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Une fois de plus, l’Afrique est au centre des attentions du reste du monde,
notamment de la part des grandes puissances économiques et financières –
que ce soit les nations en tant que telles ou les diverses institutions d’aide
au développement. À certains égards, notre époque n’est pas sans rappeler
la ruée sur l’Afrique des années 1881-1914, quand les puissances de ce
monde se disputaient les ressources de notre continent. Une chose est sûre,
l’Afrique est à la mode. On cite souvent l’exemple, parce que c’est une
image très forte, de l’un des magazines les plus influents au monde, un
hebdomadaire britannique qui d’une décennie à l’autre est passé du
diagnostic le plus brutal d’un « continent sans espoir » à des prévisions qui
frisent parfois l’hyper-optimisme sur un continent avec « une réelle chance
de marcher sur les traces de l’Asie ».
Les statistiques décevantes sur la pauvreté et la croissance africaines de la
fin des années 1990, puis le rebond expérimenté cette décennie, dans un
contexte économique morose et de fortes tensions politiques en Occident,
ne justifiaient pas plus le pessimisme excessif d’alors qu’elles n’autorisent
l’optimisme parfois démesuré d’aujourd’hui.
Mais encore. Il est loisible à chacun, observateurs ou praticiens du
développement, de s’épancher sur les « malheurs » ou « le potentiel » de tel
ou tel pays africain et du continent de façon générale. Ce n’est pas une
option pour les responsables publics, les intellectuels, les entrepreneurs et
les acteurs de la société civile en Afrique. Ils n’ont pas le choix, pas plus
que les populations africaines, dont le bien-être et la sécurité demeurent la
priorité absolue.
Pour d’autres, ce n’est pas une question de mode, mais d’urgence, et ils
n’ont jamais perdu l’espoir. Ibrahim Assane Mayaki est de ceux qui n’ont
pas eu « le choix ». Et qui ne l’ont d’ailleurs jamais recherché. Des
amphithéâtres de l’université aux salles des conseils de ministres, des
intenses conciliabules entre responsables africains aux conférences
multilatérales où tant de décisions importantes pour le futur du continent
sont prises, il a été présent avec la même rigueur intellectuelle et morale, et
cette recherche constante d’une solution qui servirait l’Afrique et ses
populations.
Dans cet ouvrage, il tire les leçons de quarante années d’une carrière aux
multiples facettes qui l’a amené à bien connaître la réalité du continent et de
ses dirigeants, et l’a mené aux contacts de ceux qui, des centres financiers
de Johannesburg et de Casablanca jusqu’aux marchés informels de Kigali et
de Niamey, vivent et font vivre cette Afrique réelle, loin des apitoiements et
des clichés.
Et ce qu’il vient dire est essentiel.
Le cynisme est peut-être, de tous les pièges qui guettent les réformateurs
en Afrique, le plus difficile à déjouer. Tantôt il prend la forme du
pessimisme ou de la résignation, tantôt celle d’un soi-disant « réalisme »,
pourtant détaché de toute réalité. Dans la période incertaine et complexe
que traversent le monde et l’Afrique, Ibrahim Assane Mayaki échappe à ces
écueils.
Son constat est que se profilent, pour la décennie à venir, des changements
majeurs pour l’Afrique et le monde. Une période charnière qu’il sera
difficile de rattraper si nous ratons le coche.
Nous ? C’est-à-dire tous ceux qui ont aujourd’hui les moyens et la
possibilité d’influer, par leurs décisions, leurs réflexions, leurs
investissements et leurs actions (sociale, culturelle, morale), sur la marche
de l’Afrique.
Au-delà de ce constat, cet ouvrage donne de nombreuses clés sur les
actions à mener, les pièges à éviter et rappelle l’importance d’allier
l’intelligence stratégique à la rigueur morale et à l’ouverture. Parmi les
pistes qu’il évoque, j’ai été particulièrement frappé par l’originalité de son
regard sur les défis et les opportunités présentés par le changement
climatique, les propositions, notamment en matière de co-production des
politiques publiques, et son appel – urgent – à retrouver notre souveraineté
intellectuelle. Le socle fondamental de toutes ces solutions, et cela
n’étonnera pas ceux qui connaissent Ibrahim Assane Mayaki, c’est la bonne
gouvernance.
Je vous encourage à lire et relire cet ouvrage, certain que vous y trouverez
comme moi de ces propositions innovantes qui appellent à la discussion – et
à l’action.
Afrique et mondialisation
L’Afrique a plutôt bien négocié le début de son intégration dans les circuits
mondiaux, profitant des vents ascendants de la mondialisation dans les
années 2000. La croissance a atteint des niveaux sans précédent. Pourtant,
malgré cette décennie qui a vu naître un concept à la mode (l’afro-‐
optimisme), on ne peut éluder le fait que l’Afrique abrite toujours près de
400 millions de personnes vivant dans une extrême pauvreté. Et que sa part
dans le PIB mondial ne dépasse pas les 3 %.
En outre, comme le reste de la planète, notre continent est entré dans une
zone de turbulences. Elles se sont manifestées avec un temps de retard par
rapport à la crise financière de 2008, mais la mondialisation a fini par
rattraper l’Afrique avec son train de perturbations, de questionnements et de
soubresauts.
La clé institutionnelle
L’Afrique recèle de plusieurs exemples de succès économiques. Quant aux
solutions techniques aux défis de notre continent, elles sont connues. Si
elles ne prennent pas, ce n’est ni par manque d’argent ni par manque de
bonne volonté. C’est parce qu’il y a peu de pays où les institutions sont à la
hauteur de ces défis. C’est aussi parce qu’on constate un manque
d’appropriation. Je voudrais partager ici une leçon transmise par l’ancien
Premier ministre éthiopien Meles Zenawi lors de notre première rencontre,
en 2009 : « Formulez votre diagnostic dans vos propres termes. » C’est
l’absence de diagnostic propre qui a trop souvent été la cause essentielle de
l’échec des politiques de développement tentées un peu partout en Afrique,
par manque d’appropriation.
