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LA REMISE EN CAUSE DE

L’ARCHITECTURE MODERNE
FOURA MOHAMED
Rappel
 Pendant les années 1950 et 1960, les
architectes modernes ont réalisés des édifice
prestigieux et spectaculaires tels que ceux de
Le Corbusier, Frank lloyd Wright, Kenzo
Tange, Jorn Utzon, Moshe Safdie, Louis Kahn,
Paul Rudolf et beaucoup d’autres…
Cette architecture était une évidence de la
richesse insolente des pays développés qui se
reflétait dans la réalisation de mégaprojets.
Le Corbusier Notre dames-du-haut à Romchamp.
Frank Lloyd Wright La « Fallingwater » ( Maison sur la
cascade), Bear Run (1935-1939)
Fran Lloyd Wright Le mussée Guggenheim de New York (1959)
Alvar Aalto Finlandia Talo, Centre de concerts et de congrès Helinski- projet de 1962
– construction en 1967-1975
LoisKahn JonasSalkInstitute(LaJolla,California)
James Stirling Institut de génie civil
Université de Leicester 1959-63
Paul Rudolf Bâtiment pour le Département d’Art et d’Architecture
de l’Université de Yale (USA) (1959-1963)
Oscar Niemeyer Brasilia le congrès national
National Gymnasium
Kenzo Tange, 1964
Moshe Safdie Complexe d’habit à Montreal Expo, 1967
Hans Scharoun L’Auditorium Philharmonique de Berlin (1963)
Opéra de Sydney de Jorn Utzon
Eero Saarinen Aéroport JFK Terminal TWA
New York
La cité radieuse ou unité d’habitation de
grandeur conforme

L’Unité d’Habitation de Le
Corbusier a été un modèle décisif
dans l’élaboration des grands
ensembles.
Elle est construite entre 1947 et
1952 à Marseille, intègrant dans
le même volume des
équipements et des logements,
constitue sans doute le prototype
d’habitat collectif le plus achevé.
L’Unité d’Habitation de Marseille
n’a pas été reproduite, et celles
construites plus tard ne sont que
des copies appauvries, réalisées
avec des moyens financiers
limités.
L’expérience de Marseille n’a été
reconduite que dans des
contextes géographiques et
sociaux particuliers avec des
morphologies architecturales
différentes.
Grand ensemble français
Grands ensembles français

G r a n d e n s e m b le d e la C o u r n e u v e c o m m e n c é e n 1 9 5 6 .

V u e a é r ie n n e d u g r a n d e n s e m b le
d e S a rc e lle s .
Grands ensembles français

G r a n d e n s e m b le " L e s C o u r t lliè r e s " , c o m m e n c é e n 1 9 5 6 .


G r a n d e n s e m b le d e M e u d o n .
Grands ensembles français
Charles Jencks: une seule solution, la démolition des
grands ensemble.

 En fait, au milieu des années 1960, un nombre


croissant d'architectes ainsi que le public remettaient
en question la fadeur, la banalité et la répétition
mécanique de l’architecture moderne. Bien souvent
sans caractère, le nouveau style était considéré
comme une parodie du meilleur des mondes promis
par le Corbusier et le Bauhaus.
 L’architecture moderne est remise en cause surtout à
cause de l’échec des grands ensembles d’habitation
constitués de tours et de barres qui ont été beaucoup
critiquée par des théoriciens et des architectes tels
que Lewis Mumford, Jane Jacobs ou Hassan Fathy.
Réactions contre le modernisme

L’architecture et l’urbanisme moderne n’ont pas pu,


dans la plupart des cas, générer le cadre urbain
approprié en vue de satisfaire l’usager comme
l’avaient promis les tenants du mouvement moderne.
En outre, le manque de communication entre les
professions d’architecte et d’urbaniste et le public a
engendré la formation d’une opposition à tout
nouveau projet de développement grâ ce à la prise de
conscience de la société civile et à la constitution de
diverses associations en faveur de la défense du
patrimoine bâ ti sous forme de «groupes de pression ».
Réactions contre le modernisme
Ainsi, une attitude hostile s’est formée l’encontre
de tout nouveau projet de développement sur la
base du remplacement par la démolition de ce qui
est considéré comme «obsolescent, vieux ou
ancien ».
D’autant plus, les applications, trop souvent
systématiques, des répliques des « prototypes » du
modernisme durant les années 1950-60, proposés
par les leaders de l’architecture et de l’urbanisme
moderne dans les années 1920, se sont dégradés
et vieillis plus vite que les bâ timents anciens.
Réactions contre le modernisme

Par conséquent, les bâ timents anciens sont


devenus plus appréciés que les nouveaux.
De ce fait, une attention grandissante sera
accordée à la signification et à la mise en valeur
de l’héritage architectural historique, bien que
le changement reste à l’ordre du jour dans le
cadre urbain où les forces économiques ne sont
pas toujours sélectives dans leurs innovations
et les transformations dans les villes.
Rotonde de Nicolas Ledoux construite à la fin du 18ème
siècle
Cathédrale notre
dames de Paris
Réactions contre le modernisme
Cependant, le besoin de conserver, de préserver n’importe
quel bâ timent ancien est devenu maintenant une noble
cause.
Cela va de la partie d’un bâ timent à des quartiers entiers en
passant par les éléments urbains constituant des repères
(landmarks) jusqu’à l’environnement en général.
Par conséquent, la conservation étant devenue une cause,
elle aboutira à l’obtention d’une énorme popularité, surtout
à partir de la fin des années 1960, d’autant plus, que plus
de la moitié de l’environnement bâ ti réalisé depuis la fin de
la deuxième guerre mondiale est représentée par des
bâ timents ayant un caractère architectural médiocre.
Réactions contre le modernisme
Dans une première phase, l’accent est mis sur la
protection du paysage urbain aussi bien que certains
bâ timents individuels ayant un caractère architectural
significatif.
Ceci étant une garantie contre d’éventuelles
démolitions à grande échelle étant donné qu’il y avait
un grand nombre de projets en attente d’être réalisés
dans les centres urbains.
Cependant, même politiquement, l’attitude des
décideurs avait changé et il apparaît que des mesures
de conservations sont entreprises suite au large
consensus populaire sur le besoin de la conservation.
Charles Jencks: une seule solution, la démolition des grands
ensemble.

 A Saint-Louis dans l’état du Missouri aux Etats-Unis


d’Amérique un vaste ensemble d’habitations,
constitué de barres et de tours, réalisé selon les
théories les plus avancées du mouvement moderne
de l’architecture, mais s’étant avéré tout à fait
inhabitable, va être démoli 15 ans après d’existence.
 A partir de cet événement, l’anti-moderniste
critique américain Charles Jencks veut faire croire
que la mort de l’architecture moderne remonte au
15 juillet 1972 à 15 heures 32mn, date et heure à
laquelle l’ensemble fut dynamité.
Le grand ensemble de Pruitt-Igoe est constitué de 33 bâtiments de 11
étages chacun . Le complexe est situé au nord de la ville de Saint Luois
dans l’état du Missouri au USA. Il a été construit en 1950. Il a été démoli en
1972
Démolition de l’ensemble d’habitation de Pruit-Igoe
Un peu plus tard , nous assistons à la démolition d’ensembles
d’habitations barres et tours en Europe.
Démolition d’ensembles
d’habitations barres et tours en
France

R e v u e U r b a n is m e N ° 2 9 7

Im p lo s io n d e s to u r s d u g r a n d e n s e m b le d e s M in g u e tte s à L y o n .

