariage et fait pleine foi de l’appartenance des biens. Tout bien non
inventorié comme bien propre est présumé commun.
B. Gestion des biens propres ou communs et des dettes des époux
Les principes de gestion des biens restent les mêmes. Mais, concernant la gestion des dettes,
soulignons que deux questions principales se posent ici concernant la gestion des dettes des époux :
- La première tourne autour de l’obligation aux dettes en vue de déterminer les biens qui peuvent
être saisis pour désintéresser les créanciers ;
- La deuxième porte sur la contribution aux dettes en vue de déterminer qui de deux
époux supportera les dettes après dissolution du mariage.
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Les articles 523 et 528 concourent à la réponse à ces deux préoccupations tout en notant
que le code de la famille consacre la règle de la contribution aux dettes. Cette règle constitue une
des caractéristiques du régime de la communauté réduite aux acquêts.
Ainsi, l’article 523 dispose que les dettes dont l’un des époux est tenu grèvent ses biens
propres et les biens communs.
Les dettes contractées par les époux notamment pour contribuer aux charges du ménage
sont des dettes solidaires qui grèvent tant les biens propres de deux époux que les biens communs.
Et donc, si celles-ci ont été payées par un patrimoine propre, le patrimoine commun assurera le
remboursement. Si le patrimoine commun ne parvient pas à apurer la dette, celle-ci sera payée par
moitié par le patrimoine propre de l’autre époux.
Les dettes personnelles des époux contractées avant et pendant le mariage sur leur patrimoine
propre restent propres. Elles grèvent leurs biens propres. En cas de dissolution, si ces dettes ont été
payées par les biens communs, elles seront prises en compte dans le partage des biens communs
(article 528).
C. Modification du régime matrimonial pour la communauté réduite aux acquêts
Dans le cas de la mutation du régime de la séparation des biens ou de la communauté
universelle des biens vers celui de la communauté réduite aux acquêts, le problème de la répartition
des biens se pose nécessairement. Les époux sont invités à établir un état général de leur actif
commun et de leurs actifs propres ainsi que des dettes communes ou propres. Cet état est
homologué par le tribunal (art. 521). A défaut par les époux d’établir cet état, les biens acquis
ainsi que les dettes contractées pendant l’union seront présumés communs.
D. Dissolution du mariage et partage des biens
Avant de procéder au partage de la communauté, il est nécessaire d’établir la consistance de
chacune des trois masses (biens propres du mari, biens propres de la femme et les biens communs),
opération souvent difficile en raison de la confusion de fait qui pourrait être produite du fait de la
vie en commun ou de la gestion par l’un des conjoints. Mais, quel que soit le mode de gestion
choisi par les conjoints, en cas de dissolution du mariage, chacun des conjoints reprend en nature
les biens qui lui sont propres. Il exerce ainsi le droit de reprise (art. 524).
Il est également organisé le droit aux récompenses dû par le patrimoine de la communauté
aux patrimoines séparés des époux, droit donnant lieu au mécanisme de prélèvement, par les époux,
sur les biens communs. En effet, si l’un des époux établit qu’un de ses biens propres a été aliéné et
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que le prix en est tombé en communauté, il prélève sur les biens communs la valeur correspondant
à ce prix. En la matière, la femme exerce ses prélèvements avant le mari (art. 525).
Mais qu’est-ce justifierait cette préférence de la femme par rapport au mari pour exercer les
prélèvements ? A notre avis, rien. Ainsi donc, d’autres critères plus objectifs doivent être fixés pour
déterminer qui exerce les prélèvements le premier.
Enfin, il peut également avoir été occasionné l’enrichissement d’un patrimoine propre d’un
des époux au détriment d’un patrimoine propre de l’autre. Dans cette hypothèse, le patrimoine
appauvri doit être directement indemnisé par le patrimoine enrichi, soit en nature, soit en
équivalent. Si l’enrichissement résulte d’une mauvaise gestion par l’un des conjoints (art. 526).
Une fois les reprises effectuées et les prélèvements opérés, la consistance de la masse
commune se trouve définitivement établie. Le partage peut maintenant s’opérer. Il suffit ainsi de
procéder au partage de l’actif et du passif. Le partage de la communauté s’effectue par moitié. Mais
il ne s’agit pas d’une règle d’ordre public ; les époux peuvent convenir d’un partage inégal.
NB : En cas de gestion par l’un des conjoints, le patrimoine foncier et immobilier du
gestionnaire est grevé d’une hypothèque légale pour sûreté du patrimoine de l’autre. Le patrimoine
visé est celui qui existe au moment de la dissolution du mariage, déduction toutefois des donations
qui auraient été faites entre époux.
L’hypothèque légale visée à l’alinéa précèdent prend date au jour de la requête en divorce ou
au jour du décès de l’un d’eux.
Il sied de constater, après analyse des principes de gestion des biens des époux de manière
générale et dans les régimes communautaires que, bien sûr, l’article 490, alinéa 2 du code de la
famille tel que modifié en 2016, maintient encore, dans le mariage, l’unité de gestion à travers la
disposition selon laquelle quel que soit le régime matrimonial qui régit les époux, la gestion des
patrimoines commun et propre est présumée être confiée au mari. Mais, l’on s’est rendu compte, en
analysant les autres articles révisés et qui sont en rapport avec cette question de gestion des biens
des époux, que le législateur a fait tomber dans toutes ces dispositions tout ce qui faisait référence à
la gestion par le mari et aux conséquences et implications que cela avait pour la femme comme pour
le ménage. Par exemple on assiste à la suppression presqu’automatique de « en cas de gestion par
le mari », « en cas de désordre des affaires du mari, sa mauvaise gestion ou son inconduite notoire
(…..) », « avec la gestion du mari….. », etc.
Cette attitude du législateur traduit déjà une certaine marche vers égalité des époux dans la
gestion des biens du ménage, égalité non seulement dans les décisions à prendre, mais aussi dans
20
les responsabilités à assumer. Mais, cette marche se caractérise encore, dans une certaine mesure,
par les séquelles du poids des coutumes, surtout à dominance patriarcale. Ainsi donc, la logique
serait plus soutenue si l’unité de gestion était également supprimée et que l’article 490 s’abstenait
de reprendre que « quel que soit le régime matrimonial qui régit les époux, la gestion des
patrimoines commun et propre est présumée être confiée au mari » et qu’il consacrait à ce niveau
que « les époux décident de commun accord du mode de gestion de leurs biens ».
3. Avantages et inconvénients des régimes communautaires
A. Avantages
Le régime de communauté traduit le mieux, sur le plan patrimonial, l’idée que le mariage
crée entre époux une communauté de vie et d’efforts. Il valorise, par ailleurs, l’activité du conjoint
au foyer en lui conférant des droits sur les acquêts provenant de l’activité de l’autre. En outre, il
offre un meilleur cadre de coopération en matière de gestion quotidienne du ménage. En effet,
l’idée d’association quant aux biens est mise en valeur lorsqu’une possibilité est offerte aux deux
époux de participer effectivement à la gestion de la masse commune. Enfin, sur le plan pratique,
l’existence de la communauté permet de gérer quotidiennement les biens meubles sans
comptabilité permanente.
B. Inconvénients
Les régimes communautaires ont été conçus dans la consécration de la subordination de la
femme à son mari avec l’optique du mari chef de famille. De ce fait, ils ne correspondent plus aux
conceptions modernes de l’égalité des époux ni au rôle économique de plus en plus croissant de la
femme. Espérons qu’avec la révision du code de la famille, qui du reste ne suit que l’évolution
sociale, les couples choisiront de plus en plus des régimes séparatistes. Par ailleurs, la solidarité
entre époux concernant leurs biens communs peut s’avérer dramatique si l’un des époux est
poursuivi pour les dettes engagées au-delà de la fortune familiale.
SECTION 2 : LE REGIME DE SEPARATION DES BIENS
1. Notions générales
Le régime de la séparation des biens est celui dans lequel chaque époux conserve la
propriété et la gestion de ses biens. Il se caractérise par le maintien des patrimoines des époux
rigoureusement séparés et formés par tous les biens acquis à titre onéreux ou à titre gratuit par
chacun d’eux ainsi que par leurs dettes (art. 505).
En principe, les époux ont chacun leur patrimoine, tant en actif qu’en passif (les dettes des
époux contractées avant ou nées pendant le mariage restent propres). Peu importe l’origine de
21
celui-ci avant ou pendant le mariage, que ce soit à partir d’actes gratuits ou onéreux. Ce régime
exclut ainsi l’incidence du mariage sur les biens des époux sous réserve de la réglementation en
matière de la contribution aux charges du ménage (régime primaire).
De ce fait, au moment de la célébration ou de l’enregistrement du mariage, si les époux
optent pour la séparation des biens, ils peuvent établir et remettre à l’officier de l’état civil un
inventaire signé par eux et précisant les biens meubles et immeubles dont ils ont la propriété ou
possession légale antérieurement au mariage (art. 506).
En faisant de l’inventaire une faculté, la loi accorde ainsi aux époux une liberté de preuve de
la propriété de leurs biens. Tant à l’égard de son conjoint que des tiers, un époux peut prouver qu’il
a la propriété ou possession d’un bien par tous les moyens sauf évidemment les cas des biens
immobiliers.
Les biens meubles qui ont un caractère personnel et les droits exclusivement attachés à la
personne sont présumés appartenir à l’un ou à l’autre des époux. La preuve contraire se fait par
tout moyen propre à établir que les biens n’appartiennent pas au conjoint que la loi désigne. Il
peut également être prouvé que le bien a été acquis par une libéralité de conjoint (art. 507).
Comme on peut le constater, l’établissement de l’inventaire serait une preuve de valeur
absolue sauf le respect dû aux titres immobiliers. C’est pourquoi nous pensons que, même si la loi
fait de l’établissement de l’inventaire une faculté et non une obligation, il serait plutôt recommandé
aux conjoints d’établir obligatoirement cet inventaire pour garder nette la question de la propriété
des biens. Cela se justifierait non seulement par la philosophie du régime qui veut à ce que tous les
biens des époux acquis avant et pendant le mariage soient propres, mais aussi et surtout par le fait
que le doute sur la propriété d’un bien par un des conjoints fait tomber ledit bien dans l’indivision
(la présomption d’indivision). En plus, comme la question de la propriété des biens demeure même
pendant le mariage, l’actualisation de l’inventaire serait un exercice régulier, mieux périodique à
faire par les conjoints consolidé par la culture de la tenue de la comptabilité avec des classements
des documents pouvant aider à prouver la propriété des biens (factures, reçus, etc.)
2. Gestion des biens
Comme cela a été dit plus haut, le principe reste le même ; quel que soit le régime
matrimonial qui régit les époux, la gestion des patrimoines commun et propre est présumée être
confiée au mari. Mais lorsque par la volonté des conjoints, la gestion des biens n’est pas conjointe,
chacun des conjoints administre ses biens et en perçoit les revenus. Ils peuvent en disposer
librement sauf ce qui est stipulé à l’article 499. Et dans cette hypothèse, comme le souligne l’article
22
509 du code de la famille, en cas de gestion personnelle, conventionnelle ou légale de ses biens
propres, l’époux peut librement donner mandat à son conjoint de gérer tout ou partie de ses biens
personnels. Le mandataire est cependant dispensé de rendre compte des fruits si la procuration ne
l’y oblige pas expressément. Néanmoins, quand l’un des conjoints gère les biens de l’autre au su de
celui-ci, mais sans opposition de sa part, il est présumé avoir reçu mandat pour les seuls actes
d’administration à l’exclusion de tout acte de disposition. Il est comptable des fruits existants et
peut être tenu dans la limite des cinq dernières années pour ceux qu’il aurait négligé de percevoir ou
qu’il aurait consommés frauduleusement. Si l’un des époux s’immisce dans la gestion des biens du
conjoint, malgré l’opposition de celui-ci, il est responsable de toutes les suites de son immixtion et
comptable sans limitation de tous les fruits, tant existants que consommés.
NB : Notons cependant que l’article 515 de la loi de 1987 a été abrogé. Il faisait allusion au retrait
du mari du bénéfice de la gestion des biens propres de son épouse dans l’hypothèse où cette gestion
mettait en péril par son comportement fautif et grave (exemple le désordre des affaires du mari dû à
une faillite, une déconfiture, une mauvaise gestion, prodigalité ou incendie notoire, etc.)
