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Daniel Buren « L’Observatoire de la lumière » (2016)

Poursuivant son engagement en faveur de la création contemporaine et suscitant des


rencontres inédites avec son architecture, la Fondation Louis Vuitton a présenté du 11 mai
2016 au 2 mai 2017 une œuvre temporaire de Daniel Buren. Conçue en dialogue étroit avec le
bâtiment de Frank Gehry - dont l’architecture appelle l’inspiration des
artistes « L’Observatoire de la lumière » se déploie sur l'ensemble des verrières, élément
emblématique de l'édifice.

Les douze voiles, constituées de 3600 verres, ont été recouvertes en quinconce de filtres
colorés qui étaient à leur tour, ponctués à distances égales les uns des autres par des bandes
alternativement blanches et vides, axées perpendiculairement au sol. Les treize couleurs
retenues faisaient apparaître et disparaître des formes colorées toujours changeantes selon les
heures et les saisons. À travers un jeu de couleurs, de projections, de reflets, de transparences
et de contrastes, à la fois intérieur et extérieur, Daniel Buren offrait un nouveau regard sur le
bâtiment.

« Son œuvre répond magnifiquement à l’architecture dans la continuité d’un travail, initié dès
les années 1970, où se croisent couleurs, transparence et lumière. »

Bernard Arnault, President of the Fondation Louis Vuitton


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L'art n'est plus l'expression du Moi.

Les réponses de Xavier Veilhan à nos questions

LIENS UTILES

http://www.veilhan-versailles.com/

http://www.veilhan.net/

Galerie Emmanuel Perrotin


Voici comment il décrit son process pour Artcurial: "J’utilise et je développe la
technique de la captation en 3D. Les modèles doivent y rester immobiles pendant
vingt minutes devant un scanner que l'on déplace pour obtenir une vingtaine de
fichiers qui seront ensuite recomposés en un fichier unique : celui-ci commandera une
machine-outil qui sculpte un bloc de mousse polyuréthane, de bois ou de polystyrène.
Théoriquement, je n’ai pas de contact physique avec ce processus, hormis le choix du
modèle et de sa pose, de la taille de l’œuvre finale et de la nature du matériau
utilisé."  La touche de l'artiste n'a plus le même sens qu'auparavant. De son propre
aveu, sa main n'aura pas de contact avec l'œuvre. Mais comptent l'intention
première, l'idée, le choix du modèle, du matériau, de la couleur et bien sûr du lieu.
L'artiste abdique son pouvoir de faire à la technique pour ne conserver que son
pouvoir de voir et de transmettre sa vision. Se détacher de l'œuvre reste au coeur de
ses préoccupations : " Pour moi, il s'agit de dissocier la genèse de la production. Ça
me permet d'enlever la part de créativité personnelle dans la peinture, d'évacuer la
psychologie."

Pour son exposition à Versailles, l'artiste a conçu l'intégralité de ses œuvres en


fonction de la place qu'il souhaitait leur accorder au sein du château. Chaque pièce fait
donc référence au lieu qui l'accueille et interroge l'architecture, l'espace, le parcours du
visiteur. Ses sculptures, contrairement à celles de Koons (qui étaient protégées par de
lourds panneaux de Plexiglas pour ne pas être abîmées) étaient exposées librement,
sans barrières ni panneaux, de sorte qu'elles étaient totalement offertes à l'œil et au
toucher du visiteur. Le Carrosse par exemple, œuvre iconique de cette exposition et
qui a déjà été achetée par l'État pour la somme de 250.000 euros, concentre toutes les
préoccupations de l'artiste. Moyen de locomotion ancien, il est néanmoins plus proche
du bolide par son aspect dynamique et tendu. Ici, tradition et hypertechnologie se
rencontrent pour évoquer la puissance et la vitesse mais aussi la fuite et la peur. En
effet, ce carrosse mortuaire (le mauve étant la couleur du deuil royal) nous rappelle
anonymement (pas de conducteur, pas de fenêtre) l'épisode malheureux de la fuite du
roi et de sa famille à Varennes le 6 octobre 1789. Ainsi, l'artiste permet au visiteur de
se replonger l'espace d'un instant au cœur de la vie de cour, des tumultes de l'époque et
de se connecter à son histoire.

Le coût de l’exposition s'est élevé à 2 millions d’euros, dont 1,4 million pour la
production des œuvres, le reste pour leur installation. La quasi-totalité du budget a été
assurée par le mécénat.
Le dossier de presse "Veilhan Versailles"
Xavier Veilhan est né en 1963 à Lyon. Ancien élève de Daniel Buren aux Arts
Décoratifs, il vit et travaille à Paris. Après des performances de rue, des pochettes de
disques, et un certain goût pour le noctambulisme parisien, son œuvre commence à
émerger au début des années 90 et il s'en détache progressivement un vocabulaire
formel bien particulier. Quelle que soit la technique qu'il emploie (sculpture,
peinture, installation, film ou spectacle vivant), toutes ses œuvres sont rassemblées
autour des notions de perception, d'histoire, de modernité et d'espace-temps.

