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Antoine Riboud dévoile le nouveau logo du Groupe (juin 1994).

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GROUPE DANONE
Pour mener à bien son développement, le Groupe manquait d’un atout essentiel : un nom

qui soit porteur. En juin 1994, il décide donc d’abandonner BSN, les trois lettres sur les-

quelles il s’était construit jusqu’alors en France et en Europe Occidentale, et de s’appeler

désormais GROUPE DANONE pour bénéficier de la puissance de sa principale marque,

connue dans tous les continents. Sa volonté de mondialisation ne se conçoit pas sans celle

de renforcer en permanence son socle européen. Elle l’amène à adapter en profondeur

ses modes de gestion, tout en restant fidèle à son double projet. Car, dit Franck Riboud,

“la force d’une entreprise ce n’est pas son organisation ni ses procédures, si nécessaires soient-elles, ce sont

les hommes et les femmes qui la constituent”.

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La “mondialisation”

“Mondialisation” : le terme fait fureur. Il évoque


BSN devient Ces mutations s’expliquent par le brassage l’image d’un “village planétaire” sans barrières ni
DANONE des cultures, favorisé par le développement frontières. Derrière ce mot magique, il y a au
du tourisme - chaque année plus de 500 moins une réalité : celle de l’interdépendance
Les raisons de la décision de passer de millions de personnes visitent un autre pays croissante des pays sur le plan économique... La
BSN à DANONE peuvent se résumer que le leur -, par la hausse du pouvoir d’achat première cause de ce phénomène est le dévelop-
en une seule, explique Antoine Riboud au cours des vingt dernières années et par la pement du commerce mondial qui s’est amorcé
dans Informations Encadrement en juin généralisation du travail des femmes qui les
au lendemain de la guerre de 1939-1945.Les Etats
occidentaux ont considéré que les nationalismes
1994 : “Nous voulons faire de notre nom un amène à rechercher toujours plus de com- et leur traduction économique, le protectionnis-
atout au service de notre développement dans modité et de rapidité dans la préparation des me, conduisaient aux crises et aux guerres. Pour
le monde, que nous considérons aujourd’hui repas”. La mondialisation de la distribu- assurer la paix, il fallait, ont-ils pensé, entraîner
comme un objectif prioritaire. Car si les indus- tion est le fait des grandes entreprises du tous les pays dans une spirale de prospérité en
tries alimentaires ont pu considérer pendant secteur, européennes notamment, qui instaurant un “nouvel ordre économique mon-
de longues années comme une règle le cloi- multiplient les implantations dans le dial” fondé sur la stabilité des changes et l’abais-
sonnement des marchés, délimités par des tra- sement des barrières douanières. Les bases en
monde. Pour les médias les choses sont
furent jetées dès 1944 par la conférence des
ditions culinaires propres à une nation ou plus complexes : “Ils connaissent une véri- Nations unies de BrettonWoods.A partir de 1947,
même à une région, aujourd’hui elles n’échap- table révolution technologique, symbolisée les cycles successifs de négociations du GATT se
pent plus, comme beaucoup d’autres, à la par les autoroutes de l’information qui sont sont efforcés de définir des règles pour favoriser
mondialisation. Parce que le goût se mon- annoncées pour demain (…). Ce que l’on le bon fonctionnement du commerce mondial.
dialise, mais aussi parce que la distribution et constate dès à présent, c’est que seules des Parallèlement, au niveau régional, se sont créées
les médias se mondialisent”. marques mondiales - Coca-Cola, Pepsi-Cola, de vastes zones de libre-échange comme l’ASEAN
en Asie du Sud-Est, l’ALENA en Amérique du
Mars, Nestlé, etc. - peuvent communiquer lors
Nord, le Mercosur en Amérique latine et bien sûr
DANONE, un atout pour des grands événements sportifs, comme les l’Union européenne. Cette dynamique a eu des
la mondialisation. Jeux Olympiques ou la Coupe du monde de résultats spectaculaires.Depuis 1945 les échanges
La mondialisation du goût, c’est “l’évo- football.” dans le monde ont augmenté chaque année en
lution très rapide des habitudes alimentaires, Ce sont ces évolutions qui poussent les moyenne une fois et demi plus vite que la pro-
duction. Le montant total des exportations des dif-
en particulier chez les jeunes. On l’observe grands acteurs de l’agro-alimentaire à se
férents pays de la planète est passé de 38 milliards
par exemple à travers le développement crois- mondialiser. “Depuis quelques années, on
de dollars en 1938 à 216 en 1967 et à 3 600 en
sant des grandes chaînes de restauration col- les voit se livrer à une véritable course à la 1993... Le deuxième facteur, apparu dans les
lective (...) On voit aussi les cuisines italien- mondialisation. Certains ont pris de l’avan- années 80, est la déréglementation des marchés
ne, mexicaine et chinoise se diffuser dans le ce. On peut citer Kellogs et General Mills financiers. Echappant désormais au contrôle des
monde entier (...). dans les céréales, Unilever dans les corps gras, Etats, libres de toute entrave, les capitaux se sont
la crème glacée et le thé, Heineken dans la mis à circuler d’un point à l’autre du globe. En 15
ans, les placements réalisés par les investisseurs
bière, Philip Morris dans les confiseries, le
hors de leurs pays d’origine ont été multipliés par
chocolat et la bière, Nestlé dans le café ins-
cinq. Ces deux facteurs ont eu un effet positif sur
tantané, les produits laitiers, le chocolat, les la croissance de l’économie. Ils ont aussi favorisé
plats cuisinés... Et j’en oublie ! Toutes ces l’émergence d’un marché unifié sur lequel opè-
entreprises ont bien sûr des marques produits rent désormais des entreprises “mondialisées” à
très fortes. Mais elles ont aussi, presque toutes, la recherche de la taille critique leur permettant
une marque qui leur sert d’étendard, d’exploiter au mieux les avantages comparatifs
des différentes régions du monde. Troisième élé-
ment, plus récent :l’explosion des moyens de com-
A Shanghai (Chine)
munication, qui accélère la diffusion des informa-
tions dans le monde et accroît les contacts entre
DANONE, des positions de tout premier plan dans cultures. Les nouvelles technologies font qu’un
le monde émetteur de programmes peut aujourd’hui inon-
DANONE est le 7 ème
groupe alimentaire mondial. Il est : der d’images les trois quarts de la planète. Il s’en

