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L’AFRIQUE

AU CENTRE DU MONDE

Séance 10

L’Afrique au centre du monde


SEANCE 10
L’ENJEU DES MOBILITES
PLAN
LA QUESTION MIGRATOIRE

LES DIASPORAS

L’Afrique au centre du monde


LA QUESTION MIGRATOIRE

I. Vers les pays africains


II. Entre pays africains
III. Le défi historique des transports
BIBLIOGRAPHIE
• Perspectives des migrations internationales 2019
I. VERS LES PAYS AFRICAINS

5,5 millions de personnes.

Une Afrique attractive?

L’Afrique au centre du monde


« Un des enjeux majeurs du siècle prochain », Achille Mbembe
« Il faut donc que l’Afrique s’ouvre à elle-même, qu’elle abolisse les frontières héritées de
la colonisation. C’est un continent immense, les gens n’ont pas besoin d’aller à l’extérieur,
mais il faut qu’ils puissent circuler à l’intérieur. Certains parlent du grand projet d’une
nationalité africaine. Ce qui passe par l’abolition des frontières physiques,
institutionnelles et de l’imaginaire ».

« Si on n’ouvre pas l’Afrique sur elle-même, ses habitants n’auront d’autre choix que
d’essayer de traverser le Sahara ou la Méditerranée ».
« L’Afrique est un espace continental où il faut résoudre la question des longues distances en
accroissant les possibilités de vélocité et donc d’échange commercial, d’échange des idées.
On est à l’ère de la circulation ».

« Face au désir d’apartheid à l’échelle mondiale. …L’Afrique ne doit tourner le dos à


personne. Elle doit s’ouvrir, ouvrir ses frontières et devenir terre de migrations. Il nous faut
réfléchir à comment inclure les Chinois parmi nous, et les autres. Il faut ouvrir l’Afrique !
Accueillir tous ceux qui viennent, les intégrer. Reprendre le rôle que l’Europe a joué. Les gens
bien formés qui ne trouvent pas de travail aux États-Unis ou en Europe, ces cerveaux
flottants, qu’ils viennent en Afrique. Venez chez nous ! »
A. La forte diaspora chinoise
Plus d'un million de Chinois dans divers domaines d'activités, dont 30% en Afrique du Sud, 26% en Angola
et 20% au Nigeria.

Parmi les principaux autres pays où se concentre cette diaspora, figurent l'île Maurice, Madagascar, le Congo,
le Ghana et la Tanzanie.

Le trafic aérien depuis et vers l’empire du Milieu a pour la première fois dépassé le seuil des 2,5 millions de
passagers en 2018, indique OAG spécialiste de l’analyse du secteur.

Ce dynamisme est soutenu par l’installation sur le continent de 10 000 entreprises chinoises et de plus de 1 million
de ressortissants, mais aussi par 800 000 touristes annuels, indique OAG spécialiste de l’analyse du secteur. Six
villes chinoises offrent des liaisons directes avec l’Afrique : Guangzhou (Canton), Pékin, Shanghai, Shenzhen,
Chengdu et Changsha.

Près de 90 % du trafic sont accaparés par les trois premiers aéroports de cette liste. Ainsi, 867 000 passagers «
chinafricains » sont passés l’année dernière par Guangzhou, 741 000 par Pékin et 569 000 par Shanghai. Si
Ethiopian Airlines truste la première place sur cet axe Chine-Afrique – avec 29 % des passagers transportés en
2018 –, la compagnie éthiopienne est toutefois la seule représentante du continent parmi les cinq meilleures sur ce
créneau, les transporteurs du golfe Persique Qatar Airways, Emirates et Etihad réussissant à capter 40 % des
passagers.
B. De plus en plus de migrants européens vers
l’Afrique
L’exemple angolais
ARTICLE AFRIMAG DE JANVIER 2015

2006, seulement 156 visas de Portugais en partance vers l’Angola recensés.


2011, 23. 787.

En 2012: 150 000 Portugais résidant en Angola, soit le triple des Angolais installés
au Portugal. 30 000 Portugais demandent chaque année un visa.

Le Portugal bénéficie de plus en plus de capitaux d’entreprises angolaises, soit 120


millions d’euros.
C. LES FRANCAIS, MOINS D’EXPATRIES ET PLUS
D’IMMIGRES
inscrits 2012 Variation 1984/2012

Afrique du Nord 98 090 + 39%

Afrique francophone 117 378 ‐ 20%

Afrique non francophone 18 796 + 49%

Total Afrique 234 264 + 2%

Répartition des Français établis en Afrique


ource : rapport Bockel
II. ENTRE PAYS AFRICAINS

L’Afrique au centre du monde


A. UNE MOBILITE ESSENTIELLEMENT INTRA-
AFRICAINE
NOMBRE DE MIGRANTS INTERNATIONAUX PAR ZONES D’ORIGINE ET DE DESTINATION

Source : ONU, International Migration Report 2015.


