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Martinet Lily. La restitution du patrimoine culturel africain : règles internationales applicables et pratiques nationales. In:
Annuaire français de droit international, volume 65, 2019. pp. 675-696;
doi : https://doi.org/10.3406/afdi.2019.5331;
https://www.persee.fr/doc/afdi_0066-3085_2019_num_65_1_5331;
The speech given in 2017 at the University of Ouagadougou by France’s president Emmanuel Macron and the publication in
November 2018 of the report Restitution of African Cultural Heritage : Towards a New Relational Ethics written by Felwine Sarr and
Bénédicte Savoy have brought to the forefront the issue of the restitution of Africa’s cultural heritage. This complex issue does not only
concern a constellation of different actors – States, cultural institutions, the African diaspora and local communities – but it also
emphasizes the interplay between two fundamental dimensions of law : time and space. The transition from colonization to
independence and the removal of artefacts from Africa generate legal puzzles calling for the application of international and domestic
law. The aim of this article is to present the different international legal solutions that may apply to requests for restitution made
between States or in an asymmetric relationship involving non-State actors.
Résumé
Le discours prononcé en 2017 par le Président de la République française à l’Université de Ouagadougou et la publication en
novembre 2018 du Rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain : vers une nouvelle éthique relationnelle écrit par Felwine
Sarr et Bénédicte Savoy ont ramené au premier plan la question des restitutions du patrimoine culturel africain. Cette question
complexe concerne non seulement une constellation d’acteurs – les États, les institutions culturelles, la diaspora africaine et les
communautés locales – mais elle fait aussi jouer ces dimensions essentielles du droit que sont le temps et l’espace. La transition de la
colonisation à l’indépendance et le déplacement massif des artefacts de l’Afrique vers l’Europe ont généré des casse-têtes juridiques
qui font autant appel au droit international public et privé qu’au droit interne. L’objet de cet article est d’exposer les différentes solutions
juridiques internationales applicables aux demandes de restitution, qu’elles soient formulées sur un plan interétatique ou dans une
relation asymétrique impliquant des acteurs non étatiques.
ANNUAIRE FRANÇAIS DE DROIT INTERNATIONAL
LXV – 2019 – CNRS Éditions, Paris
(*) Senior Research Fellow à l’Institut Max-Planck Luxembourg. Elle a soutenu en 2017 une thèse
intitulée « Les expressions culturelles traditionnelles en droit international » publiée en 2019 par IRJS
Éditions.
1. Cette durée de cinq ans a également été retenue pour la reconstruction de la cathédrale de Notre-
Dame. Elle place des éléments appartenant à un temps long dans un intervalle court, ce qui peut surprendre
au regard de la valeur et de l’importance de ces patrimoines et de leur histoire.
676 la restitution du patrimoine culturel africain
littérature qui aborde les enjeux de restitutions relate la violence des expéditions
punitives. Sont notamment fréquemment cités le sac par l’armée britannique de
Benin City en 1897 (faisant aujourd’hui partie du Nigeria) ou encore la bataille
de Magdala en 1868, qui était à l’époque la capitale de l’empire éthiopien 13. La
brutalité de ces événements s’est doublée de l’appropriation par les puissances colo-
nisatrices d’éléments centraux du patrimoine des cultures africaines. Les troupes
britanniques ont pris par exemple à Benin City des centaines de plaques représen-
tant des scènes de la vie de la cour du royaume du Bénin et retraçant son histoire.
Ces plaques, qui sont connues sous le nom de « bronzes du Bénin », ont par la suite
été disséminées à travers l’Europe. Plusieurs d’entre elles sont entrées dans les
collections d’institutions culturelles européennes, principalement dans celles du
British Museum mais aussi dans celles de musées allemands et autrichiens 14. À
Magdala, le volume du butin aurait mis à contribution 15 éléphants et 200 mules
pour le porter et l’emporter en Europe 15. Comme dans le cas du sac de Benin
City, les objets ont été dispersés principalement au sein d’institutions culturelles,
notamment le British Museum et les bibliothèques de Cambridge et d’Oxford 16.
Cela ne signifie pas pour autant que l’ensemble des objets saisis se soit retrouvé
dans des collections muséales, une partie d’entre eux est également rentrée dans le
patrimoine de personnes privées, se perdant parfois dans des caves ou des greniers,
ou est réapparue sur le marché de l’art. Le gouvernement du Nigeria s’est ainsi
retrouvé à débourser en 1980 plus de 800 000 livres sterling pour acquérir aux
enchères plusieurs bronzes du Bénin afin de les exposer dans son musée national
à Lagos 17.
En parallèle de ces prises violentes, un autre phénomène plus subreptice a
concouru au déplacement massif du patrimoine culturel africain vers l’Europe. Le
développement au xixe siècle de l’anthropologie et de l’ethnologie a mené à l’accu-
mulation d’importantes collections d’objets utilitaires et d’œuvres récoltés auprès
des communautés en Afrique. Les missions ethnographiques avaient en partie
pour finalité de « récolter au plus vite la plus grande quantité possible d’objets qui
pouvaient disparaître et de peupler les musées qui venaient de naître » 18. Marcel
Mauss conseillait par exemple, dans ses Instructions d’ethnographie descriptive, de
collectionner « tous les objets d’art, y compris les plus humbles : poupées de papier,
lanternes en vessies, etc. » 19. Il précisait qu’il ne fallait pas « craindre les doubles
ou les triples » 20. La mission ethnographique Dakar-Djibouti (1931-1933) orga-
nisée par l’Institut d’ethnologie de l’Université de Paris et par le Museum national
d’histoire naturelle a collecté par exemple des milliers de pièces pour grossir les
13. Voir notamment : F. Shyllon, « Unraveling History : Return of African Cultural Objects Repa-
triated and Looted in Colonial Times », in J. A. R. Nafziger et A. M. Nicgorski, Cultural Heritage Issues :
The Legacy of Conquest, Colonization, and Commerce, Leiden, Brill, 2010, p 160 ; R. Pankhurst, « Ethiopia,
the Aksum obelisk, and the Return of Africa’s Cultural Heritage », African Affairs, 1999, pp. 229-232. Pour
un récit du pillage (en anglais looting) du palace du roi Ashanti Kofi Karikari, voir K.A. Appoah, Cosmo-
politanism : Ethics in a World of Strangers, New York, W.W. Norton & Co, 2006, pp. 115-116.
14. A. A. Adewunmi, « Possessing Possession : Who Owns Benin Artefacts », Art Antiquity and Law,
2003, vol. 20, nº 2, p. 230.
15. F. Shyllon, « Negotiations for the Return of Nok Sculptures from France to Nigeria : An Unrigh-
teous Conclusion », Art Antiquity and Law, 2003, vol. 8, nº 2, p. 134.
16. Ibid.
17. F. Shyllon, « Restitution to Sub-saharan Africa : The Booty and Captivity : A Study of Some of
the Unsuccessful Efforts to Retrieve Cultural Objects Purloined in the Age of Imperialism in Africa », Art
Antiquity and Law, 2015, vol. XX, nº 4, p. 370.
