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Composée de 54 pays, l’Afrique est aujourd’hui en pleine mutation. C’est un continent jeune, avec une population de
plus en plus nombreuse, qu’elle devra impérativement réussir à soigner, à nourrir et à éduquer si elle veut se
développer. C’est aussi un continent de plus en plus urbanisé, avec des villes qui ne cessent de croître et de s’étendre,
avec des conséquences parfois néfastes pour l’environnement. C’est enfin un continent qui se développe, en
particulier grâce à des investissements venus de l’étranger, et qui cherche à mieux s’intégrer dans la mondialisation,
avec des réussites diverses selon les pays. Toutes ces transformations ont des conséquences sur le territoire, l’Afrique
étant devenue un continent en chantier, qui connaît d’importantes recompositions territoriales.
Une banlieue de Johannesburg, en Afrique du Sud, vue depuis un drone par le photographe Johnny Miller.
ORGANISATION DE LA SÉQUENCE :
Doc 2. Un milliard de citadins dans vingt ans : l’Afrique est -elle prête ?
À leur tour, les Africains sont attirés par les lumières de la ville. En l’espace de vingt ans, la population urbaine du
continent a été multipliée par deux (472 millions d’habitants en 2015, selon les Nations unies), et elle devrait encore
presque doubler au cours des vingt prochaines années, pour frôler le milliard d’habitants. L’Afrique deviendra alors à
majorité urbaine.
Les bidonvilles progressent au rythme de cette poussée démographique. Aujourd’hui en Afrique, plus de 60 % des
urbains vivent dans un bidonville. Pénuries d’eau, manque d’accès à l’électricité, absence de systèmes
d’assainissement, congestion des transports… Cette litanie se retrouve dans toutes les villes africaines, derrière les
gratte-ciels et la marina de Luanda comme dans le chaos de Kinshasa ou de Lagos, deux mégacités de plus de 10
millions d’habitants. Faute de planification urbaine, les villes s’étalent. Kampala [capitale de l’Ouganda], dont la
croissance est l’une des plus rapides du continent, a vu son emprise spatiale passer de 71 km² à 386 km² entre 1989
et 2010. Les experts prévoient qu’à ce rythme, elle atteindra 1 000 km² en 2030, avec le risque de voir disparaître les
forêts et les zones humides.
Laurence Caramel, « Un milliard de citadins dans vingt ans : l’Afrique est-elle prête ? », Le Monde, 30 juillet 2017
Séance 1G11. L’Afrique face au défi démographique │ leproflhg.wordpress.com | 3
Parmi toutes les régions, l’Afrique subsaharienne1 a les taux les plus élevés d’exclusion de l’éducation. Plus d’un
cinquième des enfants âgés d’environ 6 à 11 ans n’est pas scolarisé, suivi par un tiers des enfants âgés d’environ 12 à
14 ans. Selon les données de l’ISU2, près de 60 % des jeunes âgés d’environ 15 à 17 ans ne sont pas scolarisés. Si des
mesures urgentes ne sont pas prises, la situation empirera certainement, car la région fait face à une demande
croissante d’éducation en raison de l’augmentation constante de sa population d’âge scolaire. L’éducation des filles
est une priorité majeure. Dans la région, 9 millions de filles âgées d’environ 6 à 11 ans n’iront jamais à l’école contre
6 millions de garçons, selon les données de l’ISU. Leur désavantage commence tôt : 23 % des filles ne sont pas
scolarisées au primaire contre 19 % des garçons. À l’adolescence, le taux d’exclusion des filles s’élève à 36 % contre
32 % pour les garçons.
1. Afrique subsaharienne : partie de l’Afrique située au sud du Sahara / 2. ISU : Institut statistique de l’UNESCO
Le taux de fécondité au Nigeria est de 5,53 enfants par femme, mais cette moyenne nationale cache de profondes
disparités entre les grandes villes comme Lagos et les zones rurales, où il peut atteindre 8 enfants par femme. « Dans
le nord du Nigeria, comme dans toute la région du lac Tchad, si on ne fait rien, nous allons au-devant de gros
problèmes, estime Mabingue Ngom, directeur régional du Fonds des Nations unies pour la population, basé à Dakar.
