EL FADLI Hind
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INTRODUCTION
Toutefois, l’ampleur chinoise ne date pas d’hier, mais de plusieurs piliers fondateurs qui
assurent sa pérennité dont l’étendue de son territoire, puisque à titre d’exemple une
province chinoise est l’équivalent en moyenne à la superficie du Royaume-Uni. Sauf que
cette immensité n’est pas de tout repos et attise autant de questionnements que de
convoitises contraignant ainsi tout le chemin qui a été parcourus par la Chine et ce depuis
la guerre d’Opium en 1840. Entre une unité territoriale où jouxtent les liens territoriaux,
les débats sur les identités régionales et risques de dislocation, l’enjeu de garder cette
place périphérique qu’occupe la Chine dans le monde est de taille. De ce fait, le maintien
de l’unité territoriale face à la diversité et l’immensité chinoise au-delà des ses
agglomérations ethniques s’inscrit dans un cadre géopolitique de pouvoir centralisé
autoritaire assurant l’intégrité du territoire pluriethnique chinois.
De ce fait, ce dit rapport portant sur la géopolitique en Chine essaiera de mieux assimiler
les dimensions de cette dernière a travers les différentes stratégies menées tout en donnant
une vision globale des relations géopolitiques chinoises à l’égard des continents, le tout,
chapeauté par une vision ambitieuse du futur de cette dernière.
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II- LA CHINE : FICHE PAYS
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Cette dernière comprend également des frontières maritimes avec d’autres compatriotes
voisins à l’est de la Mer de Chine à destination du Japon, à la Mer Jaune avec les deux
Corées et à la Mer de Chine Méridionale avec les membres de l’Association des nations
de l’Asie du Sud-est (ASEAN).
1- La stratégie maritime
Force traditionnellement continentale, la Chine fut par le passé l’une des plus
grandes puissances maritimes mondiales. Bien avant les navigateurs portugais (Henri le
Navigateur) et Christophe Colomb, l’Empereur Ming (Yong Le) envoya au début du XV
siècle des expéditions, sous le commandement de l’Amiral Eunuque musulman Zheng
He, à la découverte du monde amenant ainsi les Chinois jusqu’aux côtes africaines.
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Dans un second temps, le dignitaire se déplaçait pour aller payer tribut à l’Empereur. Ces
expéditions traduisant la culture chinoise contrastaient significativement avec les
expéditions occidentales qui suivront.
2- La stratégie terrestre
Les frontières chinoises, qui sont les plus longues de la terre (22 000 km), font coexister la
Chine avec quatorze voisins terrestres au gré de frontières qui varient entre 76 km
(l’Afghanistan) et plus de 3000 km (Russie, Inde), voire plus de 4600 km (Mongolie). Le
pays a par ailleurs aussi, en raison de ses prétentions, des frontières maritimes avec la
Corée du Nord et le Viêt Nam, la Corée du Sud, le Japon, les Philippines, Taïwan, Brunei,
la Malaisie, l’Indonésie. La mise en place de ces frontières a été fort longue jusqu’à
l’époque moderne puisqu’elle s’est échelonnée entre le IIIe siècle avant J.-C. et la fin du
règne de Kien Long (1736-1795), souverain de la dynastie Qing d’origine mandchoue, qui
a marqué l’apogée de l’expansion chinoise.
La fixation de leur périmètre définitif, autour de ce cœur impérial s’est ensuite faite au
gré du frottement avec les Empires britannique, russe, français, japonais, dans la seconde
moitié du XIXe siècle jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale. Elle s’est faite
aussi au gré des vicissitudes de l’histoire chinoise post-Seconde Guerre mondiale, puisque
pour l’essentiel la question des frontières du Nord comme du Nord-Ouest n’a été réglée
qu’au tout début des années 1990, après la disparition de l’URSS. Subsiste néanmoins un
certain nombre de problèmes terrestres, qui opposent la Chine à l’Inde à propos de l’Aksai
Chin (territoire de 30 00 km² inhabité) et de l’AruchnalPradesh (90 00km² et 1.4 million
d’habitants) alors que les contentieux actuels sont surtout maritimes en mers de Chine
orientale et méridionale avec principalement les conflits relatifs aux Senkaku-Diaoytai
(avec le Japon), aux Paracels et Spratleys (avec le Vietnam, les Philippines, le Brunei), à
l’atoll de Scaborough (avec l’Indonésie), et plus récemment aux îles Natuna (Indonésie)…
Dans ces dernier cas, les enjeux sont plus stratégiques et économiques sur la grande ligne
commerciale circumterrestre que véritablement symboliques comme dans le cas de la
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contestation de la ligne Mac Mahon (dans l’Himalaya) définie par la Convention de Simla
en 1913-1914.
