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CENTRE AFRIQUE SUBSAHARIENNE

OCTOBRE
2022

Les influences chinoises


en Afrique
2. Mythes et réalités des relations
économiques
Alicia GARCIA HERRERO
Alain KARSENTY
Johanna MALM
Thierry PAIRAULT
L’Ifri est, en France, le principal centre indépendant de recherche,
d’information et de débat sur les grandes questions internationales.
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démarche interdisciplinaire, décideurs politiques et experts à l’échelle
internationale.

Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que la responsabilité des auteurs.

ISBN : 979-10-373-0598-5
© Tous droits réservés, Ifri, 2022
Couverture : Chantier chinois de développement urbain et industriel en périphérie
d’Addis-Abeba, Ethiopie © Stanley Dullea/Shutterstock.com

Comment citer cette publication :


Alicia Garcia Herrero, Alain Karsenty, Johanna Malm et Thierry Pairault,
« Les influences chinoises en Afrique. 2. Mythes et réalités des relations
économiques », Études de l’Ifri, Ifri, octobre 2022.

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C1 - P ublic Natixis
Auteurs

Alicia Garcia Herrero, Économiste, professeure adjointe, Hong-


Kong Business School.
Alain Karsenty, Socio-économiste, chercheur, CIRAD.
Johanna Malm, Chercheuse indépendante, membre du Stockholm
Observatory for Global China.
Thierry Pairault, Directeur de recherche émérite, Centre d’études
sur la Chine moderne et contemporaine (CNRS/EHESS – UMR 8173).

C1 - P ublic Natixis
Résumé

La Chine et l’Afrique entretiennent des relations fortes depuis la


vague des indépendances africaines des années 1960. Néanmoins, les
échanges sino-africains ont connu un essor sans précédent depuis la
fin des années 1990 et ont été accompagnés de la montée d’un
discours sur le partenariat « gagnant-gagnant » entre la Chine et
l’Afrique. Pour de nombreux gouvernements africains, la Chine
représente une alternative viable aux bailleurs de fonds et aux
partenaires commerciaux traditionnels de l’Afrique. De même, la
Chine voit de nombreuses opportunités dans le développement de ses
relations avec l’Afrique, notamment en termes de matières premières
et de stratégie d’influence sur le plan international.
Néanmoins, ces relations suscitent aussi des controverses
importantes et révèlent que la « Chinafrique » se caractérise, non pas
par une interdépendance mutuelle, mais plutôt par une asymétrie
économique et financière renouvelée de l’Afrique à l’égard de la
Chine. À rebours d’une conception monolithique de la « présence de
la Chine » en Afrique, ce dossier insiste sur les multiples « influences
chinoises » sur le continent à travers les relations économiques,
politiques, diplomatiques et sécuritaires entre les deux espaces.
À travers une perspective historique, ce dossier met ainsi en lumière
la diversité des acteurs et des secteurs de coopération impliqués dans
ces échanges.
Cette étude se focalise sur le deuxième axe de ce dossier, c’est-à-
dire la dimension économique des relations sino-africaines. Elle met
en lumière la diversité des acteurs économiques chinois et de la
politique chinoise en matière de commerce, d’investissements et de
prêts en Afrique. À travers une approche sectorielle et géographique,
elle explore le marché des matières premières, l’investissement en
République démocratique du Congo et le secteur forestier en Afrique
centrale.

C1 - P ublic Natixis
Executive summary

China and Africa share a strong relationship since the wave of African
independences in the 1960s. Nevertheless, China-Africa trade has
experienced an unprecedented surge since the late 1990s and has
been accompanied by the rise of a discourse of "win-win" partnership
between China and Africa. For many African governments, China
represents a viable alternative to Africa’s traditional donors and
trading partners. Similarly, China sees many opportunities in
developing its relationship with Africa, including the exploitation of
raw materials and international influence.
Nevertheless, these relations are also highly controversial.
"Chinafrica" is not characterized by mutual interdependence, but
rather by a renewed economic and financial asymmetry between
Africa and China. In contrast to a monolithic conception of "China’s
presence" in Africa, this paper insists on the multiple "Chinese
influences" on the continent through the economic, political,
diplomatic and security relations. Through a historical perspective,
this paper highlights the diversity of actors and sectors of cooperation
involved.
This note focuses on the second axis of a dossier, the economic
dimension of China-Africa relations. It highlights the diversity of
Chinese economic actors and Chinese trade, investment, and loans
policies in Africa. Using a sectoral and geographical approach, it
explores the raw materials market, investment in the Democratic
Republic of Congo and the forestry sector in Central Africa.

C1 - P ublic Natixis
Sommaire

INTRODUCTION .................................................................................... 6

Par Thierry Vircoulon et Elisa Domingues dos Santos

EN AFRIQUE, « LA CHINE FAIT ÇA »,


« LES CHINOIS FONT CI » ................................................................... 8

Par Thierry Pairault

ECONOMIC RELATIONS BETWEEN AFRICA AND CHINA:


WHAT TO WATCH FOR? ...................................................................... 20

Par Alicia Garcia Herrero

THE CHINESE PRESENCE IN DR CONGO’S MINING SECTOR:


FROM GREENFIELD TO BROWNFIELD INVESTMENTS ....................... 28

Par Dr. Johanna Malm

LES ENTREPRISES FORESTIÈRES CHINOISES EN AFRIQUE


CENTRALE............................................................................................ 34

Par Alain Karsenty

C1 - P ublic Natixis
Introduction

Thierry Vircoulon & Elisa Domingues dos Santos

La présente étude s’inscrit dans un dossier thématique composé de


trois publications collectives élaborées dans le cadre de l’Observatoire
de l’Afrique centrale et australe du Centre Afrique subsaharienne de
l’Ifri et en partenariat avec la Direction générale des relations
internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère des Armées.
Compte tenu du poids des intérêts chinois dans l’économie
politique des régimes africains et du caractère novateur de la relation
sino-africaine sur la scène internationale, le Centre Afrique
subsaharienne de l’Ifri a organisé un séminaire en ligne de trois
séances, qui se sont tenues les 7, 14 et 21 avril 2021. Celles-ci ont
réuni 15 experts français et étrangers travaillant sur des thématiques
variées dans des universités, des think tanks, des organisations non
gouvernementales (ONG) et des entreprises situées en Afrique, en
Extrême-Orient, en Europe et en Amérique. Depuis 2016,
l’Observatoire fournit des analyses régulières afin d’évaluer les
évolutions locales et régionales des enjeux politiques, économiques et
sécuritaires dans un espace qui va de la Centrafrique à l’Afrique du
Sud et ne compte pas moins de 24 pays. L’objectif de ce séminaire
était de décrypter la complexité des rapports sino-africains dans une
période de fortes interrogations et de débats académiques et
politiques. Les discussions se sont articulées autour de trois axes.
Par la contribution de trois auteurs, le premier axe a permis de
dresser une analyse de l’intensification rapide des relations sino-
africaines au cours des trente dernières années, qui a mené à
l’élaboration d’une architecture de coopération diversifiée entre la
Chine et l’Afrique 1 . Cette deuxième publication porte sur les
dimensions économiques prépondérantes de la relation sino-africaine.
Ainsi, Thierry Pairault, directeur de recherche émérite au Centre
national de la recherche scientifique (CNRS/EHESS), s’attache à

1. Lire : J.-P. Cabestan, E. Domingues dos Santos et al., « Les influences chinoises en Afrique. 1.
Les outils politiques et diplomatiques du “grand pays en développement », Études de l’Ifri,
novembre 2021, disponible sur : www.ifri.org.

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déconstruire l’image essentialisante d’une Chine monolithique en
dressant un panorama des différents acteurs en présence avec leurs
intérêts et stratégies variés. Alicia Garcia Herrero, de la Hong-Kong
Business School, et économiste chez Natixis, expose la réalité des
activités de la Chine en matière commerciale, d’investissements et de
prêts en Afrique. Pour sa part, Johanna Malm, chercheure
indépendante et auteure d’une thèse de doctorat à l’université de
Roskilde au Danemark, met en évidence l’évolution de la stratégie
d’investissement chinoise dans un pays à haut risque comme la
République démocratique du Congo. Enfin, Alain Karsenty du Centre
de coopération internationale en recherche agronomique pour le
développement (CIRAD) analyse la montée en puissance des
entreprises chinoises dans le secteur forestier en Afrique centrale et
leurs techniques d’exploitation de ces forêts.

