Vous êtes sur la page 1sur 8

L’architecture moderne & contemporaine

octobre 2012 > juin 2013 .

1. Les mouvements d’avant-garde au XXe siècle, de De Stijl au Bauhaus


 
Au moment de la Première Guerre Mondiale, l’art est en pleine mutation en remettant en cause
notamment les conceptions classiques de l’espace et de la représentation. Ces mouvements d’avant-
garde, tels que le Futurisme en Italie ou encore l’école du Bauhaus en Allemagne, sont très célèbres
pour les arts plastiques mais beaucoup moins connus pour leurs recherches architecturales. Par
exemple, les œuvres abstraites de Pietr Mondrian au sein du mouvement hollandais De Stijl trouvent
un écho en 3 dimensions dans les créations de Gerrit Rietveld. Ces expérimentions menées par ces
pionniers permettront au cadre bâti de se libérer des contraintes académiques décoratives et abouti-
ront à la naissance de l’architecture moderne.

Illustrations :

Gerrit Thomas RIETVELD (1888-1964), maison Schröder,


Utrecht, 1924 Kasimir MALEVITCH (1878-1935),
© Artedia, ADAGP, Paris, 2006 Arkhitekton Gota,
Musée de Saint-Pétersbourg, 1926
© Musée National Russe,
Saint-Pétersbourg

Walter GROPIUS (1883-1969),


Bâtiment du Bauhaus, Dessau, 1926
© Photographie AKG, Londres
2. L’architecture moderne française : les frères Perret et Le Corbusier
 

Dans un contexte international marqué par le développement de l’industrie, l’innovation architectu-


rale s’affirme par l’emploi d’un nouveau matériau, le béton. Les avant-gardes l’utiliseront systémati-
quement dans leurs constructions dans le monde entier. En France, on assiste durant l’entre-deux-
guerres à une forte concurrence entre les ingénieurs pour déposer des brevets liés à son utilisation.
L’agence qui en a déposé le plus grand nombre est celle des frères Auguste et Gustave Perret dès
le début du XXe siècle. Ils les mettront en scène dans des typologies architecturales marquées par
l’héritage classique, comme le théâtre, l’architecture religieuse ou encore le musée, renouvelant ainsi
les modèles. Un jeune architecte suisse, Le Corbusier,  entre dans leur agence en 1908 et découvre
l’art de la construction en béton. Tout au long de sa carrière, il utilisera ce matériau, en formulera des
théories et l’imposera dans le monde entier, contribuant au développement du Style International.

Illustrations :

Charles-Edouard JEANNERET dit Le Corbusier (1887-1965),


Villa Savoye, Poissy, 1929-1931
© Thévenot, 2008

Auguste PERRET (1874-1954),


église Notre Dame, Le Raincy, 1924
© Coyau, site Internet Wikipédia, 2006

Charles-Edouard JEANNERET dit Le Corbusier (1887-1965),


Chapelle Notre-Dame du Haut, Ronchamp, 1950-1955
© Thévenot, 2008
3. Le Style International, l’avènement de la Modernité
 
Le mouvement Moderne ou Style International surgit durant l’entre-deux-guerres, sous l’impulsion
des avant-gardes, dynamisé par les révolutions techniques. Les théories enseignées à l’école du
Bauhaus par Walter Gropius et Ludwig Mies Van der Rohe, ainsi que les visions de Le Corbusier
constitueront le socle de la pensée moderne. Les réflexions menées sur les fonctions d’un édifice,
sur la standardisation des matériaux, sur l’esthétique ou encore sur les flux seront reprises et déve-
loppées dans le monde entier lors des Congrès Internationaux d’Architecture Moderne dits « CIAM ».
Ainsi la pensée moderne devient internationale et ses bâtiments seront semblables, quelque soit la
culture, de Brasilia à Chandigarh.

Illustrations :

Charles-Edouard JEANNERET dit Le Corbusier (1887-1965),


bâtiments du Secrétariat et de l’Assemblée, Chandigarh,1951-1963
© Alan Colquhoun

Ludwig MIES VAN DER ROHE (1886-1969),


Immeuble Seagram, New-York, 1954-1958
© Angelo Hornack Library, Londres

Ludwig MIES VAN DER ROHE (1886-1969),


Villa dans la forêt, Farnsworth, 1945-1951
© Angelo Hornack Library, Londres
4. Les Trente Glorieuses, le temps des grands ensembles

Les conséquences de la Seconde Guerre mondiale sur le cadre bâti sont immenses. De nombreuses
villes sont en ruines et le paysage urbain est à remodeler en Europe. Le temps de la reconstruction
correspond en premier lieu à la diffusion des idées de l’architecture Moderne et à la définition du
Style International. Le Corbusier, les frères Perret, Jean Prouvé, Georges Candilis ou encore Emile
Aillaud édifient rapidement des logements, des quartiers mais aussi des villes nouvelles dans tout
l’Hexagone. Ces trente années, entre 1945 et 1975, dites Trente Glorieuses reflètent aussi des chan-
gements mondiaux économiques et sociaux majeurs, comme, par exemple, l’apparition de la société
de consommation. Aux Etats-Unis, l’architecture sera alors bouleversée par l’apparition de nouvelles
fonctions, de matériaux inédits, portant en germe les idéaux de contestation des années 1960.

