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Les douze voiles, constituées de 3600 verres, ont été recouvertes en quinconce de filtres
colorés qui étaient à leur tour, ponctués à distances égales les uns des autres par des bandes
alternativement blanches et vides, axées perpendiculairement au sol. Les treize couleurs
retenues faisaient apparaître et disparaître des formes colorées toujours changeantes selon les
heures et les saisons. À travers un jeu de couleurs, de projections, de reflets, de transparences
et de contrastes, à la fois intérieur et extérieur, Daniel Buren offrait un nouveau regard sur le
bâtiment.
« Son œuvre répond magnifiquement à l’architecture dans la continuité d’un travail, initié dès
les années 1970, où se croisent couleurs, transparence et lumière. »
LIENS UTILES
http://www.veilhan-versailles.com/
http://www.veilhan.net/
Le coût de l’exposition s'est élevé à 2 millions d’euros, dont 1,4 million pour la
production des œuvres, le reste pour leur installation. La quasi-totalité du budget a été
assurée par le mécénat.
Le dossier de presse "Veilhan Versailles"
Xavier Veilhan est né en 1963 à Lyon. Ancien élève de Daniel Buren aux Arts
Décoratifs, il vit et travaille à Paris. Après des performances de rue, des pochettes de
disques, et un certain goût pour le noctambulisme parisien, son œuvre commence à
émerger au début des années 90 et il s'en détache progressivement un vocabulaire
formel bien particulier. Quelle que soit la technique qu'il emploie (sculpture,
peinture, installation, film ou spectacle vivant), toutes ses œuvres sont rassemblées
autour des notions de perception, d'histoire, de modernité et d'espace-temps.
Xavier Veilhan s'intéresse aux archétypes, qu'ils soient animaux (son Bestiaire
compte un rhinocéros, un lion, un requin, des pingouins, des chevaux, des ours, etc.);
humains (l'artiste revisite la conception de la statutaire traditionnelle au travers de
portraits stylisés); ou encore mécaniques (vélos, bateaux, automobiles, et le carrosse
de Versailles, bien entendu).
C'est cette sensation physique de la vitesse, du mouvement qui influe sur le regard, sur
la perception du monde qui intéresse Veilhan. Voilà pourquoi on l'associe souvent au
futurisme italien qui cherche à tout prix à représenter le mouvement du monde,
l'accélération des hommes et des choses avec le progrès. Dans une interview présente
sur le site d'Artcurial il explique : "J’aime la voiture, le bateau, le ski, le vélo, l’avion,
… en tant qu’outils permettant une vision différente, dynamique, et avec lequel le
regard est associé à une sensation physique."
Tout comme Koons et Murakami, Xavier Veilhan a totalement intégré dans son
processus artistique les mécanismes et les outils de production contemporaine. Il fait
appel à d'autres artistes (collaboration musicale avec Sébastien Tellier pour Furtivo
ou avec le groupe Air pour Aérolite), sous-traite certains segments de production de
ses œuvres à des entreprises spécialisées (dernière collaboration en date, un projet
commun de bâteau sculpture RAL 5015 avec le chantier naval de Frauscher). Veilhan
travaille de plus en plus à l'élaboration d'œuvres fonctionnelles, qui ne se contentent
pas de représenter ou de symboliser, mais qui ont leur utilité. Ce bâteau RAL 5015
fonctionne comme n'importe quel autre bateau. De même, l'œuvre Jet d'Eau, installée
dans le grand bassin des jardins de Versailles, a été prise par les visiteurs pour un
véritable jet qui aurait été installé par les architectes de Louis XIV.
Les oeuvres de Veilhan sont issues d'un procédé très singulier, qui n'est pas sans
rappeler la Conception Assistée par Ordinateur que les industries automobiles
utilisent.
Une œuvre-exposition
"Comment s’insérer dans un ensemble architectural et paysager aussi symbolique que celui de
Versailles ? Xavier Veilhan en a fait une œuvre-exposition offerte à tous et principalement
installée dans les espaces de circulation du château et du parc. Car en bon artiste attaché aux
perspectives et aux systèmes de construction des représentations, Xavier Veilhan s’est permis
de mettre en scène un nouveau tableau dans l’écrin parfait de Louis XIV, une trajectoire
fluide et dynamique concentrée sur les rapports d’échelles, les équilibres et les points
d’observation. Ces chapitres d’un seul et même ouvrage, s’enchaînent au cours d’une
promenade scénographiée, nourrie du génie des lieux et des bons génies qui peuplent la
mémoire de l’artiste". Bénédicte Ramade
Jean le Gac
Du passé millénaire au présent immédiat, la distance vertigineuse n'effraie pas Jean Le Gac.