18. M. Mauss, Manuel d’ethnographie, Paris, Payot, 2002, p. 27.
19. Ibid., p. 139.
20. Ibid., p. 22.
678 la restitution du patrimoine culturel africain
collections des musées français 21. Le Rapport général de la mission fait état de
plus de 3 000 objets recueillis comprenant notamment des poupées, des pierres
peintes, des masques et coiffures de danse, des sculptures, des poteries, des objets
rituels magiques et religieux 22. La mission Sahara-Cameroun (1936-1937) a, quant
à elle, rassemblé environ 3 tonnes d’objets 23. Les termes de « boulimie » 24 ou en
anglais de « frenzy » 25 ont très justement été utilisés pour décrire ces pratiques qui
avaient l’ambition encyclopédique de classer et de conserver les manifestations des
cultures extra-occidentales. Ces missions avaient en outre pour contenu latent de
légitimer la colonisation 26.
Les conditions d’acquisition des objets lors de ces missions ethnographiques
sont dans certains cas équivoques 27. L’ethnologue Michel Leiris, qui avait participé
à la mission Dakar-Djibouti, a décrit par exemple dans L’Afrique fantôme le vol
d’objets sacrés commis en pleine nuit et des pratiques de chantage 28. Cependant, il
ne faudrait pas non plus généraliser l’expérience d’un ethnologue à l’ensemble d’une
discipline 29. Le roi Léopold II avait également édicté des règles pour le paiement
des objets collectés 30. Pourtant, même l’achat de ces biens n’est pas sans poser
problème. L’asymétrie du rapport de forces et de domination entre les populations
colonisées et les ethnologues était telle, qu’il est délicat d’apprécier le consentement
donné par le propriétaire pour l’aliénation des objets collectés. En outre, la nature
de la transaction pouvait être comprise différemment selon les parties, l’ethnologue
croyant procéder à une vente tandis que son sujet d’étude l’envisageait comme
le début d’une relation d’une autre nature 31. Felwine Sarr et Bénédicte Savoy
ont comparé les prix payés par la mission Dakar-Djibouti avec ceux atteints aux
enchères en France au même moment. Pour un masque particulier les ethnologues
déboursaient sept francs, « soit l’équivalent d’une douzaine d’œufs à cette époque »,
alors que le prix moyen d’adjudication en France était de 200 francs 32. Ces missions
ethnographiques ont également généré un important patrimoine documentaire qui
21. F. Sarr et B. Savoy, op. cit., pp. 10-11 ; voir également le projet de loi pour la mission publié dans
P.-É. Flandin, G. Doumergue et M. Roustan, « Mission ethnographique et linguistique Dakar-Djibouti »,
Journal de la Société des Africanistes, 1931, tome 1, fascicule 2, pp. 300-303.
22. M. Griaule, « Mission Dakar-Djibouti, rapport général (mai 1931-mai 1932) », Journal de la
Société des Africanistes, 1932, tome 2, fascicule 1, p. 116.
23. B. de L’Estoile, Le goût des autres : de l’exposition coloniale aux arts premiers, Paris, Flammarion,
2007, pp. 145-146 ; J.-P. Lebeuf, « Rapport sur les travaux de la 4e mission Griaule, Sahara-Cameroun
(10 juillet 1936, 16 octobre 1937) », Journal de la Société des Africanistes, 1937, tome 7, fascicule 2, p. 219.
24. F. Sarr et B. Savoy, op. cit., p. 41.
25. F. Shyllon, « Restitution to Sub-saharan Africa : The Booty and Captivity… », op. cit., 369.
26. B. de L’Estoile, op. cit., p. 77.
27. M. Murphy, op. cit., p. 266.
28. Voir notamment le vol des fétiches kono qui font désormais partie des collections du Louvre et
du Musée du quai Branly - Jacques Chirac et celui d’une statuette à faire tomber la pluie : « Hier on nous
avait refusé avec effroi plusieurs statuettes à faire tomber la pluie […]. Emportant ces objets, c’eût été la
vie du pays que nous eussions emportée, nous disait un garçon, qui […] avait ameuté les vieillards. Cœurs
de forbans : en faisant ce matin des adieux affectueux aux vieillards ravis que nous ayons bien voulu les
épargner, nous surveillons l’immense parapluie vert […] gonflé d’une étrange tumeur qui le fait ressembler
à un bec de pélican, il contient maintenant la fameuse statuette aux bras levés, que j’ai volée moi-même
au pied du cône de terre qui est son autel » (dans M. Leiris, L’Afrique fantôme, Paris, Gallimard, 1981,
pp. 103-104 et 156).
29. Michel Lieris a précisé, bien après la publication de l’Afrique Fantôme, que l’achat était la règle
et que les rapts revêtaient un « caractère exceptionnel » (B. de L’Estoile, op. cit., p. 143).
30. L. Cahen, « La collaboration entre le Musée royal de l’Afrique centrale et les musées nationaux
du Zaïre », Africa-Tervuren, 1973, p. 112.
31. Benoît de L’Estoile cite l’exemple des habitants des îles Salomon qui pensaient initier une « rela-
tion de réciprocité » entre la société des Blancs et la leur par un échange de monnaie in B. de L’Estoile,
op. cit., p. 159.
32. F. Sarr et B. Savoy, op. cit., p. 48 ; voir également M. Leiris, op. cit., p. 113 : « Aux officiels,
toutefois, qui estimeraient que décidément nous en prenons trop à notre aise dans nos transactions avec
les nègres, il serait aisé de répondre que tant que l’Afrique sera soumise à un régime aussi inique que
la restitution du patrimoine culturel africain 679
a une valeur significative pour les communautés étudiées. Les ethnologues ont en
effet consigné, photographié et enregistré méticuleusement les expressions cultu-
relles traditionnelles des communautés africaines 33. Ces missions ethnographiques
ont ainsi causé la « translocation » 34 d’un patrimoine d’un continent à un autre.
À la suite de l’accès à l’indépendance des États africains, le trafic illicite des
biens culturels et la mécanique naturelle du marché de l’art, qui favorise les acqué-
reurs des États riches 35, ont continué à vider l’Afrique de son patrimoine. La part
du patrimoine culturel africain déplacé pendant cette période ne doit pas être
négligée. Environ 70 pour cent des œuvres africaines sorties d’Afrique ont quitté le
continent après 1960 36. À titre d’exemple, dans les années 1960-1970, des statues
appartenant à la culture du peuple Lobi sont apparues massivement sur le marché
international de l’art 37. Ce peuple vivant sur une zone à cheval sur les territoires
du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Ghana avait pourtant conservé ses
traditions, ses pratiques culturelles et son patrimoine culturel. Il s’est avéré que
ses autels étaient pillés 38. De la même façon, les sculptures de la culture Nok, qui
s’était développée à partir du xvie siècle au centre de l’actuel Nigeria, ont fait l’objet
d’un trafic illicite considérable 39. Certains biens sont prélevés sur des chantiers de
fouilles archéologiques illicites. Les vols commis dans les musées africains ont aussi
contribué au transfert d’œuvres du Sud vers le Nord, comme ce fut le cas pour le
Musée national de Kinshasa à la suite des événements de 1997 ou dans le musée
d’Ife au Nigeria 40. Les conflits récents, tels que la guerre d’Irak ou les événements
en Syrie donnent à voir la vulnérabilité du patrimoine culturel et la facilité avec
laquelle des œuvres pillées circulent sur des marchés globalisés 41.