Illustrations:

Emile AILLAUD (1902-1988), Cité de l’Abreuvoir,


Bobigny, 1951-1958
© Département de la Seine-Saint-Denis

Gérard GRANDVAL, Ensemble dit des « Choux »,


Créteil, 1969-1974
© Ville de Créteil, service de documentation

Louis SKIDMORE, Nathaniel OWINGS,


John MERRILL (SOM),
Immeuble Lever, New-York, 1952
© Alan Colquhoun
5. Les années 1960, de la science-fiction à l’utopie

Depuis la Renaissance, les écrits et dessins d’architectes relatifs à la ville ou à l’habitat ont toujours
proposés de les améliorer en les rendant plus rationnels ou plus agréables. C’est ainsi que se sont
tissés lentement les liens entre pensée urbaine, architecture et utopie. Dans les années 1960, la no-
tion de cité s’est profondément modifiée par les bouleversements sociaux liés à la Seconde Guerre
mondiale ainsi que par le développement croissant de la science-fiction venant de la conquête spa-
tiale. Chaque architecte, démiurge et visionnaire, expose à la société son génie en imaginant des
villes nouvelles et mégastructures ludiques reflétant ce besoin de liberté caractérisant cette décen-
nie. Les projets d’Archigram, de Buckminster Fuller, ou encore de Coop Himmelb(l)au laissent, en
effet, entrevoir la possibilité d’un monde radicalement différent.

Illustrations:

ARCHIGRAM (dès 1961), Projet Plug in City, 1964, Paris, centre Georges Pompidou
© Ron Herron archives

Gianni PETTENA (né en 1940), Ice House II, Minneapolis,


1971-1972, FRAC Centre, Orléans
© Philippe Magnon, FRAC Centre

COOP HIMMELB(L)AU (agence fondée en 1968), Villa Rosa, 1968, FRAC Centre, Orléans
© Elène Thévenot
6. L’architecture post-moderne

Dans l’effervescence des années 1970, les architectes sont animés dans le monde entier par une
même volonté de mettre à mal l’héritage de Le Corbusier et souhaitent rompre avec le Style Inter-
national. Nourris par les travaux de Jacques Derrida ou encore de Gilles Deleuze, les avant-gardes
inventent une nouvelle forme d’architecture reposant sur l’aléatoire, l’éphémère et le surprenant, don-
nant naissance au mouvement post-moderne. Trois orientations apparaissent alors dans la mise en
œuvre des édifices. Le bâtiment peut disparaitre au profit de son environnement, comme la Fonda-
tion Cartier à Paris de Jean Nouvel. Il peut au contraire s’affirmer par une esthétique reprenant l’ar-
chitecture classique, à la manière de Ricardo Bofill, ou encore animer les paysages par ses formes
ludiques et colorées, à l’instar de Frank Gehry.

Illustrations:

Claude PARENT, Paul VIRILIO


(nés en 1923 et 1932), église Sainte Bernadette du
Banlay, 1966, Nevers.
© François Loyer

Jean NOUVEL (né en 1945), Fondation Cartier, Paris,


1993.
© Ateliers Jean Nouvel

Frank O’ GEHRY (né en 1929), Vitra Design


Museum, Rhein, 1990
© Elène Thévenot
7. L’architecture actuelle comme reflet des innovations technologiques

Les innovations technologiques sont omniprésentes en architecture concernant la structure mais


aussi le parement. Pour ne pas dresser un inventaire à la Prévert des brevets élaborés depuis une
décennie, nous aborderons la question de l’ornementation et de la peau des bâtiments. Les façades
des édifices font désormais l’objet d’un jeu décoratif, aux antipodes des doctrines fondant l’archi-
tecture Moderne mises en œuvre par Adolf Loos en 1908 dans Ornement et Crime. L’enveloppe de
l’édifice, entre tatouage et camouflage des structures porteuses, se pare de décors variés oscillant
du minéral au végétal, des enduits aux stickers et des tesselles aux pixels.

Illustrations:

Manuelle GAUTRAND (née en 1971), Magasin, 2007, Paris,


avenue des Champs Elysées
© Elène Thévenot

FUTURE SYSTEMS (cabinet créé en 1982),


Centre commercial Selfridges, Birmingham, 2003
© Soren Aagaard

Rudy RICCIOTTI et Mario BELLINI (nés en 1952


et 1935), Département des Arts islamiques, 2012,
Paris, musée du Louvre
© Emmanuel Chaussade
8. L’art de la déconstruction

En 1998, à Venise, lors de la Biennale d’architecture, le pavillon français avait accueilli une nouvelle
génération d’architectes refusant l’universalité des constructions, tels que Frédéric Borel, Odile Decq,
Coop Himmelblau, Daniel Libeskind ou encore Zaha Hadid. Leurs points communs sont le refus de
la monotonie rendu possible par la dislocation et le fractionnement des structures, reprenant ainsi
les expérimentations de leurs maîtres à penser, Claude Parent et Paul Virilio. Cette exposition, intitu-
lée le « bloc fracturé », a donné naissance à une composante inédite, l’art de la déconstruction, qui,
désormais, tend à devenir le symbole de la création architecturale actuelle.

Illustrations:

Zaha HADID (née en 1950), Caserne


de pompiers, Rhein, Vitra Museum,
1993
© Zaha Hadid Architects, Londres

Daniel LIBESKIND (né en 1956), Musée juif, 1989-2001,


Berlin
© Daniel Libeskind


FOA (agence fondée entre 1993-2011),
Terminal maritime international, Yokohama,
2003
© Farshid Mousavi

Vous aimerez peut-être aussi