• n° 1 des produits laitiers frais et des biscuits, n° 2 des eaux minérales dans le suit une diffusion quasi universelle de goûts, de
50 modes,de façons de penser,dans lesquels se recon-
monde
naissent des millions de personnes en fonction de
• n° 1 des sauces et condiments, n° 2 des pâtes alimentaires, de la bière et des
leur génération ou de leur positionnement social
emballages en verre, n° 3 des plats cuisinés en Europe. plus que de leur nationalité...
qui leur permet de créer un lien entre leurs
marques produits, une passerelle entre leurs
actionnaires, les leaders d’opinion, les uni-
versité et leur activité dominante. Or nous,
jusqu’à présent, nous ne disposions pas d’un tel
atout”.

BSN évoquait plus notre


histoire que notre futur.
Bien sûr en France, où BSN est né, sa
notoriété atteint 93%. “Mais dès qu’on
s’éloigne des frontières de l’Hexagone, elle
chute. Elle tombe à 7% en Italie, à 4% en
Espagne, deux pays où nous sommes pour-
tant le leader de l’industrie agro-alimentai- L’eau des Alpes proposée dans des distributeurs automatiques à Singapour

re. Plus loin, la situation doit être encore


moins bonne. Bien plus, notre nom - ce que ger. Nous avons constitué un groupe de travail, liards par an ! En Europe, Danone se situe,
vous ignorez sans doute - est porté par d’autres qui a été animé par Georges Lecallier, et en notoriété, au deuxième rang des marques
sociétés dans le monde : deux banques (une en confié une étude lourde à l’agence Young et alimentaires derrière Coca-Cola. En 1973,
Espagne et une en Malaisie), une chaîne de Rubicam. Et nous sommes arrivés à la conclu- au moment de l’entrée de Gervais Danone
télévision câblée au Japon, une firme textile sion que DANONE était le meilleur choix dans le Groupe, j’avais dit qu’un jour Dano-
aux Etats-Unis s’appellent elles aussi BSN. possible”. ne serait le Coca-Cola français. Le rêve est
Bref, il ne peut être pour nous un atout dans Pourquoi DANONE ? “Parce que Dano- devenu réalité ! Autre atout de Danone : elle
notre développement international (…). En ne, qui représente près du quart de notre a un capital image puissant et évocateur en
fait, dans la mesure où il correspond à nos chiffre d’affaires, est la première marque mon- termes de santé et de nutrition, de fraîcheur
origines verrières, il évoque notre histoire, diale de produits laitiers frais. Créée il y a et de naturel, de qualité et d’innovation, de
dont nous sommes évidemment fiers, plus soixante-quinze ans à Barcelone par Isaac sécurité et de confiance. Elle correspond par-
que notre futur. Il n’exprime pas notre activité Carasso, père de Daniel, elle est aujourd’hui faitement à notre vocation qui est de nour-
principale, l’alimentaire, ne s’appuie pas sur implantée dans plus de trente pays. Chaque rir les hommes.
un logo clair et facilement mémorisable... jour dans le monde des gens de tous âges, à tous
C’est pourquoi nous avons décidé il y a un an les repas, consomment trente sept millions de
d’examiner comment nous pourrions le chan- pots Danone. Cela fait plus de treize mil-

Le Groupe en 1995
En 1995, le Groupe a réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 79,5 milliards de francs. Son chiffre d’affaires global (prenant en
compte les sociétés associées ou les acquisitions de l’exercice non encore consolidées) s’est élevé à 91,3 milliards de francs. Son résul-
tat net s’élevait à 2,1 milliards de francs, sa marge brute d’autofinancement (cash-flow) à 7,4 milliards de francs. Il a consa-
cré 4,1 milliards de francs à ses investissements industriels, 4,2 milliards de francs à ses investissements financiers. Il employait 73 823
personnes.
Répartition du chiffre d’affaires Répartition du chiffre d’affaires Répartition des effectifs
par branche par pays de destination par zone géographique

Produits laitiers frais : . . . . . . . 26,7 % France : . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44,0 % France : . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35,9 %


