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Année Académique :

2021 - 2022

COURS DE DROIT
DES REGIMES
MATRIMONIAUX
Dispensé par Maître NSOLOTSHI MALANGU

4ème Année des études en Droit


UNIVERSITÉ DE KABINDA
CT. Maître NSOLOTSHI MALANGU/2022/UNIKAB |1

INTRODUCTION
Le régime matrimonial est l’ensemble des règles qui régissent la propriété et la
gestion des biens des époux. Ces règles visent à régler la confusion de biens dans
laquelle les époux vivent, à équilibré la situation patrimoniale de l’époux qui
contribuerait à la richesse de son conjoint par les travaux domestiques permanents et
à conforter l’unité et l’harmonie du ménage.
En RDC, ces règles sont contenues dans le code de la famille. Le Droit des régimes
matrimoniaux est une sous-branche du Droit Civil se situant au carrefour du Droit
civil les personnes, le Droit civil les biens, le Droit civil des obligations et les Droit
civil des successions. En effet, les régimes matrimoniaux comme le droit de la
famille, ils régissent des biens époux dans les rapports entre conjoints d’une part et
dans les rapports entre les époux et les tiers d’autre part. En outre, en cas de décès
d’un époux laissant un conjoint survivant, la succession du decujus ne peut être
déterminé qu’après la liquidation du régime matrimonial.
Du point de vue de la propriété, on distingue dans le monde, deux principales
catégories de régimes matrimoniaux :
- les régimes communautaires : ceux dans lesquels il y a la prédominance de masse
commune aux époux (communauté universelle, communauté réduite aux acquêts,
communauté des meubles et acquêts, etc.)
- les régimes séparatistes : ceux dans lesquels chaque époux est propriétaire de seuls
biens qu’il a acquis par lui-même et par les libéralités qui lui sont faites. Il en est
ainsi du régime de la séparation pure et simple et du régime dotal (celui dans lequel
chacun des époux amène une dot constituée d’un ou plusieurs biens de valeur au
mariage en vue de contribuer aux charges du ménage et en reprend à la dissolution
du mariage).
Par ailleurs, du point de vue de la gestion, on distingue généralement, le régime de
la gestion maritale de tous les biens des époux, le régime de la gestion des biens
propres par chacun des époux propriétaires et la gestion des biens communs soit par
le mari, soit de manière collégiale ou conjointe, soit de manière concurrente.
Chaque pays organise par combinaison soit plusieurs régimes matrimoniaux parmi
lesquels les époux choisissent un, soit la possibilité pour les futurs époux de conclure
leur propre convention de régime matrimonial en respectant certains principes
fondamentaux. La Rdc a opté pour le premier système. En effet, le code congolais
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de la famille organise 3 régimes matrimoniaux spécifiques parmi lesquels les époux


