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– Cours 1 –
Chapitre 1 : Période 1962 – 1990 (1/2)
La période post-coloniale
Dr. Bencherif M.
Faculté d’architecture et d’urbanisme
meriama60@yahoo.fr
Etudiants concernés
Faculté/Institut Département Niveau Spécialité
Constantine : vue aérienne de Bellevue. En avant-plan la citée Laloum au Camp des Oliviers.
Université Constantine 3 6
2. La crise du bâti en Algérie : un malaise partagé
« Jamais ils (les hommes) n’ont eu à choisir entre tant de formes diverses, contradictoires,
mutuellement exclusives… » (M. Mammeri, 1986).
La ville est donc semblable à une mosaïque où il y a autant d’acteurs de la construction que de
politique autant de modes d’appropriation de l’espace que nous avons du mal à rassembler et à
unifier. Ce sont des espaces éclatés à l’image de la société qu’il abrite.
En matière d’habitat, le secteur a été planifié ; l’installation de toute une industrie a été placée
directement au service de l’habitat : production de matériaux de construction jusqu’à celle des
appareils sanitaires en passant par les industries de préfabrication de logements à la production de
Dumper grues.
C’est durant les années 1970 et essentiellement à travers les ZHUN que s’enclenche en Algérie indépendante la
construction en masse de logements collectifs. Le parc vacant en 1962 est considéré comme suffisant et fait
reléguer cette question au second plan. Les manifestations de la crise de logements ne se font réellement
sentir et à des degrés différents selon les villes qu’à la fin des années 1960.
Il faut attendre 1970 pour que soient relancés les travaux interrompus par la fin de la
guerre, l’industrialisation lourde provoque un afflux de la population sans pour autant
qu’il y ait une structure d’accueil suffisante, d’où le déséquilibre entre l’emploi et le
logement.
Il était urgent d'assurer la réalisation de 100 000 logements par an afin d'éradiquer
l'habitat précaire et insalubre, de renouveler le parc immobilier existant et reconstruire
l'habitat détruit par la guerre.
Cet objectif n'a pas été retenu; la priorité accordée au développement de l'industrie
rendait difficile tout effort important en matière de production de logement. Cependant,
cette première décennie a été consacrée aux besoins sociaux.
Pour absorber le retard accumulé et le déficit : les logements existants se densifient, les
grands ensembles, les lotissements plus à l’écart mais très étendus, constitués de villas
aisées où s’affrontent tous les volumes architecturaux et tous les styles, enfin les quartiers
spontanés (illicites) et les bidonvilles prolifèrent ; de la pauvre baraque en tôle ondulée
jusqu’aux petites maisons de briques ou parpaings.
D’une façon générale, les opérations importantes ont été réalisées par des bureaux
d’études étrangers choisis, soit sur leur réputation, soit sur leurs références et leur
apparente efficacité, soit à la suite d’accords politiques et économiques entre nations.
Ainsi, la plupart des études et projets sont faits par des architectes étrangers qui
connaissent mal le pays, ses besoins et ses caractéristiques.
La procédure des Z.H.U.N a été définie par la circulaire ministérielle du 19 février 1975, obligatoire pour toutes les
zones d’habitats de plus de 1000 logements (jusqu’à 5000 logements) en zone urbaine et entre 400 et 1000
logements en zone rurale. Elles parsèment tout le territoire jusqu’aux plus petites villes.
Le maître d’ouvrage est la municipalité ou le ministre, le maître d’œuvre la C.A.D.A.T. l’architecture de détail est
laissé aux soins des entreprises de réalisation.
Ce modèle de planification choisi par l’Algérie a poussé à considérer « hors-la-loi » toute initiative du secteur privé. Cet
interdit n’a pas empêché les constructions privées de proliférer tout de même dans une anarchie qui est due à
l’illégalité de leur statut.
Les conséquences de ces urbanisations nouvelles :
▪ Extension urbaine démesurée, au détriment des terres agricoles et aux frais de viabilisation extrêmement élevée
(VRD)
▪ Non intégration de ces nouveaux sites d’urbanisation aux tissus urbains existants (greffes aux tissus anciens
sans intégration architecturale et fonctionnelle)
▪ Monofonctionnalité de ces zones ; cités dortoirs dépourvues de tout équipements d’accompagnement
▪ Occupation irrationnelle ou non conforme aux études élaborées : saupoudrage d’ensemble de logements avec
procédés différents disposés sans aucun plan d’ensemble
▪ une nouvelle stratégie de l'habitat a été adoptée en 1996. Cette réforme fait participer les banques et les
acquéreurs au financement du logement (promotionnel, ADL, participatif, etc...) qui était du ressort exclusif de
l'Etat. Ce dernier se désiste totalement de la réalisation au profit des promoteurs privés. Négligence des acquis
technologiques, manque de coordination entre différents intervenants, mauvaise qualité des constructions, sont
autant d'éléments qui caractérisent la production du logement collectif
Cité 600, ZHUN, M’Sila ZHUN Dar El beïda, Oran ZHUN Ihadaden, Bejaia
cité des 726 logements, M’Sila Logement OPGI, Haï Sabah, Oran
Z.H.U.N (800 lgts), Mérouana
La Z.H.U.N se présente avec tous ses équipements et services. Une Z.H.U.N de 5000 logements implantée
aux portes d’une ville moyenne comme M’Sila ou Laghouat double presque la taille de l’agglomération,
assure un niveau de services qui profite également au tissu ancien et transforme radicalement la ville.
Aussi nous les retrouvons partout identiques, des petites agglomérations jusqu’aux métropoles.
