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L'ABSTRACTION - ARTACABRINI 26/05/14 21:04

L'ABSTRACTION

Kandinsky, aquarelle
« L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible » Paul Klee
«Créer une œuvre c’est créer un monde» Kandinsky
L’art abstrait apparaît au début du XXe siècle entre 1910 et 1920. Les artistes ne cherchent plus à représenter ou à copier
la réalité. Ils travaillent les lignes, les formes géométriques simples, les couleurs, les matières et s’intéressent aux
relations qu’elles entretiennent entre elles, en un langage autonome. Les œuvres abstraites (peintures ou sculptures) ne
reproduisent ni des objets, ni des personnages, ni des paysages qu’ils soient réels ou imaginaires. Elles essayent de
représenter le monde sensible et d'atteindre directement notre esprit, notre cœur.
Certes, depuis la nuit des temps, des formes non figuratives ont été utilisées, par exemple les terres cuites de
l’Antiquité, les arabesques des ferronneries baroques, les décors des mosquées ou les volutes de l’Art Nouveau. Mais ces
motifs étaient subordonnés à des finalités extérieures et décoratives, comme l’embellissement d’un lieu ou d’un objet.
L'invention puis l'évolution de la photographie au XIXème siècle libère la peinture de la représentation de la réalité. De
plus, les avancées scientifiques, technologiques, le développement des techniques propres à la peinture, la philosophie,
la psychanalyse, ainsi que le contexte politique du début du XXe siècle, ont beaucoup influencés les artistes.

Les IMPRESSIONNISTES ont tenté de rendre l’impression que leur faisait la nature. On comprend en regardant les tableaux
de Claude Monet, telle la série des "Nymphéas" (1899-1926) que les maîtres de l'abstraction ce soient intéressés à ce
peintre, plus préoccupé de la couleur en fonction de la lumière de la journée, que des formes objectives ou du thème lui-
même qui disparaissait derrière l'impression et les sensations qu'il faisait au peintre. D’autre part, les NABIS et les FAUVES
libèrent la couleur de sa référence à l’objet et sa force expressive par l’utilisation de tons purs et vifs, tels le «Talisman»
1888 de Paul Sérusier ou «Berges de la Seine à Chatou» 1904 de Maurice Vlaminck.
Dans les années précédant la Première Guerre mondiale, plusieurs variétés de styles picturaux questionnant la figuration
émergèrent dans différents contextes, comme le CUBISME avec les «Demoiselles d’Avignon» 1907 de Pablo Picasso, le
FUTURISME en Italie, ou l’ORPHISME avec Sonia et Robert Delaunay avec le tableau «fenêtre» en 1912-13 par exemple.
L’ART ABSTRAIT, courant majeur du XXème siècle, est né du travail des artistes Wassily Kandinsky, de Frantisek Kupka,
de Piet Mondrian et de Kasimir Malevitch qui, sans se connaître, ont crée presque en même temps des œuvres
abstraites, ils ont exploré diverses directions. Certains d’entre eux ont développé un art libre et gestuel l’ABSTRACTION
LYRIQUE, d’autres un art géométrique l’ABSTRACTION GEOMETRIQUE, chacun ayant sa propre formulation de la non
figuration. Ces pionniers de l’abstraction avaient en commun une pratique spirituelle ou ésotérique. Plusieurs étaient
aussi, très attachés à la musique, le moins imitatif de tous les arts, qu’ils ont parfois pris comme modèle. Et, plus
généralement, ils travaillaient dans un contexte culturel, en particulier scientifique avec l’apparition de la physique
quantique et de la théorie de la relativité, où la notion de réalité devenait problématique. Les inventeurs de l’abstraction
proposent une nouvelle forme de peinture en adéquation avec cette conception du monde.