Confronté à une quête multiple (de la mémoire, du vestige, de l'artiste), il élabore un télescopage
inédit entre le peintre et l'archéologue, tous deux à la recherche de formes ne demandant qu'à être
révélées. Déployée sur le sol de la chapelle médiévale du château, l'installation de Jean Le Gac est
ponctuée d'assertions personnelles et de grandes images ; autant d'éléments visuels dispersés sur un
fond ocre de couverture militaire, substitut à la terre du chantier de fouilles. L'impression
illusionniste de terrain archéologique est renforcée par la présence d'une passerelle en bois, de
laquelle le spectateur est invité à regarder les images et les textes à ses pieds. Cet axe de circulation
divise approximativement l'espace en deux frises latérales au sol : cette progression logique, tel un
cycle symbolique, renoue justement avec les programmes décoratifs pariétaux des chapelles_
Scrovegni ou Sixtine, à tout hasard. Mais dans notre cas, ce n'est plus seulement l'artiste qui crée
l'œuvre mais la création qui modèle aussi son créateur.
Jean Le Gac se projette constamment dans sa chasse au trésor, s'appropriant un rôle en constante
évolution. Le travail de l'archéologue lui évoque en premier lieu le monde perdu de l'enfance,
moment de la vie comparable par ses rêves et son éloignement dans le temps à ces époques
anciennes. Mi-Howard Carter, mi-Indiana Jones, l'artiste fait face à la dépouille d'un pharaon, dont
la mise au jour fait craindre le réveil des vieilles malédictions… À la découverte fortuite de
l'archéologue répond l'élaboration de l'œuvre : au fur et à mesure, le geste de la main, à l'aide d'une
truelle ou d'un pinceau, rend visible les vestiges anciens, sortant progressivement de leur gangue
minérale. L'intention artistique se confond avec l'invention, dans sa double acception de création et
de découverte. C'est ainsi qu'une statue de Silène cohabite avec des instruments scientifiques telles
que brosse et pelle, mais sa partie inférieure reste encore prisonnière d'une couche de terre : tandis
que l'œuvre réelle du peintre nous apparaît achevée, la tâche fictive de l'archéologue reste encore à
faire, afin de rendre son intégrité à cette figure antique.
L'éloignement n'est pas seulement temporel, il est aussi géographique. Dans la Chine de 1919, le
destin tragique de Victor Segalen constitue un contrepoint à l'image romantique du fouilleur.
Comme pour conjurer ces malheurs véridiques, Jean Le Gal se projette dans une équipe des grottes
du Mont Carmel en 1927. Sous ses accoutrements fantasques, le portrait d'artiste rejoint la tradition
d'un Rembrandt en oriental ou Beckmann en clown, si ce n'est que la fiction prend des airs de réel,
d'après des codes précédemment établis par le peintre. Après la présence hypothétique de Jean le
Gal dans un contexte qui lui est étranger, un squelette surgit de terre : il est supposé être celui d'un
peintre mérovingien. Marqueur temporel incontestable, la fibule posée sur les ossements appartient
bien à cette époque des rois francs. Quant au prétendu statut de peintre, il s'explique par une
analogie espiègle : pour dégager la terre sur les vestiges, l'archéologue utilise un pinceau, comme
celui employé par l'artiste pour façonner l'œuvre sur la toile blanche.
Comme point d'achoppement entre ces processus opposés, l'inachevé se produit à un moment ou à
un autre du travail du peintre et de l'archéologue. La confusion entre ces deux activités se
matérialise parfaitement dans l'ultime photographie de ce parcours initiatique, où Jean Le Gac est
occupé avec un pinceau au-dessus d'une de ses compositions, partiellement enfouie sous le sol.
Devenu peintre-archéologue, l'artiste est-il alors en train de mettre au jour ou de créer ? Les deux
actes en même temps, serait-on tenté de dire. La peinture, elle aussi, demande sans cesse à être
redécouverte.
Benjamin Couilleaux
Paris, mars 2008
La Chasse au trésor, Installation monumentale de Jean Le Gac au château de Saint-Germain-en-
Laye,
Musée des antiquités nationales Château, Place Charles de Gaulle, 78105 Saint-Germain-en-Laye,
du 24 octobre 2007 au 5 mai 2008 www.musee-antiquitesnationales.fr
Le Gac, un collectif fictif
Exposition
Laurence C.