T e c h n iq u e s e t a r c h it e c t u r e N ° 3 2 7

Im p l o s io n d e to u r s d 'u n g r a n d e n s e m b le d a n s l a b a n l ie u e d e P a r is .
Les causes de l’échec du modernisme

 L’architecture moderne est accusée d’avoir engendré la


dé gradation de l’environnement urbain.
 Ainsi, il était publiquement reconnu que les erreurs
environnementales appartenaient au passé . Des
programmes é taient entrepris ça et là , et des concessions
é taient faites sans pour autant aller au fond des problèmes.
Les tours d’habitation, dont la construction a é té souvent
coû teuse, étaient maintenant indésirables.
 Pour prouver la reconnaissance de l’extrê me impopularité
des grands ensembles d’habitation, il était dé cidé en 1972
de dé molir l’un des plus vastes d’entre eux, Pruitt-Igoe,
construit seulement 17 ans auparavant à Saint-Louis aux
Etats-Unis.
Vers de nouvelles alternatives de l’architecture

 Ce nouveau courant de pensée correspondait plus à une réaction


profonde d’une civilisation contre les excès de sa propre
croissance, à la recherche d’un autre mode vie, par conséquent,
d’une nouvelle façon de concevoir l’architecture et celle de
l’habiter.
 Ainsi, l’accent est mis sur le lien entre les modèles culturels, les
structures sociales et les réalisations architecturales et urbaines.
 La diversité de ces modèles, leur évolution, leur antagonisme sont
à prendre en compte pour expliquer la structure de la ville et sa
transformation.
 La place de l’architecte dans la société actuelle est à aborder pour
faire connaître à l’étudiant quel est le contexte socioprofessionnel
où il exerce, qu’est-ce qu’une commande privée ou publique, et
l’image et le rô le de l’architecte dans la société.
Nouvelles attitudes et alternatives: participation du futur
usager et démocratisation de l’architecture.

 Un certain nombre de questions majeures


préoccupaient l’attention du public à cette époque,
entre autres, la participation du public dans les
décisions concernant son environnement de vie,
l’écologie et le développement à une échelle
modeste.
 La première question concernait la portée de
l’implication du public dans le processus de prise
de décisions qui pouvaient le toucher directement.
Cela va de la «participation » symbolique avec les
autorités locales jusqu’à l’autonomie totale.
Nouvelles attitudes et alternatives: participation du futur
usager et démocratisation de l’architecture.

 Le public voyait en l’architecte et l’urbaniste, non pas des


praticiens imposant leurs propres solutions, mais plutô t des
collaborateurs dans la conception des projets.
 Le critique Kenneth Frampton (1979, 1985), argue à ce sujet que
«la prise de conscience grandissante des années 1960 selon laquelle
il y avait dans la pratique générale un manque fondamental de
correspondance entre les valeurs de l’architecte et les besoins et les
habitudes de l’utilisateur conduisit à toute une série de changements
réformistes cherchant dans un bon nombre de méthodes anti-
utopiques à surmonter le divorce du designer et de la société
quotidienne... ».
 Ce nouveau courant de pensée correspondait également au désir
de chacun de redécouvrir ses «propres racines » et «de se rattacher
à sa propre histoire passée ».
Nouvelles attitudes et alternatives: participation du futur
usager et démocratisation de l’architecture.

Dans les années 1970, un bon exemple de collaboration avec la


participation du public a été le développement de l’ensemble
d’habitation «  Byker Wall », conçu par le suédois Ralph Erskine à
Newcastle, dans le nord de l’Angleterre.
Lucien Kroll quant à lui va donner une importance approfondie
de la participation des habitants dans la création architecturale
Dans l’un de ses écrits, « Participations », Kroll rapporte que
l’architecte peu apprendre beaucoup des futurs habitants. Ce que
voulait Kroll était un mode d’expression dans lequel la
démocratisation pouvait être articulée en termes formels. Cet
architecte belge a fondé sa pratique architecturale sur des refus
face au modernisme « frigide » et «schizophrène»: refus de
l’industrialisation brutale (choix de composants industriels
intelligents, écologiques et économiques) ; refus des urbanisations
abstraites et des opérations uniquement commerciales ou
autoritaires ; refus des hors d’échelle monumentaux.
Ralph Erskine:Ensemble d’habitation «  Byker Wall »à
Newcastle (GB) 1979
Ralph Erskine: Ensemble d’habitation «  Byker Wall »à Newcastle
(GB)
Ensemble d’habitation «  Byker Wall »à Newcastle (GB)
Ralph Erskine: Ensemble d’habitation «  Byker Wall »à Newcastle
(GB)
Ralph Erskine: Ensemble d’habitation «  Byker Wall »à Newcastle (GB)
Ralph Erskine: Ensemble d’habitation «  Byker Wall »à Newcastle
(GB)
Lucien Kroll: Université catholique de Louvain en Belgique
LEWIS MUMFORD : REMISE EN
CAUSE DE L’URBANISME ET DE
L’ARCHITECTURE MODERNE.
Lewis Mumford : remise en cause de l’urbanisme et de
l’architecture moderne.

