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SPECIAL-L'Afrique, un
eldorado qui n'attend
pas
Une croissance une fois et demie
plus rapide que celle de
l'économie mondialeUne
population appelée à doubler
dans les 30 prochaines
annéesAu-delà des ressources
naturelles, la consommation et
les infrastructures sont sources
d'opportunitésLien avec le PDF
illustré avec photos et
graphiques :
http://link.reuters.com/hes99vFEATURE-
L'Afrique, terre de conquête pour
l'OréalL'Afrique sub-saharienne,
nouvelle frontière de Pernod
RicardAssemblée nationale,
"Rapport d'information sur les
émergents de l'Afrique
anglophone", novembre
2013Boston Consulting Group,
"Winning in Africa: From Trading
Posts to Ecosystems", janvier
2014Banque Mondiale, "Flux
d'investissements directs
étrangers en Afrique
subsaharienne", mars
2014Bpifrance, "L'Afrique : un
marché à conquérir", mars
2014Conférence des nations
unies sur le commerce et le
développement (Cnuced),
"Global investment trends
monitor" No. 15, 28 janvier
2014Courrier international, "Qui
contrôle l'Afrique ?", 22 janvier
2014:
http://r.reuters.com/cyh99vFMI,
"Afrique subsaharienne,
Maintenir le rythme", rapport
d'octobre 2013 sur les
perspectives économiques
régionalesFMI, "Perspectives de
l'économie mondiale", avril
2014McKinsey, "The rise of the
African consumer", Octobre
2012Ministère de l'Economie et
des Finances, "Un partenariat
pour l'avenir : 15 propositions
pour une nouvelle dynamique
économique entre l'Afrique et la
France", décembre 2013OC&C,
"Nigeria: now is the time!", 2013
(Edité par Marc Joanny et Jean-
Michel Bélot)

La vie des actions

SPECIAL-LAfrique, un eldorado qui nattend pas |


Crédits photo : Raphaël Vandon / Creative
Commons (Raphaël Vandon / Creative Commons)

Par Reuters
Publié le 12 juin 2014 à 12:42

par Alexandre Boksenbaum-Granier

PARIS, 12 juin (Reuters) - Le temps


presse pour investir en Afrique, le
continent de toutes les promesses,
martèlent entrepreneurs,
investisseurs et consultants,
beaucoup regrettant que la France se
soit un temps désengagée de cette
zone d'influence traditionnelle.

Malgré les risques politiques et


sociaux, l'Afrique suscite bien des
convoitises, offrant de nombreuses
opportunités d'investissement et une
réelle source de croissance dans un
contexte de ralentissement des
économies émergentes et d'atonie en
Europe. Et l'heure n'est plus à la
réflexion mais bien à l'action.

"Nous voyons bien qu'il y a une


dynamique en place et qu'une région
est en train d'émerger, c'est
incontestable. En revanche, si nous
voulons faire quelque chose, c'est
maintenant, pas dans dix ans", relève
Serge Blanchard, directeur associé du
cabinet de conseil en stratégie OC&C.

Selon le Fonds monétaire


international (FMI), la croissance de
l'Afrique subsaharienne a atteint 4,9%
en 2013 et devrait s'accélérer à +5,4%
cette année et à +5,5% en 2015,
soutenue notamment par
l'investissement, contre +3%, +3,6%
et +3,9% respectivement pour
l'ensemble de l'économie mondiale.

Avec un milliard d'habitants, un


nombre qui devrait doubler en trente
ans, l'Afrique devrait représenter 40%
de la population mondiale en 2030 et
compter 1,5 milliard de nouveaux
consommateurs d'ici à 2050.

Sa population est la plus jeune du


monde et le continent compte
environ 175 millions de jeunes
adultes âgés de 20 à 40 ans, soit la
taille de la population cumulée de la
France, de l'Angleterre et de l'Italie.

Graphique de la croissance prévue de


la population africaine:

http://r.reuters.com/huw68v

Graphique des perspectives de


croissance du FMI:

http://r.reuters.com/juw68v

UN CONTINENT, PAS UN PAYS

Mais l'Afrique se caractérise par de


fortes disparités économiques qui se
traduisent par de profonds
bouleversements dans les équilibres
géographiques.

Sur les 54 Etats du continent, seule


une quinzaine de pays regroupés
dans trois zones - l'Afrique australe
autour de l'Afrique du Sud, l'Afrique
de l'Est (Ouganda, Kenya, Tanzanie et
Ethiopie) qui représente 200 millions
d'habitants, et l'Afrique de l'Ouest
(Nigeria et Ghana), qui comptent
également 200 millions d'habitants -
suscitent véritablement l'intérêt.

