“ Le spectateur face à l’oeuvre

d’art visuel ”
FRIED Michael, « Absorption : A Master Theme in Eighteenth-Century French
Painting and Criticism », Eighteenth-Century Studies, vol. 9, n°2, 1975-1976, p. 139-177

ARASSE Daniel, « Le spectateur disloqué », « Le moment du détail et l'événement de

peinture », Le Détail, Pour une histoire rapprochée de la peinture, [1992], Paris,
Flammarion, 1996, p. 223-248.
Michael Fried (1939-)
○ Historien de l’art et critique d’art américain
○ Étudie à l’universités d’Harvard, de Princeton
○ Reçoit la bourse Rhodes pour ses études au
Merton College de l’université d'Oxford
○ Professeur à l’université Johns Hopkins de
Baltimore
○ Travail sur l’émergence du modernisme
○ Trilogie Esthétique et origines de la peinture
moderne :
○ La place du spectateur (1980)
○ Le réalisme de Courbet (1990)
○ Le Modernisme de Manet (1996)
Daniel Arasse (1944-2003)
○ En 1965, il entre à l'École normale supérieure
○ De 1969 à 1993, il enseigne l'histoire de l'Art
moderne du XVe siècle au XIXe siècle, à la
Sorbonne Paris I et Paris IV.
○ De 1982 à 1989, il dirige l'Institut français de
Florence
○ À partir de 1993 il est directeur d'étude à
l'École des hautes études en sciences sociales.
 Comment les auteurs proposent-ils une Histoire de l’Art au plus proche des
tableaux en interaction avec le spectateur ?

I. Une réactivation de l'intérêt porté aux éléments ignorés par l’Histoire de l’Art.
A. La notion d’absorbement développé par Fried.
B. L’importance du détail pour Daniel Arasse.

II. Un processus méthodologique didactique.

A. Une méthode rigoureuse chez Fried.
B. L’ambition pédagogique de Daniel Arasse.

III. Le rôle fondamental du spectateur face à l’oeuvre.

A. Processus de représentation adopté par le peintre.
B. Processus de perception engagé par le spectateur.
 I. Une réactivation de l'intérêt porté aux éléments ignorés par l’Histoire de
l’Art.
A. La notion d’absorbement développé par Fried.

Thèse de Fried :

« Mon objectifs dans cet essai, est de démontrer l’importance fondamentale, dans certaines des
peintures françaises les plus importantes du début et milieu décennie 1750, d’un unique thème
sous-jacent. […] En d’autres termes, le présent essai affirme l’unité et ce qui est plus, le sérieux de la
peinture française dans sa première phase de réaction au Rococo. »

« My purpose in this essay is to demonstrate the fundamental importance, in some of the most significant French paintings of the early and mid
1750s, of a single underlying theme. […] In these and other respects the present essay asserts the unity and what is more the seriousness of the
French painting in the first phase of the reaction against the Rococo »
I. Une réactivation de l'intérêt porté aux éléments ignorés par l’Histoire de
l’Art.
A. La notion d’absorbement développé par Fried.
○ Terme « absorption » en anglais
○ Traduit « absorbement » en français

○ État ou activité résultant en une indifférence totale

de l’espace extérieur à l’objet causant
l’absorbement.

○ Thèmes : intense attention, résistance à la

distraction, oubli de soi, …
○ Activité de lecture, écoute, travail, écriture,
...

Jean-Baptiste Greuze, Un Père de famille qui lit la Bible à ses enfants, salon de
1755, huile sur toile, [dimensions inconnues], Musée du Louvre, Paris.
I. Une réactivation de l'intérêt porté aux éléments ignorés par l’Histoire de
l’Art.
A. La notion d’absorbement développé par Fried.

○ Réaction au rococo : décoratif

○ Volonté d’un :

« retour à ce qui était considéré comme le grand sérieux,

la moralité élevée, et l’esthétique intemporelle du grand
art du passé »

« […] the need to return to what were seen as the high

seriousness, elevated morality, and timeless aesthetic principles of
the great art of the past […] »

Jean-Baptiste Greuze, Un Père de famille qui lit la Bible à ses enfants, salon de
1755, huile sur toile, [dimensions inconnues], Musée du Louvre, Paris.
I. Une réactivation de l'intérêt porté aux éléments ignorés par l’Histoire de
l’Art.
B. L’importance du détail pour Daniel Arasse.