En outre, l’expansion des religions monothéistes 42 et des conflits armés a
contribué à appauvrir davantage le patrimoine culturel présent en Afrique subsa-
harienne. La conjonction de l’ensemble de ces phénomènes a abouti à une situation
dans laquelle environ 90 à 95 pour cent du patrimoine culturel africain se trouve en
dehors du continent africain 43. Pour illustrer cet ordre de grandeur, il est possible
de citer l’exemple du musée royal de l’Afrique centrale en Belgique (renommé Afri-
caMuseum en 2018 après un processus dit de décolonisation). Ce musée conserve
« plus de 200 000 objets des cultures de la République démocratique du Congo »
alors que la somme des « inventaires nationaux de ce pays et des alentours […]
ne dépasserait pas 60 000 objets » 44. Le comité interministériel sur le pillage des
trésors culturels nigérian a constaté de même en 1996 que les antiquaires parisiens
celui de l’impôt, des prestations et du service militaire sans contre-partie, ce ne sera pas à eux de faire la
petite bouche à propos d’objets enlevés, ou achetés à un trop juste prix ».
33. Voir à titre d’exemple l’exposition créée sur la plate-forme Europeana à partir des films, des
enregistrements audio et des photographies numérisés de la Mission Ogooué-Congo de 1946 disponible
sur [https://www.europeana.eu/portal/fr/exhibitions/1946-ogooue-congo-mission/using-sounds-and-images].
34. Le terme de translocation est emprunté à F. Sarr et B. Savoy, op. cit., pp. 25 et s.
35. M. Murphy, op. cit., p. 267.
36. Citation du directeur du Tropenmuseum d’Amsterdam reproduite in M. Murphy, op. cit., note 9.
37. H. M. Leyten, « African Museum Directors Want Protection of their Cultural Heritage », Inter-
national Journal of Cultural Property, 1998, vol. 7, nº 1, p. 262.
38. Ibid.
39. F. Shyllon, « Negotiations for the Return of Nok Sculptures from France to Nigeria… », op. cit.
40. E. Pierrat, Faut-il rendre les œuvres d’art à l’Afrique ?, Paris, Gallimard, 2019, p. 203 ; B. de
L’Estoile, op. cit., p. 335.
41. Voir à cet égard S/RES/2347 (2017), 24 mars 2017.
42. A. Resnais, C. Marker et G. Cloquet, Les statues meurent aussi [film], 1953, Paris, Présence
africaine.
43. A. Godonou, « Musées, mémoire et universalité », in L. V. Prott, Témoins de l’histoire : Recueil
de textes et documents relatifs au retour des objets culturels, 2011, Paris, UNESCO, p. 63.
44. A. Godonou, « À propos de l’universalité et du retour des biens culturels », Africultures, 2007,
vol. 70, nº 1, p. 116.
680 la restitution du patrimoine culturel africain
détenaient dans leurs réserves des objets de la culture Nok qui dépassaient par
leur nombre et leur qualité ceux détenus par la totalité des musées nigérians 45.
Le constat de ce déséquilibre est essentiel pour comprendre la spécificité de la
question de la restitution du patrimoine culturel africain. C’est d’ailleurs en consi-
dération de cette spécificité que le choix a été fait de centrer cet article sur l’étude
de la restitution de ce patrimoine. La présence disproportionnée du patrimoine
matériel africain en Europe le différencie des autres cas de biens culturels déplacés,
comme les marbres du Parthénon réclamés par la Grèce ou encore les manuscrits
restitués par le Danemark à l’Islande entre 1971 et 1997 46. Il s’agit en effet d’un
cas particulier, d’une anomalie qui doit être distinguée des autres régions. Le
Louvre possède par exemple de très belles pièces du patrimoine culturel égyptien,
mais l’Égypte conserve encore d’importantes collections 47. Bien qu’elle réclame la
restitution d’antiquités conservées dans des institutions culturelles occidentales 48,
l’Égypte n’a pas connu à l’instar de l’Afrique sub-saharienne un exode massif de son
patrimoine culturel créant un manque et une rupture avec son passé 49.
Un autre aspect qui différencie la situation africaine est le rôle joué par la
diaspora africaine au sein des anciennes puissances colonisatrices. Des associa-
tions, comme le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) en France,
soutiennent de l’intérieur les demandes de restitutions 50. Cela signifie qu’une
multiplicité d’acteurs est impliquée et intéressée à la restitution du patrimoine
culturel africain : les États, les communautés d’origine des objets qui ne corres-
pondent, dans bien des cas, pas au découpage des populations nationales, les insti-
tutions culturelles (musées, archives, bibliothèques, universités), les marchands
d’art, les collectionneurs privés d’art et la diaspora africaine. Les intérêts de ces
acteurs ne s’alignent que très rarement.
La question de la restitution du patrimoine culturel africain fait donc non
seulement jouer une constellation d’acteurs, mais aussi ces dimensions essentielles
du droit que sont le temps et l’espace. Le passage du temps dans les questions de
restitutions n’émousse pas les revendications portant sur les biens culturels les
plus significatifs mais au contraire les attise, donnant au vide créé par leur absence
un poids écrasant. La transition de la colonisation à l’indépendance et le déplace-
ment des artefacts de l’Afrique à l’Europe génèrent des casse-têtes juridiques qui
font autant appel au droit international public et privé qu’au droit interne. Ces
situations, qui semblent au premier abord inextricables, peuvent être séparées en
fonction de la nature des acteurs qu’elles mettent en présence. La question des
restitution peut ainsi être envisagée en premier sur un plan interétatique (I) puis
sous l’angle d’une relation asymétrique impliquant des acteurs non étatiques (II).
Des circonstances variées qui ont mené à vider l’Afrique subsaharienne de son
patrimoine matériel, il est possible d’en différencier deux principales. La première
concerne les biens appropriés par les armes à l’occasion de la colonisation, comme
45. F. Shyllon, « Negotiations for the Return of Nok Sculptures from France to Nigeria… », op. cit.,
p. 142.
46. V. Beurden, Treasures in Trusted Hands : Negotiating the Future of Colonial Cultural Objects,
Leiden, Sidestone Press, 2017, p. 193 et s.
47. A. Godonou, « Musées, mémoire et universalité », op. cit., p. 63.
48. F. Shyllon, « Restitution to Sub-saharan Africa : the Booty and Captivity… », op. cit., p. 381.
49. L. Cahen, op. cit., p. 112.
50. M. Murphy, op. cit., p. 269.
la restitution du patrimoine culturel africain 681
51. Cette citation a été reproduite dans C. Hershkovitch et D. Rykner, La restitution des oeuvres
d’art : solutions et impasses, Paris, Hazan, 2011, p. 70 ; voir ég. W. W. Kowalski, « Claims for Works of
Art and their Legal Nature », in International Bureau of the Permanent Court of Arbitration, Resolution
of cultural property disputes : Papers Emanating from the seventh PCA International Law Seminar, May
23, 2003, La Haye, Kluwer Law International, 2004, p. 51.