Epicerie-Pâtes : . . . . . . . . . . . . 19,6 % Italie : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12,2 % Italie : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10,9 %
Biscuits : . . . . . . . . . . . . . . . . . 14,3 % Espagne : . . . . . . . . . . . . . . . . . 9,5 % Espagne : . . . . . . . . . . . . . . . . . 8,9 %
Bière : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9,1 % Allemagne : . . . . . . . . . . . . . . . 6,3 % Reste de l’Europe : . . . . . . . . . 15,3 %
Eaux minérales : . . . . . . . . . . . . 8,7 % Autres pays européens : . . . . . 13,1 % Asie-Pacifique : . . . . . . . . . . . . 14,8 % 51
Emballage: . . . . . . . . . . . . . . . . 7,8 % Amérique du Nord : . . . . . . . . . 5,7 % Amériques : . . . . . . . . . . . . . . 14,2 %
International : . . . . . . . . . . . . . 13,8 % Amérique latine : . . . . . . . . . . . 4,7 %
(exportation + Asie-Pacifique + Amériques- Asie-Pacifique : . . . . . . . . . . . . . 4,1 %
Afrique) Autres : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0,4 %
Le logo que nous avons adopté pour accom- nostalgie, c’est bien moi. BSN, je l’ai construit Poursuivre
pagner notre nouveau nom - et qui a été des- de mes mains, pierre par pierre. Et je suis la construction
siné à San Francisco pour des raisons de confi- bien placé pour connaître tous les combats, les
dentialité par le cabinet Landor, filiale de joies, les peines qui ont marqué son histoire. Pour achever ce survol des étapes suc-
Young et Rubicam - exprime tout cela. C’est Une histoire qui constitue, en France en tout cessives de la construction du Groupe
un petit garçon qui regarde une étoile. Le cas, une des plus belles aventures industrielles depuis trente ans, Franck Riboud trace
petit garçon évoque le soin que les parents et humaines des vingt-cinq ou trente der- les grandes orientations de l’avenir...
portent à la croissance de leurs enfants et donc nières années. Nous sommes passés du verre à “Notre ambition, c’est de poursuivre la
à leur alimentation. L’étoile est partout un l’alimentaire. En peu de temps, avec des construction commencée il y a trente ans et
symbole positif, d’espoir, de qualité, de chan- marques prestigieuses, nous avons construit d’être un groupe alimentaire de dimension
ce ou d’universalité selon les cultures. C’est le premier groupe alimentaire multiproduits mondiale capable de rivaliser avec les plus
un repère dans la navigation comme dans la de France et le troisième d’Europe. Tout cela grands”. Pas question de se spécialiser
vie : chacun suit son étoile. A cela s’ajoute demeure. Mais moi, je n’ai pas d’états d’âme. dans un seul métier : “Cela reviendrait à
pour nous une note affective : le petit garçon Je me préoccupe d’abord du futur. Aujour- perdre une partie de notre expérience, du
rappelle un petit garçon espagnol, Daniel d’hui, notre ambition se porte, au-delà de capital de savoir-faire que nous avons accu-
Carasso, que son père appelait familièrement l’Europe, sur le monde. Ce qui importe, c’est mulé et du potentiel de synergies que cela
“Danone”, petit Daniel...”. que nous restions jeunes et forts pour relever nous procure”. Ni de se diversifier hors de
L’abandon du nom BSN ne risque-t-il les défis du XXI e siècle”. l’alimentaire : “Si nous avions limité nos
pas d’entraîner celui des valeurs fortes ambitions à l’Europe, peut-être aurions-nous
qui lui sont associé, comme le double pu envisager de le faire. Mais notre objectif
projet? “Certainement pas. Le passage de étant le monde, nous ne voulons pas disper-
BSN à DANONE ne signifie pas un chan- ser nos efforts. Cela dit, pour nous, mondia-
gement de nos politiques. Ce n’est pas parce lisation ne veut pas dire mégalomanie.
qu’on change de nom qu’on change d’être ! (...) Antoine et Franck Riboud viennent d’annoncer
le changement de nom du Groupe
S’il y a quelqu’un qui pourrait éprouver de la aux journalistes (juin 1994).