choisissent un.
Le cours est réparti en deux chapitres : les règles générales et communes des régimes
matrimoniaux et les régimes matrimoniaux spécifiques.
CHAPITRE Ier. LE REGIME MATRIMONIAL GENERAL OU REGLES
GENERALES DES REGIMES MATRIMONIAUX
Autrement appelé régime primaire ou régime commun, le régime matrimonial
général est l’ensemble des règles qui s’ajoutent et s’appliquent en même temps avec
les règles du régime matrimonial spécifique choisi par les époux. Art 474 CF
Il s’agit principalement des articles 473 à 504 du code congolais de la famille. Ces
articles sont complétés par plusieurs autres dispositions légales et principes généraux
du droit.
Les règles générales des régimes matrimoniaux peuvent être regroupées en 5 points
essentiels :
- Les règles générales relatives au mécanisme d’établissement du régime
matrimonial spécifique applicable aux époux ;
- Les règles générales relatives à la propriété des biens et règlement des dettes
contractées par les époux ;
- Les règles générales relatives à la Direction et contribution aux charges du
ménage ;
- Les règles générales relatives à la gestion des biens des époux ;
- Les règles générales relatives à la modification du régime matrimonial ;
- Les règles générales relatives à dissolution et liquidation du régime
Matrimonial.
I.1. Etablissement du régime matrimonial spécifique applicable aux époux
1. Principe
En ce qui concerne l’établissement du régime matrimonial, il existe deux principaux
systèmes au monde : le système libéral accordant aux époux le pouvoir de convenir
leur propre régime matrimonial dans le respect des principes généraux et le système
d’organisation légale de quelques régimes matrimoniaux avec obligation pour les
époux d’en choisir un avec ou sans possibilité de le modifier. La république
démocratique du Congo applique ce dernier système, celui de l’organisation légale
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de quelques régimes matrimoniaux avec devoir pour les époux d’en choisir un sans
possibilité de le modifier.
Le code congolais de la famille organise 3 régimes matrimoniaux spécifiques parmi
lesquels les futurs époux ou les époux doivent choisir un seul devant régir leurs
rapports pécuniaires pendant le mariage et à la dissolution de celui-ci. Ces 3 régimes
sont :
- Le régime de la séparation des biens ;
- Le régime de la communauté réduite aux acquêts ; et
- Le régime de la communauté universelle. (Art. 487 CF)
Les futurs époux choisissent le régime matrimonial au moment de la célébration du
mariage devant l’officier de l’état civil tandis que les époux (dont le mariage a été
célébré en famille ou qui veulent changer le régime matrimonial) choisissent leur
régime matrimonial au moment de l’enregistrement du Mariage à l’état civil.
Avant ce choix, l’officier de l’état civil explique aux époux ou futurs époux
l’économie générale de chaque régime matrimonial afin de leur permettre d’opérer
un choix éclairé.
Il convient de signaler en passant que le choix du régime matrimonial dépend de la
vision que les futurs époux ont du mariage et des biens et qu’il n’y a donc pas en
principe de bon et de mauvais régime. En effet les régimes communautaires ont
l’avantage majeur de privilégier l’harmonie du ménage par l’unicité de la gestion des
biens importants, la confirmation du statut du mari comme chef du ménage et
l’équilibre patrimonial entre époux au moment de la dissolution du régime
matrimonial. Cependant, ce régime risquer d'avantager injustement le mari
gestionnaire et d’encourager la paresse de l’époux non travailleur. Inversement, le
régime de la séparation incite chaque époux à travailler plus pour enrichir son
patrimoine mais son individualisme risque de nuire à l’harmonie du ménage. Ainsi,
il appartient à l’officier de l’état civil d’expliquer aux futurs époux les conséquences
juridiques de chaque régime quitte à eux de choisir leur régime selon leur propre
vision.
Il y a lieu de noter que le régime matrimonial est choisi et fixé par les époux ou futurs
époux au moment de l’établissement de l’acte de mariage dans lequel il sera
mentionné. Si les époux n’aboutissent pas à un choix ou lorsque les époux refusent
de choisir un quelconque régime matrimonial, l’officier de l’état civil le constate et
en fait mentionne dans l’acte de mariage. Dans ce cas, il est appliqué aux époux, le
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régime de la communauté réduite aux acquêts qui est un régime supplétif. Ainsi le
régime matrimonial choisit ne rétroagit pas, il est censé s’appliquer aux époux à partir
de sa fixation ou de la date de l’acte de mariage, jusqu’à sa dissolution.
Le régime matrimonial est donc un acte solennel en ce qu’il est un choix ou une
expression de volonté qui ne peut être faite que devant l’officier de l’état civil et
constaté dans l’acte de mariage. Arts 488, 489 et 473 CF
2. Problématique du régime Matrimonial dans le mariage célébré en famille et
non enregistré.
L’article 379 du code de la famille soutient que « … le mariage célébré en famille
sort tous ses effets à la date de sa célébration, même en l’absence de
l’enregistrement ». Cet article rend valable le mariage célébré en famille et non
enregistré et lui reconnait tous les effets juridiques. Pour cela, certains pensent que
le mariage célébré en famille et non encore enregistré serait régit par le régime
matrimonial de la communauté réduite aux acquêts parce que celui-ci est le régime
légal applicable aux époux qui n’ont pas choisis un quelconque régime matrimonial.
En effet, l’article 489 du code congolais de la famille dispose que « si les époux n’ont
pas régulièrement opéré leur choix, le régime de la communauté réduite aux acquêts
leur sera applicable. De même, si le mariage est annulé, le régime matrimonial
choisi sera considéré comme inexistant et celui de la communauté réduite aux
acquêts leur sera applicable ». A l’appui de cet article 379 on y ajoute l’article 441
qui dispose que « tous les mariages produisent les mêmes effets qu’ils aient été
enregistrés ou célébrés ». En outre, le principe général fait du régime matrimonial
un accessoire nécessaire du mariage : il n’y a donc pas de régime matrimonial sans
mariage et il n’y a pas de mariage sans régime matrimonial.
Au vu de ce qui précède, certains juristes concluent que le régime de la communauté
réduite aux acquêts est celui qui s’applique à tout mariage valable dans lequel les
époux n’ont pas choisi un quelconque régime matrimonial. C’est ainsi qu’il
s’applique aux mariages dans lesquels les époux refusent d’effectuer un choix, aux
mariages annulés ainsi qu’aux mariages monogamiques coutumiers conclus avant
l’entrée en vigueur du code congolais de la famille soit avant le 1er aout 1988 (art
928 CF).
A notre avis, cette argumentation ne peut convaincre. En effet, le régime matrimonial
est un acte civil solennel et formaliste qui ne peut exister que par son enregistrement
à l’état civil. C’est ce qui ressort de l’esprit et de la lettre des articles 473 et 488 du
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code de la famille. L’article 473 du code de la famille dispose que « la présente