52. Ibid., p. 90.
53. À partir de 1972, les Nations Unies ont adopté régulièrement des résolutions sur la restitution et
le retour des biens culturels, [http://www.unesco.org/new/fr/culture/themes/restitution-of-cultural-property/
united-nations/].
54. A/RES/3187 (XXVIII), 18 décembre 1973, le préambule et les articles 2 et 3.
55. S. E. Nahlik, « La protection internationale des biens culturels en cas de conflit armé », RCADI,
1968, vol. 120, p. 66.
56. Voir notamment G. Fradie, « Trésors culturels en exil : des régions entières sont privées de tout
l’œuvre de leur passé », Le Courrier de l’UNESCO, 1978, vol. 31, nº 7, p. 7 ; F. Sarr et B. Savoy, op. cit.,
pp 5-6 ; L.-J. Rollet-Andriane, « Précédents », Museum, 1979, vol. 31, nº 4, p. 4.
57. Polybe, Ouvrages historiques de Polybe, Hérodien et Zozime [sic], avec notices biographiques,
Paris, A. Desez, 1836, p. 276 (la version numérisée de cet ouvrage est disponible sur Gallica : [https://
gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58288066]).
682 la restitution du patrimoine culturel africain
préteur de la Sicile pillé les villes et s’était approprié leurs statues et objets d’art 58.
Cependant, ces prises de position jetant l’opprobre sur le pillage et la spoliation
ne se sont réellement concrétisées en droit qu’à partir de la moitié du xviie siècle,
quand les belligérants ont inclus dans les traités de paix des clauses stipulant des
restitutions, qui concernaient dans un premier temps les archives, puis ont été
étendues progressivement aux œuvres d’art 59.
Lors du Congrès de Vienne, les razzias d’œuvres d’art pratiquées par les
troupes napoléoniennes ont été à l’origine de « l’une des premières restitutions de
grande envergure que l’histoire ait jamais enregistrées » 60. L’idée sous-tendant
cette restitution était qu’un lien insécable reliait les œuvres à leur État d’origine.
Wojciech Kowalski considère ainsi que l’année 1815 marque un tournant fonda-
mental prenant la forme d’une coutume internationale interdisant le pillage et de
son corollaire, l’obligation de restitution 61, qui apparaît comme le remède pour
réparer la violation de l’interdiction de piller le patrimoine culturel d’un État 62.
Similairement, Stanisław Nahlik note qu’« après le Congrès de Vienne en tout
cas, on ne relève plus dans les guerres européennes d’exemples notoires de butin
fait sur [des biens culturels] » 63. Une asymétrie se dessine alors entre le continent
européen et le reste du monde où la pratique du pillage des biens culturels s’est
poursuivie, non seulement en Afrique mais en Asie aussi, comme ce fut le cas en
1860 pendant les guerres de l’opium avec le sac du palais d’été de l’empereur de
Chine par les troupes franco-anglaises 64. La coutume internationale cristallisée
au xixe siècle interdisant le pillage des biens culturels en Europe ne peut donc pas
être invoquée pour la restitution du patrimoine culturel africain – sauf à remettre
en question soit l’application du droit contemporain des faits dans son principe
même, soit l’applicabilité du droit contemporain de ces faits parce qu’il heurterait
la conscience des nations.
L’interdiction du pillage a par la suite été codifiée dans plusieurs instruments.
Les Instructions de 1863 pour les armées en campagne des États-Unis d’Amé-
rique (dit Lieber Code en référence à son auteur Francis Lieber), qui sont considé-
rées comme la première codification moderne du droit de la guerre, interdisaient
effectivement la vente, l’attribution, l’appropriation privée, la destruction et la
détérioration des œuvres d’art, des bibliothèques, des collections et des instru-
ments appartenant à une nation ou un gouvernement ennemis 65. Des dispositions
similaires à celle du Lieber Code ont été incluses notamment dans le Projet d’une
Déclaration internationale concernant les lois et coutumes de la guerre (Bruxelles,
27 août 1874) qui prohibait toute saisie, destruction ou dégradation intention-
nelle d’œuvres d’art 66 et le Manuel des lois de la guerre sur terre adopté en 1880
par l’Institut de Droit International 67. Ces textes ont grandement influencé la
deuxième (1899) et la quatrième (1907) Convention de la Haye concernant les lois
58. T. Jenkins, Keeping their Marbles : How the Treasures of the Past Ended up in Museums … and
why they Should Stay There, Oxford, Oxford University Press, 2018, p. 124.
59. S. E. Nahlik, op. cit., p. 77.
60. L.-J. Rollet-Andriane, op. cit., p. 6.
61. W. W. Kowalski, « Restitution of Works of Art Pursuant to Private and Public International
Law », RCADI, 2001, vol. 288, p. 61
62. V. König, B. de L’Estoile, P. López Caballero, V. Négri, A. Perrin, L. Rinçon et C. Bosc-
Tiessé, « Les collections muséales d’art ‘non occidental’ : constitution et restitution aujourd’hui », Pers-
pective, 2018, vol. 1, p. 41.
63. S. E. Nahlik, op. cit., p. 86.
64. Ibid., p. 89.
65. Art. 36 des Instructions pour les armées en campagne des États-Unis d’Amérique (1863).
66. Voir art. 8 du Projet d’une Déclaration internationale concernant les lois et coutumes de la guerre
(Bruxelles, 27 août 1874).
67. Art. 53 du Manuel des lois de la guerre sur terre (1880).
la restitution du patrimoine culturel africain 683
et coutumes de la guerre sur terre 68. Ces textes interdisent le pillage, la destruc-
tion et la saisie des propriétés ennemies (à l’exception de celles qui seraient impé-
rieusement commandées par les nécessités de la guerre), pendant les hostilités,
et la saisie et la destruction des œuvres d’art en cas d’occupation 69 : « les biens
des communes, ceux des établissements consacrés aux cultes, à la charité et à
l’instruction, aux arts et aux sciences, même appartenant à l’État, seront traités
comme la propriété privée. Toute saisie, destruction ou dégradation intentionnelle
de semblables établissements, de monuments historiques, d’œuvres d’art et de
science, est interdite et doit être poursuivie » 70.
Néanmoins, ces deux conventions n’avaient vocation à s’appliquer qu’entre
les belligérants qui y étaient parties et qu’en cas de guerre 71. Les actes de pillage
commis lors de la colonisation, tels que la bataille de Magdala en 1868 ou encore
la mise à sac par l’armée britannique de Benin City en 1897, seraient par consé-
quent exclus du champ d’application de ces conventions puisque les États africains
concernés n’étaient pas parties à ces Conventions.
La violation des règles prohibant le pillage et la saisie d’œuvres d’art devait
donner naissance à l’obligation de restitution. Le Traité de Versailles offre une
parfaite illustration de ce principe. Les articles 245, 246 et 247 exigèrent que
l’Allemagne restitue notamment les œuvres d’art enlevées de France, un Koran
au roi du Hedjaz, le crâne du sultan Makaoua au gouvernement britannique, les
volets du triptyque de l’Agneau mystique peint par les frères Van Eyck et ceux
du triptyque de la Cène, peint par Dierik Bouts à la Belgique pour reconstituer
ces œuvres. Dans le cas de l’Université de Louvain, dans lequel les biens avaient
été détruits, une restitution par remplacement a été prévue 72. Mais même quand
cette obligation est formulée dans un traité de paix, imposer son exécution n’est pas
aisé. Dans le célèbre cas de la stèle d’Axoum surnommée « l’obélisque d’Axoum »,
plus de 50 ans se sont écoulés entre la naissance de l’obligation et son exécution.