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En Afrique, « la Chine fait ça »,
« les Chinois font ci »

Thierry Pairault

« La Chine a fait ça », « les Chinois ont fait ci »… Il y a une


essentialisation de la Chine et des acteurs chinois qui obère notre
compréhension des relations sino-africaines – que ce soit pour les
louanger ou les diaboliser. Cette vision confond une multiplicité
d’approches, autant que d’acteurs, en une stratégie fantasmée. D’où
une nécessaire marque du pluriel pour parler de ces présences
chinoises en Afrique.
Il y a d’abord des acteurs institutionnels qui peuvent s’affronter au
sein même des ambassades. Il existe ainsi des divergences entre
représentants du ministère des Affaires étrangères, qui subordonnent
le commercial au politique, et ceux du ministère du Commerce qui,
inversement, subordonnent le politique au commercial. Cette lutte a
été particulièrement sensible après la réforme institutionnelle de
2003 qui, de fait, octroya une certaine prééminence au ministère du
Commerce sur celui des Affaires étrangères1. Cette rivalité entre le
commercial et le politique se retrouve aussi dans les rapports entre les
représentants du ministère des Affaires étrangères et ceux de l’ExIm
Bank de Chine dépendant du ministère des Finances : les premiers
encouragent l’attribution de prêts à taux bonifiés alors que les
seconds préfèrent octroyer des prêts à des taux commerciaux.
Ces frictions en Afrique peuvent s’exprimer à travers des

1. En 2003, le ministère du Commerce intérieur est fusionné dans le ministère du Commerce


extérieur et de la Coopération économique donnant naissance au ministère du Commerce
(MOFCOM pour Ministry of Commerce) et marquant ainsi l’orientation volontairement extravertie
donnée à son action. Le MOFCOM reçoit la même année pour mission de collecter les informations
relatives aux investissements directs chinois à l’étranger. De surcroît, cette même année est
marquée par la naissance du Comité chargé du contrôle et de la gestion des actifs d’État
(généralement désigné par son acronyme anglais SASAC signifiant State-Owned Assets
Supervision and Administration Commission) dont l’une des missions est, en concertation avec le
MOFCOM, de constituer les grandes entreprises publiques chinoises des champions de l’économie
chinoise à l’étranger. Voir aussi L. Corkin, « Redefining Foreign Policy Impulses toward Africa: The
Roles of the MFA, the MOFCOM and China Exim Bank », Journal of Current Chinese Affairs, n° 4,
2011, p. 61-90.

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affrontements politiques – et donc des stratégies opposées – au
niveau du gouvernement central en Chine. Ces différends
institutionnels peuvent prendre d’autant plus d’importance que la
Commission nationale pour la réforme et le développement2 dépend
des informations parcellaires que les acteurs institutionnels lui font
remonter, quand ce ne sont pas les informations – biaisées par la
force des choses – que les entreprises bénéficiaires lui fournissent.
Les entreprises et leurs stratégies, aussi diverses que variées,
dépendent tant de leur statut que de leur recherche de marchés sans
que nous puissions les réduire à l’observation d’un grand plan si ce
n’est une certaine volonté de s’internationaliser (zhouchuqu) comme
les y incite le gouvernement chinois. Notons que cette
internationalisation ne fait pas automatiquement de ces entreprises
des multinationales ni des entreprises mondialisées dans la mesure
où le chiffre d’affaires qu’elles réalisent à l’étranger reste marginal
dans leur chiffre d’affaires total. Parmi les grandes entreprises
publiques dépendant du gouvernement central, on peut distinguer
celles qui sont effectivement mandatées par le gouvernement chinois
pour garantir l’approvisionnement en matières premières de celles
qui sont à la recherche de marchés, comme les grandes entreprises du
BTP qui n’ont d’autres objectifs que de réaliser des profits. Il y a
ensuite les entreprises publiques provinciales dont la loyauté va
d’abord aux gouvernements locaux qui renforcent leur pouvoir grâce
aux bénéfices qu’elles réalisent.
On trouve aussi de grandes entreprises privées ou supposément
privées comme Huawei qui, au début des années 2000, s’était
opposée à la volonté du gouvernement chinois d’imposer des normes
téléphoniques proprement chinoises pour la vente à l’étranger
d’équipements téléphoniques3. Certes, dans la conjoncture actuelle,
marquée par la guerre économique sino-américaine et l’autoritarisme
intransigeant du Parti communiste chinois, il n’est pas certain que des
entreprises comme Huawei puissent encore jouir d’une aussi grande
autonomie décisionnelle, comme le montrent les déboires récents de

2. La Commission nationale pour la réforme et le développement (National Development and


Reform Commission – NDRC) – souvent considérée comme un gouvernement dans le
gouvernement – est censée surveiller, coordonner et réglementer tous les projets chinois
d’investissement en Chine et à l’étranger et, à ce titre, donne son autorisation pour les grands
projets africains auxquels les entreprises chinoises peuvent participer.
3. Interview, Pékin, octobre 2008.

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Jack Ma (ancien P.-D.G. et inventeur d’Alibaba4). Les PME privées
sont potentiellement autant d’électrons libres. Pensons à l’entreprise
Haite qui avait le projet de constituer une zone économique spéciale à
Tanger, mais qui, malgré le soutien initial de la Banque marocaine du
commerce extérieur, y échoua faute sans doute de recevoir le soutien
de Pékin5.
Les autorités chinoises chiffrent le nombre d’entreprises chinoises
actives en Afrique entre 3 000 et 4 0006. La différence avec le nombre
énoncé par le rapport McKinsey en 2017 (10 000 entreprises
chinoises en Afrique) 7 résulte d’une confusion. Les entreprises
précitées sont des entreprises chinoises (ou leurs filiales) de droit
chinois – donc enregistrées en Chine –, tandis que le rapport
McKinsey inclut aussi des petites entreprises privées de droit local
africain (donc juridiquement et statistiquement non chinoises)
dirigées par des ressortissants chinois dont l’allégeance à Pékin peut
être inversement proportionnelle à l’autonomie dont ils jouissent.

Bilan de l’activité économique


des acteurs chinois
L’analyse des données statistiques chinoises, ainsi que celles des
institutions internationales, montre clairement que les entreprises
chinoises en Afrique n’interviennent pas spécifiquement comme
investisseurs, contrairement au cliché répété à satiété. Elles agissent
comme prestataires de services, clients et fournisseurs de marchandises.
Le montant de ces activités commerciales (services et marchandises) est
en moyenne 80 fois plus important que celui effectivement investi en
Afrique 8 . En 2019, le montant de l’investissement direct chinois en
Afrique a été de 2,7 milliards de dollars, ce qui représente à peu près la
valeur de la participation de Dong Feng dans PSA : un même montant

4. Voir la série d’articles que The Guardian consacre au personnage (www.theguardian.com) ou


encore à James Kynge, Henny Sender et Sun Yu. Lire aussi « ’The Party Is Pushing Back’: Why
Beijing Reined In Jack Ma and Ant », Financial Times, 5 novembre 2020.
5 . T. Pairault, « China in Africa: Phoenix Nests Versus Special Economic Zones », C.C.J.
Occasional Papers, n° 7, décembre 2018.
6. Wang Shuang, « Baiwan Zhongguoren zai Feizhou chuangye, zhongguo qiye ruhe zai feizhou
yingde shengli? » [De très nombreux Chinois créent des entreprises en Afrique, comment les
entreprises chinoises peuvent-elles faire des profits ?], Zhongwai guanli [Gestion chinoise et
étrangère], 28 août 2020, disponible sur : https://finance.sina.com.cn.
7. I. Yuan Sun, K. Jayaram et O. Kassiri, « Dance of the Lions and Dragons: How Are Africa and
China Engaging, and How Will the Partnership Evolve? », McKinsey Global Institute, Washington
D.C., juin 2017, disponible sur : www.mckinsey.com.
8 . Calculs de l’auteur à partir des données du MOFCOM, disponibles sur :
http://fec.mofcom.gov.cn.

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pour, d’un côté, une seule entreprise chinoise investissant dans une
unique entreprise étrangère, et de l’autre, plusieurs entreprises chinoises
investissant dans les 54 pays africains9.
Ces chiffres permettent de révéler la confusion classique faite par
des acteurs de secteurs variés entre investissement, financement et
prestation de services. Les organismes internationaux (Fonds
monétaire international [FMI], Organisation de coopération et de
développement économiques [OCDE]...) ont donné une définition
claire de ce qui doit être considéré comme un investissement10. C’est
une définition à laquelle la Chine adhère et qui est rappelée chaque
année dans le communiqué statistique du Ministère du Commerce
(MOFCOM) sur l’investissement direct chinois à l’étranger. Afin de
rendre la confusion plus évidente et donner à l’investissement son
rôle exact, il est utile de comparer, dans le graphique 1 ci-après , le
montant de l’investissement avec les prestations de services fournies
(dont l’indicateur est le chiffre d’affaires des contrats de construction
à l’étranger réalisés la même année).
Ainsi, selon ce graphique, en 2019, le chiffre d’affaires réalisé par
les entreprises de construction chinoises était plus de seize fois
supérieur au montant investi par la Chine en Afrique. Il ne s’agit pas
d’une exception, mais d’un état de fait : les investissements de la
Chine en Afrique constituent une dépense pour la Chine et non un
revenu pour le pays africain hôte. En revanche, le paiement de
services est une dépense (en même temps qu’un investissement) pour
le pays africain client, mais un revenu pour la Chine. Compte tenu de
cette différence, ces deux activités illustrent chacune à leur manière la
présence de la Chine en Afrique. Elles montrent clairement que la
Chine est un prestataire de services plutôt qu’un investisseur, et que
l’Afrique est un client plutôt qu’un partenaire.

9. Ibid.
10. L’investissement direct étranger (IDE) « est une activité par laquelle un investisseur résidant
dans un pays obtient un intérêt durable et une influence significative dans la gestion d’une entité
résidant dans un autre pays. Cette opération peut consister à créer une entreprise entièrement
nouvelle (investissement de création) ou, plus généralement, à modifier le statut de propriété des
entreprises existantes (par le biais de fusions et d’acquisitions). Sont également définis comme des
investissements directs étrangers d’autres types de transactions financières entre des entreprises
apparentées, notamment le réinvestissement des bénéfices de l’entreprise ayant obtenu l’IDE, ou
d’autres transferts en capital » [OCDE, Perspectives économiques de l’OCDE, vol. 2003, n° 1, p. 193
(encadré VI-I)].