L’année dernière, sur les 36 millions d’Africains qui sont ont quitté leurs pays, 19 millions, soit près de
53%, sont restés sur le continent.

89% en Afrique subsharienne


Le rapport annuel de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) sur l’Afrique
en fait même un phénomène positif :

- Les migrations contribuent au développement des pays d’arrivée, où les migrants dépensent 80% de leurs
revenus par la consommation et les impôts.

- Et pour les pays de départ, les migrants contribuent au développement de leur pays d’origine, par de la
philanthropie, des investissements ou en y transmettant leurs nouvelles compétences, acquises grâce à
la migration. Le rapport estime même que les envois de fonds par les travailleurs expatriés – 51% des apports
de capitaux privés en Afrique en 2016 – pourraient servir à l’avenir à garantir des prêts internationaux. La
contribution des migrants internationaux au produit intérieur brut est importante pour certains pays. Elle est
de 19% en Côte d’Ivoire en 2008, 13% au Rwanda en 2012, 9% en Afrique du Sud en 2011, mais seulement
1% au Ghana en 2010.

- Le commerce entre les pays mis en relation par les migrations est lui aussi stimulé, par exemple à travers
l’importation de produits alimentaires depuis les pays de départ. Les migrants ont des facilités pour lancer
un commerce à l’international
Cette migration à l'intérieur du continent se décline en plusieurs pôles :
- Côte d'Ivoire
- Nigeria
- Sénégal
- Afrique du sud.

En plus d'être intra-africaine, la migration est d'abord rurale-rurale, frontalière.

Ceux qui se déplacent le plus, ce sont les populations d'Afrique de l'Ouest à l’inverse des populations
d'Afrique centrale qui privilégient les déplacements à l'intérieur de leur pays en lien avec les problèmes
politiques importants dans ces zones.
A. UNE LIBERTE DE CIRCULATION LARGEMENT
ENTRAVEE
Quelquefois, les autres pays du monde semblent plus accessibles aux africains que
les pays africains !

Aliko Dangote, l'homme le plus riche d'Afrique, a déclaré qu'il avait besoin de 38
visas pour voyager sur le continent avec son passeport nigérian.

De nombreux ressortissants européens, quant à eux, entrent dans la plupart des


pays africains sans visa.

Les Etats africains prônent l'intégration régionale à l'intérieur des ensembles. Le


paradoxe, c'est que les politiques migratoires ont tendance à se durcir...Il
existe au sein des ensembles régionaux des conventions de libre circulation
(CEDEAO, CEMAC...) non respectées : contrôles plus nombreux, expulsions aussi.

Volonté politique de préservation des identités nationales.


Les pays africains étaient censés supprimer l'obligation de visa pour tous les citoyens africains d'ici
2018…mais…

Il s'agissait d'un élément clé de la "vision et de la feuille de route pour les 50 prochaines années " de l'Union
africaine (UA) qui a été adoptée par tous les États membres en 2013.
Mais à ce jour, les Seychelles sont le seul pays où l'exemption de visa est ouverte à tous les Africains - ainsi
qu'aux citoyens de chaque pays - comme cela a toujours été le cas.

Un rapport récent de l'UA a révélé que les Africains peuvent voyager sans visa dans seulement 22% des autres
pays africains.

Il s'agit d'un sujet sensible, qui provoque des attitudes xénophobes dans certains des pays les plus riches
d'Afrique, bien que les décideurs politiques du Cap au Caire ont insisté sur le fait que la libre circulation des
personnes est essentielle à la transformation économique du continent.

Qu'il s'agisse de fonctionnaires de l'immigration au Burkina Faso qui demandent arbitrairement 200 dollars US
(155 livres sterling) pour un visa à l'arrivée, ou de la Tanzanie qui arrête et expulse d'autres Africains de l'Est
qui entrent illégalement, ou de la Tunisie qui refuse des visas aux passagers africains bloqués après un vol
annulé, le voyage intra-africain est plein de suspicion.