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L’aquarelle de Kandinsky «sans titre» de 1910 (sans doute antidatée) conservée au MNAM (Paris) est considérée comme
le premier tableau abstrait. Peintre et théoricien inventeur de l’abstraction lyrique, Kandinsky est universellement
reconnu comme fondateur de l’art abstrait. Il considérait que les couleurs et les formes pouvaient communiquer des
vérités spirituelles, des impressions particulières difficiles à décrire par les mots et qui véhiculent des sensations et des
sentiments différents. Il voyait des correspondances entre la musique et la peinture comme ayant des fonctions
émotionnelles identiques. Le titre descriptif a disparu, à l’instar de morceaux de musique, l’artiste appelle désormais ses
tableaux, du mot général, impression, improvisation, ou composition, comme «Impression III Concert» en 1911, ou
«Improvisation 26» peinte en 1912 et «Composition» en 1920.
Une approche plus rationnelle de l’art abstrait s’opère avec l’abstraction géométrique. Ces artistes recherchent la pureté
et la simplification par l'utilisation des formes géométriques. Leurs toiles se caractérisent par la représentation de carrés,
de cercles, de rectangles, de triangles et de croix, ainsi que par l’usage d’un minimum de couleurs.
Chez Frantisek Kupka, la thématique de la verticalité est omniprésente comme dans «La cathédrale» en 1913.
Parallèlement au thème de la verticalité, Kupka travaille sur les mouvements circulaires, il cherche à représenter le
mouvement et à introduire la quatrième dimension, le temps, comme dans sa toile «Autour d’un point» 1920-30.
Dès ses débuts Piet Mondrian adopte spontanément des formes géométriques, il supprime les courbes et opte pour une
trame orthogonale, préconisant l’aplat, condamnant la symétrie, il limite l’usage de la couleur aux couleurs primaires.
Recherche qui aboutit à des grilles et à des lignes composées d’une multiplicité de petits carrés de couleurs jaune, rouge
et bleu, circulant sur toute la toile dans un rythme inspiré du Jazz et du Boogie-Woogie. Sa toile «Broadway Boogie
Woogie» 1942-43 en est un bon exemple. Il donne à son nouveau langage pictural le nom de néoplasticisme, il en
théorise les fondements dans la revue De Stijl.
Kasimir Malévitch désireux de créer un monde sans objet à partir de 1914, veut mettre en exergue dans son art, les
rapports et les pressions existant entre les formes et l'espace environnant. Ses recherches le conduisirent à une
simplification radicale. Une des œuvres les plus emblématiques est «Carré blanc sur fond blanc » 1918 qui ne représente
rien d’autre que ce que le titre indique. Malevitch invente le terme de suprématisme pour qualifier son travail.
De 1920 à 1930 l’Europe est parcourue par de nouvelles formes d’abstraction. Notamment avec les reliefs de Jean Arp,
Joan Miró ou Alexander Calder et ses fameux mobiles dont «Red mobile» en 1956.
Theo Van Doesburg, d’abord adepte du néo-plasticisme, donne naissance à l’art concret en 1931. Cette notion chasse
la subjectivité de toute création artistique au profit du respect de règles logiques.
Après la seconde Guerre mondiale (1945) c'est le réveil d'une multiplicité de courants. L’art abstrait devient un
phénomène mondial à partir duquel émergent : l’ACTION PAINTING ou la PEINTURE GESTUELLE, l’art informel, l’op art ou
ART OPTIQUE...
C’est aux États-Unis que l’action painting et color field regroupés sous le nom d’École de New York se développe de
1950 à 1960. Avec l’action painting, une quinzaine de jeunes artistes dont Jackson Pollock, Willem de Kooning, Franz
Kline, vont privilégier l’automatisme gestuel pour libérer l’inconscient dans un investissement corporel. Jackson Pollock
figure principale de ce mouvement artistique, utilise la technique du dripping*. Le peintre debout, fait dégouliner et lance
de manière aléatoire la peinture en tournant rapidement autour de la toile posée à même le sol. La toile porte ainsi la