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Graphique 1 – Investissement et prestations de services

Source : Calculs de l’auteur à partir de l’Annuaire statistique chinois, www.stats.gov.cn et


des communiqués statistiques du MOFCOM, http://fec.mofcom.gov.cn.

La conséquence de la faiblesse de l’investissement chinois en


Afrique est que la Chine ne participe que très marginalement à son
industrialisation. Au niveau mondial, les investissements industriels
de la Chine à l’étranger ne représentent que 21 % de ses
investissements à l’étranger et vont de préférence dans les pays
occidentaux tant à la recherche de techniques que de profits 11. En
Afrique, les investissements industriels chinois se font dans des
activités intensives en main-d’œuvre. Elles sont donc peu
capitalistiques et peu industrialisantes, n’impliquant que de très limités
transferts de technologies. Le 14e plan quinquennal (publié le 13 mars
2021) 12 évoquait d’ailleurs la crainte d’une désindustrialisation
anticipée en Chine et invitait donc les acteurs économiques à
consolider le secteur industriel. Il s’agissait en réalité de la
réaffirmation d’un principe énoncé dès 2015 : « que le secteur
manufacturier renforce la nation » (zhizao qiang guo) 13 . Cette
orientation est de surcroît cohérente avec une volonté affichée par le
14e plan d’une robotisation accélérée des activités à forte intensité de

11 . Shangwubu [MOFCOM], « Zhongguo duiwai touzi fazhan baogao » [« Rapport sur le


développement de l’investissement chinois à l’étranger (2019) »], 2021, disponible sur :
http://images.mofcom.gov.cn.
12. « Zhonghua renmin gongheguo guomin jingji he shehui fazhan di shisi ge wu nian guihua he
2035 nian yuanjing mubiao gangyao » [Le 14e plan quinquennal pour le développement
économique et social national de la République populaire de Chine et les grandes lignes de la vision
pour 2035 »], disponible sur : www.gov.cn.
13. « 2015 Niandu Zhongguo zhizao qiangguo fazhan zhishu fabu » [« Publication de l’indice de
développement de la puissance manufacturière en Chine en 2015 »], disponible sur : www.gov.cn.

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main-d’œuvre conduisant en particulier à interrompre d’éventuelles
délocalisations réimportatrices. La coopération avec l’Allemagne en vue
de la quatrième révolution industrielle s’explique aussi par ce souci
d’une « révolution robotique » (jiqiren geming) rendue prioritaire par
Xi Jinping en 2014 14 . En effet, non seulement elle élèvera la
productivité des travailleurs que des salaires devenus très élevés
auraient sinon rendus non compétitifs. Mais elle permettra aussi
d’ignorer le défi démographique d’une population trop rapidement
vieillissante, faute d’avoir mis au monde une jeune génération
numériquement assez importante pour justifier une économie tirée par
la consommation. Aussi, n’est-il pas étonnant qu’il ne soit plus que
rarement fait état d’une exportation des capacités de production
industrielle et de la création subséquente de 85 millions d’emplois hors
de Chine15 . La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis
conforte également un recentrage annoncé en juillet 2020 qui va dans
le même sens : cette stratégie dite de « circulation duale » (shuang
xunhuan)16 ne peut qu’accroître l’autonomie de la Chine et donner le
sentiment d’un confinement économique, voire d’un repli sur soi dans
une conjoncture politique relativement adverse pour elle.
Ainsi, les entreprises chinoises investissent peu en Afrique. En
revanche, elles y font du commerce et construisent des infrastructures
pour le compte des gouvernements africains qui, eux, investissent
dans ce domaine, à l’aide de financements chinois (voir graphique 2
ci-après). On peut dès lors s’interroger sur la place des pays africains
dans la stratégie des Nouvelles routes de la soie.

14. Discours prononcé le 9 juin 2014 lors de la 17e Conférence des académiciens de l’Académie
chinoise des sciences et de la 12e Conférence des académiciens de l’Académie chinoise d’ingénierie,
disponible sur : www.xinhuanet.com.
15. Déclaration d’Helen Hai (ambassadrice de bonne volonté de l’Organisation des Nations unies
pour le développement industriel) qui annonce « 85 millions d’emplois pour l’Afrique » lors du
Forum Africa 2017 qui s’est tenu les 7-9 décembre 2017 à Charm el-Cheick, forum organisé par le
ministère égyptien des Investissements et de la Coopération internationale et l’Agence régionale
des investissements du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA). Voir F.
Omari Ochelle, « Why African Countries Should Emulate China’s Development Model », Ventures
Africa, 15 décembre 2017, disponible sur : https://venturesafrica.com.
16. L’expression « circulation duale » exprime une stratégie de politique économique lancée en mai
2020 lors d’une réunion du comité permanent du Bureau politique du Parti communiste chinois.
Elle vise à stimuler le développement du marché intérieur (circulation intérieure) en même temps
qu’elle réduirait le rôle du marché extérieur (circulation extérieure), partant elle permettrait un
certain découplage de l’économie chinoise jugée trop dépendante de l’extérieur. Lire Han Jie et Liu
Kaixiong, « Lizu guonei da xunhuan, cujin “shuang xunhuan”, zhongguo mouhua xin fazhan geju
you he shenyi? » [« Quelles sont les implications du nouveau modèle de développement de la
Chine, basé sur son circuit intérieur et la promotion d’un ‘‘double circuit’’? »], Agence Chine
nouvelle, 4 août 2020, disponible sur : www.xinhuanet.com.

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Graphique 2 – Bilan des relations économiques
sino-africaines (2017-2019)

Source : Calculs de l’auteur à partir de l’Annuaire statistique chinois, www.stats.gov.cn et

des communiqués statistiques du MOFCOM, http://fec.mofcom.gov.cn.

Les routes de la soie tant terrestres que maritimes s’inscrivent


dans la lignée des routes traditionnelles du commerce entre l’Asie et
l’Europe. La route maritime dans sa forme actuelle est née au
XIXe siècle. Elle est l’héritière de la route des porcelaines fréquentée
par les marchands arabes et indiens. Elle a ensuite été prolongée en
Méditerranée, puis au-delà, jusqu’en Europe du Nord, grâce à
l’ouverture du canal de Suez en 1869. L’un des premiers animateurs
de la route maritime moderne est l’ancêtre17 de la CMA-CGM qui a été
à l’origine de la création de Djibouti (1888) et du chemin de fer
Djibouti–Addis-Abeba (1897). Ces routes n’ont donc pas été inventées
par Xi Jinping en 2013. Mais elles ont été instrumentalisées à partir
de cette date afin d’aider la Chine à pallier la crise de son modèle de
croissance. Depuis la crise asiatique de 1998, et surtout depuis le
début des années 2000, les responsables chinois ont tenté, avec un
succès très limité, de réformer le modèle économique hérité de
Deng Xiaoping. Ils ont essayé de transformer le moteur de leur
économie, c’est-à-dire de substituer une croissance tirée par le
marché intérieur à une croissance tirée par les marchés extérieurs18.

17. Il s’agit des Messageries maritimes créées à Marseille en 1855 qui, après une première fusion en
1977 puis une seconde en 1996, ont donné naissance à la CMA-CGM (Compagnie maritime
d’affrètement – Compagnie générale maritime).
18. La stratégie de « circulation duale » n’est qu’un avatar de ces tentatives de réforme d’une
économie jugée trop extravertie par les hiérarques chinois.

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D’où l’appel de Xi Jinping à Davos en 2017 en faveur d’une
mondialisation libérale qu’il est presque possible d’interpréter comme
un appel de détresse19. La stratégie des Nouvelles routes de la soie est
donc une initiative pour mieux pénétrer les marchés européens
(essentiellement l’Union européenne). En effet, ceux-ci sont le
premier débouché pour les produits chinois devant les pays d’Asie du
Sud-Est et les États-Unis.
Le commerce de marchandises conteneurisées entre la Chine et
l’Europe représente 15 % du commerce chinois (dont 94 %
empruntent la voie maritime) tandis que celui à destination de
l’Afrique ne représente que 4 %. De fait, tous modes de transport
confondus (maritime, aérien et terrestre), l’Afrique ne pèse que 3 %
du commerce mondial et 3 % du commerce chinois de marchandises20.
Ainsi, du point de vue micro-économique (celui des entreprises
chinoises), l’Afrique peut offrir des marchés importants. En revanche,
d’un point de vue macro-économique (celui de la nation chinoise),
c’est loin d’être le cas. Y compris en ce qui concerne l’accès aux
matières premières, l’Afrique est très dépendante de la Chine. De son
côté, la Chine s’est constitué une vaste palette de fournisseurs
alternatifs pour ces mêmes matières premières. Elle ne sera donc
jamais réellement dépendante de l’Afrique.
Le tableau 1 ci-après résume cette situation à partir des
exportations de minerais et métaux, d’une part, et de combustibles,
d’autre part. Seuls l’Afrique du Sud et l’Angola pourraient
éventuellement prétendre jouer un rôle significatif, étant donné la
relative dépendance de la Chine à leur égard. De fait, l’évolution
récente des relations entre l’Australie et la Chine montre que cette
dernière ne craint pas de remettre en cause sa supposée dépendance à
l’égard de la première pour son approvisionnement en fer – ce qui en
l’occurrence pourrait se faire pour le plus grand bénéfice (à court
terme du moins) de certains pays africains comme la Guinée. Ici
encore, le 14e plan quinquennal réaffirme clairement la volonté
d’instaurer des chaînes industrielles qui respectent le principe de « la
Chine d’abord » (yi wo wei zhu). Dans le cadre d’une division
internationale du travail inégale, ce principe ne fait que renforcer

19. « Xi Jinping chuxi shijie jingji luntan 2017 nian nian hui kaimu shi bing fabiao zhuzhi
yanjiang » [« Xi Jinping assiste à la cérémonie d’ouverture de la réunion annuelle 2017 du Forum
économique mondial et prononce un discours liminaire »], 17 janvier 2017, disponible sur :
www.gov.cn.
20. Calculs de l’auteur à partir de la base de données en ligne de la Conférence des Nations unies
sur le commerce et le développement (CNUCED) disponible sur : http://unctadstat.unctad.org.