Sans recherche, pas d’innovations


Parce que le comportement des consommateurs, les souhaits des distributeurs, les contraintes imposées par l’environnement, les
connaissances scientifiques, la réglementation... évoluent très vite, il faut innover sans cesse. C’est d’autant plus vital pour le Grou-
pe que ses concurrents eux aussi créent en permanence des nouveautés.
Les services marketing des départements émettent des idées. Les usines fabriquent les produits. Pour permettre le passage des idées
à leur réalisation, la fonction recherche est indispensable Elle revêt deux formes : la recherche fondamentale et la recherche appli-
quée. La recherche fondamentale apporte des innovations sur l’emploi de nouvelles matières premières, de nouvelles technologies,
de nouveaux procédés ou de nouveaux emballages. Elle crée ainsi une réelle différence avec la concurrence. Mais elle demande des
compétences scientifiques sur de multiples objectifs à long terme.Aussi le Groupe a-t-il décidé de travailler en partenariat avec des
équipes extérieures spécialisées. La recherche applicable, elle, est l’affaire des centres de recherche des branches. Ils ont pour mis-
sion d’utiliser et de transférer aux départements les acquis de la recherche fondamentale, de les aider à les mettre en oeuvre et
d’analyser les innovations lancées par la concurrence.
Diversifiées, les activités du Groupe n’en présentent pas moins de nombreux points communs. Le Groupe veut éviter que les
branches accumulent séparément les savoir-faire, avec des risques de “doublons”. Sans aller jusqu’à créer un “super centre de
recherche”, il a mis en place des réseaux et des pôles de compétences transversaux réunissant les centres de recherche des
branches sur les questions qui les concernent tous. Flexible, ce système permet de tisser un véritable maillage entre les branches
pour que chacune bénéficie des connaissances acquises par les autres.
Pour leur part, les directions développement des départements sont constituées essentiellement de “développeurs” et de techni-
ciens, soit 700 personnes environ. Intermédiaires entre les opérationnels et les chercheurs, leur travail consiste d’une part à faire
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remonter aux centres de recherche des branches les souhaits des services marketing et d’autre part à transférer aux produits les
acquis de la recherche applicable.Au total, en 1995, les effectifs de recherche et développement du Groupe s’élevaient à 1 100 per-
sonnes. Le budget consacré à cette activité a représenté 0,8 % de son chiffre d’affaires.
Les grands groupes
alimentaires mondiaux
dans le monde, la consommation explose dans
DANONE occupe, par son chiffre d’affaires, la
certains pays : du coup les techniques de com- septième place. Le premier est le suisse Nestlé,
munication et de marketing que nous avons avec un chiffre d’affaires 1994 de 222,2 milliards de
mises au point en Europe nous seront d’une francs. Ses origines remontent à 1867. Avec des
grande utilité. En matière d’innovation, nous activités très diversifiées (boissons, produits lai-
remportons déjà de beaux succès en trans- tiers et diététiques, plats cuisinés, chocolat, confi-
serie, cafés instantanés,etc.),il est présent dans la
plantant en Asie/Pacifique certains produits
Inauguration de l’usine de Pan Pong enThailande plupart des pays du monde.Vient ensuite l’amé-
(1992) européens, notamment dans le biscuit... C’est
ricain Philip Morris, avec un chiffre d’affaires de
pourquoi nous devons inlassablement nous 198,5 milliards de francs (cafés, produits surgelés,
Nous ne cherchons pas à ce que toutes nos attacher à nous renforcer en Europe. Dans céréales pour le petit déjeuner, bières, plats cuisi-
