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CM HISTOIRE DE L’ART

03/02/2023
Expressionnisme abstrait

INTRODUCTION : L’expansion de l’art abstrait

 La peinture abstraite américaine cherche avant tout à se représenter elle-même


o William de Kooning, Painting, 1948

 La peinture est abstraite quand elle n’est pas figurative


o Cf. musique : on l’écoute, et même sans image, on ressent des sensations
o Les peintres abstraits cherchent à reproduire l’effet de la musique

 Les artistes constatent que malgré les progrès techniques, la guerre est toujours
d’actualité et que les régimes totalitaires se multiplient
o L’expressionnisme abstrait est un mouvement qui cherche à donner une
liberté aux artistes en réaction aux totalitarismes
o Les artistes ne veulent pas représenter une réalité violente mais s’en extraire

 Point sur les mouvements artistiques abstraits précédents


o Néoplasticisme (Mondrian) : géométrisation
o Expressionnisme (Kandinsky) : intériorité de l’artiste

 À partir des années 1930, les États-Unis (et plus spécifiquement Peggy Guggenheim)
accueillent des artistes européens qui fuient le régime nazi
o Les expressionnistes abstraits américains sont ainsi fortement intéressés par
les avant-gardes européennes, et notamment par le surréalisme
o Hans Hoffman et Arshile Gorky permettent la transition entre l’art abstrait
européen et l’art abstrait américain

I) Contexte et origines de l’expressionnisme abstrait américain

Pourquoi l’expressionnisme abstrait s’affirme-t-il comme un art spécifiquement américain ?

 « Le terme d’expressionnisme abstrait est employé la première fois en mars 1946 par
le critique d’art Robert Coates » (« L’art moderne et contemporain », Larousse)
o But : nommer le courant pictural relevant de l’art abstrait et des « méthodes
de l’expressionnisme » émergeant aux États-Unis
o Tendance foncièrement nouvelle et spécifique de la peinture américaine

 « Le rejet de la représentation, conforté par la découverte du cubisme, de Matisse,


de l’abstraction européenne d’avant-guerre – Klee, Kandinsky – et de l’automatisme
surréaliste – Miro, Masson, Breton –, s’inscrit dans un désir de mettre en scène la
peinture elle-même. » (Michel Draguet, Chronologie de l’art du XXe siècle)
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 « Les conséquences du second conflit mondial introduisent l’idée d’une prééminence
des États-Unis, y compris sur le plan culturel. » (« L’art moderne et contemporain »,
Larousse)
o Les expressionnistes abstraits sont opposés à l’abstraction géométrique ET au
réalisme social
o Insistance sur la question du sujet, de l’expression libre de leur nature et de
l’universel
o Les artistes sont convaincus de pouvoir produire un art proprement américain
équivalant à celui de l’Europe
o Ils exposent entre amis en partageant idées et points de vue

 L’abstraction américaine est liée à la crise économique de 1929


o Roosevelt met en place en 1935 un programme d’aide aux artistes dans le
cadre du New Deal, le Federal Art Project (avec des commandes publiques de
peinture murale mis en œuvre par la Works Progress Administration)
o Arshile Gorky, Sans titre, été 1944, huile sur toile, 167 x 178,2 cm, Peggy
Guggenheim Collection, Venise
 Aucune fonction figurative
 Émotion liée aux qualités picturales propres de chacun des éléments

 En avril 1950, une réunion est organisée par Robert Goodnough et animée par
Richard Lippold, Robert Motherwell et Alfred Barr
o But : poser le cadre d’un mouvement artistique
o Gottlieb suggère que les artistes réunis protestent contre le parti pris
conservateur du jury lors du prochain concours au Metropolitan Museum
o Les « 18 Irascibles » invitent Pollock à signer la lettre de protestation en raison
de sa notoriété (Pollock est publié dans Life le 8 août 1949 et son exposition
suivante, le 21 novembre 1949 à la Betty Parsons Gallery, est un triomphe
incontestable)
o Alfred Bar profite de la situation pour établir la distinction entre le MET et le
MoMA : il présente Gorky, Kooning et Pollock

 Pour son édition du 15 janvier 1951, le magazine Life décide de publier un reportage
photo de Nina Leen pour documenter les résultats du concours du MET et qui
comporte une photographie des opposants