La tâche de gouverner est complexe et demande que les meilleurs s’y
consacrent. Trop de pays n’ont pas les ressources humaines nécessaires.
Leurs meilleurs cerveaux sont allés chercher ailleurs ce qu’ils ne pensaient
pas pouvoir trouver en Afrique. Trop de pays se reposent sur des
consultants extérieurs pour définir leurs plans de développement à moyen
terme.
Le travail pour l’Afrique, et elle n’aura pas trop de dix ans pour le mener
à bien, consiste à se doter des solides institutions qui seront la clé aussi bien
de ses capacités endogènes que de sa résistance aux chocs exogènes.
Cela fait une quarantaine d’années que mon parcours m’a permis
d’analyser les nombreuses facettes, à la fois de l’économie du
développement et de l’exercice du pouvoir, d’abord en tant que responsable
de grandes entreprises nigériennes, puis en tant qu’homme politique au
Niger, en tant que professeur et enfin en tant que secrétaire exécutif du
NEPAD2. Les neuf dernières années passées à la tête du NEPAD m’ont
ouvert à une réalité panafricaine dont je ne soupçonnais pas la puissance.
Mon intention n’est autre que de rendre fidèlement compte de ce que j’ai
vu, d’entreprendre de lever les blocages et les résistances et de proposer une
feuille de route orientée sur quelques grandes thématiques, à l’usage de
toute personne mobilisée pour l’avenir de notre continent.
Les défis
1
Le spectre de la recolonisation
La seule grande question que j’aimerais que tous les hommes politiques se
posent aujourd’hui en Afrique est la suivante : comment transformer ce qui
risque d’être une opportunité démographique manquée en un dividende
démographique, levier essentiel de notre développement ? Ce n’est pas un
hasard si la thématique choisie par l’Union africaine pour l’année 2017 était
: « Tirer pleinement profit du dividende démographique en investissant dans
la jeunesse1 ». Je souscris totalement à cet engagement.
Je voudrais en outre rappeler que, même si elle est souvent présentée
comme un continent surpeuplé, l’Afrique souffre en réalité d’une densité de
population très hétérogène, très faible dans certaines régions du continent,
et, en moyenne, moitié inférieure aux autres pays émergents au poids
économique similaire. C’est l’une des conséquences les plus durables du
grand dépeuplement subi du XVIIe au XIXe siècle.
En 2016, il n’y avait que 44 habitants au kilomètre carré en Afrique
subsaharienne, contre une moyenne de 57 dans le monde, 39 en Afrique du
Nord et au Moyen-Orient, 370 en Asie du Sud et 32 en Amérique latine et
aux Caraïbes. Mais les situations des pays subsahariens sont très diverses :
3 habitants au kilomètre carré en Namibie, 8 au Gabon, 17 en Algérie, 46 en
Afrique du Sud, 75 en Côte d’Ivoire et 204 au Nigeria2. Au-delà de ces
divergences, une évidence : en 2100, l’Afrique représentera près de 40 % de
la population mondiale : 4,47 milliards d’Africains sur un total mondial de
11,184 milliards d’humains3.
Investissements étrangers :
pourquoi il faut être vigilant
Alors qu’aujourd’hui, et c’est une trajectoire à long terme, l’Afrique attire
des investissements directs étrangers de plus en plus nombreux et d’origines
de plus en plus diverses, il importe d’alerter les gouvernants sur la nécessité
absolue du développement intellectuel et culturel comme prérequis
indispensable au bon usage des ressources naturelles et financières dont
nous disposons ou serons amenés à disposer. Pour gérer et exploiter le
capital physique, pour négocier les transactions financières les plus
équitables possibles, pour bâtir les meilleures protections juridiques, le
savoir est un prérequis essentiel.
J’aimerais dans ce chapitre placer les jalons d’une réappropriation
intellectuelle et pédagogique de l’Afrique qui, je crois, n’a pas encore été
réalisée. Je suis intimement persuadé que l’éducation est à la racine du
meilleur comme du pire. C’est pourquoi j’ai souhaité ouvrir cette deuxième
partie à propos des « clés » par une réflexion sur ce thème. Car c’est
l’éducation qui permettra de véritablement déverrouiller l’immense
potentiel de notre continent. Notre avenir dépend de notre capacité
à reprendre notre souveraineté intellectuelle.
Le patrimoine culturel,
pilier de notre souveraineté intellectuelle
Pour en revenir à notre exemple de départ sur la voûte nubienne, la
protection intellectuelle doit également faire partie de cette réflexion. Le
patrimoine intellectuel est difficile à préserver par lui-même. À long terme,
ce qui compte, c’est le patrimoine génétique, agricole et culturel (nous
pouvons penser au riz basmati pour les Indiens), les techniques
traditionnelles en matière de construction, de pratiques agricoles, etc. Il faut
à tout prix préserver ce patrimoine.
Je pense par exemple au long combat mené par l’Éthiopie contre le géant
américain Starbucks pour récupérer les appellations d’origine de ses plus
fines variétés de café : Yirgacheffe, Sidamo et Harrar. En l’occurrence,
David a vaincu Goliath, et ces trois noms sont aujourd’hui des marques
éthiopiennes enregistrées12. Grâce à cette initiative, les quelques 15 millions
de personnes vivant du secteur caféier en Éthiopie ont vu leurs revenus
augmenter, alors que l’État a exporté davantage. L’Éthiopie est aujourd’hui
l’un des leaders du continent en matière de protection de la propriété
intellectuelle.