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l’Afrique dans son rôle de fournisseur de matières premières à côté
d’autres régions et pays « ressource » (ziyuan guo)21.

Tableau 1 – Exportations africaines de matières


premières à destination de la Chine (2019)

Source : Calculs de l’auteur à partir de la base de données en ligne de la CNUCED,

en % de cette en % des rang parmi les


catégorie de importations pays d’où
Produits Pays produits en totales chinoises proviennent
provenance de cette ces
d’Afrique catégorie produits

Afrique du Sud 42% 4% 5


Congo RDC 17% 2% 9
Minerais et
métaux Zambie 13% 1% 13
Guinée 10% 1% 19
Total 81% — —
Angola 49% 7% 4
Congo 12% 2% 17
Combustibles Libye 10% 1% 19
Gabon 7% 1% 23
Total 78% — —
http://unctadstat.unctad.org.

La leçon que nous pouvons en tirer est qu’il existe une


substantifique asymétrie dans les rapports entre l’Afrique comme
continent et la Chine en tant que nation. Si la Chine est
économiquement importante pour l’Afrique, l’Afrique ne l’est pas
pour la Chine. En revanche, les pays africains se révèlent
politiquement importants pour la Chine.

L’importance politique de l’Afrique


pour la Chine
Pour cerner l’importance politique de l’Afrique pour la Chine, il est
nécessaire de se plonger dans l’histoire de la fin du XXe siècle. En 1989,
après les massacres de la place Tian’anmen, les pays occidentaux
prennent des sanctions contre la Chine. Ce fut un électrochoc pour les
responsables chinois de l’époque, comme en atteste la « Petite
histoire du parti communiste chinois » dans une version corrigée

21. Shao Yu, « Dang Shanghai zi mao qu yujian jinrong cheng » [« Quand la zone franche de
Shanghai rencontre la ville financière »], Aisixiang, 15 avril 2015, disponible sur :
www.aisixiang.com.

C1 - P ublic Natixis
publiée en 2021 pour en célébrer le centenaire22. Dès lors, s’instaure
progressivement un discours bifront : un message économique assez
libéral qu’illustre, par exemple, le discours prononcé à Davos par
Xi Jinping (cf. supra) ; et un message politique volontiers anti-
occidental qui s’est consolidé au fil du temps pour s’épanouir ces
dernières années, comme en ont récemment témoigné les mercuriales
de certains diplomates chinois désormais qualifiés de « loups
guerriers 23 ». D’un point de vue politique, cela s’est traduit dès le
début des années 1990 par une instrumentalisation du vieux thème de
l’humiliation nationale et une révision des manuels d’histoire, par une
réinvention du confucianisme, par une réactivation du tiers-
mondisme et par l’approfondissement des liens avec les pays en
développement à commencer par les pays africains 24 . L’Afrique
compte 54 pays ayant chacun une voix à l’Assemblée générale des
Nations unies (Eswatini excepté, 53 pays reconnaissent pour l’heure
Pékin) – c’est-à-dire près d’un tiers des voix qui peuvent voter les
décisions. D’où une réécriture de l’histoire que manifeste la parution,
en 1999, d’un ouvrage retraçant cinquante années de diplomatie
chinoise25 où l’Afrique apparaît en héros grâce auquel la République
populaire de Chine a pu remplacer la République de Chine (Taïwan)
au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU). En
réalité, comme le montrent les archives de l’ONU, le soutien des pays
africains fut tardif et ne s’exprima effectivement que quand l’éviction
de Taïwan fut devenue inéluctable.
Aujourd’hui, la Chine est simultanément à la tête de quatre
agences onusiennes : l’Organisation pour l’alimentation et
l’agriculture (FAO), l’Organisation de l’aviation civile internationale
(OACI), l’Organisation des Nations unies pour le développement
industriel (ONUDI) et l’Union internationale des télécommunications
(UIT). C’est aussi le seul pays à n’avoir jamais cumulé autant de
directions simultanément, ce qui est d’autant plus important que ces
quatre agences sont éminemment symboliques. Les directions de la

22. « Zhonggong zhongyang xuanchuan bu » [« Département de propagande du Comité central du


Parti communiste chinois »], Zhongguo gongchandang jian shi (2021 nianban) [Petite histoire du
Parti communiste chinois (édition 2021)], Pékin, Renmin chubanshe, 2021. Voir le compte rendu
qu’en fait le journal Pingguo [Apple Daily] de Hong Kong le 12 avril 2021 :
https://hk.appledaily.com.
23 . Voir M. Julienne et S. Hanck, « Diplomatie chinoise : de l’’‘esprit combattant’’
au ‘‘loup guerrier’’ », Politique étrangère, vol. 86, n° 1, 2021, p. 103-118.
24 . Voir le cours d’Anne Cheng au Collège de France, le 21 janvier 2021, disponible sur :
www.college-de-france.fr.
25 . Wang Taiping, « Xin zhongguo waijiao 50 nian » [« 50 ans de diplomatie de la Chine
nouvelle »], Pékin, Beijing chubanshe, 1999.

C1 - P ublic Natixis
FAO et de l’ONUDI soulignent l’implication de la Chine dans les
questions de développement, d’industrialisation et d’aide aux pays
pauvres. Les directions de l’OACI et l’UIT montrent aussi la Chine
comme un pays techniquement innovant dans des domaines sensibles,
partant ayant réussi sa mutation de pays arriéré en pays
technologiquement avancé. Si la présence de la Chine à la tête de
l’UIT prend tout son sens dans la course, non plus à la 5G, mais à la
6G que Huawei entend pouvoir commercialiser dès 203026, celle à la
tête de l’OACI est encore plus significative avec le lancement d’une
route aérienne de la soie et après les déboires du Boeing 737 Max. La
route aérienne de la soie est un projet inauguré par le conglomérat
AVIC (Aviation Industry Corporation of China) afin de promouvoir
l’exportation d’équipements, d’infrastructures et de services
aéronautiques chinois dans les pays le long des nouvelles routes de la
soie27. C’est un projet industriel qui a fortement besoin du soutien de
l’État chinois pour l’obtention des divers certificats qui établissent la
navigabilité du matériel et des équipements exportés et à cette fin est
inscrit dans le 14e plan quinquennal. Parmi le matériel exportable, il y
a le COMAC C919 destiné aux mêmes marchés que ceux de
l’Airbus A320 et du Boeing 737 Max. Si le C919 n’est pas encore
certifié et doit suivre la procédure ordinaire, en revanche, le
Boeing 737 Max a été autocertifié par le constructeur lui-même. Il y a
là une asymétrie que la Chine pourrait réussir à remettre en question
grâce à sa direction de l’OACI.
Dans sa lutte contre Boeing, la Chine a reçu le soutien de
l’Éthiopie (le meilleur « élève » africain de la Chine, dirons-nous) qui
a été aussi le premier État à déclasser le Boeing 737 Max. C’est aussi
l’Éthiopie qui, grâce au soutien de la Chine, lui a succédé à la tête de
l’Organisation mondiale de la santé (OMS) où elle aurait fait preuve
d’une certaine partialité dans la gestion de la crise du Covid-19. C’est
aussi l’Éthiopie qui devrait prendre bientôt la tête de l’ONUDI en la
personne d’Arkebe Oqubay, un artisan de la réforme économique de
l’Éthiopie et compère de Lin Yifu (ancien économiste en chef à la
Banque mondiale (2008-2012) et grand VRP pour l’Afrique des
entreprises chinoises).

26 . Phate Zhang, « Huawei Aims to Make 6G Commercially Available by around 2030 »,


CnTechPost, 12 avril 2021, disponible sur : https://cntechpost.com.
27. Gao Jianghong, « Quanguo zhengxie weiyuan wuximing: Jianyi jiang “kongzhong si lu” naru
“yidai yilu” changyi guihua » [« Wu Ximing, membre du Comité national de la Conférence
consultative politique du peuple chinois : Il est recommandé d’inclure la ‘route aérienne de la soie’
dans la stratégie des nouvelles routes de la soie »], 21 Shiji jingji baodao [Le Rapporteur
économique du 21e siècle], 4 mars 2021, disponible sur : https://m.21jingji.com.

C1 - P ublic Natixis
Conclusion
En d’autres termes, en soutenant économiquement et financièrement
les pays africains, la Chine se constitue une clientèle de pays
tributaires qui lui permettent de construire son image et d’exercer un
pouvoir politique certain : l’instrumentalisation de l’Afrique contribue
directement à la renaissance de cette Chine puissante que les
dirigeants chinois appellent de tous leurs vœux.

C1 - P ublic Natixis
Economic Relations
between Africa and China:
What to Watch for?

