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KIRAMI HASNAE

• SOUS LA DIRECTION DU PROFESSEUR : NOUR MOHAMMED RIDA

L’impact de la migration sur l’économie marocaine

I - Introduction

Le Maroc constitue un bassin migratoire important, s’il fut durant toute la


première moitié du 20ème siècle un pays d’immigration, accueillant des flux
migratoires relativement importants en provenance de certains pays européens,
il est devenu depuis un pays d’émigration principalement à destination des pays
de l’Union Européenne. L’émigration marocaine vers cet espace est devenue
depuis les années 60, un phénomène sociétal majeur. Voire même une culture.
Rares sont les familles qui n’ont pas un ou plusieurs de leurs membres vivant à
l’étranger. Cette situation exerce un effet d’attraction sur les jeunes ; l’émigration
dans certaines régions devint une obsession, cet engouement pour la rive nord
de la Méditerranée, cette persistance d’une forte propension à émigrer s’explique
par divers facteurs qui entretiennent, en dépit d’une politique d’immigration très
restrictive, une pression migratoire vers les pays de l’union européenne.
Avec la constitution d’un volume d’immigration important, celle-ci devient un
enjeu essentiel dans les relations entre le Maroc et la rive Nord de la
Méditerranée. En effet, cette « diaspora » marocaine résidant à l’étranger
confectionne un système de liens humains, économiques et culturels très solides
avec les pays d’origine et cette diaspora est constituée de plus de 5 millions de
Marocains qui résident à l’étranger où la population est établie dans +100 pays
dont la majorité en Europe (80% se répartissent entre la France, l’Espagne,
l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas, et l’Allemagne.)
Les Marocains sont présents partout dans le monde, littéralement. La Fondation
Hassan II pour les Marocains résidents à l’étranger estime à plus de 5 millions le
nombre de personnes d’origine marocaine vivant en Europe et ailleurs.

La France abrite depuis toujours la plus importante communauté établie à


l’étranger, plus d’1,5 millions de marocains, et ce pour des raisons historiques
évidentes.

L’Espagne et l’Italie qui accueillent chacune plus d’1 millions de citoyens


marocains, principalement des villes du nord du pays, comme Larache, Tanger
et Tétouan.

Et pour l’Israël et d’après les dernières statistiques, 800 000 juifs marocains y
vivent. (Les juifs marocains ont massivement émigré vers la France, le Québec
ainsi qu’Israël suite à la création de l’État d’Israël et de la Guerre des Six Jours
en 1967. La population juive au Maroc a dramatiquement chuté depuis 1948.)

II - Les impacts économiques :

La diaspora marocaine, grandissante et dynamique, représente une ressource


majeure pour l’économie marocaine. Les retombées ne se limitent pas aux seuls
aspects budgétaires comptables et domestiques mais impliquent aussi, et
surtout, les effets multiplicateurs indéniables sur l’ensemble de l’économie
nationale et locale. Parmi tous les pays d’origine des immigrés qui vivent en
Europe, le Maroc apparait comme celui qui bénéficie le plus des flux financiers
issus de l’émigration.
 Les transferts des MRE :

Les transferts des MRE proviennent essentiellement d’Europe où résident


environ 3 millions d’émigrés soit 80% de la population marocaine résidente à
l’étranger. Ces transferts contribuent à la formation des revenus des ménages et
jouent un rôle capital dans la survie de plusieurs familles au Maroc.

Cette année, en particulier, le pays a connu une période invraisemblable et


presque incroyable en ce qui concerne les transferts financiers réalisés par les
MRE. Face à la crise sanitaire du COVID-19, les Marocains du monde ont fait
preuve de solidarité avec leurs familles et leurs proches confinées au Maroc,
dont une partie s’est retrouvée sans ressources et sans aides. Contre tout
attente et toutes les prévisions pour 2021, les transferts des MRE ont explosé à
un niveau jamais atteint auparavant. Pendant seulement les neufs premiers mois
de l’année, les envois ont déjà atteint 71,8 milliards de dirhams, soit 21,4
milliards de plus comparée à la même période de l’année dernière, représentant
une évolution prodigieuse de 42,5% ce qui fait que le Maroc a déjà dépassé en
neuf mois seulement, tout le flux reçu au cours de l’année 2020 (68,2 milliards)

Ici figure quelques statistiques très intéressants par rapport à l’impact de ces
transferts de fonds de la part des MRE sur l’économie marocaine, où on peut voir
que ces transferts ont pu couvrir de 20% à 24% des importations, ils ont aussi pu
réduire le taux de pauvreté ici au Maroc de 23% à 19%, et plus de 1,2 million de
marocains échappent à la pauvreté grâce à ces transferts mêmes.
 Transfert du savoir faire

Selon le ministre de l’Économie, des finances, et de la réforme de


l’administration, les Marocains du monde sont une valeur ajoutée pour tout projet
sociétal, vu les connaissances et l’expérience qu’ils ont acquises dans les pays
de résidence. Or, en dépit des transferts jugés importants, en 2020, seul 10% du
total est orienté vers l’investissement, principalement dans le foncier et
l’immobilier et pour cause, le reste est absorbé par la consommation.

Le ministre souligne aussi l’importance de tirer profit du savoir-faire des


Marocains du Monde, une communauté qui a amplement développé, dit-il, un
réseau relationnel, commercial et technologique, sur lequel le Maroc peut
capitaliser pour résoudre la problématique de la relance.

