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Depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi Jimping, la Chine ne cesse de se développer, de

lancer des projets innovants ayant comme objectifs communs un rayonnement international
politique, économique et culturel toujours plus important. L’idée d’une nouvelle route de la soie
apparaît en septembre 2013, moins d’un an après l’arrivée de Xi Jinping à la tête du Parti
communiste chinois. Lors d’un discours prononcé à l’université Nazarbayev, au Kazakhstan, le chef de
l’État se prononce pour un renforcement des liens unissant la Chine au reste du monde. Les
intentions affichées sont : soutenir la bonne entente entre les peuples et le développement
économique face aux «trois forces maléfiques» que sont le terrorisme, l’extrémisme et le
séparatisme ainsi que les crimes et autres trafics illégaux. Pour ce faire, Xi Jinping promeut
l’établissement commun d’une « ceinture économique de la route de la soie» («Silk Road Economic
Belt», qui deviendra plus tard la «Belt and Road Initiative», ou BRI), qui améliorera les moyens de
communication, les réseaux de transport, le commerce, les mouvements de population ainsi que les
transferts monétaires. Le développement, quant à lui, se mesure en termes d’IDH (indice de
développement humain) qui prend en compte le PNB/habitant converti en parité du pouvoir d’achat,
mais aussi le niveau d’études et l’espérance de vie à la naissance. Il va donc au-delà de la seule
création de richesse et comprend la notion de bien-être des populations. Le développement est
d’ailleurs aussi à lier avec la durabilité (« sustainability »).

Le projet « Belt and Road Initiative » (BRI) inclut plus de 140 pays représentant 60% du PIB
mondial et 2/3 de la population mondiale. Il se compose de six corridors terrestres et d’un corridor
maritime. Les investissements chinois consacrés à ce projet sont pour l’instant assez flous. Ils
s’élèveraient entre 800 et 900 milliards de dollars et pourraient grimper de 5000 à 8000 milliards de
dollars dans les prochaines années.

La direction principale de ce projet consiste en un investissement massif de plusieurs


milliards de dollars dans des zones géographiques stratégiques sur l’ensemble du globe. La Chine,
propose alors à des pays de créer tout un ensemble d’infrastructures visant à faciliter les échanges. Il
s’agit en majorité de voie de communication telles que des voies ferrées, des routes ou des
aéroports. De la même façon, l’objectif est de développer des voies maritimes reliant notamment la
Chine à l’Afrique de l’Est, le Moyen-Orient et l’Europe. Par ailleurs, la Chine souhaite faciliter les
échanges, en améliorant la coopération douanière avec les pays situés sur les nouvelles routes, par le
bais d’une reconnaissance mutuelle des règlementations douanières. Les aspects de développement
sont donc très divers, allant d’une amélioration des réseaux de transports (maritimes, aériens,
terrestres), des infrastructures de télécommunication (câbles sous-marins, réseaux de téléphonie
mobile…) ou encore un développement des zones économiques spéciales.

Le gouvernement chinois a établi cinq objectifs officiels de la BRI. Ils sont cependant vagues :
“la coordination des politiques, la connectivité des établissements, l’intégration financière, le libre-
commerce et les contacts interpersonnels ».

D’un point de vue plus concret, le principal objectif affiché par la Chine est d’encourager la
coopération internationale et la collaboration entre les pays impliqués dans le projet. En réalité,
selon certains experts, la Chine cherche surtout à soutenir les exportations de produits et
équipements chinois et à contrôler les chaînes logistiques. Son objectif est également de sécuriser
l’approvisionnement en pétrole et gaz auprès de l’Asie centrale, l’Asie du Sud-Est et le Pakistan en
créant des routes terrestres alternatives au détroit de Malacca. Certains experts prêtent également
aux routes des visées militaires cachées, à la suite de l’installation de la première base navale à
Djibouti. Enfin, la Chine souhaite via les nouvelles routes développer davantage les zones les plus
enclavées de son propre territoire. Situées majoritairement à l’Ouest ces zones plus rurales sont bien
moins développées et ne profitent pas du dynamise des côtes. En effet, le littoral situé à l’Est est
aujourd’hui la zone la plus dynamique.

En plus des intérêts économiques du projet, ce dernier constitue également une opportunité pour la
Chine d’exporter son modèle de croissance, notamment aux États en développement sur le continent
africain. Le succès potentiel du projet pourrait promouvoir le modèle de développement chinois,
comme alternative possible au modèle occidental. De plus, le déclin de l’hégémonie des États-Unis,
ainsi que les discours protectionnistes du président Donald Trump ont donné l’opportunité à Xi
Jinping d’imposer sa vision de la mondialisation. Ce modèle autoritaire obtient déjà un certain succès
en Asie du Sud-Est.
Depuis 2018 se tient chaque année un Forum sur les Nouvelles Routes de la Soie, présenté
comme une initiative de coopération internationale. Ce sommet est l’occasion pour la Chine d’inciter
les États à rejoindre le projet, de rassurer la communauté internationale et d’expliciter les
opportunités qui en découleraient. Les sommets internationaux des nouvelles routes de la soie
(réunissant une trentaine de chefs d’État) seraient pour certains, susceptibles de concurrencer
d’autres rencontres multilatérales comme le G20. La BAII est aussi perçue comme pouvant être une
concurrente de la Banque mondiale. En réalité, la Chine s’implique dans les organisations
internationales, et cherche à les façonner, depuis plusieurs décennies. Membre de l’Organisation
mondiale du commerce depuis 2001, la Chine participe également à plusieurs forums
internationaux ; l’Association de Coopération pour l’Asie Pacifique (APEC), le Dialogue Asie-Europe
(ASEM)... Néanmoins, le lancement à l’automne 2014 de la BAII, intimement lié au projet « One Belt
One Road » marque un tournant, puisqu’elle a pour objectif de redessiner l’ordre financier mondial à
la faveur de la Chine.

Il existe tout de même des limites à ce projet pharaonique lancé par la Chine. En effet
premièrement, une réorganisation des finances mondiales au profit de la Chine apparaît difficile à
entrevoir. Selon beaucoup, la montée en puissance de la Chine en matière d’investissements
étrangers reste aujourd’hui assez limitée. Aussi, les investissements proposés par Pékin aux divers
pays du monde et en particulier les pays les moins développés, les ont rendus totalement
dépendants des fonds chinois et se retrouvent aujourd’hui endettés. De plus, quelques initiatives ont
été lancées pour verdir la BR. Par exemple, le pays promet un arrêt de financement de construction
de centrales au charbon. Malgré cela et de façon générale, ce projet reste assez peu tourné vers le
Développement Durable. Toutes les infrastructures gigantesques construites dans le cadre des
nouvelles routes de la soie restent extrêmement polluantes et dénaturent parfois les paysages
naturels. Certains parlent d’une forme de « greenwashing ».

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