Publié jeudi 30 avril 2015 à 21:51
«Les artistes ont exploré toutes les possibilités d’exposition, inventé toutes les solutions et les
modalités; les jeunes les maîtrisent parfaitement. La maison de l’artiste, pour moi, est un fantasme,
une rêverie. J’ai amené à Carouge, dans cette demeure bourgeoise devenue un musée, mes plus
belles œuvres. Le parcours couvre toute ma carrière, des débuts, en 1969, à aujourd’hui, avec des
pièces inédites.» Bon, mais l’histoire de ce collectif n’est-elle pas étrange? Il est vrai que de nos
jours, les collectifs d’artistes sont à la mode… «C’est une drôle d’histoire. Dès le début j’ai eu le
sentiment que nous étions deux, deux artistes, l’un plus impulsif, l’autre logique. Par la suite, j’ai
inventé différents artistes, dotés de noms, d’une psychologie. Je pouvais ainsi demeurer en retrait,
j’ai accepté le rôle de l’idiot.»
Qu’en est-il de cette carrière, démarrée en fanfare et relancée au moment de la Documenta V, autour
des Mythologies individuelles? «Alors que passent les générations, je crains que la pente, qui mène
à la mort, mène aussi à la mort de l’œuvre que j’ai tenté de réaliser. Pour parer à la possibilité de cet
échec, j’ai imaginé une troupe de gens autour de moi, qui se vouent au vieil artiste, cherchent à le
sauver de l’oubli.» Herbier géant, qui renvoie à l’idée d’un tour du monde, salle à manger, avec la
table mise, surmontée d’un lustre allumé, chambre à coucher, où l’on découvre des «boro» (au
Japon, vêtements rapiécés teints à l’indigo, que Jean Le Gac collectionne), les citations extraites de
l’environnement de l’artiste abondent, et donnent son unité à la présentation. L’écriture veille,
présente sur les pages encore captives des machines à écrire, à l’ancienne, qui donnent l’idée d’une
œuvre vivante, mais nostalgique. «Il n’y a pas d’œuvre sans texte, c’est primordial. Le texte me
permet de tester mes idées, de mettre au point un programme, dans la ligne de l’art conceptuel. Il
donne une ouverture, un espace de liberté.»
Installation prêtée par le Musée de Lyon, inspirée d’un texte intitulé Rumeur à la montagne , L’Echo
relate une promenade au col de la Furka. Le peintre, «ce petit rigolo», joue avec l’écho… La
dernière salle, muée en salle de cinéma, présente le film de la mort de l’artiste (1999). Des amis –
dont Gérard Titus-Carmel et Jean-Michel Meurice – se sentent obligés de faire l’éloge du défunt.
Justement, les pairs et amis, Christian Boltanski, Sarkis, Annette Messager, que sont-ils devenus?
«J’ai récemment revu Boltanski; nous nous sommes parlé comme si nous nous étions quittés la
veille. Mais ceux-là étaient trop proches, nous étions en quelque sorte des concurrents.» Chacun a
donc suivi sa voie, élaboré sa propre mythologie et suscité son propre mythe.
L’atelier parallèle. Collectif Le Gac – Jean Pleinemer. Musée de Carouge (pl. de Sardaigne 2, tél.
022 342 33 83). Ma-di 14-18h. Jusqu’au 30 août.
«Je n’ai jamais eu d’atelier, je travaille chez moi. Je trouve les ateliers d’artiste sinistres, on y est
seul»
4
Galerie Mitterrand
Tony Oursler
Né en 1957 à New-York, États-Unis. Vit et travaille à New-York, États-Unis
Tony Oursler a bénéficié de nombreuses expositions et rétrospectives dans les musées du monde
entier : au MOMA à New York (2016), au Stedelijk Museum, Amsterdam (2014) et à la Tate
Modern à Londres (2013). Ses oeuvres sont présentes dans les plus prestigieuses collections telles
que la Eli Broad Family Foundation à Los Angeles, le Centre Pompidou et la Fondation Cartier à
Paris, le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden à Washington, le MoMA à New York, etc.