Alicia Garcia Herrero

Political relations between China and Africa have been longstanding


ever since the Maoist era. However, economic relations are more
recent. Bilateral trade between China and Africa, as well as, to a lesser
extent, foreign direct investment (FDI), have ballooned. Furthermore,
Chinese lending into Africa, mainly project finance, has increased
very rapidly in the last 5-7 years. Below is an account of where we
stand for trade, FDI and lending from China into Africa and some
policy conclusions.

Trade
China’s entry into the World Trade Organization has largely spurred
the trade exchanges with Africa, first with a surge of exports for Africa,
especially after China engaged in a large stimulus package in 2008.
However, more recently African exports have suffered after the
collapse of commodity prices in 2015 (Chart 1 & 2). Overall trade
flows between Africa and China peaked in 2015 at nearly 200 US
billion, though mainly driven by China’s exports to Africa. The so-
called “Chinese engine of growth” amongst commodity exporters has
fuelled Africa’s exports but much less so recently. A slowing China, on
the other hand, leads to a fall in demand for much valued African
commodities such as copper, iron ore and oil – the key input for
infrastructure constructions. As China’s growth slows down, imports
from Africa have been scaling down. In fact, Africa’s exports to China
have dropped from 3.6% of total GDP in 2011 to 3% in 2019 (Chart 1).

C1 - P ublic Natixis
China’s demand for resources took off a decade ago, when the
country’s economic model was very reliant on heavy industrial
production and the explosively growing private property market
stimulated the wealthier citizens’ demand for a richer diet. As a result,
bilateral trade between China and Africa grew exponentially during
this period. In 2019, China has become the fourth largest destination
for African exports, and the fourth largest source in value to African
imports (Chart 3 & 4). Trade flows with China are an important
source of income for Africa. The total bilateral trade accounts for 50%
of Africa’s GDP, making it vulnerable to shifts in China’s demand and
commodity prices. It is quite clear that, trade-wise, China is a
significant strategic priority for Africa.

C1 - P ublic Natixis
Foreign direct investment
China is not as important for foreign direct investment into Africa as
it is for trade. This is an issue as Africa receives the least FDI out of all
regions in the world, except for Central Asia, even if it is the continent
with the fastest growing population (Chart 5). The inward FDI per
capita, the population trend and the current level of development
signal the needs for future FDI inflows. This justifies a keen interest
in better understanding China’s role in Africa’s inward FDI.

China’s outbound direct investment to Africa peaked at


5.5 billion USD in 2008 when the global financial crisis marked the
beginning of China’s race for investment in Africa (Chart 6). The
financial crisis struck the global investment confidence and caused a
slump in 2009. Notably, the Belt and Road Initiative sparked the
investment again during 2015 and 2017. While many of the analysts
focus on China’s landmark M&A deals in Africa, especially in the
energy and metals spaces, the reality is that China’s project finance in
African countries is nearly ten times as large.
It is fair to say that China is catching up in accumulating
outward FDI into Africa, however FDI is not the most important part
of China’s financing to Africa but rather infrastructure financing. In
fact, the stock of inward FDI accumulated by China so far is well
below that of the EU and this is true for Africa as well. In fact,
European countries like the Netherlands, France and the UK are very
large FDI investors into Africa (Chart 7). Still, China and Netherlands
are the only two countries who witnessed a growth in FDI stock in
2018 compared to that of 2014 but the Netherlands tends to record
investment from other European countries due to tax reasons.

C1 - P ublic Natixis
Another important aspect of China’s investment in Africa is its
particular sectoral composition. M&A continues to be a relatively
small part of Africa’s inward FDI, with greenfield investment, where
the parent company builds its local operations from scratch,
dominating the scene (Chart 8). In sectoral focus, the major portion
of China’s greenfield investment lies in real estate sector, followed by
textiles and transportation (Chart 9). Whilst for M&A projects, the
major field is in energy, followed by infrastructure sector (Chart 10).
The sectoral distribution reveals that the investment projects, M&A
and project finance focus more on the access to resources and use
China’s excess capacity in construction and transportation.

C1 - P ublic Natixis
On this basis, it is not surprising to see that job creations of
Chinese FDI into Africa through greenfield investment (due to lack of
available data) is lower on average than that of China’s greenfield
investment into other regions of the world (Chart 11 & 12). Greenfield
investment in the traditional sector creates more jobs than M&A.

All in all, China stands out as a lender, particularly in project


finance. When looking at the sectoral composition, there is a clear
preference for strategic sectors, especially energy and infrastructure
for both M&A and greenfield investment. There, is however, much
less emphasis in investing in labor-intensive sectors, such as
manufacturing.

Lending and Africa’s mounting debt


The unprecedented pandemic hit the globe in 2020, causing
tremendous economic losses to the world. Beyond the global health
crisis, Emerging Market (EM) countries are also facing mounting debt
problems. Whilst the governments are undergoing severe deficits
stemming from massive stimulus, this section focus on Africa’s debt
service and the Covid-19 Debt Service Suspension Initiative (DSSI).
On 15th April, 2020, senior G20 finance officials announced an
agreement to provide debt-service postponement on sovereign
obligations for the poorest members of the International Monetary

C1 - P ublic Natixis
Fund and World Bank.1 Among the 73 eligible countries at the time
the program was announced to, 38 are from sub-Saharan Africa.
The DSSI postpones principal and interest repayments until
December 2021 now (after several extensions). The initiative was seen
as a quick way to free up fiscal and foreign exchange resources for
vulnerable countries, in parallel with IMF support. As this agreement
came from the G20 (as compared to the G7), debt thus relieved goes
beyond that held by members of the Paris Club. The most important
of the newer official creditor is China, which has agreed in principle to
act on equivalent terms to other official creditors. This is the first time
China has agreed to join Paris Club members in such an initiative.
Current World Bank estimates point towards a maximum of
11.5 billion USD of payment relief to be provided by official bilateral
creditors, within and outside of Paris Club. Of this amount
approximately 6.6 billion USD would benefit countries in sub-
Saharan Africa.2 That said, even if all eligible sub-Saharan African
countries were to apply, only a minority of the debt service payments
would be postponed, as bilateral payments represent 44% of the total
due in the current DSSI reference period (Chart 13).
What role has China played in the DSSI? Beyond boosting
demand for commodities through its recovery, which saved the day
for commodity exporters including many countries in sub-Saharan
Africa, China is also among the largest creditors in the emerging
world (Chart 14). Since 2011, China has become the largest creditor of
sub-Saharan African countries and by 2017, the stock of debt owed by
sub-Saharan African countries to China amounted to roughly three
times that of countries who participate in the Paris Club.

1.“G-20 Surveillance Note: Covid-19 – Impact and Policy Considerations”, International Monetary
Fund, accessed August 25, 2022, www.imf.org.
2 . “Debt Service Suspension Initiative,” The World Bank, accessed September 2, 2022,
www.worldbank.org.

C1 - P ublic Natixis
Participation by the fullest range of Chinese creditors in the
DSSI, notably the Chinese policy banks, is therefore an important
factor in terms of the amount of debt that will be relieved. However,
this will depend on which Chinese entities are considered official
creditors for the purposes of the DSSI. Such information is not easily
available from either Chinese or borrower sources. China’s state-
driven economic model makes it harder to distinguish between
official and private sector creditors in its overseas transactions. Semi-
official Chinese press reports have so far clarified that ‘preferential
loans’ – a large part of China’s lending to emerging economies – are to
be considered private. They are therefore excluded from the relief
under the DSSI, even if the amounts are included in World Bank debt
service data.
To get a rough idea of creditor identity, we used data on
Chinese loan commitments to African countries gathered by the
China-Africa Research Initiative (CARI) at the School of Advanced
International Studies (SAIS). 3 Between 2000 and 2017, 25% of
Chinese commitments originated from the China Development Bank,
which represents the lower bound for unaccounted-for Chinese debt
in the DSSI. Yet, using the World Bank IDS database 4 – which is
based on information provided by debtors and used to estimate the
potential impact of the standstill – we find that 80% of debt service
payments due to China from Sub-Saharan Africa from May to
December 2020 are declared as official and only 20% as non-official.
This rough estimation might carry significant implications for the
delivered relief under DSSI.

3. See : www.sais-cari.org/data.
4. See : www.worldbank.org.

C1 - P ublic Natixis
Conclusion
China’s economic ties with Africa have not only increased together
with China’s growing size in the global economy but even beyond.
This might be related to China-Africa long standing South-South
relations, but also to China’s thirst for commodities. Challenges exist
on every front. For trade, the relation is increasingly unbalanced in
China’s favour, with the ultimate question as to whether Africa will be
able to finance its growing trade deficit. For FDI, the key issue is that
it is clearly not enough, not only from China, but also globally and,
most importantly not really geared to creating employment. In fact,
China’s FDI in Africa remains very small and that into the
manufacturing sector in Africa is even more so. For China’s outward
FDI into Africa to be sustainable, such shifts are clearly needed, so
that more jobs can be created. As for China’s massive increase in
lending to Africa, especially for project finance, the key issue now is
how Africa is going to repay the mounting debt, especially after the
huge negative shock from Covid. That said, a key initiative in which
China and African debtor countries have engaged, under the aegis of
the G20, namely DSSI, is insignificant in terms of the actual outcome,
which is essentially just a delay in payments for a few countries until
December 2021. It seems clear that China’s lending in Africa, as it is
already happening, will need to go through bilateral negotiations for
restructuring. This may create some tension in the overall economic
relations.