section (sur les régimes matrimoniaux) règle les effets pécuniaires dérivant du
mariage, entre les époux et vis-à-vis des tiers et ce, à dater du jour de la célébration
ou de l'enregistrement du mariage devant l'officier de l'état civil ». Il en résulte que
contrairement aux autres effets du mariage, ceux relatifs au régime matrimonial ne
se produisent qu’à dater de la célébration devant l’officier de l’état ou de
l’enregistrement du mariage célébré en famille par l’officier de l’état civil.
Le dernier alinéa de l’article 488 dispose clairement que « au moment de la
célébration du mariage ou de l'enregistrement de celui-ci, l'officier de l’état civil
demandera (aux époux) de fixer leur choix. Il actera leur réponse ou le manque de
réponse dans l'acte de mariage ». Il est donc clair que le régime matrimonial
applicable au mariage commence à la célébration devant l’officier de l’état ou à
l’enregistrement de celui-ci. Le régime légal de la communauté réduite aux acquêts
ne peut s’appliquer d’office qu’aux époux qui, interrogés sur le choix du régime
matrimonial par l’officier de l’état civil, ils n’en ont pas choisi un. Aucune
disposition légale ne recommande d’appliquer le régime de la communauté réduite
aux acquêts aux époux mariés en famille sans enregistrer leur mariage. Il n’est pas
nécessaire de rappeler que si le principe général veut que tout mariage ait un régime
matrimonial, celui-ci ne peut donc exister que si son acte est accompli conformément
à la loi.
Donc le mariage célébré en famille et non enregistré n’a aucun régime
matrimonial qui lui soit applicable. Si ce mariage est dissout sans
enregistrement par la mort de l’un des conjoints, leurs biens seront réglés
comme ceux de personnes non mariées. Si l’un des époux demande le divorce,
le juge suspendra le procès jusqu’à l’enregistrement qui ne sera opéré que sur
décision du tribunal compétent conformément aux article 378 et 380 alinéa 2 du
code de la famille
Toutefois, lorsque le mariage célébré en famille vient à être enregistré avec
application du régime de la communauté réduite aux acquêts, les biens acquis
individuellement par chacun des époux depuis la célébration en famille, constituent
des acquêts et sont communs entre époux. De même, si le mariage célébré en famille
vient à être enregistré avec choix du régime de la communauté universelle, tous les
biens des époux acquis avant et après la célébration du mariage en famille sont
communs. Si le mariage célébré en famille vient à être enregistré avec choix du
régime de la séparation, chacun des époux conserve la propriété des biens acquis
individuellement.
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I. 2. Propriété des biens et charge des dettes contractées par les époux
Dans les régimes matrimoniaux la propriété des biens des époux ainsi que les dettes
contractées par eux, sont distingués en termes de masses :
- Masse des propres du mari ;
- Masse des propres de la femme ; et
- Masse commune (ou Masse indivise).
Chaque masse est censée être composée de l’actif (les biens) et du passif (les dettes
correspondantes).
Le bien propre d’un époux est celui dont il dispose seul le droit de propriété. A la fin
du régime matrimonial, celui-ci est repris en nature par le seul époux propriétaire.
Il appartient à l’époux qui prétend qu’un bien lui est propre, d’en apporter la preuve
conformément à la loi. Pour éviter la fraude, un époux ne peut opposer au tiers le
statut d’un bien propre que lorsque celui-ci le savait ou devrait le savoir. Ainsi, un
tiers créancier peut poursuivre valablement un bien propre du conjoint de l’époux
débiteur lorsqu’il a pu croire que le bien appartient à ce dernier. (Art 492 al 3 et 519
al 3 CF)
Cependant le bien commun ou indivis est celui qui constitue une copropriété des
époux et dont ceux-ci doivent se partager par moitié entre eux, à la dissolution du
régime matrimonial. La détermination des biens communs ou indivis aux époux
dépend d’un régime matrimonial à un autre. Toutefois, tout bien dont il n’est pas
prouvé qu’il appartienne exclusivement à un des époux, est présumé être commun
ou indivis (arts 492 al 1er et 503 CF). Lorsqu’il est établi qu’un bien est commun aux
époux, la preuve de sa propriété exclusive en faveur d’un seul des époux, quelle
qu’elle soit, est inopérante. Il en est ainsi même lorsqu’il s’agit du certificat
d’enregistrement des biens fonciers et immobiliers. Par exemple, si une parcelle est
commune aux époux selon leur régime matrimonial et qu’elle se trouve enregistrée
au nom de l’un d’eux, ce certificat d’enregistrement devient inopérant ; la parcelle
doit être partagée ou licitée par moitié entre les deux époux ou anciens époux. (Le
régime matrimonial est un droit spécial des biens, il déroge au droit général qui est
le droit civil des biens).
La communauté des biens entre époux est une institution juridique spéciale qui
s’apparente à la copropriété dans la mesure où les époux ont droit de se partager les
biens communs à la dissolution du régime matrimonial. Cependant, la communauté
matrimoniale ne se confond pas avec l’indivision ordinaire dans la mesure où les
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époux ne peuvent pas librement y mettre fin comme c’est le cas dans toute
copropriété ordinaire. De même que la gestion de la communauté matrimoniale est
spécialement dominée par le principe de pouvoir marital qui n’est pas dans
l’indivision ordinaire. Aussi, la communauté matrimoniale n’est ni une société ou
association ni une personnalité morale. En effet, la société est la mise en commun
des biens pour se partager les profits mais la communauté matrimoniale ne poursuit
pas un lucre ; de même que la communauté matrimoniale n’est pas un groupement
personnalisé qui puisse avoir des objectifs distincts de ceux époux ni agir
indépendamment des époux.
La dette propre de l’époux est celle qui doit être payée avec les seuls biens dont il est
le seul propriétaire ou avec les biens communs, sous réserve dans ce dernier cas, de
l’application des règles de compensation entre les différentes masses des biens.
La détermination des dettes propres d’un époux dépend d’un régime à un autre. (Cfr.
Infra)
Par ailleurs la dette solidaire (ou commune) est celle qui peut être payé soit avec les
biens communs soit avec les biens propre de l’un ou l’autre époux, sous réserve dans
ce dernier cas de l’application des règles de compensations entre les différentes
masses des biens. Sont solidaires, les dettes contractées par l’un des époux ou tous
les deux époux pour répondre aux charges du ménage (art 477 et 523 al 2 CF). Sont
aussi solidaires, les dettes que les 2 époux ont contractées en stipulant que l’un ou
l’autre peut être tenu au paiement du tout, conformément au droit commun des
obligations (arts 98 et 100 du CCC LIII).
I. 3. Direction et contribution aux charges du ménage
Selon l’article 443 du Code congolais de la famille, « le ménage désigne les époux,
leurs enfants non mariés et à charge ainsi que tous ceux envers qui les époux sont
tenues d’une obligation alimentaire, à condition que ces derniers demeurent
régulièrement dans la Maison conjugale et soient inscrits au livret de ménage ».
En d’autres termes le ménage est l’ensemble des époux, leurs enfants à charge et
leurs parents créanciers d’aliment qui vivent avec eux dans la maison conjugale.
Cependant, la séparation de corps entre époux ne met fin au ménage qui continue à
exister dans les besoins de ses membres.
La vie du ménage nécessite plusieurs décisions et activités à entreprendre pour son
bon fonctionnement, notamment :
- La fixation du lieu du domicile et l’érection de la Maison conjugale ;
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- L’intégration des personnes étrangères dans le ménage ;