Xavier Veilhan s'intéresse aux archétypes, qu'ils soient animaux (son Bestiaire
compte un rhinocéros, un lion, un requin, des pingouins, des chevaux, des ours, etc.);
humains (l'artiste revisite la conception de la statutaire traditionnelle au travers de
portraits stylisés); ou encore mécaniques (vélos, bateaux, automobiles, et le carrosse
de Versailles, bien entendu).

C'est cette sensation physique de la vitesse, du mouvement qui influe sur le regard, sur
la perception du monde qui intéresse Veilhan. Voilà pourquoi on l'associe souvent au
futurisme italien qui cherche à tout prix à représenter le mouvement du monde,
l'accélération des hommes et des choses avec le progrès. Dans une interview présente
sur le site d'Artcurial il explique : "J’aime la voiture, le bateau, le ski, le vélo, l’avion,
… en tant qu’outils permettant une vision différente, dynamique, et avec lequel le
regard est associé à une sensation physique."

Tout comme Koons et Murakami, Xavier Veilhan a totalement intégré dans son
processus artistique les mécanismes et les outils de production contemporaine. Il fait
appel à d'autres artistes (collaboration musicale avec Sébastien Tellier pour Furtivo
ou avec le groupe Air pour Aérolite), sous-traite certains segments de production de
ses œuvres à des entreprises spécialisées (dernière collaboration en date, un projet
commun de bâteau sculpture RAL 5015 avec le chantier naval de Frauscher). Veilhan
travaille de plus en plus à l'élaboration d'œuvres fonctionnelles, qui ne se contentent
pas de représenter ou de symboliser, mais qui ont leur utilité. Ce bâteau RAL 5015
fonctionne comme n'importe quel autre bateau. De même, l'œuvre Jet d'Eau, installée
dans le grand bassin des jardins de Versailles, a été prise par les visiteurs pour un
véritable jet qui aurait été installé par les architectes de Louis XIV.
Les oeuvres de Veilhan sont issues d'un procédé très singulier, qui n'est pas sans
rappeler la Conception Assistée par Ordinateur que les industries automobiles
utilisent.

Lune - Veilhan Versailles


Le Carrosse de Xavier Veilhan
Exposition
Château de Versailles • Versailles
13 septembre ➜ 13 décembre 2009

Veilhan/Adagp, Paris, 2009/Photo : Florian Kleinefenn

Le Carrosse / The Large Carriage, 2009 Commande publique du ministère de la Culture et de


la Communication - Centre national des arts plastiques.

Xavier Veilhan, mai 2009


"Il y a un an, lorsque Laurent Le Bon et Jean-Jacques Aillagon m’ont invité à succéder à Jeff
Koons, je ne savais pas à quel point Versailles allait envahir ma vie : cette exposition est une
occasion formidable de présenter mon travail à grande échelle, de par sa taille et le public
concerné. Il faut se confronter aux désirs mis en forme par nos ancêtres, montrer comment nos
propres désirs peuvent les prolonger et les compléter, sans innocence, mais avec la fraîcheur
des ambitieux. Déployée principalement à l’extérieur du château sur un axe Est Ouest, ma
proposition est composée d’un ensemble d’œuvres produites pour l’occasion formant un
pointillé contemporain qui partage en deux le domaine magistralement dessiné par Le Nôtre.
L’art est un outil de vision au travers duquel il faut regarder pour comprendre notre passé,
notre présent et notre futur."

Une œuvre-exposition
"Comment s’insérer dans un ensemble architectural et paysager aussi symbolique que celui de
Versailles ? Xavier Veilhan en a fait une œuvre-exposition offerte à tous et principalement
installée dans les espaces de circulation du château et du parc. Car en bon artiste attaché aux
perspectives et aux systèmes de construction des représentations, Xavier Veilhan s’est permis
de mettre en scène un nouveau tableau dans l’écrin parfait de Louis XIV, une trajectoire
fluide et dynamique concentrée sur les rapports d’échelles, les équilibres et les points
d’observation. Ces chapitres d’un seul et même ouvrage, s’enchaînent au cours d’une
promenade scénographiée, nourrie du génie des lieux et des bons génies qui peuplent la
mémoire de l’artiste". Bénédicte Ramade