C1 - P ublic Natixis
The Chinese presence in DR
Congo’s Mining Sector:
From Greenfield to
Brownfield Investments

Dr. Johanna Malm

The Democratic Republic of Congo’s


strategic importance
Democratic Republic of Congo (DRC), or perhaps most notably cobalt,
is of immense strategic importance to China. It has been so ever since
the start of China’s going global era. As we shall see, China has
changed the strategy it uses to secure access to key minerals. But this
change doesn’t mean that the strategic importance has diminished –
on the contrary. The DRC’s strategic importance to China was
stressed in January 2021 this year when the Chinese Foreign Minister
Wang Yi visited Kinshasa and the DRC signed on to the BRI.1

From « greenfield » to « brownfield »


China’s strategic interest in the DRC’s minerals manifested itself
clearly for the first time in 2007 when the Sicomines agreement was
signed.2 The agreement was unprecedented in the DRC, because it
directly linked the country’s mining sector to the financing of
infrastructure. Previously, the country benefitted from the mining
sector through mining royalties 3 and tax payments only, and
infrastructure reconstruction was financed via the state budget. In
practice, however, because of the war, not much such reconstruction
had taken place. The Sicomines agreement changed this.

1. Wang Yi, “China Welcomes the DRC as Its 45th Partner in Africa in BRI Cooperation”, Chinese
Ministry of Foreign Affairs, 2021, www.mfa.gov.cn.
2. J. Jansson, “The Sicomines Agreement Revisited: Prudent Chinese Banks and Risk-Taking
Chinese Companies”, Review of African Political Economy, No. 40, 2013, p. 135.
3. Mining royalties are fees imposed by a government on mining projects.

C1 - P ublic Natixis
The agreement was structured such that China would fund large-scale
infrastructure reconstruction in the DRC through the extension of a
loan for which reimbursement was to be secured by the profits from a
mining venture. Specifically, the loan was to be extended by the China
Export Import (Exim) Bank to a consortium of Chinese and
Congolese companies, named la Sino-Congolaise des Mines
(Sicomines). Sicomines would be a debtor and as such responsible for
repaying the loan, using the profits from the mine. The credit line
from China Exim Bank to Sicomines made provision for
infrastructure refurbishment, estimated at about 6.5 billion USD, and
for the financing of a mining venture in the DRC’s Lualaba province,
estimated at about 3 billion USD.4 This was a direct investment – a
greenfield venture.
The agreement in its original form stirred up controversy for a
number of reasons. The amounts involved were significant in relation
to the DRC’s gross domestic product (GDP) in 2006, valued at
14.5 billion USD.5 The IMF and a number of Western donors claimed
this debt would be unsustainable, given the DRC’s debt burden of
13.1 billion USD at the time.6 In addition, the Sicomines agreement
included a state guarantee. This meant that in the event Sicomines
failed to pay back the loan using profits from the mining venture, the
Congolese state would step in to repay the loan. This was considered
controversial because it deprived the IMF and the World Bank of their
preferred creditor status and, it was argued, gave the Sicomines
mining venture a competitive advantage in relation to other lenders
and investors.
The Sicomines agreement was also seen as undermining the
ongoing Heavily Indebted Poor Countries (HIPC) debt relief process.
After the 2006 elections, one of the international community’s top
priorities was to ensure debt relief for the DRC so that the war-torn
country could get a fresh macroeconomic start.7 This was viewed as
pivotal in achieving long-term stability in the country. However, the
fact that the DRC had now signed up for a Chinese credit line that
would potentially saddle the country with several billion dollars’

4. J. Malm, “When Chinese Development Finance Met the IMF’s Public Debt Norm in DR Congo”,
Doctoral dissertation, Roskilde University, 2016.
5. World Bank, “Congo, Dem. Rep.”, 2020, https://data.worldbank.org.
6 . “IMF Executive Board Approves US$551 Million PRGF Arrangement for the Democratic
Republic of the Congo and US$73 Million in Interim HIPC Assistance”, Press Release 09/455,
IMF, Washington D.C., December 11, 2009.
7. J. Malm, “When Chinese Development Finance Met the IMF’s Public Debt Norm in DR Congo”,
op. cit.

C1 - P ublic Natixis
worth of debt blocked the debt relief process altogether. The reason
for this was that it would be politically impossible for the DRC’s
creditors to forgive the country’s debt if it contracted sizeable
amounts of debt from China. Among the DRC’s bilateral donors, the
former colonial power, Belgium, was the most active in protesting the
agreement. Representatives of the Belgian government even travelled
to China to discuss it.
A major political controversy ensued throughout 2008. The
Congolese parliament claimed that it had not been informed about
the existence of the agreement prior to its signature, while ordinary
Congolese, along with local and foreign civil society organisations,
widely debated the agreement. China took an active stance during the
controversy, mainly through its ambassador to the DRC, Wu Zexian,
who participated in interviews to defend the agreement.8
After several rounds of political discussion and negotiation,
including an in-person meeting between the DRC’s then President
Joseph Kabila and the IMF’s managing director Dominique Strauss-
Kahn, it was agreed that the DRC could keep the ‘China deal’ while also
getting HIPC debt relief. 9 However, the IMF stipulated that the
agreement had to be downsized and the Congolese state guarantee on
the mining component removed. While China argued that these
conditions increased its exposure, the demands were eventually met.
The infrastructure financing facility was capped at 3 billion USD and
the state guarantee on the credit line for the mining venture removed.10
The Congolese state guarantee on the infrastructure loan was
maintained, however, putting that part of the agreement on par with
the DRC’s other agreements with development finance institutions
such as the World Bank and the African Development Bank.
The controversy gave Kabila an opportunity to exercise ‘China-
powered’ agency vis-à-vis both China and the country’s other external
donors. On the one hand, Kabila knew that China – with its booming
economy, ‘going-out’ policy and long-term plan to secure access to
natural resources – was prepared to make compromises to secure the
Sicomines agreement. On the other hand, Kabila probably also came
to realise that the IMF and traditional donors with major stakes in
that organisation, such as the US and France, had political stakes in

8. J. Jansson, “The Sicomines Agreement Revisited: Prudent Chinese Banks and Risk-Taking
Chinese Companies”, op. cit.
9. J. Malm, “When Chinese Development Finance Met the IMF’s Public Debt Norm in DR Congo”,
op. cit.
10. Ibid.

C1 - P ublic Natixis
the HIPC debt relief process and would go far to make sure that the
HIPC completion point was reached. This was therefore a window of
foreign policy opportunity for Kabila.
Sicomines was (and remains) a significant Chinese greenfield
investment into the DRC’s mining sector, and as such became fraught
with more operational risk the Chinese companies involved had
thought. After the agreement was renegotiated and HIPC debt relief
was granted, most observers assumed that the ‘China contract’ was
now going to be implemented according to plan. However, reality
turned out to be more complicated. In the years following the
settlement of the Sicomines controversy, the Chinese stakeholders
involved in the agreement encountered various challenges in its
implementation. This culminated in China Exim Bank pulling out of
the deal in 2012, having judged that the operational risks in the DRC
were too high.11 As a result, the two Chinese state-owned companies
involved – China Railway Engineering Corporation and Sinohydro –
were left on their own in the DRC with about 1 billion USD worth of
loans extended towards infrastructure projects and mining. 12 Even
though China Exim Bank eventually came back to the table that same
year, after discussions had started with the Bank of China and China
Development Bank to replace it as a financier, the bank’s temporary
withdrawal highlights the insecurity faced by Chinese companies in
the DRC.
A further aggravating factor is the fact that the prices of copper
and cobalt have fluctuated significantly since 2008.13 There is thus a
risk that the profits from the Sicomines joint venture might not be
enough to pay back the loan. The Congolese state guarantee was a
safeguard in this respect, given the DRC’s weak economy and history
of debt arrears. It was thus far from certain that the guarantee would
help the Chinese get their money back if raw material prices were to
plummet. In sum, the Chinese stakeholders involved in the Sicomines
agreement have since 2010 acquired first-hand experience of the
difficulties involved in doing business in the DRC.
Other Chinese state-owned companies and banks that might
have considered initiating similar financing arrangements have
probably observed the developments around Sicomines and decided

11. J. Jansson, “The Sicomines Agreement Revisited: Prudent Chinese Banks and Risk-Taking
Chinese Companies”, op. cit.
12. Ibid.
13. Trading Economics, 2022. See especially the details on copper: https://tradingeconomics.com;
and cobalt: https://tradingeconomics.com.

C1 - P ublic Natixis
not to pursue such initiatives. Indeed, no large-scale Chinese loans
linked to mining ventures and destined to finance infrastructure of a
public goods character (such as roads, hospitals and schools) have
been extended to the DRC since Sicomines. While Chinese economic
activity in the DRC was still significant between 2010 and 2019, it did
not consist of the kind of financing offers that would have provided
the Congolese regime with an opportunity to exercise ‘China-powered’
agency vis-à-vis other external actors. In the strategically important
mining sector, the Chinese presence has instead grown through
brownfield investment, i.e. acquisitions, rather than through direct
investments backed by large scale Chinese government loans. The
first of two significant Chinese acquisitions during this period was
made by China Molybdenum Co. Ltd when it acquired the DRC’s
largest copper producer, Tenke Fungurume, from US company
Freeport-McMoran Inc. in 2016. The second major Chinese
acquisition was regarding Canadian Ivanhoe’s Kamoa-Kakula copper
project in Kolwezi. Chinese Zijin Mining Group became a partner in
the project in 2015, and owned a 39.6% stake as of April 2021. 14
However, none of these investments includes a development finance
vehicle destined to finance public infrastructure.

