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Histoire de l’architecture en Algérie 2 (HAA 2)

(XXème et XXIème siècles)

– Cours 1 –
Chapitre 1 : Période 1962 – 1990 (1/2)
La période post-coloniale

Dr. Bencherif M.
Faculté d’architecture et d’urbanisme
meriama60@yahoo.fr

Etudiants concernés
Faculté/Institut Département Niveau Spécialité

Architecture et urbanisme Architecture Master 2

Université Constantine 3 2018/2019. Semestre 1


Plan du cours

I. Période 1962 – 1990


I.1. La période post-coloniale (6 semaines)
I.1. 1. Tendance de l'urbanisme après 1962
I.1. 2. La crise du bâti en Algérie : un malaise partagé
I.1. 3. Une volonté de modèle urbain : l'habitat collectif
I.1. 4. L’habitat individuel : réponse au désengagement de l'Etat
I.1. 5. Des édifices prestigieux : une volonté de l'Etat de s’affirmer
I.1. 6. Le pluralisme : modernité formelle et tradition islamique

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I. Période 1962 – 1990
Après l’indépendance, l’Algérie hérite
d’une économie extravertie conçue
pour la satisfaction des besoins des
européens.
L’agriculture est orientée vers des
produits hautement spéculatifs :
agrumes et primeurs, coton, tabac, et HLM, Champ de manœuvres, Alger, 1950
Cité Diar el Mahçoul, Alger, 1954, F. Pouillon surtout la vigne (terres riches au
détriment d’une culture traditionnelle
d’autosubsistance).

Cité les Dunes, El Harrach, Alger,


Régeste et Bellissent, 1959
Le tissu industriel est presque inexistant, les
français ont bloqué toute possibilité de
Cité de Diar es Saâda, Alger, 1954, Pouillon développement industriel en Algérie sauf lors de
la seconde guerre mondiale pour des raisons
d’autosuffisance et le plan de Constantine. Ce
parc industriel est dépendant des sociétés
métropolitaines, dont 2/3 des entreprises se
situent à Oran et à Alger.
Après cette période, on s’est recentré sur
l’exploitation des hydrocarbures pour l’exportation
avec peu de dépenses locales.
climat de France, Alger, 1960, Pouillon
Cité Djenan El hassan, Alger, 1960, Simounet

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La période post-coloniale
L'Algérie de l'indépendance était, en chantier et elle l'est
toujours. Un pays socialiste, à la démographie galopante,
confronté au problème de sa reconstruction. La question du
logement y pose avec acuité celle de la forme de l'espace
construit et de son mode de production. L'urgence et
l'ampleur du programme ne doivent pas masquer le vrai
débat, qui est celui de l'adéquation du champ technique du
projet au champ culturel d'une société en pleine mutation.

Constantine : vue aérienne de Bellevue. En avant-plan la citée Laloum au Camp des Oliviers.

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1. Tendance de l'urbanisme après 1962
L'Algérie indépendante s'attachera dans l'urgence à structurer, à développer le pays.

Le cadre bâti qui a été parfois abandonné à l'état


de chantier par les Français en fuite, a constitué
avec force la base du nouveau caché de la ville
algérienne, mais d'autre part, la politique et
l'idéologie de l'Algérie indépendante impliquent
une conception nouvelle de ce cadre bâti sur le
plan de l'urbanisme.
La décolonisation est brutale et tragique. Les
Algériens doivent achever les chantiers laissés à
l’abandon, notamment ceux du Plan de
Constantine.
En même temps, le pays désire une nouvelle architecture (les français laissent un pays sans
cadres). A la veille de l’indépendance, l’Algérie s’est retrouvée sans architectes (il existe un
seul ; Bouchama Abderrahmane qui a travaillé sur les lotissements, la ville de Chlef et
l’aménagement de nombreuses maisons mais il a réalisé, surtout, les instituts islamiques). Le
peu d’architectes qui existent sont dispersés dans les différentes administrations et n’ont
apporté qu’une faible participation à la construction et aux actions d’urbanisme.

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Un parc massif de logements coloniaux
Sous forme de grands immeubles avec des façades plus clinquantes que celles de Marseille
ou Paris ou bien en maisons type villa dans les faubourgs sous forme de lotissement qui
demeure l’outil principal utilisé pour occuper de nouveaux territoires. De façon moins
rigide, les faubourgs s'étendent avec une densité basse. Ajoutons à ceux-là les grandes
« murailles » d’immeubles du plan de Constantine.

La majorité des grands


ensembles en Algérie sont
représentés par des immeubles
de grande taille réunissant
plusieurs centaines ou milliers de
logements, la fonction
résidentielle y est dominante,
sinon exclusive.
Cité Picasso, Constantine Bâtiment des Dunes, Alger

Ciloc Constantine Cité Amimoune, Béjaia Aero-habitat, Alger

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2. La crise du bâti en Algérie : un malaise partagé
« Jamais ils (les hommes) n’ont eu à choisir entre tant de formes diverses, contradictoires,
mutuellement exclusives… » (M. Mammeri, 1986).