Toutefois, les moyens colossaux déployés pour mener à bien ce projet dépassent
effectivement la capacité de financement et de construction de la Chine et suscitent des
problématiques sur ses conséquences géopolitiques. En effet, les nouvelles routes de la soie
semblent être motivées par des enjeux géopolitiques traduits par le fait d’assurer un leadership
régional pour la Chine en Asie de l’Est, d’assoir sa notoriété face aux Etats-Unis dans le cadre
du Partenariat Transpacifique, de renforcer la place périphérique qu’occupe la Chine en
Eurasie et surtout de s’allier avec des puissances émergentes à force influence comme l’Iran.
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En définitive, la notion de connectivité de la Chine au monde que propose les nouvelles routes
de la soie semble maquiller une réalité plus profonde qui cachent des intérets au service de la
superpuissance chinoise.Les nouvelles routes de la soie sont ainsi étiquetées en une volonté de
restructurer la gouvernance de la Chine à l’international et attire le scepticisme des pays
voisins tels que le Japon et les deux Corées qui voient qui y voient un nouvel impérialisme.
Initialement partenaires, partageant le même esprit, celui de« Bandung », la chine et l’Inde n’ont
pas su maintenir une entente cordiale durable. La répression chinoise de la révolte tibétaine de
1959 a amené les troupes des deux pays au contact à la frontière indo tibétaine. Les frictions se
multipliant, la guerre courte mais sévère de 1962 fut inévitable. Depuis, la question des frontières
entre les deux États alimente à Pékin une méfiance profonde et continue.
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Ainsi, la Chine privilégia l’alliance avec le Pakistan, alliance donnant à la politique chinoise une
tonalité pro islamique qu’elle renforçait volontairement en affichant sa sympathie pour la cause
palestinienne. De plus cette alliance lui permet de verrouiller l’Inde au sud du continent, le
Pakistan étant, pour cette dernière, la voie d’accès au reste de l’Asie. La conséquence de cette
politique est une relation triangulaire difficile et préoccupante car compliquée par les stratégies
nucléaires. A l’égard de l’Inde, la chine pratique la stratégie dite du « collier de perles » (relais
régionaux des ambitions de Pékin)
il s’agit schématiquement de développer des points d’appui (les perles) permettant de dresser un
maillage sur le flanc sud de l’Inde et d’offrir des facilités portuaires à la sécurisation de
l’approvisionnement en pétrole).
Quant à l’Asie centrale, depuis l’accès à l’indépendance des républiques ex-soviétiques, cet
espace, auparavant verrouillé par l’URSS, ne manque pas de susciter, pour de multiples raisons,
l’intérêt de Pékin. Raisons sécuritaires, le nationalisme des populations turcophones pouvant faire
cause commune avec les ouighours séparatistes, raisons stratégiques face à la récente implantation
de bases militaires américaines et enfin raisons économiques liées à l’intérêt croissant de la chine
pour le pétrole de la mer caspienne. C’est dans cette optique que s’expliquent la création du
groupe de Shanghai (1996) et les nombreux exercices militaires avec des troupes de pays d’Asie
centrale, visant officielles à la lutte anti-terroriste. De plus, de nombreux analystes comparent
l’OCS à une future « OTAN » asiatique ayant pour objectif central non avoué de conter le
positionnement américain en Asie Central.
Dans cette région, la question la plus grave est celle de Taiwan, le vital chinois. Il s’agit pour les
dirigeants chinois de l’unité de la nation. De surcroit, le rôle géopolitique de Formose est crucial
quant aux ambitions de la Chine mais aussi pour la politique régionale américaine et pour le
Japon. La région est en permanence sous tension.