Le Carrosse, une commande du Cnap


C’est au titre de la politique de commande publique nationale du ministère de la Culture et de
la Communication que le Cnap produit l’œuvre Le Carrosse, de Xavier Veilhan, qui sera une
des pièces majeures de l’exposition consacrée à cet artiste au Domaine de Versailles à
l’automne 2009. Comme toutes les œuvres issues de la commande publique nationale, Le
Carrosse est inscrit sur les inventaires du fonds national d’art contemporain, collection
d’œuvres d’art de l’État dont le Cnap assure la gestion et la garde. Cette pièce de 15 mètres de
long, installée dans la cour d’honneur du château est un voyage dans le temps et dans
l’espace. À échelle 1, ses formes sont inspirées de celles du Carrosse de Louis XIV, mais elles
sont comme traversées par une onde, trace subtile de son parcours jusqu’à nous. Les chevaux
sont captés en plein galop et l’ensemble hésite entre le pourpre et le violet. L’œuvre est
entièrement en tôle pliée et soudée. Elle pèse plus de 3 tonnes. Le Carrosse, comme les autres
œuvres disposées dans le Domaine, fusionne une grammaire et une syntaxe académiques avec
un vocabulaire contemporain qui recourt aux outils techniques les plus élaborés. L’artiste
questionne et renouvelle ainsi les problématiques de l’art monumental. La commande
publique a pour ambition de favoriser la rencontre du public avec la création contemporaine
dans toute sa diversité. Elle peut ainsi aborder aussi bien le multimédia, la création textile, le
design, la bibliophilie, que la photographie, la peinture et la sculpture… Elle prolonge la
longue tradition de l’art dans l’espace public, renouvelée, avant la seconde guerre mondiale
par Jean Zay et dans les années 1960 par André Malraux avec les grandes commandes passées
à Marc Chagall pour l’opéra de Paris ou à André Masson pour le théâtre de l’Odéon. Le
dialogue entre Xavier Veilhan, artiste majeur de la scène artistique française et internationale,
et le Domaine de Versailles, symbole essentiel de l’histoire politique et artistique nationale,
entre pleinement dans cette tradition renouvelée et a donc semblé particulièrement intéressant.
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Jean le Gac La Chasse au trésor

Jean le Gac
 
 
Du passé millénaire au présent immédiat, la distance vertigineuse n'effraie pas Jean Le Gac.
Confronté à une quête multiple (de la mémoire, du vestige, de l'artiste), il élabore un télescopage
inédit entre le peintre et l'archéologue, tous deux à la recherche de formes ne demandant qu'à être
révélées. Déployée sur le sol de la chapelle médiévale du château, l'installation de Jean Le Gac est
ponctuée d'assertions personnelles et de grandes images ; autant d'éléments visuels dispersés sur un
fond ocre de couverture militaire, substitut à la terre du chantier de fouilles. L'impression
illusionniste de terrain archéologique est renforcée par la présence d'une passerelle en bois, de
laquelle le spectateur est invité à regarder les images et les textes à ses pieds. Cet axe de circulation
divise approximativement l'espace en deux frises latérales au sol : cette progression logique, tel un
cycle symbolique, renoue justement avec les programmes décoratifs pariétaux des chapelles_
Scrovegni ou Sixtine, à tout hasard. Mais dans notre cas, ce n'est plus seulement l'artiste qui crée
l'œuvre mais la création qui modèle aussi son créateur.

Jean Le Gac se projette constamment dans sa chasse au trésor, s'appropriant un rôle en constante
évolution. Le travail de l'archéologue lui évoque en premier lieu le monde perdu de l'enfance,
moment de la vie comparable par ses rêves et son éloignement dans le temps à ces époques
anciennes. Mi-Howard Carter, mi-Indiana Jones, l'artiste fait face à la dépouille d'un pharaon, dont
la mise au jour fait craindre le réveil des vieilles malédictions… À la découverte fortuite de
l'archéologue répond l'élaboration de l'œuvre : au fur et à mesure, le geste de la main, à l'aide d'une
truelle ou d'un pinceau, rend visible les vestiges anciens, sortant progressivement de leur gangue
minérale. L'intention artistique se confond avec l'invention, dans sa double acception de création et
de découverte. C'est ainsi qu'une statue de Silène cohabite avec des instruments scientifiques telles
que brosse et pelle, mais sa partie inférieure reste encore prisonnière d'une couche de terre : tandis
que l'œuvre réelle du peintre nous apparaît achevée, la tâche fictive de l'archéologue reste encore à
faire, afin de rendre son intégrité à cette figure antique.