Et si le Nigeria a enregistré une


croissance de 6,3% l'année dernière,
la Guinée équatoriale a accusé une
contraction de son produit intérieur
brut (PIB) de 4,9%.

Signe de la redistribution des cartes


en cours, le Nigeria vient de voir son
PIB dépasser celui de l'Afrique du
Sud, longtemps considérée comme la
locomotive économique du
continent.

"L'Afrique est un très grand continent


et pas un pays unique et il n'est pas
juste de le considérer en se
concentrant uniquement sur les pays
riches en ressources", souligne
Manolis Davradakis, stratégiste
marchés émergents chez Axa IM.

Graphique des ressources naturelles


de l'Afrique:

http://r.reuters.com/heh29v

Outre ses ressources naturelles, le


continent offre des perspectives de
développement dans de nombreux
secteurs: l'agroalimentaire, les
cosmétiques, l'industrie - notamment
automobile -, l'agriculture, le
développement des infrastructures,
les services financiers ou les
télécommunications.

"L'Afrique est souvent présentée


comme une région très attrayante
pour ses ressources naturelles. Mais
ce n'est pas que cela, il existe d'autres
opportunités d'investissement. En
particulier dans les infrastructures ou
la consommation", ajoute Claire Peck,
spécialiste des marchés émergents
chez J.P. Morgan Asset Management.

BOOM DE LA CLASSE MOYENNE

Le niveau de la consommation privée


est ainsi plus élevé en Afrique qu'en
Inde ou en Russie avec une
augmentation de 568 milliards de
dollars (411 milliards d'euros) entre
2000 et 2010, écrivait dans un rapport
publié en octobre 2012, le cabinet de
conseil McKinsey.

Ce dernier estime qu'entre 2012 et


2020, le secteur de la grande
consommation devrait encore croître
de 410 milliards de dollars, dont 45%
pour l'agroalimentaire, les biens de
consommation et le textile.

L'émergence d'une classe moyenne,


composée de 300 à 500 millions
d'individus, constitue un atout pour
le secteur de la grande
consommation alors que le pouvoir
d'achat de cette population
augmente d'année en année et
qu'elle se montre adepte des
nouvelles technologies et avide de
marques fortes.

"En 2015, plus de la moitié de la


population africaine sera une
population urbaine. Pour les
entreprises c'est intéressant car on va
se retrouver avec des pools de
population importants regroupés sur
une surface relativement faible, ce qui
est plus facile à servir", souligne
Laurent Pillet, directeur général de la
zone Afrique subsaharienne chez
Pernod Ricard.

Dans son rapport de 2012, McKinsey


soulignait toutefois la concentration
du marché africain, précisant que
81% de la consommation privée en
Afrique en 2011 étaient concentrés
dans seulement 10 pays (Algérie,
Angola, Afrique du sud, Egypte,
Ghana, Kenya, Maroc, Nigeria,
Soudan et Tunisie).

Graphique de la croissance des pays


africains:

http://r.reuters.com/muw68v

"L'UN DES DERNIERS 'GREEN


FIELDS'"

Pour de nombreux investisseurs, la


consommation représente d'ailleurs
la carte la plus intéressante à jouer
d'autant que cette stratégie permet
de récupérer indirectement dans les
pays pétroliers une partie de l'argent
généré par l'exploitation de l'or noir.

Ce thème peut être joué à travers des


activités très différentes: les sociétés
spécialisées dans les biens de
consommation, la distribution, les
télécoms ou les banques.

"Reste à savoir si ces idées ne sont


pas sur-jouées avec des risques de
survalorisation inhérents à une telle
situation. Il faut faire très attention
aux prix", prévient Stéphane
Barthélemy, gérant de portefeuille
chez State Street global Advisors.

Le gérant rappelle que l'Afrique noire


est le dernier continent où la Bourse
est encore peu développée.

"L'Afrique suscite l'intérêt car c'est


l'un des derniers 'green fields' sur les
marchés financiers. Il y a une prime
versée aux premiers entrants sur les
marchés financiers africains. Le
premier arrivé parvient à capter la
décote d'entreprises sous-couvertes
et sous-détenues", signale-t-il.

Le sentiment d'urgence des différents


acteurs est exacerbé par la
concurrence très vive sur place qui ne
se limite plus aux seuls Européens et
Américains.

ÉMERGENTS EN FORCE, CHINE EN


POINTE

Les pays émergents (Chine, Inde,


Brésil, Turquie,..) sont devenus des
concurrents des Occidentaux, avec
une présence accrue en Afrique
depuis une dizaine d'années jusqu'à
constituer une source importante
d'investissements directs étrangers
(IDE) sur le continent.

Graphique des IDE:

http://r.reuters.com/kuw68v

"La croissance des investissements


en Afrique est aujourd'hui la plus
forte des pays émergents. Le secteur
privé devient un moteur de la
croissance économique", note Claire
Peck.