- La détermination et l’approvisionnement des nourritures à consommer par les
membres du ménage ;
- L’achat des meubles meublant pour équiper la maison ;
- La souscription des services nécessaires pour l’hébergement et le
raccordement en eau, électricité, télévision, soins de santé, … au profit de
membre du ménage ;
- Les mesures d’encadrement, d’entretien et d’éducation des enfants ; etc.
Comme on peut le constater, ces activités soulèvent deux questions majeures : la
détermination de la personne habilitée à prendre ces décisions (direction du ménage)
ainsi que la détermination de la personne qui doit contribuer aux dépenses qu’elles
nécessitent et la hauteur de sa responsabilité (contribution aux charges du ménage).
1. La direction du ménage. Selon l’article 444 du code congolais de la famille, le
MARI est le chef du ménage. C’est lui qui est habilitée à prendre les décisions et
mesures concernant l’organisation et le fonctionnement du ménage. Cependant, le
mari est tenu de se concerter avec sa femme pour toutes les décisions de la vie du
ménage. Lorsque l’un des époux est hors état de manifesté sa volonté ou en abandon
volontaire de la maison conjugale, l’autre époux décide seul de la vie du ménage (arts
444 à 446, 712 et 713 CF).
Toutefois, en ce qui concerne les actes juridiques entrainant l’obligation de fournir
une prestation personnelle, chacun des époux est tenu d’avoir préalablement l’accord
de l’autre conjoint. Il en est ainsi lorsqu’il est question pour chaque époux (mari ou
femme) de consentir comme employé, entrepreneur, etc. Art. 448 CF
En tout état de cause, les époux se doivent réciproquement : fidélité, communauté de
vie et cohabitation, assistance, respect et affection (arts 453 à 459 CF).
Si un époux refuse injustement de donner à l’autre son accord ou d’accomplir à
l’égard de celui-ci, un devoir conjugal auquel il est tenu, l’époux lésé peut saisir le
tribunal de paix de la dernière résidence conjugale, par voie de requête. Le président
dudit tribunal tentera, en chambre du conseil, de concilier les époux. Il peut faire
comparaitre les époux en personne ainsi que leurs parents respectifs. Il peut appeler
en chambre de conseil les personnes susceptibles de promouvoir la conciliation,
envoyer les époux, l’un des époux ou leurs parents devant une réunion familiale ou
à défaut convoquer un conseil de famille qu’il préside lui-même. Si la conciliation
aboutit, le président en prend acte par voie d’ordonnance. Si la conciliation n’aboutit
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pas, le Président rendra une ordonnance constatant l’échec et autorisant la partie


requérante à saisir le même Tribunal pour le jugement. (Arts 449 et 460 CF).
Le tribunal de paix peut prendre plusieurs sortes de décisions sur jugement :
- Les mesures provisoires et urgentes sollicitées par l’époux lésée dans l’intérêt
de celui-ci ou des enfants (art 463 cf) ;
- Autoriser l’autre conjoint à poser l’acte juridique (contrat de travail) qui
requiert l’accord de l’autre époux (arts 449, 455 cf) ;
- Condamner l’époux fautif à la réparation en faveur de l’autre. Dans la mesure
du possible, cette réparation est ordonnée en nature et non argent
conformément à la coutume (art 461 cf) ;
- Ordonner l’accomplissement de rites prescrits par la coutume et conforme à
l’ordre public, pour autant que ces rites soient nécessaires pour resserrer le lien
conjugal (art 462 cf) ;
- Enjoindre à l’époux fautif d’accomplir régulièrement son devoir conjugal ; etc.
Tout acte juridique d’un époux qui a été posé sans l’accord préalable de l’autre, alors
que pareil accord est exigé par la loi, est nul de nullité relative. Cette nullité ne peut
être évoquée que par l’époux intéressé ou ses héritiers. Art 452 CF
Il faut noter que l’avis ou l’accord du conjoint n’est pas nécessaire :
- Pour ester en justice contre l’autre époux ;
- Pour disposer à cause de mort (ou établir son testament) ;
- Lorsque l’autre époux est absent pendant 12 mois. (Art 451)
2. La contribution aux charges du ménage. Les charges du ménage sont celle
nécessaires à l’entretien quotidien du ménage ainsi qu’à l’éducation des enfants (art
476 al 1er CF). Il en est ainsi des frais de la nourriture et de soins de santé pour les
membres du ménage, les frais de logement, de l’électricité, eaux, télévision pour la
maison conjugale, les frais de l’éducation, entretien et encadrement des enfants, etc.
En réalité, les charges du ménage représentent le coût du fonctionnement du ménage.
Il est à charge des époux qui y contribuent chacun, en proportion de sa situation, de
ses possibilités financières et professionnelles, de ses facultés et de son état (arts 447,
475 et 476 al 2 cf).
Ainsi, l’époux qui n’a pas de revenu ne peut être tenu de contribuer de la même
manière que celui qui est salarié ou commerçant. De même, l’époux vivant avec
handicap ne peut être tenu à rendre les mêmes services manuels que l’époux en bonne
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capacité physique. Dans le même sens, l’époux qui ne vit pas prêt des enfants, ne
peut être tenu de donner la même éducation que l’époux qui vit avec eux. Aussi,
l’époux qui a un travail ne saurait participer travaux ménagers de la même manière
avec l’époux qui n’a pas d’emploi. Etc.
Il y a lieu de noter que l’obligation pour un époux, de payer aliment aux créanciers
membres du ménage est compris dans son obligation de contribuer aux charges du
ménage. Dans ce cas, ces deux obligations sont soumises au même régime juridique.
(Arts 479, 480, 717, 718 et suivants CF).
Chaque époux reste tenu de contribuer aux charges du ménage même lorsqu’il
abonne sans juste motif la Maison conjugale. Art 478 CF
L’obligation de contribuer aux charges du ménage ou de payer aliment, ne s’arrérage
pas. L’époux est tenu de fournir sa part contributive, jour par jour. Il ne peut être tenu
de payer les arrières des jours déjà passés (sauf paiement des dettes liées aux charges
du ménage ainsi que les pensions alimentaires d’au moins 3 mois). Aucun époux ne
peut prétendre au remboursement par l’autre, des contributions qu’il a acquittées. Art
476 al 2, 732, 752 CF
Lorsqu’un époux refuse de contribuer aux charges du ménage ou de payer aliments,
alors qu’il en a des moyens, l’autre époux peut le faire condamner par le Tribunal de
paix du domicile de l’époux défaillant, à lui payer anticipativement une pension
alimentaire mensuelle. Cette décision judiciaire des pensions alimentaires peut être
révisée à tout moment à la demande du débiteur ou du créancier d’aliment. L’époux
créancier, bénéficiaire d’un jugement d’octroi de pension alimentaire, peut, par
d’exploit d’huissier, faire une demande de paiement direct envers le tiers débiteur
de l’autre époux (employeur, locataire, banquier, …). Le tiers débiteur est tenu de
payer directement au créancier les pensions alimentaires dont les termes fixés par le
jugement, sont échus. L’époux condamné peut contester la demande de paiement
direct mais la contestation ne suspend le paiement. (Arts 480, 732, 738, 740, 742,
743, 744, 746, 749 CF).
Lorsque l’époux qui revendique la contribution aux charges du ménage à l’autre n’a
pas encore obtenu le jugement condamnant ce dernier à la pension alimentaire et
qu’il a connaissance d’un tiers débiteur de son conjoint défaillant, il peut, en
l’absence du jugement des pensions alimentaires, se faire autoriser directement par
le Tribunal de Paix de la dernière résidence conjugale ou du domicile de l’époux
défaillant, à percevoir personnellement les sommes dues à celui-ci, par tout tiers
débiteur actuel, qu’il s’agisse de l’employeur, du banquier, du preneur à bail, etc. On
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parle dans ce cas, de la délégation de perception des sommes. Le jugement du