L'éloignement n'est pas seulement temporel, il est aussi géographique. Dans la Chine de 1919, le
destin tragique de Victor Segalen constitue un contrepoint à l'image romantique du fouilleur.
Comme pour conjurer ces malheurs véridiques, Jean Le Gal se projette dans une équipe des grottes
du Mont Carmel en 1927. Sous ses accoutrements fantasques, le portrait d'artiste rejoint la tradition
d'un Rembrandt en oriental ou Beckmann en clown, si ce n'est que la fiction prend des airs de réel,
d'après des codes précédemment établis par le peintre. Après la présence hypothétique de Jean le
Gal dans un contexte qui lui est étranger, un squelette surgit de terre : il est supposé être celui d'un
peintre mérovingien. Marqueur temporel incontestable, la fibule posée sur les ossements appartient
bien à cette époque des rois francs. Quant au prétendu statut de peintre, il s'explique par une
analogie espiègle : pour dégager la terre sur les vestiges, l'archéologue utilise un pinceau, comme
celui employé par l'artiste pour façonner l'œuvre sur la toile blanche.

Comme point d'achoppement entre ces processus opposés, l'inachevé se produit à un moment ou à
un autre du travail du peintre et de l'archéologue. La confusion entre ces deux activités se
matérialise parfaitement dans l'ultime photographie de ce parcours initiatique, où Jean Le Gac est
occupé avec un pinceau au-dessus d'une de ses compositions, partiellement enfouie sous le sol.
Devenu peintre-archéologue, l'artiste est-il alors en train de mettre au jour ou de créer ? Les deux
actes en même temps, serait-on tenté de dire. La peinture, elle aussi, demande sans cesse à être
redécouverte.
 
 
Benjamin Couilleaux
Paris, mars 2008
 
 
La Chasse au trésor, Installation monumentale de Jean Le Gac au château de Saint-Germain-en-
Laye,
Musée des antiquités nationales Château, Place Charles de Gaulle, 78105 Saint-Germain-en-Laye,
du 24 octobre 2007 au 5 mai 2008 www.musee-antiquitesnationales.fr
Le Gac, un collectif fictif
Exposition

L’artiste Jean le Gac transforme le Musée de Carouge

L’Echo, la promenade d’un peintre au col de la Furka dans son ensemble.

Laurence C.
Publié jeudi 30 avril 2015 à 21:51

Jean Le Gac, images et aventures du peintre


Retour sur un parcours jadis lié à l’avant-garde
Né en 1936 près d’Alès, Jean Le Gac participa dans les années 1970 aux aventures de la Nouvelle
figuration. A l’âge de sept ans, observant un peintre du dimanche face au paysage, avec son chevalet
pliable et sa palette, il avait décidé de devenir peintre. Alors qu’il exerçait le métier d’enseignant, il
se tourna vers l’art afin de célébrer la figure du peintre et d’imaginer sa vie – sans recourir, du
moins dans un premier temps, aux instruments de la peinture. Mais qui est cet homme qui se
constitue en collectif et devenu multiple, à l’instar de Fernando Pessoa, poète qu’il admire, évoque
son travail à la troisième personne? «Faire ce détour, explique-t-il, permet de parler de mon œuvre
avec chaleur. Savoir que nous sommes plusieurs me donne du courage.» Toute l’exposition du
Musée de Carouge, réalisée sur l’instigation de Christian Bernard, à l’occasion des vingt ans du
Mamco, dont il a mené la barque durant ce laps de temps, répond à cette question d’identité.
D’entrée de jeu, on se sent chez soi, ou plutôt chez quelqu’un, ce Jean Pleinemer qui est un être de
fiction sans l’être tout à fait. Un portemanteau, négligemment chargé de vêtements sombres, une
serviette de cuir passablement fatiguée et un miroir à l’entrée, dans son cadre doré, accueillent le
visiteur, introduit aussitôt dans la bibliothèque du peintre, transposition de la bibliothèque de Jean
Le Gac en son logement parisien, avec ses étagères chargées de livres de poche, et au mur une
œuvre au pastel. L’exposition, en effet, inscrit le musée dans l’espace privé, soit l’appartement de
l’artiste, et inversement. Cet appartement sert aussi d’atelier. «Je n’ai jamais eu d’atelier, je travaille
chez moi. Je trouve les ateliers d’artiste sinistres, on y est seul. Pour beaucoup, pourtant, disposer
d’un tel lieu signifie qu’on est vraiment artiste.» Le battement entre l’espace de vie et le musée, la
réalité et la fiction, est incessant, l’équilibre soigneusement dosé. Tout peut faire sens, et œuvre.