Par ailleurs, comme les dettes des époux contractées avant ou nées pendant le mariage restent
propres, en cas de dissolution du mariage, l’époux qui aura payé sur ses biens une dette de l’autre a
droit au remboursement.
3. Avantages et inconvénient du régime de séparation des biens
Ce régime rejoint bien la question de l’égalité entre époux et peut faire basculer la
consécration quasi automatique de l’infériorité économique de la femme par rapport à son mari et
ainsi faire émerger le rôle économique de plus en plus croissant de la femme. Il serait également
idéal pour mitiger les risques liés à la solidarité entre époux concernant leurs biens communs surtout
la solidarité face aux dettes engagées par l’un des époux conduisant à la ruine de la fortune
familiale. Il implique bien sûr plus de libertés, mais aussi de responsabilité et rigueur pour soi.
Néanmoins, il est unanimement reconnu à l’époque contemporaine que ce régime peut être
extrêmement défavorable pour le conjoint qui n’exerce pas de profession ou d’activité lucrative
propre et donc qui n’a pas de fortune personnelle. Le partage de la vie en commun entre époux n’a
pas d’incidence sur sa situation économique, ce qui parait injuste. Par ailleurs, le fonctionnement
normal de ce régime exige que, de part et d’autre, les époux tiennent une comptabilité précise de
l’état de leur fortune et de leurs acquisitions, précaution qu’ils prennent rarement, car elle rend
généralement malaisée la vie commune. C’est pour cela que dans un certain nombre de pays où
23
domine ce régime, on observe soit son abandon progressif, soit à son aménagement notamment à
travers le régime de participation aux enrichissements et celui d’égalisation des fortunes.
Exemple de participation aux enrichissements (tend vers la communauté réduite
aux acquêts)
A B
Mais en RDC, la prolifération des couples qui vivent des unions de faits, des unions libres est
de plus en plus croissante alors qu’aucune disposition légale ne les réglemente à côté du mariage et
de ses effets.
Etymologiquement, le terme concubinage vient du latin « cum cubere » qui signifie
coucher ensemble, dormir avec. On peut dès lors penser que toutes les personnes qui ont des
relations sexuelles en dehors de leur mariage, occasionnels ou pas, pourraient être considérées
comme vivant en concubinage. Selon le dictionnaire Hachette Encyclopédique, l'union libre est
synonyme du concubinage qui signifie une situation d'un homme et d'une femme vivant ensemble
sans être mariés. Mais pour KIFUABALA TEKILAZAYA, le concubinage est une union de deux
personnes de sexes différents, dépourvue de célébration officielle, c'est-à-dire non mariées mais qui
vivent ensemble et qui entendent donner à leur union un caractère durable. Nous pouvons
également employer le terme union de fait en lieu et place de union libre ou concubinage. Lorsque
cette union dure ou se stabilise, elle crée un ménage de fait dont les effets sont similaires à ceux du
mariage.
Le code civil Français est beaucoup plus précis en son article 515-8. Il dispose que le
concubinage est une union de fait caractérisé par une vie commune présentant un caractère de
stabilité et de continuité entre deux personnes de sexe différent ou de même sexe qui vivent en
couple.
En effet, l’union libre n’est susceptible de produire des effets juridiques que lorsque la
situation des concubins est empreinte d’une certaine stabilité imitée du mariage. Un concubinage
notoire qui sous-entend une communauté de vie et d’intérêt suppose une relation stable hors
mariage connue des tiers.
Mais une problématique de cette union de fait demeure aussi le sort des biens des concubins
en cas de séparation, suite à l’absence caractéristique du régime matrimonial, ce qui expose les
concubins à de grands risques quant au partage de leurs biens tant ce qu’ils ont acquis avant leur
union que ceux qu’ils ont acquis durant leur vie commune. Le silence total de la loi congolaise face
à ce phénomène social aussi vieux qu’actuel est –il utile et nécessaire ? Peut- être ceci justifie le fait
que le législateur veut décourager les unions de faits en ne laissant pas aux jeunes gens la
possibilité de choisir de vivre en union de fait et par ce même moyen encourager les unions
officielles qui sont propices à la stabilité du foyer. Mais ce silence demeure préoccupant vu
l’ampleur du phénomène et surtout que le concubinage n’est pas non plus prohibé. Très souvent, la
jurisprudence, ne sachant pas exactement quelle règle appliquer pour liquider la masse patrimoniale
25
des concubins, recourt tantôt à la société de fait, au contrat de société et en nombreux cas la
confusion des biens qu’entraine la vie en commun conduit à un partage par moitié à l’exemple de la
communauté universelle des biens.
Sans pour autant se pencher du côté des concubins ni non plus les juger ou les condamner,
nous pensons que le législateur congolais devrait briser son silence face à ce phénomène social et
prendre une option. Pourquoi ne pas, par exemple, permettre au concubin de conclure un « contrat
de concubinage » qui pourrait régler différentes questions liées à leur union sans pour autant le
confondre au mariage? La solution française, par exemple, instituant le pacte civil de solidarité
(PACS) ne peut-elle pas inspirer le droit congolais ?
26
INTRODUCTION
Comme souligné supra, les biens de la famille sont affectés non seulement à l’entretien, mais aussi
à la survie de la famille ; ce qui permet aux enfants qui créent de nouvelles familles de poursuivre,
à travers les biens familiaux reçus, l’œuvre commencée par les générations précédentes et d’assurer
l’unité entre les familles qui se succèdent.
Cette partie du cours permettra ainsi de comprendre comment se réalise cette transmission à
cause de mort du patrimoine familial et les moyens mis en œuvre pour y parvenir.
Mais avant de comprendre le mot succession, soulignons qu’après le décès d’un individu, ses biens
sont recueillis par ses héritiers. Mais si le défunt (le de cujus) était marié, il faut toujours liquider le
régime matrimonial avant de partager la succession.
Ainsi donc, si le régime matrimonial était un régime de Séparation des biens ; comme nous l’avons
vu en parlant des régimes matrimoniaux, il n’y a pas, par principe de biens communs et donc il n’y
aurait pas de communauté à partager ; chaque époux a ses biens propres. La succession se
composera donc uniquement du patrimoine propre du défunt (de cujus).
Si le régime matrimonial était un régime de Communauté réduite aux Acquêts ; dans ce régime, il y
a trois patrimoines répartis comme suit : les époux ont chacun un patrimoine propre, aussi ils ont
ensemble un patrimoine commun. La succession se compose donc de la moitié du patrimoine
commun et de la totalité du patrimoine propre du défunt (de cujus). Ainsi donc, au décès d’une
personne le conjoint survivant reprendra ses biens propres et aussi l’autre moitié de la communauté
(biens communs) en vertu de son régime matrimonial.
Si le régime matrimonial était un régime de Communauté Universelle ; ici nous l’avons vu, il y a
prépondérance des biens communs et donc, au décès d’une personne, les biens communs
(patrimoine commun) seront partagés par moitié et le conjoint survivant reprendra sa part.
Le terme succession renvoie à deux conceptions distinctes,
à savoir :
- Un mode d’acquisition, à cause de mort, des biens (droits et obligations ou alors avoirs et
dettes) pour lesquels une ou plusieurs personnes sont mises à la place d’un défunt généralement
appelé de cujus.
- L’ensemble des biens (droits et obligations ou alors avoirs et dettes) recueilli par le successeur
ou héritier
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Entant que mode d’acquisition des biens, la succession peut être légale ou volontaire. Elle est dite
légale quand la transmission des biens se fait en vertu de la loi ou se fonde sur la loi et dans ce cas
elle est dite ab intestat. Les successeurs sont appelés ici héritiers. En tant que mode volontaire
d’acquisition des biens, la succession découle de la volonté individuelle du de cujus et est appelée
testamentaire. Les successeurs sont, par contre, appelés ici légataires.
La succession est aussi un mode d’acquisition dérivé. Il en est ainsi lorsque les droits acquis trouvent
leur origine dans une autre personne, elle-même titulaire des droits originaires. Dans cette
hypothèse de mode dérivé, l’étendue et la nature des droits et obligations de l’acquéreur se
déterminent par l’étendue et la nature des droits et obligations de la personne à laquelle il succède
se fondant sur le principe selon lequel nul ne peut donner plus de droit qu’il ne possède.
La succession est un mode d’acquisition universel, à titre universel ou à titre particulier. La
succession universelle porte sur l’ensemble des biens, celle à titre universel porte sur une quote-part
ou une fraction des biens alors que celle à titre particulier porte sur certains biens considérés dans
leur individualité.
La différence entre succession universelle et à titre particulier revêt deux
intérêts principaux :
- Seuls les successeurs universels sont tenus des dettes du de cujus, car celles-ci grèvent
toute la succession et non sur tel bien déterminé
- les successeurs universels profitent par accroissement de la nullité ou de la caducité des legs
Pour bénéficier des legs il faut être vivant lors de la succession tandis que pour bénéficier de la
succession, on peut ne pas être vivant et se faire représenter sur base de la fiction juridique de la
représentation successorale.
La succession est enfin un mode d’acquisition à titre gratuit, elle enrichit les successeurs sans
contrepartie de leur part. Ce caractère de gratuité fera que la loi l’entoure de beaucoup de garanties,
notamment les conditions pour succéder.
Par rapport aux sources, le droit de succession est organisé actuellement par le code de la famille
tel que modifié et complété à ces jours. La volonté du législateur de 1987 est d’assurer la protection
des enfants et du conjoint survivant. La loi s’est écartée quelque peu des coutumes pour faire droit
aux impératifs du développement et de l’évolution. Ce mouvement en faveur des enfants a été
amorcé depuis la circulaire du Gouverneur Général du 10 avril 1923 relative aux successions
indigènes et du décret du 10 février 1953 relatif à l’accession des Congolais à la propriété
immobilière individuelle.
28
Les personnes qui n’existeront que plus tard, c’est-à-dire qui n’existent pas encore : notamment le
cas de l’enfant qui n’est pas encore conçu au moment de l’ouverture de la succession. Un individu
conçu postérieurement au décès ne peut jamais prétendre à la qualité d’héritier. Il se dégage de ce
qui précède que pour pouvoir succéder, il suffit d’être conçu au moment du décès de de cujus sous
la condition de naître plus tard vivant et viable. Cela se fonde sur le principe selon lequel l’enfant
simplement conçu est considéré comme né chaque fois qu’il en va de son intérêt.
Notons que la question de l’enfant conçu peut revêtir plusieurs aspects ; cas de la prise en compte
d’un enfant alors que la grossesse comportait des jumeaux, un triplé, etc. Ici, la solution sera celle
29
applicable en cas de réapparition d’un héritier ou de reconnaissance d’un héritier à l’issue d’une
action en recherche de paternité ou maternité après partage.
Dans le cas d’un enfant conçu qui a déjà bénéficié de sa part, mais nait mort-né, ici la condition
résolutoire joue; et dans le cas d’un enfant conçu ayant bénéficié de sa part, qui nait vivant et
viable, mais meurt quelques temps après sa naissance, on ouvre sa succession.
Les personnes qui n’existent plus, c’est-à-dire celles qui sont déjà mortes au moment de l’ouverture
de la succession. La mort met naturellement fin à tout ici-bas. Les personnes décédées avant le de
cujus ne peuvent donc jamais figurer parmi ses successeurs. Le système de la représentation attenue
les conséquences pratiques de ce principe.
Il peut arriver que des personnes dont l’une était appelée à succéder à l’autre ou avaient une
vocation héréditaire réciproque, soient décédées le même jour, à peu près en même temps,
l’hypothèse des comourants. La détermination exacte de l’ordre dans lequel les décès ont eu lieu est
d’une importance considérable sur l’acquisition et la transmission du droit héréditaire.
En principe, cette détermination de la priorité de décès n’est gouvernée par aucun régime propre à
la matière des successions. Il faut appliquer le droit commun, c’est-à-dire, les modes ordinaires de
preuve (témoins et présomptions humaines tirées des circonstances de fait).