Il y a urgence. Sur 20 millions de jeunes Africains qui arrivent chaque année sur le marché de l’emploi, 2 ou 3 millions
seulement trouvent du travail. C’est ce qui nourrit les conflits et le terrorisme », poursuit M. Ngom, citant l’insurrection
djihadiste Boko Haram, née dans la région. Sur un territoire relativement étroit d’environ 920 000 km2, soit dix fois
moins que les Etats-Unis, la pression démographique est déjà source de conflits au Nigeria. Sur les plaines fertiles du
centre, des affrontements pour l’accès à la terre et à l’eau ont fait plusieurs milliers de morts entre agriculteurs et
éleveurs en 2018.
QUESTIONS :
1. Doc 1. D’après ce document, à quelle difficulté l’Afrique est-elle confrontée ? Comment cette situation
pourrait-elle évoluer à l’avenir ? Selon vous, en quoi cela est-il un problème pour l’avenir de ce continent ?
2. Docs 2 et 3. En matière de santé, quelle est la situation de l’Afrique par rapport au reste du monde ? La
situation est-elle homogène sur tout le continent ?
3. Docs 2 et 3. Selon vous, comment expliquer les difficultés rencontrées par l’Afrique en matière de santé ?
4. Doc 4. En quoi l’augmentation de la population au Nigéria fait-elle de ce pays une « bombe à
retardement démographique » ?
À partir de vos réponses aux questions précédentes, rédigez un paragraphe argumenté répondant à
cette question : « Face à l’augmentation de sa population, quels défis l’Afrique doit -elle relever ? »
Vous introduirez chacun de ces défis par des connecteurs logiques, et vous appuierez votre argumentation sur des
chiffres précis.
Séance 1G12. Une population africaine mobile │ leproflhg.wordpress.com | 6
Pour en savoir plus : Dans vos téléphones portables se trouvent des métaux précieux, comme le tantale, qui viennent souvent
d’Afrique. Le tantale est extrait du coltan, extrait dans des conditions particulièrement difficiles. Regardez ce reportage de France
2 pour en savoir plus : « Téléphones portables : l’envers du décor » (4mn) (https://www.dailymotion.com/video/x29br1u )
Séance 1G13. Le défi économique │ leproflhg.wordpress.com | 9
Selon des chiffres de la CNUCED*, les trois principaux pays exportateurs sont le Soudan, avec 66 % du marché mondial,
le Tchad 13 % et le Nigeria 8,5 %. Mais ces dernières années, de nouveaux pays producteurs, comme le Mali, le Sénégal
et le Cameroun ont investi ce marché. Les exportations de ces trois pays ont bondi. La palme revient au Mali qui
exporte désormais près de sept mille tonnes par an, contre 300 tonnes il y a encore sept ans.
*CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, organe de l’ONU chargé d’aider les pays en
développement à s’intégrer dans l'économie mondiale de façon à favoriser leur essor.
* PMA : pays les moins avancés. Cette catégorie, Les pots-de vin une fois payés, les entreprises font en sorte d'en
forgée par l’ONU en 1971, regroupe aujourd’hui récupérer le coût par la vente de produits de moindre qualité. Les
47 pays, confrontés à d’immenses difficultés infrastructures peuvent être mal exécutées, les routes mal
socio-économiques. construites, les hôpitaux s'effondrent en raison de l'utilisation de
matériaux de mauvaise qualité, les écoles sont sous-équipées.
** IDH : Indice de développement humain. Il sert Enfin, les citoyens et les consommateurs africains sont aussi
à mesurer le développement d’un pays, en
perdants, les biens essentiels devant être achetés à un coût plus
prenant en compte 3 critères : le PIB/habitant,
l'espérance de vie à la naissance et le niveau élevé.