tribunal fixe les conditions de perceptions et le montant à concurrence duquel
l’autorisation est accordée. L’époux défaillant est invité à l’audience (en procédure
d’urgence). Le tribunal peut ordonner aux époux et tiers de communiquer les
renseignements utiles ou enjoindre à ce dernier de comparaitre en personne. Le
jugement de délégation de perception des sommes est exécutoire sur minute et par
provision nonobstant toute voie de recours. Il est opposable à tout tiers débiteur
envers l’époux défaillant. Article 481 à 486 CF
I.4 la gestion des biens des époux
Il faut se garder de confondre le pouvoir de gestion des biens des époux avec celui
de la direction du ménage. Ce dernier est un pouvoir plus large et se rapporte à la
prise des décisions sur l’organisation et le fonctionnement du ménage de manière
générale. Il concerne plusieurs aspects de la vie du ménage : la fixation de la maison
conjugale, l’intégration des personnes dans le ménage, la souscription des services
(abonnement eau, électricité, télévision, …), l’approvisionnement alimentaire,
l’éducation à donner aux enfants, etc. Pour rappel, en ce qui concerne la direction du
ménage, le code congolais de la famille retient le principe du pouvoir marital avec
concertation de la femme ; et il existe des cas exceptionnels ou l’accord de deux
époux est nécessaire pour poser certains actes juridiques (exemple de la conclusion
du contrat de travail en qualité d’employé, du contrat d’entreprise en tant
qu’entrepreneur, etc.)
En revanche le pouvoir de gestion des biens, est celui en vertu duquel un époux peut
administrer, jouir et disposer d’un bien (article 490 al 1er CF). L’administration du
bien suppose les actes nécessaires pour sa conservation, son entretien et sa
promotion. Il en est ainsi des faits de soumettre un véhicule à la réparation, de gérer
une entreprise, de mettre un immeuble en location, de décider du lieu de la garde,
etc.
Le pouvoir de jouir d’un bien, concerne l’affectation des fruits civils ou naturels
générer par ce bien. Il en est ainsi par exemple de la décision sur les loyers produits
par un immeuble, les bénéfices générés par l’entreprise, les récoltes des champs, etc.
En fin, le pouvoir de disposition consiste à aliéner un bien ou à le faire sortir du
patrimoine, notamment par la vente, la donation, le partage, l’échange, etc.
Comme on le voit, le pouvoir de gestion des biens des époux, se substitue aux
attributs de la propriété. Ce qui signifie que le gestionnaire d’un bien dans le régime
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matrimonial, n’est pas forcément son propriétaire mais plutôt l’époux désigné par la
loi comme gestionnaire. Si le gestionnaire est une personne autre que le propriétaire,
ce dernier est donc privé de ses prérogatives sous réserve que le gestionnaire devrait
cependant poser les actes dans l’intérêt du patrimoine de l’époux propriétaire.
1. Principe de la gestion maritale concertée. L’article 490 al 2 du code congolais
de la famille édicte que « quel que soit le régime matrimonial qui régit les conjoints,
la gestion des patrimoines commun et propre est présumée confiée au mari, en
concertation avec la femme, … ».
C’est donc le mari qui est en principe, gestionnaire de ses propres biens, des biens
propres de la femme ainsi que des biens communs ; mais pour chacune de ses
décisions sur la gestion de ces biens, il doit consulter la femme ou mieux requérir
préalablement son avis. Il en sera ainsi lorsque par exemple la femme veut vendre sa
propre voiture, il faut que l’acte soit pris par le mari soit en personne, soit par mandat
donné à la femme ou à quelqu’un d’autre et après avoir requis l’avis de son épouse.
Il en sera de même lorsque la voiture, est un bien propre du mari ou un bien commun
selon le régime matrimonial choisi.
Rappelons toutefois que le mari gestionnaire doit poser les actes de gestion sans
préjudicier le patrimoine de l’époux propriétaire, sous peine de tomber dans la
mégestion qui oblige son propre patrimoine à indemniser le patrimoine injustement
appauvri. Même lorsqu’il s’agit des biens se son propre patrimoine, le mari doit
consulter la femme, car les actes de gestion ne peuvent pas être posés contre les
intérêts du ménage, sinon la femme est en droit d’exercer le recours en justice tel que
développé plus haut (art 460 CF).
2. Exceptions. Le code congolais de la famille établis les cas exceptionnels dans
lesquels, le mari n’est pas gestionnaire matrimonial des biens.
a) Les choses réservées à l’usage personnel de chacun, notamment les
vêtements, les bijoux, les instruments de travail de moindre valeur, … sont
gérées par chaque époux concerné. Art 490 al 2 in fine, du CF.

