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Après des années de guerre civile, la Chine, devenue démocratie populaire en


1949, est une nation sanglante, pauvre et archaïque. Les Chinois disposent d'un des revenus
par habitant les plus bas au monde. De ce fait, en 1955, la Chine participe à la conférence de
Bandung qui s’est tenu du 18 au 24 avril 1955 et scelle l'apparition du tiers-monde sur la scène
internationale.
La Chine connaît des difficultés similaires aux États issus de la décolonisation pour mettre en
place son développement. « Nous avons réussi à nous opposer au colonialisme, à
sauvegarder la paix mondiale et à encourager la coopération politique, économique et
culturelle parce que nous autres, peuples des pays d'Afrique et d'Asie, nous avons en commun
le même sort et les mêmes désirs. Pour la même raison, je désire déclarer une fois encore
que le peuple chinois apporte toute sa sympathie et son appui à la lutte […] que livrent tous
les peuples d'Asie et d'Afrique pour secouer le joug du colonialisme.»1
Cinquante ans plus tard, cette puissance démographique se montre capable de rivaliser dans
les domaines économiques, technologiques et politiques avec les États-Unis, l’Union
européenne, le Japon et les puissances du Conseil de sécurité de l'ONU (Russie). Cette
transformation profonde influe sur les relations qu'elle tisse avec le reste du monde, l'Afrique
en particulier.
De 1950 à nos jours, la République populaire de Chine est ainsi passée du statut de pays
pauvre à celui de deuxième puissance économique mondiale. Durant toute cette période, le
pays a entretenu des relations avec ceux du continent africain. Pouvons-nous dire que ces
relations ont été de bonne coopération entre partenaires ou alliés ?

Tout d’abord, les relations sino-africaines peuvent apparaître comme profitables


aux deux parties bien que la République populaire de Chine et le continent Africain ne
connaissent pas le même développement. La Chine, deuxième puissance économique
mondiale, derrière les États-Unis a un PIB (produit intérieur brut) qui s’élève à 16,862 milliards
de dollars. Celui-ci continue d’augmenter au fil des années.
De l’autre côté, le continent Africain, avec un PIB estimé en 2021 à 2400 milliards de dollars,
concentre des pays pour la grande majorité en voie de développement.
Nous allons voir en quoi cette relation peut être qualifiée de profitable envers les deux partis.

À l'occasion de la conférence de Bandung, la Chine proclame son amitié pour les États
africains présents en Indonésie (l'Égypte de Nasser), son soutien aux pays en lutte pour leur
indépendance (Algérie, Maroc, Tunisie) et, contre le colonialisme, défend le droit des peuples
d'Afrique noire à disposer d'eux-mêmes. Elle condamne l'apartheid sud-africain et adhère à
l'idée de renforcer les liens économiques entre pays afro-asiatiques. Les projets communs
doivent être mis en œuvre. La Chine et l'Afrique sont alors dans une relation de partenariat
entre pairs. Au gré de leurs besoins respectifs en matières premières, main-d'œuvre ou
débouchés, les échanges entre la Chine et les pays africains se multiplient.
Dès 1965, Zhou Enlai se rend en Tanzanie pour aider à la construction d'une voie ferroviaire
entre ce pays et la Zambie. 2

1
Discours de Zhou Enlai, ministre chinois des Affaires étrangères, à la conférence de
Bandung, 1955.Disponible au Centre Wilson, centre de recherche international mettant à
disposition des archives déclassifiées et numérisées en ligne

2
D’après annabac « la Chine et l’Afrique de 1950 à nos jours » livre édité par Hatier
2

À partir des années 1980, la Chine se convertit à l'économie socialiste de marché. Elle s'ouvre
davantage au monde, à l'Afrique tout particulièrement tant celle-ci est riche de ressources dont
elle a besoin pour nourrir son développement. Puissance émergente, elle investit de plus en
plus de capitaux sur le continent noir, y installe des usines où elle emploie des Africains et des
Chinois qu'elle fait venir. Avide de matières premières, elle devient un partenaire
incontournable des pays qui en sont dotés : pays pétroliers comme le Nigeria, gaziers comme
l'Algérie ou miniers comme l'Afrique du Sud.
En contrepartie la Chine finance des infrastructures, que ce soit des stades ou encore des
aéroports. Elle vend également des biens de consommations et des équipements bon
marchés comme des motos ou des téléphones portables.
En une quinzaine d’années, les échanges commerciaux Chine-Afrique ont augmenté de
manière considérable passant de 10 milliards de dollars en 2002 à 170 milliards en 2017. On
remarque tout de même eu une légère baisse depuis 2015 qui correspond effectivement aux
chutes du cours du pétrole (cela montre que cette ressource est très importante pour la Chine
dans le cadre de cet échange).
Ainsi, la Chine se place comme le premier partenaire commercial de l’Afrique en détenant 15%
des parts du marché du continent en 2020.

Par ailleurs, la relation Sino-africaine s’illustre par de nombreuses alliances politiques. En effet,
les ententes créées entre ces pays permettent d’obtenir une « voie » plus importante au sein
des grandes organisations internationales.

La Chine s’appuie sur les pays africains pour lui apporter un soutien face aux Etats-Unis et à
l’Union Européenne (UE). Les pays du continent africain trouvent également un intérêt à ce
partenariat politique puisqu’ils sont enfin en mesure de se rassembler derrière une nation et
obtenir une voix plus forte à l’internationale.