activités deviennent mondiales : nous avons chaque pays et dans chacun de nos marchés nés, fromages,chocolat…).Il est entré après 1970
besoin de champions locaux - comme Gal- nous devons être leader. Car dans des marchés dans l’alimentaire en y investissant les profits tirés
bani, Diépal, Kronenbourg ou LMA en mûrs, où la consommation croît lentement et du tabac. Il est suivi par l’anglo-néerlandais
Europe - dont les performances contribuent où la distribution est fortement concentrée, Unilever dont le chiffre d’affaires s’élève à 131,4
à la croissance de nos résultats et dont les seul le leader a un niveau de profits lui per-
milliards de francs.Présent dans quatre-vingt pays,
compétences pourront demain nous permettre Unilever produit huiles, margarines, sauces, fro-
mettant d’assurer son avenir. Cet objectif, mages, glaces, produits traiteurs, surgelés, bois-
de saisir de nouvelles opportunités de déve- nous l’atteindrons en intensifiant nos efforts sons, potages,thés… L’américain ConAgra est le
loppement international”. de productivité, mais aussi en complétant quatrième, avec un chiffre d’affaires de 101 mil-
nos positions par des acquisitions ciblées là liards de francs (viandes, fromages, surgelés, etc.).
Monde et Europe, des stratégies où il le faut et en valorisant nos produits par Son compatriote PepsiCo (99 milliards de francs)
se classe derrière lui.Il est spécialisé dans les bois-
complémentaires. l’innovation”.
sons sucrées, eaux minérales, jus de fruits, thés,
Le développement ne peut se faire sans Pour son développement dans le snacks pour apéritif, plats cuisinés… Juste devant
l’Europe... “Nous devons absolument évi- monde, le Groupe dispose désormais DANONE arrive un autre américain, Coca Cola
ter l’image d’un groupe international à deux d’un formidable atout : son nom. Il l’uti- et ses célèbres boissons sucrées, qui réalise un
vitesses : d’un côté l’Europe qui ne ferait que lise de trois manières. “D’abord par l’en- chiffre d’affaires de 89,2 milliards de francs.
se défendre, où il n’y aurait que des moins, et dossement, c’est-à-dire par l’apposition du
de l’autre les pays émergents qui vogueraient logo DANONE (l’enfant à l’étoile) au dos de
sur des nuages, où il n’y aurait que des plus. produits portant leur marque d’origine ;
Il y a une complémentarité totale entre notre aujourd’hui la moitié des produits vendus
stratégie en Europe et notre stratégie dans le par le Groupe dans le monde sont déjà pré-
monde. Aucune ne peut réussir sans l’autre. sentés ainsi. Ensuite par le lancement hors
L’Europe occidentale est notre camp de base. d’Europe de produits locaux à la marque
Nous y réalisons aujourd’hui 80 % de notre “Danone”, comme les biscuits en Indonésie ou
chiffre d’affaires et l’essentiel de nos profits. l’eau de source aux Etats-Unis, la notoriété du
Elle nous apporte les moyens de financer notre nom permettant un développement plus rapi-
développement international - développe- de surtout lorsqu’il s’agit de marchés très
ment qui est d’ailleurs jusqu’à présent, il faut concurrentiels. Enfin par l’exportation dans
le souligner, relativement peu coûteux -, mais le monde de produits européens - les baby
surtout les moyens qui lui sont nécessaires en foods par exemple - sous la marque “Dano-
termes de compétences. L’Europe est pour ne”, de manière à les faire bénéficier de sa
nous un laboratoire, un réservoir : d’hommes puissance... Cette politique n’en est qu’à ses
bien sûr, mais aussi de savoir-faire et d’in- débuts. Elle sera certainement étendue à
novations”. Exemples : “La distribution d’autres pays et à d’autres produits”. Les premiers produits non laitiers
moderne gagne très rapidement du terrain à la marque “Danone” dans le monde :
eau de source aux Etats-Unis,
biscuits en Indonésie…