Soirée Nomade
Tony Oursler Eclipse
Du mardi 15 octobre 2019 au dimanche 20 octobre 2019
À partir de 19h00
Nocturne exceptionnelle
Lieu : Jardin de la Fondation Cartier, Voir plan d’accès
Cette Soirée Nomade est terminée
Consulter les Soirées Nomades à venir
Pionnier de l’art vidéo, Tony Oursler expose ses dispositifs ingénieux entre sculpture,
installation et performance dans le monde entier. Pour l’exposition Nous les Arbres, il
crée Eclipse, une installation in situ dans le jardin de la Fondation Cartier où les arbres
servent à créer des images à l’aide d’un dispositif de vidéoprojection. «Les forêts enchantées
sont un refuge pour notre imagination», écrit-il. Inspiré par Daphné métamorphosée en arbre,
la cosmogonie nordique de l’Arbre de Vie ou encore un petit dessin métaphorique d’arbre de
Charles Darwin représentant sa théorie de l’évolution, ainsi que par la nouvelle technologie
DNA CRISPR-Cas9, il invente une installation dynamique mêlant son et lumière où l’arbre
devient le centre de toutes les dissensions. Il prend ainsi vie grâce à des projections qui
invitent le spectateur à repenser la technologie et la nature. Eclipse a été spécialement créé et
produit pour le jardin de la Fondation Cartier: 3h de contenus comprimés pour une expérience
immersive. L’œuvre, dont la thématique repose sur la relation entre environnement,
technologie et pensée magique invite les spectateurs à repenser leur place dans la biosphère.
Au fur et à mesure de cette promenade, l’art prend de multiples formes: des lumières parlantes
ainsi qu’un casting de projections digitales mouvantes tel qu’un reporter de guerre, un «new
ager», un psychologue, une femme sauvage médiévale, l’Homme vert et un businessman fou.
À la tombée de la nuit, venez redécouvrir le jardin métamorphosé par l’imaginaire
fantasmagorique de l’artiste.
Tony Oursler est un artiste américain né à New York en 1957. Diplômé du California Institute
of Arts, il travaille principalement la vidéo, médium qu’il a véritablement révolutionné en
supprimant certaines propriétés de la projection comme le cadre de l’écran, pour créer des
installations immersives combinant son, lumière et image. Utilisant tout aussi bien le film que
la photographie, la sculpture, l’informatique ou encore les bandes sonores dans ses dispositifs,
l’artiste cherche à explorer la frontière entre réel et imaginaire qu’il tend à faire disparaître.
Tony Oursler a participé à l’exposition de la Fondation Cartier Yanomami, l’esprit de la
forêt en 2003.
Performeurs : Jean Brassard, Dominique Bousquet, Sarah de Burgh, Joy Mattar, Brandon
Olsen, Madeline Jensen, Sarah Kinlaw, Taryn Blake Miller, Emilie Rochefort, Jinnie Lee,
Shelley Valfer, Christine van Assche, Samantina Zenon
Traduction française des textes écrits par Tony Oursler : Joy Mattar
Quelques mois avant son décès en 2001, Niki de Saint Phalle se confiait sur ce
travail de titan à la RTS: "C’était une grande aventure pour tout le monde. Au début,
pas mal de personnes sont parties en se disant que j’étais folle. Ils ne parvenaient
pas à imaginer le jardin terminé."
L'intérieu
r de la statue "L'Impératrice" dans le Jardin des Tarots. [Manuel Cohen - AFP]
Elle y installe même un lieu de vie, dans le ventre de l’Impératrice, et réalise un rêve:
dormir dans une de ses statues. Un lieu recouvert de miroirs, aussi ouvert au public.
Vingt ans après la mort de Niki de Saint Phalle, son jardin célèbre toujours la vie et
peut à nouveau être visité.
Adaptation web: ms
Le Jardin des Tarots de Niki de Saint Phalle, ouvert jusqu'au 15 octobre 2022 à Capalbio en Italie.
Publié le 26 avril 2022 à 08:16
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WANG DU
NÉ EN 1956 À WUHAN (CHINE)
VIT ET TRAVAILLE À PARIS (FRANCE)
Wang Du est un artiste internationalement reconnu dont le travail, composé de
sculptures et d’installations monumentales et ludiques, offre un regard critique sur le
système médiatique et la société de consommation. Son œuvre a bénéficié de
nombreuses expositions dans le monde entier, que cela soit en France, son pays
d’accueil (par exemple au Rectangle à Lyon en 2001, au Palais de Tokyo à Paris en
2004, au Lieu Unique à Nantes en 2005, au Consortium à Dijon en 2000 et en 2017),
mais aussi à New York, Rome, Hanovre ou Pékin.