Les entreprises nationales africaines


occupent également le terrain en
intervenant de plus en plus dans des
chantiers de taille importante.

Mais le pays qui focalise l'attention et


les tensions est bien évidemment la
Chine, devenue l'un des partenaires
privilégiés du continent africain au
cours des dix dernières années.

Durant cette période, l'activité des


entreprises chinoises a décuplé en
Afrique pour fournir à l'économie
chinoise les ressources naturelles
dont elle a besoin.

La Chine a toutefois tendance à


exporter sa propre main d'oeuvre, à
échanger ses investissements sur
place contre des ressources
naturelles et à aider financièrement
ses entreprises pour leur permettre
de répondre aux appels d'offres dans
des conditions plus favorables,
dénoncent plusieurs acteurs
occidentaux.

"La concurrence est faussée avec les


entreprises chinoises car ce sont
quasiment des sociétés d'Etat avec ce
que cela sous-entend, ce qui leur
permet de faire les prix qu'elles
souhaitent", explique Gérard Sénac,
PDG d'Eiffage Sénégal et président du
Conseil des investisseurs européens
au Sénégal (CIES).

Ce dernier rappelle cependant que


l'intérêt des Chinois se manifeste
également au travers
d'investissements qui profitent à
d'autres.

"Les investissements chinois ont


augmenté de 20% à 40% pour tous
les chantiers liés au développement
en Afrique. La Chine apporte donc
financièrement au continent, ce qui
permet également d'accroître la taille
du gâteau", relève-t-il.

FRANCE A LA TRAÎNE, AFRIQUE


FRANCOPHONE A LA PEINE

"Les entreprises françaises n'auraient


jamais dû quitter l'Afrique dans les
années 1980. L'Afrique c'est l'avenir
actuellement", déplore Gérard Sénac,
qui confesse: "nous aurions dû y
rester, cela serait plus simple
aujourd'hui."

Pour Laurent Pillet de Pernod Ricard,


le continent était considéré au début
des années 2000, "comme un
continent perdu".

Il constate qu'aujourd'hui les grandes


entreprises françaises qui avaient
massivement fui pendant les années
1980 reviennent après s'être
réveillées un peu tard.

Mais il souligne aussi que les Français


ne sont pas les seuls à être à la traîne,
"tout le monde arrivant depuis 2012-
2013".

Parmi les sociétés françaises


implantées en Afrique, on retrouve
bien évidemment le groupe pétrolier
Total, le groupe diversifié Bolloré,
mais aussi Eiffage dans la
construction ou encore Pernod Ricard
dans les boissons.

A ces noms s'ajoutent celui de L'Oréal


qui entend combler son retard en
Afrique sub-saharienne, où il fait
figure de challenger derrière Unilever,
ou de Société générale qui veut
poursuivre son développement sur le
continent africain. et

Les entreprises françaises peuvent


pâtir du moindre dynamisme de
l'Afrique francophone dont le rythme
de développement économique et la
taille des marchés sont jugés moins
importants actuellement qu'en
Afrique anglophone.

"L'histoire est à écrire, tout est à faire


et il n'y a pas véritablement de chasse
gardée, même dans les pays
anglophones. Les choses sont encore
possibles", relativise Serge Blanchard
du cabinet OC&C.

RISQUES

Les perspectives économiques sont


d'ailleurs telles, qu'elles suffisent à
atténuer les risques auxquels doivent
faire face les entreprises : incertitudes
politiques, climat d'insécurité,
difficultés logistiques accrues par le
manque d'infrastructures ou la
pénurie de main d'oeuvre qualifiée.

Quant à la corruption, si personne ne


nie son existence, elle semble bien
moins forte qu'on ne pourrait le
penser.

"Nous nous attendions à plus de


corruption (..) nous n'avons pas été
harcelés par la corruption et il y a eu
très peu de cas de tentatives (..) Il y a
en tout cas beaucoup plus de
corruption en Amérique latine",
assure un responsable français
présent sur place.

Pour autant, dans un tel


environnement et au regard des
enjeux, le soutien politique apparaît
indispensable.

A Paris, on semble avoir pris


conscience de cette situation et
depuis Jacques Chirac, les
ambassades françaises font preuve
de plus de souplesse et d'ouverture
quand, de leur côté, les agences de
développement présentes en France
interagissent davantage avec les
sections africaines.

"Les entreprises françaises ne se


battent pas avec les mêmes armes
que d'autres acteurs, on le sait bien.
La Chine a, par exemple, la réputation
d'acheter ses marchés. Pour autant, il
existe un véritable soutien de la part
des ambassades françaises qui ont
compris, comme au Nigeria, que la
bataille se gagnerait sur le terrain

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