Le ministère a également mis en place de nombreuses initiatives individuelles


destinées à mettre en valeur l’expérience acquise dans les pays d’accueil, en
particulier dans les NTIC (Nouvelles Technologies de L’information et de la
Communication) et des réseaux tel « Savoir et Développement » qui
ambitionnent de contribuer au développement du pays. On a aussi l’État qui a
mis en place le FINCOM (Forum International des Compétences Marocaines
résidant à̀ l’Étranger), structure qui compte créer une base de données des
compétences immigrées, publier un annuaire, accompagner ceux qui désirent
réaliser des projets économiques au Maroc et entreprendre des activités de
partenariat avec les milieux associatifs. De son côté, le ministère chargé des
MRE a mis en place un dispositif d’appui aux porteurs de projets
d’investissement. Il consiste en la mise en place d’une cellule dédiée à leur
accompagnement. Sa mission est d’informer et orienter les investisseurs
potentiels sur les différents secteurs de l’économie, d’assister les porteurs de
projets durant toutes les étapes de réalisation.
 Les tansferts et leurs relation système bancaire

La liquidité du système bancaire est dopée par les transferts des migrants
marocains comme plus des deux tiers de ces transferts se sont effectués par
virements bancaires alimentant ainsi les comptes détenus au Maroc. Le volume
de ces comptes a représenté́ 23,7% du total des dépôts auprès des banques
marocaines. En effet, ces dépôts ont atteint 87,8 milliards de dirhams et ils se
répartissent entre 54,5% de comptes à vue et 41,2% de comptes à terme. Selon
une étude économique, pour chaque euro transféré depuis l’Europe, les banques
et les organismes de transferts prélèvent de 10% à 12%, et ainsi le flux des MRE
qui représentent 7% à 8% du PIB du Maroc, qui a été calculé à environ 112.9
billions de dollars en 2020.

III- Les causes de la migration :

Les raisons d’émigration avancées par les émigrants sont principalement d’ordre
économique (liées au travail et au revenu, recherche d’un meilleur emploi/salaire,
62,8%). Elles sont en second lieu, loin derrière, d’ordre familial avec 26,4%
(essentiellement le regroupement familial : 20,3% et le mariage 5%). Les raisons
d’études et d’acquisitions des compétences et des qualifications arrivent en
troisième position avec 6,9%. Plus précisément, on peut citer les causes
suivantes :

 Un climat de crise économique et financière européenne, depuis 2009, de


plus en plus d’Européens, cherchent des opportunités d’emploi au Maroc,
notamment dans les secteurs de la culture, du tourisme ou de
l’évènementiel.
 Causes éducationnelles, volontaire, diplomatique, relatives aux systèmes
éducationnels non adapté, créant une inadéquation Emploi - formation, ce
qui implique l’augmentation du chômage, causant ainsi le départ des
migrants pour rejoindre la diaspora établit dans divers domaines tel que le
commerce, le tourisme, la religion, les études, et la diplomatie.
 Les travailleurs immigrés fournissent une main-d'œuvre manquante dans
des emplois peu qualifiés (ouvriers du bâtiment, travailleurs agricoles,
etc.). Les immigrés paient leurs impôts dans leur pays d'accueil et
participent ainsi à enrichir le pays.

IV - Les conséquences pour le Maroc :

Les conséquences de l’immigration sont de plus en plus ambiguës et


ambivalents pour le Maroc : Les sommes d’argent transférées par les travailleurs
immigrés sont énormément bénéfiques et massivement investies dans le pays,
contribue au dynamisme de l’économie.

 L’immigration subsaharienne : des personnes issues de l’Afrique


subsaharienne (pays situés au sud du Sahara) cherchent aussi à passer
vers l’Europe en transitant par le Maroc. Le pays connaît, et ce depuis
longtemps, une dimension nouvelle du flux migratoire, caractérisée par un
phénomène migratoire trans-social et une présence accrue de migrants
subsahariens où on estime entre 25,000 et 40,000 le nombre de migrants
subsahariens en situation illégale au Maroc en 2014. (L'immigration
provoque une baisse des salaires si elle accroît la concurrence entre des
travailleurs)
 Transfert des compétences : le Maroc représente dans certains cas, une
aubaine pour certains chercheurs d’emploi autant que pour des
investisseurs étrangers.

V - Conclusion :

Pour conclure, comme vous l’aurez pu constater, Le Maroc fait donc partie des
principaux pays bénéficiaires des transferts de fonds des migrants à l'étranger.
Ces flux monétaires pèsent fortement dans la balance des paiements de notre
pays. Leur poids dépasse le montant total du solde des transactions courantes.
L'utilisation improductive de ces transferts monétaires diminue de plus en plus au
profit d'une allocation productive et les migrants, notamment la nouvelle
génération, se préoccupent et se tournent vers l'entrepreneuriat privé.

Mais tout ceci pose la question principale concernant la durabilité des transferts
des migrants et leur affectation sous forme d'investissements dans des secteurs
promoteurs d'emploi. Les tendances dépendent de plusieurs facteurs tels le
relâchement des liens avec le pays d'origine, la durée de la migration et sa
nature, etc. De ce fait, on pense que nos responsables doivent s'approcher
davantage des MRE pour les aider à surmonter les obstacles que rencontrent
leurs transferts de fonds au Maroc pour mieux les canaliser vers des
investissements productifs et bénéficier le Maroc et son économie en général.

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