L’obélisque avait été retiré d’Éthiopie, en 1937, par l’Italie à la suite de l’annexion
de la première par la seconde 73, puis érigé à Rome en face du ministère des Colo-
nies. L’annexion avait été à l’époque qualifiée d’illégale par la Société des Nations,
mais l’obligation de restitution de l’obélisque ne s’est matérialisée qu’à la suite
de la Seconde Guerre mondiale 74. L’article 37 du Traité de Paix entre l’Italie et
les Puissances alliées, conclu le 10 février 1947, stipulait que « l’Italie restituera
toutes œuvres d’art, tous objets religieux, archives et objets de valeur historique,
appartenant à l’Éthiopie ou à ses ressortissants, et transportés d’Éthiopie en Italie
depuis le 3 octobre 1935 ». Malgré la réitération de cette obligation, d’une part, en
68. R. Wolfrum, « Cultural Property, Protection in Armed Conflict », Max Planck EPIL, 2010, § 6.
69. Voir les art. 23 (g), 28 et 56 des Règlements concernant les lois et coutumes de la guerre sur
terre annexés à la Convention concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre, La Haye, 29 juillet
1899 et à la Convention concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre, La Haye, 18 octobre 1907.
70. Ibid., art. 56. Le caractère coutumier de ces dispositions a été réaffirmé à Nuremberg. Pour une
analyse de ces règles sous l’angle du droit pénal international voir R. O’keefe, The Protection of Cultural
Property in Armed Conflict, Cambridge, Cambridge University Press, 2010, pp. 336 et s.
71. Art. 2 de la Convention concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre (La Haye, 29 juillet
1899) et de la Convention concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre (La Haye, 18 octobre 1907).
72. Art. 247 du Traité de Versailles signé le 28 juin 1919 à Versailles.
73. T. Scovazzi, « Aspects juridiques du cas de l’obélisque d’Aksoum », Museum International, 2009,
vol. 61, nº 1-2, pp. 56-57 ; voir aussi L. Lixinski, « Axum Stele », in J. Hohmann et D. Joyce, International
Law’s Objects, Oxford, Oxford University Press, 2018, pp. 130-140.
74. Au moment de l’annexion, les deux États n’avaient pas ratifié les mêmes conventions : l’Italie
était partie à la deuxième Convention de La Haye (1899) tandis que l’Éthiopie était partie à la quatrième
(1907). Cependant, selon Tullio Scovazzi, les règles prohibant le pillage et la saisie d’œuvres d’art avaient
déjà acquis un caractère coutumier en 1937 ; une obligation de restitution était née du déplacement de
l’obélisque en Italie mais elle avait été interrompue par la Seconde Guerre mondiale (voir T. Scovazzi,
op. cit., p. 57).
684 la restitution du patrimoine culturel africain
L’indépendance des États africains n’a pas marqué un coup d’arrêt à l’exode
du patrimoine culturel. Le marché de l’art international et l’essor du trafic illicite
ont continué à vider ces États de leurs biens culturels 86. Les musées, n’ayant plus
recours à des « collectes sur le terrain », se sont tournés vers le marché de l’art et
les collectionneurs et par là-même ont entretenu malgré eux le trafic illicite 87. Sous
l’impulsion des États latino-américains, confrontés aux mêmes difficultés que les
États africains, l’UNESCO a élaboré un cadre normatif universel, applicable en
temps de paix, complétant le régime mis en place par la Convention pour la protec-
tion des biens culturels en cas de conflit armé (1954) 88. La Conférence générale
de l’UNESCO a adopté en 1970 la Convention concernant les mesures à prendre
pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété
illicites des biens culturels (ci-après : « la Convention UNESCO de 1970 »). Cette
convention a pour objet de protéger les patrimoines culturels nationaux contre le
vol, les fouilles clandestines et l’exportation illicite 89. Il ne s’agit pas de procéder
dans cet article à une étude systématique des mécanismes de cet instrument 90,
mais plutôt d’évoquer celles qui intéressent directement la question de restitution.
L’article 7 (b) (ii) prévoit la restitution par voie diplomatique des biens culturels
volés et exportés illicitement en violation des interdictions édictées par les États 91 :
« les États parties à la présente Convention s’engagent […] (b) (ii) à prendre des
mesures appropriées pour saisir et restituer à la requête de l’État d’origine […] tout
bien culturel […] volé et importé après l’entrée en vigueur de la présente Conven-
tion à l’égard des deux États concernés, à condition que l’État requérant verse une
indemnité équitable à la personne qui est acquéreur de bonne foi ou qui détient
légalement la propriété de ce bien. Les requêtes de saisie et de restitution doivent
être adressées à l’État requis par la voie diplomatique […] ». En outre, les services
compétents des États doivent collaborer en vue de faciliter les restitutions des
biens culturels exportés illicitement 92. Ils doivent également reconnaître en droit
interne les actions de revendication de biens culturels perdus ou volés, actions qui
sont exercées par le propriétaire légitime ou en son nom 93. Quant aux musées et
institutions culturelles, les États sont tenus de les empêcher d’acquérir des biens
culturels qui auraient été exportés illicitement (article 7 (a)). Enfin, la Convention
institue un système de certificats d’exportation (article 6).
La portée de la Convention UNESCO de 1970 a été fortement diminuée pour
plusieurs raisons. L’approche diplomatique choisie pour les requêtes de restitution
est en premier lieu insuffisamment contraignante 94. Les effets de la Convention
sont en outre limités dans le temps, car elle est dépourvue de tout effet rétroactif.
L’obligation de restitution énoncée à l’article 7 (b) (ii) ne s’applique que si la Conven-
tion est entrée en vigueur à l’encontre des deux États concernés. Elle ne peut donc
être actionnée que dans des affaires récentes. Les revendications datant de la
colonisation sont exclues de son champ 95. De surcroît, la Convention n’a pas d’effet
direct et doit pour cette raison être transposée en droit interne 96. À cela s’ajoute
que les États ayant un poids important sur le marché de l’art ne l’ont ratifiée que
très tardivement, à compter de la fin des années 1990, comme la France en 1997 et
les peuples qui les ont créés 108. L’œuvre d’art est comprise comme un fragment de
la mémoire et de l’identité de ces peuples, qui devrait, dans cette perspective, être
replacée dans le cadre naturel et social où elle a été conçue. Cette conception des
biens culturels a été qualifiée par le professeur John Henry Merryman de doctrine
de « nationalisme culturel », qu’il oppose à celle d’« internationalisme culturel » 109.
La première relie les biens culturels à leur État d’origine et sous-tend les demandes
de restitution des biens culturels qui incarnent l’histoire et l’identité d’un peuple.