Un autre exemple bien connu concerne les Maasaï, une ethnie répandue
entre le Kenya et la Tanzanie, qui est devenue l’une des mieux identifiées
à l’extérieur du continent. Ces derniers se sont organisés pour faire en sorte
que leur nom et leur culture ne soient plus détournés au profit d’initiatives
sans rapport aucun – et sans qu’il ne leur soit rien donné en échange de ce «
pillage ». Nombreuses sont les entreprises qui se sont inspirées des célèbres
motifs traditionnels maasaï, notamment dans le domaine du luxe. La mise
en place d’un organisme de sauvegarde du patrimoine culturel masaï, la
Maasai Intellectual Property Initiative (MIPI), a permis d’attirer l’attention
sur leurs conditions de vie, souvent bien éloignées des clichés véhiculés par
la culture mondiale, mais aussi de faire en sorte que l’usage de la « marque
» maasaï puisse leur rapporter quelque chose13.
Alors qu’Internet permet de véhiculer toujours plus de « biens culturels »,
l’Afrique doit faire entendre son originalité. C’est aussi cela qui lui rendra
sa fierté. Car c’est grâce à leurs racines et à leur assise culturelle que les
peuples peuvent donner du sens au présent et regarder l’avenir avec
confiance.
8
« L’Afrique n’est pas un pays ! » Qui n’a jamais entendu ce rappel à l’ordre
intimé à ceux qui oseraient vouloir réduire l’Afrique, continent de plus
d’1 milliard d’individus, à un territoire homogène en tirant des conclusions
à tout va sur « l’Afrique » ? Pourtant, je ne voudrais pas non plus me
risquer à affirmer que je n’ai moi-même jamais succombé à la facilité d’une
telle généralisation. Et je crois qu’en réalité il me plaît d’envisager notre
continent comme une entité cohérente. L’Afrique fait face à des défis
souvent comparables, qu’une approche concertée lui permettrait de relever
avec une efficacité démultipliée. Je trouve aussi qu’il importe d’insister sur
ce qui nous rassemble plutôt que sur ce qui nous divise, alors que le grand
clivage idéologique de ce début de troisième millénaire oppose les tenants
d’un monde ouvert à ceux qui défendent une forme de repli.
C’est pourquoi je voudrais d’abord revenir ici sur le cheminement
historique et intellectuel qui nous a permis de commencer à penser notre
organisation économique et politique sur une base commune. Il me semble
également important de démontrer comment c’est cela qui nous permet de
tirer le meilleur parti de nos relations multilatérales et bilatérales. L’intérêt
croissant de la plupart des grandes puissances du monde pour l’Afrique
devrait également plus que jamais nous pousser à approfondir une approche
commune. Il faut dire enfin un mot du grand projet de l’intégration
africaine, avec la création de vastes marchés communs qui devraient être
notre réponse à la panne actuelle de l’idée de globalisation.
La chute des prix des hydrocarbures, à partir de mi-2014 (de 117 USD le
baril à 30 USD entre juillet 2014 et décembre 2015, avant de remonter
à près de 50 USD en 2017), l’a rappelé à ceux qui feignaient de l’ignorer :
les États et les peuples africains ont des intérêts souvent divergents, parfois
même antagonistes1. C’est une évidence qui est rarement affirmée, au nom
de « l’unité de l’Afrique », objectif louable, certes, mais irréalisable tant
qu’on ne tient pas compte de la plus simple réalité.
Ainsi, l’Algérie et le Nigeria souffrent profondément de la chute de leurs
revenus pétroliers tandis que le Maroc et le Kenya se réjouissent de la
baisse de leur facture énergétique. Les pays de la Communauté économique
et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) voient leurs réserves de
change tarir alors que ceux de l’East African Community (EAC)
applaudissent le rééquilibrage progressif des termes de l’échange. De
même, au milieu des années 2000, la hausse des prix mondiaux du blé (qui
ont doublé entre 2005 et 2007) a provoqué une crise alimentaire majeure
à travers nombre de pays africains, mais alimenté les trésors publics et
réjoui les agriculteurs marocains et sud-africains.
Ce sont là des évidences. Mais il faut pourtant les redire pour expliquer en
quoi la coopération régionale n’est pas basée sur une vision romanesque du
continent ou une ignorance des réalités économiques. Au contraire, c’est
précisément en raison de ces réalités économiques que nous devons
défendre les vertus de la concertation (comme je l’ai évoqué dans le
chapitre 3 sur la fragmentation de l’Afrique).
Toute solution durable repose sur l’assentiment éclairé de la population.
Prétendre défendre l’intérêt commun régional en affirmant que les besoins
de la Guinée et du Nigeria, ou encore du Burundi et du Kenya sont à tout
instant et en toutes circonstances les mêmes, est une illusion qui ne peut
tromper les citoyens des pays concernés. Une approche plus efficace car
plus honnête demande de reconnaître les antagonismes éventuels entre pays
africains – parfois dans le cas d’un même pays à différentes étapes de son
développement : il est possible que dans quinze ans le Sénégal souffre de la
baisse du prix du pétrole, alors que le pays en bénéficie aujourd’hui.
Au-delà des bénéfices évidents du partage d’infrastructures, la coopération
régionale est indispensable pour corriger ou renforcer d’autres aspects du
développement africain. Ainsi en est-il de la négociation des accords
commerciaux extérieurs, de la mise en place de Bourses régionales
(l’Afrique orientale montre le chemin avec le segment agricole de la Bourse
de Kigali), des règles communes pour différentes professions, de
l’homologation des diplômes, de l’harmonisation des qualifications, etc. Je
propose de montrer ici comment les intérêts les plus strictement nationaux
peuvent être résolus par la coopération interétatique, à travers deux
problématiques majeures : la sécurité et la santé.
L’intervention citoyenne
et la question de l’appropriation
J’ai eu l’occasion de le rappeler en introduction de cet ouvrage, mais l’une
des rencontres les plus déterminantes de ma vie a été celle avec le Premier
ministre éthiopien Meles Zenawi, en 2009. Je découvre un homme
extrêmement brillant qui m’énonce une stratégie que je n’ai jamais oubliée
et que j’ai le plus possible imprimée dans mes décisions ultérieures : «
Formulez votre diagnostic dans vos propres termes ». C’est l’absence de
diagnostic propre qui a trop souvent été la cause essentielle de l’échec des
politiques de développement tentées un peu partout en Afrique, par manque
d’appropriation. Comment voulez-vous prononcer un diagnostic pertinent si
vous n’êtes pas en mesure d’écouter votre population ?