La ville est donc semblable à une mosaïque où il y a autant d’acteurs de la construction que de
politique autant de modes d’appropriation de l’espace que nous avons du mal à rassembler et à
unifier. Ce sont des espaces éclatés à l’image de la société qu’il abrite.

En matière d’habitat, le secteur a été planifié ; l’installation de toute une industrie a été placée
directement au service de l’habitat : production de matériaux de construction jusqu’à celle des
appareils sanitaires en passant par les industries de préfabrication de logements à la production de
Dumper grues.

L’architecture industrialisée laisse à l’architecte algérien un champ d’intervention mineur, limité à


l’adaptation des plans de masses types ou du dessin des façades.

Les différents découpages administratifs du territoire (promotion administrative) sont autant


d’actes de naissances de « villes nouvelles ».

C’est durant les années 1970 et essentiellement à travers les ZHUN que s’enclenche en Algérie indépendante la
construction en masse de logements collectifs. Le parc vacant en 1962 est considéré comme suffisant et fait
reléguer cette question au second plan. Les manifestations de la crise de logements ne se font réellement
sentir et à des degrés différents selon les villes qu’à la fin des années 1960.

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Genèse des grands ensembles en Algérie
Après l’indépendance, pas de changement spatial de la ville malgré l’exode rural massif,
car la ville coloniale a été investie après le départ des Européens aussi bien par les
populations d’origine rurale que par les médinois eux-mêmes.

Il faut attendre 1970 pour que soient relancés les travaux interrompus par la fin de la
guerre, l’industrialisation lourde provoque un afflux de la population sans pour autant
qu’il y ait une structure d’accueil suffisante, d’où le déséquilibre entre l’emploi et le
logement.

Il était urgent d'assurer la réalisation de 100 000 logements par an afin d'éradiquer
l'habitat précaire et insalubre, de renouveler le parc immobilier existant et reconstruire
l'habitat détruit par la guerre.

Cet objectif n'a pas été retenu; la priorité accordée au développement de l'industrie
rendait difficile tout effort important en matière de production de logement. Cependant,
cette première décennie a été consacrée aux besoins sociaux.

Pour absorber le retard accumulé et le déficit : les logements existants se densifient, les
grands ensembles, les lotissements plus à l’écart mais très étendus, constitués de villas
aisées où s’affrontent tous les volumes architecturaux et tous les styles, enfin les quartiers
spontanés (illicites) et les bidonvilles prolifèrent ; de la pauvre baraque en tôle ondulée
jusqu’aux petites maisons de briques ou parpaings.

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A cette diversité des quartiers résidentiels, s’ajoutent les grands espaces fonctionnels :
zones industrielles, entrepôt, équipements publics : écoles, lycées, hôpitaux, universités,
administrations etc.…, contribuant à étaler la tache urbaine et à accroître les
déplacements quotidiens des citadins.

D’une façon générale, les opérations importantes ont été réalisées par des bureaux
d’études étrangers choisis, soit sur leur réputation, soit sur leurs références et leur
apparente efficacité, soit à la suite d’accords politiques et économiques entre nations.
Ainsi, la plupart des études et projets sont faits par des architectes étrangers qui
connaissent mal le pays, ses besoins et ses caractéristiques.

Ce système va introduire une internationalisation très forte de l’architecture en Algérie,


une prolifération de styles appartenant plus au camp socialiste qu'au monde capitaliste.
Les bureaux apportent leurs modèles et les projettent dans le cadre algérien avec un très
relatif souci d’adaptation.

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3. Une volonté de modèle urbain : l’habitat collectif en Z.H.U.N
Dans le domaine urbain, des ensembles d’habitations clés en main (Z.H.U.N) font appel à la
préfabrication.
Ces Z.H.U.N concrétisent l’engagement de l’Etat pour répondre à la pénurie de logements
vis-à-vis des catégories sociales à revenus limités. Elles sont réalisées sous formes de grands
ensembles d’immeubles de taille moyenne (5 niveaux) dont les appartements sont loués
aux citoyens.

L’habitat collectif à Touggourt Cité Benboulaid, Constantine Cité HLM, Blida

La procédure des Z.H.U.N a été définie par la circulaire ministérielle du 19 février 1975, obligatoire pour toutes les
zones d’habitats de plus de 1000 logements (jusqu’à 5000 logements) en zone urbaine et entre 400 et 1000
logements en zone rurale. Elles parsèment tout le territoire jusqu’aux plus petites villes.
Le maître d’ouvrage est la municipalité ou le ministre, le maître d’œuvre la C.A.D.A.T. l’architecture de détail est
laissé aux soins des entreprises de réalisation.