Façades de logements LSP (OPGI), El Eulma Logts AADL, Alger Continuité urbaine; façade de la promotion 64 logts
et de coopérative « Dubaï » El eulma
Université Constantine 3 © Dr Bencherif M. 14
Z.H.U.N: Uniformité et monotonie
Tout comme les technocrates du Plan de Constantine prétextaient l’urgence et l’économie pour faire imposer leur
paradigme, les décideurs font de même pour les ZHUN : Industrialisation de la construction, cellules-type, façades
répétitives et monotones, plans de masses (chemin de grue) abolissant la rue et banalisant l’espace public, le
traitement de la façade est identique ce qui rend l’orientation difficile, c’est ce qui caractérise les ZHUN qui ont
marqué et qui marquent toujours le paysage urbain algérien.
Par le biais de la commune qui lotit (viabilisation) des terrains et vend les lots aux
particuliers, le secteur privé est mis à contribution dans la production de
groupement d’habitat individuel. Ce mode de production, (d’origine anglo-
saxonne) s’est souvent accompagné de carences en équipements. C’est pourquoi,
dans tout les pays, des législations rigoureuses sont imposées, aujourd’hui aux
lotisseurs, puisque le lotissement devient une mini-opération d’urbanisme.
Lotissement Ain Melouk, Biskra
Bab Djdid
Oran
Définition du projet
Les formes géométriques choisies, issues des traditions arabe et méditerranéenne, ont permis de constituer un premier groupe de deux ou
trois habitations disposées autour d’une cour pour composer un bloc. Un regroupement de plusieurs blocs composait un quartier et plusieurs
quartiers, une ville, la proportion d'espaces construits ouvrant sur des espaces publics restant constante. Une grande place centrale, comme
dans toutes les villes arabes, sert de marché, de lieu de rencontre, de lieu de fête, de spectacle et d’axe vital qui articule le village.
Le cas des villages socialistes, des nouveaux centres de vie et des villes nouvelles. L’exode rural, le
développement de l’industrie et de l’habitat sur les terres agricoles, la forte proportion de ruraux
dans les villes, ont largement montré l’interpénétration de la ville et de la campagne, qui ne forme
plus qu’un même « continuum »économique, dont il faudra assurer progressivement l’intégration.
Les villes nouvelles ont été envisagées comme un moyen, à la fois, pour assurer
une meilleure répartition des populations sur le territoire et comme un levier
pouvant stimuler l’activité économique. Pas moins de 26 villes nouvelles ont été
retenues par les décideurs au milieu des années 1990, certaines n’ont toujours
pas vu le jour d’autres n’ont été que de simple Zone d’habitat Urbaine
Nouvelle3(ZHUN) à l’instar de Ali Mendjeli
(architecte hongrois)
un projet parallèle d’agrandissement du stade avec la création de nouvelles tribunes et la mise en
place d’une couverture pour l’ensemble du stade. la couverture de l’enceinte a été conçue en
commun par Elioth et ATSP.
Maqam Echahid: à 90m de hauteur (sculpteur polonais d’après l’idée de Bachi Yelles,
peintre)) dominant l'esplanade Riadh el Fath. Les trois palmes représentent les 3
révolutions de l'Algérie; armée, agraire et culturelle
Ensemble culturel et commercial. Il comprend une salle de spectacle, une bibliothèque, le
musée de l'armée, le musée du Djihad, 360 commerces, le village des artisans. le site de Riadh
El Fath est une récupération des terrains des bidonvilles et cité de recasement de 1940 et1956.
A Constantine, Pouillon conçut la cité U qui porta longtemps son nom (aujourd’hui Mentouri). Cet équipement résume à lui seul le savoir-
faire de l’architecte.
L’échelle, l’intériorité et l’artisanat viennent enchanter les itinéraires labyrinthiques.
Dans son interprétation de l’architecture algérienne, Pouillon n’avait pas manqué de faire appel à la touche artisanale. Dans ce sens c’est un
visionnaire, car la pratique artisanale constituait un registre primordial dans la construction…..Aujourd’hui, elle s’est éteinte dans l’oubli….
-Le quatrième constat, a trait à une occupation irrationnelle et non conforme aux études élaborées malgré
l’existence du Plan d’Aménagement. Les considérations d’ordre économique et de profit dans l’entreprise, ont pris
le pas sur une urbanisation rationnelle.
Cet habitat, qui est aussi bien monotone qu’anonyme (cité des 850 logts par exemple), se caractérise par des
espaces non aménagés, absence des espaces verts et surtout, socialement, par l’aspect hétérogène de la
population (origines diverses).
Jusqu'au début des années 1980, le manque d'encadrement poussa les autorités algériennes à
faire appel aux bureaux d'études étrangers et à leur méthode de travail et d'organisation.
- l'Etat, initiateur du développement urbain, s'est fait également constructeur et a
réalisé dans toutes les villes de grands ensembles, relativement uniformes (deux montées
d'escaliers et 5 niveaux), qui ne doivent un minimum de variété qu'aux différentes entreprises qui
les ont réalisés. Ils abritent les catégories nombreuses de serviteurs de l'Etat (employés, cadres,
enseignants, etc.)
- enfin, les catégories populaires ont développé au cours des dernières décennies, un
habitat autoconstruit, en dur, réalisé avec une grande économie de moyens : terrains marginaux
de la ville, architecture sans architectes, participation de la force de travail familial, réalisation
étalée dans le temps.
-
Université Constantine 3 © Dr Bencherif M. 74
Conclusion