Cette carence ne concerne pas que les infrastructures, loin de là. Les «
Visions » (2020, 2025, 2030…) qui se multiplient sur le continent sont plus
« révélées » que construites, fruit du travail de consultants en stratégie
souvent peu concernés par les problématiques auxquelles ils doivent «
répondre ». Cela touche aux thématiques courantes : santé, éducation,
infrastructures, énergie et imposition. Mais ce défi de consultation
démocratique concerne aussi des questions stratégiques : promotion des
énergies renouvelables, traités de défense et de sécurité, accords de libre-‐
échange et même la coopération régionale. Si les citoyens africains sont
assez mûrs pour voter, ils le sont aussi pour décider de ces questions. En
tout cas, pour être consultés régulièrement sur ces sujets. Le « travail
parlementaire » est souvent inexistant.
Quelques réformes simples peuvent contribuer à la synthèse du mode
moderne d’organisation législative et des vertus traditionnelles de l’arbre
à palabres – certaines sont d’ailleurs déjà appliquées dans plusieurs pays, de
la Tunisie au Sénégal, de l’Afrique du Sud au Nigeria. Pour les propositions
suivantes, dont la liste n’est pas exhaustive, un délai raisonnable de
consultation du public et une recension des remarques des populations
doivent être organisés et rendus publics, sous réserve des précautions
strictement liées à la défense de l’intérêt général et de la sécurité nationale,
qui seront clairement définies par des textes (rendus eux aussi publics).
1. Tout projet financé par le public (ou avec une dette garantie par le secteur
public) au coût supérieur à 10 millions de dollars US devra
obligatoirement faire l’objet d’une consultation publique dont les
conclusions seront accessibles à tous. Et cela, six mois en amont de
l’appel à proposition. Un panel (un jury en fait) sélectionné de façon
impartiale devra être constitué et consulté pour les projets dont le coût
dépasserait 100 millions de dollars US.
2. Tous les projets et toutes les propositions de lois (en particulier les lois de
finance) doivent être mis en ligne à la disposition du public, avec un
moyen de contacter ses promoteurs (téléphone, e-mail, adresse de la
permanence législative ou du ministère concerné).
3. Tous les titres (permis, autorisations, requêtes) miniers et pétroliers
doivent être rendus publics.
4. Toutes les données statistiques (commerce, investissements, coût de la
vie, recettes et dépenses publiques…) doivent être facilement accessibles
au public.
5. Les rapports de la Cour des comptes et de toutes les autres instances de
contrôle de l’action des administrations doivent être accessibles au
public.
Pour toutes ces actions, des canaux clairs (télé, radio, courriels,
permanences téléphoniques, réseaux sociaux) doivent être établis en
direction du grand public, dans les principales langues locales, pour que ce
dernier puisse exprimer son avis.
Ce sont quelques esquisses de solution, applicables au contexte africain.
Mais pas seulement.
Dans un magnifique morceau de son Cahier d’un retour au pays natal,
Aimé Césaire écrit :
C’est parfois dans les événements les plus anodins que certaines idées se
révèlent. L’histoire qui va suivre pourrait sembler banale, mais elle
a déclenché en moi la première réflexion sur ce qui pourrait arriver
à l’Afrique si nous parvenons à anticiper et orienter la transition
technologique actuellement à l’œuvre sur le continent. Lors d’un séjour au
Rwanda en 2016, j’ai voulu effectuer un achat dans un village à quelques
dizaines de kilomètres de Kigali. Dépourvu d’argent liquide, je m’apprêtai
à renoncer quand le revendeur m’a proposé un terminal de carte bancaire
relié à son téléphone. Quelques minutes plus tard, mon souvenir était payé
et emballé. Cela m’a reporté quelques mois plus tôt, au Japon, lorsque
j’avais dû purement et simplement renoncer à un achat faute de liquide dans
une situation comparable.
Cette anecdote est évidemment révélatrice du potentiel de la technologie
pour faciliter des transactions qui n’auraient pas eu lieu sans elle, ouvrant la
possibilité pour des acteurs économiques locaux de vivre de leur
production. Car ce qui est possible pour un souvenir le devient pour les
produits agricoles, les services de transport ou de réparation mécanique, les
soins de santé, les services publics… De là aux vraies conséquences de
cette anecdote il y a comme une évidence. Ce qui se passe chez cet artisan
rwandais, c’est qu’il est sorti de l’informel. Il fait officiellement partie du «
système ». Il est enregistré au registre du commerce, il a un numéro de
TVA, il paye ses impôts et son électricité via son compte bancaire en ligne.
Il est une petite entreprise à lui tout seul. Déjà il gagne de quoi élever ses
enfants dignement.
Effet d’entraînement
Cela avait déjà été relevé dans les années 19807. Des études plus récentes le
confirment : « La production alimentaire par habitant a nettement augmenté
depuis les années 1980 pour l’Afrique de l’Ouest, et depuis les années 2000
pour l’Afrique centrale. Cet accroissement s’est fait plus vite que celui de la
population rurale, suggérant que la production alimentaire n’est plus
uniquement destinée à l’autoconsommation. Elle semble être devenue une
production commerciale destinée aux marchés intérieurs des pays, et
notamment aux marchés urbains, ce qui pourrait confirmer que
l’urbanisation a eu un effet d’entraînement sur la production alimentaire des
pays […] »8.
C’est sur cet effet d’entraînement que j’attire l’attention.
Nombre de spécialités professionnelles n’existent pas dans la plupart des
pays africains. Soit parce que les besoins sont inexistants (rééducateur
physique d’astronautes, traducteur Kirghize-Kazakh…), soit parce que leur
potentiel est mal perçu.