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Mais pourquoi les Z.H.U.N ?
L’objectif est de faire de l’algérien un homme moderne qui doit vivre dans un logement moderne. A
l’ère du triomphe du fonctionnalisme et des préceptes de la Charte d’Athènes c’est le modèle des
appartements ouverts sur l’espace public et superposés en barres essentiellement (la tour du fait de
l’usage obligatoire de l’ascenseur est très rare) qui se généralise. Cette situation est renforcée par la
vacance du domaine des études d’architecture et d’urbanisme par les « locaux » vu que l’Algérie en
1962 ne compte pratiquement qu’un seul architecte « algérien » ceci entraine l’importation d’un un
savoir-faire et des conceptions de l’espace étrangères,. Le modèle le plus fréquemment appliqué est
celui des immeubles « boîte d’allumettes » avec le rejet des références architecturales et urbaines
locales comme sources d’inspiration. La primauté de la technique organisationnelle du chantier
(chemin de grue, gestion méthodique du planning, surface de stockage) et de la rapidité de réalisation
au détriment de la qualité architecturale et constructive.

ZHUN El Alia, Biskra ZHUN, Boussouf, Constantine

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Mais pourquoi les Z.H.U.N ?
Essentiellement pour éviter la réalisation des cités-dortoirs en bordure des villes sans équipements
et sans emploi. Ce type d’habitat possède trois vertus : il est moderne (il donne le cachet
d’urbanisme au moindre village), il est socialiste (habitat collectif) et il peut être rapidement mis en
œuvre (répondre à la crise de logement). Cependant, le but pour lequel elles ont été réalisé n’est pas
atteint, puisque les équipements n’ont pas suivi les logements, du fait de la forte demande de ceux-ci.
Ainsi les Z.H.U.N sont bel et bien des cités dortoirs, avec des inconvénients graves qui en ont résulté.

Ce modèle de planification choisi par l’Algérie a poussé à considérer « hors-la-loi » toute initiative du secteur privé. Cet
interdit n’a pas empêché les constructions privées de proliférer tout de même dans une anarchie qui est due à
l’illégalité de leur statut.
Les conséquences de ces urbanisations nouvelles :
▪ Extension urbaine démesurée, au détriment des terres agricoles et aux frais de viabilisation extrêmement élevée
(VRD)
▪ Non intégration de ces nouveaux sites d’urbanisation aux tissus urbains existants (greffes aux tissus anciens
sans intégration architecturale et fonctionnelle)
▪ Monofonctionnalité de ces zones ; cités dortoirs dépourvues de tout équipements d’accompagnement
▪ Occupation irrationnelle ou non conforme aux études élaborées : saupoudrage d’ensemble de logements avec
procédés différents disposés sans aucun plan d’ensemble
▪ une nouvelle stratégie de l'habitat a été adoptée en 1996. Cette réforme fait participer les banques et les
acquéreurs au financement du logement (promotionnel, ADL, participatif, etc...) qui était du ressort exclusif de
l'Etat. Ce dernier se désiste totalement de la réalisation au profit des promoteurs privés. Négligence des acquis
technologiques, manque de coordination entre différents intervenants, mauvaise qualité des constructions, sont
autant d'éléments qui caractérisent la production du logement collectif

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La quantité: une priorité au détriment de la qualité

Cité 600, ZHUN, M’Sila ZHUN Dar El beïda, Oran ZHUN Ihadaden, Bejaia

cité des 726 logements, M’Sila Logement OPGI, Haï Sabah, Oran
Z.H.U.N (800 lgts), Mérouana

La Z.H.U.N se présente avec tous ses équipements et services. Une Z.H.U.N de 5000 logements implantée
aux portes d’une ville moyenne comme M’Sila ou Laghouat double presque la taille de l’agglomération,
assure un niveau de services qui profite également au tissu ancien et transforme radicalement la ville.
Aussi nous les retrouvons partout identiques, des petites agglomérations jusqu’aux métropoles.

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Différentes formules de financement de l’habitat
logements urbains à partir de 1979, après la CNEP, OPGI, AADL et la CNL depuis 1991

Les formules de financement de l’habitat


depuis 1991
• Le logement socio-participatif LSP
• Le Logement Public Locatif (LPL)
• Le Logement Promotionnel Aidé (LPA)
• Le logement promotionnel public LPP
• Le logement rural

Promotionnel, Constantine Promotionnel, Boussouf

Façades de logements LSP (OPGI), El Eulma Logts AADL, Alger Continuité urbaine; façade de la promotion 64 logts
et de coopérative « Dubaï » El eulma
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Z.H.U.N: Uniformité et monotonie
Tout comme les technocrates du Plan de Constantine prétextaient l’urgence et l’économie pour faire imposer leur
paradigme, les décideurs font de même pour les ZHUN : Industrialisation de la construction, cellules-type, façades
répétitives et monotones, plans de masses (chemin de grue) abolissant la rue et banalisant l’espace public, le
traitement de la façade est identique ce qui rend l’orientation difficile, c’est ce qui caractérise les ZHUN qui ont
marqué et qui marquent toujours le paysage urbain algérien.

Répétitivité des blocs de bâtiments,


vides urbains et absence de repères

Tours posées au hasard sans réelle


composition urbaine générant des
espaces résiduels entre les blocs

L’habitat collectif à Ouargla : l’habitat collectif à Touggourt


une trame lâche

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Techniques et matériaux de construction
En optant pour l’industrialisation du bâtiment (ZHUN) :
éléments porteurs en béton (planchers, murs-voile,
poutres, escaliers), briques cuites. Le béton est grand
consommateur de ciment et d’agrégats. En 1978, 25% des
logements sont construits selon les technologies
industrialisés. La préfabrication peut être ouverte ou
fermée, légère ou lourde, totale ou partielle, dans le sens
où les éléments sont fabriqués en usine fixe ou ambulante,
et assemblés sur chantier.