SECTION 2 : NE PAS ETRE INDIGNE DE SUCCEDER
L’indignité successorale est une déchéance du droit héréditaire prononcée contre le successeur
qui s’est rendu coupable envers le défunt ou sa mémoire de certains faits limitativement
déterminés par la loi.
1. Fondement juridique de l’indignité
L’indignité se justifie aussi bien par des raisons de moralité que par celles de sécurité des
personnes. L’on convient en effet qu’il importe de limiter, si pas d’annuler la tentation qui pourrait
habiter certains héritiers pressés de mettre fin à la vie de leurs parents dont ils convoitent la
succession.
Mais pour éviter la loi de l’arbitraire, l’opinion générale est que l’indignité n’existe et ne produit ses
effets que lorsqu’elle a été prononcée par une sentence judiciaire.
2. Conception traditionnelle de l’indignité
Le code napoléonien énumérait trois cas
d’indignité :
- la condamnation pour avoir ou tenté de donner la mort au de cujus ;
30
- avoir porté contre le de cujus une accusation capitale jugée calomnieuse, laquelle accusation
pouvant faire courir le de cujus le risque d’une condamnation à mort
- avoir négligé de dénoncer le meurtre du de cujus
Après analyse, cette énumération a fait l’objet de nombreuses critiques notamment celle selon
laquelle seul le premier cas pouvait être considéré courant ; les deux derniers relevant plus de
l’imaginaire. Sur ce, la doctrine a proposé d’étendre les cas d’indignité à d’autres situations telles
que le défaut d’assistance du de cujus en danger de mort, l’inaction intéressée. L’on se demande en
outre s’il ne faudrait pas étendre l’indignité à l’égard du successible qui n’a pas secouru le de
cujus en état de besoin ? (cette question serait déjà résolu par l’organisation de la question
d’obligations alimentaires). Aussi, ne serait-il pas indiqué d’étendre l’indignité au père et mère,
tuteurs déchus de l’autorité parentale ou tutélaire ?
Le code de la famille a rencontré certaines de ces observations en consacrant les causes
d’indignité qui suivent :
3. Les causes d’indignité retenues par le code de la famille
Le code de la famille a retenu, de manière limitative, les causes ci-après d’indignité successorale
en stipulant à son
article 765 qu’est indigne de succéder et comme tel exclu de l’hérédité, l’héritier légal
ou le légataire:
a) qui a été condamné pour avoir causé intentionnellement la mort ou voulu attenter à la
vie du de cujus;
b) qui a été condamné pour dénonciation calomnieuse ou faux témoignage, lorsque cette
dénonciation calomnieuse ou ce faux témoignage aurait pu entraîner à l’encontre du de cujus, une
condamnation à une peine de cinq ans de servitude pénale au moins;
c) qui, du vivant du de cujus, a volontairement rompu les relations parentales avec ce dernier, cette
situation devant être prouvée devant le tribunal de paix, le conseil de famille entendu;
d) qui, au cours des soins à devoir apporter au de cujus lors de sa dernière maladie, a
délibérément négligé de les donner, alors qu’il y était tenu conformément à la loi ou à la coutume;
e) qui, abusant de l’incapacité physique ou mentale du de cujus, a capté dans les trois mois qui ont
précédé son décès, tout ou partie de l’héritage;
31
f) qui a intentionnellement détruit, fait disparaître ou altéré le dernier testament du de cujus sans
l’assentiment de celui-ci ou qui s’est prévalu, en connaissance de cause, d’un faux testament ou
d’un testament devenu sans valeur.
4. Effets de l’indignité
Les personnes déclarées indignes sont exhérédées de la succession. Le titre héréditaire de l’indigne
est réputé non avenu. La sentence d’indignité entraîne une extinction rétroactive de son droit.
L’indigne est exclue de la succession depuis, le moment où elle s’est ouverte.
En conséquence de son exclusion de la succession ab initio, il est tenu de restituer non seulement
tous les biens qu’il avait reçu mais encore tous les fruits que ces biens ont produits entre ses mains.
Il est traité comme un possesseur de mauvaise foi.
Les enfants de l’indigne conservent le droit de venir à la succession dont leur père est exclu ; à la
condition qu’ils y soient appelés de leur propre chef sans le secours de la représentation. Mais en
pareil cas, leur père ne peut pas réclamer sur les biens de cette succession le droit de jouissance
légale, qui est un des attributs de l’autorité parentale.
CHAPITRE II : LA DEVOLUTION SUCCESSORALE
La dévolution des successions est l’ensemble des règles qui déterminent les personnes appelées
à recueillir les biens du défunt.
Concernant le fondement de la dévolution successorale, il sied de mentionner que trois thèses
dominent la question. Premièrement, il existe un conflit entre la thèse individualiste et celle
socialiste.
Dans la thèse individualiste, l’héritage apparait comme le corollaire du droit de la propriété
considéré comme un droit souverain et perpétuel. Comme un droit souverain, le propriétaire a le
droit de disposer de sa chose à son gré ; et comme droit perpétuel, il peut en régler le sort pour le
temps qui suivra sa mort. De ce fait, la succession testamentaire serait la dévolution idéale de la
succession puisqu’elle traduit la volonté du titulaire des biens et le législateur ne peut pas mettre un
frein à cette volonté, mais plutôt de rechercher la volonté présumée du défunt lorsqu’il règle, par
dispositions purement supplétives la dévolution des successions ab intestat.
Les thèses socialistes ou communistes critiquent vivement cette conception. Elles ne combattent
pas le principe du droit de propriété, mais nient que ce droit confère à son titulaire la faculté de
disposer de ces biens pour le temps qui suivra sa mort, cette dernière étant la fin de la personnalité
juridique et partant du lien entre le sujet et l’objet du droit. Ainsi, ces thèses socialistes ont abouti,
32
théoriquement, à nier la possibilité de l’héritage et par conséquent à attribuer à l’Etat les biens
composant le patrimoine du de cujus.
Mais ces deux thèses n’ont pas pu justifier de manière non discutable ou exacte le fondement de la
succession. Celle- ci repose sur les impératifs de la famille. Lorsque l’on reconnait l’utilité de la
famille comme la cellule de la Nation, l’on est obligé d’admettre la transmission du patrimoine
familial, car la défense de la famille implique la nécessité des biens, de lui assurer la perpétuité d’un
patrimoine dont bénéficieront les générations qui se succèdent et attachées à la réalisation des
mêmes buts. C’est donc sur la protection de la famille que les grands juristes fondent la dévolution
successorale. L’ordre des successions est fondé sur la nécessité de continuer et de transmettre l’état
de la société de la génération qui passe à celle qui suit. L’héritage constitue une sorte de ciment
économique de la famille.
Reposant ainsi sur la famille, la succession ne doit pas être laissée à la seule volonté du de cujus, elle
doit être assurée aux proches même à l’encontre de la volonté du de cujus. C’est pourquoi, la
dévolution successorale ab intestat y veuille essentiellement et le testament est soumis à des strictes
conditions pour sa validité.
Ainsi dit, la dévolution successorale peut se faire conformément à la loi (succession légale ou ab
intestat) ou selon la volonté du défunt (succession testamentaire).
- la présence des héritiers de la première catégorie (les enfants et leurs descendants par
représentation) exclut les héritiers de la deuxième catégorie. Les légataires sont également exclus
dans les mêmes conditions. En revanche, l’usufruit du conjoint survivant subsiste. En cas d’absence
des héritiers de la première catégorie, les règles générales de la dévolution redeviennent
d’application.
- Dans le cas de petits héritages, A défaut de dispositions testamentaires contraires attribuant
l’hérédité en tout ou en partie à l’un des enfants, chacun des enfants par ordre de primogéniture, a la
faculté de reprendre la succession en tout ou pour une part supérieure à la quote-part légale. Si cette
faculté n’est pas exercée par l’aîné, elle peut l’être par le deuxième et ainsi de suite.
- Le droit de reprise est homologué par le tribunal de paix dans le ressort duquel la
succession est ouverte. La demande d’homologation du droit de reprise devra être introduite dans
les trois mois après l’ouverture de la succession. Dans ce cas, si parmi les héritiers il y a des
mineurs, le tribunal prendra avis du conseil de famille.
- Celui qui a exercé le droit de reprise est tenu d’assurer les charges prévues par la coutume en
faveur d’autres
enfants.
- A défaut d’exercice du droit de reprise et si certains héritiers sont mineurs ou interdits, tout ou
partie de l’héritage peut rester en indivision jusqu’à la majorité du moins âgé.
Il s’observe, à travers cette réglementation, que la loi semble ne pas sécuriser suffisamment les
autres héritiers, les obligations coutumières sont vagues et non précises ; surtout qu’on sait que les
droits coutumiers ne favorisent pas les filles et de fois le cadet. Il serait mieux que cette obligation
incombant à l’héritier privilégié se résume en obligations alimentaires, car leur non-respect ouvre la
voie à des poursuites judiciaires.
En outre, au lieu de rendre l’héritier privilégié propriétaire de l’héritage repris, il serait mieux d’en
faire gestionnaire et
en cas de mégestion, accorder aux autres héritiers le droit de demander
le partage.
2. Les grands héritages (héritages dépassant 1.250.000 FC)
A. Catégories d’héritiers
Si le de cujus n’a pris aucune disposition, son héritage sera partagé entre les personnes qui y ont
droit, à savoir :
34
- Les enfants du de cujus nés dans le mariage et ceux nés hors mariage mais affiliés de son
vivant ainsi que les enfants adoptifs forment la première catégorie des héritiers de la succession. Si
les enfants ou l’un des enfants du de cujus sont morts avant lui et qu’ils ont laissé des descendants,
ils sont représentés par ces derniers dans la succession (art. 758 a).
- Le conjoint survivant, les père et mère, les frères et sœurs germains ou consanguins ou
utérins forment la deuxième catégorie des héritiers de la succession et constituent trois groupes
distincts. Lorsque les père et mère du de cujus ou l’un d’eux sont décédés avant lui mais que leurs
père et mère ou l’un d’eux sont encore en vie, ceux-ci viennent à la succession en leurs lieu et
place. Lorsque les frères et sœurs du de cujus ou l’un d’eux sont décédés avant lui mais qu’ils ont
laissé des descendants, ils sont représentés par ceux-ci dans la succession (art. 758 b).
- Les oncles et les tantes paternels ou maternels constituent la troisième catégorie des héritiers
de la succession.
Lorsque les oncles et tantes paternels ou maternels du de cujus ou l’un d’eux sont décédés avant
lui mais qu’ils ont laissé des descendants, ils sont représentés par ceux-ci dans la succession (art.
758 c).
Les biens non périssables feront l’objet de liquidation, leurs produits seront en principe transmis à
l’administrateur du territoire. Soulignons quand même que cette situation est vraiment rare à trouer
dans la pratique, surtout en Afrique
B. Les parts successorales des catégories d’héritiers
Les héritiers de la première catégorie reçoivent les ¾ de l’héritage (hérédité). Le partage s’opère par
égales portions
et par représentation entre les descendants (art. 759).
Ceux de la deuxième catégorie reçoivent le solde de l’héritage, si les héritiers de la première catégorie
sont présents, c’est-à-dire ¼ à partager également en parts égales entre les différents groupes, ce qui
fera 1/12 de l’héritage pour chaque groupe. S’il n’y a que deux groupes, chaque groupe reçoit un
huitième de l’héritage. Enfin, si un seul groupe est représenté, celui-ci reçoit un huitième de
l’héritage, le solde étant dévolu aux héritiers de la première catégorie. Les héritiers de la deuxième
catégorie recevront l’héritage total, s’il n’y a pas de première catégorie. (Art. 760, al. 1).
Lorsque le de cujus ne laisse pas d’héritiers de la première et de la deuxième catégorie, les oncles et
tantes paternels ou maternels sont appelés à la succession. Le partage s’opère entre eux par égales
portions (art. 761).
C. La représentation successorale (art. 758)
On succède par représentation quand on est appelé à la succession à raison du degré de parenté
d’une personne prédécédée à laquelle on se trouve substitué par une faveur de la loi.
La représentation est ainsi ce bénéfice légal par lequel les descendants d’un héritier présomptif
prédécédé sont appelés à prendre, dans la succession, la place que leur ascendant aurait eu s’il avait
survenu.