  Les premières critiques viennent sans doute de Lewis Mumford,


ce disciple de « l’écologiste urbain » Patrick Geddes, très influent
auprès des premiers urbanistes anglais. En plus d’être l’auteur
de « La cité à travers l’histoire », ouvrage publié en France en
1964, Lewis Mumford était critique d’architecte au New Yorker et
a écrit contre le Mouvement Moderne et son leader Le Corbusier
une série d’articles décapants.
« L’inhumanité » de l’architecture internationale, de son béton et
son culte de la hauteur édilitaire y sont vertement fustigés : « Les
vices de la Maison de l’Unité d’habitation de Le Corbusier sont
devenus vertus pour les « créateurs » à la chaîne de l’architecture
monumentale…il semble que l’irrationnel et l’extravagant, le
monumental morbide et le formalisme vide correspondent mieux
au ton et au tempérament de cette époque que les maisons
construites à la mesure humaine et avec bon sens ».
Lewis Mumford : interpellation de l’urbanisme et de
l’architecture moderne.
 Tout alarmiste que soit le constat porté par L. Mumford
sur la ville et son environnement « nous sommes
désormais au centre, non pas de simples menaces, mais de
nouvelles formes de destruction », il n'en reste pas moins
que celui-ci nous semble le mieux refléter l'ensemble des
critiques émises par les différents auteurs.
 Parmi ces thè mes, nous noterons tout particulièrement
la condamnation du chaos et de l'anarchie urbaine, la
perte des valeurs symboliques traditionnellement
attachées à la ville, la disparition de la « mémoire
sociale » de la cité - traduite aussi en terme de dédain
face à son histoire -, enfin la déshumanisation issue de
changements d'échelle participant à uniformiser un
paysage toujours plus propice à l'anonymat.
Lewis Mumford : interpellation de l’urbanisme et de
l’architecture moderne.
Pour L. Mumford, l'association des multiples composantes
qui participaient autrefois à la vitalité de la cité a perdu son
caractère organique, des agglomé rations aux traits archi­
tecturaux impré cis ont participé à la perte « d'identification »
d'un quelconque « visage social ». Les dimensions spacieuses
adopté es aujourd'hui pour la création des nouveaux
ensembles de logements restent pourtant conjugué es à
l'entassement de ces derniers (tours, barres...), et ont
contribué à dé truire l'intimité procuré e par une échelle
humaine des constructions.
L. Mumford dénonce en fait ici une technique souvent
nommé e « open-planning », l'illusion qui consiste à confondre
l'espace « libre et fonctionnel » avec 1' « espace abstrait » qui
donne « une pure et simple ouverture sur le dehors ».
Lewis Mumford : interpellation de l’urbanisme et de
l’architecture moderne.
 Comme on l'avait aisément deviné, L. Mumford cherche ici à
ébranler ce que l'on retrouvera fréquemment derrière le nom
de Le Corbusier : « les dogmes de la Charte d'Athènes ». Un des
chapitres de L. Mumford désigne même Le Corbusier sous le
titre « un redoutable entraîneur », il est mis en cause pour
avoir contribué à perpétuer les erreurs du 19ème siècle :
 « Première erreur : la « surrélévation » de la mécanisation et de
la standardisation comme fins en elles-mêmes. Deuxième erreur,
la destruction théorique de tout vestige de l'histoire ; la
suppression du lien entre le passé et l'avenir, qui ne laisse au
présent qu'une importance diminuée. Troisième erreur enfin,
ayant poussé à l'extrême la réaction contre l'entassement
urbain : Le Corbusier a commis la faute d'établir des séparations
inconsidérées entre les facilités dont la concentration
topographique reste essentielle à la vie quotidienne ».
Lewis Mumford : interpellation de l’urbanisme et de l’architecture
moderne.

C'est « l'homogénéisation » et la « monofonctionnalisation » qui sont


particulièrement condamnées par L.Mumford : la seconde est
conséquence de la première ; un « zoning » outré implique une uniformité
qui, à son tour, élimine à travers les constructions la fonction symbolique
qu'il tient pour l'une des qualités essentielles de l'architecture :
« Renonçons à l'uniformité imposée en Amérique par les zones distinctes,
celles du commerce, de l'industrie, des quartiers résidentiels, évitons les
étendues trop vastes pour être parcourues à pied.. L'expérience enseigne
que, seules, les zones indifférenciées sont intéressantes du point de vue de
l'architecture, malgré leur désordre et leur mauvais entretien ».
A ceci, il ajoute :
« Qu'ils s'agisse des cités, des villages ou même des campagnes, qui
constituaient autrefois des entités distinctes dotées d'individualité et
d'identité, nous ne rencontrons que des masses homogénéisées. Ainsi, l'une
des fonctions principales de l'architecture, symboliser, exprimer l'idée
sociale, a-t-elle disparu ».
JANE JACOBS: APOLOGIE DE LA
RUE
Jane Jacobs.
 
En 1961, la sociologue américaine Jane Jacobs
publie un livre « Death and life of great
American cities ». « Déclin et survie des
grandes villes américaines » (1991), un
plaidoyer en faveur de la ville qui va connaître
un grand retentissement grâ ce à la presse.
L’écho que va rencontrer cet ouvrage – où son
auteur fait l’apologie de la rue, de la densité et
de la diversité fonctionnelle – témoigne de la
portée de la problématique qui l’anime.
Jane Jacobs.
Jane Jacobs
Dans ce livre, J. Jacobs analyse avec détails les qualités des grandes
villes, des quartiers mixtes, denses et anciens, critiquant fortement
les opérations de rénovation entreprises aussi bien en Amérique
qu’en Europe. En outre, J. Jacobs remet en cause les certitudes
fonctionnalistes et hygiénistes des tenants du Mouvement Moderne,
arguant que les idées modernistes de rénovation pouvaient être
opposées par des valeurs inverses et tout aussi fondées. Ce livre va
soulever un vent de protestation parmi le public et les habitants et
aussi parmi les urbanistes et les architectes eux-mêmes. L’auteur fait
aussi appel à des arguments très pragmatiques en faveur de la
sécurité et la lutte contre la délinquance qu’ont engendrées les
grands ensembles. Rejoignant les conclusions de Lewis Mumford
dans son ouvrage « The City in History », (1961) J. Jacobs se fait la
propagandiste de la rue traditionnelle bordée de commerces et de
bâ timents continus et alignés étant donné que cela favorise un
sentiment de bien être et de sécurité.
Jane Jacobs
 Une analyse de la nouvelle politique des villes sera mise en œuvre
dans le cadre de la décentralisation tout en mettant l’accent sur la
participation du public, le refus de la ségrégation sociale et la
création de nouvelles solidarités par la mise en relation des quartiers
et des agglomérations.
 Les grands ensembles d’habitat social, caractérisés par la laideur et
l’insécurité, ont prouvé leur inefficacité manifeste dans le vandalisme,
la délinquance et la criminalité. L’environnement urbain s’était
dramatiquement détérioré par la construction de gigantesques
infrastructures routières au nom d’un système efficace pour le trafic
et la circulation motorisée. Enfin, l’évidence caractérisée de
l’utilisation par ces sociétés d’une manière extravagante les
ressources mondiales sans prendre en considération la pollution qui
augmentait d’une manière inquiétante.
  
Christian Norberg-Schultz :
pour un ordre visuel
différencié
Christian Norberg-Schultz : pour un ordre visuel
différencié

 Publié pour la première


fois en 1974, La
signification dans
l'architecture occidentale
est un classique qui a
permis, partout dans le
monde, à des générations
d'architectes et
d'étudiants de découvrir
ou d'approfondir leur
connaissance de
l'architecture occidentale.
Christian Norberg-Schultz : pour un ordre visuel différencié
 

Après avoir constaté sans ambiguïté le caractère répulsif


du chaos de la ville moderne et de ses bâ timents
caractérisés par l’homogénéité, la conclusion de Ch
Norberg-Schutz dans son ouvrage « système logique de
l’architecture » porte essentiellement sur l’absence de
signification dans le vocabulaire formel
contemporain ; « Une des raisons pour lesquelles le grand
public réagit contre l'architecture moderne réside dans le
fait qu'elle n'offre aucun ordre visuel nouveau qui
remplace les styles « dévalués » du passé. Elle a certes créé
un « vocabulaire » neuf, mais non encore de hiérarchie de
« signes » significatifs capables d'exprimer la façon de
vivre de la société ».
Christian Norberg-Schultz : pour un ordre visuel différencié