“hommage du peintre savant à

l’homme de science”

Le détail “emblème”

Jacques-Louis David, Portrait d'Antoine-Laurent Lavoisier et de

sa femme, huile sur toile, 260 × 195 cm, 1788, Metropolitan
Museum of Art, New York
I. Une réactivation de l'intérêt porté aux éléments ignorés par l’Histoire de
l’Art.
B. L’importance du détail pour Daniel Arasse.

“les valeurs spirituelles les plus

hautes à travers les apparences
vulgaires de la vie quotidienne”

Le détail “comble”

Georges de la Tour, Saint Jacques le mineur, huile sur toile,1615,

musée Toulouse Lautrec, Albi
II. Un processus méthodologique didactique.
A. Une méthode rigoureuse chez Fried.

○ Bornes chronologiques : Salons de 1753 et 1755, première moitié décennie 1760

○ Oeuvres + Textes de critiques = comprendre contexte conceptuel et expressif

« Et parce que les peintres et critiques français des années 1750 étaient en phase avec cette tradition comme nous ne
le sommes pas, ils soulignent parfois des aspects de peintures antérieures que nous négligeons ou voyons en d'autres
termes. »

« En résumé, ma démarche consiste à utiliser des peintures et des textes critiques pour s’illustrer les uns les autres,
dans une tentative de reconstituer au moins une partie du contexte conceptuel et expressif immédiat dans lequel les
peintures en question ont été réalisées et exposées. »

« And because French painters and critics of the 1750s were attuned to that tradition as we are not, they sometimes emphasize aspects of earlier
paintings we overlook or see in other terms. »
« In short, my approach consists in using paintings and critical texts to illuminate one another, in an attempt to reconstruct at least part of the
immediate conceptual and expressive context in which the paintings in question were made and exhibited. »
II. Un processus méthodologique didactique.
A. Une méthode rigoureuse chez Fried.

○ Salons de Diderot volontairement mis de côtés : « La présente étude est une contribution à notre
compréhension des sources de sa [Diderot] vision de la peinture. »

« the present study is a contribution to our understanding of the sources of his vision of painting. »

○ Concernant les sources utilisées :

○ Variétés de critiques : ○ Peintre de différents ○ Peintres majeures
● Abbé de La Porte genre : comme ‘ oublier ’
● Baillet de Saint-Jules ● d’Histoire
● Abbé Laugier ● de scène de genre
● Gabriel Huquier ● de nature morte
● Abbé Garrigues de Froment
● Critique anonyme pour le Journal Encyclopédique
● Abbé Le Blanc
● Jacques Lacombe
● La Font de Saint-Yenne
● Pierre Esteve
● Jacques Gautier d’Agoty
II. Un processus méthodologique didactique.
A. Une méthode rigoureuse chez Fried.
Structure du texte

○ 4 parties : ● Peintre
○ Introduction ○ Oeuvre
○ 1. Jean-Baptiste Greuze / Jean Siméon Chardin ■ Texte de critique
○ 2. Carle Van Loo ■ Texte de critique
○ 3. Joseph-Marie Vien ○ Oeuvre
○ 4. Contexte historique ■ Texte de critique
■ Texte de critique
● Peintre
○ Oeuvre
■ Texte de critique
■ Texte de critique
○ Oeuvre
■ Texte de critique
■ Texte de critique
II. Un processus méthodologique
didactique.
B. L’ambition pédagogique de Daniel
Arasse.

Pose une problématique

Annonce son “plan”

II. Un processus méthodologique didactique.
B. L’ambition pédagogique de Daniel Arasse.

Édouard Manet, Olympia,

1863, huile sur toile,
130,5 × 191 cm,
Musée d'Orsay, Paris
III. Un processus méthodologique didactique.
A. Processus de représentation adopté par le peintre.

« La grandeur du tableau consistait

essentiellement en ce qu'ils considéraient
comme son évocation magistrale de
l'éloquence d'Augustin, son pouvoir quasi
irrésistible de contraindre l'âme de ceux
qui le voyaient et l'entendaient. »

« the greatness of the painting consisted essentially in

what they regarded as its masterful evocation of
Augustine's eloquence, his all but irresistible power to
compel bel in the souls of those who saw and heard
him. »

Carle Van Loo, Saint Auguste disputant contre les

Donatistes, 1753, huile sur toile, [dimension
inconnus], Église Notre-Dame des Victoires, Paris.
III. Un processus méthodologique didactique.
A. Processus de représentation adopté par le peintre.