Pour succéder par représentation, certaines conditions doivent être remplies non seulement par le
représenté, mais aussi par le représentant :
Concernant le représenté :
- Il doit être décédé lors de l’ouverture de la succession du de cujus. En d’autres termes il faut
que la personne ou les diverses personnes à représenter soient prédécédées, on ne représente pas les
personnes vivantes, mais seulement celles qui sont mortes avant l’ouverture de la succession.
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- Il faut aussi que le représenté possède une vocation à la succession s’il avait survécu, c’est-à-
dire, si le représenté avait survécu, il aurait eu personnellement aptitude à succéder.
Concernant le représentant :
- Le représentant doit être le descendant du
représenté
- Il doit être le plus proche en degré du
représenté
- Il doit avoir personnellement l’aptitude à recueillir la succession
du de cujus
- il faut que le représentant ait été vivant ou tout au moins conçu au jour de l’ouverture de la
succession, qu’il soit
né vivant et viable et ne soit pas indigne.
Du fait de la représentation, le représentant obtint la vocation héréditaire que le représenté aurait eue
s’il avait survécu.
Il acquiert tous les droits et est tenu de toutes les obligations qui avaient découlé de
cette vocation. Le partage se fait par souche et non par tête.
D. Place du conjoint survivant parmi les successibles
Quel serait le fondement des droits successoraux du conjoint survivant ?
Les droits successoraux du conjoint survivant se fondent d’une part sur la nécessité de protéger la
famille et d’autre part sur l’affection qu’était censé lui porter le de cujus.
Concernant la nécessité de promouvoir la famille, pour certains, avec l’idée de la famille limitée à
la parenté, la succession du conjoint survivant ne s’envisagerait qu’à défaut des parents du dé cujus,
mais si l’on regarde la famille dont le de cujus était le père ou la mère, il y a non seulement le
souci de faire continuer, à travers sa succession, un certain train de vie jadis procuré au conjoint
survivant, mais aussi le secours et assistance via sa succession.
Si on ajoute à ceci la considération selon laquelle les règles successorales sont le reflet de
l’affection du défunt, la place du conjoint survivant devient encore plus claire et il devient
inadmissible de lui accorder une place plus éloignée de la dévolution successorale.
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celui-ci (art. 775, C.F.) La révocation du testament tient à l’essence même de cet acte. Elle a pour
but d’assurer, jusqu’à la dernière minute, la liberté du testateur. Aussi un testament conjonctif est
interdit, c’est-à-dire un testament ne pourra être fait dans le même acte par deux ou plusieurs
personnes.
- Le testament est un acte rigoureusement personnel : il est parmi les rares actes de la vie
civile qui ne peuvent s’accomplir par mandataire.
- Le testament est un acte solennel parce que sa validité dépend de l’observation d’un
certain nombre de formalités. En effet, il doit se faire dans les formes prescrites par la loi à savoir
la forme authentique, la forme olographe et la forme orale.
- Il doit être rédigé en double exemplaire dont l’un servira de minute, l’autre d’expédition ;
- Il doit être écrit en français ou en une autre langue nationale ;
- Il doit être daté et signé par le testateur, les témoins et le notaire
S’il est établi devant l’officier de l’état civil, ce dernier garde un des deux originaux du testament
et inscrit dans un registre spécial de testament la date de son établissement, les noms et domicile du
de cujus.
Ce testament a ainsi l’avantage d’assurer la conservation de l’acte et sa production au
moment du décès. Le testament authentique fait foi de ses dispositions ou de son contenu jusqu’à
preuve littérale contraire. Il appartient à la personne qui se prévaut d’un testament de prouver
l’existence et le contenu de celui-ci. Il appartient à celui qui conteste un testament connu d’apporter
la ou les preuves de son irrégularité ou de sa caducité.
B. Testament olographe
C’est celui qui est écrit en entier, daté et signé de la main du testateur (art. 768). C’est la
forme de testament la plus simple, la plus répandue et la plus commode. Elle peut être employée en
tout temps et en tout lieu, sans que le testateur ait besoin du concours de qui ce soit. Elle permet au
testateur de faire ses dispositions en toute liberté et de les tenir absolument secrètes jusqu’à son
dernier jour.
Néanmoins, elle a deux inconvénients. Elle abandonne les mourants aux manœuvres
dolosives des personnes qui les entourent. Elle permet des falsifications dont les expertises en
écriture sont loin de donner une démonstration sûre. Elle peut même faire objet de perte ou de
destruction. Ainsi, avant la mort, il incombe au testateur lui-même de prendre ses précautions.
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quelle que soit la certitude qu’il apporte quant à l’identité de l’auteur. Mais dans la pratique, la
mention même du nom du testateur suffit.
La signature répond, dans le testament olographe, aux mêmes préoccupations que dans les
autres actes sous seing privé : garantir la provenance de l’acte et l’appropriation du texte par
l’auteur, elle sert d’élément d’identification de l’auteur. Elle signifie que l’auteur s’approprie le
contenu du texte.
En principe, la signature doit se détacher du corps de l’acte et se placer normalement à la fin
pour certifier le contenu de ce qui précède. Mais la jurisprudence fait preuve d’une large tolérance.
Elle admet la signature en tête, en marge, après un blanc de plusieurs lignes, sur l’enveloppe même.
Enfin, concernant la force probante du testament olographe, soulignons que c’est un acte
sous seing privé dont on peut contester l'écriture et la signature et ainsi ouvrir la voie à la
vérification d’écriture et de signature. Mais quant à la date, elle fait foi si l’écriture se révèle
reconnue ou vérifiée.
C. Le testament oral
Le testament oral est celui qui est fait verbalement par une personne sentant sa mort
imminente et en présence d’au moins deux témoins majeurs (art 771).
C’est l’une des institutions du droit traditionnel qui ont survécu dans le code de la
famille. La forme orale a été historiquement la forme originaire du testament et naturellement
celle des moribonds. Appelé en France testament nuncupatif ou proclamé, il a été interdit dans la
plupart des pays occidentaux qui considèrent que l’écrit est indispensable à l’existence d’un tel acte
notamment à cause de l’incertitude de la volonté du testateur. En effet, quelle différence faire entre
le testament oral, la velléité et la confidence ?
Cependant, le testament oral a été, sous certaines conditions, consacré par le législateur du
code de la famille en faveur des personnes illettrées ou des congolais ne sachant ni lire, ni écrire et
auxquels l’oralité apparait comme un mode normal d’expression juridique. C’est donc un testament
qui ne se justifie que dans l’hypothèse d’une mort imminente, le testateur doit être au point de
mourir (une situation de fait à apprécier souverainement sans nécessairement faire recours aux
médecins). Ainsi, si le testateur n’est pas décédé dans les trois mois à dater du jour où il a testé
oralement, le testament est révoqué d’office.
Il ne doit se faire qu’en présence d’au moins deux témoins. En pareil cas, le testateur ne peut
que:
- formuler des prescriptions relatives aux funérailles;
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- faire des legs particuliers dont le montant ne peut dépasser 125.000 francs congolais
pour chaque legs;
- prendre des dispositions relatives à la tutelle de ses enfants mineurs;
- assurer, en cas d’héritage inférieur à 1.250.000 francs congolais, l’exercice du droit de reprise;
- fixer entre les héritiers de la première et de la deuxième catégorie une règle de partage
différente de celle du partage égal prescrit par la loi en cas de succession ab intestat.
Toute autre disposition prise dans un testament oral est nulle et les legs supérieurs à 125.000 francs
congolais sont réduits à cette somme.
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2. Quotité disponible
La quotité disponible s’entend de la partie du patrimoine dont le titulaire peut disposer
comme il l’entend ; il en fait ce qu’il veut ; il peut l’épuiser en libéralités de toute nature, entre
vifs ou pour cause de mort. C’est en cela que cette portion de la succession est véritablement
disponible.
Les libéralités auxquelles le disposant consacre son disponible, il peut le faire même à ses
héritiers réservataires, ou à l’un d’eux. Rien n’interdit de cumuler le disponible avec la réserve. La
seule chose que la loi interdit est de méconnaître la réserve. L’attribution du disponible à un
héritier réservataire se fait au moyen d’une libéralité dite préciputaire ou hors part ou avec dispense
de rapport.
La quotité disponible varie selon les héritiers légaux en présence.
opérée qu’avec l’accord unanime des enfants, tous devenus majeurs et à condition que l’usufruit
prévu au bénéfice du conjoint survivant ait cessé d’exister (art. 780).
Par ce fait, le législateur a assuré la protection du conjoint survivant en le retenant comme
héritier réservataire tout en étant de la 2ème catégorie et cela en dépit de la présence des héritiers de
la 1ière catégorie.
SECTION II : LES MECANISMES DE LA RESERVE
Le fonctionnement de la réserve successorale se décompose en trois questions :
- La formation de la masse de calcul de la réserve et du disponible (reconstitution du patrimoine
du défunt)
- L’imputation des libéralités sur la réserve et sur la quotité disponible
- La réduction des libéralités qui dépasseraient le disponible.
1. La formation de la masse de calcul
(Reconstitution du patrimoine du défunt)
Cette formation de la masse de calcul, au jour du décès, s’effectue en trois opérations. L’on
détermine d’abord les biens existants au décès (art. 869). L’on y joint les biens donnés entre vifs et
l’on déduit de la masse ainsi obtenue les dettes. C’est là une opération complexe qui comprend
l’estimation des biens existants au décès du de cujus et des biens donnés entre vifs.
- Dans la formation de la masse, il faut tenir compte de tous les biens laissés par le défunt
au jour du décès, meubles, immeubles, créances de toute nature, biens légués ; ces biens
existent au jour du décès dans le patrimoine du défunt ainsi que les fruits de tous ces biens,
échus avant l’ouverture de la succession. Tous ces biens doivent être estimés d’après leur état et
leur valeur au jour de l’ouverture de la succession.
- Les biens que le défunt avait donnés par acte entre vifs entrent aussi en compte. Car il
s’agit précisément de savoir s’il a pu les donner et à concurrence de quel montant. Il faut donc
inclure dans la masse indistinctement : les donations par acte notarié, les donations indirectes ; les
donations déguisées ; les avantages indirects ; les dons manuels ; les donations – partages et les
donations faites à des réservataires. L’estimation des biens donnés meubles et immeubles doit se
faire conformément à l’article 869.
- Déduction des dettes : Pour déterminer les montants respectifs de la réserve et du disponible,
il faut encore en déduire les dettes du défunt. En d’autres termes, la réserve et le disponible ne se
calculent que sur l’actif net.
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Le droit de demander la réduction est un droit pécuniaire qui n’est pas attaché
exclusivement à la personne des réservataires. Il est transmissible à leurs héritiers et aux autres
ayant cause. Dans la réduction des dons, il se suit un certain ordre : les legs doivent être réduits tous
ensemble avant les donations entre vifs (art. 871). Quand il y a lieu de réduire les donations entre
vifs, il faut les réduire successivement les unes après les autres, par ordre des dates, en commençant
par les plus récentes ou les dernières en date (art. 891). Cette double règle est une conséquence du
principe de l’irrévocabilité des donations entre vifs : le donateur ne peut avoir un moyen indirect de
ravir à son donataire ce qu’il a donné pour en gratifier d’autres.
La réduction s’opère en nature et non en argent. Il n’y a pas à distinguer si la donation a eu
pour objet des meubles ou des immeubles. Le réservataire peut donc exiger la restitution totale ou
partielle de la chose donnée.
Si nous regardons plus la France, une considération d'ordre économique et non plus
familial, conduit le système à admettre une première exception à la réduction en nature des legs
consentis aux héritiers ; tous les legs d'un seul bien échappent à la réduction en nature, tout comme
ceux d'un agrégat dont la dissociation des composantes diminuerait la valeur.
Une seconde exception à la réduction en nature des legs tient à la qualité du légataire ; le
legs en faveur d'un héritier réservataire acceptant s'impute certes sur la quotité disponible, mais la
réduction, s'il y a lieu, est exécutée en moins prenant, c'est-à-dire en valeur, à concurrence des
droits réservataires du gratifié. Ceci vaut toutefois uniquement pour les libéralités adressées aux
successibles.