Par exemple, l’urbanisation en Afrique subsaharienne a eu un effet
d’entraînement sur la modernisation des chaînes d’approvisionnement en
produits agricoles (réseaux commerciaux, entreposage et transport)9. Malgré
ces progrès, la FAO estime que la quantité de nourriture gaspillée
(essaimage, récolte, post-récolte, transformation, distribution,
consommation) atteint 100 millions de tonnes chaque année en Afrique
subsaharienne. En ce qui concerne les seules céréales, cela représente une
perte de 4 milliards de dollars par an, soit les besoins calorifiques de
48 millions de personnes et plus que la valeur totale de toute l’aide
alimentaire reçue dans la région pendant une décennie !10 Et encore, il ne
s’agit ici que de « gaspillage », et non des gains à espérer d’une
augmentation de la production et de la productivité.
Il semble clair que des opportunités immenses de création de valeur et
d’emplois sont en réserve, sous-exploitées, souvent même ignorées, en
matière d’efficacité agricole, mais aussi dans les structures de transport et
d’entreposage, les industries de transformation, d’emballages et de
conservation, les réseaux d’approvisionnement des centres de distribution
(marché en vrac et centres commerciaux modernes). La ruralisation des
villes africaines n’est rien d’autre que la mise en valeur, à destination des
centres urbains africains, des métiers et de la production des zones rurales
du continent. Ce gisement d’emplois est rarement pris en compte dans les
décisions d’investissements en infrastructures et en éducation. Il est temps
que cela change.
Pour clore cet ouvrage, je voudrais évoquer six moments clés qui sont
autant d’étapes sur mon « Chemin de Damas ».
Le premier concerne ma prise de conscience de l’environnement. Je viens
d’un pays pour lequel la menace de la désertification a toujours eu une
signification très concrète. Nombre de mes compatriotes vivent de
l’agriculture et de l’élevage malgré cette épée de Damoclès qui se fait de
plus en plus lourde. Avec des ressources limitées, le pays est néanmoins
parvenu à valider le tout premier Plan national pour l’environnement et le
développement durable, et se place aujourd’hui comme l’un des champions
de la lutte contre la désertification avec des résultats importants sur la
quantité de terres dégradées récupérées. Ma propre sensibilité aux questions
environnementales, je la tiens de mon père, un des tout premiers, si ce n’est
le premier, ingénieur en agriculture au Niger.
Le deuxième concerne la stratégie. Lorsque j’ai rencontré pour la
première fois l’ancien Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, en 2009,
j’ai découvert un homme extrêmement brillant qui m’a énoncé une stratégie
que je n’ai jamais oubliée et que j’ai le plus possible appliquée dans mes
décisions ultérieures : « Formulez votre diagnostic dans vos propres termes.
» C’est l’absence de diagnostic propre qui a trop souvent été la cause
essentielle de l’échec des politiques de développement tentées un peu
partout en Afrique, par manque d’appropriation. Ce mot a d’ailleurs une
double signification en français : « C’est approprié quand c’est approprié. »
Cette citation rejoint mon goût pour les arts martiaux, dont l’un des
fondements philosophiques est bien résumé dans ce dicton : « Lorsque
l’élève est prêt, le maître apparaît. »
Le troisième remonte à une rencontre récente, en 2017, avec des élèves de
la Oxford Africa Conference. Elle m’a appris une leçon intéressante sur la
jeunesse africaine. Les débats portaient sur les moyens de débloquer
l’investissement en Afrique. À aucun moment l’un d’entre eux n’a évoqué
l’État. En réalité, ils font plus confiance à leurs capacités individuelles qu’à
l’État : « Nous ne comptons pas sur l’État, nous comptons sur notre
capacité d’entreprendre. » Ils ne sont pas en adéquation avec la manière
dont les États fonctionnent et ne cherchent même pas à réparer le
gouvernement. Cela m’a semblé présager d’un avenir plus dynamique. Ce
n’est pas à l’État de mener le changement. L’État doit remplir sa mission et
servir le bon fonctionnement d’un territoire donné.
À ma modeste mesure, j’ai créé en 2000 CAP2, un think tank sur l’analyse
des politiques publiques au Niger. Nous sommes à ce moment parvenus
à un petit miracle de cohésion politique et sociale en rassemblant autour de
la table des Nigériens de toutes tendances politiques qui analysent ensemble
et trouvent des solutions ensemble. Ce concept de réflexion commune
fondée sur une discussion directe et franche me semble plus que jamais
utile comme moyen de revigorer la façon dont les priorités des sociétés
africaines sont discutées, définies et réalisées. Cette minorité active,
plurielle et porteuse de solutions, a pu influencer la définition des politiques
de développement nationales dans un sens plus pragmatique et, surtout, plus
conforme aux réalités du terrain et en accord avec le plus large éventail de
sensibilités.
À l’occasion des Assemblées générales de l’ONU, en septembre 2016
à New York, j’ai eu l’occasion de débattre au NASDAQ avec les plus
importants fonds de pension africains, avec une capitalisation de 1,5 trillion
de dollars. Il subsiste un grand mythe sur les ressources financières
africaines. La question du développement en Afrique n’est pas liée à un
manque de ressources, mais à un manque de stratégie et d’appropriation. Si
nos propres fonds souverains et fonds de pension préfèrent consacrer une
part si importante de leurs actifs à des placements « sans risque », comme
les obligations européennes ou américaines, c’est qu’il nous faut travailler
plus dur à les convaincre que les partenariats public-privé sont efficients et
protègent convenablement leurs intérêts.
J’ai commencé ce témoignage en citant mon père. Je voudrais le terminer
en rappelant le souvenir de celle qui m’a introduit au monde, elle qui
illustrait si parfaitement ce trait africain fondamental entre tous : la
solidarité. Elle qui ne cessait de parcourir le quartier de Niamey où nous
habitions pour s’enquérir de la santé d’un tel, de la scolarité des enfants de
telle autre. Rien ne lui échappait et je me rappelle encore ses appels au
secours, alors que nous ses enfants étions disséminés à travers le monde,
pour solliciter de l’aide au nom de l’un de ses voisins en difficulté. Cela
n’est pas sans rappeler des pratiques qui ont toujours cours en milieu rural :
offrir de l’eau à celui qui passe, échanger avec son voisin une partie
équivalente du produit de la même récolte…
Notes
Introduction
1. « African Economic Outlook », AfDB, OECD, UNDP, 2017.