L'Afrique du Sud semble être le représentant le plus visible de la politique de deux poids deux mesures du
continent en matière de visas, restant largement fermée aux autres Africains mais plus accueillante pour le
reste du monde
En 2015, deux ans après que l'Union africaine ait demandé à ses membres de
s'engager à abolir l'obligation de visa pour tous les Africains d'ici 2018, l'Afrique du
Sud a fait le contraire et a annoncé une réglementation plus stricte qui a été
largement critiquée.
Frappé par une récession et une baisse du nombre de touristes, le pays s'est effondré
et a récemment annoncé qu'il assouplissait ses règles de voyage dans l'espoir de
relancer son économie en difficulté.

La Namibie, Maurice, le Ghana, le Rwanda, le Bénin, le Kenya et le Rwanda ont


assoupli les restrictions de voyage pour les autres ressortissants africains et
accordent maintenant un visa à l'arrivée ou permettent des séjours allant jusqu'à 90
jours avec seulement un passeport.
Mais les citoyens des pays africains ont encore besoin d'un visa pour se rendre dans plus de la moitié des 54
pays du continent, protégeant ainsi les frontières tracées par les colons européens il y a plus d'un siècle.

Le passeport africain est censé remplacer à terme les passeports des différents pays, mais il n'est
actuellement disponible que pour certains chefs d'État, diplomates de haut rang et hauts fonctionnaires de
l'UA.

Un autre obstacle aux voyages en Afrique est qu'il y a très peu de vols commerciaux d'une région à l'autre
et que lorsqu'ils existent, leur coût est prohibitif.
Prendre l'avion entre le Kenya et la Namibie est le même prix que prendre l'avion pour la Thaïlande, et le coût
pour Dubaï depuis Nairobi est bien moins élevé que celui d'un vol pour le Maroc

Et cela s'ajoute aux frais de visa.

La suppression de l'obligation de visa pour les Africains voyageant à l'intérieur du continent arrivera fin
2018), rares sont ceux qui pensent qu'elle arrivera bientôt.

Recommandations du rapport CNUCED précité:


- une meilleure circulation de l’information sur les migrations, pour permettre aux futurs migrants
d’aller là où on a le plus besoin d’eux et où ils s’intégreront plus facilement,
- une meilleure mise en œuvre des mesures prévues par l’Union africaine pour favoriser la libre
circulation
III. LE DEFI HISTORIQUE DES TRANSPORTS

Situation très contrastée avec un développement inédit pour le


transport aérien et maritime mais des retards considérables concernant
le secteur routier et ferroviaire.

L’Afrique au centre du monde


A. LE NOUVEL ELDORADO DE L’AERIEN
Hausse de 5,7 % par an du trafic passager

Hausse des avions de ligne de 600 à 1400 dans les vingt années à
venir.

Un nouvel eldorado s’annonce pour Boeing, Airbus et leurs


concurrents.

Et surtout compagnies africaines comme Ethiopian Airlines.


EXEMPLE DE l’INAUGURATION DE L’AEROPORT BLAISE DIAGNE DE DAKAR

Après 10 ans de travaux.

mégaprojet à 575 millions USD. Video


https://www.jeuneafrique.com/794232/economie/alioune-sarr-lopen-sky-narrangerait-pas-
les-interets-strategiques-du-senegal/

3 millions de passagers dès sa mise en service (contre 1,9 million de passagers à l’AILSS en
2016, en saturation : + 6,84 % de sa fréquentation en un an, malgré l’arrêt des vols de la
compagnie nationale Sénégal Airlines en avril 2016.

Enjeux majeurs : Car il en va du rayonnement du pays. Pilier du Plan Sénégal émergent


(PSE), le projet de hub aérien, qui passe aussi par la réhabilitation, pour 176 millions de
dollars, de cinq aéroports régionaux (Saint-Louis, Matam, Ziguinchor, Tambacounda et
Kédougou), est un outil visant à faire du pays, à la stabilité reconnue, un puissant centre
d’attraction de capitaux étrangers, sur fond de découvertes d’hydrocarbures.

Par sa position géographique, Dakar a vocation à devenir un hub sous-régional. On observe


Mais l'acteur local dont tout le monde parle est bien la compagnie éthiopienne, Ethiopian Airlines.
La compagnie dont les revenus ont augmenté de 10 % par rapport à l'an dernier, a enregistré en 2016
un bénéfice net de 250 MEUR

Avec 4,7 % de croissance annuelle du transport aérien prévue dans les années à venir et une
population supposée doubler d'ici 2050, le l'émergence d'une classe moyenne.

Le continent africain représente la dernière frontière pour la révolution aérienne que constitue le
modèle low-cost, qui a commencé aux États-Unis dans les années 70 avant de se poursuivre en
Europe dans les années 90".

