Vous êtes sur la page 1sur 4

Les combats de la libération

1944-2024

André Vernier, le maquisard tahitien du plateau du Vercors.


Ce 21 avril 2024, le Président de la République se rendra à Vassieux en Vercors, haut-
lieu de la résistance française, village martyr élevé au rang de compagnon de la
Libération. Il rappellera notamment les méfaits de la Milice française perpétués un 21
avril 1944 et le 21 juillet 1944 les combats d’investissement du plateau du Vercors par
les parachutistes allemands venus par planeurs. Dans les rangs des maquisards du
Vercors se trouvait André Vernier natif de la lointaine Océanie française.
André, Marc, Teru, Temaevran1 Vernier est né à Uturoa le 18 juillet 1921, île de Raiatea
aux Iles –sous-le-Vent. Il est le dernier fils du pasteur Charles Vernier, président des
églises protestantes de Tahiti.

La famille Vernier en 1936. De gauche à droite Charlie, Albert, Henri et André.

André Vernier comme ses trois autres frères quittent leur terre natale pour poursuivre
leurs scolarités respectives en France continentale. André est pour sa part scolarisé
dans le Lycée de garçons de Nîmes 2.

1 Teri’i, Temaeva… : l’orthographe des prénoms tahitiens est certainement sous toutes réserves
erronée ?
2
Dans une lettre signée R. Abelanet du Lycée de Garçons de Nîmes, cabinet de l’Econome à l’adresse
du Chef liquidateur des FFI (maquis du Vercors) en date du 17 décembre 1947, il est mentionné « Ne
pas oublier André Vernier mort au Vercors ».

1
André Vernier se tient à gauche. Suivent ses 3 frères, Albert tué à Authion le 11 avril 1945, Charlie et
Henri Vernier futur Pasteur.

On retrouve ensuite André vernier étudiant en droit à Lyon. Il séjourne dans la famille
Gervit3 de Vaugneray. Mais la guerre le rattrape. André Vernier milite rapidement dans
les jeunesses protestantes de résistance qui s'opposent aux lois raciales de Vichy. Cet
engagement attire sur lui l’attention des forces de Vichy. André n’a pas d’autre choix
de rejoindre rapidement les rangs de la résistance armée au sein des forces françaises
de l'intérieur (FFI) du Vercors. C’est une région qu’il connaît, deux de ses oncles sont
installés dans le Dauphiné. Son frère, Henri Vernier témoigne 4: Collégiens, pendant
les vacances, des passages dans la Drôme et l’Ardèche chez nos oncles Paul et Gustave,
chez les Combier d’Annonay, nous ramenaient aux racines dans ce Dauphiné adopté
par l’arrière-grand-père Jean-Frédéric Vernier. Il s’était établi au hameau de
Barcelonne, aux environs de Chabeuil. Pédagogue et évangéliste venu au siècle
dernier par petites étapes de Montbéliard. C’est à Crest que se mêlent à la terre de
France les restes mortels de nos parents et de nos grands-parents Vernier, eux qui
furent dès le milieu du XIXe siècle les aumôniers et amis de la famille de la Reine
Pomare et de son peuple polynésien. Ils lui ont donné tout leur courage, leur force et
leur cœur. C’est notre oncle Paul qui visita et prit soin de Paul Gauguin durant les
dernières et tristes années de ce peintre exilé aux îles Marquises.

Le plateau du Vercors est une citadelle naturelle située à environ mille mètres
d'altitude dans les Alpes du Dauphiné. Dès l'occupation de la zone libre et la dissolution
de l'armée d'armistice, le Vercors accueille de premiers éléments armés qui seront
renforcés en 1943 par les réfractaires du service du travail obligatoire (STO).

3 Son frère Charlie en épousera la fille, Paule.


4
Henri Vernier : En souvenir de mon frère Albert

2
Cette position stratégique a conduit à l'élaboration d'un plan tactique dit plan
Montagnards, destiné à permettre l'accueil d'unités aéroportées dans la France
occupée lors du débarquement.
André Vernier est aspirant dans le 11e Cuirassiers sous le nom de Rivière 5 avec la
charge d’intendant du camp 15 à Vassieux-en-Vercors.

À l'annonce du débarquement sur les ondes de la BBC, la République du Vercors est


proclamée et l'ensemble des maquisards du Vercors et des maquis périphériques sont
mobilisés. Le 20 juillet, les forces allemandes réagissent par l'encerclement du plateau.
Le 21 juillet, quinze mille hommes de la 157e division alpine du Général Pflaum
attaquent la citadelle montagneuse du Vercors, par les routes, par les pas, ces cols que
l'on ne peut franchir qu'à pied, et par les airs. Des planeurs déposent des troupes d'élite
en plein cœur du plateau à Vassieux-en-Vercors, là où étaient attendus les Alliés.
Chaque planeur transportait une vingtaine de SS armés jusqu’aux dents. Au total,
quelques quatre cents hommes aguerris sont aéroportés, conduits par le commandant
Schäfer. Les planeurs ont atterri avec une extrême précision à proximité de leurs
objectifs. Un seul des planeurs s’est écrasé à l’atterrissage. De ces armatures d’alliage
léger recouvertes de toile, les SS ont bondi l’arme au poing, tirant sur tout ce qui bouge.
Les maquisards sont pris au dépourvu et massacrés.

Illustration Jean-Louis Saquet. Sources Tamari’i Volontaires, les Tahitiens dans la seconde guerre mondiale.

5 Sources Louis Didier Perrin ancien du C 15.

3
André Vernier est tué les armes à la main aux côtés de son chef. Gérard Galland6: je
pense qu’André Vernier faisait partie de la garde rapprochée du Capitaine Hardy.
Ainsi, sur les onze hommes qui l’encadrent et se défendent jusqu’au sacrifice suprême,
un seul, Calva, surnommé ainsi car il était originaire du Calvados, va survivre.
Le capitaine Pierre Hazebrouk 7, dit Capitaine Hardy, est responsable de la sécurité du
terrain Taille-crayon, la piste d'atterrissage de Vassieux. Sa fougue fait sa réputation
et couvre le Vercors. Le 21 juillet 1944, il se battra toute la journée dans les ruines de
Vassieux face aux parachutistes allemands, souvent au corps à corps. Submergé par le
nombre d'assaillants, il décidera en fin de journée de tenter de rejoindre les bois à
l'ouest du village avec ses derniers hommes. Le capitaine Hardy, blessé par balle à la
cuisse qui lui sectionne l'artère fémorale, tente de s’échapper. Les Allemands qui le
poursuivent l’achèvent lui tirant à bout portant dans le sternum. Comme leur chef, les
derniers maquisards se font fait exterminer à leur tour en voulant rejoindre la forêt
salvatrice.
Le corps d’André Vernier corps n’a jamais été retrouvé. Sa tombe n° 37 à Vassieux n’est
donc qu’indicative.

6 Entretien 2013 avec Gérard Galland, ancien maquisard du Vercors.


7 Lorrain d'origine et ancien Saint-cyrien,

Vous aimerez peut-être aussi