« Ici aussi, La Porte semble sentir, que le caractère

presque somnambulique de son action, souligne
l'intensité de son absorption dans les pensées et les
sentiments suscités par la lecture. »

« Here too La Porte seems to feel that the almost somnambulistic

character of her action underscores the intensity of her absorption
in thoughts and feelings stirred by the reading. »

Jean-Baptiste Greuze, Un Père de famille qui lit la Bible à ses

enfants, Salon de 1755, huile sur toile, [dimensions inconnues],
Musée du Louvre, Paris.
III. Un processus méthodologique didactique.
A. Processus de représentation adopté par le peintre.

« Je crois qu'une telle formulation est très proche

de la vérité, et que ce sont précisément les
longueurs auxquelles Greuze a été contraint
d'aller, les mesures qu'il a jugé nécessaire de
prendre »

« I believe that such a formulation comes very close to the truth,

and that it is precisely the lengths to which Greuze was
compelled to go, the measures he found it necessary to take »
(Fried, p. 171)

Greuze, Le Paralytique secouru par ses enfants, Salon de 1763,

huile sur toile, 115 x 146 cm, Ermitage, Saint-Pétersbourg.
III. Un processus méthodologique didactique.
A. Processus de représentation adopté par le peintre.

Gabriel François Doyen, Le Miracle des

ardents, 1767, huile sur toile, 665 x 393 cm,
église Saint-Roch, Paris.
III. Un processus méthodologique didactique.
B. Processus de perception engagé par le spectateur.

Chardin, Un philosophe occupé de sa lecture,

1734, [technique inconnues], [dimensions
inconnues], Musée du Louvre, Paris.

Joseph-Marie Vien, Ermite endormis, Salon

de 1753, [technique inconnue], 223 x 148
cm, Musée du Louvre, Paris.
III. Un processus méthodologique didactique.
B. Processus de perception engagé par le spectateur.

Joseph Mallord William

Turner, Regulus, 1828, huile
sur toile, 91 x 124 cm,
National Gallery, Londres
Bibliographie
○ ABOUDRAR Bruno Nassim. « Daniel Arasse, le regard et l'histoire », Esprit, vol. juin, no. 6, 2006, pp. 127-139. URL :
https://www-cairn-info.ezpaarse.univ-paris1.fr/revue-esprit-2006-6-page-127.htm
○ ARASSE Daniel, « Interpréter l’art : entre voir et savoirs », In Canal-U [en ligne]. URL :
https://www.canal-u.tv/video/universite_de_tous_les_savoirs/interpreter_l_art_entre_voir_et_savoirs.1226 (consulté le 02/12/2020).
○ BUFFAT Marc, « Michael Fried, La place du spectateur », Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, n°12, 1992, p. 185-186. URL :
https://www.persee.fr/doc/rde_0769-0886_1992_num_12_1_1173
○ BRULOTTE Gaëtan. « La jouissance du détail en peinture / Daniel Arasse, Le Détail. Pour une histoire rapprochée de la peinture, Paris,
Flammarion, 1992, 288 pages. » Liberté, volume 36, numéro 1 (211), février 1994, p. 200–208. URL :
https://www.erudit.org/fr/revues/liberte/1994-v36-n1-liberte1034691/32087ac.pdf
○ DELAIN Pierre, « [Cheminements à partir de l'œuvre de Michael Fried (né en 1939)] », In : Idixa [en ligne]. URL :
https://www.idixa.net/Pixa/pagixa-0903111852.html (Consulté le 01/12/2020).
○ DELAIN Pierre, « [Vers 1750, la peinture française tend à l' " absorbement " des personnages dans un état ou une activité qui les isole du
regard du spectateur] », In : Idixa [en ligne]. URL : https://www.idixa.net/Pixa/pagixa-0910271729.html (Consulté le 01/12/2020).
○ DELAIN Pierre, « [Dans la seconde moitié du 18ème siècle, les buts de la peinture se rapprochent de ceux du théâtre : primauté de
l'expression vraie et dramatique] », In : Idixa [en ligne]. URL : https://www.idixa.net/Pixa/pagixa-0911101648.html (Consulté le
01/12/2020).
○ LONGO Sara. « La manière de Daniel Arasse », Critique, vol. 775, no. 12, 2011, pp. 983-989. URL :
https://www-cairn-info.ezpaarse.univ-paris1.fr/revue-critique-2011-12-page-983.htm
○ LOPOUKHINE Sébastien, « Histoires de peintures : Pour une histoire rapprochée de la peinture », In France Culture [en ligne]. URL :
https://www.franceculture.fr/peinture/histoires-de-peintures-pour-une-histoire-rapprochee-de-la-peinture (consulté le 02/12/2020).