 Norberg-Schultz exprime une préoccupation concernant une


réhabilitation des formes qu’ils souhaiteraient expressives et
organisées : « la production vise à créer un milieu physique
ordonné et un milieu de symboles significatifs. Nous résumons
d'habitude ces aspects dans l'expression « ordre visuel ». Par là,
nous n'entendons pas un ordre purement formel, mais plutôt
l'utilisation de formes significatives, le slogan « design for life » se
rapporte à la même intention. Le besoin d'ordre contraste avec
l'actuel mépris pour la forme (...) les valeurs humaines ne peuvent
être préservées et transmises qu'au moyen de formes symboliques
et les facteurs fondamentaux d'une civilisation requièrent les plus
articulés des symboles. Des réactions contre l'actuelle « liberté »
sans forme commencent à voir le jour. Le manque d'ordre visuel
fait également l’objet de fréquentes critiques ».
Christian Norberg-Schultz : pour un ordre visuel différencié

 Ainsi, c’est un sentiment fort chez Norberg-


Schultz qui exprime une opposition à l’idée
répandue que la réponse à la critique du chaos
et de l’anarchie serait l’uniformité et l’ordre
cartésien.
 Norberg-Schultz propose un nouvel ordre
visuel structuré et hiérarchisé qui rappelle
celui proposé par Venturi : « « l'ordre complexe
et contradictoire dont notre architecture a un
besoin vital pour former des ensembles intégrés
au cadre urbain ».
Christian Norberg-Schultz : pour un ordre visuel différencié

 Selon Norberg-Schultz, l’objectif primordial de


l’architecture moderne s’est limité à développer des
formes stéréotypées. Il propose comme solution, la
perspective d’un ordre visuel différencié » afin de
diversifier des types distincts, des bâ timents types
susceptibles de créer des variations plus souples .
 Pour illustrer la perte d’identité des édifices, la
disparition des indices de reconnaissances, il affirme
qu’il est « actuellement il est difficile de distinguer une
église d'un garage. Evidemment, ceci n'est pas dû
principalement aux défectuosités des bâtiments
particuliers, mais surtout au manque de « types » distincts
de bâtiments... ».
Kevin Lynch : L’image de la
cité.
Kevin Lynch : L’image de la cité.

Kevin Lynch ne fait que continuer l’idée de Ch.


Norberg-Schultz. L’intérêt de l’ouvrage de Lynch
« L’image de la cité » se trouve dans les définitions
d’objectifs pour la conception d’espaces urbains
offrant un « paysage chargé d’imagibilité » dont les
caractéristiques reposent sur « la visibilité et la
lisibilité ainsi que la cohérence et la clarté ».
Lynch établie une différenciation entre imagibilité-
identité, étant donné que pour lui l’identité d’un
espace est fonction de sa capacité d’imagibilité. Il dira
à ce sujet : « : « Renforcer l'imagibilité de
l'environnement urbain consiste à faciliter son identifica­
tion et sa structuration visuelles ».
Kevin Lynch : L’image de la cité.
Kevin Lynch : L’image de la cité.
 L’importance qu’accorde K. Lynch à l’environnement
suppose un minimum d’organisation car l’usager ne
pourra jamais s’adapter dans un espace informel mal
défini et déstructuré. Il dira aussi à ce sujet : « « Par dessus
tout, si l'environnement est organisé de manière visible et
nettement identifié, alors le citadin peut lui insuffler ses
propres, significations, ses propres connexions. Il deviendra
alors un véritable lieu, remarquable et distinctif ».
Comme G. Cullen, K. Lynch, la forme n’est pas d’une
importance capitale : « « une spécialisation absolue tout
finirait par; être engrené, est improbable et indésirable. La
forme doit rester quelque peu non engagée, malléable pour
s'adapter aux objectifs et aux sensibilité: des citadins ... » .
Kevin Lynch : L’image de la cité.

 L’expression de l’identité des bâ timents, des rues ou


des quartiers ne peut se faire que sur la base d’une
organisation de niveaux supérieurs : « « ... les voies,
limites, points dé repère, noeuds et régions sont les
cubes d'un jeu de construction servant à fabriquer à
l'échelle de la ville des structures' fermes et
différenciées ».
 Lynch définit aussi le rô le de l’aménagement qui est
très important, étant donné que sa tâ che touche à la
fabrication des grands ensembles d’habitation dans
des paysages vierges, c'est-à -dire sans références,
ou marqués par des particularités naturelles.
Kevin Lynch : L’image de la cité.

 En outre, la croissance urbaine accéléré qui est


une solution souvent d’urgence impose selon
Lynch un urbanisme qu’il définit comme « la
manipulation délibérée du monde a des fins senso­
rielles ».
 Selon Lynch, certaines grandes villes renommées
qui offrent une grande imagibilité sont soumises
à un processus de défiguration due à leurs
périphéries désorganisées à cause de la non
préservation de l’image qui les caractérisent ou à
défaut d’avoir échouer de créer une nouvelle ville.
HASSAN FATHY
Hassan Fathy : La revendication d’une architecture qui allie culture,
modernité et tradition.

  Hassan Fathy est probablement le premier à avoir remis


en cause la doctrine du Mouvement Moderne de
l’architecture.
 La réalisation du village de Gourna en Egypte dans les
années 1940 est l’expression de la remise en cause de
l’architecture du Style International :
 « la référence à la tradition et à l'architecture domestique
populaire s'y lit à travers l'utilisation de la brique de
boue, de la technique nubienne de la voûte sans cintre et
différentes considérations en vue d'une amélioration de
l'espace, appropriée aux façons de vivre des paysans
égyptiens et compatible avec leurs modèles culturels ».
Construire avec le peuple:
Histoire d'un village d'Egypte:
Gourna
Hassan Fathy : La revendication d’une architecture qui allie culture,
modernité et tradition.
 Fathy nous révèle une grande richesse dans les
constructions précaires populaires (bidonvilles etc.) qui
possèdent à la fois une valeur plastique et d’usage : « On peut
trouver les mêmes témoignages d'imagination, d'invention et
d'enthousiasme dans de nombreux bidonvilles où des gens
sans abri ont construit des choses ravissantes avec de vieilles
caisses, des bidons et autres rebuts ».
 Cette admiration de Fathy pour l’architecture précaire lui
permet de découvrir certains dispositifs ingénieux employés
par les paysans afin d’améliorer leur habitat, dont il
s’inspirera plus tard pour la réalisation de ses nouvelles
habitations : « ainsi peut-on citer le capteur d'air, sorte de
climatiseur traditionnel, ou le « piège à scorpion », établi au
pied du lit pour éviter les éventuelles morsures nocturnes ».
Hassan Fathy : La revendication d’une architecture qui allie culture, modernité et
tradition.

 Le village de New Baris.


En 1967, Hassan Fathy, un
architecte humaniste, reçoit
mission de construire pour le
peuple, dans le cadre du
programme "New Valley" de
Nasser. 
La construction est arrê té e par
la guerre des 6 Jours et les
batiments restent inhabités.
Hassan Fathy s'est inspiré de
l'architecture des forteresses
mé diévales, avec passages
couverts, cours inté rieures et
dô mes.
Les travaux, concernant un
grand marché et  2 villas n'ont
repris que tout ré cemment.
Hassan Fathy : La revendication d’une architecture qui allie
culture, modernité et tradition.