d'éducation des enfants de 17 ans et plus. Chaque
pays obtient un résultat entre 0 et 1. Plus l’indice « La corruption freine le développement des économies
s’approche de 1, plus la situation est bonne. africaines », France Info Afrique, 03/05/2019
Séance 1G13. Le défi économique │ leproflhg.wordpress.com | 11
Les milliards de dollars tirés des trafics d'ivoire, d'or et de bois, financent des dizaines de groupes armés dans l'est de
la République démocratique du Congo (RDC) et y alimentent les conflits chroniques, indique un rapport de l'ONU
publié vendredi. Le contrôle des zones les plus riches en minerais (or, étain, coltan…) est un des enjeux alimentant
l’instabilité chronique entretenue par diverses milices dans l’Est du Congo. « Ces fonds captés par des gangs criminels
(...) auraient pu être utilisés pour bâtir des écoles, des routes, des hôpitaux et un avenir au peuple congolais », a
souligné Martin Kobler, le chef de la Mission de l'ONU en RDC (Monusco), la plus importante mission de maintien de
la paix des Nations unies dans le monde. « Imaginez si nous pouvions dépenser des centaines de millions de dollars de
ces recettes envolées, subtilisées par les gangs criminels dans l'est de la RDC pour payer des professeurs, des médecins
et promouvoir les affaires et le tourisme. Nous devons transformer l'or en taxes et ces taxes en développement pour
un avenir prospère », a-t-il estimé.
À l’indépendance, en 1966, le Botswana est un des pays africains les plus pauvres. L’abattoir national constitue la seule
industrie. Il dispose d’une faible infrastructure routière (12 kilomètres de routes pavées !) et d’un capital humain très
limité (22 universitaires !). Une année après l’indépendance, les découvertes de gisements diamantifères modifient la
trajectoire économique pour façonner un modèle de réussite et de prospérité en Afrique Subsaharienne. Le Botswana
est passé d’une économie dans laquelle l’agriculture occupait 40% du PIB en 1966 à une économie de rente où
l’agriculture représente 2,4% du PIB en 2016. Aujourd’hui, les diamants constituent 80 % des recettes d’exportation,
et contribuent à 30 % du PIB. Premier producteur mondial de diamant, la prospérité de l’économie repose sur les
richesses de son sous-sol (outre le diamant, le pays exploite aussi du cuivre, de l’or, du nickel, de la soude et du
charbon). On est là sur une exception dans la mesure où une littérature économique très dense montre que les pays
bien dotés en ressources naturelles subissent davantage cette dotation comme une malédiction qu’ils ne l’utilisent
pour s’affranchir du sous-développement. Généralement, l’exploitation des minerais engendre la cupidité, renforce
les comportements de capture de rentes au sein de l’élite dirigeante. Ces rivalités confortent ainsi des régimes non
démocratiques et créent des inégalités menant le plus souvent à des conflits civils et déstabilisations du système
politique. [Au Botswana,] cette rente a permis de financer les infrastructures et la mise en place des services publics
d’éducation et de santé. La richesse par habitant a pu quadrupler en un demi-siècle, ce qui a notamment permis de
ramener à 19 %, le taux de pauvreté qui s’élevait encore à 50 % lors de la colonisation. Au plan politique, le pays jouit
d’une grande stabilité depuis son indépendance. Les institutions fortes, ancrées dans les traditions du Botswana,
assurent les libertés politiques et individuelles.
QUESTIONS :
Reste à savoir quelles sont les retombées pour l’Afrique de cette manne financière que Pékin déverse sur le continent.
Des milliards de dollars qui ne servent pas toujours à améliorer le quotidien des populations en raison de la corruption.
En revanche, l’entrée de la Chine en Afrique s’est accompagnée d'un développement des infrastructures de transport.
Avec la construction des routes, des voies ferrées et d’autres ouvrages comme des palais présidentiels ou des stades.
De grands projets réalisés moyennant des prêts consentis par les entreprises d’État chinoises.
Depuis 2000, « le nouveau banquier de l’Afrique » aurait consenti 77 milliards d’euros aux pays africains. Des crédits
faciles qui se sont transformés en piège pour certains États, devenus insolvables vis-à-vis de Pékin. C’est le cas de
l’Angola dont le pétrole ne servirait plus qu’à honorer les 20 milliards de dollars que le pays doit à la Chine. La plupart
du temps, les prêts ne sont pas remboursés en argent. Ils sont remboursés en or, en pétrole, en gaz ou en cuivre. Avec
le risque d’hypothéquer leurs ressources naturelles sur plusieurs décennies, et de se retrouver sans le moindre revenu
durant de très longues années.
