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Dr. Bencherif M.
Faculté d’architecture et d’urbanisme
meriama60@yahoo.fr
Dr. Bencherif M.
Faculté d’architecture et d’urbanisme
meriama60@yahoo.fr
Etudiants concernés
Faculté/Institut Département Niveau Spécialité
ICOMOS : Charte nationale pour la sauvegarde des villes historiques, octobre 1987
Face aux problèmes actuels liés à l’environnement, les futurs architectes ont
plutôt intérêt à élargir leur champ de connaissance en commençant par assimiler
les précieux enseignements dont regorgent les réalisations vernaculaires du
monde. Des solutions simples et peu onéreuses qui répondent de façon efficace à
des problèmes liés à des contextes variés.
Cette trilogie rappelle le concept de développement durable dont les piliers sont : «
l'équité sociale, la préservation de l'environnement et l'efficacité économique »
(Fréderic Aubry )
Mettre en évidence les types d’habitat existants en Algérie dans différents contextes,
c’est donner une idée sur la diversité des établissements humains en ce pays
«L’architecture vernaculaire
intègre des savoir-faire et des
modèles transmis d’une
génération à l’autre et elle
évolue en fonction des besoins
nouveaux tout en assimilant les
influences extérieures »
On peut distinguer :
les demeures mobiles (nomades) des demeures fixes (sédentaires)
de l’urbain du rural qui repose tant sur le nombre d’individus et leur localisation
que sur les activités
Dans l’espace méditerranéen comme en Algérie, les gestes des sociétés
précédentes sont gravés; « l’espace est la résultante et le produit des activités
sociales » ( H. Lefebvre, 1981). Ces populations sont rattachées à la terre, à
l’agriculture et à l’élevage, à la vie en communauté, au partenariat et à l’entraide,
cela s’est reflété sur la production de type de figures au niveau du territoire rural
selon les typologie suivantes :
Villages diffus: où les habitations sont de type isolées ou associées à un petit nombre
d’habitations, fréquentes sur les zones moins montagneuses, liées par des forces
d’organisation tribales avec un règlement de production et de propriété générant une
forme différente d’étalement dans le paysage, impliquant des relations d’obligation et de
devoirs auprès de ses voisins, plus ou moins lointains ».
En Algérie, ce type de regroupement, appelé mechtas, est installées dans les hautes plaines
ou les vastes espaces ouverts. Ces communautés différentes, établies tardivement, étaient
plus grandes mais moins homogènes et solidaires (M. Cote, 1993).
Université Constantine 3 8
Différentes configurations de l’habitat traditionnel
Les médinas sont bordées par des remparts qui seront percés de portes pour leur défense
L’emplacement des portes est fonction des données topographiques ou en direction d’autres villes
voisines et des jardins environnants, tandis
que l’emplacement des remparts est
conditionné par des données purement
démographiques.
Eléments structurants :
1. Rempart
Voies secondaires (Zkak) : à caractère semi-public. Ce sont des passages non couverts, de
dimensions moyennes qui pénètrent les quartiers et les tissus pour desservir les impasses et les
maisons.
Voies tertiaires : à caractère semi-privé. Il s’agit d’impasses (Derb, Drieb ou Driba) qui desservent un
ensemble de maisons appartenant souvent à une même tribu ou famille élargie.
Entrée en chicane (skifa) : Etant un seuil entre la maison (privée) et l’extérieur (Derb, Drieb, Driba…)
Le patio est entouré par des arcades supportées par des colonnes à fût cylindrique ou
cannelés en torsades, les chapiteaux à corbeilles simples, alors que les écoinçons sont
traités avec des carreaux de faïence polychromés.
Les soubassements des murs et les encadrements des baies (portes et fenêtres) sont
revêtus de carreaux de céramique aux motifs très variés ; de fleurs ou d’arabesques. Le
reste des murs recevaient un lait de chaux grasse parfois teinté de bleu ou de vert.
Skiffa: un vestibule en chicane précédé d’une Driba. Bit Es-Skifa ", réservée au
gardien dans les maisons riches, et qui peut accueillir, dans certains cas, quelques
invités non autorisés encore à pénétrer dans la maison (les hommes surtout).
Wast eddar : (milieu de la maison) une cour à ciel ouvert « patio », le seul endroit
où apparaissent des façades décorées. Espace polyvalent, en plus de l’air et de la
lumière, il permet le déroulement de toutes les activités domestiques puisque
l’unique fontaine (ou puit) s’y trouve.
Madjliss (Bit eddiaf) : au RDC, c’est l’une des chambres les plus larges où l’on
reçoit, le mur opposé à la porte est muni d’une alcôve «Qbou» (espace le plus
noble de la maison) sur laquelle sera posé un matelas pour les visiteurs. C’est une
simple niche ou enfoncement plus profond, ouvert d’une demi coupole (son nom
indique le système constructif plutôt que la fonction).