Un autre désaveu du Mouvement Moderne de ‘architecture par H.


Fathy est sa condamnation de la standardisation. Ce rejet de la
typification il l’exprimera dans toutes ses conceptions de maison
paysannes à Gourna où chacune est individualisée. Il dénonce la
ségrégation faite par beaucoup d’architectes entre la maison du
client riche qu’ils personnalisent et les clients modestes pour qui
ils construisent « un million de maisons identiques » : « Le résultat,
ajoute-t-il, est hideux et inhumain. Un million de familles sont
entassés dans des cagibis inadéquats sans pouvoir dire un seul mot
du projet, et quelle que soit la science employée à sérier les familles
et à assortir les logements, une majorité est condamnée à
l'insatisfaction ».
Par conséquent, pour montrer son hostilité vis-à -vis de cette
pratique, H. Fathy consultera chaque famille et dessinera un plan
individualisé.
Pionnier égyptien du développement durable: l'architecte
Hassan Fathy
 Pionnier égyptien du
développement durable, Hassan
Fathy (1900-1989) a été célébré
dans le monde entier de son vivant.
Persuadé qu'il fallait offrir au
peuple égyptien des maisons bon
marché et adaptées au climat, faites
dans la technologie traditionnelle
de la brique crue (tub il ahdar), il
construisit dès la fin des années
1940' un village situé sur la rive
ouest de Louxor, le Nouveau
Gourna. Ce village-modèle de terre
aux lignes d'une grande modernité
ne fut jamais achevé; une vingtaine
d'années plus tard Hassan Fathy
publia le récit de cette expérience
dans un ouvrage qui fit le tour de la
planète et fut traduit dans plusieurs
langues. Le titre français de cet
ouvrage est Construire avec le
peuple (1971).
Deux réalisations architecturales d’Hassan
Hassan Fathy : La revendication d’une architecture qui allie culture,
modernité et tradition.

 Concernant la valeur de la tradition, dans « Construire avec le


peuple » il consacre un chapitre entier à l’analyse de ce concept et à
sa valeur pour l’architecture. Il dira à ce sujet : « L’architecture n’est
pas forcément désuète et synonyme d’immobilisme. De plus, la
tradition n’est pas obligatoirement ancienne, mais peut très bien
s’être constituée récemment…Quand une tradition a résolu un
problème et cessé de se développer, nous pouvons dire que son cycle
est parachevé. Cependant, en architecture comme dans les autres
activités humaines et les processus naturels, il y a des cycles qui
commencent, d’autres qui sont achevés et d’autres qui se trouvent à
tous les stades intermédiaires et qui existent simultanément dans la
même société…Modernisme ne veut pas forcément dire vie, et l’idéal
ne naît pas toujours du changement. D’autre part, il est des situations
qui exigent l’innovation. Pour moi, je crois que l’innovation doit être
la réponse, profondément pensée, à un changement de circonstances,
et non une chose tolérée pour elle-même… ».
ROBERT VENTURI: complexités
et contradictions de l’architecture
ROBERT VENTURI: complexités et contradictions de l’architecture

Après avoir réalisé un certain nombre de travaux ignorant totalement


les préceptes de l’esthétique de la machine, Robert Venturi commence à
s’attaquer directement aux fondateurs de l’architecture moderne avec
son ouvrage théorique, « Complexity and contradiction in architecture »
(1966), Complexité et contradiction en architecture (traduction du livre
en français : De l’ambiguïté en architecture).
Le premier ouvrage de Venturi, « De l’ambiguïté en architecture » ne
camoufle pas sa critique du Mouvement Moderne, même s’il s’en prend
d’abord au purisme de Mies Van der Rohe, qui domine la pensée
architecturale américaine, et ménage Le Corbusier.
L’objectif recherché par R. Venturi consiste à enrichir les significations
dont l’architecture doit être le support. Pour démontrer l’importance de
la richesse de signification en architecture, R. Venturi convoque l’histoire
de l’architecture et les paysages de la quotidienneté. En cela l’ouvrage de
R. Venturi rompt avec les projections futuristes du Mouvement Moderne,
inspirées par la vision machiniste de la société industrielle.
Le livre de Robert Venturi, “Complexity And Contradiction In
Architecture”
« De l’ambiguité en architecture »,
version française du livre de Robert
Venturi
ROBERT VENTURI: complexités et contradictions de l’architecture

 A la phrase de Mies, « Less is More » ( moins c’est plus ), Venturi répond, « Less is a
Bore », (moins c’est ennuyeux). Lorsque Venturi s’attaque aux préceptes des grands
maîtres, il é tait conscient qu’il était en train de commettre un « sacrilège » en
remettant en cause les dogmes de l’architecture moderne. Dans la préface du livre
de Venturi, Vincent Scully affirme que c’est l’écrit sur l’architecture le plus
significatif depuis « Vers une architecture » de Le Corbusier, ce qui est sans doute
juste si on se réfè re à ce qui s’est passé ultérieurement. Venturi va au coeur du
problème réagissant aux vestiges d’une thé orie par sa propre théorie, qu’il voulait
être plus pragmatique. Venturi ne respecte plus la coutume ; qui osait encore écrire
sur la théorie de l’architecture ? Beaucoup d’é minents architectes de l’époque
étaient offensé s, montrant agressivement leur désapprobation et maintinrent leur
réaction pendant des années. Le jeune Venturi avait outrepassé les limites de la
convenance et de la biensé ance.
 Le théâ tre principal des disputes qui vont suivre a été le dé partement
d’Architecture de l’Université de Yale. Paul Rudolph s’é tait senti humilié et blessé
par son jeune collè gue. Philip Johnson était mécontent parce que quelqu’un d’autre
osait se permettre de faire de l’esprit. Même Louis Kahn, dont Venturi a é té l’é lève
et l’assistant, n’a pas résisté en 1969 de qualifier les bâ timents de Venturi de pâ les
abstractions illustrant bien ses thé ories mais inadé quates si nous les analysons
indé pendamment l’un de l’autre. 
Robert Venturi, Vanna House, Chestnut Hill, Pennsylvanie, Etats-Unis,
1962
Robert Venturi, Vanna House, Chestnut Hill, Pennsylvanie, Etats-Unis, 1962