 Leo Castelli (marchand d’art)


o Il est d’origine italienne (lien avec l’Europe)
o Il organise l’exposition du Ninth Street Show en 1951
o Plus qu’inviter simplement des artistes, il accroche également leurs œuvres
o Sans être artiste, il a un flair artistique qui lui permet de savoir ce qui va
marcher ou pas

 Hans Hoffmann (peintre)


o Il est d’origine allemande (lien avec l’Europe)
o Il est influencé par l’utilisation expressive de la couleur chez des peintres
comme Matisse ou encore Delaunay, dont il est l’assistant
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o Il délaisse les paysages expressionnistes pour adopter une peinture abstraite

 Deux tendances : Action Painting et Color Field painting


o Action Painting : importance du geste, des effets de la matière et de la
rapidité d’exécution
o Color Field : importance de la couleur et des potentialités expressives

 William de Kooning, Woman, 1950


o Le tableau est figuratif, et pourtant c’est une œuvre abstraite
o On ne recherche pas l’abstraction dans le sujet mais dans le geste artistique

II) Harold Rosenberg, The American Action Painters, décembre 1952, ARTnews

 Cf. texte de Rosenberg (brochure)

 Rosenberg joue un rôle important dans la prise de conscience par le public de


l’expressionnisme abstrait américain : il est l’un des pionniers de l’Action Painting

 « L’un après l’autre, les peintres américains commencèrent à considérer la toile


comme une arène dans laquelle agir, plutôt que comme un espace où reproduire,
redessiner, analyser ou exprimer un objet, réel ou imaginaire. Ce qui naissait sur la
toile n’était plus une image mais un évènement. » (Rosenberg, article du magazine
Art News)

 « Ce n’est plus avec une image dans l’esprit que le peintre s’approchait de son
chevalet ; il y venait, tenant en main le matériau qui allait servir à modifier cet autre
matériau devant lui. L’image serait le résultat de cette rencontre. »

 « Une peinture qui est un acte est inséparable de la biographie de l’artiste. »

III) Clement Greenberg, LA PEINTURE MODERNISTE

 Cf. texte de Greenberg (brochure)


o Référence pour l’esprit critique moderniste

 « Selon moi, l’essence de l’esprit moderne se définit par l’utilisation de certaines


méthodes propres à une discipline pour critiquer cette discipline elle-même. »
(Greenberg, « La peinture moderniste », 1961)

 Ann Hindry, « GREENBERG CLEMENT », Encyclopedia Universalis


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 L’analyse de Greenberg est très pratique : il l’acquiert en contemplant des tableaux

 « Manet est le premier peintre moderne par sa franchise à laisser apparaître la


surface qui supporte ses tableaux. […] Cézanne a sacrifié la ressemblance, ou
l’exactitude, à une meilleure intégration du dessin ou du motif dans la forme
rectangulaire de la toile. »

 « L’art moderne, je le répète, ne propose pas de démonstrations théoriques. »

IV) Lee Krasner & Jackson Pollock

 Cf. Notis Universalis de Yves-Alain Dubois


 Pollock, Ed Harris, 2000

 C’est en 1942 que la stature de Pollock commence à émerger grâce à Guggenheim

 En août 1945, avec l’artiste Lee Krasner qu’il vient d’épouser, Pollock aménage dans
la grange de leur maison à Springs (Long Island) un minuscule atelier

 Hans Namuth est le photographe officiel de Pollock (après Arnold Newman qui l’avait
photographié pour accompagner l’article de Life titré : « Is he the greatest living
painter in the United States ? »)

 Grande question : comment Pollock peint ?


o Namuth a offert une réponse au public avec ses photographies

 « J’étais censé le montrer en train de peindre un tableau. Bien sûr, il ne voulait pas
faire ça pour la caméra. » (Jacob Burckhardt)

 « Sa description était celle d’une performance théâtrale et semblait puiser ses
sources et ses images en dehors des conventions de la peinture. » (Barbara Rose)

 Tous les tableaux de Pollock font la taille des murs et viennent s’incruster dedans

CONCLUSION (Allan Kaprow, “The Legacy of Jackson Pollock”, 1958, ARTnews)

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