• Constructions traditionnelles ordinaires


• Constructions en procédés mécanique complétées par la maçonnerie
• Constructions en procédés mécanique complétées par la préfabrication
• Construction en préfabrication totale

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Pour quel modèle opter?
De tout l’héritage des périodes
antérieures à l’indépendance, ce
sont les logements construits
durant le Plan de Constantine qui
servent de modèle et qui sont
repris avec toutefois une nette
amélioration des surfaces et du
confort.
Le gourbi (maison du paysan), la
maison médinoise et la maison
berbère (kabyle, Chaouia ou
mozabite) ou les ksour du sud sont
rejetés car ils sont le symbole d’un
archaïsme que le pouvoir en place
veut gommer. Le même sort est
réservé aux logements pour
musulmans réalisés avant 1958
dont l’expérience est tout
simplement occultée.
La cité El Miniawy, une réactualisation La ZHUN Yaghmouracen, Oran
du patrimoine soufi

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4. L’habitat individuel: réponse au désengagement de l'Etat

Malgré ces différents programmes d'habitat, le


parc immobilier restait insuffisant. Dans les années
80, après les années du boom pétrolier, face à
l'endettement, la situation sécuritaire et la
récession économique, le "Tout-Etat" fait place à
l'initiative privée.
Depuis, la politique de l’habitat collectif est
relayée par une part de la population pour alléger
les programmes étatiques de construction de
logements; il s'agit de la construction de villas dans
les lotissements, autoconstruit et l'autoproduit

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Le lotissement
L’option lotissement visait, en fait à utiliser et rentabiliser au maximum des potentialités individuelles privées qui tout
en accédant à la propriété d’un logement contribuaient en même temps et efficacement au processus de résorption de
la crise d’habitat. Les lotissements résultent donc de la division d’une grande propriété en petites parcelles, destinées à
des habitations, surtout individuelles.

Habitation en Lotissement (Touggourt) Immeuble familial intégré


Habitation urbaine à Ouargla au commerce, Tadjenanet

Par le biais de la commune qui lotit (viabilisation) des terrains et vend les lots aux
particuliers, le secteur privé est mis à contribution dans la production de
groupement d’habitat individuel. Ce mode de production, (d’origine anglo-
saxonne) s’est souvent accompagné de carences en équipements. C’est pourquoi,
dans tout les pays, des législations rigoureuses sont imposées, aujourd’hui aux
lotisseurs, puisque le lotissement devient une mini-opération d’urbanisme.
Lotissement Ain Melouk, Biskra

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Les conséquences de la politique du lotissement
▪ Une forte consommation de l’espace
▪ Une qualité architecturale médiocre

mutations des façades des ex-immeubles


résidentiels, "Doubaï, ’El Eulma

Maisons individuelles à Hamma. Bouziane

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Les matériaux utilisés pour les
façades sont variés : du crépi
banal au marbre en passant
Oran
par la brique grise ou rouge. Il y
a même des maisons avec des
tours genre donjons!
Lotissement l’Eucalyptus, contantine

Bab Djdid

Façade urbaine du lotissement «Frères Ferrad»

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Nous remarquons que dans toutes les opérations à
caractère privé (spontané ou lotissement), il existe
une recherche des modèles décoratifs : éléments de
béton moulé comme :
▪ Claustras
▪ Pièces de couronnement de corniche
▪ Colonnettes torsadées
▪ Arcades lobées
▪ Carreaux décorés
Lotissement type villa à El Oued

Lotissement type villa à Ouargla Apparition du balcon en façade, Touggourt

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Habitat illicite (informel, spontané ou non planifié)
Les quartiers spontanés sont réalisés en auto construction sur des parcelles parfois très petites, peu ou
pas du tout viabilisées et hors des normes réglementaires mais en dur, et souvent sur plusieurs étapes.
Par analogie au « bidonvilles » ces « parpaings villes » définissent des ensembles jamais achevés, qui
occupent des terrains marginaux aux portes des villes, de petites maisons cubiques et toutes
différentes les unes des autres. Ces quartiers abritent par excellence les populations aux revenues
modestes (employés, petits commerçants, artisans, et émigrés).

Bâtis entièrement sur l’initiative privée et de manière illégale ;


depuis la conception générale du quartier, la largeur des rues,
des façades jusqu’à l’architecture intérieure. Les habitants étant
en majorité des ruraux, leurs connaissances urbanistiques, sont
celles qu’ils lisent dans la conception de leur village d’origine.
C’est pourquoi nous y retrouvons les rues étroites et tortueuses
qui caractérise nos villages et nos médinas, et l’absence de
formes géométriques claires.
quartier Bougdene, Tlemcen

Quartier auto construit à Kaïs L’autoproduit à El Oued L’autoproduit, Benchergui, Constantine

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Habitat illicite: intermédiaire entre bidonvilles et les lotissements
Les quartiers illicites se situent donc à l’intermédiaire entre bidonvilles et les lotissements communaux. La morphologie
du bâti se caractérise par une synthèse que l’occupant fait entre l’appropriation traditionnelle de l’espace (cour, skiffa,
terrasse) et les nouvelles pratiques à l’occidentale (ouverture sur l’extérieur, balcon, couloir, garage au R.D.C).