En mer de Chine du sud, la fin de la guerre froide a créé un vide stratégique dont Pékin
entend bien profiter, d’où de nombreuses revendications sur les iles Spatleys, l’opposant ainsi au
Vietnam, aux philippines, à Singapour, à la Malaisie, au Japonetc. Ces iles ont un rôlegéopolitique
majeur pour le contrôle de la route maritime reliant l’Extrême-Orient au reste du monde et sont le
lieu idéal aussi bien pour l’écoute des bateaux qui traversent la mer de Chine que pour abriter des
techniques de guidage.
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Dissiper l’idée d’une menace chinoise en Asie est un objectif récurrent de la politique extérieure
de la Chine en Asie. C’était déjà celui de la “politique de bon voisinage” menée par les autorités
au cours des années 2000. Elle reposait essentiellement sur l’approfondissement des relations
économiques avec l’ensemble des pays du pourtour de la Chine, ainsi que sur une plus grande
implication du pays dans les instances de coopération régionale : transformation en 2001 du
groupe des Cinq de Shanghai en une Organisation de coopération de Shanghai souhaitée et pilotée
par la Chine, mise en place par Pékin . La puissance de la Chine est parfois perçue comme une
menace et donc contestée, pas seulement par les États-Unis et les deux autres puissances
régionales que sont le Japon et l’Inde, mais aussi par des États jugés moins puissants. Ces derniers
n’hésitent pas à profiter de ces rivalités en développant des relations avec le ou les concurrents de
la Chine pour limiter son influence.
2- La Chine et l’Europe
Pendant la guerre froide, les relations entre l’Europe et la chine étaient largement
influencées par leurs rapports respectifs avec Washington et Moscou, mais que selon le
développement d’une logique qui leur était propre. Cette relation ne progressait que dans
la mesure où Pékin et Washington tentaient de résoudre leurs différents. En outre, peu de
pays européens parvenaient à entretenir une relation avec Pékin indépendamment de
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Washington et Moscou, pour l’Europe de l’ouest, exception faite de la France qui,
gouvernée par Charles de Gaulle, fut un des rares pays à reconnaitre la RPC en 1964.
Dans un deuxième temps, et pour les mêmes raisons, les relations sino-européennes étaient
bien plus politiques et géopolitiques qu’économiques. Pendant la première phase de la guerre
froide, à l’instar des Etats-Unis, la plupart des pays occidentaux imposaient des sanctions
économiques à la Chine qui, de son coté, maintenaient sa politique nationaliste d’autarcie,
laissant ainsi peu de place aux échanges bénéfiques, d’ordre économique ou autre. La
politique intérieure de la chine a donc écarté toute coopération économique avec l’Europe,
meme lorsque l’occasion lui en a été donnée. A la fin de la Guerre Froide, les relations avec
l'UE ne sont pas une priorité pour la Chine. Mais la disparition de l'URSS (en 1991) fait
craindre à celle-ci une marginalisation (moins utile dans le jeu stratégique mondial) et son
ravalement au rang de puissance régionale moyenne. Il importe donc de trouver de nouvelles
alliances afin de contrebalancer le poids de la superpuissance américaine et d'éviter
l'isolement. Le rapprochement avec l'UE semble alors tout naturel.
Depuis plusieurs années, la Chine manifeste un intérêt croissant pour l’Europe, à la fois en
tant qu’ensemble et pour ses pays, pris séparément, Les investissements chinois se
concentrent principalement dans les infrastructures et les projets énergétiques. Il s'agit d'une
politique globale de modernisation des infrastructures stratégiques pour la Chine. C'est ce
qu'on désigne sous le vocable de "nouvelle route de la soie". Ce projet vise à améliorer et à
accélérer la création d'un réseau de distribution des produits chinois et à augmenter le trafic
est/ouest. L'Union européenne est aujourd'hui le partenaire économique le plus important pour
la Chine. De son côté, celle-ci est le deuxième partenaire de l'UE après les Etats-Unis. Les
échanges commerciaux entre la Chine et l'UE atteignent en 2015, selon la Commission
européenne, un milliard d'euros par jour.