La signification de ces biens culturels ne pourrait réellement s’exprimer que s’ils
étaient placés dans leur contexte d’origine 110. Ces biens culturels devraient par
conséquent être inaliénables. La seconde doctrine, celle de « l’internationalisme
culturel », postule que les biens culturels font partie d’un patrimoine culturel
commun à toute l’humanité et détaché de considérations liées à leur origine 111.
Les biens culturels devraient ainsi circuler librement sur un marché dont les forces
auraient pour action de les pousser entre les mains des collectionneurs et des insti-
tutions culturelles qui seraient les plus à même de les conserver 112. Cet argument
de la conservation est fréquemment soulevé pour mettre en échec les demandes
de restitution. Cependant, le postulat de l’insuffisance des moyens et des capacités
de conservation des États africains est de moins en moins tenable avec le déve-
loppement récent de nouvelles institutions muséales sur le continent africain. Le
Sénégal s’est par exemple doté d’une institution « ultramoderne » : le Musée des
civilisations noires à Dakar inauguré en décembre 2018 113.
La même année que l’appel lancé par Amadou-Mahtar M’Bow, la Conférence
générale de l’UNESCO a créé le Comité intergouvernemental pour la promotion du
retour de biens culturels à leur pays d’origine ou de leur restitution en cas d’appro-
priation illégale (ci-après : « le Comité ») pour compléter le cadre mis en place par
la Convention UNESCO de 1970 114. Ce comité consultatif composé d’une vingtaine
d’États 115 a pour fonction de faciliter les négociations bilatérales pour la restitution
et le retour de tout bien culturel qui a « une signification fondamentale du point
de vue des valeurs spirituelles et du patrimoine culturel du peuple d’un État […]
qui a été perdu par suite d’une occupation coloniale ou étrangère ou par la suite
d’une appropriation illégale » 116. Toutes les demandes de restitution exclues du
champ d’application de la Convention UNESCO de 1970, notamment celles liées
à la période coloniale, pourraient bénéficier des bons offices du Comité et, depuis
2005, d’une médiation ou d’une conciliation menée sous ses auspices 117. En 1999,
de l’UNESCO, 1978, vol. 31, nº 7, pp. 4-5 et disponible dans la bibliothèque numérique de l’UNESCO.
108. Pour une analyse des titres de compétence des États sur leur patrimoine culturel voir C. Bories,
op. cit., p. 438 et s.
109. J. H. Merryman, « Two Ways of Thinking about Cultural Property », American Journal of
International Law, 1986, vol. 80, pp. 831-853. Ces deux thèses ne sont pas limitées au patrimoine culturel.
Elles se retrouvent ailleurs et notamment en droit de l’environnement au sujet de « ressources naturelles
partagées » comme l’Amazonie : P.-M. Dupuy, « Amazonie : le droit international en vigueur apporte des
réponses substantielles », Revue juridique de l’environnement, 2019, vol. 44, nº 4, pp. 671-675.
110. P. Gerstenblith, Art, Cultural Heritage, and the Law : Cases and Materials, Durham : Carolina
Academic Press, 2004, p. 595.
111. Pour une critique de cette doctrine, voir J. A. R. Nafziger, « Cultural Heritage Law : The
International Regime », in J. A. R. Nafziger et T. Scovazzi (dir.), Le patrimoine culturel de l’humanité.
The cultural heritage of mankind, Leiden, Brill, pp. 202-204.
112. Ibid.
113. F. Sarr et B. Savoy, op. cit., p. 27.
114. Conférence générale de l’UNESCO, Résolution 4/7.6/5, 24 et 28 novembre 1978.
115. L’article 2 des Statuts du Comité intergouvernemental pour la promotion du retour de biens
culturels à leur pays d’origine ou de leur restitution en cas d’appropriation illégale prévoit que le Comité
est composé de 20 États. Au début de l’année 2020, il comprenait pourtant 21 États.
116. Ibid., art. 3.1 et 4.1.
117. A. Chechi, op. cit., p. 103.
la restitution du patrimoine culturel africain 689
un fonds alimenté par des contributions volontaires pour financer des projets liés
au mandat du Comité est venu consolider ce dispositif 118.
En pratique, le Comité a été saisi de très peu de cas, moins d’une dizaine de
demandes en plus de quarante années d’existence 119. Certaines affaires ont tout de
même donné lieu à des restitutions, comme celle du masque de Makondé. Ce masque
rituel avait été dérobé en 1984 des collections du musée national de Tanzanie et
acquis l’année d’après à Paris par un musée suisse, le Musée Barbier-Mueller 120.
Après l’échec de négociations initiées en 1990, le gouvernement tanzanien a saisi
le Comité en 2006 121. Grâce à l’intervention de l’UNESCO et aux bons offices de la
Suisse, les négociations ont abouti à un accord portant sur la donation du masque.
En 2010, le Musée Barbier-Mueller a remis le masque à la Tanzanie à l’occasion
d’une cérémonie organisée par le Conseil international des musées (ICOM).
Les raisons expliquant ce succès mitigé sont multiples. Les États d’origine des
biens culturels ne disposent souvent pas des ressources nécessaires à l’inventoriage
des éléments de leur patrimoine culturel se trouvant à l’étranger 122. En outre, un
« certain scepticisme » subsiste quant aux résultats pouvant être atteints grâce
à cette procédure 123. Toutefois, le Comité joue un rôle important en matière de
sensibilisation. Il constitue un forum international pour les discussions, pour le
partage des cas de restitution et de retour en dehors du Comité, et pour l’échange
de bonnes pratiques.
Malgré la Convention UNESCO de 1970 et la création du Comité, certains
problèmes de droit privé subsistaient, notamment ceux relatifs à l’acquéreur de
bonne foi d’un bien culturel volé ou illicitement exporté. L’UNESCO se rapprocha
donc de l’Institut international pour l’unification du droit privé (UNIDROIT) 124.
Cette collaboration déboucha sur l’adoption en 1995 de la Convention UNIDROIT
sur les biens culturels volés ou illicitement exportés 125. Cette convention a été
conçue comme un protocole à la Convention UNESCO de 1970 visant à combler
certaines de ses lacunes, notamment celles relatives à l’acquéreur de bonne foi et
à la prescription des actions en restitution 126. La Convention UNIDROIT s’est en
outre détournée de la voie diplomatique retenue par la Convention UNESCO de
1970 et lui a préféré l’action en justice pour les demandes de restitution et de retour.
Elle se distingue également en introduisant une nouvelle catégorie d’acteurs : les
communautés autochtones et tribales 127. Cependant, elle est également privée
d’effet rétroactif 128 et ne rassemble en 2020 que 48 États parties. Cet instrument
n’est donc que d’un secours limité pour les demandes de restitution émanant des
États africains. Le cadre juridique pouvant soutenir la restitution du patrimoine
culturel africain s’avère ainsi morcelé et bien souvent inopérant. D’autres canaux
moins empruntés méritent d’être explorés.
129. Pour une résistance d’une partie de la communauté muséale au mouvement des restitutions,
voir la Déclaration sur l’importance et la valeur des musées universels signée uniquement par des musées
occidentaux, dont le Musée du Louvre et le British Museum et reproduite dans Les Nouvelles de l’ICOM,
nº 1, 2004, p. 4.