Tant que les biens sont transmis aux membres de la famille, la réserve présente un caractère
individuel. Elle vise à établir une égalité minimale entre les réservataires, laquelle s’accommode
parfaitement de restitutions en espèces, pour autant qu’on les considère comme des dettes de
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valeur. En revanche, quand des biens sont donnés à des tiers, il s’agit de protéger l’intégrité du
patrimoine familial et les intérêts de tous les réservataires. La réserve remplit alors une fonction
collective, et la restitution du dépassement de la quotité disponible ne se conçoit qu’en nature.
L’exception principale à la règle de la réduction en valeur concerne, par conséquent, les
donations consenties aux tiers étrangers à la succession. À leur encontre, la réduction s’effectue en
nature, et ce, qu’ils soient simplement étrangers à la famille, qu’ils en fassent partie, mais soient
exclus par des héritiers de rang préférable, ou encore qu’ils aient répudié la succession. À défaut
d’arrangement amiable, elle prend la forme d’une action réelle et peut mettre en péril les droits
acquis par les tiers sur le bien donné. Cette règle est d’ordre public et il n’appartient ni au testateur,
ni, à plus forte raison, au gratifié, d’y déroger contre la volonté des réservataires.
Toutefois, la restitution en nature peut s’avérer impossible ou mettre inutilement en péril les droits
des tiers. La loi tolère en pareil cas des dérogations au principe de restitution en nature des libéralités
consenties aux étrangers. D’une part, en cas de perte du bien donné, à moins qu’elle ne soit fortuite,
le donataire récompense les réservataires en argent. D’autre part, si le donataire aliène le bien
donné, la loi commande de poursuivre d’abord le donataire en payement, avant d’inquiéter le tiers.
À cette principale exception à la règle de restitution en nature, il faut en ajouter trois autres, qui
s’appliquent indépendamment de la qualité du gratifié. II s’agit, tout d’abord, du manque de
liquidités du donataire qui aurait conservé le bien, et dont les droits réservataires ne suffisent pas à
désintéresser les cohéritiers en valeur, ensuite, de la présence d’une stipulation de réduction en
nature dans l’acte de donation, et enfin, de l’initiative personnelle du donataire auquel il serait
malvenu de reprocher la restitution en nature.
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Pour opter, c’est-à-dire pour accepter ou refuser la succession, il faut avoir la capacité de s’obliger
en droit puisque l’héritier est tenu des dettes successorales. Et même, il faut avoir la capacité
d’aliéner puisque la succession est acquise dès son ouverture.
C. Délai d’option
L’héritier dispose d’un délai de trois mois pour renoncer à la succession. Ce délai court à partir du
jour où le liquidateur lui a signalé sa vocation successorale ou même à partir du moment où il s’est
manifesté personnellement en qualité d’héritier (art. 801 al.2).
D. Effets de l’option
L’acceptation ou la renonciation de la succession confirme ou infirme le transfert des droits et des
obligations découlant de la qualité de successeur.
L’option ne peut se modaliser, cela veut dire que les effets de l’option sont déterminés par la loi et
non par la volonté des héritiers. L’option met en œuvre un mécanisme dont les effets sont
entièrement et exclusivement fixés par la loi. Voilà pourquoi le successible ne peut affecter son
option ni d’un terme, ni d’une condition ni alors formuler des réserves. Ainsi, le successible ne
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pourrait pas participer à des opérations de partage et en même temps se réserver le droit de
renoncer à la succession.
E. Indivisibilité de l’option
L’option est indivisible en ce sens que l’héritier ne peut pas prendre en même temps des options
différentes à l’égard des divers biens qui composent la succession. Il s’agit de l’application du
principe de l’unité de la succession.
Il ne faut pas confondre cependant le principe de l’indivisibilité de l’option avec le fait que l’option
est faite individuellement par chaque successeur. En effet, aucun successeur ne doit être lié par le
choix effectué par l’autre ; la faculté d’opter est strictement personnelle (art. 801).
F. L’Irrévocabilité et la rétroactivité de l’option
En principe, l’acceptation et la renonciation sont irrévocables de la part du successible ; cela est
vrai d’une manière absolue pour l’acceptation. Il y a une exception au principe de l’irrévocabilité
pour la renonciation.
Quant à la rétroactivité, quelle que soit l’option adoptée par le successible, la détermination qu’il
prend rétroagit au jour de l’ouverture de la succession (art. 803).
2. L’acceptation de la succession
A. Formes de l’acceptation
Il importe qu’aucune incertitude ne subsiste autour d’un acte important qu’est l’acceptation de la
succession. Cette acceptation est pure et simple. Cela veut dire que le successible manifeste
l’intention d’acquérir tout l’actif et d’assumer la charge de tout le passif laissé par le défunt. L’on
appelle ainsi "l’héritier pur et simple", le successible qui accepte purement et simplement la
succession.
Cette acceptation n’est soumise à aucune condition de forme. Ce n’est pas un acte solennel. Il
résulte de l’article 802 qu’elle peut être expresse ou tacite.
L’acceptation est expresse quand on prend le titre ou la qualité d’héritier, dans un acte authentique
ou privé. L’acceptation est expresse lorsqu’elle est contenue dans un acte écrit. L’essentiel est que
cet écrit exprime formellement et sans réserve la volonté de prendre la qualité d’héritier.
L’acceptation est, par contre, tacite lorsque l’héritier accomplit un acte qui manifeste de façon non
équivoque son intention d’accepter ou lorsque, après le délai pour renoncer, l’héritier ne l’a pas
fait. Ici, l’expression de la volonté du successeur se traduit dans son comportement et agissements.
C’est le cas, par exemple, d’affecter un bien de la succession à son usage exclusif ; d’aliéner les
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droits successoraux ou les biens de la succession ; de poser des actes d’administration ou des actes
conservatoires.
B. Effet de l’acceptation
L’acceptation pure et simple entraîne déchéance de la faculté de renoncer. En acceptant, le
patrimoine du défunt et le patrimoine de l’héritier continuateur de la personne du défunt se trouvent
confondus d’une manière définitive. De ce fait, les créanciers du défunt deviennent les créanciers
personnels de l’héritier. Ils ont dès lors, action contre lui et sur ses biens qui forment désormais leur
gage.
Les droits de créance ou réels que l’héritier avait contre le défunt ou sur ses biens sont
éteints par confusion.
3. La renonciation
La renonciation à la succession est l’acte par lequel le successible répudie le droit de devenir
successeur. En effet, nul n’est tenu d’accepter la succession ou le legs universel auquel il est
appelé. Elle doit être ferme, totale et en principe irrévocable.
A. Forme de la renonciation
A la différence de l’acceptation, la renonciation à une succession est un acte solennel. Elle ne se
présume pas. En d’autres termes, elle n’est jamais tacite.
La renonciation doit être faite, à peine de nullité, par écrit et être signifiée au liquidateur dans un
délai de 3 mois. Si l’héritier ne sait pas écrire, il peut le déclarer verbalement au liquidateur en
présence de deux témoins qui constateront en signant avec le liquidateur cette renonciation verbale
(art. 805, C.F).
B. Effets de la renonciation (art.806)
L’héritier qui renonce est censé n’avoir jamais été héritier. Sa part est dévolue aux autres héritiers
légaux ou testamentaires qui ont accepté la succession.
La renonciation enlève au renonçant tout avantage qu’il pouvait retirer de la succession et
l’affranchit de toutes les charges qui y étaient attachées.
A la différence de l’acceptation, la renonciation à une succession n’est pas irrévocable. En effet,
avant l’expiration du délai de trois mois prévu par la loi, l’héritier qui a renoncé peut se raviser.
C’est ce qu’on appelle rétractation de la renonciation. Il s’agit d’une situation irrationnelle, car les
cohéritiers du renonçant ont été par suite de la renonciation investis de l’hérédité.
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Par ailleurs, la renonciation obtenue par dol, violence ou menace d’un autre héritier devient
irrévocable qu’un an après la cessation de la violence ou de la menace ou de la découverte du dol.
Ainsi dans l’année le renonçant peut rétracter sa renonciation.
En droit français, la rétractation n’est possible que si la succession n’a pas été acceptée par d’autres
héritiers. L’acceptation de la succession par un autre héritier postérieurement à la renonciation
rendrait celle-ci irrévocable.
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En cas de désaccord sur la répartition de la succession, le conseil de famille propose son arbitrage.
Il sera composé de trois membres du de cujus dont deux au moins ne sont pas appelés à la
succession ou à défaut d’une personne étrangère ou de deux personnes étrangères acceptées par les
héritiers.
Si les héritiers n’acceptent pas l’arbitrage des membres du conseil de famille, alors l’affaire sera
portée devant le tripaix pour les petits héritages et devant le TGI pour les grands héritages. Dans ce
cas, l’attribution des parts effectuée par le tribunal est définitive.
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ou à la requête du ministère public ou d’un des héritiers, un liquidateur judiciaire parent ou étranger
à la famille (art. 795).
Enfin, signalons que nul n’est tenu d’accepter les fonctions de liquidateur. Le liquidateur ne peut
se démettre de ses fonctions que lorsqu’il invoque de justes motifs acceptés par le tribunal
compétent. Le désistement ne devient effectif qu’à partir du moment où il est accepté par le tribunal
et qu’un nouveau liquidateur a été désigné.
Le liquidateur a droit à une rémunération si le travail qu’il a accompli le justifie.
3. Fonctions du liquidateur
Les missions assignées au liquidateur sont énoncées à l’art. 797 aux termes duquel il doit :
- Fixer d’une manière définitive ceux qui doivent venir à
l’hérédité ;
- Administrer la succession ;
- Payer les dettes de la succession qui sont exigibles ;
- Payer les legs particuliers faits par le défunt et assurer toutes les dispositions particulières
du testament ;
- Assurer les propositions de partage et veiller à leur exécution dès qu’un accord particulier
ou une décision est intervenu ;
- Rendre compte final de sa gestion à ceux qui sont venus à l’hérédité ou au tribunal
compétent, s’il s’agit d’un liquidateur judiciaire.
4. Ordre de règlement des charges de la succession
Dans le règlement des charges de la succession, le liquidateur doit respecter
l’ordre suivant :
- Les frais des funérailles du défunt ;
- Les salaires et traitements dus par le de cujus ;
- Les frais d’administration et de liquidation de la succession ;
- Les dettes du de cujus ;
- Les legs particuliers faits par le de cujus.
5. Quelques règles spéciales de liquidation
Ces règles concernent les mutations immobilières. Aux termes de l’art.807, le liquidateur doit
introduire une requête en investiture auprès du tribunal compétent en vue d’opérer la mutation par
décès des biens fonciers et immobiliers appartenant jadis au de cujus.
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Par ailleurs, en cas de présence des mineurs ou des interdis parmi les héritiers, le tribunal
compétent convoquera le conseil de famille composé de 3 membres de la famille du de cujus ou
d’une personne étrangère désignée par lui (art.808). Ce conseil aura pour mission de surveiller
l’administration de la succession qui est faite par le liquidateur, approuver le payement des
charges, donner son avis lors de l’approbation de la clôture des comptes du liquidateur. En cas de
désaccord entre le liquidateur et le conseil de famille, le tribunal compétent décidera en dernier
ressort sur la conduite à tenir.
6. Le bureau administratif des successions (art. 812 – 818)
II est créé un bureau administratif des successions en milieu rural au niveau des territoires et en
milieu urbain au niveau de la ville. Ce bureau est chargé, d’aider les liquidateurs dans leurs
fonctions et est tenu par un agent de l’Etat désigné par l’administrateur du territoire ou le
bourgmestre ou le Gouverneur de la ville de Kinshasa.
En cas de petits héritages, le bureau intervient obligatoirement dans l’établissement de l’actif net,
après fixation du passif, la détermination des héritiers légaux et testamentaires qui participent à la
succession et de leurs parts respectives. A cet effet, le liquidateur saisira le bureau dans les trois
mois de son entrée en fonction.
Par contre, l’intervention du bureau est facultative dans les héritages plus importants. Il n’intervient
qu’à la demande expresse du liquidateur et en cas de présence du conseil de famille sur avis
conforme de celui-ci.
Lorsque le bureau des successions intervient, il établit un projet de liquidation qui peut être contesté
par les intéressés auprès du tribunal compétent. Un délai de 3 mois est accordé pour cette
contestation après notification du projet ; après ce délai, le projet devient définitif.