Oran

Les plus anciens reproduisent l’espace médinois, alors


que les plus récents sont plus aérés du fait de
l’introduction de la voirie mécanique à l’intérieur des
quartiers. En fait La nouvelle maison de plusieurs étages
en béton armé est synonyme de réussite sociale.
Bekira, Constantine

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Le type "Diar Charpenti" : Une architecture de l'importation

Les "Diar Charpenti": Un


amalgame d’architectures
aussi bien diverses que
variées (M’Sila)

Des toits typiques du monde


asiatique fleurissent partout

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Une extraversion affichée dans l’autoproduit,

Touggourt Ain-Mlila Auto construit , Ighil-Ali, Bejaia

cité des frères abbés, Constantine Ighil-Ali, Bejaia

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Les bidonvilles

Avec les bidonvilles, dont la naissance a


été favorisée par l’arrivée des ruraux à la
recherche de travail, les quartiers
spontanés sont devenus des réalités dans
les grandes villes, la résolution ne peut
aboutir qu’avec des politiques
d’urbanisation ambitieuses.

Bardo, Constantine, 1982

les bidonvilles sont des agglomérations


sommaires réalisées à partir de
matériaux de récupération (bidons,
tôles, etc.) et dont les habitants vivent
dans des conditions difficiles.

Le bidonville de Coca, Oran

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Bidonville du Gué de Constantine, Alger
Le terme bidonville, spécifique aux pays
d’Afrique francophone, est apparu à Casablanca
(Maroc) dans les années 1920 pour désigner les
baraques et les constructions réalisées à l’aide
de bidons et de matériaux de récupération
Une terminologie variée à travers le monde:
• les Favelas au Brésil,
• les Invasiones ou Barrios populares en Colombie,
• les Villas miserias en Argentine,
• les Pueblos jóvenes au Pérou,
• les Achwaiya en Egypte

La définition officielle de ONU-Habitat (2002)


« un bidonville est une zone d’habitation contigüe
où les habitants sont dotés de logements et de
services de base insuffisants »

Le bidonville constitue un extraordinaire


instrument de stabilisation au moment
du passage de la compagne à la ville.

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Villages socialistes agricoles (VSA), 1973-1974
La construction de 1000 "villages socialistes" dans le cadre de la révolution agraire a été lancé dans
le but d'améliorer les conditions de vie dans les zones rurales.; seulement 400 ont été réalisés.

Village socialiste agricole Emir Abdelkader le village de Boubernas, SBA, 1976

Définition du projet

Vue sur les maisons du village


socialiste de Azzaba Lotfi

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Les villages socialistes: un terrain pour une double mutation

VSA Belghimouze, Jijel

Les villages socialistes agricoles ont constitué une double mutation :


▪ de l’habitat dispersé à l’habitat regroupé (la notion de mechta a disparu),
▪ d’un espace rural à un espace urbanisé. Ils sont venus structurer la trame rurale dans les régions de tradition
agropastorale où l’habitat était à forte dominante éparse.
Cependant, la maison, élément de l’exploitation agricole, se réduit au rôle de logement (tout court). Le cheptel
familial disparaît, et l’intimité violée du fait de la mitoyenneté, alors que plusieurs signes d’urbanité font leur
apparition (port de voile, télévision, commerces de tout genre, et anonymat) (D. Lesbet, 1983).
Ce sont de véritables « villes à la campagne » dotées d’équipements et de services de types citadin, organisées selon
des plans rigides de lotissements, et habitées par des attributaires non ruraux. Ces villages sont des éléments réels
d’urbanisation des campagnes. Leur création facilite l’implantation d’équipements collectifs socioculturels et stimule
l’organisation collective de la vie sociale en milieu rural.

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L’architecture des logements des villages socialistes : du rural à l’urbain

Fellaoucene, Oran Belacel Bouzagza, Relizane Aurès El Meida, Ain Témouchent

Les maisons d’origine (non ou peu modifiées)

Rapport à la parcelle du bâti des logements

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Sur quel modèle ont-ils été réalisés?

Mahvouva (Tizi Ouzou)

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Village Agricole Abadla, Béchar, 1980 (Ricardo Bofill)
Une réinterprétation du modèle traditionnel

La composition du noyau urbain sur la base de la


combinaison de logements unifamiliaux offrait des
possibilités infinies,

Les formes géométriques choisies, issues des traditions arabe et méditerranéenne, ont permis de constituer un premier groupe de deux ou
trois habitations disposées autour d’une cour pour composer un bloc. Un regroupement de plusieurs blocs composait un quartier et plusieurs
quartiers, une ville, la proportion d'espaces construits ouvrant sur des espaces publics restant constante. Une grande place centrale, comme
dans toutes les villes arabes, sert de marché, de lieu de rencontre, de lieu de fête, de spectacle et d’axe vital qui articule le village.