Toutefois, la mégestion des biens à usage personnel par l’époux concerné peut
justifier un recours devant le juge du tribunal de paix, pour violation des obligations
conjugales. Art 460 CF

b) Convention que chacun des époux gérera ses propres biens. Art 490 al 3 CF
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Les époux peuvent convenir au moment du choix de leur régime matrimonial, soit-il
communautaire ou de séparation, que chacun d’eux gérera ses propres biens. Dans
ce cas, le mari sera gestionnaire des biens communs et de ses propres biens. La
femme en revanche, gérera ses biens propres. La mégestion des biens propres par
l’époux propriétaire peut justifier un recours devant le juge du tribunal de paix, pour
violation des obligations conjugales. Art 460 CF
c) Nécessité de l’accord de 2 époux pour poser certains actes de gestion :
➢ Disposer des immeubles communs ou propres ou les grever des charges ;
➢ Contracter un emprunt de plus de 150.000FC sur les biens communs ou
propres de l’autre époux ;
➢ Faire des donations ou cautionner les dettes de plus de 650.000FC sur les
biens communs ou propres de l’autre époux. Art 499 CF
En cas de violation de cette disposition par un époux (qui aurait posé un tel acte sans
l’accord de l’autre), le conjoint préjudicié a deux recours. D’une part, il peut saisir le
tribunal de paix contre l’époux responsable dans les conditions prévues ci-haut pour
violation de devoir conjugal. Art 460 CF

D’autre part, l’époux lésé peut poursuivre l’annulation de l’acte posé par son conjoint
dans les 6 mois de la conclusion de celui-ci. De même, le tiers passant un acte avec
le mari ou l’épouse nécessitant leur accord, peut au moment de l’établissement de
cet acte et dans les 6 mois qui suivent, réclamer l’accord de l’autre époux par lettre
recommandée avec accusé de réception. Dans ce dernier cas, la réponse doit lui être
notifiée dans le mois qui suit la réception de sa lettre. Passé ces délais de 6 mois ou
1 mois, selon les cas, l’autre époux est présumé avoir définitivement ratifié l’acte
posé par conjoint. Art 500 CF
d) Gestion des biens par l’époux Représentant. Arts 477 al 1er, 498, 509 et 522 CF
L’époux gestionnaire peut valablement donner mandat à l’autre époux non
gestionnaire, de poser un acte de gestion qui ne pouvait être accompli que par lui-
même. Ce Mandat peut être express ou tacite.

Le mandat de gestion est express lorsque l’époux gestionnaire autorise ouvertement


l’autre époux à poser les actes de gestion à sa place. Le mandat express peut être
verbal ou écrit.

Le Mandat express peut aussi résulter de la décision judiciaire du tribunal de Paix


qui autorise un époux à poser les actes lorsque l’autre époux gestionnaire est hors
état de manifester sa volonté.
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Il y a mandat tacite lorsqu’un époux non gestionnaire pose les actes qui rentrent dans
le pouvoir de son conjoint sans que ce dernier qui en est bien informé, ne le lui
interdise.

Il en est de même des cas où la loi présume irréfragablement que l’époux aurait
nécessairement donné ce mandat notamment pour poser les actes dans l’intérêt du
ménage. (Théorie du mandat domestique) Art 477 al 1er CF

Enfin, l’époux est autorisé à poser les actes du pouvoir de son conjoint, dans le cadre
de la gestion d’affaire lorsque, un époux non-gestion se trouve obliger de
sauvegarder les intérêts en péril de l’autre époux. Art 248 CCC LIII

I. 5. Modification du régime matrimonial ou du régime de gestion des biens


Les époux peuvent une fois au cours du mariage faire modifier le régime matrimonial
ou le régime de gestion des biens, par décision du tribunal de paix de la dernière
résidence des époux statuant sur requête de deux ou de l’un des époux.

1. La modification du régime matrimonial. La modification du régime


matrimonial suppose le remplacement du régime en cours par un autre, dans l’intérêt
du ménage ou pour cause de modification importante intervenue dans la situation des
époux ou de l’un d’eux. C’est le cas, par exemple, lorsqu’un époux se rend compte
que le régime de séparation choisi n’est pas favorable à l’intérêt des enfants. C’est
aussi le cas, lorsque la femme se réalise que le mari gestionnaire dilapide les biens
de la communauté au profit d’une autre femme ou d’autres personnes et qu’il faille
basculer vers le régime de la séparation. Ce serait encore le cas lorsque les époux
avaient choisi le régime de la communauté parce que chacun d’eux avait un emploi
procurant assez des revenus et que l’un d’eux venait à perdre son emploi et qu’il ne
contribue plus à l’accroissement de la communauté.
Il y a lieu de noter que le juge ne peut faire droit à la requête de modification que si
l’époux demandeur démontre l’intérêt du ménage dans le changement ou la
circonstance nouvelle qui justifierait le changement. Le juge apprécie le motif de la
demande sans pour autant se limiter à l’avis de l’autre époux. Le juge ne peut
accorder le changement du régime matrimonial sollicité dans le but de frauder aux
intérêts des tiers. Art 494 CF
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2. La Modification du régime de gestion. La demande de modification du régime


matrimonial ne peut être confondue avec la demande de modification du régime de
gestion des biens propres ou commun. Lorsque l’époux gestionnaire des biens
propres ou communs tombe dans la mégestion, l’autre époux peut, indépendamment
du recours d’harmonisation devant le Tribunal de paix pour violation aux obligations
conjugales, demander au juge du Tribunal de paix de la dernière résidence des époux,
et ce, une seule fois durant le mariage, le changement du régime gestion. Art 495 CF