Indépendamment des droits de succession, il est dû au bureau des successions une taxe
rémunératoire au profit de l’État fixée à 1 % de la valeur de la succession.
SECTION V : MODES DE LIQUIDATION SELON LE NOMBRE DES HERITIERS
1. Liquidation d’une succession acquise par un seul héritier
Par principe, l’héritier légal acquiert le patrimoine du défunt, une universalité qui comprend un
actif et un passif c’est- à-dire des droits et des obligations.
Tout successeur universel qui accepte jouit des droits suivants : il devient propriétaire des biens du
défunt pour autant qu’ils se transmettent pour cause de mort. Comme les effets de l’acceptation
remontent au jour de l’ouverture de la succession, le successeur a droit aux fruits dès ce jour. Bref,
52
l’héritier a un droit sur les biens qui constituent l’actif de la succession, c’est-à-dire, les droits réels
et les créances du défunt.
L’héritier recueille une universalité. Il succède aux dettes en même temps qu’aux droits. Ces droits
ont été expliqués par l’idée de continuation de la personne du défunt. Le principe de la continuation
de la personne du défunt par l’héritier à cette conséquence logique que l’héritier est tenu
indéfiniment du passif de la succession dont ses biens personnels seront tenus au même titre que
ceux qu’il recueille dans la succession. La continuation de la personne implique la confusion des
patrimoines du défunt et de l’héritier. C’est le principe de l’obligation ultra vires.
De ce fait :
- l’héritier est personnellement tenu des dettes du défunt. Les créanciers du défunt peuvent
donc poursuivre l’héritier. Les dettes transmises à l’héritier sont toutes les dettes, même si elles
sont nées d’un fait ou d’un engagement personnel du défunt.
- Il a l’obligation d’exécuter les legs
- Il est également tenu des charges (ce sont des dettes qui incombent à l’héritier alors
qu’elles n’existaient pas encore du vivant du de cujus). Il en résulte qu’elles doivent être acquittées
avant les legs en vertu de la règle nemo liberalis, nisi liberatus. Ces charges comprennent les frais
funéraires dans la mesure où ils sont proportionnés à la fortune du défunt, les frais de gestion des
biens de la succession et de liquidation de celle-ci.
2. Liquidation d’une succession acquise par plusieurs héritiers
A. Indivision
Le fait que plusieurs héritiers deviennent simultanément propriétaires à la place du défunt seul crée
entre eux une indivision dont ils ne peuvent sortir que par le partage.
L’indivision soulève trois questions dont la composition, le fonctionnement et la
cessation de l’indivision.
L’indivision comprend des biens laissés par le de cujus, ceux que ce dernier a donné et qui par
l’effet du rapport et de la réduction rentrent dans la masse successorale. Les biens compris dans
l’indivision successorale constituent un ensemble, une masse à laquelle a été reconnue une certaine
autonomie.
La nature de la masse indivise est discutée dans la doctrine. Est-elle un patrimoine autonome, est-
elle une personne morale ?
53
Quant à son fonctionnement, l’indivision a une vie économique propre qui est animée par les
héritiers sous la direction du liquidateur. Traditionnellement, la masse successorale est la propriété
collective et indivise des cohéritiers. La gestion de l’indivision est en principe soumise à la règle de
l’unanimité du moins pour les actes de disposition et d’administration. Les cohéritiers doivent se
mettre d’accord sur l’accomplissement de tout acte sur les biens indivis. L’indivision prend fin avec
le partage.
Tout en étant dans l’hypothèse de l’indivision, il existe des droits individuels de l’héritier
analysés comme suit :
- Sur les biens de la succession, chaque héritier a les droits d’un propriétaire indivis. Ce
sont essentiellement des droits d’usage et de jouissance que chacun peut exercer dans la mesure
compatible avec les droits des autres et celui de concourir avec les autres aux actes de disposition
qui requièrent l’unanimité.
- Les droits de l’héritier sur sa quote-part idéale : en dehors de ses droits sur les biens
compris dans la succession, chaque héritier a un droit sur sa quote-part idéale. Le droit d’un
cohéritier sur sa quote-part est transmissible et c’est ainsi qu’il serait transmis à ses propres
héritiers en cas de décès. Il peut aussi faire l’objet d’une cession entre vifs, c’est la cession de
droits successifs. Cette cession aurait pour effet, si elle était consentie au profit d’un étranger,
d’introduire celui-ci dans la communauté d’héritiers, ce que les cohéritiers risqueraient de mal
accepter.
Concernant la durée de l’indivision, il sied de préciser que l’indivision héréditaire reste un état
précaire auquel il peut être mis fin à tout moment dès l’instant qu’un co-indivisaire demande le
partage. En effet, nul ne peut être contraint à demeurer dans l’indivision et le partage peut être
toujours provoqué nonobstant prohibitions et conventions contraires. Néanmoins, certaines
dispositions du code de la famille ne maintiennent l’indivision lorsque parmi les successibles, il y a
des enfants mineurs ou des interdits.
B. Partage
On appelle action en partage le droit de chaque indivisaire de contraindre les autres au partage. Si
ceux-ci ne s’y prêtent pas, de bonne grâce, le partage se fera néanmoins malgré eux et par autorité
de justice. Le juge substituera sa volonté à celle des récalcitrants.
Comme souligné supra, le partage a lieu, en principe en nature, en cas d’impossibilité d’établir
l’égalité des parts en nature, l’inégalité de celle-ci se compense par l’attribution d’une soulte due
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par les héritiers ayant reçu une part supérieure à leur part légale ou testamentaire d’hérédité en
faveur de ceux qui ont reçu une part inférieure.
Le partage peut être définitif ou provisionnel. Il est définitif quand il fait cesser l’indivision d’une
manière définitive en délimitant les droits des indivisaires une fois pour toutes. Il est, par contre,
provisionnel quand il ne fait cesser l’indivision que d’une manière provisoire délimitant les droits
des indivisaires qu’à la jouissance ; la propriété des biens restant indivise entre les héritiers. Ce
partage provisoire est un partage définitif qui est subordonné à une condition résolutoire ou à une
révision des lois. Le partage partiel embrasse une partie de l’indivision. Le partage
complémentaire porte sur des biens qui n’avaient pas été compris dans un premier partage.
Le partage peut être fait de deux manières : à l’amiable ou en justice. Il peut avoir lieu à l’amiable
toutes les fois que les parties le font dans la forme et par un acte qu’elles jugent convenables. Les
parties peuvent dresser un acte authentique ou privé pour constater le contrat voire n’en dresser
aucun.
Le partage judiciaire intervient en cas de désaccord dans la répartition de l’héritage.
Le partage peut être demandé par tout successeur venant à la succession, légataire universel ou
légataire à titre universel, institué contractuel universel ou à titre universel. Le partage est demandé
contre les mêmes personnes que celles qui peuvent le demander. Le partage est d’ailleurs un droit
réciproque et indivisible.
Le partage est par sa nature un acte de disposition. Il consiste en effet en un échange de parts
indivises. Chaque héritier abandonne sa part dans les biens attribués aux autres, moyennant
l’abandon, par ceux-ci, de leur part dans les biens attribués au premier. Le partage exige la capacité
ou le pouvoir d’aliéner.
Quand un partage a été provoqué ou consenti par une personne qui n’avait pas la capacité ou le
pouvoir requis, il est entaché de nullité relative.
Qu’en est-il du retrait successoral ?
Le retrait successoral est le droit, pour chacun des copartageants d’écarter du partage toute
personne qui n’aurait d’autre titre à y participer qu’une cession de droits successifs qu’elle aurait
obtenue d’un autre copartageant.
Cette institution a pour but d’empêcher que des étrangers s’immiscent dans des affaires et les
secrets de famille, de faciliter le partage, opération souvent épineuse et de combattre la spéculation
; une vente des droits successifs est souvent aléatoire.
55
Le retrait successoral a été critiqué du fait qu’il porte atteinte au droit de propriété et à la liberté des
conventions. L’on estime que l’on ne doit pas admettre l’expropriation pour cause d’utilité privée.
Le code de la famille n’organise pas le retrait successoral. Néanmoins, ce litige peut être tranché
par les cours et tribunaux conformément aux dispositions générales de l’article 817 du code de la
famille.
Quant aux effets du partage, l’attribution des lots aux copartageants crée pour ceux-ci des droits.
L’héritier devient propriétaire des biens compris dans son lot. Il est même censé l’être devenu non
seulement le jour du partage, mais dès l’ouverture de la succession (effet déclaratif du partage).
Le partage amiable est une convention. Il devrait être annulé chaque fois qu’il présente des défauts
qui peuvent affecter une convention (vices de consentement, incapacité, fraude des droits des
créanciers). De même, le partage judiciaire devrait être annulé pour vices de forme, incompétence
du magistrat.
C. Division des créances et des dettes
En cas de pluralité d’héritiers, si les biens corporels compris dans la succession sont soumis au
régime de l’indivision, les éléments incorporels, c’est-à-dire les créances et les dettes du défunt, se
divisent de plein droit entre les héritiers.
Quels seraient le fondement et la portée de ce principe de la division ?
La règle de la division de plein droit des créances et des dettes du défunt est une conséquence de la
continuation de la personne. Les créances et les dettes du défunt deviennent des créances et des
dettes des héritiers et elles se divisent entre eux s’ils sont plusieurs ; chaque héritier devient
créancier pour sa part des débiteurs du défunt et débiteur pour sa part des créanciers de celui-ci.
Entre cohéritiers, en principe, un recours ne doit pas être envisagé, car chaque héritier intervient
proportionnellement à ses droits. Mais un recours est justifié lorsqu’exceptionnellement un des
héritiers a perçu plus que sa part dans une créance successorale ou a acquitté, pour plus que sa part,
une dette de la succession, notamment puisque l’obligation était indivisible. Le recours du cohéritier
qui a payé plus que sa part d’une dette successorale peut se justifier par l’enrichissement sans cause
ou par la gestion d’affaire.
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Aussi, même à l’état pur, la libéralité présente des dangers. Pour le donateur qui s’appauvrit,
parfois il le fait sous l’emprise de mauvaises influences. II peut être victime de sa légèreté ou
d’abus de tiers.
Pour leur forme, les libéralités peuvent être faites par acte authentique ou sous-seing privé ou par
tradition. Lorsqu’un immeuble est transféré gratuitement à une personne, la mutation ne s'opère
qu’après l’observation des règles prescrites par la loi foncière (art. 822).
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propres d’annulation. Mais la question fondamentale reste inchangée : la volonté du disposant a-t-
elle été entièrement libre ? C’est encore une fois une question de fait.
- Conformément au caractère absolu de libéralité que doit présenter le consentement du
disposant, l'annulation d'une libéralité est admise pour des faits de violence physique ou morale.
Soulignons enfin pour le gratifié que son acceptation est utile, mais pas nécessaire au
moment de l’offre.
2. La capacité de disposer et de recevoir à titre gratuit
Toute personne physique ou morale peut disposer de ses biens ou recevoir une libéralité (art. 831).
Les libéralités obéissent, en matière de capacité à des règles propres. Les incapacités de disposer et
de recevoir sont de stricte interprétation. Elles n'existent que dans la mesure où un texte le
consacre, car la capacité est la règle; l’incapacité, l’exception.
Les incapacités de disposer et de recevoir sont impératives. On ne peut y déroger par
convention (art. 832).
A. Capacité de disposer
Toute personne physique ou morale peut disposer de ses biens par libéralité.
Cependant, le mineur est frappé d’une incapacité d’exercice totale. Il est incapable de disposer,
même par représentation (art. 833).
Mais cette règle connaît des exceptions:
- le mineur de quinze ans accomplis ne peut disposer que par testament et jusqu’à concurrence
seulement de la moitié des biens dont la loi permet au majeur de disposer (art. 834). En d'autres
termes, le mineur qui n’a pas 15 ans accomplis ne peut tester. S’il le fait, le testament est
intégralement nul.
