Vous êtes sur la page 1sur 12

Conférence de Téhéran

première rencontre réunissant Churchill, Roosevelt et Staline

Conférence de
Téhéran

Les « trois grands » :


Staline, Roosevelt et
Churchill
(Téhéran 1943).

Date Du 28 novemb
au
1er décembre
Lieu Ambassade d
l'URSS, Téhéra
Iran[1]
Résultat Organisation
débarquemen
Normandie et
principe de la
création de l'O
Démembreme
de l'Allemagn
Chronologie
Début 28 novembre 19
Fin 1er décembre 19

La conférence de Téhéran, qui se déroula du 28 novembre au


1er décembre 1943 durant la Seconde Guerre mondiale, fut la
première rencontre réunissant Churchill, Roosevelt et Staline, soit
les trois principaux dirigeants des Alliés. Une décision politique et
deux décisions militaires importantes y furent prises :

le principe d’un démembrement de l’Allemagne, d’un partage de


l’Europe en zones d’influence et du déplacement de la Pologne
vers l’ouest ;
le rejet par Staline et Roosevelt du projet britannique d’offensive
par la Méditerranée et les Balkans ;
l’organisation d’un débarquement en Normandie en juin 1944.

Autre photo des "trois grands" lors de


la conférence de Téhéran. À l'arrière
plan des assistants de Roosevelt.

Déroulement
Churchill avait proposé une rencontre à Londres. C’est Staline qui
insista pour choisir Téhéran alors que la distance à parcourir était
très longue pour Roosevelt et Churchill. Staline qui prenait l’avion
pour la première fois de sa vie arriva en premier[2]. Ses deux
interlocuteurs arrivaient du Caire, où s’était déroulée une
conférence sur le Japon et l’Asie.

L’Iran est alors occupé par les forces soviétiques et britanniques.


Le jeune Chah de 22 ans, Mohammad Reza Pahlavi, n'a qu'un
pouvoir protocolaire. Les dirigeants iraniens ne sont d'ailleurs
informés de l'organisation de la conférence que quelques jours
avant. Si Staline et Churchill lui rendent une visite de courtoisie,
Reza Chah devra rencontrer Roosevelt à l'ambassade d'URSS, où
ce dernier a accepté de loger[1]. Les Alliés se comportent en
terrain conquis et Reza Chah ne fut même pas invité aux
cérémonies qui se déroulèrent dans les ambassades.

Pour éviter des parcours fastidieux entre ambassades, supposés


être risqués selon les Soviétiques[3], Roosevelt accepta de prendre
ses quartiers à l'ambassade de l'URSS, qui est truffée de micros et
d'espions soviétiques[4].

Objectif
Sur le plan politique, Staline accepta le principe de la création
d’une organisation internationale, proposé par Roosevelt.

Les « trois grands » s’entendirent également sur le principe du


démembrement de l’Allemagne, l’annexion de Königsberg par
l’Union soviétique et le déplacement de la Pologne (dont le
gouvernement en exil à Londres ne fut même pas informé) vers
l’ouest pour que l’URSS puisse garder les territoires polonais
obtenus par le pacte germano-soviétique. En compensation
(partielle), la future Pologne recevrait les territoires orientaux de
l’Allemagne.

On ne précisa pas les nouvelles frontières de la Pologne, les


Britanniques souhaitant éviter les protestations du gouvernement
polonais de Londres et Roosevelt celles des Américains d’origine
polonaise. Après la Conférence, quand des fuites révélèrent ce qui
était considéré comme la complaisance des Britanniques et des
Américains envers les appétits de Staline au détriment des
Polonais, Anthony Eden (devant la Chambre des communes le
15 décembre 1943) et Roosevelt (devant le Congrès le
11 janvier 1944) se livrèrent à des dénégations mensongères[5].
On envisagea, cependant, que la frontière orientale pourrait être
définie par un tracé nommé « ligne Curzon A » : non la véritable
ligne Curzon de 1919, qui laissait Lwow à la Pologne (nommée
« B » par les Soviétiques), mais le tracé germano-soviétique de
1939 qui donnait cette ville à l'URSS. La frontière occidentale
pourrait suivre le cours de deux rivières, l'Oder et la Neisse (ligne
Oder-Neisse). On ne précisa pas, toutefois, s’il s’agissait de la
Neisse occidentale (qui prend sa source en Bohême et se jette
dans l’Oder près de Nysa) ou de la Neisse orientale (qui prend sa
source en Silésie et se jette dans l’Oder près de Gubin), ce qui
devait donner plus tard matière à discussion.
Staline exposa également ses revendications en Asie sud de
Sakhaline et îles Kouriles, alors japonais.