Le Tribunal de paix peut soit confier la gestion des biens propres ou communs à
l’époux demandeur soit instituer la gestion sur accord de 2 époux (la gestion
conjointe). Il est vrai que la coutume générale et le code congolais de la famille (arts
444 et 490 al 1er CF) ne prévoient pas la possibilité pour les époux de choisir une
option confiant à la femme, la gestion des biens propres du mari ou la gestion des
biens communs.
Ainsi, nonobstant les termes généraux utilisés à l’article 495 du code congolais de
la Famille, le juge devrait éviter de confier à la femme, la gestion des biens propres
du mari ou la gestion des biens communs. Il peut toutefois autoriser facilement la
gestion par la femme de ses propres biens ainsi que le changement des régimes
communautaires en régime de la séparation des biens avec option que chacun des
époux gérera ses propres.
Le dispositif jugement irrévocable de modification de régime matrimonial ou de
régime de gestion doit être notifié dans le mois, à l’officier de l’état civil pour une
transcription dans l’acte de mariage. Dans le même délai, le dispositif dudit jugement
est également envoyé par le soin du greffier au journal officiel pour publication et au
RCCM pour la transcription. La partie diligente peut également requérir les mêmes
formalités par présentation de l’extrait ou de l’expédition du jugement.
NB. Les articles 515, 531 et 537 qui prévoyaient respectivement les modifications
dans les régimes de séparation, de communauté réduite aux acquêts et de
communauté universelle, ont été jugés superfétatoires et ont été abrogés par la loi
de 2016 modifiant et complétant le code congolais de la famille.
I. 6. Dissolution et liquidation du régime Matrimonial

Le régime matrimonial prend fin et se dissout par :

➢ Dissolution du mariage (jugement prononçant le divorce, décès de l’un des


conjoint et le remariage du conjoint de l’absent – art 539 CF) ;
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➢ Jugement irrévocable de modification ou changement du régime matrimonial


(art 494 CF). Art 502, 521 CF
Lorsqu’un régime matrimonial prend fin, celui-ci doit être liquidé. La liquidation du
régime matrimonial suppose la détermination et la répartition des biens entre les deux
époux ou entre l’un d’eux et les héritiers de l’autre.
1. Principes généraux de liquidation de régime matrimonial.
a) chacun des époux ou anciens époux (ou leurs héritiers respectifs) récupère en
nature les biens propres s’ils en ont établi la preuve de propriété exclusive et il reste
tenu à ses propres dettes ;
b) Le reste des biens communs ou indivis, après paiement des dettes solidaires ou
communes, est partagé par moitié entre les 2 époux ou anciens époux (ou leurs
héritiers respectifs)
c) le rééquilibrage entre les 3 masses (propres du mari, propres de la femme et la
masse commune ou indivise). La masse qui s’est enrichi sans cause au détriment
d’une autre, doit à celle-ci une indemnité compensatoire correspondante.
Quelques applications :
➢ Cas où les biens propres d’un époux ont payé les dettes propres de l’autre
époux : dans ce cas, ce dernier lui doit remboursement jusqu’à concurrence
du montant payé.

➢ Cas où les biens propres d’un époux ont payé les dettes solidaires : dans ce
cas, l’époux qui a payé prélève sur les biens de la masse commune, la somme
équivalent la totalité du montant payé et le reste des biens communs, s’il y en
a, est partagé par moitié. En cas de déficit de biens communs, l’autre époux
remboursera à l’époux la moitié du reste en déficit.

➢ Cas où les biens communs ou indivis ont servi au paiement d’une dette propre
d’un époux : le montant payé est pris en compte dans la détermination de la
Masse commune, le total de cette masse est partagé par moitié, le montant
payé étant imputé à l’époux débiteur ou bénéficiaire.

➢ Cas où les biens communs ou indivis ont servi au paiement des dettes
solidaires ou les biens propres au paiement des dettes propres de l’époux
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concerné : aucune compensation n’est envisagée, chacun reprendra ses


propres et les biens communs existant sont partagés par moitié.
d) le patrimoine foncier et immobilier de l’époux gestionnaire au moment de la
liquidation est grevé d’hypothèque légale au profit de l’autre époux, pour toutes les
créances matrimoniales envers celui-ci, déduction faite des libertés établies. Cette
hypothèque prend date au jour de la requête en divorce ou au jour du décès. Arts
503, 510, 51, 512,513 et 514, 528, 529, 530, 534, 535 et 536 CF
2. Nature Juridique des biens qui constituaient la Masse commune après la
dissolution du régime matrimonial.
Parce qu’il n’existe pas de masse commune entre les personnes non mariées, les biens
qui constituaient la masse commune ne sont plus des biens communs après la
dissolution du régime matrimonial communautaire. Ces biens constituent à présent
une indivision ordinaire soumise au régime commun de la copropriété. La liquidation
et partage de l’indivision résultant de la communauté matrimoniale sont par analogie
assimilés à l’indivision successorale. Art 532 cf
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CHAPITRE II. LES REGIMES MATRIMONIAUX SPECIFIQUES


En règle générale, les règles spécifiques des régimes matrimoniaux consistent simplement en la détermination des
biens et dettes propres de chacun des époux, les biens communs (ou indivis) ainsi que les dettes solidaires. Les autres
questions sont réglées par le régime général.
II. 1. REGIME DE LA SEPARATION DES BIENS (arts 505 à 514 CF)
BIENS PROPRES BIENS INDIVIS DETTES PROPRES DETTES SOLIDAIRES