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Economies d’échelle métier. Mais pas suffisamment entre métiers, Et toujours le double projet...
et transversalité. ni entre l’Europe et le reste du monde. La Ce n’est pas la mondialisation qui
Tout cela entraîne bien évidemment des transversalité est peut-être une affaire de struc- explique les réductions d’effectifs que
changements dans les politiques du tures, mais c’est d’abord une question d’état doivent opérer de nombreux départe-
Groupe. “Nos ambitions internationales et d’esprit. Il faut chez nous que les gens appren- ments du Groupe en Europe et notam-
l’évolution de la distribution nous obligent nent à travailler ensemble, quelle que soit la ment en France, mais l’évolution de l’en-
à adapter en profondeur nos modes de gestion branche produits dans laquelle ils se trou- vironnement auquel ils sont confrontés.
dans deux directions. Nous devons d’abord vent. Nous avons sur ce plan une véritable “La quasi stagnation de la consommation,
faire jouer au maximum les économies d’échel- l’âpreté de la concurrence et la pression croissante
révolution culturelle à opérer...” Cela ne
le que nous permet notre taille pour pour- des distributeurs nous obligent à accroître
signifie pas que le principe de la décen-
suivre l’abaissement de nos coûts. Cela nous constamment notre efficacité. C’est la seule
tralisation opérationnelle est remis en
amène de plus en plus souvent à mettre en façon de maintenir nos parts de marché, donc
cause. “La gestion opérationnelle reste la res-
commun les moyens de plusieurs départe- d’éviter une chute massive de l’emploi comme
ponsabilité des départements qui ont une
ments d’une même branche sous des formes en ont connu bien d’autres secteurs industriels.
taille et des moyens accrus. Nous ne cherchons
diverses pouvant aller jusqu’à des fusions de Nous sommes donc amenés à pratiquer des
pas à centraliser mais à accroître notre efficacité
sociétés. Il nous arrive aussi de regrouper plu- restructurations. Nous en faisons chaque année
collective. Pour cela nous faisons évoluer les
sieurs produits qui portaient des marques dif- depuis vingt ans, mais le chômage, il est vrai,
férentes sous une seule marque, afin que celle- missions du Groupe. Autrefois, il se tenait
n’atteignait pas à l’époque des niveaux aussi
ci puisse s’appuyer sur une surface de chiffre derrière ses départements. Aujourd’hui, du
dramatiques. Jamais, et même avant le premier
d’affaires plus importante. Nous devons ensui- fait des changements de l’environnement, il
choc pétrolier, nous n’avons prétendu pouvoir
te développer la transversalité, c’est-à-dire doit exister sur le devant la scène. Dans le garantir l’emploi. Cela dit, il faut savoir que
apprendre à mieux relier nos compétences en passé, ses politiques s’appliquaient essentiel- dans notre Groupe les restructurations ne sont
matière de marketing, de ventes, de lement à la finance et aux relations humaines. pas synonymes de licenciements massifs. Elles
recherche/développement, de technique, qui Progressivement elles s’étendent à d’autres n’ont pas pour objectif de supprimer des emplois,
sont avec les hommes notre capital le plus domaines comme la recherche et les achats mais d’accroître l’efficacité de nos entreprises
précieux face à la concurrence. depuis quelques années, la signature DANONE pour les rendre plus compétitives sur leurs mar-
Elles s’échangent aujourd’hui assez bien d’un et certains aspects des relations avec la gran- chés. De plus, nous avons depuis toujours pour
département à l’autre à l’intérieur d’un même de distribution plus récemment”. principe de ne laisser personne face à son pro-