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avec l'UE (création de centres de R&D en Serbie, Croatie, Hongrie et récemment en Belgique,
à Louvain-La-Neuve: le China-Belgium Technology Center)
Enfin, il faut noter l'existence d'une certaine diplomatie culturelle chinoise à destination de
l'UE à travers les centres de diffusion de la langue et de la culture chinoises. Autre instrument
du soft power chinois, l'organisation d'expositions sur le continent européen (ex. La Cité
interdite au Louvre en 2012).
3- La Chine en Afrique
Les relations entre la République Populaire de Chine et l’Afrique sont tellement importantes
qu’elles ont donné naissance à un nouveau mot : Chinafrique. Dans cette partie consacrée à la
présence de la Chine en Afrique, nous vous allons essayer de comprendre les ambivalences
diplomatiques entre la Chine et l’Afrique et la présence chinoise en Afrique. Dès les années
1950, au moment de la conférence de Bandung1, qui marque la première tribune offerte à la
Chine pour rétablir ses relations avec l’Afrique. D’une part, Bandung constituait la voie rêvée
par Pékin pour apporter son soutien aux pays en lutte contre la domination coloniale, et de
l’autre, elle permettait d’asseoir sa diplomatie naissante soucieuse de rompre les amarres avec
la tutelle
soviétique, ainsi, la Chine a manifesté un réel intérêt pour l’Afrique. Les motivations de la
République populaire de Chine (RPC) sont alors essentiellement idéologiques et politiques.
Pour la chine, le continent noir est devenu un véritable réservoir de matières premières,
comme les hydrocarbures et les minerais indispensables à sa croissance économique, et un
débouché commercial pour sa puissante industrie manufacturière. Sa diplomatie africaine vise
1
Une Conférence des Nations afro-asiatiques s'est tenue du 18 au 24 avril 1955 à Bandung,
en Indonésie réunissant Vingt-neuf pays
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également à marginaliser Taiwan, qui a perdu en dix ans la plupart de ses alliés en Afrique
dont l’Afrique du Sud (1998) et le Sénégal (2005). Aujourd’hui seuls le Swaziland, la
Gambie, le Burkina Faso et Sao Tome-et-Principe entretiennent des relations diplomatiques
avec Taipeh.
Il est clair que, parmi les pays africains, la Chine privilégie ceux qui, de par leur puissance
régionale ou du fait de leurs richesses en ressources naturelles, peuvent le plus contribuer à la
montée de l’influence chinoise sur le « continent noir » ; dans le premier groupe, il faut citer
tout d’abord l’Afrique du Sud, membre des BRICS depuis 2011, mais aussi le Nigeria,
l’Égypte et l’Éthiopie [Cabestan, 2012] ; dans le second, le Soudan (et désormais le Sud-
Soudan), l’Angola, l’Algérie, la République démocratique du Congo (RDC) et le Niger.
L’Afrique du Sud, l’Angola, le Nigeria, le Soudan, l’Égypte et l’Algérie figurent parmi les
partenaires privilégiés de la Chine en Afrique. Ces six pays représentent les 2/3 des échanges
sino-africains, alors que vingt pays d’Afrique n’assurent que 1,7 % du commerce bilatéral.
L’Afrique du Sud possède un sous-sol recélant de précieuses matières premières minières et
comme l’Égypte et l’Algérie, constitue un vaste marché de consommateurs, un débouché pour
les industriels chinois. L’Angola, le Nigeria et le Soudan détiennent des réserves en
hydrocarbures significatives.
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Malgré cela, l’Afrique est un partenaire commercial qui reste secondaire pour la Chine le
continent ne représente que 3 % du total des échanges commerciaux de la Chine, ce qui est
bien loin derrière l’Asie orientale (qui représente 40 %) ou bien l’Union européenne (17 %),
ou les Etats-Unis (15 % des échanges). L’intérêt de la Chine pour ce continent ne s’explique
pas seulement par des intérêts commerciaux. Il est aussi lié à des facteurs diplomatiques.Pour
Pékin, être présent en Afrique permet d’abord de limiter l'influence des Etats-Unis qui sont, à
tort ou à raison, perçus comme concurrent dans l’accès aux hydrocarbures africains.
Ensuite, la Chine cherche à contrer l’influence du Japon, qui recherche des alliés en Afrique
pour appuyer sa candidature comme membre permanent au Conseil de sécurité des Nations
Unies. Enfin la Chine cherche, par sa présence en Afrique, à achever l’isolement de Taiwan
sur la scène internationale. Cette stratégie est en fait à l’œuvre depuis presque cinquante ans.