Après avoir reçu une formation académique aux Beaux-Arts de Canton, Wang Du
devient professeur d’architecture dans les années 1980 et décide de s’engager dans un
travail mêlant performances, happenings et conférences. Considéré comme un artiste
rebelle par le pouvoir chinois, il écope de neuf mois de prison pour sa participation
aux événements de la place Tian'anmen à Pékin. À sa sortie, en 1990, l’artiste décide
de s’installer à Paris et découvre alors un environnement nouveau exerçant une
influence manifeste sur sa pratique artistique. Frappé par l’omniprésence des images
dans la ville, celles-ci deviennent alors la « matière » de son œuvre.
Wang Du traite du flux incessant d’informations dont les médias nous submergent
quotidiennement comme d’une « post-réalité », car s’y confondent selon lui monde
réel et monde créé par les médias. Ainsi, Réalité Jetable (2000), ensemble de
sculptures monumentales suspendues au plafond et réalisées à la faveur d’un séjour
de deux mois au Consortium à Dijon, consiste en une traduction en trois dimensions
d’images prélevées dans la presse. Les déformations qu’occasionne ce passage de la
bidimensionnalité au volume donnent à ces figures polychromes – parmi elles : le
président Chirac en compagnie du président chinois, une moto, une boxeuse amputée
d’un sein par exemple – l’aspect d’icônes contemporaines un peu monstrueuses. Ce
recyclage des images de mass media se retrouve aussi dans son Tunnel d’espace
temps réalisé pour le Palais de Tokyo en 2004, où le spectateur s’engouffrait dans un
tube sinueux diffusant un chaos d’images télévisées du monde entier. Contraint de
consommer du média à outrance, le visiteur se voyait littéralement « recraché » à la
fin de son parcours par un toboggan. International Kebab (2008), une installation en
forme de tour de papier, participe de cette même volonté de saturation et
d’écrasement ; elle évoque, comme son nom l’indique, un gigantesque kebab. À la
place de la viande, Wang Du a empilé des milliers d’images quotidiennes de la Chine,
captées lors d’un voyage. C'est alors au spectateur de découper des morceaux
d’images avec les couteaux mis à disposition et tâcher de saisir une vision, forcément
parcellaire, des mutations de la Chine contemporaine.
International Kebab (2008)
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Annette Messager s'expose au LaM de Villeneuve-
d'Ascq, avec « Comme si »
En ce moment et jusqu'au 21 août 2022, vous êtes invités à découvrir une
exposition de l'artiste locale Annette Messager, au LaM de Villeneuve-
d'Ascq. Elle présente "Comme si".
Une tête de squelette tient lieu d’iris et illustre une phrase de Cesare
Pavese : « Et la mort viendra, elle aura tes yeux ». Annette messager se
défend pourtant de toute pensée définitive : « Jouer avec la mort, c’est lui
faire la nique. C’est jouer pleinement avec la vie ».
L’humour qui tempérait souvent ses productions se fait plus rare. Tout juste
peut-on en rire dans la deuxième salle, Continent noir, en référence à ce
mystère de la sexualité féminine que Freud réduisait ainsi.
La « salle des utérus » est recouverte d’un papier peint conçu pour l’atelier
de Balthus lors d’une exposition à la villa Médicis. Il reproduit à l’infini des
utérus ailés et colorés. Des ex-voto servent de décoration : les lettres de
l’alphabet, qualifient les hommes. De A comme Âne à Z comme Zéro en
passant par L comme Lâche, P comme Plouc, S comme Salaud… 26
insultes destinées à la gent masculine.
L’exposition a ses commissaires, sous l’autorité de Sébastien Delot, le
directeur conservateur du LaM. Mais on ne peut le cacher, elle porte la
patte de l’artiste, qui a choisi la manière de se présenter tout en laissant
malicieusement Marie Amélie Senot, qui pilote le département de l’art
moderne et contemporain, d’en faire l’exégèse avec les mots de l’artiste.
Ceux-ci apparaissent parfois incongrus, dans la bouche de la jeune
commissaire.
Jean-Michel Stievenard
https://actu.fr/hauts-de-france/villeneuve-d-ascq_59009/annette-
messager-s-expose-au-lam-de-villeneuve-d-ascq-avec-comme-
si_51094852.html