130. Voir comme autre exemple de code professionnel : Le Code international de déontologie pour
les négociants en biens culturels adopté par le Comité et approuvé par la 30e Conférence générale de
l’UNESCO en 1999.
131. L’ensemble des Listes rouges publiées par l’ICOM sont disponibles en ligne : [http ://icom.
museum/fr/ressources/red-lists/].
132. ICOM, Liste rouge des biens culturels ouest-africains en péril, 2018, [https ://icom.museum/fr/
ressource/liste-rouge-des-biens-culturels-ouest-africains-en-peril/].
133. L’Observatoire international du trafic illicite des biens culturels, [https ://www.obs-traffic.
museum/fr].
la restitution du patrimoine culturel africain 691
134. Principes 6.1 à 6.4 du Code de déontologie de l’ICOM pour les musées, adopté par l’Assemblée
générale de l’ICOM à Buenos-Aires, le 4 novembre 1986. Ce code a été révisé en 2001 et en 2004.
135. Voir notamment le cas du groupe de travail Benin Dialogue Group composé de directeurs de
musées et de représentants étatiques, dont l’objectif est d’établir un musée à Benin City pour le retour
des œuvres dispersées dans les différentes collections muséales.
136. Nationaal Museum van Wereldculturen, Return of Cultural Objects and Process, 7 mars 2010,
la dernière version de 2019 est disponible sur : [https://www.volkenkunde.nl/sites/default/files/2019-05/
Claims%20for%20Return%20of%20Cultural%20Objects%20NMVW%20Principles%20and%20Process.pdf].
137. Ibid., art. 4.
138. Ibid., art. 4.4.2.
139. Ibid., art. 5.3.1.
140. Ibid., art. 6.
141. Ibid., p. 2.
142. Le guide intitulé Guidelines for German Museums : Care of collections from colonial contexts,
réédité en 2019, est disponible sur : [https://www.museumsbund.de/wp-content/uploads/2019/09/dmb-
guidelines-colonial-context-2019.pdf].
143. F. Sarr et B. Savoy, op. cit., p. 12.
144. Deutscher Museums Bund, Guidelines for German Museums : Care of collections from colonial
contexts op. cit., p. 147.
692 la restitution du patrimoine culturel africain
145. C. Hickley, « Tender Opened for Guidance Around Repatriation Questions for Items Including
those Acquired from Former Colonies », The Art NewsPaper, 14 janvier 2020, [https://www.theartnews-
paper.com/news/arts-council-england-seeks-guidelines-on-restitution-and-repatriation-for-museums].
146. Cet exemple est emprunté à F. Sarr et B. Savoy, op. cit., pp. 156-157.
147. Art. 451-5 du Code du patrimoine ; P.S. Hansen, A. Diallo-Le Camus et M. Mac Donald, « Les
restitutions du patrimoine culturel africain à l’aune du droit de la propriété des personnes publiques », La
Semaine juridique Administrations et collectivités territoriales, 2019, n° 22, pp. 1-5.
148. L. Cahen, op. cit., p. 111.
149. M. Murphy, op. cit., p. 260.
150. G. Fradier, « Trésors culturels en exil : des régions entières sont privées de tout l’œuvre de leur
passé », Courrier de l’UNESCO, 1978, vol. 31, nº 7, p. 11.
151. M. Murphy, op. cit., p. 260.
152. Les Principles for Cooperation in the Mutual Protection and Transfer of Cultural Material
adoptés en 2006 à la 72e conférence de l’International Law Association (ILA) proposent de nombreuses
alternatives.
153. M. Bailey, « British Museum Considers Loan of ‘Invisible’ Objects Back to Ethiopia », The Art
NewsPaper, 20 mai 2019, [https://www.theartnewspaper.com/news/british-museum-considers-loan-of-
invisible-objects].
la restitution du patrimoine culturel africain 693
ne peuvent pas être exposées, car, selon l’Église orthodoxe éthiopienne, seuls les
prêtres sont autorisés à les voir. L’intérêt de garder ces objets enfermés dans des
réserves semble déraisonnable vu l’importance de leur signification en Éthiopie.
Les institutions culturelles explorent également comme autre piste la création de
copies numériques ou tangibles, notamment à l’aide de scanners 3D et d’impri-
mantes 3D 154. La restitution numérique est tout à fait pertinente pour le patri-
moine documentaire (enregistrements, photographies, documents) accumulé par
les missions ethnographiques. Cependant, l’accès à l’Internet n’est pas universel
et les fac-similés sont dénués de l’aura et de la valeur économique de l’original 155.
Des accords peuvent aussi organiser la circulation et l’échange d’objets ou une
garde partagée 156. Enfin, une indemnisation peut être considérée comme réparation
quand l’État, ou la communauté d’origine du bien l’accepte. Des mesures adap-
tées à chaque cas s’appuyant notamment sur les ressources des musées devraient
être préférées à l’espoir d’une restitution générale et systématique du patrimoine
culturel africain sur le fondement du droit ou de négociations diplomatiques.
154. Pour un exemple de portail numérique servant de moyen pour restituer des collections d’objets,
de photographies et d’enregistrements, voir le projet SAWA, disponible sur : [https://watau.fr/s/watau-fra/
page/accueil].
155. B. de L’Estoile, op. cit., p. 360.
156. M. Cornu et A. Renold, « Le renouveau des restitutions de biens culturels : les modes alternatifs
de règlement des litiges », Journal du Droit International, 2009, nº 2, doctrine 4.
157. Voir les art. 31 et 11.2 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones,
adoptée par l’Assemblée générale le 13 septembre 2007.
158. Recommandation concernant la protection et la promotion des musées et des collections, de leur
diversité et de leur rôle dans la société, § 18.
159. Sous-commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des mino-
rités, Rapport préliminaire du Rapporteur spécial sur la protection du patrimoine des peuples autochtones,
8 juillet 1994, E/CN.4/Sub.2/1994/31, p. 7.
160. Section 7 de NAGPRA.
694 la restitution du patrimoine culturel africain
161. Voir Commission africaine des droits de l’homme, Centre for Minority Rights Development
(Kenya) and Minority Rights Group (on behalf of Endorois Welfare Council) v. Kenya, Communication
nº276/03, 25 novembre 2009 et Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, Commission Africaine
des Droits de l’Homme et des Peuples v. Kenya, Requête nº006/2012, 26 mai 2017.
162. A. F. Vrdoljak, « Human rights and illicit trade in cultural objects », in S. Borelli et F. Lenze-
rini (dir.), Cultural heritage, cultural rights, cultural diversity : new developments in international law,
Leiden, Martinus Nijhoff, 2012, pp. 105-140.
163. Art. 2, § 1 de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
164. Voir notamment la Charte de la renaissance culturelle africaine adoptée le 24 janvier 2006
par l’Union Africaine.
