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Afrique, l’hémorragie des cerveaux qui fait les affaires des pays riches

“L’Afrique les forme, l’occident les utilise”. Cette phrase pourrait être le slogan de la
campagne de pub, mais c’est la triste réalité que vit le continent depuis quelques décennies.
Même si dans les faits, les élites africaines pour la majorité ne sont pas toutes
exclusivement formées en Afrique. Cependant, ce à quoi nous assistons ces dernières
décennies est alarmant.

Afrique, une ressource humaine toujours portée vers l’extérieur !

Au XVe siècle, à l’ère de l’esclavage, l’on a assisté à une émigration forcée des millions
d’Africains vers les terres d’Amériques, d’Europe, d’Asie et d’Océanie pour travailler à
accroitre la richesse des empires européens. La France, le Portugal, l’Espagne,
l’Angleterre… en ont profité pour devenir des super royaume et dominer la planète. Avec
cette notoriété, ils ont dominé le monde pendant des siècles.

Le temps de l’esclavage passé, est apparu le temps de la colonisation, une période similaire
pratiquement à l’esclavage qui a fortement exploité, au-delà des ressources minières,
forestière et halieutiques, la ressource humaine africaine, pour enrichir les colons d’alors. Or
c’est un secret de polichinelle que la première richesse d’une nation, c’est la ressource
humaine. Cela, toutes les puissances dominantes le savent, sauf les pays dits en voie de
développement qui brade leur matière grise pour une bouchée de pain.

Tidjane Thiam, est ivoirien, personnalité de haut rang de la finance mondiale. Il a dirigé des
mains de maître le groupe Prudential, l’un des plus grand groupe mondial dans le domaine
de l’assurance.Il à également dirigé la défunte banque “Credit Suisse” qui fut pendant toute
sa durée de vie parmi les plus grandes banques du monde. Après un bref passage de
quelques années à des postes de responsabilité dans son pays, la Côte d’Ivoire, il s’exile en
France, depuis il est sollicité par plusieurs gouvernements et organismes internationaux sur
des questions de finance mondiale.
Lionel Zinsou, franco-béninois homme politique, est lui aussi un grand nom de la finance
internationale qui après un court passage en tant que premier ministre de son pays ( le
Bénin) s'est installé en France depuis plusieurs années.
Bertin Nahum, est un médecin béninois qui a invité avec d’autres homologues, un robot qui
assiste les chirurgiens pendant les opérations. Il était, il y a quelques années, la troisième
personnalité la plus influente du monde de la tech. Je pourrai vous parler de Fatou Diome et
plusieurs autres élites africaines qui partout dans le monde font bouger les lignes sauf sur le
continent où l’on a plus besoin de leur talent..
Le paradoxe des médecins africains qui sauvent les systèmes de santé des pays riches
quand ceux de l'Afrique se meurent !

Dans un reportage de la télévision française réalisé dans l’hôpital de Gonesse dans le


Val-d’Oise, précisément pour la chaîne TMC, dans une émission intitulée “Quotidien
Week-end”, on observe un grand nombre de médecins noirs, qui sont à la tâche pour traiter
des patients de cette localité. Sur les 200 médecins que compte cet hôpital, 80 sont
étrangers dont la grande majorité sont des Africains subsahariens. Bénin, Cameroun,
Sénégal, Guinée… sont les origines des médecins cités dans ce reportage. En outre, cet
hôpital ne fait pas exception dans la mesure où, nous dit le reportage, c’est le même constat
dans plusieurs autres hôpitaux en France. C’est même, en grande partie, grâce à leur
engagement (les médecins africains) que le système de santé français survit, ajoute le
commentateur du reportage. Pour finir, il affirme qu’il y a plus de médecins tunisiens qui
exercent en France que dans toute la Tunisie, c’est le même constat dans plusieurs pays
africains.

Selon un article du Courrier international, datant du 13 octobre 2022, l’Angleterre recrute


massivement des médecins nigérians pour pallier la pénurie de main d'œuvre dans ses
hôpitaux. L’article cite la société britannique NES Healthcare comme l’organe par lequel
les recrutements se font.

