Vous êtes sur la page 1sur 8

L’Afrique dans les échanges internationaux

La fin du colonialisme, dans les années 60, avait libéré de


nouvelles énergies et suscité de nombreux espoirs en Asie et
en Afrique. Les dirigeants de ces nouveaux États étaient
résolus à ce que leurs pays rattrapent le monde développé
et s'intègrent dans les échanges mondiaux.

Cinquante ans après l'accès à l'Indépendance, contrairement


aux NPI (Nouveaux pays industrialisés) asiatiques ou à la
Chine et à l'Inde, une majorité de pays situés au Sud du
Sahara, sont exclus des pôles économiques avancés de la
planète et semblent observer du bord de la route cette
course à laquelle n'appartient pas leur monde. L'Afrique
semble marginalisée du processus de mondialisation.

Cette marginalisation est telle que la Chine est devenue le


premier créancier du continent ce qui tend à créer une
relation de dépendance.
1. Un continent à l'écart du marché mondial
Les pays africains auraient intérêt à participer aux échanges
politiques et économiques internationaux.

Mais cette insertion nécessiterait de leur part une participation


active aux négociations au sein des institutions
internationales (ONU – Organisation des nations unies, OMC –
Organisation mondiale du Commerce, FMI – Fonds monétaire
international, etc.).
Or, la plupart des pays africains, à l'exception des États d'Afrique du
Nord et du Sud, ne jouent qu'un rôle très marginalisé dans ces
institutions.

Cela reflète la faiblesse de leur poids économique et politique au


niveau international.

a. La détérioration des termes de l’échange

La mondialisation a eu pour effet principal de diminuer la


contribution de l'Afrique au commerce mondial.

Les exportations

Au cours des années 60, le volume des exportations des pays


africains augmentait en moyenne de 6 % par an. Mais depuis 1973,
ce volume a nettement diminué dans la plupart des États du
continent et ce, malgré la croissance spectaculaire du volume des
exportations mondiales. Pour l'Afrique, il a atteint 3 % en 1990 et
1,7 % en 2005.

Une dégringolade qui est due à une perte de valeur de ses


productions. Depuis les années 80, le coût des matières premières
n'a pas cessé de chuter régulièrement. Et l'Afrique vend surtout des
matières premières agricoles. Elle ne dispose pas des infrastructures
suffisantes.

Exemple
En 2017, les exportations éthiopiennes représentent 3 170 millions de
dollars contre 16 280 millions de dollars pour les importations. Les
produits agricoles représentent 40 % des exportations, la part de pétrole
et de produits miniers exportés est de 35 %.
Les importations

Les pays africains ont besoin d'importer des marchandises qu'ils ne


peuvent produire en quantité suffisante ou ne parviennent pas à
produire tout court. Aux pays du Nord, ils achètent des biens
d'équipements technologiques, des machines-outils, des armes, des
voitures, etc. (dont ils ne possèdent pas la technologie), des céréales
ainsi que certains produits alimentaires comme du lait ou de la
viande.

L'Afrique est de plus en plus dépendante de l'extérieur pour


l'essentiel de ses besoins alimentaires. Cependant, sa balance des
paiements étant vraiment trop déficitaire, les importations se sont
effondrées ces dix dernières années. En effet, même si le volume de
ses exportations était supérieur à celui des importations, les prix des
produits exportés étaient nettement inférieurs à ceux des biens
manufacturés importés.

Aujourd'hui, l'Afrique occupe une part infime dans les échanges


mondiaux (moins de 2 %). Son premier partenaire commercial est la
Chine, avec laquelle le continent échange massivement, les États-Unis
arrivent en seconde position grâce à l’AGOA – African Growth
Opportunity Act – qui permet aux pays d’Afrique subsaharienne
d’exporter leurs produits aux États-Unis sans frais de douanes.

Exemple
En 1995, les échanges commerciaux entre la Chine et le continent africain
ne représentaient que 3 milliards de dollars. En 2017, les échanges
représentent 143 milliards de dollars, ce qui engendre une dépendance
commerciale progressive ; en Angola, 40 % des échanges commerciaux se
font avec la Chine (il s’agit surtout d’importations).

Les pays d’Afrique dépendent donc des importations en provenance


de la Chine, elles renforcent une balance commerciale très déficitaire
ainsi qu’une dépendance commerciale et économique.
b. Les raisons des difficultés d’insertions

À l'exception de l'Afrique du Nord et de l'Afrique du Sud, les


économies africaines reposent avant tout sur deux choses :

 Une agriculture traditionnelle, en grande partie vivrière, avec


de faibles rendements. 70 % de la population africaine tire
l'essentiel de ses revenus de cette agriculture si peu
performante ;
 L'industrie ne produit que des biens de consommation et peu
ou pas de biens d'équipement. Elle ne produit qu'une faible
part des produits industriels que le continent consomme et ne
participe pas au marché mondial. Déjà très peu industrialisée,
l'Afrique subsaharienne subit un processus de
désindustrialisation. Le continent devient un cimetière d'usines.
Tout au long de leur histoire, les entreprises africaines n'ont
joué qu'un rôle marginal sur les marchés mondiaux.
Aujourd'hui, trouver dans un pays occidental un produit
manufacturé africain reste difficile, tout comme trouver un
produit manufacturé africain... en Afrique ! En revanche, on y
trouve des objets « made in... » en grandes quantités. En
Afrique, quand on a de l'argent, on n'investit pas dans
l'industrie mais dans du foncier, de l'immobilier ou du
commerce. Le continent ne transforme pas ses richesses.

