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DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE
SARL T.
SNC D. & Cie AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS
M. E. D.
___________
Vu la procédure suivante :
Par une requête enregistrée le 9 décembre 2023 et des mémoires enregistrés les 6, 15, 22
et 30 mars 2023, la SARL T., ès qualité de syndic et liquidateur de la copropriété Maritime
Corsaire, la SNC D. & Cie et M. E. D. demandent au tribunal :
1°) d’annuler la décision du 11 octobre 2022 aux termes de laquelle le directeur général
du Port autonome les a mis en demeure de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin
aux dangers que présentent le navire Corsaire ;
2°) de mettre à la charge du Port autonome de Papeete la somme de 4 000 euros au titre
de l’article L. 761-1 du code de justice administrative.
Par des mémoires enregistrés les 10 février et 21 avril 2023, le Port autonome de
Papeete conclut au rejet de la requête et demande au tribunal de mettre à la charge des requérants
la somme de 200 000 F CFP en application de l’article L. 761-1 du code de justice
administrative.
Vu :
- la loi organique n° 2004-192 du 27 février 2004 ;
- la loi du pays n° 2018-25 du 25 juillet 2018 portant réglementation générale des droits
d’enregistrement et des droits de publicité foncière ;
- la loi du pays n° 2020-34 du 18 octobre 2020 relative aux relations entre
l’administration de la Polynésie française et ses usagers ;
- décret n° 67-967 du 27 octobre 1967 ;
- le décret n° 2017-974 du 10 mai 2017 ;
- le décret n° 2016-1893 du 28 décembre 2016 ;
- le code de des transports ;
- le code des ports maritimes de la Polynésie française ;
- le code de justice administrative ;
applicables aux relations entre le Port autonome et ses usagers. Au surplus, la décision attaquée
vise notamment le code des ports maritimes de la Polynésie française, le décret n° 61-1547 du 26
décembre 1961, la loi n° 83-581 du 5 juillet 1983, la loi n° 61-1262 du 24 novembre 1961. De
plus, elle mentionne, d’une part, que le navire « Corsaire », immatriculé sous le numéro PY
1729, battant pavillon français et appartenant à la copropriété maritime Corsaire, est échoué sur
des fonds sablonneux situés devant les pontons flottants du site dit « ex-Sopom », commune de
Papeete, île de Tahiti, archipel de la société, Polynésie française et, d’autre part, qu’il présente
des dangers pour l’environnement et pour les bâtiments et ouvrages environnants et qu’en
conséquence le propriétaire doit être mis en demeure d’organiser des opérations de sécurisation
et de sauvetage du navire conformément à la réglementation applicable. La décision attaquée
comporte ainsi avec une précision suffisante les motifs de droit et de fait qui en constituent le
fondement. Par suite, le moyen tiré du défaut de motivation ne peut qu’être écarté.
6. Il résulte de la combinaison de ces dispositions que les actes devant être inscrits sur
la fiche matricule du navire, tels ceux par lesquels le copropriétaire d'un navire aliène ses quirats,
ne sont pas opposables aux tiers avant leur inscription, de sorte que les obligations nées avant la
réalisation de la publicité sont à la charge du cédant.
8. En troisième lieu, si les requérants soutiennent que la cession réalisée a eu pour effet
de transférer la garde du navire à l’acquéreur, cette circonstance, au demeurant contestée par le
Port autonome, est sans incidence sur la légalité de la décision attaquée dès lors, qu’ainsi qu’il a
été dit au point précédent, faute d’avoir été enregistrée, cette cession n’est pas opposable aux
tiers.
9. En dernier lieu, aux termes de l’article L. 5000-2 du code des transports dans sa
rédaction applicable en Polynésie française en vertu de l’article L. 5770-1 du code des transports:
« I.―Sauf dispositions contraires, sont dénommés navires pour l'application du présent code :
1° Tout engin flottant, construit et équipé pour la navigation maritime de commerce, de pêche ou
de plaisance et affecté à celle-ci ; / 2° Les engins flottants construits et équipés pour la
navigation maritime, affectés à des services publics à caractère administratif ou industriel et
commercial. II. ― Sauf dispositions contraires, les dispositions du présent code ne s'appliquent
pas aux navires de guerre, qu'ils soient français ou étrangers. Sont considérés comme navires de
guerre tous bâtiments en essais ou en service dans la Marine nationale ou une marine
étrangère ». Aux termes de l'article L. 5000-4 du code des transports dans sa rédaction
applicable en Polynésie en vertu de l’article L. 5770-1 du même code : « Un navire est dit armé
lorsqu'il est pourvu des moyens matériels, administratifs et humains nécessaires à l'activité
maritime envisagée. Les moyens humains d'un navire autonome peuvent, en tout ou partie, ne
pas être embarqués ».
10. Si les requérants soutiennent que le « Corsaire » ne peut être regardé comme un
« navire » au sens et pour l’application du code des transports et du décret du 27 octobre 1967,
en faisant valoir qu’un de ses moteurs avait été débarqué et que deux générateurs étaient hors
service, ces circonstances ne sauraient remettre en question la qualification juridique de navire
donnée à ce bâtiment, mais sont seulement de nature à démontrer que ledit navire n’est pas armé
pour naviguer. Par suite, ce moyen doit être écarté.
11. Il résulte de tout ce qui précède, sans qu’il soit besoin de statuer sur la recevabilité
de la requête, que les conclusions à fin d’annulation de la mise en demeure du 11 octobre 2022
doivent être rejetées.
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13. Dans les circonstances de l’espèce, le Port autonome n’ayant pas constitué avocat,
il n’y a pas lieu de faire application des dispositions de l’article L. 761-1 du code de justice
administrative et de mettre à la charge des requérants la somme qu’il demande au titre des frais
exposés par lui et non compris dans les dépens.
DECIDE:
Article 1er : La requête présentée par la SARL T., la SNC D. & Cie et M. D. est rejetée.
Article 2 : Les conclusions présentées par le Port autonome de Papeete au titre de l’article L.
761-1 du code de justice administrative sont rejetées.
Article 3 : Le présent jugement sera notifié à la SARL T., la SNC D. & Cie, à M. E. D. et au Port
autonome de Papeete. Copie en sera délivrée à la Polynésie française et au haut-commissaire de
la République en Polynésie française.
M. Devillers, président,
M. Graboy-Grobesco, premier conseiller,
M. Boumendjel, premier conseiller.
Le rapporteur, Le président,
M. Boumendjel P. Devillers
La greffière,
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D. Germain
Pour expédition,
Un greffier,