Concernant les opérations dans les Balkans occupés, Churchill


annonça à Staline son intention de soutenir en Yougoslavie les
partisans communistes, dirigés par Tito, plutôt que le groupe
légitimiste des Tchetniks, obéissant au gouvernement yougoslave
en exil à Londres, dirigés par Draža Mihailović. Churchill avait pris
cette décision sur la base de rapports concluant que les Partisans
infligeaient aux Allemands bien plus de dommages que les
Tchetniks[6],[7] (dont des groupes dissidents, en Bosnie-
Herzégovine, en Croatie et en Dalmatie, distincts de ceux de
Mihailović, collaboraient au contraire avec les occupants pour
combattre les communistes) et sans se douter que ces rapports
exagéraient largement le nombre des groupes dissidents et
minimisaient les forces de Mihailović, grâce à l’influence des
« Cinq de Cambridge », un groupe d’agents de renseignement
britanniques du SIS travaillant en fait pour le NKVD[8].

Décisions
À l’issue de la conférence, les trois chefs communiquèrent les
conclusions militaires suivantes le 1er décembre 1943 :

1. Les Partisans yougoslaves seront soutenus avec des


fournitures et des équipements ainsi que par des opérations
de commandos[9] ;
2. Il est souhaitable que la Turquie se déclare en guerre aux
côtés des Alliés, avant la fin de la guerre[9] ;
3. Prendre bonne note que si la Turquie entre en guerre contre
l’Allemagne, et s’il en résulte une déclaration de guerre ou
une attaque de la Bulgarie contre la Turquie, l’URSS entrerait
immédiatement en guerre contre la Bulgarie. La Conférence
acta que ceci pouvait être mentionné dans les négociations à
venir pour amener l'entrée en guerre de la Turquie[9] ;
4. L’« opération Overlord » (débarquement de Normandie) serait
lancée en mai 1944, en synchronisation avec une opération
contre le sud de la France. Cette dernière serait entreprise
avec les moyens de débarquement disponibles. La
conférence prendra note ultérieurement de la déclaration du
maréchal Staline que les forces soviétiques lanceraient une
offensive en même temps avec comme objectif d’empêcher
les forces allemandes d’être transférées du front de l’Est vers
celui de l’Ouest[9] ;
5. Il est convenu que les troupes des trois puissances resteront
en contact étroit pour tout ce qui concerne les opérations en
Europe. En particulier, il est convenu qu’un plan de
couverture pour mystifier et désorienter l’ennemi sur les
opérations sera concerté entre les personnels concernés[9].

Churchill, Staline et Roosevelt sont aussi convenus lors de cette


conférence de créer l'ONU selon les principes élaborés lors de la
Conférence de Moscou, cette conférence mènera ainsi à celle
réunissant des experts : la Conférence de Dumbarton Oaks[10].

Postérité
La Conférence de Téhéran avait pour objectif un accord militaire. Il
faut penser que cette conférence interalliée n’était pas suffisante :
après que Churchill est allé le 9 octobre 1944 à Moscou négocier
avec Staline le fameux accord des « zones d'influence » et du
30 janvier au 2 février 1945 à Malte préciser avec Roosevelt les
modalités d’application et les stratégies consécutives, les « trois
grands » se retrouvèrent encore à Yalta du 4 au 11 février 1945
pour entériner le tout afin de mettre fin rapidement à une guerre
qui durait depuis 6 ans.

Récits
Winston Churchill. La Seconde Guerre mondiale - Tome 10 chap
10. Dans ses mémoires, Churchill évoque le diner offert par
Staline, le 29 novembre, repas au cours duquel le dirigeant
soviétique proposa de fusiller à la fin des hostilités 50 000
officiers et techniciens allemands. Il qualifie ces propos
quelques minutes plus tard, vu la très mauvaise réaction de
Winston Churchill, de plaisanterie, démenti qui laissa Churchill
sceptique.
Selon l’historiographie soviétique, dans le courant du second
semestre 1943, les forces spéciales d’Otto Skorzeny auraient
travaillé sur un projet visant à assassiner Churchill, Roosevelt et
Staline au cours de la conférence qui aurait lieu à Téhéran en
novembre 1943[11]. C’est l’opération « Grand Saut » (Operation
Long Jump). Le projet aurait, cependant, été abandonné en
raison du lieu trop éloigné. De plus, Berlin avait reçu un
message codé de ses agents à Téhéran indiquant qu’ils étaient
sous surveillance et que les agents du contre-espionnage
soviétique auraient alerté les Anglo-Américains. Il semble que
ce récit ne soit qu’une invention soviétique.