c. L’Afrique, un nouveau continent de délocalisation : le


cas de l’Ethiopie

La Chine est désormais la deuxième puissance économique


mondiale, après les États-Unis. Par conséquent, les salaires ont
augmenté et les coûts de production également. Pour conserver leur
marge, les entreprises chinoises ont trouvé une solution afin de
réduire les coûts de production : investir en Afrique pour profiter
d’une main d’œuvre peu qualifiée au salaire attractif. En 2018,
279 industriels chinois se sont implantés sur le continent africain.

Exemple
L’entreprise taïwanaise Everest Textile s’est implantée en Ethiopie à
Hawassa. Le salaire moyen des ouvriers est de 60 dollars par mois contre
600 dollars en Chine.

De grands groupes occidentaux ont suivi le modèle chinois puisque


l’entreprise suédoise H&M s’est également implantée sur le
continent.

Enfin, l’Ethiopie dispose de parcs industriels de plus en plus attractifs


pour les entreprises japonaises, indiennes et turques grâce au coût
de la main d’œuvre éthiopienne et à la qualité des infrastructures.
Cela est possible grâce aux IDE en provenance de Chine.
2. Un continent touché par les effets pervers
de la mondialisation
a. Un continent fragilisé par la crise économique et
financière mondiale

Si, d'un côté, la mondialisation offre des promesses de


développement du commerce et d'augmentation de l'investissement
international, elle contribue de l'autre à accroitre les risques
d'instabilité et de marginalisation des États.

Exemple
La crise économique et financière mondiale qui sévit depuis 2008, a atteint
de plein fouet le continent africain. L'aide au développement des pays
riches a très fortement régressé et les IDE (Investissements directs
étrangers) se sont sensiblement ralentis.

En plus de la crise financière qui touche les pays traditionnellement


donateurs, les perspectives économiques incertaines en Afrique
n'encouragent pas les rares bonnes volontés à investir. Les grands
groupes financiers sont devenus plus frileux qu'auparavant et
n'osent pas s'aventurer sur ce continent, où la visibilité en terme de
croissance est floue. Sans appui financier, les États africains ne
peuvent poursuivre leurs efforts de réforme et de développement.

Avec la crise économique que traverse le monde depuis 2008 et les


grandes sécheresses qui touchent la corne de l'Afrique et le Sahel, les
prix des produits de première nécessité ont subi une flambée sans
précédent. Le pouvoir d'achat des plus pauvres et des classes
moyennes les moins aisées s'est érodé, et les charges se sont
accrues. Des familles entières ont vu leur vie se dégrader au fil des
années jusqu'à tomber dans la misère. L'emploi, lui-même, a été
durement touché. Les acteurs de l'économie informelle ont perdu
leurs affaires, de nombreuses entreprises ont fermé leurs portes ou
supprimé des postes.
b. L’exception chinoise

Malgré la crise économique et financière, un État intervient


massivement dans la vie économique du continent africain : la Chine.
Ce partenariat entre la Chine et l’Afrique est qualifié de « gagnant-
gagnant » par les différents acteurs. Pourtant, nombreux sont les
économistes, historiens et géographes qui en distinguent les limites.

La Chine est le premier créancier de l’Afrique. Tandis que les


puissances occidentales et les organisations internationales ne
prêtent que de faibles sommes d’argent aux pays africains par peur
de ne pas être remboursés, la Chine prête sans se soucier de leur
solvabilité. Par conséquent, les États africains sont de plus en plus
endettés et risquent d’être dans l’incapacité de payer leur dette.
Puisque des prêts sont contractés par les États africains, la Chine ne
prête pas uniquement de l’argent. Des entreprises de construction
s’installent ensuite dans le pays, une expertise technique et de la
main d’œuvre peuvent également être proposés. La Chine renforce
ainsi un système de dépendance économique qui devient
également commerciale. Elle a également financé de vastes projets
de construction d’infrastructures.

L’ensemble de ces prêts font l’objet d’une clause de sûreté. Ainsi, si


les États sont dans l’incapacité de payer, ils doivent rembourser en
matières premières ou en infrastructures. La Chine n’investit que 3 à
4 milliards d’euros par an en Afrique, par le biais des IDE. En
revanche, depuis une vingtaine d’années, la Chine a versé à l’Afrique
plus de 140 milliards de dollars sous forme de prêts.
Cette dépendance économique est donc dangereuse pour le
continent qui pourrait être dépouillé d’une partie de ses ressources
et infrastructures.

La présence de la Chine en Afrique témoigne des ressources et


atouts dont dispose le continent pour s’intégrer à la mondialisation.

Vous aimerez peut-être aussi