Vous êtes sur la page 1sur 13

Conférence de Potsdam

conférence organisée par trois des puissances alliées


victorieuses de la Seconde Guerre mondiale pour fixer le sort des
nations ennemies
Conférence de Potsdam

Les acteurs de la conférence de Potsdam : Churchill, Truman, Staline,


dans le jardin de Cecilienhof.

Type Conférence diplomatique


Pays Allemagne occupée
Localisation Potsdam
Coordonnées 52° 25′ 09″ nord, 13° 04′ 15″ est
Date du 17 juillet 1945 au 2 août 1945
Participant(s) Joseph Staline
Harry S. Truman
Winston Churchill puis Clement Attlee

Wikimedia | © OpenStreetMap

modifier (https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Conf%C3%A9rence_de_Potsdam&actio
n=edit&section=0)

La conférence de Potsdam est une conférence organisée par trois


des puissances alliées victorieuses de la Seconde Guerre
mondiale pour fixer le sort des nations ennemies. Les États-Unis
sont représentés par le président Harry Truman, l'URSS par le
secrétaire général et dirigeant Joseph Staline et le Royaume-Uni
par ses premiers ministres successifs Winston Churchill et
Clement Attlee[a].

Elle a débuté le 17 juillet 1945 et s'est terminée le 2 août 1945 au


château de Cecilienhof, près de Potsdam, dans la banlieue sud-
ouest de Berlin (Potsdam avait été précédée des conférences
interalliées de Téhéran en décembre 1943 et de Yalta en
février 1945).

Le Japon continuant à combattre, cette conférence s'est déroulée


avant même la fin de la guerre. Son but était de fixer le sort des
puissances qui avaient été ou restaient ennemies des forces
alliées. L'Allemagne avait capitulé depuis plus de deux mois, et la
victoire était presque imminente sur le Japon qui venait de subir
de lourdes pertes territoriales et militaires (le 26 juillet, un
ultimatum est signifié à l'empire du Japon, au nom des États-Unis,
du Royaume-Uni et de la république de Chine) et qui allait subir
deux largages successifs d'une bombe nucléaire américaine (le
6 août sur Hiroshima et le 9 août sur Nagasaki) et aussi devoir
faire face à l’entrée en guerre de l'URSS le 9 août 1945. Le 15 août,
l'empereur du Japon, Hirohito, annonce à la population japonaise
qu'il accepte les accords de Potsdam. Le 2 septembre, le Japon
signe sa capitulation, et les États-Unis peuvent négocier en
position de force[1].
Il s'agit de la seule rencontre entre le président américain Harry S.
Truman et Joseph Staline, dirigeant soviétique. L'accord de
Potsdam a formellement été signé le 26 juillet 1945.

Troisième Reich
Le Troisième Reich est démantelé, la séparation entre l'Allemagne
et l'Autriche exigée et les deux territoires divisés en quatre zones
d'occupation.

L'Allemagne voit un déplacement vers l'ouest de sa frontière


orientale, perdant environ 25 % de son territoire. La Prusse-
Orientale est attribuée à la Pologne et à l'URSS. L'Allemagne perd
également la Haute-Silésie, deuxième centre industriel du pays.
Les Occidentaux acceptent la nouvelle frontière germano-
polonaise, mais seulement de manière provisoire.

L'expulsion d'Europe de l'Est des populations ethniquement


allemandes s'effectue dans le vide juridique de l'immédiat de
l'après-guerre dans les territoires de la diaspora allemande. Elle
est largement entamée de manière spontanée, les Allemands eux-
mêmes fuyant devant l'Armée rouge, et elle est habituellement
initiée par la nouvelle administration polonaise dans les anciens
territoires allemands occupés à l'est de l'Oder et de la Neisse ou
initiée par les populations locales. La Tchécoslovaquie entérine
légalement cette expulsion ethnique. Dès le 2 août 1945, jour de
clôture de la conférence, les décrets Beneš retirent la citoyenneté
tchécoslovaque aux ressortissants des minorités allemande et
hongroise, entamant leur expulsion. Au total, plus de 11 millions
d'Allemands ont été expulsés, 2 millions sont morts et 2,6 millions
restaient dans les anciens territoires de peuplement allemand.