«Les artistes ont exploré toutes les possibilités d’exposition, inventé toutes les solutions et les
modalités; les jeunes les maîtrisent parfaitement. La maison de l’artiste, pour moi, est un fantasme,
une rêverie. J’ai amené à Carouge, dans cette demeure bourgeoise devenue un musée, mes plus
belles œuvres. Le parcours couvre toute ma carrière, des débuts, en 1969, à aujourd’hui, avec des
pièces inédites.» Bon, mais l’histoire de ce collectif n’est-elle pas étrange? Il est vrai que de nos
jours, les collectifs d’artistes sont à la mode… «C’est une drôle d’histoire. Dès le début j’ai eu le
sentiment que nous étions deux, deux artistes, l’un plus impulsif, l’autre logique. Par la suite, j’ai
inventé différents artistes, dotés de noms, d’une psychologie. Je pouvais ainsi demeurer en retrait,
j’ai accepté le rôle de l’idiot.»

Qu’en est-il de cette carrière, démarrée en fanfare et relancée au moment de la Documenta V, autour
des Mythologies individuelles? «Alors que passent les générations, je crains que la pente, qui mène
à la mort, mène aussi à la mort de l’œuvre que j’ai tenté de réaliser. Pour parer à la possibilité de cet
échec, j’ai imaginé une troupe de gens autour de moi, qui se vouent au vieil artiste, cherchent à le
sauver de l’oubli.» Herbier géant, qui renvoie à l’idée d’un tour du monde, salle à manger, avec la
table mise, surmontée d’un lustre allumé, chambre à coucher, où l’on découvre des «boro» (au
Japon, vêtements rapiécés teints à l’indigo, que Jean Le Gac collectionne), les citations extraites de
l’environnement de l’artiste abondent, et donnent son unité à la présentation. L’écriture veille,
présente sur les pages encore captives des machines à écrire, à l’ancienne, qui donnent l’idée d’une
œuvre vivante, mais nostalgique. «Il n’y a pas d’œuvre sans texte, c’est primordial. Le texte me
permet de tester mes idées, de mettre au point un programme, dans la ligne de l’art conceptuel. Il
donne une ouverture, un espace de liberté.»

Installation prêtée par le Musée de Lyon, inspirée d’un texte intitulé Rumeur à la montagne , L’Echo
relate une promenade au col de la Furka. Le peintre, «ce petit rigolo», joue avec l’écho… La
dernière salle, muée en salle de cinéma, présente le film de la mort de l’artiste (1999). Des amis –
dont Gérard Titus-Carmel et Jean-Michel Meurice – se sentent obligés de faire l’éloge du défunt.
Justement, les pairs et amis, Christian Boltanski, Sarkis, Annette Messager, que sont-ils devenus?
«J’ai récemment revu Boltanski; nous nous sommes parlé comme si nous nous étions quittés la
veille. Mais ceux-là étaient trop proches, nous étions en quelque sorte des concurrents.» Chacun a
donc suivi sa voie, élaboré sa propre mythologie et suscité son propre mythe.

L’atelier parallèle. Collectif Le Gac – Jean Pleinemer. Musée de Carouge (pl. de Sardaigne 2, tél.
022 342 33 83). Ma-di 14-18h. Jusqu’au 30 août.

«Je n’ai jamais eu d’atelier, je travaille chez moi. Je trouve les ateliers d’artiste sinistres, on y est
seul»

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Galerie Mitterrand

Tony Oursler
Né en 1957 à New-York, États-Unis. Vit et travaille à New-York, États-Unis

 Tony Oursler appartient à la génération qui a renouvelé l’utilisation de la vidéo en


s’affranchissant des limites propres aux écrans de télévision. Ses oeuvres ne se limitent pas à
l’image vidéo proprement dite, elles constituent des dispositifs complexes investissant la
sculpture, le dessin, l’installation et la performance. Tony Oursler est une figure
incontournable de l’histoire récente de l’art vidéo et s’intéresse, depuis les années 70, à des
projets combinant arts visuels et musique. Il a notamment composé de nombreuses bandes-
son pour ses vidéos et installations qui ont été éditées sur différents supports.

Tony Oursler a bénéficié de nombreuses expositions et rétrospectives dans les musées du monde
entier : au MOMA à New York (2016), au Stedelijk Museum, Amsterdam (2014) et à la Tate
Modern à Londres (2013). Ses oeuvres sont présentes dans les plus prestigieuses collections telles
que la Eli Broad Family Foundation à Los Angeles, le Centre Pompidou et la Fondation Cartier à
Paris, le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden à Washington, le MoMA à New York, etc.
Soirée Nomade

Tony Oursler Eclipse
Du mardi 15 octobre 2019 au dimanche 20 octobre 2019
À partir de 19h00
Nocturne exceptionnelle
Lieu : Jardin de la Fondation Cartier, Voir plan d’accès
Cette Soirée Nomade est terminée
Consulter les Soirées Nomades à venir

Installation dans le jardin

En présence de Tony Oursler le mardi 15 octobre à 19h.