2. L’Agence du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) a été créée au
tournant du millénaire. Aujourd’hui, le NEPAD coordonne le cadre stratégique de l’Union Africaine
pour le développement socio-économique du continent. Son rôle a été réaffirmé dans la stratégie
2063 énoncée par l’Union africaine en 2013. C’est au NEPAD qu’incombe la responsabilité de mettre
en œuvre les grands chantiers de l’Afrique du futur.
1. Le spectre de la recolonisation
1. Trésor Kibangula, « Info ou intox : Donald Trump a-t-il (vraiment) dit ça sur l’Afrique et les
Africains ? » Jeune Afrique, 18 novembre 2016.
http://www.jeuneafrique.com/374723/politique/info-intox-donald-trump-
a-t-vraiment-dit-ca-lafrique-africains/
2. Sabine Cessou, « Clinton, Trump : quelle vision de l’Afrique ? », RFI, 30 septembre 2016.
http://www.rfi.fr/hebdo/20160930-etats-unis-afrique-vue-candidats-presidence-trump-clinton-obama
3. Kwame Nkrumah, Neo-colonialism: The Last Stage of Imperialism, Thomas Nelson, 1965.
4. William Wallis, « Africa told to view China as competitor », Financial Times, 11 mars 2013.
https://www.ft.com/content/58b08eb0-8a6c-11e2-9da4-00144feabdc0
5. Alec Russell, William MacNamara, « ICBC pays $5.5bn for Standard Bank stake », Financial
Times, 25 octobre 2007.
https://www.ft.com/content/a7215c94-828b-11dc-a5ae-0000779fd2ac
6. Alec Hogg, « Foreign shareholders now control almost half the JSE’s Top 40 companies »,
BizNews, Décembre 2015.
https://www.biznews.com/sa-investing/2015/12/02/foreign-shareholders-
now-control-almost-half-the-jses-top-40-companies/
7. Jeune Afrique, « Spécial entreprises 2017 ».
http://www.jeuneafrique.com/hors-series-top-500/
8. Laurence Caramel, « Thomas Piketty fustige des Européens qui « se donnent bonne conscience »
en Afrique », Le Monde, 11 septembre 2015.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/09/11/faute-de-transparence-les-
inegalites-en-afrique-sont-tres-sous-estimees-selon-thomas-piketty_4753088_
3212.html
9. China-Africa Research Initiative, « China Exports to African Countries ».
http://www.sais-cari.org/data-china-africa-trade/, UNComtrade data from 1992-2016,
http://comtrade.un.org/data/
10. Ramachandran V. & Shah M. K., « Foreign Ownership and Firm Performance in Africa:
Evidence from Zimbabwe, Ghana and Kenya », (1998, 2000).
11. UNECA, « Land Policy In Africa: A Framework To Strengthen Land Rights, Enhance
Productivity And Secure Livelihoods », 2011.
https://www.uneca.org/publications/land-policy-africa-framework-strengthen-land-rights-enhance-
productivity-and-secure
12. Thabo Mbeki : « L’Afrique perd chaque année 60 milliards de dollars dans des transactions
financières illicites », Jeune Afrique, 1er avril 2014.
http://www.jeuneafrique.com/11106/economie/thabo-mbeki-l-afrique-perd-chaque-ann-e-60-
milliards-de-dollars-dans-des-transactions-financi-res-illicites/
13. Global Financial Integrity, « Illicit Financial Flows From Africa: Hidden Resource For
Development », 26 mars 2010.
A
Abdelaziz Bouteflika 78
Abdoulaye Wade 78
Ahmadou Aly Mbaye 106
Ahmadou Kourouma 89
Aimé Césaire 98
Amadou Hampate Ba 70
B
Barack Obama 32, 41, 46
Blaise Compaoré 65
Boubakar Ly 61
Boutros Boutros Ghali 94
C
Calestous Juma 109
Charles de Gaulle 65
D
Desmond Tutu 92
Donald Trump 17, 26, 32, 35, 41
E
Edson Mpyisi 121
F
Félix Éboué 65
Félix Houphouët Boigny 120
Franz Fanon 61
H
Hosni Moubarak 78
I
Issad Rebrab 20
J
Jean-François Bayart 93
Jean-Marc Anga 117
Jomo Kenyatta 120
Julius Nyerere 120
K
Kwame Nkrumah 17, 36
L
Léopold Sédar Senghor 61
M
Max Weber 86
Meles Zenawi 12, 52, 96, 127
Moro Naba 65
Mouammar Kadhafi 23, 38
Muhammadu Sanusi 18
N
Nelson Mandela 92
Nicolas Sarkozy 119
O
Olusegun Obasanjo 78, 93
P
Paul Biya 62
Paul Kagame 36
Pierre Ismaël Bidoung
Kpwatt 62
R
Robert Kaplan 61
Robert Mugabe 18
Robert Neuwirth 101
S
Samuel Hungtinton 62
T
Thabo Mbeki 78
Thomas Piketty 20
Y
Yannick Noah 65
Index général
#BidoungChallenge 63
2iEE (Institut international
de l’ingénierie de l’eau
et de l’environnement) 73
A
Abidjan 39, 85
accaparement des terres 18
accès au crédit 122
accord de Kyoto 47
accord de libre-échange
nord-américain 36
accord de Yamoussoukro 40
accord de Zone de libre-échange continental
(ZLEC) 80
accord historique de Paris 47
ACE (Africa Centers of Excellence) 74, 88
adaptation aux changements climatiques 45
African Risk Capacity 124
Afrique centrale 41, 87, 116
Afrique de l’Est 33, 41
Afrique de l’Ouest 29, 41, 44, 70, 74, 85, 89, 116
Afrique du Nord 64
Afrique du Sud 18, 20, 22, 31, 34, 41, 54, 97, 98, 102
Afrique orientale 84
Afrique subsaharienne 26, 29, 31, 55, 58, 64, 70, 103, 113, 116, 118
AGRF (Forum pour la révolution verte
en Afrique) 121
agriculture commerciale 123
agriculture inclusive 123
Algérie 20, 43, 54, 83
Angola 20
Arabie Saoudite 17
armes à feu 85
association des nations
de l’Asie du Sud-Est 36
autoconsommation 116
autorité de développement accélérée de Savannah 59