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Que sont devenus les villages socialistes?

L'ex village socialiste de Belghimouze, Jijel entre hier et aujourd’hui

village socialiste Timouni, Sidi Bel abbès, 1977

Le cas des villages socialistes, des nouveaux centres de vie et des villes nouvelles. L’exode rural, le
développement de l’industrie et de l’habitat sur les terres agricoles, la forte proportion de ruraux
dans les villes, ont largement montré l’interpénétration de la ville et de la campagne, qui ne forme
plus qu’un même « continuum »économique, dont il faudra assurer progressivement l’intégration.

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Politique des nouvelles villes

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Villes nouvelles: concept et répartition spatiale

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Ville nouvelle: Ali Medjeli, 1998, (300 000 hab.)

Les villes nouvelles ont été envisagées comme un moyen, à la fois, pour assurer
une meilleure répartition des populations sur le territoire et comme un levier
pouvant stimuler l’activité économique. Pas moins de 26 villes nouvelles ont été
retenues par les décideurs au milieu des années 1990, certaines n’ont toujours
pas vu le jour d’autres n’ont été que de simple Zone d’habitat Urbaine
Nouvelle3(ZHUN) à l’instar de Ali Mendjeli

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Ville Nouvelle de Sidi Abdellah, Alger (200 000 hab.)

Avec 2.000 ha, elle se veut à l'image de Silicon


Valley (E-U). Cyber parc, Cité des chercheurs,
Cité de la médecine, bâtiments intelligents,
immeubles d’habitations futuristes, pôle
technologique sont, entre autres, les projets qui
feront d’elle la ville du futur.
Le pôle biotechnologique

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Pôle Universitaire Sidi Abadallah
1er prix concours international - Architectes :
Mourad M'barek- Olfa Houki - Nizar Guenichi -
Houssem Benhassine . Bureau d'études ; Sapcot
Afrique et International Global Consulting

Rectorat du Pôle Universitaire Sidi Abadallah

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Une utopie qui se transforme en « cités-dortoirs »

L’immeuble multi locataire du Cyber-parc de Sidi Abdellah

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Ville nouvelle de Boughezoul, Médéa, 400 000 hbts

Dans le domaine de la recherche, la nouvelle ville


comprendra quatre espaces de recherche, des
instituts dédiés à l’agro-écologie, aux énergies
nouvelles et renouvelables, à la gestion des
déchets et à l’efficience énergétique dans le
bâtiment. Ainsi pensée, la nouvelle ville de
Boughezoul sera un modèle de ville moderne,
écologique et attractive.

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Ville nouvelle de Bouinan, Blida, 2006 (150 000hab., stade de maquette)

Plan directeur de Bouinan

future APC de Bouinan

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Ville nouvelle Hassi Messaoud, 2004 : vers la smart city? (80 000 hab)

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Ville nouvelle d’El Menea, 2013 (50 000 hab)

un pole d'excellence touristique


et une base de développement
d'une agriculture durable

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Equipements de prestiges : à la recherche d'une architecture contemporaine maghrébine
La position de l’Algérie carrefour de l’Orient et de l’Occident et suffisamment traduite
dans notre culture.
L'Algérie fait appel aux grands noms connus et réputés pour concevoir et réaliser ses
universités et les équipements majeurs.
Le projet de mosquée réclame presque de droit le modèle oriental. Celui d’une ville ou
d’un immeuble quelconque par contre, se veut occidental.

Par ailleurs les projets « exceptionnels » fortement imposant, donc potentiellement


imbibés d’une exaltante intention individualisante sont, non par hasard, confiés à
l’architecture occidentale (manque de confiance dans sa propre culture).

On a refusé à Oscar Niemeyer de réaliser la grande


mosquée d’Alger sous prétexte de son infaisabilité
dans la baie d’Alger : en somme la mosquée, produit
oriental ne peut être proposée par un occidental.
En revanche, le Ministère des affaires étrangères, le
Palais de culture, le Complexe Riad El Fath,
trouveraient leur modèle « pharaonique » dans le
mariage des deux cultures occidentale et locale .
la grande mosquée d’Alger (Oscar Niemeyer)

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Palais des Nations, Club des Pins, (début des années 60)

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La foire d'Alger, 1964 (architecte chinois)

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hôtel d'El Oued, 1966 (G. Gottin-Auziol)

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Université de Constantine, 1969 (O.Nimeyer)
particulière par sa démarche formaliste privilégiant
le tallent artistique sculptural à l'usage, et à la
démographie d'un pays neuf.

Vue générale Esquisses

Vue sur l’auditorium et l’un des


Bloc des lettres
bassins
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Les grands ensembles touristiques : Tipaza, Seraidi, Timimoune …(F. Pouillon )

hôtel El-Mountazah, Seraidi, 1967 hôtel El Marsa, Sidi-Fredj, 1968

complexes touristiques, Tipaza, 1968 hôtel Gourara, Timimoun, 1972

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Université d'Oran Es-Senia, 1961

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Complexe islamique d'Alger, 1972 (Bouchama A.)