 Avec la « Vanna House » ou la


« Maison de ma mère », construite
entre 1960 et 1962 durant sa
réévaluation de la théorie de
l’architecture, Venturi crée le
bâ timent qui illustre parfaitement le
postulat de la complexité et de la
contradiction. En même temps, les
références historiques sont bien
mises en valeur. Les architectes
modernes n’ont jamais donné de
l’importance à la maison au toit
incliné et aux murs-pignons peints, ni
approuvé des éléments en formes
d’arc sur les entrées. En effet, la
maison de sa mère était peinte en
vert d’une manière inconcevable. Les
violations par Venturi des
conventions formelles étaient en
elles-mêmes des provocations à l’idée
même de la modernité , en plus des
inconvenances qui « défiguraient »
l’ensemble au nom de la complexité.
ROBERT VENTURI: complexités et contradictions de l’architecture
 Venturi avait attaqué la partie solide de l’architecture moderne, mais qui
était aussi la plus sensible. A plus d’un titre, la réduction des formes et la
simplification des fonctions ont été les caractéristiques essentielles de
l’époque des grands maîtres. Venturi critique avec ironie la certitude que la
qualité d’un bâ timent pouvait être élevée en simplifiant sa forme et sa
réduction au plus petit dé nominateur commun pouvait être la solution à
tous les problèmes. Il ne mâ che pas ses mots contre l’omission des
contradictions tout en plaidant en faveur d’une plus grande complexité. La
complexité contre la simplification. Venturi commence son livre avec un
véritable manifeste dans lequel il déclare :
 «  J’aime que l’architecture soit complexe et contradictoire. Non pas que j’aime
l’architecture incohérente ou arbitraire due à des créateurs incompétents, ni
les complications recherchées pour goût du pittoresque ou de
l’expressionnisme. C’est une architecture fondée sur la richesse et l’ambiguïté
de la vie moderne et de la pratique de l’art. Partout, sauf en architecture, la
combinaison dialectique de la complexité et de la contradiction interne est
une notion reconnue, qu’il s’agisse de l’incompatibilité fondamentale des
mathématiques prouvée par Gödel, des difficultés de la poésie analysées par
T.S Eliot ou du caractère paradoxal de la peinture défini par Joseph Albers »
Typologie d’entrée de
maisons particulières
ROBERT VENTURI: complexités et contradictions de l’architecture

Venturi ajoute: « Mais l’architecture est nécessairement


complexe et contradictoire dans par le fait qu’elle veut
satisfaire en même temps les trois éléments de Vitruve :
solidité, utilité et de beauté. Et aujourd’hui les contraintes
dues aux besoins du programme, de structure,
d’équipement technique et d’expression, même dans des
bâtiments simples dans des contextes faciles, sont diverses
et conflictuelles de façons inimaginables. L’augmentation
de la dimension et de l’échelle de l’architecture dans le
développement urbain et régional ont rajouté d’autres
difficultés. Je souhaite la bienvenue aux problèmes et
exploite les incertitudes et les équivoques. En adoptant la
complexité aussi bien que la contradiction, j’aspire à la
vitalité aussi bien qu’à la validité ».
Tucker House, Katonah, New York, 1974.
ROBERT VENTURI: complexités et contradictions de l’architecture

 Venturi continue en ces termes: « Les architectes ne peuvent plus supporter


d’être intimidés par le langage moral et puritain de l’orthodoxie de
l’architecture moderne. J’aime les éléments hybrides plutôt que pures,
compromettant plutôt que propres, déformés plutôt que droits, ambigus plutôt
que clairement articulés, perverses aussi bien qu’impersonnels, ennuyeux aussi
bien qu’intéressants, conventionnels plutôt que bien conçus, accommodants
plutôt qu’exclusifs, redondants plutôt que simples, rudimentaires aussi bien
qu’innovateurs, inconscients et équivoques plutôt que clairs et nets. Je suis pour
une vitalité désordonnée au lieu d’une unité évidente.
 Je suis pour la richesse de la signification plutôt que pour la clarté de la
signification ; pour la fonction implicite aussi bien que la fonction explicite. Je
préfère « l’un et l’autre »  à « l’un ou l’autre » noir et blanc et quelques fois gris, à
noir ou blanc. Une architecture valide évoque plusieurs niveaux de signification
et des combinaisons d’images ; son espace et ses éléments sont plus lisibles et
façonnés dans plusieurs manières à la fois.
 Mais une architecture de complexité et de contradiction a une obligation
exceptionnelle à l’égard de l’ensemble : sa vérité doit être dans sa totalité. Elle
doit incorporer la difficulté de l’unité de l’inclusion plutôt que la facilité de
l’unité de l’exclusion. Plus n’est plus moins ».
ROBERT VENTURI: complexités et contradictions de l’architecture

 Les déclarations de Venturi vont causer encore plus


d’irritations pour la raison qu’il solidifie ses arguments
non seulement avec des exemples de l’architecture
moderne mais aussi avec des modèles historiques
européens, de la période du style Romanesque jusqu’à
celle du 19è siècle. Dans son livre, Venturi compare par
l’image la façade Romanesque du Dô me de Cremona avec
la Villa Stein de Le Corbusier, Le châ teau Renaissance de
François Ier à Chambord avec le plan de Berlin des
Smithsons. Ainsi, il n’est pas surprenant que dans le
premier projet réalisé de Venturi, en plus des principes
généraux de la « complexité », le détail historique
commence à avoir un rô le significatif, bien que marginal au
début.
Aldo Rossi : l’architecture de
la ville
Le livre de Aldo Rossi:
« L’architecture de la ville »
Aldo Rossi : l’architecture de la ville

 Dans son livre « l'architecture et la ville» publié en 1965, Rossi fait


une analyse des rapports qui peuvent exister entre l'architecture et
la forme urbaine, prise dans son sens le plus large, aussi bien sur le
plan de l’histoire de l’architecture que sur celui de la topographie de
la ville.
 Rossi dit à propos de ce livre: « Ce livre a été un projet architectural
semblable à mes autres projets : j'ai toujours pensé qu'il fallait
travailler en se référant à la ville, ne pas seulement la considérer
comme un environnement, mais transformer les éléments urbains en
éléments architecturaux ».
 Selon Rossi, le rapport à la ville ne doit pas être considéré comme
avant tout un problème d’environnement mais une question liée à
l’architecture en mettant l’accent sur le « rapport forme/fonction »,
c’est à dire des fonctions complexes et généralement diversifiées qui
ont une relation avec une forme. C’est le rapport entre la forme et
son signifié, tout cela est fortement lié à la ville.
Aldo Rossi : l’architecture de la ville

 L’usage qui a été fait de la ville à travers le temps, les


transformations ou les permanences, démontrent les
caractéristiques fondamentales de l’architecture et permet de
dire par analogie que tout couloir et une rue, toute cour est une
place. Ce sont les éléments de la ville que l’on peut retrouver
dans un édifice.
 Selon Rossi, cette conception conduit ainsi à considérer de
façon plus féconde les rapports entre la morphologie urbaine et
la typologie de la construction, rapports qui sont des références
à la collectivité et à la vie collective urbaine. Par conséquent, le
rapport public/privé acquiert une valeur primordiale au niveau
de l'habitation.
 Plus que toute autre architecture, l'habitation ne peut pas être le
résultat d'une invention : elle est l'expression d'un mode de vie
séculaire, de traditions anciennes et de techniques modernes.
Bloc d’habitation du Galaterese (Italie) d’Aldo Rossi 1969-73
L’architecture néoréaliste de Rossi remet en cause les certitudes
du modernisme architecturale
Projet de Rossi de 1974.
L’architecture néoréaliste de Rossi remet en cause les certitudes
du modernisme architecturale
Aldo Rossi : l’architecture de la ville

