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Bettina SEVERIN-BARBOUTIE
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Parmi d’autres : Gunilla Budde et al. (dir.), Geschichte. Studium – Wissenschaft – Beruf,
Berlin, Akad.-Verl., 2008.
2 Voir par exemple le projet Mosare La mobilisation des savoirs pour la réforme : circulation
des savoirs de gouvernement et transformations de l’action administrative (XIXe-XXe siècles),
une coopération entre le Centre Marc Bloch à Berlin, le Laboratoire TRIANGLE
(UMR 5206) et le Laboratoire de recherches historiques Rhône-Alpes (LARHRA) ; voir
également le groupe de travail Vergleich und Transfer dans le cadre du pôle
d’excellence Religion und Politik in den Kulturen der Vormoderne und Moderne à
l’Université de Münster ainsi que les axes de recherche du Zentrum für Vergleichende
Europäische Studien (ZEUS) à Cologne et du Center for Metropolitan Studies à la
Technische Universität Berlin.
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16 Voir également l’inspection des dossiers de demande d’une carte de séjour faite par
Alexis Spire, « In den Kellern der französischen Einwanderungspolitik (1945-1975) »,
Zeithistorische Forschungen/Studies in Contemporary History, Online-Ausgabe, n° 2, 2005,
H. 3, p. 1-7, URL: http://www.zeithistorische-forschungen.de/16126041-Spire-3-2005
17 Renseignements à fournir à l’appui de toute demande de renouvellement de carte de
travail, 3 décembre 1962, Archives départementales du Rhône, 3952W 222.
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18 Lors du contrôle des dossiers de la carte de séjour la vérification des données par les
administrateurs fut encore plus sévère. Voir Alexis Spire, « In den Kellern der
französischen Einwanderungspolitik (1945-1975) »…, op. cit., p. 3.
19 Ibid., p. 1.
Entre idéal et réalité. L’histoire comparée face aux sources 83
20 Ibid., p. 5.
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pas, quant à eux, de pistes aussi larges. A priori, deux alternatives sont
possibles pour faire face à cette asymétrie dans les bases de données : ou
le matériel est complété – si possible – par d’autres sources, afin de ne
pas perdre des informations précieuses, ou les données des dossiers du
Bureau de la Main-d’œuvre ne sont pas exploitées dans leur intégralité
faute de sources complémentaires.
Là où surgissent les intérêts et stratégies des migrants – modalités de
l’immigration, justification des changements d’emploi ou vœu relatif au
nouvel habitat – les sources ouvrent des perspectives culturelles sur les
migrants étrangers en tant qu’acteurs. Il est cependant difficile de
connaître le quotidien, ou la Lebenswelt, de ces migrants et ce, même
lorsque les conditions de logement sont évoquées. Le même « blanc du
texte » est à déplorer dans la perception de l’autre. Pour avoir accès à ces
questions, il faut nécessairement consulter d’autres sources.
Plusieurs niveaux de comparaison sont alors envisageables : nous
pourrions comparer les migrants dans les deux villes ou/et ceux d’une
seule ville, ou bien confronter les individus ou groupes de migrants avec
comme variable éventuelle la nationalité, ce qui permettrait une
comparaison divergente des migrants italiens arrivés en grand nombre
dans les deux villes jusque dans les années 196021, ou bien encore
comparer les migrants et les sociétés d’accueil. Cela permettrait
également d’identifier et de prendre en compte les différents acteurs
publics.
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était conservées presque dans leur intégralité, alors que dans l’autre pays
les données étaient avant tout issues des dossiers de la police d’État »22.
L’exigence de G. Budde et D. Freist au sujet des sources en histoire
comparée n’est pourtant pas incontestable, aussi justifiée soit-elle
apparemment. Il serait certes souhaitable que l’histoire comparée dispose
toujours de sources similaires, comme le demandent les deux
chercheuses, toutefois, la situation des archives oblige à emprunter un
autre chemin.
Il est vrai que le caractère souvent hétérogène et complexe des
archives amène régulièrement l’histoire comparée à réconcilier objectifs
et réalité sur le terrain afin de ne pas abandonner le projet initial. Alors
que ce dilemme peut se poser dans n’importe quel cadre de
comparaison, il apparaît de façon aiguë dans les projets transnationaux.
Ainsi plutôt que d’imposer comme impératif de travail la comparabilité
du matériel empirique, celle-ci devrait être considérée comme un idéal.
D’autant plus que l’hétérogénéité des sources ne rend pas
nécessairement impossible toute comparaison transnationale. En effet,
l’analyse des échantillons ici mis à l’épreuve a montré qu’il est possible
de croiser des documents malgré d’apparentes divergences.
Il semble donc nécessaire d’abandonner l’idée d’un matériel
empirique symétrique comme condition sine qua non de toute recherche
comparée en histoire, et ceci d’autant plus que les vecteurs exacts de la
symétrie exigée restent encore à déterminer. En attendant, le travail du
comparatiste doit consister à palier les déficits rencontrés lors de
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22 « Aber auch die Forschungsbedingungen müssen vergleichbar sein », exigent les deux
universitaires. « Gibt es in den Vergleichsländern ähnliche und damit vergleichbare
Quellensamples? Wie zugänglich sind sie? [...] Prekär [...] wäre eine vergleichende
Untersuchung von sozialistischen Parteien, wenn in dem einen Land Parteiarchive
fast lückenlos erhalten sind, im anderen Land aber die Daten überwiegend aus
staatlichen Polizeiakten stammen ». Voir G. Budde, D. Freist, « Verfahren, Methoden,
Praktiken »…, op. cit., p. 174. Je remercie Jan-Philipp Altenburg, enseignant-chercheur
à l’Université de Giessen en Allemagne, pour cette référence.