Pour autant, le continent est toujours à la peine représentant seulement 3 % du trafic passager
mondial alors qu'il compte 15 % de la population du globe. L'Afrique ne possède que 3
compagnies parmi le Top 100 mondial par nombre de passagers au départ en 2015 - Ethiopian
Airlines, South African Airways et Egyptair.

Les raisons:
❑ infrastructures défaillantes,
❑ carburant et taxes d'atterrissage élevés
❑ absence de "ciel ouvert" africain.
Plus de 80% du trafic aérien du continent est assuré par des compagnies non-africaines. Mais
l'acteur local dont tout le monde parle est bien la compagnie éthiopienne, Ethiopian Airlines. La compagnie
dont les revenus ont augmenté de 10 % par rapport à l'an dernier, a enregistré en 2016 un bénéfice net de 250
MEUR

Avec 4,7 % de croissance annuelle du transport aérien prévue dans les années à venir et une population
supposée doubler d'ici 2050, le l'émergence d'une classe moyenne.

Le continent africain représente la dernière frontière pour la révolution aérienne que constitue le modèle low-
cost, qui a commencé aux États-Unis dans les années 70 avant de se poursuivre en Europe dans les années 90".

Pour autant, le continent est toujours à la peine représentant seulement 3 % du trafic passager mondial alors
qu'il compte 15 % de la population du globe. L'Afrique ne possède que 3 compagnies parmi le Top 100
mondial par nombre de passagers au départ en 2015 - Ethiopian Airlines, South African Airways et Egyptair. Les
raisons: infrastructures défaillantes, carburant et taxes d'atterrissage élevés et absence de "ciel ouvert"
africain.
Les compagnies européennes ont longtemps bénéficié d'une position favorable en Afrique pour des raisons
historiques et géopolitiques, mais depuis quelques années les compagnies du Golfe entendent bien changer la
donne.

Plus de 80% du trafic aérien du continent est assuré par des compagnies non-africaines.
Un "ciel ouvert" africain parait aujourd'hui plus que nécessaire :

44 pays d'Afrique ont adopté en 1999 la Décision de Yamoussoukro visant


à l'ouverture du transport aérien sur le continent. Adopté par l’assemblée
générale des chefs d’Etat en juillet 2000 à Lomé. Projet phare de l’agenda
2063 de l’UA. 28 Etats signataires en avril 2019. Objectif : 40 pays d’ici fin
d’année

Malgré cet accord, la grande majorité des pays signataires continuent de


protéger leur transporteur national, Le Maroc est un bon contre-exemple.

Le royaume a signé un accord de "ciel ouvert" avec l'Europe sous la pression


de son industrie touristique, après quelques difficultés, la Royal Air Maroc a
su se transformer autour de son hub de Casablanca pour devenir un des
leaders du ciel africain.
B. LE BOOM DU TRANSPORT MARITIME
Les échanges commerciaux par voie maritime croissent annuellement de 10
à 12 % : 129 milliards de dollars ont été échangés par voie maritime entre la Chine
et l'Afrique en 2010, soit dix fois plus qu'il y a dix ans.

Au gigantesque projet portuaire de Lamu, au Kenya, évalué à 19 milliards d'euros,


répond celui – concurrent – de Bagamoyo, en Tanzanie, d'un montant de 7,6
milliards d'euros.

L’exception du secteur du transport maritime : en effet, il est le premier à s’être


développé sur le continent. Les Etats africains (en commençant par ceux de
l’ouest) ont modernisé leurs infrastructures portuaires, tandis que d’autres
ont commencé à voir le jour. L’essor de la demande asiatique en matières
premières, et l’augmentation des échanges sud-sud, a favorisé la croissance du
secteur du transport maritime dans les pays africains.
C. LA FAIBLESSE DU RESEAU ROUTIER
Article sur le TGV marocain
https://www.bladi.net/le-tgv-marocain-dans-le-top-5-des-trains-les-plus-rapides-
du-monde,71746.html

Les routes africaines constituent la principale voie de transport sur le continent.


Dès les années 60, les nouveaux Etats africains indépendants ont affiché une ferme
volonté d’accélérer leur intégration à travers la mise en place de réseaux routiers.

Cependant 60 ans après, force est de constater que les objectifs fixés dans le cadre
des projets d’intégration via les infrastructures routières, nourries par
l’Organisation de l’unité africaine (OUA) de l’époque, n’ont pas été atteints.

Aujourd’hui le continent africain est celui ayant la densité de réseaux routier la


plus faible au monde. Selon un rapport du cabinet Infothep, cette densité s’élevait
en 2013 à 7 km de route pour 100 km2 derrière l’Amérique latine (18 km) et l’Asie
(18 km). De plus, seuls 28% de ces routes étaient bitumées, traduisant ainsi leur
D’un point de vue économique, cette mauvaise qualité des routes africaines,
représentent un coût énorme, non seulement pour les particuliers, mais pour les
Etats. Le coût du transport sur le continent est en effet l’un des plus élevés au
monde.