 L’analyse de Rossi veut démontrer ainsi que dans toutes les villes
d'Europe ou d’ailleurs, la typologie des maisons d'habitation renvoie
à un mode de vie concret du peuple. Ce n'est que récemment que
cette typologie a été modifié par le modernisme, mais aussi par la
spéculation et par l'état de sous culture actuel.
 Il dit à ce propos: « Dans mes projets d'habitations, je me réfère
toujours aux types fondamentaux de l'habitat dans la mesure où ils se
sont intégrés à l'architecture de la ville suivant un très long processus
arcades/rues couvertes, places/cours, couloirs/rues, ce sont les
éléments de ces projets. Ce sont des. éléments-types signifiants.
 Les locaux et l'espace intérieur d'une habitation ne sont pas
signifiants, ils se modifient au cours du temps et suivant une série de
faits d'ordre général. Pour cette raison, nous devons, pour les
habitations, fixer les éléments structuraux signifiants et nous ne
devons tenir compte que des seules conditions d'hygiène des locaux ».
  
Aldo Rossi : l’architecture de la ville

 Rossi fustige l’expérience des rationalistes allemands de « l'existenzminimum » qui


organisaient dans ses moindres détails la vie de la ménagère ou plus génériquement
des occupants d'un logement et qui était en définitive réactionnaire (en dehors des
réflexions positives sur l'aspect technique de l'habitation).
 Pour Rossi en outre, la théorie de l'architecture organique a été tout aussi
contreproductive en exigeant la conception d’ espaces désignés pour un certain type
de mode de vie où la forme était et demeure seulement la traduction plastique,
presque l'empreinte d'une fonction déterminée. Ce sont de fausses voies pour Rossi
qui affirme :
 « ’L'architecte doit seulement fixer une typologie, c'est à- dire indiquer les grandes
lignes suivant lesquelles s'articule un projet Il ne doit pas enseigner une façon de
vivre…
 La clarté de la typologie permet d'adopter des techniques de construction modernes; la
typologie étant avant tout un langage architectural elle ne se substitue pas aux
questions techniques ou sociales mais permet d'en avoir une explication très claire ».
 Pour Rossi, le thème de l'habitation et de la ville lorsqu'on réfute les spéculations et
l'utopie peut constituer un élément important pour une évolution innovatrice de la
ville et pour l’évolution de l'architecture, l'étude de la typologie constitue le point le
plus logique de cette progression.
Léon Krier: « L’espace de la
ville ».
Léon Krier: « L’espace de la ville »

 Dans les années 1970, les architectes redécouvrent la rue, la


place… « La ville peut seulement être reconstruite sous la forme
de rues, de places et de quartiers…Les rues et la places doivent
avoir un caractère familier et permanent…La ville doit être
articulée en espaces publics et domestiques, en monuments et
tissus urbains ».
 Selon Léon Krier, pour la plus grande majorité des  penseurs de
l’architecture, leur unique doctrine est « l’incertitude ». Les
idées et les catégories esthétiques qui intéressent Léon Krier ne
sont pas celles qui vont être consommées en quelques années
ni celles qui sont dans les revues et les pamphlets. Léon Krier
s’intéresse surtout aux ordres classiques. Il affirme à ce sujet
que «si l’architecture classique a perdu son autorité, si
l’architecture est dictée aujourd’hui par les ingénieurs, les
pompiers et les sociologues, la raison en est que les architectes
ont abandonné l’architecture ».
Léon Krier: « L’espace de la ville »

 Il ajoute que « en perdant la justification philosophique de leur profession et


de leur passion, il ne leur restait rien à opposer à l’empire des nombres , de
l’argent et du calcul, c’est à dire aux tactiques des promoteurs et des
bureaucrates. Lorsque les architectes n’avaient plus rien à opposer aux
intérêts bornés de l’industrie et de l’Etat ils ne pouvaient que servir
l’accumulation du capital. Le règne de l’architecture et le règne du capital
sont des propos contradictoires. Le premier est réel et le second est abstrait.
L’architecture construit une réalité humaine et la transcende ; le capital est
accumulé, par contre, à travers la destruction et l’abstraction de la nature et
de la culture humaine ».
 Léon Krier veut que son travail théorique soit écrit et dessiné en même
temps. Il ajoute à ce sujet : « Ce qui est écrit est toujours démontré dans le
dessin, et ce que ce que je dessine trouve toujours son explication et son
fondement dans des textes écrits. Chaque projet et chaque texte sont des
manifestes concernant une tactique de reconstruction particulière, cela à
l’échelle de l’architecture et de la construction ou bien à l’échelle de la ville
entière ou de la campagne ».
Typologies de places
publiques
Léon Krier: « L’espace de la ville »

 Léon Krier propose un certain nombre de thèses fondamentales anti-


fonctionnalistes concernant son travail de reconstruction de la ville qui
«peut seulement être reconstruite sous forme de rues, de places et de
quartiers ; un quartier doit intégrer toutes les fonctions de la vie urbaine
sur une surface qui ne peut excéder 35 ha et 15.000 habitants ; les rues et
les places doivent avoir un caractère familial ; leurs mesures et proportions
doivent être celles des meilleurs exemples de villes préindustrielles ; la
simplicité et la lisibilité doivent être le but de la topographie urbaine si
complexe soient-elles ; la ville doit être articulée en espaces publics et
domestiques, en monuments et tissus urbains, en architecture classique et
construction populaire, en places et en rues , et selon cette hiérarchie » .
 Le système verbal bascule, un autre se reconstruit. Les règlements
d’urbanisme sont élaborés, les techniques de chantier s’adaptent, les
formes architecturales s’accompagnent de légitimité doctrinale et
théorique moderne. C’est une autre réalité qui informe l’architecture, à
ce point que nulle autre ne semble possible, et quant au passé, on dira
comment a-t-on pu ?
Projet de reconstruction de la ville de Stuttgart en
Allemagne 1975
La redécouverte de la ville et de son contexte historique.

 Les architectes aujourd’hui cré ent des édifices enchaînés


les uns aux autres le long de rues et de places elles-
mê mes reliées entre elles. Ils ont réinventé le tissu urbain.
Cette conception de la ville s’oppose aux théories du
mouvement moderne de l’architecture qui recommande
des bâ timents isolé s dans des espaces dégagés.
 Les idées de base concernant ce courant contextualiste
ont été énoncé d’abord par l’italien Aldo Rossi dans son
ouvrage sur l’architecture de la ville, par collin Rowe dans
son écrit « Collage City » , par Léon Krier et al dans
« rationnal architecture : the reconstruction of the
european city » (1978) et par Robert Krier dans son livre
« sur l’espace de la ville.
Projet d’aménagement de la ville d’Eternach au Luxembourg 1970
La redécouverte de la ville et de son contexte historique.