B
BAD (Banque africaine
de développement) 22, 121
balkanisation 35
banque mondiale 29, 74, 75, 88
Bassam 87
Bénin 86, 114
Biafra 38
bidonvilles 102
Bidvest 19
biens de consommations transformés 30
Boko Haram 50, 85
Botswana 31
bourse de Kigali 84
bourses 33
Brésil 41, 108
BRICS 41
brouteurs 64
budgets de l’éducation 74
Burkina Faso 29, 59, 65, 73, 86
Burundi 56, 84
C
Cameroun 73
CAP2 92, 128
capital culturel 69
capital intellectuel 69
capital matériel 69
Casablanca Finance City 34
Casamance 38
CEDEAO (Communauté Économique des États
de l’Afrique de l’Ouest) 30, 36, 39, 42, 86
CEMAC (Communauté économique et monétaire
de l’Afrique centrale) 83
Cevital 20
CFAO 19
changement climatique 43
Chine 11, 17, 20, 29, 34, 41, 46, 72
chômage 63
CME (Centre des métiers
de l’électricité) 73
cocaïne 85
coefficient de Gini 114
colonisation 70
COMESA (Marché commun
de l’Afrique Orientale
et Australe) 31
commerce extérieur 31
commerce intra-régional 36
commerce mondial 31
commission économique
de l’ONU pour l’Afrique 22
commission « vérité et réconciliation » 98
communautés économiques régionales 110
conférence de Berlin 35
Congo belge 71
Congo-Brazzaville 114
conseil de coopération
du Golfe 41
consultation démocratique 96
COP21 47, 91
COP22 46, 47
corridor Ouagadougou-Accra 59
corridors 58
Côte d’Ivoire 24, 28, 29, 38, 54, 73, 86, 94
crédit bancaire 105
croissance démographique 23, 53, 114
croissance économique 58, 113
cultures d’exportation 120
cultures vivrières 120
D
Dakar 39, 66
dégradation des terres 43
densification rurale 59
dépendance alimentaire 115
désertification 49
diasporas 27
Djibouti 23, 51
droit communautaire Ohada 21
droit foncier 122
Durban 92
E
EAC (East African Community) 30, 83
école des métiers de l’électricité 87
école nationale des officiers d’active 88
éducation 72
éducation supérieure 73
Égypte 20
émigration rurale 113
emplois formels 121
emplois non-agricoles 118
ENABLE Youth Program 121
entreprise familiale 102, 107
entreprise individuelle 107
entreprise non-agricole 118
Érythrée 35
Eskom 20
État de l’Azawad 38
États-Unis 87
Éthiopie 56, 64, 75, 118
exode rural 120
exportations mondiales 26
F
Facebook 63, 104
FAO 116
financement 123
flux commerciaux 27
flux démographiques 27
flux financiers 27, 33
flux financiers illicites 23
FMI (Fonds monétaire international) 95, 100
formalisation 105
franc CFA 18
France 87
French Business Climate Pledge 48
G
Gabon 54, 73, 94
Gambie 42
gaz à effet de serre (GES) 45
Ghana 39, 59, 86, 94
GMV (Grande Muraille Verte) 51
GPHN (Groupe
des personnalités
de haut-niveau) 23
guerre froide 78
Guinée 84
Guinée-Bissau 85
H
habitants au kilomètre carré 53
Harrar 75
hinterland ouest-africain 39
homologation des diplômes 87
hyper-présidentialisation 93
I
immigration circulaire 27
impôt 103, 105
indaba 91
Inde 17, 34, 41
indépendance économique 79
industrie automobile 30
infrastructures 33
intégration économique continentale 81
intégration économique mondiale 80
intégration économique régionale 79
Internet 62, 64, 65
Islam et Population 57
ITIE (Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives) 24
J
jeunesse 61
Johannesburg 34
Johannesburg Stock Exchange 19
K
Katanga 38
Kenya 83, 84, 94, 124
L
Lac Tchad 49
Lagos 88, 101
Liberia 74
libre circulation des marchandises
et des capitaux 29
libre circulation des personnes 29
libre-échange 32
Libye 38, 43
loi de Gresham 85
Lomé 39
lutte contre le terrorisme 41, 87
M
Maasaï 76
Maiduguri 86
Malabo 125
Malaisie 34
Malawi 118
Mali 29, 38, 59, 60, 86
manque de transparence 93
marché commun de l’Amérique centrale 36
marché du travail 73
marchés régionaux 32
Maroc 20, 31, 41, 65, 83, 88, 94
Marrakech 47
matières premières 31
Maurice 34
MDP (Mécanisme de Développement Propre) 47
mégalopoles 115
micro-entrepreneurs 105
migrations 27
migrations circulaires 114, 115
migrations Sud-Nord 28
migrations Sud-Sud 28
MIPI (Maasai Intellectual Property Initiative) 76
mondialisation 26
Moyen-Orient 22, 29, 34
MTN Group 19
N
Naftal 20
Nairobi 66
Namibie 22, 54
NASDAQ 129
NDB (New Development Bank) 41
NEPAD 13, 78
Niger 44, 49, 55, 118
Nigeria 29, 39, 41, 54, 64, 83, 84, 94, 97, 118, 124
non-coopération 42
nouvelles technologies 104, 108
O
OCDE 18, 48, 75, 105
Office du Niger 59
OIT (Organisation internationale du travail) 64
Olusosun 101
OMC 31
Onep 20
One Planet Summit 48
Organisation africaine de la propriété intellectuelle 21
Organisation de l’unité africaine 38
Organisation internationale
du café et du cacao 117
organismes génétiquement modifiés 120
Ouganda 114
Oxford Africa Conference 128
P
PAE (Plan d’action
pour l’environnement) 48
panafricanisme 77
patrimoine culturel 75
patrimoine intellectuel 75
pêche illicite 18
Pékin 23
PIB de l’informel 100
PIB par habitant 113
PIB rural 112
PIB urbain 112
PISA (Programme international pour le suivi des acquis
des élèves) 75
Plan national pour l’environnement et le développement durable 49
planning familial 55