Notes et références

1. (en) « The Big Three and the Tehran Conference » (https://www.


iwm.org.uk/history/the-big-three-and-the-tehran-
conference) [archive], sur Imperial War Museums (consulté le
30 août 2020)
2. Bushkovitch, Paul. A Concise History of Russia. (Cambridge
University Press: 2012)
3. Les Services secrets soviétiques semblent avoir monté de
toutes pièces un complot fictif des nazis visant à éliminer les
« trois grands » pendant la conférence. - Voir : opération Grand
Saut.
4. Christian Destremau, Le Moyen-Orient pendant la Seconde
Guerre mondiale, Perrin, 2011, p. 394.
5. Céline Gervais-Francelle, Introduction à l'édition française 2011
de Jan Karski, Mon témoignage devant le monde, format de
poche, p. 18.
6. Branko Miljuš, La révolution yougoslave, L'Âge d'homme, 1982,
247 p. (lire en ligne (https://books.google.fr/books?id=OSZjgQ
55smgC&printsec=frontcover) [archive]), « La collaboration
avec l'ennemi », p. 119-133.
7. Dusan-T Batakovic, Histoire du peuple serbe, L'Âge d'homme,
2005, 386 p. (lire en ligne (https://books.google.fr/books?id=a
0jA_LdH6nsC&printsec=frontcover) [archive]), p. 337.
8. Christopher Andrew et Oleg Gordievsky, (en) Le KGB dans le
monde, 1917-1990, Fayard 1990, (ISBN 2213026009) et
Christopher Andrew, (en) Le KGB contre l'Ouest (1917-1991) : les
archives Mitrokhine, Fayard, 2000, 982 p.
9. (en) Staff of Senate Committee on Foreign Relations and the
Department of State, « A Decade of American Foreign Policy :
Basic Documents, 1941-49 » (https://archive.is/SMTB)
[archive (https://web.archive.org/web/20160916182254/htt
p://www.yale.edu/lawweb/avalon/wwii/tehran.htm) ],
Washington, D.C., U.S. Gov. Printing Office, 1950.
10. Maurice Vaisse (13e édition), Les relations internationales
depuis 1945, Armand Collin, 2013, 318 p., p. 6.
11. Documentaire de la chaîne « Histoire » : Les raids d'Otto
Skorzeny sur [1] (http://www.39-45.org/portailv2/media/media
-216-4+les-raids-d-otto-skorzeny-1-2.php) [archive].

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de


Wikipédia en anglais intitulé « Tehran Conference (https://en.wi
kipedia.org/wiki/Tehran_Conference?oldid=509850844) » (voir
la liste des auteurs (https://en.wikipedia.org/wiki/Tehran_Confe
rence?action=history) ).

Annexes

Articles connexes

Conférences inter-alliées
La Paix des dupes

Bibliographie

Arthur Conte, Yalta ou le partage du monde : 11 février 1945,


Paris, Éditions J’ai Lu, coll. « J’ai lu leur aventure »
(no A108/109), 1965, 448 p., poche.
François Kersaudy, Winston Churchill : le pouvoir de l’imagination,
Paris, Éditions Tallandier, 2009, 715 p.
Philip Kerr, La Paix des dupes, Paris, Le livre de poche, 2013, 619
p.
Laslo Havas, Assassinat au sommet, Paris, Éditions J'ai lu, coll.
« J’ai lu leur aventure », (no A213)1968, 312 p. poche.

Liens externes
Notices d'autorité : VIAF (http://viaf.org/viaf/241383439) ·
BnF (http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb11993789z)
(données (http://data.bnf.fr/ark:/12148/cb11993789z) ) ·
IdRef (http://www.idref.fr/02801782X) ·
LCCN (http://id.loc.gov/authorities/n50068809) ·
GND (http://d-nb.info/gnd/2015975-4) ·
Israël (http://uli.nli.org.il/F/?func=find-b&local_base=NLX10&find_co
·
Croatie (http://katalog.nsk.hr/F/?func=direct&doc_number=0000732
· Tchéquie (http://aut.nkp.cz/mzk2004237542) ·
WorldCat (https://www.worldcat.org/identities/lccn-n50068809)
Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Britannica (https://www.britannica.com/event/Tehran-Confer
ence) [archive] · Dizionario di Storia (http://www.treccani.it/enci
clopedia/conferenza-di-teheran_(Dizionario-di-
Storia)/) [archive] · Gran Enciclopèdia Catalana (https://www.en
ciclopedia.cat/EC-GEC-0065386.xml) [archive] · Store norske
leksikon (https://snl.no/Teheran-konferansen) [archive] ·
Universalis (https://www.universalis.fr/encyclopedie/accords-de
-teheran/) [archive]

Portail des relations internationales


Portail des années 1940
Portail de la Seconde Guerre mondiale
Portail du Royaume-Uni Portail des États-Unis
Portail de l’URSS
Portail de l’Iran et du monde iranien

Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?


title=Conférence_de_Téhéran&oldid=206387564 ».

La dernière modification de cette page a été faite le 26 juillet 2023 à 21:14. •


Le contenu est disponible sous licence CC BY-SA 4.0 sauf mention contraire.

Vous aimerez peut-être aussi