Pionnier de l’art vidéo, Tony Oursler expose ses dispositifs ingénieux entre sculpture,
installation et performance dans le monde entier. Pour l’exposition Nous les Arbres, il
crée Eclipse, une installation in situ dans le jardin de la Fondation Cartier où les arbres
servent à créer des images à l’aide d’un dispositif de vidéoprojection. «Les forêts enchantées
sont un refuge pour notre imagination», écrit-il. Inspiré par Daphné métamorphosée en arbre,
la cosmogonie nordique de l’Arbre de Vie ou encore un petit dessin métaphorique d’arbre de
Charles Darwin représentant sa théorie de l’évolution, ainsi que par la nouvelle technologie
DNA CRISPR-Cas9, il invente une installation dynamique mêlant son et lumière où l’arbre
devient le centre de toutes les dissensions. Il prend ainsi vie grâce à des projections qui
invitent le spectateur à repenser la technologie et la nature. Eclipse a été spécialement créé et
produit pour le jardin de la Fondation Cartier: 3h de contenus comprimés pour une expérience
immersive. L’œuvre, dont la thématique repose sur la relation entre environnement,
technologie et pensée magique invite les spectateurs à repenser leur place dans la biosphère.
Au fur et à mesure de cette promenade, l’art prend de multiples formes: des lumières parlantes
ainsi qu’un casting de projections digitales mouvantes tel qu’un reporter de guerre, un «new
ager», un psychologue, une femme sauvage médiévale, l’Homme vert et un businessman fou.
À la tombée de la nuit, venez redécouvrir le jardin métamorphosé par l’imaginaire
fantasmagorique de l’artiste.

Tony Oursler est un artiste américain né à New York en 1957. Diplômé du California Institute
of Arts, il travaille principalement la vidéo, médium qu’il a véritablement révolutionné en
supprimant certaines propriétés de la projection comme le cadre de l’écran, pour créer des
installations immersives combinant son, lumière et image. Utilisant tout aussi bien le film que
la photographie, la sculpture, l’informatique ou encore les bandes sonores dans ses dispositifs,
l’artiste cherche à explorer la frontière entre réel et imaginaire qu’il tend à faire disparaître.
Tony Oursler a participé à l’exposition de la Fondation Cartier Yanomami, l’esprit de la
forêt  en 2003.

Performeurs : Jean Brassard, Dominique Bousquet, Sarah de Burgh, Joy Mattar, Brandon
Olsen, Madeline Jensen, Sarah Kinlaw, Taryn Blake Miller, Emilie Rochefort, Jinnie Lee,
Shelley Valfer, Christine van Assche, Samantina Zenon

Traduction française des textes écrits par Tony Oursler : Joy Mattar

Musique : Tony Oursler, Corey Riddell

Montage : Jack Colton

Solo de guitare électrique : Cameron Jamie

Photographie Kirlian et vidéo : Jacqueline Castel

Animation : Sakshi Jain


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Le Jardin des Tarots de Niki de Saint Phalle a rouvert


ses portes
En Italie, après deux ans de pandémie, le Jardin des Tarots de Niki de Saint Phalle a
réouvert ses portes / 19h30 / 2 min. / le 20 avril 2022
Les gigantesques statues de Niki de Saint Phalle situées dans le Jardin des
Tarots en Toscane peuvent à nouveau être admirées. Le lieu a rouvert ses
portes en avril 2022.
À Capalbio, au cœur de la campagne toscane, les statues imposantes et colorées de
Niki de Saint Phalle font partie intégrante du paysage.

Et même si les œuvres de l'artiste franco-américaines sont connues dans le monde


entier, c'est en Italie qu'elle a décidé de laisser son héritage. Elle y a construit 22
statues, imposantes, comme les 22 cartes du jeu de tarot.

Jeu de tarot, chapelle et maison de miroirs

Chaque année, plus de 100'000 personnes visitent ce lieu, accueillies par le


Magicien et sa main géante, puis le Pape, la Papesse ou encore l’Impératrice. Le jeu
de cartes est suivi de manière instinctive, sans guide, jusque dans la spiritualité de la
Petite Chapelle. Formes rondes et Nanas, ici tout parle de la bataille du féminisme
non dogmatique de l’artiste.

Quant à la Justice, on y trouve à l’intérieur la terrible machine de l’Injustice, imaginée


par Jean Tinguely, le compagnon de Niki de Saint Phalle. Ensemble, ils formaient le
couple terrible du mouvement du Nouveau Réalisme, qui s’oppose dans les années
1960 à la peinture abstraite.