Le chiffre d’affaires, révélateur du dynamisme de l’entreprise


Le chiffre d’affaires d’une entreprise, c’est le produit de ses ventes. Il dépend à la fois des quantités de biens vendus et du prix auquel
les clients les ont achetés. C’est finalement la totalité de l’argent qui est entré dans ses caisses.
Dans le cas d’un groupe formé de plusieurs entreprises opérant dans des pays différents, les choses sont plus complexes. Il faut par-
tir des chiffres d’affaires de chacune de ses filiales pour parvenir à un chiffre d’affaires global, unique. Il ne suffit pas pour cela d’une
simple addition. On doit tenir compte de différents facteurs :
• des cessions internes, c’est-à-dire des ventes réalisées entre sociétés du groupe, qu’il ne faut pas comptabiliser deux fois;
• des taux de change, puisqu’il faut ramener en francs français les chiffres d’affaires réalisés par les filiales dans leurs monnaies
nationales;
• des pourcentages de contrôle du groupe sur ses filiales. Dans le cas de DANONE, on prend l’intégralité du chiffre d’affaires des socié-
tés contrôlées à plus de 50 %, considérant que leur gestion a relevé de la responsabilité du Groupe. Par contre, sauf exception, le
chiffre d’affaires des sociétés dont le Groupe détient moins de 50 % du capital n’est pas pris en compte.
Le chiffre d’affaires étant un bon indicateur de la santé d’un groupe, il est intéressant de pouvoir le comparer d’une année sur l’autre.
Mais cette comparaison risque d’être faussée par des facteurs extérieurs à l’activité réelle, comme les ventes et acquisitions de socié-
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tés ou la variation des taux de change. Pour que la comparaison soit significative, il faut neutraliser ces incidences. On raisonne donc
à “structure et taux de change comparables” : on recalcule le chiffre des exercices précédents sur les bases de la dernière année
(mêmes taux de change, même configuration du Groupe).
blème d’emploi ; nous mettons tout en oeuvre hommes et les organisations sont la source de parfaitement nos affaires tout en sachant
pour permettre à chaque personne en sureffec- la compétitivité et de l’efficacité. Il implique investir dans l’innovation. C’est une ques-
tif de trouver une solution. Par ailleurs, depuis que les départements poursuivent des objectifs tion d’état d’esprit : il faut de la souplesse, de
vingt ans, nous nous attachons à favoriser la économiques et sociaux indissociables qui sont la réactivité, un bon jeu de jambes qui per-
création d’emplois sur les sites où nous faisons les garants d’un succès durable. Ce qui me mette de rebondir. On n’innove finalement
des restructurations, en aidant des entreprises paraît essentiel, c’est de ne pas scinder les que si les hommes sont innovants. Ensuite la
extérieures à s’installer ou à se développer. Cela logiques. Nous ne devons pas avoir d’un côté poursuite de la construction à travers la mon-
nous le faisons dans tous les pays, que la loi une logique économique brutale, purement dialisation. Ce qui depuis le début de cette
nous y incite ou non... On peut évidemment financière, de l’autre une logique sociale pour aventure extraordinaire motive les hommes et
ne voir que les diminutions d’effectifs que nous le social ou la figuration. Il faut que les deux les femmes qui travaillent chez nous, c’est, je
avons dû opérer. Mais on pourrait aussi voir restent parfaitement intégrées. Une entrepri- crois, la construction. Ce sont des entrepre-
que nous employons tout de même une tren- se qui se bat sur ses marchés ne le fait bien ni neurs. La force d’une entreprise, ce n’est pas son
taine de milliers de personnes en France. Si contre ses salariés ni même sans eux. Nous organisation ni ses procédures, si nécessaires
nous n’avions pas su gérer convenablement nos devons être une entreprise qui ait du sens aux soient-elles, ce sont les hommes et les femmes
affaires, en faisant ce qu’il fallait quand il le fal- yeux de ses partenaires internes et externes, qui la constituent.” (Entretien réalisé le 12
lait, il y en aurait certainement beaucoup c’est-à-dire dont les décisions soient comprises avril 1996)
moins”. par eux et qui soit reconnue comme contri-
Bref, il ne faut donc pas en déduire que buant aussi bien au développement de la
le Groupe a renoncé à son double pro- société qui l’entoure qu’à celui des hommes
jet économique et social. “Ce n’est pas qui la composent”.
parce que nous continuons à faire des restruc- Les clés de la réussite du Groupe pour
turations que notre double projet n’aurait les prochaines années ? “En dehors de
plus de raison d’être. Pour moi, c’est un élé- notre capacité à maintenir notre double pro-
ment essentiel de la personnalité du Groupe, jet, j’en citerai deux. D’abord la force de nos
que nous devons maintenir et rénover. Il repo- marques, qui repose sur un bon équilibre
se sur un principe de base, à savoir que les entre gestion et innovation. Nous devons gérer
Dans une école maternelle à Canton (Chine)