El-Mesrek: le sens littéral du terme "volé", c’est l’espace pris entre le rez-de-
chaussée et le premier étage. (entresol)
Saraya : la plus belle pièce de la maison qui occupe la plus grande longueur à
l’étage donnant sur la coursive « Sotha » et face à l’entrée, le mur possède un
qbou qui se prolonge aux deux extrémités par des « Maksourah », partie isolée du
reste, servant suivant le besoin, de chambre ou de débarras.
Lorsque la saraya, n’a pas de maksourah, elles est dotée de «Doukanna», une surélévation
qui sert de rangement (matelas, couvertures…) le jour et le soir de chambre ; en dessous
l’on récupère un espace de rangement « qalb doukanna ».
Lorsque la saraya donne sur la rue, son qbou s’ouvre sur l’extérieur par une
«Moucharabieh» et s’agrémente d’encorbellement (escalier renversé au-dessus de la rue
à Constantine et porte-à-faux armé de rondins de Thuyas à la Casbah d’Alger) qui rompt la
nudité de la façade (unique élément de la façade).
Ainsi, les rues si étroites, sont jalonnées par les encorbellements qui, ingénieusement,
récupèrent l’espace perdu de la rue au profit de la maison au premier niveau ; de cette
façon le piéton entre dans une obscurité d’une voûte.
Un seul endroit d’aisance « Bit El ma » existe dans la maison.
Vue d'intérieur et coupe d’un Kbou, Constantine Vue d’une satha (galerie)
Intérieur d’une Maison traditionnelle Bourgeoise Intérieur d’une Maison Populaire à Constantine
Dar Larguech
Dar Laouabdia
Chaque type de commerce ou d’artisanat est regroupé dans un même espace par corps de métier qui
transparaît souvent dans la désignation des noms des rues et des places : Rahbat essouf, El djazarin,
Ennadjarin, El attarin etc. dont la répartition des emplacements obéit à des impératifs techniques et
relationnels.
Constantine, quartier des Quartier des tanneurs, Fès Schéma d’organisation des activités
tanneurs, 1890 commerciales, Fès
Foundouks : système
de caravansérail qui
jalonnent les artères
principales.
Qissariya (Alger)
Exemple de la casbah de
Constantine constituée à
l’époque des Almohades et
restaurée par les Hafsides.
Bab el Fouka
Casbah de Bejaia
Université Constantine 3 © Dr Bencherif M. 52
Médinas en Algérie (1/4)
Médina de Mila
Tigzirth
Plan de Dellys
Des interprétations très variées ont été proposées pour expliquer un tel système
de voirie : climatiquement, le tracé tortueux des rues ménage des zones d’ombre,
coupe les vents qui soulèvent la poussière. Souci de sécurité en protégeant
l’intimité de la vie familiale
Typologie de Skifa
Eugène WIRTH : (géographe allemand) « Il n’y a pas véritablement une ville islamique »,
il y a des éléments caractéristiques dans cette ville, mais ce n’est pas l’islam qui les a
crées. Il pense que ces derniers sont insuffisants. Les éléments communs aux villes
antérieures à l’Islam (Mésopotamie ou Méditerranée) sont les suivants :
Dans les villes fondées, il a remarqué un tracé régulier (romain), le système de voirie, deux
types de rues ; les axes principaux reliant la porte au centre et aux quartiers, ainsi que les
ruelles et impasses qui se greffent aux axes, existaient dans les cités mésopotamiennes
(révélation des fouilles). Présence de la cour , dans tous les édifices, ce qui constitue le rupture
avec l’architecture antique. Quartiers bien délimités (groupes ethniques, religieux, sociaux), ce
cloisonnement des familles n’a rien d’original par rapport aux villes de l’Orient ancien.
Pour lui, le souk est l’unique innovation qu’apporte l’Islam. le souk est : « la grande
performance culturelle de la ville islamique »
E. WIRTH mit l’accent donc, sur l’originalité de la ville islamique qui résidait essentiellement
dans ses structures commerciales. : "les villes du Moyen-Orient se distinguent en particulier par
leur souk, quartier central des affaires… le souk est même la caractéristique et le signe distinctif
le plus frappant des villes de culture islamique" (E. WIRTH, 1982).
Cependant, ce qu’on lui reproche, c’est qu’il réduit la ville à des caractéristiques physiques sans
tirer de connaissances sur leurs significations ; il existe une manière de penser, de vivre et
d’utiliser un espace. En réponse au point de vue d’E. WIRTH, Dominique CHEVALIER rappelle
que la mosquée, aussi, n’a d’autre sens et fonction que les lieux de culte des autres civilisations.