- le mineur émancipé peut, sans aucune assistance, faire des présents d’usage ou des
aumônes, s’ils sont en rapport avec sa fortune (art. 835)
L’interdit est assimilé au mineur de moins de 15 ans. Toute libéralité lui est interdite même par
représentation (art.836) alors que les personnes placées sous curatelle dont les prodigues et les
faibles d’esprit peuvent disposer librement par testament et doivent se faire assister pour ce qui
concerne la donation.
Concernant le failli, il n’est, à proprement parler, frappé d’aucune incapacité de donner. Toutefois,
la libéralité est nulle et inopposable à la masse des créanciers si elle est postérieure au jugement
déclaratif de faillite ou si elle est accomplie pendant la période suspecte. Le testament du failli est
toujours valable.
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B. Capacité de recevoir
Toute personne physique ou morale peut recevoir une libéralité. Cependant, certaines personnes ne
peuvent pas recevoir à titre gratuit. C’est le cas des personnes inexistantes, c’est-à-dire celles qui
n’existent pas au moment où la libéralité doit sortir son effet, c’est –à-dire pour la donation au jour
de l’acte, pour le testament au décès du testateur. Ainsi ne peuvent recevoir de libéralités, les
enfants non conçus au jour de l’acte de donation ou au décès du testateur. Il existe des cas où une
libéralité est consentie valablement à une personne qui n’est pas encore conçue (cas d’institution
contractuelle, double donation).
Sont également frappées d’incapacité, les personnes incertaines, celles dont l’identité n'apparaît pas
clairement dans l’acte des libéralités (art. 841, C.F).
Tantôt la détermination de la personne gratifiée ne soulève qu’une difficulté d’application ; mais la
personne gratifiée existe et elle est capable de recevoir. Tel est le cas d'un legs à celui qui épousera
ma fille (alors qu’elle n’est même pas fiancée); un legs à la personne qui gagnera les élections
présidentielles de 2018 alors qu’on est en 2017 et les candidats ne sont même pas connus. La
jurisprudence se montre de fois favorable ici.
Tantôt la détermination de la personne gratifiée rencontre un obstacle de droit. Le disposant a
délibérément voilé l’identité de cette personne, pour la bonne raison que celle-ci était incapable de
recevoir. La jurisprudence se montre ici très sévère et annule la libéralité.
Sont également incapables de recevoir, les mineurs, mais une libéralité faite à un mineur peut être
acceptée en son nom par son représentant légal conformément au droit commun. Il faut
distinguer trois cas : le mineur sous l’administration légale c’est le père et la mère qui acceptent
pour lui ; le mineur sous tutelle, c’est le tuteur autorisé par le conseil de famille et le mineur
émancipé; il peut accepter avec l’assistance de son curateur.
Les prodigues et les faibles d’esprit placés sous curatelle doivent être assistés de leur curateur
pour accepter une libéralité avec charges, un legs universel ou à titre universel (art. 842).
Les personnes morales de droit public (ou de droit privé) ne peuvent accepter toute espèce de
libéralité que conformément aux dispositions légales ou statutaires qui les régissent (art. 843). Les
entités administratives non dotées de la personnalité morale ne peuvent accepter toute espèce de
libéralité que moyennant l’autorisation du gouvernement de province ou de la ville de Kinshasa
(art. 844). Ceci se justifie d’abord par le souci d’éviter les abus de la mainmorte. L’Etat doit
empêcher une trop grande concentration de richesses entre des mains toujours ouvertes pour
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acquérir et mortes pour aliéner. Bien souvent, les biens acquis par ces entités sont soustraits à la
circulation économique, l’une des assises de la prospérité générale. Ensuite la nécessité d’une
autorisation gouvernementale permet à l’Etat de faire respecter le principe de la spécialité des
immeubles appartenant aux personnes morales.
Il existe aussi des incapacités spéciales qui frappent les médecins qui auront traité une personne
pendant la maladie dont elle meurt. Ceux-ci ne pourront profiter des dispositions entre vifs ou
testamentaires qu’elle aurait faites en leur faveur pendant le cours de cette maladie (art. 845). La
même interdiction frappe les infirmiers, les pharmaciens et les ministres de culte.
Elle se fonde sur l’abus d’influence. La loi redoute que les médecins, infirmiers, pharmaciens et
ministre de culte n’usent de l’influence que les circonstances leur donnent sur le malade pour se
faire consentir des libéralités qu’ils n’auraient pas obtenues autrement.
3. De l’objet, de la cause et des conditions des libéralités
A. Objet (règles restrictives)
Outre les restrictions tenant à l’ordre public et aux bonnes mœurs (art. 846), l’objet d’une libéralité
ne peut consister en services, car le propre d’une libéralité est de transmettre des droits du disposant
au gratifié. C’est en cela qu’une libéralité se distingue des autres actes à titre gratuit. L’on ne peut
donner ou léguer des services.
Elle ne peut en outre consister en des choses futures, car la loi prohibe en principe la donation des
biens à venir, c'est- à-dire de biens qui n'appartiennent pas encore au disposant. Cette règle découle
du caractère irrévocable que la loi veut imprimer aux donations pour inciter le disposant à y
réfléchir deux fois avant de les faire. En effet, la donation de biens à venir n’est pas irrévocable en
ce sens qu’il ne tient qu’au donateur de ne pas acquérir les biens qu’il avait donnés. De plus, il faut
que le donateur se dépouille immédiatement. Or il ne le fait pas en donnant des biens futurs.
Elle ne peut enfin consister en des choses d’autrui, car toute libéralité qui comprend une chose
d'autrui est nulle (art.
848). En effet, les libéralités impliquent le transfert de la propriété. L’on ne peut léguer ni donner
la chose d'autrui. La libéralité portant sur la chose d'autrui n'est frappée que de nullité relative car
elle ne touche qu’à des intérêts privés.
B. Cause
Dans les actes à titre onéreux, la cause de l’obligation réside en l'avantage obtenu ou stipulé en
retour. Pareil avantage ne se rencontre pas, par définition, dans les actes à titre gratuit. Pourtant, eux
aussi doivent avoir une cause. Le code de la famille formule cette exigence dans l’article 849 qui
63
dispose : « Une disposition entre vifs ou testamentaire déterminée par un mobile contraire à la loi
ou aux bonnes mœurs est de nul effet.
On place aujourd’hui la cause des libéralités dans les mobiles qui ont déclenché l’intention
libérale, dans les motifs sans lesquels la libéralité ne s’expliquerait pas; plus simplement encore
dans le but poursuivi lors de la libéralité.
En intégrant, dans la libéralité, les mobiles qui l'ont déclenchée ou les motifs qui l'ont dictée ou le
but qu'elle poursuit, l'on parvient à combattre bien des dangers de l'institution. Ainsi on peut
annuler une libéralité en l'absence du motif allégué comme déterminant ; suite à une erreur sur la
cause (ce qui suppose la preuve de la cause véritable) ou pour une cause illicite.
Une libéralité n'est pas toujours pure et simple. Elle peut être avec charges; libéralité par laquelle
est imposée au gratifié une obligation (exécuter des prestations au profit du disposant ou de tiers);
elle peut aussi être conditionnelle, libéralité dont l’existence ou la résolution est subordonnée à la
survenance d'un événement futur et incertain.
Le rapport des legs ou dons ne peut avoir lieu qu’à l’ouverture de la succession du disposant. Celui
qui réclame le rapport d’une libéralité doit prouver l’existence de cette libéralité. Il peut recourir à
la preuve testamentaire et à la preuve par prescriptions humaines.
65
C’est au donataire qui prétend avoir été dispensé du rapport à faire la preuve de la dispense qu’il
invoque.
Quelles sont les libéralités soumises à
rapport ?
L’art. 855 CF ne fait pas de distinction entre les donations et les legs. Ainsi, tous les legs comme les
donations peuvent être rapportés.
L’héritier doit rapporter tout ce qu’il a reçu du défunt sans distinction. Tous les legs sans aucune
restriction sont sujets à rapport. Il n’y a pas à distinguer si le legs est à titre universel ou à titre
particulier.
Quant aux donations entre vifs, la règle est également qu’elles sont rapportables. Tout héritier doit
rapporter à ses cohéritiers tout ce qu’il a reçu du défunt, par donation entre vifs directement ou
indirectement peu importe la nature ou l’importance des biens donnés.
Le rapport comprend tout ce qui a été employé pour l’établissement d’un des cohéritiers ou pour le
paiement de ses dettes (art. 859).
Quelles sont les libéralités dispensées de rapport.
La loi excepte du rapport, les frais engagés pour la nourriture, l’entretien, l’éducation,
l’apprentissage, les frais ordinaires d’équipement, ceux des noces et des présents d’usage (art. 860).
Cette disposition est fondée sur l’idée de l’obligation alimentaire à l’égard de ses proches parents.
Par ailleurs, l’art. 861 dispense des rapports l’immeuble qui a péri par cas fortuit ou sans faute du
donataire. Cependant, si la perte a donné lieu à une indemnité, celle-ci fera l’objet de rapport.
Comment s’effectue le rapport (art. 863 et ss)?
Le rapport des libéralités peut se faire en nature. C’est un rapport réel ; le bien donné sera
réellement dans la masse partageable et subira le sort du partage comme s’il n’était pas sorti du
patrimoine du défunt. Ce mode de rapport est considéré comme le procédé qui respecte, le mieux,
l’égalité dans le partage. En effet, si le bien remis dans la masse est convoité par l’un des
cohéritiers, ses chances de l’obtenir sont égales à celles de tous les autres cohéritiers.
Le rapport en nature affiche, néanmoins, des défaillances. Sur le plan économique, l’héritier
gratifié d’un bien qu’il risque de rapporter pourrait ne pas l’exploiter autant qu’un bien
définitivement acquis. Aussi, pour les tiers (les créanciers). Avant le rapport, le bien faisait partie
du gage des créanciers de l’héritier gratifié ; après le rapport, si le bien en question ne tombe plus
dans son patrimoine, ses créanciers perdent une garantie sur laquelle ils avaient compté.
66
Le rapport peut se faire aussi en moins prenant. Ici, le donataire conserve les biens donnés, mais
prend d’autant moins dans la masse. Ce mode de rapport donne à l’héritier gratifié la certitude de
conserver le bien donnée et par conséquent lui offre la possibilité de se consacrer, le cas échéant, à
son exploitation. Il garantit également une certaine sécurité pour les droits des tiers (créanciers).
Le rapport se fait, également en récompense. Ainsi, le donataire peut payer à ses cohéritiers la
valeur de la donation. Il se fait, en outre, par compensation, quand tous les héritiers doivent
rapporter des sommes égales.
Le rapport des biens meubles se fait en principe en moins prenant ; et celui des immeubles se fait
en principe en nature (art. 864).
Le rapport des dettes est un mode spécial de recouvrement des dettes dont l’un ou l’autre des
cohéritiers peut êtretenu envers la succession.
Le rapport des dettes est établi dans l’intérêt des cohéritiers de l’héritier débiteur. Il a paru
équitable que l’héritier, qui est débiteur de la succession, ne puisse venir au partage que quand il est
libéré de sa dette, même avant l’échéance, soit par un paiement effectif soit par un rapport en moins
prenant.
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qu’aujourd’hui les fortunes entières consistent en meubles corporels (tableaux, bijoux, livre) et
peuvent se dissiper par dons manuels.
2. La donation indirecte
Toute stipulation pour autrui, remise de dette, renonciation translative d’un droit, paiement pour
autrui qui se réalise àtitre gratuit et sans simulation est réputée une donation indirecte.
C’est le cas, par exemple, de l’assurance vie, la renonciation successorale.
La donation indirecte se réalise en dehors du contrat de donation, c’est-à-dire, d’un acte juridique
différent dont elle emprunte la forme et qu’elle utilise comme support. Pour cela, la donation
indirecte est considérée comme une simplification étant donné que 2 actes s’accomplissent en un
seul (remise de dette).
3. La donation déguisée
Aux termes de l’art. 880 CF, tout acte à titre onéreux qui simule la transmission gratuite d’un bien
est réputé une donation déguisée (art. 880). La donation déguisée est une donation dissimulée sous la
forme d’un acte à titre onéreux. L’on emploie surtout le contrat de vente; les parties déclarant
faussement dans l’acte que le prix a été payé alors qu’il ne sera jamais payé.