Résultat opérationnel, résultat net, cash-flow, investissements ...


Le chiffre d’affaires n’est pas le seul indicateur de la bonne marche d’une entreprise. Il peut arriver qu’il augmente et que celle-ci
perde de l’argent. Si ses prix de revient sont trop élevés par exemple. Dans ce cas, plus elle vend, plus elle perd. Pour être en
bonne santé, elle doit réaliser des bénéfices.
Pour calculer son bénéfice, l’entreprise déduit de son chiffre d’affaires tous les coûts qu’elle a dû supporter pour produire et pour
vendre : matières premières, énergie, salaires, frais de publicité et promotions, services, amortissements (sommes mises en réser-
ve pour remplacer le matériel, les équipements... qui s’usent). Elle obtient ainsi son résultat d’exploitation, ou résultat opération-
nel, qui est la véritable mesure de sa performance. Reste à retirer les impôts, les intérêts des emprunts, les provisions mises de côté
pour faire face à de futures dépenses, l’intéressement et la participation versés aux salariés pour connaître le bénéfice net (ou résul-
tat net). Une partie est distribuée aux actionnaires sous forme de dividendes, le reste est mis en réserve. Le cash-flow (ou marge
brute d’autofinancement), est égal au résultat net plus les amortissements et les provisions. Il correspond à la trésorerie que l’en-
treprise a dégagé de son exploitation. C’est l’argent dont elle dispose pour faire face aux investissements. Ceux-ci sont de deux types.
Les investissements industriels sont consacrés soit à augmenter les capacités de production (construction d’usines ou de lignes sup-
plémentaires), soit à l’amélioration de la productivité (remplacement des installations anciennes par des installations modernes plus
efficaces c’est-à-dire produisant autant ou plus avec moins de moyens). Les investissements financiers servent à prendre des par-
ticipations dans des sociétés extérieures. Le cash-flow est, pour une entreprise, le moyen le plus sûr de financer son développement.
S’il est insuffisant pour lui permettre de réaliser ses projets, celle-ci doit soit y renoncer, soit trouver de l’argent ailleurs. Elle peut
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procéder à une augmentation de capital en sollicitant ses actionnaires ; mais cela suppose que ceux-ci aient confiance dans sa ges-
tion et dans son avenir. Elle peut aussi emprunter. Mais alors elle s’endette et les intérêts qu’elle aura à payer entameront ses
bénéfices futurs...
Images du Groupe n° 46 - Mai 1996
Ce numéro spécial de la revue destinée au personnel de DANONE a été réalisé
par l’équipe communication interne du Groupe
(Odile BAYOL, Josette BEYRIERE, Nathalie MAILHARRO,Arnauld de PONCHEVILLE)
sous la direction de Pierre LABASSE
avec la collaboration des agences CLIOMEDIA et LONGUEUR D’ONDE

Couverture : LONGUEUR D’ONDE


Réalisation : PARIMAGE
Impression : LEADERFAB
Photos : AFP, RogerViollet, Sygma, Photothèque DANONE

GROUPE DANONE - Département Médias, Études et Communication

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