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L’Etat philosophie

la définition
Attention, déjà, l'État n'est pas la même chose que la société. On peut définir la société comme un ensemble
d'interactions entre les différents individus, bref, une sorte d'assemblage de relations spontanées - et moins
spontanées - entre littéralement tout le monde.
Mais l'État, c'est plus que ça. C'est quand cet assemblage d'individus, cette société donc, devient codifié
juridiquement. C'est donc le cadre juridique de la société. Et ce qui définit sa structure et son fonctionnement, eh
bien... C'est la politique.
Une fois ces trois notions bien distinguées, c'est parti pour se poser les questions principales qui ont un lien avec
notre chapitre.
 Déjà, à quoi ressemblaient nos sociétés avant l'Etat?
 Quelle est la meilleure forme d'Etat - doit-il par exemple valoriser davantage la liberté ou la sécurité ?
 Et enfin, est-ce que l'Etat nous opprime, en tant que citoyens ?
Il y aurait encore mille et une questions mais nous allons nous focaliser sur celles-ci aujourd'hui, avec des
philosophes au programme!

parlons d'Aristote
Pour lui, l'homme est foncièrement un animal politique. Il ne peut pas se développer hors de la cité (de la polis).
En effet, contrairement aux animaux, on dispose du logos (la parole et la raison) mais aussi de valeurs.
Et on peut échanger ces visions et valeurs avec les autres.
On ne peut donc pas se construire sans autrui. On est obligés de se construire en commun. Et si je ne suis pas
dans la cité, je suis forcément une brute, sans foi ni loi (selon Aristote, toujours). Pour ne pas être cette brute, j'ai
besoin des autres - d'où le fait que je suis un animal, certes, mais surtout un animal politique.
Et pourquoi ai-je besoin des autres ? Pour échanger, communiquer, mais surtout se reproduire - la famille étant la
première organisation humaine. Et créer une cité, évidemment. L'objectif de l'homme, c'est de vivre en homme,
et donc, nécessairement, dans une cité.
Mais alors comment organiser cette cité? Comment créer un État ?

« Ce que l'homme perd par le contrat social, c'est sa liberté naturelle et un droit illimité à tout ce qui le tente et
qu'il peut atteindre. Ce qu'il gagne, c'est la liberté civile et la propriété de tout ce qu'il possède. »
Rousseau, Du contrat social

le contrat social
Rousseau nous propose d'en parler avec la théorie du contrat social. Pour arriver à cette théorie, il faut repartir de
l'état de nature. Il nous propose de faire une petite expérience. Imaginons l'homme comme un être qui n'a jamais
connu de société. Enlevons lui la propriété privée, les lois, les règles.
Créons une sorte de fiction, finalement.
Selon vous, est-ce qu'on s'entretuerait ? Rousseau nous dit que non ! Au contraire, si il n'y avait plus d'argent,
plus de propriété, il n'y aurait plus rien à se disputer. L'homme est donc d'après lui naturellement bon. Et le souci
vient à partir du moment où quelqu'un pointera du doigt un champ et dira :
"Ceci est à moi". Bref, avec la propriété privée. Le début des problèmes, en somme.
Ainsi, c'est la société qui nous rend malheureux et corrompus, finalement.
Mais comment faire du coup ? Est-ce qu'on est perdus ? Non ! Il y a le contrat social. C'est une forme de contrat
que formuleraient les citoyens vis à vis de l'Etat. Le deal, c'est : Ok, je renonce à une liberté totale, à un état de
nature, mais en échange on a tous une égalité de droits. On jouit tous des mêmes avantages, et malgré nos
différences naturelles, on est tous égaux.
Ainsi, la loi, et donc l'État, n'obéissent non pas à nos volontés à chacun, pris séparément, mais à une volonté
collective. Tous les citoyens s'unissent dans cette forme de contrat social et se mettent d'accord pour avoir cette
égalité de droits.