Laurent Ribadeau Dumas, « L’Afrique serait-elle en passe de devenir une colonie chinoise ? »,
www.francetvinfo.fr, 1er août 2017
Doc 2. Nombre de projets de constructions Doc 3. Part de projets lancés en 2017 en Afrique,
d’infrastructures lancés en 2017 : par secteurs :
Transports
1% 1% Énergie
4%
7%
Eau
37%
Immobilier
Afrique du Sud 93
3% 19%
Afrique de l’Ouest 79 Pétrole et gaz
5%
Afrique de l’Est 71
Développement
Afrique du Nord 40 social
Afrique Centrale 20
« Africa Construction Trends 2018 », « Africa Construction Trends 2018 »,
rapport de la société d’audit Deloitte, 2017 rapport de la société d’audit Deloitte, 2017
Séance 1G15. Des recompositions territoriales │ leproflhg.wordpress.com | 15
Christophe Le Bec,
« Infrastructures : ces corridors
africains qui valent de l’or »,
Jeune Afrique, 25 avril 2016
QUESTIONS :
1. Docs 1 & 2. Pourquoi peut-on dire que l’Afrique est aujourd’hui un continent en chantier ? Ces chantiers sont-
ils répartis de façon homogène sur tout le continent ?
2. Docs 3 & 4. Quel secteur attire le plus d’investissements ? Pourquoi ces investissements sont-ils vitaux pour
certaines régions d’Afrique ?
3. Doc 5. Quels sont les chantiers mis en avant par ce document ? Quel est l’intérêt de ces chantiers ? Pourquoi
des puissances étrangères (comme le Japon ou le Brésil cités dans cet article) participent-elles au financement
de ces chantiers ?
4. Doc 5. Expliquez le titre de l’article : « Infrastructures : ces corridors africains qui valent de l’or ».
Séance 1G15. Des recompositions territoriales │ leproflhg.wordpress.com | 16
Pour créer des emplois, il est une recette qui ne se démode pas et continue de se répandre : la création de zones
franches, ou Free Zone. Free de quoi ? Suivez-moi dans la Tanger Free Zone pour le savoir… Une zone franche, c'est
une zone réservée aux entreprises qui souhaitent consacrer leur production à l'exportation. Elles bénéficient alors de
conditions dérogatoires aux règles locales :
- Pas de TVA. La production, destinée à l’export, n’y est pas soumise, pas plus que les matières premières
(intrants) ou les produits finis,
- Production et intrants peuvent parfois rester libellés en devise étrangère, ce qui évite les risques de change
- Les impôts sont très réduits voire nuls
- L’accès au foncier, à l'eau et l'énergie est garanti et peu cher
Nous sommes à TFZ, la Tanger Free Zone, l’une des 6 zones franches créée autour du Port de Tanger, franc lui aussi.
En 10 ans, 65 000 emplois ont été créés ici. Tanger est devenu le deuxième pôle économique du Maroc. Il était 5 e il y
a 10 ans. Oui, une zone franche créé des emplois. Dans l’usine que j’ai pu visiter sur la zone franche de Tanger, les
ouvriers et ouvrières sont payés 16 dirhams de l’heure, 1,40€. 260€ par mois environ. C’est le SMIC. Pour avoir plus, il
faut dépasser ses objectifs de productivité, et de visu dans cette usine, cela ne chôme pas. Dans cette usine, on
fabrique des pièces pour l’industrie automobile, et on les exporte principalement en Europe.
Marie Viennot, « La bulle économique - Zones franches : mode d'emplois », France Culture, 18/11/2017
Séance 1G15. Des recompositions territoriales │ leproflhg.wordpress.com | 17
« Tanger Med s'agrandit et devient "le premier port de Méditerranée" », La Dépêche, 28/06/2019
QUESTIONS :
1. Doc 2. Avec vos propres mots, expliquez ce qu’est une zone franche.
2. Docs 1 et 2. Combien y a-t-il de zones franches à Tanger ?
3. Docs 1, 2 et 3. Donnez un exemple de marchandise fabriquée dans les zones franches de Tanger Med, et citez
une entreprise française implantée à Tanger Med.
4. Doc 3. Quelle infrastructure a-t-il fallu construire pour pouvoir exporter les marchandises produites dans ces
zones franches ?
5. Doc 3 et 5. Quelle place le port de Tanger occupe-t-il aujourd’hui dans la mondialisation ? Pourquoi peut-on
dire que sa situation géographique est un atout ?
Séquence 1G1. Annexe. La carte de l’Afrique │ leproflhg.wordpress.com | 18
CARTE DE L’AFRIQUE