Les « cinq D » sont mis en place par les pouvoirs d'occupation en


coopération avec les nouvelles autorités allemandes : le
désarmement ou la démilitarisation (mesures sur lesquelles on
reviendra après l'échec de la Communauté européenne de
défense lors des accords de Paris de 1954-55) ; la dénazification
ou la destruction de tout ce qui se rapporte au nazisme
(programme, propagande, lois nazies), mise en place d'opposants
au pouvoir nazi ou de représentants de la république de Weimar
aux postes importants ; la décartellisation des grands cartels
fusionnés sous la tutelle nazie ; et la démocratisation et la
décentralisation pour affaiblir le pouvoir allemand, très centralisé
pendant le nazisme, en favorisant une régionalisation qui serait
moins encline à permettre un État autoritaire.

Dans le cadre de la dénazification, les occupants décident du


jugement des criminels de guerre ; ce seront les procès de
Nuremberg.

La question des réparations se heurte aux exigences de Staline,


jugées excessives par les Occidentaux. Pour sortir de l'impasse, le
secrétaire d'État américain James Byrnes propose un
compromis : la fixation du montant total serait confiée à la
Conférence des ministres des Affaires étrangères (CMAE), et
dans l'intervalle, il était admis que les Soviétiques pouvaient
prélever ce qu'ils voulaient dans leur propre zone[2].

Italie
L'Italie perd ses colonies africaines : l'Érythrée (administrée par les
Britanniques, puis cédée à l'Éthiopie), la Somalie italienne
(administrée par les Britanniques, puis de nouveau administrée
par l'Italie sur mandat des Nations unies de 1950 à 1960), la Libye
italienne (occupée par le Royaume-Uni et la France, puis
indépendante en 1951) et l'Éthiopie (qui retrouve son
indépendance). L'Albanie, occupée peu avant la guerre, retrouve
son indépendance. Les cantons français annexés durant la guerre
sont rétrocédés à la France.

Japon
Articles détaillés : Bombardements atomiques de Hiroshima et
Nagasaki et Occupation du Japon.

Le 26 juillet 1945, un ultimatum, la déclaration de Potsdam, est


signifié à l'empire du Japon par le président américain Harry
Truman, le premier ministre britannique Winston Churchill et le
président chinois Tchang Kaï-chek[3],[4] (l'URSS n'en fait pas partie
car le pays n'est pas encore en guerre contre le Japon) : « Nous
appelons le gouvernement du Japon à prononcer aujourd'hui la
capitulation sans conditions de toutes les forces armées
japonaises. […] Sinon, le Japon subira une destruction rapide et
totale »[5]. Le territoire du Japon est limité aux quatre îles
principales et aux quelques petites îles limitrophes ; les gains
territoriaux antérieurs à 1937 (la Corée, Taïwan et le
Mandchoukouo) sont libérés de la tutelle nippone. La reddition
complète des forces armées est exigée ainsi que l'abdication de
l'empereur Hirohito. Les Alliés prônent l'instauration de la liberté
d'expression, de pensée et de religion.

Cet ultimatum ne mentionne pas l'arme nucléaire. Durant la


conférence, Truman informe Staline de la nouvelle arme des
États-Unis qui avait été testée à peine quelques heures avant le
début de la conférence. Staline connait déjà l'existence de la
bombe nucléaire par ses espions au sein du projet Manhattan. Ce
message à Staline est souvent interprété par les
historiens [Lesquels ?] de la Nouvelle gauche comme le début de la
« diplomatie atomique » en faisant des Américains les initiateurs
de la guerre froide avec Truman désormais en position de force
dans les négociations face à Staline, qui possède la plus grande
armée conventionnelle avec 6 millions de soldats, 300 divisions,
23 300 tanks et 23 400 avions[6],[7].