En 2016, le cabinet Infothep indiquait que « le transport d’un conteneur entre


Kampala (Ouganda) et Mombasa au Kenya peut prendre deux fois plus de
temps et d’argent que le transporter de Londres à Mombasa ».

Cette situation est grandement imputable au fait que la plupart des premiers
dirigeants africains se sont contentés des réseaux routiers mis en place par les
colons.
L’absence d’un mécanisme de gestion et de financement des infrastructures
routières, ainsi que la désarticulation des systèmes de transport
(prédominance du transport urbain par rapport au rural) a par ailleurs
augmenté les impacts environnementaux liés au transport routier sur le
continent.

❖ Selon l’OMS : en 2016, 24,1% des victimes d’accidents de la route (soit


300 000 personnes) vivaient sur le continent africain.

❖ Chaque année, les accidents routiers coûteraient 7,3 milliards $ au


continent.
C. LE RESEAU FERROVIAIRE LE PLUS
VIEILLISSANT DU MONDE
Il date de la période coloniale, et n’a presque pas été renouvelé ou étendu.

Avec 51 000 km de rails opérationnels, le continent africain ne compte que pour seulement 5% du
réseau de chemins de fer mondial. En matière de transport de marchandises, cette proportion tourne
autour de 7% mais retombe drastiquement à 2% quant au transport de passagers.

Et encore une fois à ce niveau, on observe une prédominance des pays d’Afrique du nord sur leurs
homologues plus au sud. Alors que 4 des cinq principales lignes du continent africain sont situés dans
le Maghreb, on constate que cette région absorbe à elle seule 85% du marché continental du transport
ferroviaire.

En plus de faire perdre aux pays des sources de revenus conséquentes, tirés de l’exploitation des lignes
ferroviaires, la quasi-inexistence de réseaux de chemins de fer en Afrique réduit le potentiel d’échanges
commerciaux interrégionaux et interétatiques.
Selon un rapport du cabinet Infhotep datant de 2016, plus d’une quinzaine de pays ne disposent pas de
voies ferrées.

Hormis l’Afrique australe, (où l’Afrique du Sud constitue l’une des rares exceptions d’Afrique noire), on note
que les seules voies ferrées de certains pays d’Afrique noire sont très peu interconnectés, et sont
souvent en lignes isolées. Et d’ailleurs ces lignes sont très souvent peu ou pas entretenues, conduisant le
plus souvent à leur fermeture. Cela a par exemple été le cas du Sénégal où il ne reste plus qu’une seule ligne
à passagers, vestige de l’époque coloniale.

Enfin, on note également que certains projets ambitieux de réalisation de chemins de fer
transnationaux peinent à démarrer, soit en raison d’un manque de financement, soit en raison de
conflits d’intérêts. L’exemple le plus illustratif à ce sujet, est celui du projet boucle ferroviaire, devant
relier les villes d’Abidjan, Ouagadougou, Niamey et Cotonou, mais dont les travaux ont été suspendus suite
au conflit juridique entre l’Etat béninois, le groupe Bolloré et le groupe Petrolin du béninois Samuel-
Dossou Aworet.
C. LE RETOUR DES MEGA-PROJETS
D’INTEGRATION
Portés principalement par l’UA et la BAD.

En 2017, la BAD révélait qu’elle avait investit plus de 30 milliards $ pour le bitumage de 40 000 km
de routes, la modernisation et l’agrandissement de 16 ports et le financement de 30 aéroports à
travers le continent.

Ex : le pont entre Brazaville et Kinsasha séparés par 4km. 550 millions investis par la BAD pour 210 millions.
Travaux en aout 2020.

L’UA a ressuscité des projets d’intégration comme le lancement d’un marché unique du transport aérien
en Afrique afin de renforcer « la connectivité entre les pays, et stimuler la croissance dans les secteurs du
commerce et du tourisme » et de générer plus de 2 300 000 nouveaux emplois à travers le continent. Après la
Zleca (Zone de libre-échange continentale africaine), l’Union africaine a lancé en janvier 2018 un autre projet : le Marché
unique du trafic aérien en Afrique (Mutaa)

VIDEO : https://www.jeuneafrique.com/812085/economie/video-lopen-sky-africain-explique-en-2-minutes/
44 pays du continent signaient l’accord portant création de la Zone de libre échange
continentale africaine (ZLECA) visant à supprimer les barrières douanières qui entravent le
commerce intra-africain de marchandise. La construction d’infrastructures routières et
ferroviaires devrait permettre à la ZLECA de booster la croissance économique des pays du
continent.