Quelques mois avant son décès en 2001, Niki de Saint Phalle se confiait sur ce
travail de titan à la RTS: "C’était une grande aventure pour tout le monde. Au début,
pas mal de personnes sont parties en se disant que j’étais folle. Ils ne parvenaient
pas à imaginer le jardin terminé."

L'intérieu
r de la statue "L'Impératrice" dans le Jardin des Tarots. [Manuel Cohen - AFP]

Elle y installe même un lieu de vie, dans le ventre de l’Impératrice, et réalise un rêve:
dormir dans une de ses statues. Un lieu recouvert de miroirs, aussi ouvert au public.

Vingt ans après la mort de Niki de Saint Phalle, son jardin célèbre toujours la vie et
peut à nouveau être visité.

Sujet TV: Valérie Dupont

Adaptation web: ms

Le Jardin des Tarots de Niki de Saint Phalle, ouvert jusqu'au 15 octobre 2022 à Capalbio en Italie.

 
Publié le 26 avril 2022 à 08:16
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WANG DU
NÉ EN 1956 À WUHAN (CHINE)
VIT ET TRAVAILLE À PARIS (FRANCE)
Wang Du est un artiste internationalement reconnu dont le travail, composé de
sculptures et d’installations monumentales et ludiques, offre un regard critique sur le
système médiatique et la société de consommation. Son œuvre a bénéficié de
nombreuses expositions dans le monde entier, que cela soit en France, son pays
d’accueil (par exemple au Rectangle à Lyon en 2001, au Palais de Tokyo à Paris en
2004, au Lieu Unique à Nantes en 2005, au Consortium à Dijon en 2000 et en 2017),
mais aussi à New York, Rome, Hanovre ou Pékin.
Après avoir reçu une formation académique aux Beaux-Arts de Canton, Wang Du
devient professeur d’architecture dans les années 1980 et décide de s’engager dans un
travail mêlant performances, happenings et conférences. Considéré comme un artiste
rebelle par le pouvoir chinois, il écope de neuf mois de prison pour sa participation
aux événements de la place Tian'anmen à Pékin. À sa sortie, en 1990, l’artiste décide
de s’installer à Paris et découvre alors un environnement nouveau exerçant une
influence manifeste sur sa pratique artistique. Frappé par l’omniprésence des images
dans la ville, celles-ci deviennent alors la « matière » de son œuvre.
Wang Du traite du flux incessant d’informations dont les médias nous submergent
quotidiennement comme d’une « post-réalité », car s’y confondent selon lui monde
réel et monde créé par les médias. Ainsi, Réalité Jetable (2000), ensemble de
sculptures monumentales suspendues au plafond et réalisées à la faveur d’un séjour
de deux mois au Consortium à Dijon, consiste en une traduction en trois dimensions
d’images prélevées dans la presse. Les déformations qu’occasionne ce passage de la
bidimensionnalité au volume donnent à ces figures polychromes – parmi elles : le
président Chirac en compagnie du président chinois, une moto, une boxeuse amputée
d’un sein par exemple – l’aspect d’icônes contemporaines un peu monstrueuses. Ce
recyclage des images de mass media se retrouve aussi dans son Tunnel d’espace
temps réalisé pour le Palais de Tokyo en 2004, où le spectateur s’engouffrait dans un
tube sinueux diffusant un chaos d’images télévisées du monde entier. Contraint de
consommer du média à outrance, le visiteur se voyait littéralement « recraché » à la
fin de son parcours par un toboggan. International Kebab (2008), une installation en
forme de tour de papier, participe de cette même volonté de saturation et
d’écrasement ; elle évoque, comme son nom l’indique, un gigantesque kebab. À la
place de la viande, Wang Du a empilé des milliers d’images quotidiennes de la Chine,
captées lors d’un voyage. C'est alors au spectateur de découper des morceaux
d’images avec les couteaux mis à disposition et tâcher de saisir une vision, forcément
parcellaire, des mutations de la Chine contemporaine.
International Kebab (2008)

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Annette Messager s'expose au LaM de Villeneuve-
d'Ascq, avec « Comme si »
En ce moment et jusqu'au 21 août 2022, vous êtes invités à découvrir une
exposition de l'artiste locale Annette Messager, au LaM de Villeneuve-
d'Ascq. Elle présente "Comme si".

Voilà une nouvelle occasion de vous rendre au LaM de Villeneuve-d’Ascq


(Nord). (©Amandine Vachez / Lille actu)
Par Amandine VachezPublié le 21 Mai 22 à 14:06 

Jusqu’au dimanche 21 août 2022, vous pouvez découvrir les œuvres de


l’artiste originaire de la région Annette Messager, au LaM de
Villeneuve-d’Ascq (Nord), dans l’exposition « Comme si ».