Le 29 juillet, le premier ministre japonais Kantaro Suzuki prononce


une déclaration indiquant qu'il entendait ignorer (mokusatsu 黙
殺 [5]) cet avertissement au motif qu'il n'était qu'une redite de
l'ultimatum du Caire. Cette déclaration ambiguë, reprise dans les
médias nippons dont l'Asahi Shinbun, était peut-être émise pour
apaiser la faction belliciste de l'armée et de la marine mais était
comprise par les Alliés comme la volonté du gouvernement
japonais de rejeter toute idée de reddition. La première bombe
atomique militaire est alors larguée sur Hiroshima le 6 août, puis
la seconde le 9 sur Nagasaki, après un second ultimatum de
Truman, resté sans réponse[8]. Entre-temps, le 8 août,
conformément à un engagement pris en février 1945 à la
conférence de Yalta, l'URSS déclare la guerre au Japon, le
troisième mois qui suit la capitulation allemande.

Le 2 septembre, la donne géopolitique avait changé avec les deux


explosions atomiques, Douglas MacArthur refuse le principe d'une
occupation conjointe du Japon avec les Soviétiques.

L'abdication de l'empereur n'est alors plus exigée par les Alliés.


Certains historiens, comme Jacques R. Pauwels, prétendent que
cette clause n'avait été introduite que pour rendre l'ultimatum de
Potsdam inacceptable alors que le Japon exsangue et dont la
population civile avait été martyrisée par les bombes incendiaires
(notamment celles lâchées sur Tokyo en mars 1945) était prêt à
se rendre, ce qui permettrait aux Américains d'utiliser l'arme
atomique et montrer leur puissance face aux Soviétiques[9].

Indochine française
Concernant l'Indochine française, intégralement contrôlée par les
Japonais depuis le coup de force du 9 mars 1945, les Alliés
décident, sans consulter la France, de confier le rétablissement de
l'ordre au Royaume-Uni et à la république de Chine, les
Britanniques devant administrer le sud et les Chinois le nord, les
zones d'influence étant délimitées par le 16e parallèle[10].
Toutefois, après des négociations, la France réinvestit l'Indochine
à la fin de l'année 1945. Le général de Gaulle nomme l'amiral
Georges Thierry d'Argenlieu haut commissaire et commandant en
chef en Indochine.

Les frontières de la Pologne en 1945.

Pologne
Le Gouvernement provisoire d'unité nationale était reconnu par les
gouvernements britannique et américain le 5 juillet, avant même
l'ouverture de la conférence[2]. La frontière ouest est
provisoirement déterminée par la ligne Oder-Neisse. La ville libre
de Dantzig est placée sous administration polonaise.

Notes et références

Notes
a. Churchill est battu lors des élections générales britanniques le
5 juillet.

Références

1. Et, selon certains historiens, les États-Unis ne manquèrent pas


de le faire sentir à Staline. Voir Ian Grey, Stalin, Man of History,
chap. La trahison de Potsdam et la fin de la Grande Alliance.
2. Georges-Henri Soutou, La Guerre de cinquante ans. Les
relations Est-Ouest 1943-1990, Fayard, 2001, p. 95-98.
3. « Potsdam Declaration | The Bombing of Hiroshima and
Nagasaki | Historical Documents » (http://www.atomicarchiv
e.com/Docs/Hiroshima/Potsdam.shtml) [archive], sur
atomicarchive.com (consulté le 14 avril 2020).
4. (en) « Potsdam Declaration | Definition, Terms, & Facts » (http
s://www.britannica.com/topic/Potsdam-Declaration) [archive],
sur Encyclopedia Britannica (consulté le 14 avril 2020).
5. Julien Abadie, « «Mokusatsu», l’erreur de traduction qui a
changé le cours de la Seconde Guerre mondiale » (http://ww
w.slate.fr/story/91073/mokusatsu-erreur-traduction-seconde-g
uerre-mondiale) [archive], sur Slate.fr, 2 septembre 2014
(consulté le 14 avril 2020).
6. André Kaspi, Américains. Les États-Unis de 1945 à nos jours,
Éditions Points, 2014, p. 87.
7. (en) Albert Loren Weeks, Stalin's Other War, Rowman & Littlefield
Publishers, 2002, p. 113.
8. .https://www.pbs.org/wgbh/americanexperience/features/pri
mary-resources/truman-hiroshima/ [archive].
9. Jacques R. Pauwels, Le mythe de la bonne guerre. Les États-
Unis et la Seconde Guerre mondiale, EPO/Éditions Aden,
Berchem [Antwerp], Belgium, 2005.
10. Jean Sainteny, Indochine 1945-1947, Amiot-Dumont, 1953,
page 49.