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Université d’Annaba, 1975, (Zwrifel, seriddler & Partners Zurich)

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Université technologique d’Oran, 1977, Kenzo Tange

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Stade olympique, 1964-1972, Sandor Azbej & laszlo Manyoki (Hongrie)

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Stade Olympique 5 juillet, Alger, 1972 (Sandor Azbej & Larzlo Marybi)

(architecte hongrois)
un projet parallèle d’agrandissement du stade avec la création de nouvelles tribunes et la mise en
place d’une couverture pour l’ensemble du stade. la couverture de l’enceinte a été conçue en
commun par Elioth et ATSP.

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La Coupole (salle omnisports), 1972, O. Niemeyer

Salle Omnisports : Coupe, Portée : 96.m, Flèche : 17.m

Coupe sur la Coupole : Record du Monde 1973

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Université Houari Boumédienne, Bab ezzouar, 1974 (Oscar Niemeyer)

symbolisée par la Menorah

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Hotel Aurassi, 1975, (architecte italien Luigi Moretti)

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Salle Omnisport Harcha,1975, (Henry- Baudot et Bouchama)

Détruite par un incendie en 2001

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Mosquée El Emir Abdelkader, Constantine, 1976 (Mustapha Moussa)

une superficie de 12 ha ; deux minarets


de 107m de haut ; la salle de prière
dominée par une coupole s’élevant à 64
m de haut. Le dallage de marbre
polychromé ; la décoration d’ensemble
en pierre artificielle (mélange de ciment
blanc et de la poudre de marbre
ajoutée à l’onyx des carrières de Aïn
Smara) qui est sculptée et peinte.

Portique d'entrée Moucharabieh en bois

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Musée de l’armée, Riadh el Fath, Alger, 1982 (Si Fodil Hocine)

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Complexe Riadh El Feth, Alger,1985, (Lavalin, bureau d'études canadien)

Maqam Echahid: à 90m de hauteur (sculpteur polonais d’après l’idée de Bachi Yelles,
peintre)) dominant l'esplanade Riadh el Fath. Les trois palmes représentent les 3
révolutions de l'Algérie; armée, agraire et culturelle
Ensemble culturel et commercial. Il comprend une salle de spectacle, une bibliothèque, le
musée de l'armée, le musée du Djihad, 360 commerces, le village des artisans. le site de Riadh
El Fath est une récupération des terrains des bidonvilles et cité de recasement de 1940 et1956.

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Les bâtiments scolaires

CEM, Hussein Dey

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Cité universitaire 11 Novembre 1971, Constantine, (Pouillon)

Cité Universitaire Pouillon, Constantine Entrée du Pavillon

A Constantine, Pouillon conçut la cité U qui porta longtemps son nom (aujourd’hui Mentouri). Cet équipement résume à lui seul le savoir-
faire de l’architecte.
L’échelle, l’intériorité et l’artisanat viennent enchanter les itinéraires labyrinthiques.
Dans son interprétation de l’architecture algérienne, Pouillon n’avait pas manqué de faire appel à la touche artisanale. Dans ce sens c’est un
visionnaire, car la pratique artisanale constituait un registre primordial dans la construction…..Aujourd’hui, elle s’est éteinte dans l’oubli….

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Cité universitaire Aïcha, Constantine, Kenzo Tange

Exemple d’effet d’auvent ; les étages en encorbellement

fenêtres latérales offrant des séquences paysagères vivifiantes

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Aérogare de Maison-Blanche, 1957

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Palais de la culture, Alger, 1984, Bachir Yelles

Un monument historique reflétant toute la beauté et la sobriété de l'art islamique

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Quels constats ?
Le premier constat qui a pu être dégagé de cette forme d’urbanisation « d’urgence » est:
- la croissance spatiale démesurée des villes. La taille des ZHUN ou lotissements, trop importante (100 ha en
moyenne) par rapport à l’importance de la ville mère, donne lieu à la création de véritables villes nouvelles
greffées au tissu existant et sans rapport avec lui (le cas de M’Sila, Batna, Tiaret, Annaba, Blida, sont
significatifs à cet égard)
- M’Sila comptait 29 000 hab. en 1977 ; les ZHUN et lotissements crées offrent une capacité de 16 000
logements, soit une population appelée à les occuper de 110 000 hab.

Ces extensions urbaines démesurées ont pour effets négatifs de :


• s’opérer sur des terres à vocation agricole (Constantine, Tizi Ouzou, Oran, Skikda, Tlemcen)
• induire des frais de viabilisation extrêmement élevés (longueur des réseaux à réaliser).
-Le second constat est la non intégration des ces nouveaux sites d’urbanisation (ZHUN, lotissement ou habitat
illicite) aux tissus urbains existants ; ils ont constitué de véritables greffes aux tissus anciens sans intégration
architecturale ou fonctionnelle.
Le troisième constat consiste en la monofoncionalité de ces zones ; c’est à de véritables cités-dortoirs qu’il a été
donné naissance, dépourvues de tout équipement d’accompagnement (ou réalisé en retard)

-Le quatrième constat, a trait à une occupation irrationnelle et non conforme aux études élaborées malgré
l’existence du Plan d’Aménagement. Les considérations d’ordre économique et de profit dans l’entreprise, ont pris
le pas sur une urbanisation rationnelle.

