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Séance 3 : La marche vers la guerre

Comment les régimes totalitaires mènent-ils le monde vers la guerre ?

I) Les ambitions des régimes totalitaires

En Allemagne, l’esprit de revanche. Souhaitant une parité militaire avec les pays vainqueurs qu’elle ne lui
permet pas, Hitler fait sortir l’Allemagne de la SDN en octobre 1933. Il manifeste par là également son hostilité
envers le système de sécurité collective mis en place au lendemain de la Première Guerre mondiale en vue de
garantir une paix internationale durable. En violation du traité de Versailles (1919), il rétablit le service militaire
obligatoire en 1935 et entreprend la remilitarisation de la Rhénanie en 1936, avec la construction de la « ligne
Siegfried » qui fait face à la « ligne Maginot » côté français. Il constitue un réseau d’alliances à plusieurs échelles : en
1936, il se dote d’un allié européen en créant l’Axe Rome-Berlin avec l’Italie fasciste et, au plan international, il signe
le pacte AntiKomintern1 avec le Japon pour contrer l’influence de l’URSS. Surtout Hitler ambitionne de mener à bien
un projet pangermaniste de conquêtes territoriales dans le but avoué de doter l’Allemagne d’un « espace vital » où
la « race allemande » trouvera à s’épanouir.
En Italie, le mythe réactivé d’une Rome éternelle. En quête de prestige militaire et de rayonnement politique,
Mussolini entreprend une série d’offensives militaires au sud et au nord de la Méditerranée. En octobre 1935, au
mépris du droit international, il lance son armée à l’assaut de l’Ethiopie, pays indépendant et membre de la SDN. En
avril 1939, il envahit l’Albanie en vue d’en faire une tête de pont pour, à terme, soumettre la Grèce. Ces offensives
militaires nourrissent le projet mussolinien de faire de l’Italie une puissance conquérante calquée sur celle de la
Rome impériale dont le Duce, en nouvel imperator, se veut l’héritier.
L’URSS tisse sa toile. La politique extérieure de Staline est motivée par sa volonté, d’une part, de contrer
l’expansionnisme et l’anticommunisme allemand et, d’autre part, d’étendre son influence idéologique. Pour cela,
l’URSS tente de s’immiscer dans les affaires européennes en intégrant la SDN en 1934 et en signant avec la France un
pacte d’assistance en cas d’agression avec un pays tiers. Le Komintern2 encourage les partis communistes européens
à s’allier avec les autres forces de gauche pour accéder au pouvoir, comme c’est la cas en France avec le Font
populaire (1936-1938).

II) La guerre d’Espagne (1936-1939) : terrain d’affrontement européen (point de passage p. p. 74-75)

Une guerre civile. En Espagne, la coalition des partis de gauche au sein du Frente Popular remporte les élections
législatives du 16 février 1936. Mais la droite nationaliste refuse de reconnaître sa défaite électorale. Le 17 juillet, le
général Franco, conservateur et nationaliste, tente un coup d’Etat. A la tête de l’armée du Maroc espagnol et du Sud
de l’Espagne, Franco engage ses troupes dans une guerre civile contre le gouvernement légal : le conflit oppose les
forces réactionnaires de la droite catholique et nationaliste (les franquistes) aux forces de la gauche républicaine.
L’engagement des régimes totalitaires. La guerre s’européanise. Alors que les démocraties occidentales,
imprégnées de pacifisme, défendent le principe de la non-intervention, ou non-ingérence, afin de ne pas déstabiliser
l’ordre européen, les régimes fasciste et nazi, au contraire, soutiennent la réaction conservatrice menée par le
général Franco pour, d’une part, lutter contre le « bolchévisme » et la démocratie et, d’autre part, se positionner en
tant que puissances rivales des démocraties d’Europe occidentale (France et Grande-Bretagne). Pour sa part, l’URSS,
par le biais du Komintern, arme les Brigades internationales qui viennent prêter main forte aux Républicains
espagnols.
La préfiguration des violences de la Seconde Guerre mondiale. L’Espagne devient un terrain d’entrainement
pour les troupes allemandes et italiennes. L’Italie envoie 75 000 hommes et l’Allemagne 17 000 ainsi que du matériel
1
Pacte conclu contre l’Internationale communiste d’abord avec le Japon puis élargi à l’Italie (1937), la Hongrie et l’Espagne
(1938).
2
Organisation politique, aussi appelée Troisième internationale, créée en 1919 sous l’impulsion de Lénine pour réunir
l’ensemble des partis communistes dans le monde. Dirigée par le parti communiste soviétique, sa plaque tournante pour
l’Europe occidentale était Paris, de 1933 à la dissolution de l’organisation en 1943.
militaire en soutien des troupes franquistes tandis que l’URSS fournit essentiellement de l’armement aux
Républicains (dont 1000 avions et 900 chars). Cet engagement militaire permet d’éprouver l’efficacité de l’aviation et
des bombardements allemand et italien lors de l’attaque sur la ville basque de Guernica 3, le 26 avril 1937, qui fait
plus de 2 000 morts civils. A total, le conflit cause la perte de plus de 600 000 personnes. Le général Franco en sort
victorieux en 1939 et prend la tête d’une dictature nationaliste et catholique (jusqu’à sa mort en 1975). Surtout, la
guerre civile espagnole accentue la division irrémédiable entre régimes autoritaires et démocraties.

III) Vers la guerre en Europe

Expansionnisme vs appeasement. Le projet pangermaniste d’Hitler fondé sur la force et la conquête militaire de
territoires contraste avec l’attentisme et la politique d’appeasement, ou d’apaisement, des démocrates occidentaux,
notamment du Premier ministre britannique Neville Chamberlain pour qui la négociation reste le dernier recours
possible pour éviter la guerre.
Les annexions totalitaires. Afin de réunir au sein du IIIe Reich tous les peuples germanophones d’Europe, le
Führer annexe d’abord l’Autriche en mars 1938. En septembre 1938, il réclame le rattachement des Sudètes, une
région de Tchécoslovaquie peuplée de germanophones. Face au risque d’une escalade de la violence, la conférence
de Munich (septembre 1938) qui confronte le Britannique Chamberlain et le Français Edouard Daladier à Hitler et
Mussolini consacre la défaite diplomatique des démocraties occidentales qui, au nom de la politique d’apaisement,
laissent les coudées franches aux visées bellicistes d’Hitler. La région des Sudètes est envahie le 1 er octobre. La
passivité et le pacifisme des Français et des Anglais autorisent Hitler et Mussolini à poursuivre leur politique
expansionniste : invasion allemande de la Bohème-Moravie en mars 1939, invasion italienne de l’Albanie en avril
1939.
Des alliances militaires à la guerre. Les alliances militaires des Etats totalitaires sont prêtes. En 1937, l’Italie a
rejoint l’Allemagne et le Japon dans le pacte anti-Komintern, la Hongrie et l’Espagne s’y rajoutent en février et mars
1939. Le 23 août 1939, Hitler signe un pacte de non-agression avec Staline qui contient un accord secret de partage
de la Pologne entre l’URSS et l’Allemagne. De leur côté, la France et la Grande-Bretagne s’allient en février 1939. Le
1er septembre 1939, l’Allemagne envahit la cité-Etat de Dantzig et la Pologne. Le 3 septembre, l’Angleterre et la
France déclarent la guerre à l’Allemagne : la Seconde Guerre mondiale commence.

3
L’opération militaire est menée par 44 avions de la Légion Condor allemande et 13 avions de l’Aviation Légionnaire italienne
fasciste.

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