D’ailleurs ces derniers prennent de plus en plus d’initiatives : ils sont même les premiers
bailleurs de fonds des projets d’infrastructures de transport sur le continent, juste devant la
Chine.

De nouveaux projets ferroviaires comme les lignes Addis-Abeba/Djibouti, ou


Nairobi/Mombasa émergent.

Et avec une population urbaine qui devrait s’élever à 84% d’ici 2050, les besoins en la
matière s’annoncent colossaux, mais pourraient se transformer en véritable opportunités
économiques pour les pays qui mèneront ces projets à terme.
LES DIASPORAS

I. La diaspora de retour en Afrique


II. Vers une « recomposition culturelle inédite »
(A.Mbembe)

L’Afrique au centre du monde


CONSEIL BIBLIOGRAPHIQUE
• MANNING Patrick, The African Diaspora : A History Through
Culture New York : Columbia University Press, 2010
I. LA DIASPORA DE RETOUR EN AFRIQUE

A. LA DIASPORA AFRICAINE : DÉFINITION,


ORIGINE ET ÉTAT DES LIEUX

L’Afrique au centre du monde


1. Qu’est-ce que la diaspora africaine ?

D’après le Larousse, c’est la dispersion d’un peuple, d’une ethnie, à


travers le monde.
Fait à l’origine de la dispersion

Selon P. Manning, la « diaspora africaine » définit les populations descendantes des esclaves africains conduits
de force aux Amériques, en Europe et en Asie. Cette traite négrière s’est inscrit dans le cadre du commerce
triangulaire opéré par les puissances européennes entre les 16ème et 19ème siècles.
La Commission de l’Union africaine définit la diaspora africaine comme l’ensemble des
personnes d’origine africaine vivant en dehors hors du continent africain et qui, intéressées par
le destin de l’Afrique, entendent participer au développement de l’Afrique ainsi qu’à la
construction de l’Union africaine.
Donc ceux qui envoient de l’argent « au pays » ? Vision restrictive.
Présentes principalement en Amérique du Nord (40 millions), en Amérique du Sud (112),
en Europe (8 dont 3,5 en France) et dans la Caraïbe (29), 400.000 en Asie, 260.000 en
Océanie.

Principaux pôles du commerce triangulaire.

Population liée par la mémoire commune de l’esclavage et une expérience égale des
discriminations.

Donc pas seulement ceux qui envoient de l’argent au pays.

On verra si cela fait une simple diaspora ou de manière plus complexe, une communauté.
En attendant, Manning décompose la diaspora africaine en plusieurs « régions » pour
comparer leurs expériences à travers le monde :

❑ la patrie africaine,
❑ les diasporas proche (Afrique du Nord, Arabie, Madagascar) et lointaine,
❑ les diasporas de l’Ancien (Europe et …Asie) et du Nouveau Monde (dans les Caraïbes, en
Amérique du Sud ou en Amérique du Nord)
❑ la diaspora offshore (Sahara, iles de l’Atlantique et de l’océan Indien)

Là où l’appartenance communautaire est figée dans le culte de l’Afrique et de ses


souffrances, la diaspora incarne « un espace de mobilité, de fluidité et d’hybridité ».

Importance aussi d’une structuration, associations, réseaux. Connexions qui ont amené les
Africains à se forger un sentiment d’appartenance
Dans le livre de Manning, six chapitres décrivent l’histoire de cette diaspora :

❖ « la survie » (1600-1800),

❖ la conquête de « l’émancipation » (1800-1900),

❖ de la « citoyenneté » (1900-1960),

❖ et enfin de « l’égalité » (1960-2000).


2. Qu’est-ce qui fait son unité ?
Temps forts qui ont fait un sentiment d’appartenance

La mémoire de l’esclavage :
Dans les familles : le nom caché, les traditions et coutumes (cuisine, musique etc), les récits épiques des résistances y
compris à l’origine sur le continent
Les romans et films : de Racines de Alex Haley (1976) à …Black Panther
Les commémorations et les lois mémorielles

Luttes sociales pour reconnaissance de leurs droits. Liens avec décolonisation de l’Afrique.