Cet habitat, qui est aussi bien monotone qu’anonyme (cité des 850 logts par exemple), se caractérise par des
espaces non aménagés, absence des espaces verts et surtout, socialement, par l’aspect hétérogène de la
population (origines diverses).

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Aujourd'hui, ils s'étalent largement :
les médinas, longtemps fierté des vieilles familles citadines, ont été largement désertées par elles,
colonisées par les ruraux, densifiées, négligées par les pouvoirs publics. Leur état de dégradation
physique est à l'image de la pauvreté des locataires qui y habitent.
les anciens quartiers européens ont été récupérés progressivement par les catégories aisées de la
population qui se le sont réappropriées, à moins qu'elles n'aient été construire des villas dans les
lotissements que chaque commune a ouvert à ses portes depuis les années 80. Là, se juxtaposent
des blauckhus de 3 ou 4 niveaux, aux architectures composites, où s'étalent les fortunes des
nouveaux riches.

Jusqu'au début des années 1980, le manque d'encadrement poussa les autorités algériennes à
faire appel aux bureaux d'études étrangers et à leur méthode de travail et d'organisation.
- l'Etat, initiateur du développement urbain, s'est fait également constructeur et a
réalisé dans toutes les villes de grands ensembles, relativement uniformes (deux montées
d'escaliers et 5 niveaux), qui ne doivent un minimum de variété qu'aux différentes entreprises qui
les ont réalisés. Ils abritent les catégories nombreuses de serviteurs de l'Etat (employés, cadres,
enseignants, etc.)
- enfin, les catégories populaires ont développé au cours des dernières décennies, un
habitat autoconstruit, en dur, réalisé avec une grande économie de moyens : terrains marginaux
de la ville, architecture sans architectes, participation de la force de travail familial, réalisation
étalée dans le temps.

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L’unité nationale par l’architecture
En Algérie, si nous regardons nos périphéries, que ce soit au Nord, au Sud, à l‘Est ou à
l’Ouest, nous pouvons affirmer que nous avons réalisé notre unité nationale.
En effet, en traversant le territoire national, on n’a aucunement l’impression d’avoir
voyagé, tout le paysage urbain est le même partout à l’exception des anciennes
médinas et des centres du 19ème et début du 20ème siècle qui ont,
incontestablement, un caractère contextuel.
Sur toutes nos périphéries qui sont souvent beaucoup plus importantes que les centres
qu’elles enserrent, deux modèles se font la guerre :
- Les opérations publiques qui implantent les mêmes habitats collectifs, au
Nord comme au Sud, en plaine comme en montagne.
- Le deuxième modèle, peut-être appelés les quartiers de « Villas » ou pour
être plus juste, les quartiers en autoconstruction, qui expriment l’angoisse d’un
tiraillement entre l’ancien et le nouveau, entre l’authenticité et l’efficacité, un
compromis entre l’individuel et le communautaire ("l'immeuble familial" de 4 étages et
de combien d’appartements ?).
Ces quartiers, dont le caractère est inachevé sur tout le territoire, expriment l’angoisse
d’un projet de société en transition, ce que Viollet–Le-Duc appelle « la recherche d’un
mieux ignoré », mais expriment certainement aussi un véritable besoin d’architecture,
en donnant tort à la production publique, à la production d’architectes.

-
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Conclusion

La ville maghrébine traditionnelle comportait des différences sociales et des


cloisonnements ethniques (quartiers juifs, quartiers des noirs…), mais les masquait derrière
un urbanisme sobre et des façades austères.
La ville actuelle est au contraire toute en contrastes, elle constitue une mosaïque urbaine.
Elle oppose les néo-citadins, campant aux portes de la ville et conservant certains
comportements ruraux, aux vieilles familles citadines; les "Beldis" qui disposent d'une
culture et d'un code urbains.
Mais elle oppose également les nouvelles bourgeoisies enrichies dans le commerce ou les
entreprises publiques. Les classes moyennes sont montées en force durant 20 ans et
connaissent aujourd'hui les contrecoups de la récession, et les catégories populaires
démunies se sentent exclues de la ville comme elles sont exclues des retombées du
développement.
C'est dans la ville que tous les contrastes sociaux s'exacerbent, ils ont leur traduction
directe dans le paysage urbain. Ils ont, pendant un temps, été masqués par l'irruption
brutale des catégories pauvres dans les logements vacants laissées par le départ des
européens, un autre temps, ils ont été contenus par la politique d'austérité et
d'égalitarisme en vigueur sous le régime socialiste. Les mêmes recherches d'économie et
de systématisation furent prolongées après l'indépendance. Elles se basaient sur
l'industrialisation et l'utilisation des modèles-types.

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