Reflecting changes in China’s foreign


policy generally
The absence of large-scale, state-backed development finance
initiatives in the DRC after the Sicomines agreement reflects an
overall shift in China’s strategy in Africa. China has gradually come to
place less emphasis on state-backed mega deals, focusing more on
spurring investment by private Chinese companies in Africa.
Indicative of this, during the Forum on China-Africa Cooperation in
2018 President Xi Jinping made a commitment to extend 60 billion
USD in financing to African countries, but only 50 billion USD was
allocated (in the form of Chinese state funds) to grants, loans and
import financing. 15 The remaining amount is what the Chinese

14. “The China Price”, Africa Confidential, Vol. 60, No. 18, September 13, 2019, www.africa-
confidential.com; “Kamoa-Kakula Project”, Ivanhoe Mines, 2020, www.ivanhoemines.com; “Zijin
Increases Ivanhoe Stake”, Mining Journal, October 9, 2019, www.mining-journal.com;
C. Jamasmie, “Ivanhoe’s Giant Kamoa-Kakula Copper Project in DRC Keeps Getting Bigger”,
Mining.Com, February 5, 2020, www.mining.com.
15. D. Brautigam, “China’s FOCAC Financial Package for Africa 2018: Four Facts”, The China-
Africa Research Initiative, September 3, 2018, www.chinaafricarealstory.com; People’s Republic of
China, Ministry of Commerce, “Elaboration on the Eight Major Initiatives of the FOCAC Beijing
Summit”, September 19, 2018, http://english.mofcom.gov.cn.

C1 - P ublic Natixis
government encourages Chinese companies to invest in Africa
between 2019 and 2021. This indicates that the Chinese private sector
is now expected to take a more prominent role, as well as a bigger
share of the risks and rewards, in China–Africa relations. This
adjustment in China’s approach to Africa was also reflected in
statements made by Yang Jiechi, Xi’s Africa envoy, during his 2019
trip to Africa. 16 For example, during Yang’s meeting with Nigerian
President Muhammadu Buhari, no new loans to Nigeria were
discussed. However, the two stressed the importance of more Chinese
companies’ investing in Nigeria.17

Conclusion
China’s evolving approach to the DRC reflects its own learning
journey in international politics. Between 2007 and 2009, China was
bullish, replicating the approach used by Japan in China in the 1980s,
extending resource-backed loans for infrastructure construction. This
turned out to be a difficult model to deploy in the DRC, however,
because of the high risks involved in operating in the country. Since
2010, China has remained engaged in the DRC, but with a more
cautious and risk averse approach. This mirrors the changes in
China’s foreign policy as a whole. Its ambition to be seen as a
responsible international actor has grown stronger. Chinese
companies have adjusted their strategies, having learned from the
risks that they were exposed to during their early ventures overseas.
The fact that Chinese companies have grown their presence in the
DRC’s mining sector through brownfield rather than greenfield
investment after Sicomines is also a reflection of this trend.

16. “The China Price”, op. cit


17. “Yang Jiechi Meets with Nigerian President Buhari”, People’s Republic of China, Ministry of
Foreign Affairs, September 6, 2019, www.fmprc.gov.cn.

C1 - P ublic Natixis
Les entreprises forestières
chinoises en Afrique
centrale

Alain Karsenty

Les entreprises asiatiques ont fait leur entrée en force dans les années
1990, au Cameroun, au Gabon et Guinée équatoriale. En Asie du Sud-
Est, des entreprises issues de grands conglomérats ont exploité
intensivement et sans souci de durabilité les forêts à diptérocarpacées,
ces grands arbres au tronc droit et régulier, si appréciés par l’industrie
du contreplaqué. Alors que les règles légales de gestion forestière
prévoient des cycles de coupe espacés d’une trentaine d’années afin de
permettre le renouvellement de la forêt exploitée, la plupart des
entreprises ont transgressé ces règles, surexploité les massifs boisés
en anticipant que, compte tenu de l’intensité des prélèvements et des
dégâts, il n’y aurait qu’un seul cycle de coupe. Cette pratique a laissé
sur le continent asiatique des forêts fortement dégradées, ce qui a
fourni des arguments aux autorités gouvernementales influencées par
des lobbies agro-industriels pour convertir ces écosystèmes forestiers
à d’autres usages. Par la suite, le développement du palmier à huile
sur les vestiges de nombreuses forêts dégradées a été accompagné
d’un doublement du prix de la tonne d’huile entre 2000 et 2010 (pour
atteindre des sommets à partir de 2020). Les conglomérats ont des
portefeuilles de sociétés adaptés à cette transition d’usages :
exploitation forestière, palmier à huile, plantations d’arbres à
croissance rapide pour la pâte à papier… L’exploitation des forêts
naturelles fournit ainsi la base de l’accumulation de capital. Les
accointances avec les gouvernements facilitent aussi la conversion des
forêts dégradées en terres agricoles.
Au début des années 1990, c’est une puissante société
malaisienne, Rimbunan Hijau (RH), qui développe des activités dans
les trois pays cités1. La société est fondée en 1973 par un Malaisien

1. L. Debroux et A. Karsenty, « L’implantation des sociétés forestières asiatiques en Afrique


centrale – Rimbunan Hijau au Cameroun », Bois et Forêts des Tropiques, n° 254, 1997.

C1 - P ublic Natixis
d’ethnie chinoise, comme la plupart des acteurs économiques
malaisiens opérant dans la filière bois. RH se diversifie, adoptant des
domaines aussi variés que la plantation de palmiers ou les
télécommunications. Elle opère sous le nom de Shimmer
International en Guinée équatoriale et au Cameroun, dès le milieu des
années 1990. Au Gabon, elle crée trois filiales, afin de contourner la
règle qui limite à 600 000 hectares (ha) la surface que peut détenir
une seule société. Au Cameroun, où RH s’est établie en 1995, sa
société Shimmer a exploité plusieurs licences à travers des filiales
créées pour l’occasion ou en sous-traitance d’attributaires
camerounais. Debroux et Karsenty 2 décrivent les objectifs et les
pratiques de l’exploitant. Deux caractéristiques frappent : le relatif
manque d’attention à la qualité des grumes (bois non transformés)
exploitées et la vitesse d’exploitation.
Les exploitants asiatiques coupent plus de bois que leurs
homologues européens car les marchés qu’ils approvisionnent, et
notamment le marché chinois, sont demandeurs de bois de toute
qualité.
La vitesse d’exploitation est en partie liée à la sous-traitance et à
une caractéristique spécifique des relations contractuelles entre le
management de l’entreprise et ses sous-traitants.
En 1994, le Worldwatch Institute notait qu’au Sarawak
l’exploitation s’effectuait sur certains chantiers « 24 heures sur 24 à
l’aide d’énormes projecteurs qui illuminent la forêt ». En Indonésie,
j’ai pu constater en 1993 que de grandes sociétés n’exploitaient pas
elles-mêmes leurs concessions mais confiaient à des entreprises sous-
traitantes la coupe de différentes parties du permis. Les contractants
devaient livrer un quota minimum de bois à un prix convenu d’avance,
censé couvrir le coût de production. Les volumes au-dessus du quota
étaient achetés à des prix supérieurs par la société concessionnaire,
voire à un prix croissant selon le schéma ci-après :

2. Ibid.
Si les modalités exactes des arrangements contractuels
peuvent varier d’une entreprise à l’autre, le recours à la sous-traitance
avec des quotas de livraison élevés ou des incitations financières,
semble assez systématique. Les entreprises chinoises en Afrique
centrale le pratiquent ainsi couramment. Les sous-traitants sont
soumis à une pression quotidienne pour livrer du bois ou pour
maximiser la production, si le contrat prévoit qu’ils peuvent conserver
le bois au-dessus du quota. Ceci rend improbable le respect d’une des
règles de base de la foresterie : la rotation. Celle-ci conduit à
n’exploiter qu’une assiette annuelle de coupe puis à la laisser en
régénération pendant 25 ou 30 ans.
RH n’est pas restée au Cameroun, un pays qui met en place en
1996-1997 un mécanisme d’allocation compétitive (enchères) pour les
permis et qui restreint à partir de 1999 l’exportation des grumes. La
firme se concentre sur la Guinée équatoriale, dont les forêts naturelles
d’okoumé, essence de déroulage présente au Gabon et Congo-
Brazzaville, ainsi que l’absence de contrainte d’aménagement, sont
appréciées.