plateforme portuaire 39
pôle de croissance de Bagré 59
Popenguine 66
Port Harcourt 86
Première Guerre mondiale 70
pression démographique 118
prix du blé 83
prix du pétrole 83
produits agricoles 31
programme de croissance rurale du Nord 59
programme « Jeunes diplômés » 73
protection intellectuelle 75
R
RDPC (Reconstruction et Développement Post-Conflit de l’Union Africaine) 50
recolonisation 17
ré-enracinement 51
répartition inégale
des terres 22
réseaux sociaux 64, 104
réunion de Niamey 80
ruralisation 111
rur-urbanisation 115
Russie 41
Rwanda 33, 38, 64,
98, 106, 108
S
SABMiller 19
Sahel 44, 69, 85, 124
Samir 20
Sanlam 19
santé 87
secteur informel 100, 106
secteur privé 72, 79
sécurité 85
sécurité des personnes 50
Ségou 59
Sénégal 24, 38, 42, 51, 56, 66, 84, 88, 94, 97, 124
Sidamo 75
Singapour 34
Sonangol 20
Sonatrach 20
Sonelgaz 20
Soudan 38
Soudan du Sud 35, 38
Standard Bank Group 19
Starbucks 75
Suez Canal Authority 20
système bancaire 102
système électoral 94
système législatif 93, 96
T
Taïwan 108, 109
Tanzanie 118
Tassili-n-Ajjer 43
taux de croissance 58
taux d’éducation 63
taux de fécondité 56
taux d’imposition 103
taux d’urbanisation 113
téléphonie mobile 124
Tema 39
Togo 24
Touba 66
transition démographique 29, 56, 57
transition technologique 99
tribunaux gacaca 98
TTIP 32
Tunisie 94, 97
U
ubuntu 91, 92
UEMOA 87
Union africaine 22, 33, 48, 53
Union européenne 36
urbanisation 111
V
Venezuela 24
villes intermédiaires 115
voûte nubienne 69
Y
Yirgacheffe 75
Z
Zambie 94
Zimbabwe 22
zones péri-urbaines 58
zones rurales 58, 105
zones urbaines 58
Table des matières
Préface
Introduction
Afrique et mondialisation
Un ralentissement propice aux réformes
Dix années décisives
User de nos ressources
La clé institutionnelle
Les défis
1. Le spectre de la recolonisation
Une détention injuste du capital ?
Les Africains détiennent le pouvoir
La société civile doit bien choisir ses combats
2. Migrations et commerce : l’Afrique a le choix des armes
Le temps de la prise de conscience et de l’action
Des migrations en pleine mutation
Échanges asymétriques et concurrence déloyale
Une plus grande diversification des partenariats est urgente !
3. Les Afriques, bombe à fragmentation
La rupture engendre la rupture
La course effrénée vers la première place
Des vertus de la diversité
4. Les États africains face aux bouleversements climatiques
Des signaux de détresse proviennent de toute l’Afrique
L’adaptation est une opportunité, mais…
La mobilisation des moyens techniques et financiers est indispensable
La restauration des terres, clé du ré-enracinement des populations
Enrayer les migrations climatiques
La voix singulière de l’Afrique
5. Une démographie originale et incontrôlée
La croissance démographique se prévoit et se gère
Prévention : les clés de la réussite
Le dividende démographique et la révolution verte
Les corridors agro-industriels : de l’informel à la création de richesse
partagée
6. La jeunesse africaine entre tradition et modernité
L’effet démultiplicateur du numérique
Le paradoxal effet compensatoire des traditionalismes
Les clés
7. Retrouver notre souveraineté intellectuelle
Une grande cassure
Investissements étrangers : pourquoi il faut être vigilant
Éducation de base, formation supérieure et recherche
Prioriser et mesurer l’efficacité de l’éducation
Le patrimoine culturel, pilier de notre souveraineté intellectuelle
8. Ce que le panafricanisme veut dire
De l’Afrique sous influence à l’émancipation collective
L’intégration : une innovation politique ambitieuse
9. La perspective régionale comme solution aux défis nationaux
Les enjeux sécuritaires ne connaissent pas de frontières
La fragmentation des talents
10. Pour une co-production des politiques publiques
À propos des systèmes législatifs
L’intervention citoyenne et la question de l’appropriation
11. Informel, nouvelles technologies et industrialisation : le triangle
impossible ?
L’informel est un mode de vie…
… qui reste encore brutal et dysfonctionnel
Pour une transition réfléchie et en douceur vers le secteur formel
Les nouvelles technologies : des outils pour l’emploi, l’accès au crédit et
la fiscalité
Que peuvent faire les États pour accélérer cette transition ?
Les TIC ne peuvent pas tout, mais elles peuvent favoriser
l’industrialisation
12. Ruralisation des villes ou urbanisation des campagnes ?
Le phénomène de l’urbanisation du continent
Modalités africaines de l’urbanisation
Repenser la relation entre villes et campagnes
Effet d’entraînement
L’« appel des villes » est aussi un appel des campagnes
13. L’agriculteur africain, un entrepreneur comme un autre
Le handicap d’un cliché dépassé
Comment développer l’emploi agricole ?
Les méthodes de financement alternatives
La protection des droits des agriculteurs au centre des futures politiques
Épilogue
Notes
Glossaire
Index des noms propres
Index général
Table des matières
À propos de l’auteur
À propos de l’auteur