La Chine marque son impact en Afrique avec pour objectif de faire imposer un système. En
effet, celle-ci vient vendre des armes à certains pays clefs afin d’établir un ordre de sûreté,
aussi bien pour les populations africaines que pour les ressortissants chinois résidant sur le
continent africain. Cette place de médiateur est cruciale dans les relations politiques sino-
africaines et montre donc bien « l’hyperactivité politique » 3 qu’exerce la Chine sur les pays
africains.
La Chine s’impose également comme un « pays soutien ». En effet, celle-ci vient apporte son
aide au niveau « de la santé des plus jeunes, de l’éducation et de la nutrition ». 4 Ainsi, elle se
place donc comme une alliée précieuse pour les pays africains car elle permet indirectement
d’accroître leur population en améliorant les conditions de vie des populations africaines. Pour
cela, elle passe par l’apport de nourriture, le développement du système de santé avec des
hôpitaux ou encore des centres médicalisés mais développe également des infrastructures
telles que des routes ainsi que des écoles pour améliorer le système éducatif. L'augmentation
du niveau scolaire passe également par des échanges entre étudiants chinois et africains.
Dû à cette double immigration ces vingt dernières années se sont même développées des
communautés : des “Chinatown” dans les capitales africaines et la ville de Guangzhou son
“Little Africa”.
Ces derniers ont finalement la même motivation : profiter du commerce intense développé au
fil du temps par les deux territoires.

3
La Chine en Afrique : histoire, géopolitique, géoéconomie / Olivier Mbabia

4
Chinese development assistance and household welfare in Sub-Saharan Africa
3

Ce partenariat entre la République populaire de Chine et l’Afrique, devient de


plus en plus déséquilibré. La relation s’avère être asymétrique entre les deux parties. En effet,
les retombées financières ne suffisent pas toujours pour aider au développement des pays
hôtes africains qui dénoncent des relations de type néocolonial.

Dans certains cas, cet échange Chine-Afrique semble d’avantage profitable à la Chine.
La Mozambique par exemple dont la Chine comme pour beaucoup d’autres pays Africains en
est le principal créancier a une dette qui s'élève à hauteur de 15 milliards de dollars à divers
créanciers étrangers, ce qui est égal à environ 100% de son PIB dont 2 milliards directement
à la Chine.
C’est un marché à sens unique car pour rembourser sa dette, le Mozambique le fait
directement en payant en partie la Chine en diverses matières premières qui est son principal
intérêt (ici du gaz). Cet échange n’est pas vraiment profitable pour le Mozambique même si la
Chine a supprimé des tarifs commerciaux. Cependant cela n’aidera pas réellement à la
réduction de ses déficits et à alléger sa dette. ous pouvons également discuter du cas de
l’Angola qui est riche en ressources pétrolières, et qui est le troisième fournisseur mondial de
pétrole de la Chine.
La banque d'imports-export chinoise propose des prêts aux pays africains afin de financer
leurs infrastructures contre des ressources (dans ce cas le pétrole).
Mais cet échange a pour effet pour l’Angola, un fort endettement puisqu’ un tiers de la dette
du pays est détenue par la Chine qui est donc remboursée en pétrole.
Or comme nous l’avons dit, le pétrole peut subir des chutes de cours et donc sa valeur diminue
ce qui baisse la capacité de remboursement du pays et donc cela accroît sa dépendance vis-
à-vis de la Chine qui elle continue donc de s’enrichir avec le pétrole.
Certains pays donc se retrouvent quelque part forcés et obligés de continuer à traiter avec la
Chine envers laquelle ces pays sont endettés.

L’ensemble des pays ne partagent pas la même vision concernant les relations sino-africaines.
En effet, la vision des pays africains sur la contribution de la Chine est basée sur ce que
souhaite montrer la Chine. Pour ces pays, la Chine est une nation généreuse puisqu’elle
permet d’offrir une alternative aux aides occidentales qui sont souvent difficiles à obtenir et qui
ont eu tendance à diminuer suite à la crise sanitaire. Pour les pays occidentaux, la Chine ne
fait que créer « un nuage de fumée » autour de ces pays afin de masquer leurs réels enjeux
politiques et économiques.

Enfin la Chine bénéficie grandement de ses politiques sociales en Afrique : en développant


des infrastructures elle permet de faciliter et de prioriser ses importations. Quant au plan
éducatif, l’installation de structures comme les instituts confucius permettent certes d’aider les
populations mais surtout de diffuser la langue et la culture chinoise à travers le continent et
par là d’étendre sa sphère d’influence et accroître son soft power. Par ailleurs ce procédé a
créé un pont notamment migratoire entre les deux territoires cependant cette double migration
reste asymétrique : plusieurs millions de Chinois vivraient dans toute l’Afrique tandis que
300 000 à 400 000 africains vivraient en Chine, précisément dans le quartier de Xiaobei à
Guangzhou.

En conclusion, si la Chine s’est posée comme un partenaire essentiel de l’Afrique. Cette


relation reste tout de même assez asymétrique entre les deux nations de notre point de vue.
Cela n’est néanmoins pas la vision de tous les pays.

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