Annexes

Bibliographie

Protocole entre les Alliés relatif aux zones d'occupation en


Allemagne, Londres, Cvce.eu, 12 septembre 1944 (lire en ligne
(https://www.cvce.eu/obj/protocole_entre_les_allies_relatif_aux
_zones_d_occupation_en_allemagne_londres_12_septembre_19
44-fr-f6ad2306-576d-4705-a772-
4e52945aabe9.html) [archive]).
Accord entre les Alliés portant amendements au protocole du 12
septembre 1944, Londres, Cvce.eu, 14 novembre 1944 (lire en
ligne (https://www.cvce.eu/obj/accord_entre_les_allies_portant
_amendements_au_protocole_du_12_septembre_1944_londres_
14_novembre_1944-fr-76b5c518-9d0c-4d02-9f92-a970c272aa0
7.html) [archive]).
Accord entre les Alliés sur les zones d'occupation en Allemagne,
Londres, Cvce.eu, 26 juillet 1945 (lire en ligne (https://www.cvc
e.eu/obj/accord_entre_les_allies_sur_les_zones_d_occupation_
en_allemagne_londres_26_juillet_1945-fr-40dda3a5-d0d1-4496-
848d-c0f84309ae8b.html) [archive]).
« Protocole de la conférence de Potsdam (Berlin, 1er août
1945) » (https://www.cvce.eu/obj/protocole_de_la_conference_
de_potsdam_berlin_1er_aout_1945-fr-a602127f-c124-4053-8db
6-cf62ab16846a.html) [archive], sur Cvce.eu, 1er août 1945.

Articles connexes

Occupation de l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale


Conseil de contrôle allié
Déclarations alliées de Berlin (1945)
Statut d'occupation de l'Allemagne (1949)
Accord de Petersberg (1949)
Accords de Bonn (1952)
Accords de Paris (1954)

Liens externes

Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :


Britannica (https://www.britannica.com/event/Potsdam-Conf
erence) [archive] · Gran Enciclopèdia Catalana (https://www.enc
iclopedia.cat/EC-GEC-0052424.xml) [archive] · Store norske
leksikon (https://snl.no/Potsdamkonferansen) [archive]
Notices d'autorité : VIAF (http://viaf.org/viaf/133170879) ·
LCCN (http://id.loc.gov/authorities/n50026604) ·
GND (http://d-nb.info/gnd/2017879-7) ·
Israël (http://uli.nli.org.il/F/?func=find-b&local_base=NLX10&find_co
· Tchéquie (http://aut.nkp.cz/kn20050914028) ·
WorldCat (https://www.worldcat.org/identities/lccn-n50026604)
« Dossier consacré à la division de l'Allemagne » (https://www.c
vce.eu/education/unit-content/-/unit/55c09dcc-a9f2-45e9-b240
-eaef64452cae/5d3b421b-9a4b-46fc-a041-
fab64325d6a6) [archive] sur le site du Centre virtuel de la
connaissance sur l'Europe

Portail de la Seconde Guerre mondiale


Portail des relations internationales
Portail de la guerre froide
Portail des années 1940

Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?


title=Conférence_de_Potsdam&oldid=204833366 ».

La dernière modification de cette page a été faite le 2 juin 2023 à 16:08. •


Le contenu est disponible sous licence CC BY-SA 4.0 sauf mention contraire.

Vous aimerez peut-être aussi