Quelques acteurs notables


En Guinée équatoriale, Shimmer (RH) est l’entreprise dominante,
mais elle sous-traite une partie de ses permis à des entreprises
chinoises. Une autre grande entreprise malaisienne, Taman
Industries, va s’installer au Sud Congo, autre région d’okoumé. Les
entreprises chinoises vont investir la région très peu de temps après,
dès 1995 au Gabon3. Elles vont obtenir des concessions ou racheter
des entreprises européennes, comme la société familiale française
SBL (rachetée par des intérêts chinois publics) ou le français GEB
(racheté par Shengyang). Les intérêts de la société familiale Thanry
sont rachetés par Vicwood au Cameroun, Congo et Centrafrique.
D’autres entreprises chinoises rachètent également des permis
attribués discrétionnairement (sans appel d’offres) à des opérateurs
africains proches des pouvoirs en place. Ainsi, Wanpeng a racheté en
2019 une concession liée au Général Amisi en République
démocratique du Congo (RDC). Au Congo, Wanpeng a acquis 80 %
des parts de la société Christelle SARL, détenue par la fille du
président Sassou Nguesso4. Wanpeng, un conglomérat spécialisé dans
le fret maritime, l’import-export de ciment et d’acier, a des filiales
d’exploitation forestière dans 10 pays africains (dont la Guinée
équatoriale en plus des deux Congo), mais n’apparaît guère dans les
statistiques de production et d’exportation.
Au Gabon, Hua Jia est une filiale de la société publique China
International Forestry Group Corporation, mais dont les trois quarts
du capital seraient détenus par le conglomérat privé Yihua (santé,
tourisme… 5 ). Dejia Group, conglomérat contrôlé par le magnat
Xu Gong De, a deux sociétés au Congo (SICOFOR et CDWI) et deux
au Gabon (SSMO et SBM). De nombreuses autres sociétés chinoises
dominent le paysage forestier du Gabon (plus de 60 % des
concessions sous contrôle chinois), du Sud-Congo et de la RDC. Au
Nord-Congo et en République centrafricaine (RCA), elles contrôlent
environ 25 % des surfaces6. Il n’y a qu’au Cameroun que la présence
chinoise est un peu moins marquée, alors que les opérateurs
vietnamiens, souvent illégaux, ont pris une importance significative
dans le commerce du bois ces dernières années.

Les raisons de la puissance


et les méthodes
Les entreprises forestières chinoises, lorsqu’elles appartiennent à des
conglomérats, disposent de moyens financiers significatifs et d’un
vaste marché en Chine. Les opérations sont souvent réalisées sur la

3. A. Karsenty, « The Contemporary Forest Concessions in West and Central Africa: Chronicle of a
Foretold Decline? », Forestry Policy and Institutions Working Paper, n° 34, FAO, 2016.
4. Voir ici : www.globalwitness.org.
5. Environemental Intelligence Agency, https://us.eia.org.
6. Données personnelles recueillies auprès des différentes personnes ressources dans les pays
concernés.
base de commandes préfinancées par les clients. Cela permet de
disposer de solides trésoreries quand la demande est soutenue. Au
contraire, cela peut poser problème quand les acheteurs baissent leurs
commandes, comme pendant la crise du Covid-19, puisqu’il y a des
effets immédiats sur la trésorerie.
Les sociétés asiatiques sont venues en Afrique d’abord pour y
récolter et commercialiser des grumes. La Chine importait, en 2018,
11 millions de mètres cubes (m3) de grumes tropicales7 et la montée
en puissance des firmes asiatiques n’y est pas pour rien. Les
entreprises chinoises se sont pliées en apparence aux obligations de
construire des unités de transformation. Mais celles-ci sont souvent
des « usines-alibis » opérant très en deçà de leurs capacités et établies
pour obtenir des quotas d’exportation des grumes8.
En 2010, le gouvernement gabonais, constatant son incapacité
à faire respecter les quotas d’exportation des grumes, décide
d’interdire l’exportation de bois non transformé. Les entreprises
chinoises se sont adaptées et ont investi dans des unités de
transformation, notamment dans la zone franche près de Libreville,
même si plusieurs scandales récents de grumes exportées
frauduleusement dans des containers impliquaient des sociétés
chinoises. Après 2010, les exportations (déclarées) de grumes du
Gabon se sont taries mais, par effet de substitution, elles se sont
envolées en Guinée équatoriale, au Cameroun et au Congo 9 . Les
ministres des forêts de ces pays se sont regroupés dans le cadre de
l’organisation sous-régionale de la Communauté économique et
monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) en 2020, et ont décidé
d’interdire l’exportation de grumes dès 2022. En 2021, compte tenu
des difficultés budgétaires de ces pays, cette mesure d’interdiction a
été reportée à 2023.
En 2019, un rapport de l’ONG Environmental Investigation
Agency 10 , comprenant de nombreux entretiens off-the-record avec
des responsables de plusieurs sociétés chinoises au Gabon et au
Congo, a apporté des éclairages inédits sur certaines pratiques.

7. Voir ici : www.itto.int.


8. Données personnelles recueillies auprès des différentes personnes ressources dans les pays
concernés.
9. A. Karsenty, « Bois tropicaux », in: P. Chalmin (dir.), Cyclope 2015 : les marchés mondiaux.
"Pour qui sonne le glas ?", Paris, Economica, 2015, p. 451-457.
10. Environmental Intelligence Agency, https://us.eia.org.
Les taux de rentabilité seraient de l’ordre de 30-40 %, et beaucoup
plus les bonnes années.
Les entreprises pratiquent systématiquement des prix de
transfert, en vendant notamment le bois sous-facturé à des
sociétés tierces basées le plus souvent à Hong Kong, lesquelles
facturent au client final le vrai prix. Ainsi, les sociétés échappent
très largement à l’impôt sur les bénéfices dans les pays africains.
Les sociétés diminuent leur profit en vendant le bois localement à
de nombreuses petites sociétés faisant de l’import-export, souvent
africaines, chargées de les exporter. Ceci afin de diluer les profits
et la visibilité dans les chiffres d’exportation.
Les plans d’aménagement, pourtant obligatoires dans tous les
pays (sauf Guinée équatoriale), n’ont pas été réalisés, ou quand ils
l’ont été (ce qui est rare), ils ne sont pas appliqués.
La corruption des agents des différents services de l’État est
systématique. Elle est utilisée pour ne pas avoir à appliquer les
règlements et ne pas être sanctionné pour les activités illégales.
Parmi les sociétés chinoises qui désormais dominent la filière en
Afrique centrale, on doit distinguer celles à capitaux d’État (comme
SBL au Gabon, ou Sunry-Sunly, filiale de China National Cereals, Oils
and Foodstuffs Corporation [COFCO]) et les entreprises privées,
souvent constituées par d’anciens employés des entreprises d’État
chinoises opérant dans l’économie forestière au Gabon. Le
gouvernement de Pékin est de plus en plus attentif à l’image renvoyée
par les activités d’exploitation des ressources naturelles par des
sociétés chinoises, notamment en Afrique. La Chinese State Forestry
Administration a publié dès 2007 des directives à destination des
entreprises forestières opérant à l’étranger 11 , afin que celles-ci se
conforment aux lois et règlements locaux.
C’est au Gabon que les choses pourraient évoluer. Les sociétés
asiatiques ont leur propre syndicat, l’Union des forestiers industriels
asiatiques du Gabon (UFIAG). Mais quatre entreprises chinoises ont
rejoint l’Union des forestiers industriels du Gabon et aménagistes
(UFIGA), le syndicat dominé par les sociétés européennes, engagé
pour l’aménagement, la légalité et la certification. Autre facteur
susceptible de modifier les pratiques de certains opérateurs asiatiques,
le président Bongo a annoncé en 2018 que la certification forestière

11. Voir ici : https://surumer.uni-hohenheim.de.


FSC12 deviendrait obligatoire dès 2022 (repoussé à 2025)13.
Il y a également une dimension géopolitique à prendre en
considération dans l’évolution des pratiques. Le gouvernement
gabonais s’appuie, pour ses projets agro-industriels et d’infrastructure,
sur la firme Olam (fondée par des Indiens de Singapour), et semble
jouer la carte de l’Inde dans le domaine du bois (une grande partie
des industries installées dans la zone franche sont issues de ce pays).
La volonté du gouvernement gabonais actuel est de ne conserver que
quelques très grandes sociétés alimentant en grumes les zones
industrielles spéciales. Une bonne partie des entreprises chinoises
sont clairement visées par l’obligation de certification FSC. Aucune
entreprise asiatique en Afrique centrale n’est actuellement en capacité
d’obtenir une telle certification, mais certaines ont obtenu des
certificats de légalité ou travaillent à en obtenir. On peut penser que
les entreprises à capitaux publics chinois vont tenter de se couler dans
le moule de l’aménagement et aller vers la certification, si toutefois
elles parviennent à contrôler le travail de leurs sous-traitants. Mais, si
la ligne du gouvernement gabonais ne varie pas, de nombreuses
entreprises privées chinoises vont partir. Avec la crise du Covid-19 et
l’arrêt des commandes quelques mois durant, plusieurs entreprises
chinoises ont déjà quitté le Gabon (même si certaines sont revenues).

Conclusion
L’interdiction d’exportation des grumes dans la zone CEMAC, si elle
entre effectivement en vigueur en 2023 ou un peu plus tard, ne
devrait pas trop bouleverser la présence des entreprises chinoises
dans le secteur forestier, même si certaines pourraient quitter un
secteur devenu moins lucratif. Mais, malgré quelques entreprises
certifiées pratiquant une assez bonne gestion, la ressource forestière
se dégrade et la « rente de forêt primaire » est en voie d’épuisement.
En Asie du Sud-Est, les conglomérats ont activement contribué à la
conversion des forêts naturelles dégradées en plantations agricoles.
Comme les gouvernements africains voient dans l’agrobusiness un
levier majeur de « l’émergence », il est possible qu’une nouvelle
histoire, encore plus défavorable aux forêts africaines, commence.

12. Forest Stewardship Council, certification indépendante considérée comme la plus exigeante.
13. Gabon National News : www.gabonnationalnews.com.
institut depuis
français des 1979
relations
internationales

27 rue de la Procession 75740 Paris cedex 15 – France

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