trace de la rapidité de l’exécution et de la violence du geste qui la projette, comme par exemple avec «Number 8» en
1949. Ainsi l’artiste est dans la peinture, avec tout son corps. Ce qu’il fait passer sur la toile n’est plus une image, mais
une action dans laquelle il est totalement engagé physiquement. En substituant l’image à la création d’un événement,
Jackson Pollock tire la peinture vers la performance.
Avec Color field : Les artistes Barnett Newman, Mark Rothko, Clyfford Still, utilisent un nombre réduit de couleurs
étalées uniformément et évitent toute mise en relief de la pâte. La couleur emplit l’espace entier selon le principe du all
over* pour former une image homogène excluant toute hiérarchie entre les éléments. Mark Rothko réalise des tableaux
d’échelle monumentale contribuant à «engloutir» les spectateurs leur faisant perdre leurs repères spatiaux, leur
procurant un sentiment de sérénité tel son tableau «Dark over light, N°9» en 1954.
L’ART INFORMEL (1951-années 60), associé à l’abstraction lyrique qui fait primer l’instinct et la spontanéité sur l’esprit,
s’oppose aux divers mouvements tachiste, nuagiste de Benrath et Duvillier et à la tendance gestuelle. Cet art correspond
au prolongement des différentes écoles de Paris : J. Bazaine, A. Manessier, P. Soulages, G. Mathieu, O. Debré… Pierre
Soulages réalise l’essentiel de son œuvre avec l’utilisation du noir qu’il appelle l’outrenoir, la matière joue avec la lumière
et les reflets comme dans l’œuvre «outre-noir» 1979.
En réaction à cette peinture instinctive, l’art minimal en 1960, offre un retour à la rigueur avec un intérêt marqué pour la
structure et la géométrie, pour exemple « Sinjerli III » 1968, de Franck Stella.
De 1965 à 1978, c’est l’aventure CINETIQUE et OPTIQUE avec Vasarely, Morellet, Soto, qui introduisent le facteur
mouvement telle l’oeuvre «sans titre» réalisé en 1971 par François Morellet.
Une multitude de courants abstraits jalonnent le XXème siècle. Sans être apparentés à l’un d’eux, certains artistes se
démarquent par une technique ou une démarche singulière qui les caractérise. Comme par exemple Yves Klein avec ses
Monochromes* et son IKB (International Klein Blue) ou Luciano Fontana qui trou ou incise ses toiles comme dans le
monochrome «Concetto spaziale attese» 1956. Pour lui, la surface d'une toile ne doit plus seulement exister pour le
regard de l'observateur, mais, au contraire, s'ouvrir largement à son environnement non pictural. Simon Hantaï invente le
pliage : la toile pliée, froissée est imprégnée de couleur puis dépliée. La couleur qui s'est déposée de façon discontinue
faisant jouer sur le même plan les réserves blanches comme dans «tabula» 1976
La fin des années 1970 voit l’éclatement de la crise de l’abstraction.

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Actuellement la ”FIGURATION ABSTRAITE existe. Les deux termes ne s’opposent plus aussi radicalement qu’avant.
L’abstraction reste toujours présente dans la création contemporaine. On peut voir des toiles géométriques ironiques
comme celle de Peter Halley «Denial of service» 2003. Celui-ci interprète le découpage géométrique comme ayant une
signification carcérale, il représente le mouvement Néo-Géo 1980 qui réintroduit l’idée de figuration au sein même d’un
dispositif présenté comme le comble de l’abstraction.
Claude Viallat continue en France les démonstrations de SUPPORT/SURFACE, «Peinture sur Bâche» 1978, Alain Clément
répète la tradition coloriste abstraite, Dominique Gauthier la virtuosité gestuelle et symbolique pour exemple «sans
titre» 2008.
Il semble que la jeune génération manifeste un regain d’intérêt pour un art optique.
Chaque artiste a acquit la liberté totale de son mode d’expression liée à l’évolution des idées et des techniques en
interaction avec le monde dans lequel il vit.
E.A.

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