Grande figure de l’art contemporain


En lien ténu avec le thème d’Utopia, qui célèbre le vivant, voici avec cette
exposition, présentée au LaM pendant plusieurs mois, une belle manière
d’enrichir l’offre culturelle métropolitaine.
Le message est à destination des visiteurs qui se presseront tout l’été dans
métropole lilloise : au-delà des œuvres parfois éphémères et souvent
partielles des nombreux artistes contemporains présentés, on pourra
découvrir des œuvres durables et complètes. Celle d’Annette Messager est
de celles-là.

C’est l’une des grandes figures de la création contemporaine. Originaire de


notre région puisqu’elle est née à Berck-sur-Mer, ses expositions
personnelles se succèdent dans les musées du monde entier.

On a en tête la grande rétrospective que lui a consacrée le centre


Pompidou en 2007, après celle du MoMA de New York en 1995, mais aussi
ses passages par l’Australie, à Londres, Mexico… Et la biennale de Venise,
bien sûr, qui lui a attribué le Lion d’Or en 2015, avant le Praemium
impériale au Japon, reçu en 2016 (et considéré comme l’équivalent du
Nobel pour les arts).

Des travaux récents, souvent inédits


Son œuvre est désormais davantage tournée vers le dessin, une technique
privilégiée depuis peu. Mais on y trouve aussi des assemblages : dans une
ville calcinée, c’est la revanche des animaux : le lapin chasseur de
sorcières, des escargots sont présents à toutes les étapes de l’exposition…
« Ils laissent une trace dans le paysage », affirme l’artiste.

Aujourd’hui veuve de son compagnon de longue date le plasticien Christian


Boltanski décédé l’été dernier, confrontée à sa propre maladie après un
cancer du sein, la mort domine son œuvre récente jusqu’à nous obliger à la
regarder dans le fond de l’œil.

Une tête de squelette tient lieu d’iris et illustre une phrase de Cesare
Pavese : « Et la mort viendra, elle aura tes yeux ». Annette messager se
défend pourtant de toute pensée définitive : « Jouer avec la mort, c’est lui
faire la nique. C’est jouer pleinement avec la vie ».

L’humour qui tempérait souvent ses productions se fait plus rare. Tout juste
peut-on en rire dans la deuxième salle, Continent noir, en référence à ce
mystère de la sexualité féminine que Freud réduisait ainsi.

La « salle des utérus » est recouverte d’un papier peint conçu pour l’atelier
de Balthus lors d’une exposition à la villa Médicis. Il reproduit à l’infini des
utérus ailés et colorés. Des ex-voto servent de décoration : les lettres de
l’alphabet, qualifient les hommes. De A comme Âne à Z comme Zéro en
passant par L comme Lâche, P comme Plouc, S comme Salaud… 26
insultes destinées à la gent masculine.
L’exposition a ses commissaires, sous l’autorité de Sébastien Delot, le
directeur conservateur du LaM. Mais on ne peut le cacher, elle porte la
patte de l’artiste, qui a choisi la manière de se présenter tout en laissant
malicieusement Marie Amélie Senot, qui pilote le département de l’art
moderne et contemporain, d’en faire l’exégèse avec les mots de l’artiste.
Ceux-ci apparaissent parfois incongrus, dans la bouche de la jeune
commissaire.

La carte des doudous


Annette Messager n’est pas inconnue à Villeneuve-d’Ascq. Une de ses
installations était présente lors de l’exposition consacrée à Giacometti.
Plusieurs générations d’écoliers défilent devant sa carte de France, une
acquisition de 2006 qui a d’emblée trouvé son public et en fait pour eux le
musée de référence grâce à la « carte des doudous ».

La fameuse « carte des doudous » est devenue une référence, notamment


pour le jeune public. (©Philippe Bernard/Adagp. Paris, 2022)
On sort de cette exposition sombre par un corridor noir et, on peut visiter
avec Avantage planètes brutes la donation de Marcus Eager et Michel
Nedjar, globe-trotteurs et donateurs qui enrichissent la collection initiale
d’art brut en présentant 300 œuvres de 47 artistes d’art brut dans un lieu
qui reste la référence européenne de l’art brut. Paradoxalement, on y prend
une bouffée d’oxygène, comme pour un retour à la vie.

Jean-Michel Stievenard

LaM, Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut à Villeneuve-


d’Ascq (1, allée du Musée). Exposition visible jusqu’au 21 août, du mardi au
dimanche de 10 h à 18 h (10 €/7 €/gratuit). Infos sur le site officiel du
musée.

 https://actu.fr/hauts-de-france/villeneuve-d-ascq_59009/annette-
messager-s-expose-au-lam-de-villeneuve-d-ascq-avec-comme-
si_51094852.html

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