A entendre ces informations, on croirait que dans les pays d'origine de ces médecins
“français” là, le ratio médecin par habitants au km2 est atteint, et que c’est le surplus qui est
mis à disposition des autres pays. L’équipe de Africa-dev a fait des recherches pour en avoir
le cœur net. Selon des données de Atlassocio, le Nigéria avait en 2013 un ratio de 0,38
médecin pour 1000 habitants et occupe la 150e place mondiale, le Bénin en 2016 un ratio
de 0,16 médecin pour 1000 habitants et est classé 177e dans le monde, ensuite le
Cameroun est à la 187e avec 0.09 médecin pour 1000 habitants, le Sénégal quand à lui est
à la 192e place du classement avec 0.07 médecin pour 1000 habitants. On ne parle même
pas de la Côte d’Ivoire, du Burkina ni de la Guinée…

Le paradoxe, c’est que les hauts cadre de l’administrations, les ministres, les présidents de
ces pays-là, se dépêchent dans ces pays pour des soins, des bilans de santé et des
opérations dès que le besoin s’en fait sentir prétextant de la qualité de la main d’oeuvre et
du manque d’équipement. C’est quand même étrange de savoir que c’est entre les mains de
la main d'œuvre qu’ils fuient ici, qu’ils vont se livrer en occident. Le peu de médecin formé
sous nos tropiques disparaissent aussitôt leur formations achevé pour aller faire valoir leur
talent ailleurs. Le 16 février 2023, une note de la direction des ressources humaines du
ministère de la santé ivoirien en parlait, dénonçant des vacances de poste massives au
niveau du personnel de santé dans le pays. Ces derniers auraient déserté leur poste pour
émigrer dans d’autres pays, le Canada étant la destination particulièrement indexée par le
courrier.
Ici il est question des médecins mais ce n'est n’est pas le seul domaine de compétences
touché par cette émigration de masse. La finance, le sport, les ingénieurs, les inventeurs, les
petites mains, etc.
Selon Statistique Canada, en 2001 déjà, il y avait 300 000 Canadiens d’origine africaine qui
ne sont pas nés sur les terres canadiennes. C'est-à-dire, il y ont migrés. Ce chiffre peut
sembler minime, cependant il représentait 1% de la population canadienne d’alors.
Connaissant les politiques migratoires canadiennes qui ne privilégient que les
professionnels et/ou étudiants, nous comprenons l’apport de ces africains dans l’économie
de ce pays. D’autres études récentes montrent que la population d’ethnie africaine est si
grande dans pays, que des sociologue commence de plus en plus à employer le terme de
“communauté africaine au Canada”.

Qu’est-ce qui explique celà ?

Nul ne peut énoncer avec exactitude les raisons qui motivent ce qui pourrait-être qualifié
d’exode de l’élite africaine vers l’Occident, cependant des pistes d’explication existent. Dans
le cadre des médecins pour commencer, il se plaignent des conditions de travail. Vu la part
des infrastructures sanitaires dans le budget des Etats africains, parlant de plateaux
techniques, et bâtiment répondant aux normes légales qui ont cours dans le monde, c’est
insignifiant par rapport à ce qui se fait ailleurs. Donc on peut pointer du doigt le manque
d’infrastructure. Mais aussi certains médecins interrogés ont indiqué les salaires qui, ailleurs,
sont deux ou trois fois plus élevés.
Que se soit dans le cas des médecins que pour d’autres élites, les raisons qui sont revenues
parmi les gens interrogés à une dizaine de personnes, c’est la quête de meilleures
conditions de vie et de travail.
Cependant, une autre raison qui n’est pas beaucoup revenue mais qui a motivé aussi
plusieurs départs ces dernières années, c’est la stabilité politique et le mauvais climat des
affaires dans nos Etats. Ce qui fait largement les affaires de l’Occident qui se délecte de
nos élites tandis que le continent peine à se redresser faute de main d'œuvre.

Tout n’est pas néanmoins à jeter !

La sédentarisation de ces élites dans les pays occidentaux sert dans une certaine mesure
les intérêts de plusieurs pays africains. Par exemple, au Mali, l’apport de la diaspora
malienne dépasse largement l’ensemble de l’aide au développement que le pays reçoit de
ses alliés occidentaux. En 2022, cet apport était évalué à presque un milliard de dollars
américain (973 millions de dollars US) soit 5% du PIB.
Cette tendance est la même au Sénégal, au Nigéria, en Egypte, au Ghana…
Et ces dernières années, la diaspora africaine à travers le monde manifeste une forte
attraction pour le continent. De plus en plus d'entreprises qui ouvrent en Côte d’Ivoire dans
les domaines de la communication et de l'audiovisuel, du BTP et autres sont l'œuvre de
cette diaspora qui creuse peu à peu, le chemin de son retour. Espérons que la volonté
politique et un climat des affaires favorable, contribuera à leur installation définitive, pour la
construction d’une Afrique conquérante.

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