C'était alors. Cependant, les calculs géopolitiques, comme ils le semblent, ne sont pas trop
étrangers au 21ème siècle non plus. Un document de stratégie publié par le ministère de la
Défense en janvier 2012 intitulé «Soutenir le leadership mondial: priorité pour la défense du
21e siècle», a soutenu que «la croissance du pouvoir militaire de la Chine doit s'accompagner
d'une plus grande clarté de ses intentions stratégiques afin d'éviter de causer friction dans la
région ". En outre, les débats émergents examinent la probabilité d'un" Pipe de Thucydide
"dans les relations entre les États-Unis et la Chine, estimant l'inévitabilité de la recherche
chinoise d'hégémonie régionale dans l'Asie-Pacifique, prévoyant un conflit imminent entre les
États-Unis et la Chine. En ce sens, il existe certainement des matériaux combustibles dans la
région, y compris la stratégie antidopage / négationnisme de la Chine dans les mers de la mer
du Sud et de l'Est contre la position de l'Amérique pour la liberté de la navigation maritime et
des opérations dans la région et des tensions sur le détroit de Taiwan.
Alors que pendant la guerre froide, l'Union soviétique était clairement l'ennemi de l'Amérique
et devait être contré par tous les moyens possibles, y compris des accords frappants avec une
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Chine qui avait plus ou moins les mêmes valeurs politiques que Washington a diabolisées à
Moscou. Les États-Unis ont essayé tous les moyens possibles, y compris en soutenant les
forces du Kuomintang contre les forces communistes dans la guerre civile chinoise, et plus
tard à affronter une Inde non alignée pour servir de contrepoids à une Chine communiste
avant de poursuivre son rapprochement.
Avant l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, son secrétaire d'Etat en passe d'être
confirmé Rex Tillerson a promis un bras de fer avec la Chine pour l'empêcher d'accroître sa
présence militaire et son influence régionale. « Nous allons envoyer à la Chine un message
clair : la construction d'îles artificielles et les accès à ces îles en mer de Chine méridionale ne
seront pas autorisés ", a dit l'ancien patron d'ExxonMobil. Lors de son audition devant les
sénateurs, Rex Tillerson a comparé la construction de ces îles artificielles « à la Russie
arrachant la Crimée » de l'Ukraine en 2014.
Mais si les Etats-Unis ne sont pas parvenus à contenir les ambitions de la Russie, la
nouvelle administration Trump peut-elle empêcher Pékin de déployer sa puissance
dans la région ?
Depuis une vingtaine d'années, la république populaire a développé, parallèlement à son essor
économique, une armée moderne qui pourrait devenir la première force mondiale à l'horizon
de 2049, année du centenaire de sa création par Mao. D'après le Sipri (Institut international de
recherche sur la paix de Stockholm), 9 conglomérats chinois de l'industrie militaire figurent
déjà parmi les 100 premières firmes mondiales du secteur, et deux d'entre eux (Avic dans
l'aéronautique et Norinco dans les systèmes terrestres) parmi les 10 premières.
Certes, l'Amérique reste, et encore de loin, la première puissance militaire au monde. Mais la
Chine a réduit son fossé technologique par rapport aux Etats-Unis et s'est hissée au deuxième
rang mondial si l'on tient compte du budget en valeur absolue. Selon la revue spécialisée «
Jane's », les dépenses militaires chinoises devraient atteindre 233 milliards de dollars en 2020,
contre 123 milliards en 2010. Au-delà des chiffres, l'Armée populaire de libération a été
profondément transformée par une rationalisation à marche forcée, lui permettant de passer de
troupes pléthoriques à une institution moderne, capable désormais de se déployer à l'extérieur.