le clash hobbes vs rousseau


C'est génial me diriez-vous ! Mais au fait, revenons peut-être à l'état de nature un instant. Pas tout le monde ne
pense que l'homme est naturellement bon. Et donc, pas tout le monde n'a la même notion du contrat social...
Prenons Hobbes, par exemple.
Bon, ils n'ont pas vécu au même siècle, hein ! Hobbes a vécu avant
Rousseau - au XVIle - alors que Rousseau, c'est les Lumières - XVIlle. Mais leurs pensées ne peuvent pas se
comprendre l'une sans l'autre.
On l'a vu, Rousseau pense que l'homme est naturellement bon et donc que le contrat social pourrait arranger pas
mal de choses.
Hobbes n'était pas du tout d'accord avec cette conception, un siècle avant Rousseau. Pour lui, l'homme est un
loup pour l'homme. Dans l'état de nature (donc cet état fictionnel où il n'y aurait pas de lois), chaque homme a
son instinct de survie qui prédomine. On serait donc tous le produit de nos passions, de nos instincts, ce qui
donnerait un état de guerre permanente de tous contre tous.
Cette situation n'est pas géniale, vous en convenez. Pour sortir de cette violence qui pèse sur tout le monde, il
faut un État, il faut aussi un contrat entre les individus et l'État. Mais cet État est différent pour Hobbes : il se
fonde sur la sécurité. Chaque homme doit se soumettre à l'Etat : on abandonne nos pouvoirs naturels pour les
remettre à une forme supérieure qui gèrera nos problèmes pour nous.

Aserofondissement-
Hobbes nous explique donc qu'il faut se soumettre à l'Etat qui détiendra le monopole de la violence légitime.
Attention, il ne parle pas de tyrannie ou de despote. Juste d'un Etat qui doit susciter la crainte pour se faire
respecter : c'est ce qu'il appelle le Léviathan (nom de son livre).
Mais Rousseau, un siècle plus tard, comme on l'a vu, ne va pas être fan de cette théorie. Il écrira même dans Du
contrat social : "On vit aussi en sécurité au fond d'un cachot". Autrement dit, certes, c'est important d'être en
sécurité, mais que vaut cette sécurité si on n'est plus libre ?
C'est un débat encore très actuel, vous vous en rendez probablement compte - vous pouvez voir ce genre de
discussions sur les plateaux TV en permanence sur des débats par exemple autour de la vidéosurveillance, de la
police, de certaines lois d'état d'urgence…. Et évidemment du pass sanitaire

la théorie de marx
Sortons un peu du clash entre Hobbes et Rousseau pour parler Etat et oppression.
Il faut absolument approfondir Marx par vous-même (tout comme les autres penseurs) mais en résumé, pour lui :
l'histoire est le produit d'une lutte des classes permanente, où les ouvriers sont constamment dominés par
l'économie, le politique, et le religieux.
L'Etat, pour Marx, participe à l'exploitation de la classe ouvrière. II sert les intérêts de la classe dominante
(bourgeoisie) en permanence.
D'où le besoin d'une révolution socialiste pour amener à la disparition de toutes classes sociales, étape nécessaire
pour atteindre le communisme, où chacun aura selon ses besoins (en très rapide, encore une fois j'y reviendrai).
Donc attention, Marx n'est pas anarchiste (= volonté de faire disparaître toute autorité) ! Il imagine une
disparition de l'Etat simplement dans le cas où on arriverait au communisme.
En effet, puisque l'Etat ne servait selon lui qu'à opposer les classes entre elles, s'il n'y a plus de classes sociales...
plus besoin d'Etat !

pour approfondir
Pour introduire cette large notion qu'est l'Etat, je ne me suis concentrée que sur quelques philosophes, mais voici
ceux à creuser :
 Platon avec toute sa réflexion sur le rôle de la cité et son organisation nécessaire - avec à la tête, un
philosophe-roi. Il a une pensée extrêmement complète à ce sujet.
 Machiavel sur les qualités d'un bon gouvernant. Il explique que le but des princes est de conserver le
pouvoir avec la notion de "raison d'Etat" (la fin justifie les moyens)
Ou encore Tocqueville sur la démocratie, Locke comme un complément à Hobbes, Arendt sur le totalitarisme...
En parlant de totalitarisme ! N'hésitez pas à vous inspirer de faits historiques et d'analyses sur des formes d'Etat
différentes. Qu'elles soient oppressives ou au contraire, de sociétés utopiques (cf mon post à ce sujet).
Une dissertation de philosophie politique doit être concrète ! (mais de manière pertinente : pas question de citer
une petite phrase d'E. Macron sans rien analyser, parlez plutôt de questions philosophiques sous-jacentes à l'état
d'urgence, d'un mode de société innovant...)

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