Détermination Les biens acquis à titre onéreux ou à titre - Biens acquis conjointement par Dettes contractées
- Dettes contractées par les
gratuit par chacun des époux avant et les époux avant ou pendant le deux époux ou l’un d’eux
personnellement par un
pendant le mariage ainsi que les biens mariage. époux avant et pendant le
pour raison du ménage (art
produits par ceux-ci (art 505 CF - Biens dont aucun époux n’a pas mariage pour un intérêt
477 CF) ;
établi la preuve qu’il en est le seul autre que celui du ménage.
- Dettes dont les deux
propriétaire ; N.B. Les époux (Art 505 et 513 CF)
époux se seraient engagés
peuvent à tout moment mettre fin solidairement
à cette indivision qui reste conformément au droit
ordinaire (art 492 CF) commun (art 98 et 100 CCC
LIII)
Principes de - Document d’inventaire des biens - Les preuves de droit commun Droit commun des Droit commun des
preuve meubles ou immeubles dressés par les (factures, décharge, acte de obligations : articles 197 et obligations : articles 197 et
époux au moment de la célébration ou de donation, acte de vente, le suivants du CCC LIII suivants du CCC LIII
l’enregistrement du mariage devant certificat d’enregistrement, la
l’officier de l’état civil (art 506 al 1er CF) ; possession utile et la présomption
- Les preuves de droit commun (factures, notamment à l’égard des biens à
décharge, acte de donation, acte de vente, usage personnel)
le certificat d’enregistrement, la possession - Présomption légale simple
utile et la présomption notamment à d’indivision pour tout bien dont il
l’égard des biens à usage personnel) : art n’est pas prouvé qu’il appartient
507 cf exclusivement à un seul des époux
- Le certificat d’enregistrement prime sur (art 492 CF)
toute autre preuve établissant la propriété
individuelle d’un époux, y compris le
document d’inventaire art 506 al 2, 507 cf
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II.2. REGIME DE LA COMMUNAUTE REDUITE AUX ACQUETS (arts 516 à 532 CF)

BIENS PROPRES BIENS COMMUNS DETTES PROPRES DETTES SOLIDAIRES

Détermination - Les biens acquis à titre onéreux ou à - Biens acquis à titre onéreux Dettes contractées - Dettes contractées par les
titre gratuit par chacun des époux avant pendant le mariage par les 2 époux personnellement par un deux époux ou l’un d’eux
le mariage ; conjointement ou par l’un des époux avant ou pendant le pour raison du ménage ou
époux individuellement. mariage dans l’intérêt dans l’intérêt du patrimoine
- Les biens acquis pendant le mariage à exclusif de son patrimoine commun (art 477 et 523 CF) ;
titre de libéralité ; - Biens acquis en libéralité par les propre (Art 528 al 1er CF)
2 époux conjointement (art 516 al - Dettes dont les deux époux
- Les biens acquis pendant le mariage en 3 CF) se seraient engagés
échange des biens précités. solidairement conformément
au droit commun (art 98 et
Arts 516 al 2 et 517 CF 100 CCC LIII)

Principes de - Document d’inventaire des biens - Les preuves de droit commun Droit commun des Droit commun des
preuve meubles ou immeubles dressés par les (factures, décharge, acte de obligations : articles 197 et obligations : articles 197 et
époux au moment de la célébration ou de donation, acte de vente, le suivants du CCC LIII suivants du CCC LIII
l’enregistrement du mariage devant certificat d’enregistrement, la
l’officier de l’état civil (art 518 CF) ; possession utile et la présomption
notamment à l’égard des biens à
- Les preuves de droit commun usage personnel)
(factures, décharge, acte de donation,
acte de vente, le certificat - Présomption légale simple de
d’enregistrement, la possession utile et la communauté pour tout bien dont il
présomption notamment à l’égard des n’est pas prouvé qu’il appartient
biens à usage personnel) : art 519 al 2 cf exclusivement à un seul des époux
(art 519 CF)
- Le certificat d’enregistrement prime - La preuve qu’un bien est
sur toute autre preuve établissant la commun prime sur la preuve de sa
propriété individuelle de l’autre époux y propriété exclusive à un seul des
compris le document d’inventaire. Arts époux
218 al 1, 519 al 1, 507 cf
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II.3. REGIME DE LA COMMUNAUTE UNIVERSELLE (arts 533 à 536 CF)

BIENS PROPRES BIENS COMMUNS DETTES PROPRES DETTES SOLIDAIRES

Détermination Quelques rares biens sont propres : - Tous les biens acquis à titre Pas de dettes propres. - Toutes les dettes des époux
- Biens acquis à titre de libéralité faite onéreux ou gratuit, par un seul des contractées avant et pendant le
avec exclusion expresse de la époux ou conjointement par les 2 mariage individuellement ou
communauté, époux, avant ou pendant le mariage. collectivement (art 533 al 1er in
- Les biens strictement personnels : Art 533 al 1er CF fine CF)
capital d’assurance-vie, indemnité
compensatoire de préjudice physique ou
morale, les pensions alimentaires, les
pensions de retraite ou d’invalidité (pour
autant qu’ils sont gardés en nature ou
qu’ils constituent un compte distinct) art
533 al 2, art 536 CF

Principes de - Présomption légale de Présomption de solidarité pour


preuve - Les preuves de droit commun communauté pour tous les biens des Pas de dettes propres. toutes les dettes contractées par
(factures, décharge, acte de donation et la époux (art 533 CF) les époux ou l’un d’eux ;
présomption notamment à l’égard des Droit commun des obligations :
biens à usage personnel) : art 533 al 2 CF - Les preuves de droit commun articles 197 et suivants du CCC
(factures, décharge, acte de LIII
donation, acte de vente, le certificat
d’enregistrement)

- La preuve qu’un bien est commun


prime sur la preuve de sa propriété
exclusive à un seul des époux

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