D'après le « rapport annuel au Congrès 2016 " adressé par le Pentagone, les réformes de
modernisation des forces armées chinoises sont entrées depuis 2015 dans une nouvelle phase
afin de transformer l'ensemble de la structure militaire. Ces réformes ont plusieurs objectifs :
renforcer le contrôle du Parti communiste, augmenter la capacité de l'armée populaire à mener
des opérations conjointes, et améliorer ses possibilités de combattre des conflits régionaux de
courte durée et d'intensité élevée à une plus grande distance de la Chine. L'un des aspects de
cette modernisation est une nouvelle réduction d'ici à la fin 2017 des effectifs de 300.000
personnes, surtout du personnel civil, pour les amener à 2 millions. S'y ajoute un sévère plan
de lutte contre la corruption : une quarantaine de gradés ont été ainsi poursuivis, dont des
vice-présidents de la Commission militaire centrale.
Outre la modernisation des matériels, la Chine a poursuivi l'expansion des systèmes de
défense sur les îles Spratly (mer de Chine occidentale), avec notamment le déploiement de
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canons antiaériens (CIWS) sur chaque poste avancé de l'archipel, d'après les experts
américains. Elle construit aussi sa première base à l'étranger à Djibouti, avec le déploiement
prévu de 6.000 soldats. L'objectif est de contribuer à la sécurité des routes maritimes dans la
Corne de l'Afrique.
Le risque pris par Donald Trump en ne voulant plus considérer comme un tabou la notion
d'une « seule Chine » est néanmoins grand, tant Pékin a renforcé au cours des dernières
années ses moyens militaires (missiles, forces aériennes, maritimes et terrestres) pour
dissuader toute tentation d'indépendance de Taïwan. L'année 2016 a été sans conteste celle de
Vladimir Poutine. L'année 2017 pourrait bien être celle de Xi Jinping.
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CONCLUSION
La République Populaire de Chine est un pays en phase de développement sur tous les
fronts. Son pouvoir politique fort, et omniprésent dans toutes les sphères de la vie
quotidienne de la population, permet au pays de se focaliser entièrement sur son expansion,
et ce malgré un système subversif remis en question par les opposants au régime totalitaire
basé sur la censure et la corruption. Ainsi, la RPC progresse économiquement afin de tenter
de rattraper son retard sur les puissances occidentales. De même, le pays tente de diffuser
de façon plus virulente sa pensée au travers du soft power, en augmentant notamment sa
médiatisation mondiale. Avec un hard power important, le pays inquiète, au travers de
l’armée au nombre le plus important du monde et d’un développement technologique
intéressant.
On peut donc voir que la RPC privilégie la croissance de ses puissances économique,
militaire, technologique et de communication, et cela aux dépends du social. Les risques
sanitaires et épidémiques, la répression et la censure tendent à mécontenter une grande
partie de la population qui se sent oppressée sous le joug communiste. Ainsi, des régions
tentent de se séparer du pouvoir central, des actes terroristes sont réalisés en signe de
protestation, et des conflits interethniques se produisent. Par ailleurs, le gouvernement doit
prendre des mesures concernant l’amélioration des infrastructures, de conditions de vie, de
santé afin de créer la garantie sur la vie citoyenne.
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Bibliographie
Français :
LA CHINE ET LE MONDE CHINOIS : Une géopolitique des territoires, Suanjan Thierry.
EDITION : Armand Collin, 2010.
LA CHINE, Stéphanie Balme. EDITION : le cavalier bleu, 2004.
GRANDS ANGLES SUR LA CHINE, Fondation Prospective et Innovation. EDITION : Ginko, 2011.
LA CHINE : Depuis le congrès de 2012, ambitions et résistances, DelandePhillipe. EDITION :
L'Harmattan, 2016.
LA CHINE CONQUÉRANTE : Enquête sur une superpuissance, Jacques Graveau. EDITION :
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Anglais :
POLITICAL CILIZATION AND MODERNIZATION IN CHINA : The politicalcontext of China's
transformation, Zhong Yang. EDITION : World ScientifiPublishingCompagny, 2006.
CHINA'S PLACE IN GLOBAL GEOPOLITICS, Kjeld Erik. EDITION : Bertel Henriln.
THE CHINA-PAKISTAN AXIS : Asia's New Geopolitics, Andrew Small.
PAX SINICA : Geopolitics and economics if China's ascendance.
CHINA AND THE GEOPOLITICS OF THE RAVE EARTHS, Sophia Kalantzalos.
CHINA'S OFFENSIVE IN EUROPE (geopolitics in the 21th Century), PhillipeLecore.
Arabe :
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