La validité de ces contrats n’est pas douteuse. Le droit commun permet les contre lettres et il n’y
est pas dérogé en matière de donations. Elle n’est valable qu’autant qu’elle ne constitue pas une
fraude à la loi ou aux droits des tiers.
4. La donation rémunératoire
La donation est dite rémunératoire quand elle est faite, sans obligation dans le chef du donateur, en
récompense de services rendus. L’existence d’une donation rémunératoire dépend non pas de la
volonté du donateur, mais d’une question de droit. Y a-t-il dette ou pas ? Si oui la donation
rémunératoire est tout simplement un payement ou une donation en payement.
5. La donation en faveur du mariage et donation entre époux
Le code de la famille appelle donation en faveur de mariage, toutes donations faites en
considération d’un mariage
projeté. Elles se distinguent nettement des donations entre époux qui supposent le
mariage déjà célébré.
L’on suppose le mariage accompli, et non plus seulement projeté. Les époux peuvent faire pendant
le mariage toute espèce de donations: donations formelles, donations indirectes, donations
déguisées, dons manuels, institutions contractuelles.
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La donation entre époux obéit à un régime propre qui culmine dans la règle qu’elle est toujours
révocable. Pourquoi les donations entre époux présentent des dangers ? Elles peuvent prêter à des
abus d'autorité d'un époux sur l’autre, au chantage... Aussi certaines législations vont- elles jusqu'à
prohiber purement et simplement les donations entre époux.
6. La donation avec charges
L’on entend par donation avec charges, la donation où le donataire s’engage à accomplir une
prestation. C’est une donation fréquente et permet au donateur d’atteindre, au moyen de sa
donation, un but intéressé. Peu de donations sont désintéressées.
Les charges peuvent être au profit du disposant comme elles peuvent être stipulées au profit du
gratifié ou d’un tiers.
Quant aux dettes indéterminées, le donateur ne peut imposer au donataire de payer des dettes dont
on ne peut dès à présent apprécier la valeur et le montant. Car il ne tient qu’au donateur de grossir
son passif en contractant de nouvelles dettes au point que la charge dépasse la donation.
- Réserve du droit de disposer du bien donné
Si le donateur se réserve le droit de disposer des biens donnés, il fait une donation révocable, donc
nulle. En effet, l’article 887 du code de la famille dispose : « que toute donation entre vifs dans
laquelle le donateur se réserve le droit de disposer d’un ou de plusieurs biens donnés est nulle à cet
égard.
- La donation des biens à venir
La donation entre vifs ne pourra comprendre que les biens présents du donateur; si elle comprend
des biens à venir, elle sera nulle à cet égard (art. 847).
Les biens présents sont ceux dont le donateur est actuellement propriétaire, ou sur lesquels il a
actuellement un droit qui est immédiatement transféré au donataire.
Par biens à venir, on entend ceux qui, au moment de la donation, n'existent pas encore dans le
patrimoine du donateur.
Bref il s’agit des biens sur lesquels le donateur n’a encore
aucun droit.
Cependant, il est permis des donations avec réserve d’usufruit (art. 888) : ici, le donateur fait la
réserve à son profit ou
au profit d’un autre de la jouissance ou de l’usufruit des biens meubles ou
immeubles donnés.
C’est pareil pour le droit de retour successoral. Le donateur peut disposer que le bien donné lui fera
retour en cas de prédécès du donataire. Il arrive souvent, en effet, que le donateur désire avantager
telle personne déterminée mais non ses héritiers.
La clause de retour successoral ne viole pas la règle de l’irrévocabilité des donations parce que la
condition qu’elle prévoit ne dépend pas de la volonté du donateur mais plutôt du hasard.
2. Les exceptions à la règle de l'irrévocabilité des donations entre vifs
Il sied de souligner ici que les interdictions analysées supra (celles d’insérer dans le contrat des
clauses qui lui permettraient de faire revenir dans son patrimoine les biens donnés) sont des
conséquences du principe de l’irrévocabilité et constituent une restriction à la liberté
contractuelle. Par contre, Les causes de révocation analysées sous ce point sont des causes légales,
indépendantes de la volonté du donateur, des causes de révocation que la loi autorise.
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Il y en a trois (art. 890 et 891) : l’ingratitude du donataire; l’inexécution des charges auxquelles la
donation aurait été subordonnée et la survenance d'un enfant au donateur.
La révocation pour cause d'inexécution des charges ou pour cause d’ingratitude ou de survenance
d’enfants n’a jamais lieu de plein droit.
A. L’ingratitude
Le donataire doit de la reconnaissance au donateur pour le bienfait qu’il a reçu de lui. Mais comment
sanctionner ce devoir en droit? Lui donner de trop larges proportions serait compromettre
l’irrévocabilité des donations et serait aussi exposer les parties à l’arbitraire du juge.
Aussi, la possibilité de révocation pour ingratitude présente un caractère nettement restrictif. La
donation ne peut être révoquée pour cause d'ingratitude que si le donataire a attenté à la vie du
donateur; s’il s’est rendu coupable envers lui des sévices ou injures graves et s’il lui refuse aide et
assistance en cas de besoin.
Dans le premier cas, l’article 892 se contente de l’attentat, sans exiger condamnation. Il suffit
donc d’une tentative, même non punissable.
Dans le deuxième cas, les sévices comprennent tous actes de cruauté envers les personnes, mauvais
traitements, violences, privations, etc. les injures consistent en faits outrageants : propos injurieux,
offenses publiques, froideur blessante. Ces faits doivent revêtir un caractère de gravité suffisant
pour dénoter l’ingratitude.
Dans le troisième cas, enfin, il s’agit notamment de refus d'aliments. Il n’existe pas de véritable
obligation alimentaire à charge du donataire. Le donateur ne pourrait contraindre le donataire à lui
servir des aliments. Mais si le donataire lui refuse les aliments, il pourra poursuivre en justice la
résolution de la donation du chef d’ingratitude. Le juge a un large pouvoir d’appréciation pour
accorder ou non cette résolution. Il tiendra compte de l’importance de la donation et de l’état de
besoin du donateur.
B. Survenance d’enfants
Quand le donateur n’a pas d’enfant le jour de la donation, mais qu’il lui en survient un par la suite, la
donation se trouve révoquée. Le fondement de ce principe est l’intérêt de la famille. La loi se méfie
de donations. Elle ne les tolère que si elles ne nuisent pas à ceux qu’elle dépouille.
C. L’inexécution des charges
Quand le donateur subordonne la donation à des charges qu'il impose au donataire, celui-ci en
assume l’exécution en acceptant la donation. Les charges transforment la donation en un contrat
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synallagmatique. Elle tombe ainsi sous l'application du principe que l’une des parties a le droit de
demander la résolution du contrat, quand l’autre n’exécute pas ses obligations (art. 893).
L’inexécution des charges donne ouverture à deux actions :
- Le donateur peut exiger l’exécution des obligations contractées par le gratifié. Il s’agit d’une
conséquence normale,
car la donation avec charges se conçoit, dans une certaine mesure, comme un contrat
synallagmatique.
- Le donateur peut demander la révocation de la donation, c’est-à-dire demander en justice, car il
ne l’a pas de plein droit. Dans ce cas, cette demande doit être faite dans un délai d’une année à
compter du jour où le donateur a eu connaissance du fait de l’inexécution. En cas de révocation de
la donation par le tribunal, le donataire n’est pas tenu de restituer les fruits perçus jusqu’au moment
où commence l’action. Enfin, le bien restitué entre dans le patrimoine du donateur sans charge ni
hypothèque.
D. Révocabilité des donations entre époux pendant le mariage
Toute donation faite par l'un des époux à l’autre est essentiellement révocable (art. 889). Ceci est
une règle spéciale, qui s'oppose au principe « donner et retenir ne vaut ». C’est même une
dérogation au principe que toute convention tient lieu de loi à ceux qui l’ont faite (art. 33, CCCL
III), car l’époux donateur peut rompre le contrat et reprendre la donation par sa seule volonté sans
devoir se justifier.
Le motif de l'article 889 se trouve dans la crainte du législateur qu'une donation d’un époux à
l’autre ne soit pas suffisamment libre ou ne résulte que d’un élan passager.
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3. Conditions requises
Tout partage d'ascendant suppose qu’il émane d'un ascendant, qu'il comprenne tous les
descendants et qu’il répartisse les biens de la succession entre ces descendants.
Qui est ascendant ?
L’article 899 CF ne permet le partage d’ascendant qu’aux père et mère et autres ascendants.
D’autres personnes que les ascendants ne pourront pas faire ce partage (Ex. oncle en rapport avec
ses neveux).
Qui est descendant ?
Tous ceux que la loi appelle à la succession de l’ascendant doivent être compris dans le partage
(enfants nés pendant le mariage, enfants nés hors mariage, enfants adoptés, les petits enfants
appelés par représentation).
Comment se fait la répartition des biens ?
Il ne suffit pas que l’ascendant transmettre ses biens à ses enfants, par donation ou par testament,
pour qu’il y ait partage ; il faut qu’il assigne à chacun de ses enfants un lot.
Le partage d’ascendant peut englober tous les biens du disposant (partage-total) ou certains d’entre
eux seulement (partage partiel). Quand le partage ne comprend que certains biens, les autres sont
attribués d'après les règles de la succession légale ou testamentaire.
SECTION II. SUBSTITUTION FIDEICOMMISSAIRE
1. Définition
La substitution fidéicommissaire est une double libéralité. Par la substitution fidéicommissaire, le
disposant, au moyen d’une donation ou plus généralement au moyen d’un legs, règle le sort de ses
biens pendant plusieurs générations en fixant d’avance leur dévolution successive. Le disposant
gratifie donc une première personne à charge pour celle-ci, de transmettre les biens après sa mort à
une seconde (art. 911 CF).
Il charge ainsi la personne gratifiée qu’on appelle le grevé de substitution, de conserver le bien
donné ou légué et de le transmettre à son décès, à un tiers désigné d’office qu’on appelle l’appelé à
la substitution. Celui-ci peut être à son tour chargé de transmettre ledit bien à une autre personne et
ainsi de suite.
2. Prohibition (art. 9I2).
Sont prohibées, les substitutions par lesquelles le donataire, l’héritier institué ou le légataire est
chargé uniquement de conserver et de transmettre un bien à un tiers.
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Toute institution contractuelle, quoique faite au profit seulement des époux ou de l’un d’eux, est
toujours, dans le cas de survie du donateur, présumée faite au profit des enfants et descendants à
naître du mariage (art. 905).
2. Caractère des institutions contractuelles ou donation des biens à venir
Les deux noms que porte l'opération mettent chacun l'accent sur ce qu'elle a de particulier. Les
mots institution contractuelle soulignent qu’il s'agit d'une institution d’héritier par contrat. Les mots
donation des biens à venir opposent l’opération aux donations ordinaires qui ne peuvent porter que
sur des biens présents.
L’institution contractuelle se rencontre surtout entre époux ou entre futurs époux. Elle leur
tient lieu de droit successoral.
3. Champ d’application
Quant aux personnes : l'institution contractuelle se réalise entre futurs époux. L’article 906 précise
que toute donation faite en faveur du mariage est caduque si le mariage ne s’ensuit pas.
Une institution contractuelle entre époux pendant le mariage est licite. La donation faite à l’un
des époux devient caduque, si l’instituant survit à l’institué et à sa postérité (art. 907).
Enfin, l’institution contractuelle peut être instituée par un tiers en faveur des époux ou
de futurs époux.
Quant aux biens : comme les legs, l’institution contractuelle peut avoir pour objet l’universalité des
biens que l’instituant laissera au jour de sa mort (biens à venir, en un mot sa succession, institution
universelle ; une quote-part de ces biens (institution à titre universel); des biens déterminés
(institution à titre particulier).
4. Forme
Toute institution contractuelle doit, à peine de nullité, être stipulée par acte authentique établi, soit
par un notaire soit par un officier de l’Etat civil (art. 908).
Elle est portée à la connaissance de l’officier de l’Etat civil, soit au moment de l’enregistrement
du mariage soit au moment de sa célébration, soit dans l’acte de mariage.
Elle n’est opposable aux tiers que lorsque l’officier de l’Etat civil en porte mention dans l’acte de
mariage et dans l’acte constatant le régime matrimonial des époux.
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