Syndicalisme
Partis communistes
Grandes conférences panafricaines
Lutte anti-apartheid

Inégalités et violences

La question des « réparations »

Au delà diversité des peuples noirs, il existe une cohérence et un sens à la production culturelle de la
« diaspora » africaine :
❖ Les « visual arts ».
❖ La « négritude »,
B. Le retour à l’Afrique: entre
quête des origines et
militantisme
1. Ce qui a entretenu le dialogue diasporique
- L’accès aux communications. Connectés. Vols pas chers et donc contacts plus fréquents
avec le pays
- La stabilisation politique des nations africaines
- La constitution de lobbys
- L’aide au continent africain. De plus en plus de puissances financières y compris
chez les Afro-US. Et plus traditionnellement les migrants et à des coûts en baisse (de
9,81% de la somme totale envoyée il y a 10 ans à 7,45% aujourd’hui) mais néanmoins
supérieurs en Afrique que dans le reste du monde (en Afrique australe, 14,6%, le double
de la moyenne mondiale).
- La recherche des origines par les Afro-descendants (ADN, tourisme de mémoire)
Frais d’envoi moyens pour 200dollars envoyés (en %)

2011 2017 Tendance

Afrique 11,6 9,0 -22 ↘

Afrique de l'Est 15,7 10,8 -31 ↘

Afrique centrale 13,7 10,2 -26 ↘

Afrique du Nord 7,6 6,4 -15 ↘

Afrique australe 14,8 14,6 -2 ↔

Afrique de l'Ouest 8,9 7,9 -11 ↘


1. Ce qui explique le retour actuel à l’Afrique
Les success stories d’entrepreneurs. Les cadres « repats » d’origine nigériane ou ghanéenne
venus de Londres et de New York mais aussi les jeunes originaires des banlieues françaises.

Après l’argent, mouvement d’exportation des compétences pour participer au


développement du continent.

Afrique vue comme terre d’opportunités.

Réponse aux problèmes de discriminations. Plafond de verre.

Retour identitaire aux sources et travailler sur le continent.


II. VERS UNE « RECOMPOSITION
CULTURELLE INEDITE » (A. Mbembe)

A. LA DIASPORA, UN ACTEUR FINANCIER ET


ECONOMIQUE

L’Afrique au centre du monde


1. Traditionnellement, une puissance financière
❖ Plus de 60 milliards de dollars vers 120 millions d’Africains en 2016 de la part de 30 millions
de ses ressortissants à l’étranger

❖ 33mds de dollars pour l’Afrique subsaharienne, selon la BM

❖ Montant supérieur à celui accordé par l’aide publique au développement (56) ainsi que
celui provenant des investissements directs étrangers (50).
Les 5 premiers pays bénéficiaires, en volume d'argent reçu (milliards de $ US)
▪ 13% des transferts de fonds mondiaux des expatriés (445 milliards de dollars), selon le
Fonds International de Développement Agricole (Fida)

▪ En 2016, 36% d’argent en plus vers le continent qu’il y a dix ans (important mais à
relativiser en comparaison de la zone Asie-Pacifique où ces sommes ont grimpé de 87%
sur la même période et l’Amérique latine)
▪ En revanche, en Afrique, deux fois plus de bénéficiaires de ces transferts — pour des
montants unitaires plus petits — qu’en Amérique latine.

▪ Ce sont l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest qui en reçoivent le plus

▪ Cinq pays reçoivent 80% des fonds expédiés en 2016 :


- le Nigeria : 19 milliards de dollars
- l’Égypte: 16,6 milliards
- le Maroc : 7 milliards.
- le Ghana et l’Algérie : 2 milliards de dollars chacun
2007 2016

Nigeria 18,0 Nigeria 19,0

Égypte 7,7 Égypte 16,6

Maroc 6,7 Maroc 7,0

Algérie 2,1 Algérie 2,0

Tunisie 1,7 Ghana 2,0


En Afrique, cet argent représente plus de 3% du PIB de 19 pays, plus de 10% pour 6 pays :
•31% Libéria
•22% pour la Gambie
•20% pour les Comores
•18% pour Lesotho
• 14% pour le Sénégal.

La reconstruction de la Somalie a été assurée quasimenten totalité par les fonds envoyés par la
diaspora somalienne.

Les 5 premiers pays les plus dépendants des transferts (% argent reçu/ PIB)

2007 2015

Lesotho 35 Liberia 31

Comores 16 Gambie 22

Togo 11 Comores 20

Nigeria 11 Lesotho 18

Sénégal 11 Sénégal 14
2. A l’ère du numérique, un investisseur en
capitaux, symbole de la « repatriation » de la
nouvelle génération
Tournant pour le développement de l’Afrique
Une génération connectée, inventeur de solutions pour les Africains grâce aux nouvelles
technologies de l’information et de la communication et aux réseaux sociaux qui favorisent les
interconnexions entre « ici et là-bas »
Jeunes entrepreneurs soucieux d’investir directement dans l’économie par la création
d’entreprise ou par le placement de capitaux
Loin de l’économie de la débrouille de leurs parents, structuration des transferts de fonds avec
des objectifs économiques et non pas simplement alimentaires.