 En somme cette nouvelle tendance


l’architecture voulait faire revivre la notion de
« contrastes urbains » et celle de l’opposition
entre le monument et l’environnement urbain.
En outre, ce courant voulait redécouvrir l’idée
« d’univers urbains » (rues, places, squares
etc.). Dans la pratique, ceci devait se concrétiser
par des objets intégrés dans la ville pour
enrichir le tissu urbain et non le « bouleverser »
du point de vue morphologique, même si des
contrastes formels devaient se présenter.
La redécouverte de la ville et de son contexte historique.

Les frères Krier, l’architecte Belge Lucien Kroll


condamne sans appel les procédures bureaucratiques
de la planification qui se bornèrent à poser sur des
sites des rangées de bâ timents autour de pô les
d’utilité qui commencèrent à être défiées pour la
première fois depuis les années 1920.
Ainsi, les utopies de la planification urbaine qui se
basaient sur les illusions de la technologie vont être
défiées et remises en cause. La ligne de division entre
le modernisme et le postmodernisme devenait de plus
en plus nette dans le domaine de l’urbanisme ainsi que
dans tous les autres champs de l’architecture.
LES TRADITIONS DOMINANTES
AUJOURD’HUI (PROCHAINS COURS)
L’histoire récente de l’architecture prend ses racines dans des sources
nouvelles.

Certains architectes vont redécouvrir l’architecture


historique pour revenir aux traditions antiques avec son
riche vocabulaire constitué de colonnes, de chapiteaux,
de frontons ainsi que d’autres ornements. Tout cela va
être traduit dans des créations contemporaines.
D’autres architectes vont remonter au commencement
de l’architecture moderne des années 1920 qui est venu
rejoindre les grands mouvements architecturaux du
passé. Tout le vocabulaire du Mouvement Moderne (Le
Corbusier, Bauhaus, De Stijl etc.) va faire l’objet d’une ré
interprétation dans la façon de penser l’architecture.
L’histoire récente de l’architecture prend ses racines dans des sources
nouvelles.

L’ornement va devenir l’instrument privilégié d’une


nouvelle composition architecturale et qui se réfère à deux
traditions : l’une ancienne, celle de l’histoire et l’autre
récente, donc moderne. Nous verrons apparaître deux
architectures : l’une « historiciste » avec ses frontons, ses
colonnes et ses arcades et l’autre « moderniste » avec ses
références permanentes aux sources du modernisme, à la
période classique de l’architecture Moderne. Par
conséquent, la réaction contre les certitudes du passé récent,
la recherche d’un nouvel enracinement va conduire les
architectes à deux attitudes opposées : l’une romantique,
s’inspirant beaucoup des traditions historiques et l’autre
rationaliste, s’inspirant plutô t de traditions plus proches.
  
L’architecture depuis les années 1980

Depuis le début des années 1980, de nouvelles tendances de


l’architecture se sont imposées à travers le monde dans un
certain esprit superficiel dans la mesure où les architectes
acceptent de plus en plus l’approche du postmodernisme
sans aucune réserve.
Souvent, le postmodernisme est assimilé à une conciliation à
l’ornementation décorative sur les surfaces des conteneurs,
c’est à dire un conditionnement esthétique.
Le Postmodernisme perçu dans ce sens n’est seulement qu’une
réaction au rejet catégorique de tout ornement par le
fonctionnalisme dont les murs dépouillés et les surfaces
blanches reflétaient une attitude de progrès.
Le complément expéditif de quelques détails ornementaux ou
d’un portique monumental a été automatiquement perçu
comme une certitude d’être à jour.
L’architecture depuis les années 1980

 Cependant, ce qui a vraiment conduit cette nouvelle


architecture à devenir une réalité éloquente c’est la
réalisation ré ussie d’un certain nombre d’équipements
publics qui étaient resté s pendant de longues années à
l’é tat de projets. Comme la plupart des premiers projets
réalisés de l’architecture moderne qui ont été des
maisons individuelles, la plupart des réalisations
fécondes du postmodernisme ont été des résidences
individuelles ou des bâ timents en copropriété : « La
Maison de ma mère » de Robert Venturi, les maisons
individuelles du Sea Ranch de Charles Moore, le
bâ timent de Gallaratese d’Aldo Rossi, la maison privé e à
Cologne d’Oswald Mathias Ungers et les maisons
individuelles de Richard Meier et Michael Graves.
L’architecture depuis les années 1980

Bien que la plupart des nouvelles idées ont été formulées en


Italie et bien que Aldo Rossi, Giorgio Grassi, Vittorio Gregotti,
Paolo Portoghesi et le groupe GRAU ont gagné beaucoup de
disciples dans ce pays, nous ne verrons aucune réalisation de
commandes architecturales. Mario Botta a beaucoup travaillé
dans le Ticino où il a réalisé un grand nombre de maisons
individuelles et un grand bâ timent pour une banque de Lugano.
Aussi important sont les bureaux et les bâ timents industriels
d’Adolfo Natalini dans les environs de Bologne. Gregotti, quant à
lui a réalisé la nouvelle Université en Calabria. Pourtant, en Italie
il a eu un grand nombre de projets et des débuts prometteurs et
il est surprenant que peu aient été concrétisé. Ceci est peut être
la raison de la reconversion de beaucoup d’architectes connus
en décorateurs d’intérieurs, un domaine dans lequel les italiens
excellent.
L’architecture depuis les années 1980

 Plus récemment encore, la variété de la nouvelle tendance va


être enrichie grâ ce à la réalisation de grands bâ timents
publics, gratte-ciel de bureaux et musées. Le musée de Hans
Hollein à Mö nchengladbach, celui de Stuttgart par James
Stirling, les musées aux Etats-Unis et en Allemagne de Richard
Meier, les bâ timents de Rafael Moneo en Espagne, le musée
municipal de Gunma au Japon d’Arata isozaki, l’architecture
de musées et de halls d’exposition d’Oswald Mathias Ungers à
Frankfurt attestent de l’ancrage des fondations de
l’architecture postmoderne. Le bâ timent public à Portland de
Michael Graves, la Bibliothèque de Chicago par Thomas Beeby
et ceux de Gottfried Bö hms en Allemagne démontrent que
l’influence des nouvelles idées est allée au-delà de la phase de
« l’architecture sur le papier ».
L’architecture depuis les années 1980

En France, l’architecture est devenue dangereusement stérile après la


mort de Le Corbusier. En vain, les architectes cherchèrent de
nouvelles idées dans les années 1960 et 1970.
Depuis les années 1980, du point de vue des théories architecturales,
il y a un certain repli des architectes français par rapport aux
américains. Cette diminution de l’idéologie s’est surtout manifestée
par un recul des utopies issues du mouvement moderne, bien que
persiste la préférence aux bâ timents volumineux qui rappellent les
mégastructures des années 1960 par des architectes tels que Antoine
Grumbach, Jean Nouvel, Dominique Perrault, Fernando Montes, Paul
Chemetov, Henri Ciriani, Stanislas Fiszer, Christian Hauvette, Georges
Maurios, Christian de Portzamparc, Roland Simounet et bien sur
Ricardo Bofill, bien qu’il soit d’origine espagnole. Tous ont contribué à
changer fondamentalement la scène française de l’architecture.
  

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