165. Voir à cet égard la recommandation (g) dans Conseil des droits de l’Homme, Rapport de l’Experte
indépendante dans le domaine des droits culturels, Mme Farida Shaheed, 17e session, 21 mars 2011, A/
HRC/17/38 et la décision Zeynep Ahunbay et autres c. Turquie (29 janvier 2019, requête n° 6080/06),
dans laquelle la CEDH affirme qu’il existe « une communauté de vue européenne et internationale sur la
nécessité de protéger le droit d’accès à l’héritage culturel » et que « cette protection vise généralement les
situations […] portant sur le droit des minorités de jouir librement de leur propre culture ainsi que sur le
droit des peuples autochtones de conserver, contrôler et protéger leur héritage culturel ».
la restitution du patrimoine culturel africain 695
fondement 166. Cet accès devrait être modulé en fonction du rapport existant entre
un groupe et un bien culturel 167. Les communautés d’origine de ces biens qui sont
porteuses et gardiennes de ce patrimoine culturel devraient pouvoir participer à sa
gestion, à sa conservation et à son interprétation. Le cinquième principe éthique
pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel énonce en effet que l’accès
des communautés doit être garanti aux instruments, objets et artefacts nécessaires
« pour l’expression du patrimoine culturel immatériel » 168. Une institution cultu-
relle devrait par exemple faciliter l’accès à un masque rituel afin qu’il puisse être
manipulé et porté pour célébrer des cérémonies 169.
Dans le contexte du patrimoine culturel africain, ces évolutions signifient qu’un
peuple autochtone à l’origine d’un bien culturel conservé en Europe peut demander
sa restitution ou la reconnaissance d’un droit d’accès. Ce raisonnement ne vaut que
pour les cas où une continuité culturelle a persisté. Une culture disparue comme
la culture Nok ne peut être revendiquée par une communauté. Cette nouvelle voie
pour les restitutions est susceptible de pallier les carences de certains États afri-
cains 170 ou de concurrencer leurs prétentions. Il est alors crucial de questionner
la légitimité des demandes qui peuvent être portées de façon concurrente par des
descendants, la communauté ou l’État d’origine du bien culturel concerné. Cette
hypothèse s’est présentée notamment, en 2019 à propos de la restitution par le
Land du Bad-Wurtemberg d’une bible et d’un fouet ayant appartenu à un chef du
peuple Nama, Hendrik Witbooi 171. Cette restitution a suscité de fortes tensions
en Namibie. L’armée allemande avait emporté en 1893 le fouet et la bible comme
des trophées de guerre lors d’un raid 172. Ces objets avaient intégré, à la suite d’une
donation, les collections du musée Linden à Stuttgart 173. En 2019, l’Allemagne a
choisi de restituer ces objets à l’État namibien pour qu’ils soient conservés dans les
archives nationales, dans l’attente d’être transférés ultérieurement dans un futur
musée à Gideon, la ville natale d’Hendrik Witbooi 174. Cette décision a été contestée
par l’association des chefs traditionnels namas, qui estimaient que ces objets ne
devraient pas être remis à l’État, et par les descendants d’Hendrik Witbooi, qui
souhaitaient peser sur les modalités de leur retour 175. L’association des chefs
traditionnels namas arguait, entre autres, que les autorités namibiennes étaient
soumises au peuple Ovambo et qu’elles ne représentaient donc pas l’ensemble
des ethnies 176. De surcroît, cette restitution est intervenue alors qu’une plainte
relative au génocide commis par l’Allemagne à l’égard des Héréros et des Namas
166. CDESC, Observation générale nº 21 : Droit de chacun de participer à la vie culturelle (art. 15,
par. 1(a) du PIDESC), 21 décembre 2009, E/C.12/GC/21, § 6.
167. Conseil des droits de l’Homme, op. cit., § 62.
168. Ce principe fait partie d’une liste de douze principes éthiques approuvés en 2015 par le Comité
intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
169. Pour des exemples allant dans ce sens voir L. Martinet, Les expressions culturelles tradition-
nelles en droit international, chap. 8.
170. E. Campfens, « The Bangwa Queen : Artifact or Heritage ? », International Journal of Cultural
Property, 2019, vol. 26, p. 103.
171. S. Blanchard et D. Pelz, « Retour d’un fouet et d’une bible spoliés en Namibie » [en ligne],
Deutsche Welle, 28 février 2019, [https://www.dw.com/fr/retour-dun-fouet-et-dune-bible-spoli%C3%A9s-
en-namibie/a-47729792].
172. Ibid.
173. K. Keener, « German Museum to Repatriate Artefacts Previously Belonging to Namibian Hero »,
Art Critique, 24 février 2020, [https://www.art-critique.com/en/2019/02/german-museum-to-repatriate-
artefacts-previously-belonging-to-namibian-hero/].
174. Pour un récit détaillé de la restitution voir R. Kösslet, The Bible and the Whip – Entanglements
Around the Restitution of Robbed Heirlooms, ABI working paper 12, 2019, 21 p., [https://www.arnold-bergs-
traesser.de/sites/default/files/field/pub-download/kossler_the_bible_the_whip_final_0.pdf].
175. S. Blanchard et D. Pelz, op. cit.
176. Ibid.
696 la restitution du patrimoine culturel africain
était pendante aux États-Unis 177. Ce cas donne à voir la prudence avec laquelle
les questions de restitution doivent être abordées. L’ensemble des acteurs justifiant
d’un lien avec un bien culturel doit être consulté pour éviter qu’il devienne une
monnaie d’échange dans les relations interétatiques 178.
En conclusion, la question de la restitution du patrimoine culturel africain,
qui est bien souvent à tort résumée à une mécanique de vases communicants
déplaçant des biens d’un continent à un autre, exige une réflexion approfondie
adaptée à chaque cas et une réelle volonté politique de réparer les injustices du
passé. Cette volonté peut se réaliser également en dehors de l’enceinte étatique et
de l’espace muséal : la statue d’un coq faisant partie des bronzes du Bénin, détenue
jusqu’alors par l’un des collèges de l’Université de Cambridge, a été rapatriée
en 2019 au Nigeria sous l’impulsion d’une association d’étudiants 179, le collectif
des antiquaires de Saint-Germain-des-Prés a acquis des œuvres pour les offrir au
Bénin pour être exposées dans le Petit musée de la Récade à Cotonou 180. Enfin,
si le sujet des restitutions invite à se tourner vers le passé, il ne faudrait pas pour
autant en oublier le présent et l’avenir. La création contemporaine africaine bien
trop souvent absente des institutions culturelles européennes devrait trouver une
place dans les espaces libérés par le retour des biens culturels 181. La transmission
et la revitalisation de savoir-faire traditionnels devraient aussi être encouragées
pour prolonger dans le présent le patrimoine culturel du passé.
177. United States District Court, S.D. New York. Rukoro v. Federal Republic of Germany, 6 mars
2019, 363 F.Supp.3d 436.
178. La France a par le passé utilisé la restitution comme moyen pour promouvoir ses intérêts
économiques : V. Beurden, op. cit., p. 237.
179. T. Jenkins, op. cit., pp. vii-viii.
180. A. Hakoun, « 27 œuvres supplémentaires du royaume de Dahomey restituées au Bénin »,
Connaissance des Arts, 21 janvier 2020, [https://www.connaissancedesarts.com/international/27-oeuvres-
supplementaires-du-royaume-de-dahomey-restituees-au-benin-11131682/].
181. V. Négri, « À propos du rapport Sarr/Savoy sur la restitution du patrimoine africain : lecture
juridique d’une éthique relationnelle repensée », Université Laval, 11 septembre 2019.