Et si les États en tiraient profit pour établir des politiques d’accueil ?

Les exemples d’Israël et de l’Inde avec des émissions de bons pour la diaspora, bons qui ont
financé le développement de l’économie nationale. Sans négliger l’aspect patriotique : l’Inde
voulait ainsi contourner les sanctions internationales après ses essais nucléaires (cf Jeune
Afrique, mars 2018, tribune de G. Fall, « Diasporas, les oubliées des émissions obligataires ») .

En Afrique aussi, ne plus en rester à la dimension personnelle et familiale des transferts de fonds,
mais participer au financement des infrastructures du pays et contribuer à nourrir la fibre nationale
voire panafricaniste.
Le premier pays africain à avoir émis un diaspora bond est l’Éthiopie, en
2008, avec l’EEPCO Millennium Corporate Bond sur dix ans. Un échec

Seconde tentative en 2011, le Renaissance Dam Bond, sur dix ans,


entièrement remboursable en devises. Un succès.

Formidable succès du Nigeria, qui en un seul jour, le 19 juin 2017, a levé


300 millions de dollars, auprès de ses diasporas britannique et américaine.
Raisons : l’approbation des autorités de régulation des marchés financiers
de ces pays et l’existence d’un réseau bancaire nigérian dense à Londres et
à New York.

Recommencer à l’échelle continentale, avec le soutien de la BAD?


B. LA DIASPORA, LA 6ème REGION D’AFRIQUE?

L’Afrique au centre du monde


La sixième région d’Afrique ?

La population de la diaspora africaine dans les Amériques et en


Asie représente environ un sixième de celle de l’Afrique.

Après tout, Porto Rico et Haïti ont considéré New York comme une
province eu égard du nombre élevé de migrants
1. Un pouvoir politique?
Une cible électorale prisée. Influence? Pouvoir? Surreprésentation des oppositions?

Tentatives d’organisation de la « 15ème région du Sénégal » : en 2017, l'Assemblée nationale


sénégalaise a adopté une loi actant l'élection de quinze parlementaires pour la diaspora.

C’est un pays où la diaspora, avec ses 3 millions de membres, contribue pour près de 1,38 milliard
d’euros par an à l’économie nationale, soit près du tiers du budget de l’État pour 2017. La création
des quinze nouveaux sièges entraîne celle de huit nouveaux départements électoraux à l’étranger.

Tardive intégration pas propre à l’Afrique.

Ex la diaspora libanaise a voté pour la première fois en 2018 (mais pas de circonscription spécifique,
ils sont rattachés à leur circonscription d’origine): 82.900 Libanais résidant dans 39 pays se sont
inscrits sur les listes électorales. Un chiffre faible, comparé au nombre total de ressortissants du pays
du Cèdre dans le monde, estimé au minimum à un million, dont deux-tiers sont en âge de voter.
1. Les raisons de cette faiblesse politique
➢ L’insuffisante valorisation de la double culture dans le pays d’origine

comme de naissance

➢ L’intégration sur place

➢ La méfiance vis-à-vis des gouvernements, associée à la crainte

d’instrumentalisation politique
3. A contrario, les ressorts de la puissance
culturelle de la diaspora
Plus fort que les considérations financières ou politiques, la force culturelle de la
diaspora et sa contribution, non seulement à l’Afrique mais au monde.

Lieu d’échange et de mobilité, la diaspora aura permis :

o Le développement de contre-cultures hybrides, qui participent à la construction


de la modernité.

o Afro-descendants mais également afropéen, afro-américain, afro-pakistanais, afro-


brésilien etc….et aussi franco-sénégalais ou germano-ghanéen (Jérôme Boetang), ou
mexico-kenyane (Lupita Nyong’o). Avec eux, les notions d’origine, de patrie, de
naissance, de cœur, d’adoption prennent un sens inédit, par choix ou par nécessité.
Ils ne sont pas immigrés ni migrants mais portent avec eux le parcours
migratoire. Appartenances identitaires multiples. Un atout pour relier les
mondes dans un contexte de connexions et de mobilités tous azimuts avec
l’Afrique au centre de ce nouveau monde

o Ils sont porteurs de transformations sociales tant pour leurs pays d’origine que
pour leurs pays d’accueil, comme hier les diasporas chinoise, coréenne, indienne.

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