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L’un des sujets de prédilection des conseillers politiques africains est le manque de

performance du commerce continental. Ils évoquent les barrières commerciales et les


avantages de l’intégration pour les économies des pays africains. Le débat est sans doute
intéressant, mais il produit peu de résultats. Le problème vient en partie du décalage entre
ambitions politiques des dirigeants africains et réalités économiques. Selon Trudi
Hartzenberg, la directrice exécutive du Centre de droit commercial pour l’Afrique australe
(TRALAC), ces dirigeants, qui ont mis en place 14 blocs commerciaux pour favoriser
l’intégration régionale, font preuve « d’une réticence évidente à donner des moyens d’action à
ces institutions, citant les risques liés à la perte de souveraineté et à la réduction de la marge
de manœuvre dans le choix des politiques. » Il en résulte « des institutions régionales
affaiblies qui remplissent pour l’essentiel des fonctions administratives. » Quand les pays
produisent ce dont leurs partenaires commerciaux ont besoin, le commerce prospère. Ce n’est
pas vraiment encore le cas de l’Afrique : ce qu’elle produit, elle ne le consomme pas ; et elle
consomme ce qu’elle ne produit pas. Cette équation explique la faiblesse du commerce
intrarégionale qui ne représente que 10% à 12% du total du commerce du continent contre
40% en Amérique du Nord et 60% en Europe de l’Ouest. Plus de 80% des exportations
africaines partent à l’étranger, principalement vers l’Union Européenne, la Chine et les États-
Unis. À cela s’ajoutent des règles commerciales complexes et contradictoires, les restrictions
douanières et des infrastructures en mauvais état. Il n’est donc pas surprenant que les
échanges intra-africains n’aient presque pas progressé ces dernières décennies. Tout le monde
ne s’accorde pas sur cette faiblesse. Pour certains, une part importante du commerce se fait de
manière informelle par le biais de frontières poreuses et mal gérées qui rendent difficile la
collecte de données : le commerce informel n’est pas intégré dans les statistiques des
fonctionnaires des douanes. « Nous ne savons pas traiter les données liées à ce type d’activité,
précisément parce qu’elles sont informelles, » souligne Carlos Lopes, le Secrétaire exécutif de
la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA). Il ajoute que la
Commission ambitionne de combler ce déficit en offrant un tableau plus complet de l’activité
économique en Afrique et en fournissant aux responsables de la planification économique des
données plus fiables. Des blocs régionaux Pour accélérer l’intégration régionale, la Banque
mondiale encourage les dirigeants africains à élargir l’accès à la finance commerciale et à
réduire les restrictions commerciales qui peuvent être liés à un excès de réglementations ou à
des systèmes juridiques inadéquats. Mais avec des économies encore fragiles, des marchés
domestiques de petite taille et 16 pays enclavés, les gouvernements jugent que l’intégration
économique doit commencer au niveau régional et regrouper l’ensemble des blocs
commerciaux dans une zone de libre-échange africaine. Certains estiment que le nombre de
ces blocs – 14 – est trop élevé, surtout pour les États qui font partie de plusieurs blocs.
Pourtant, les experts estiment que le problème ne réside pas seulement dans le nombre de
blocs, mais dans leur bilan. Les gouvernements doivent mettre en œuvre les accords
commerciaux signés et sur ce point, les performances des pays africains sont médiocres,
malgré la force de leurs engagements pour l’intégration régionale. Dans un document sur
l’intégration régionale en Afrique, publié par l’OMC, Trudi Hartzenberg
Chaque jour, des millions d’Africaines se livrent à des activités commerciales diverses, dans
leur pays ou au-delà des frontières nationales. Elles achètent et vendent de tout, des produits
agricoles aux produits manufacturés. Selon la Banque mondiale, ce sont surtout des femmes
qui traversent les frontières pour fournir des biens et des services. Elles dirigent également la
plupart des petites exploitations agricoles. En fait, la contribution des femmes commerçantes
aux économies nationales est aujourd’hui indispensable à la stimulation du commerce
africain. Les politiques commerciales de la région ne sont toutefois pas nécessairement
favorables aux femmes, les hommes ayant un meilleur accès aux ressources. Au contraire,
elles sont confrontées à des contraintes qui sapent les efforts de l’Afrique visant à réaliser
pleinement son potentiel commercial. Il s’agit notamment de barrières non tarifaires qui
affectent les échanges, indique une étude de 2013 de la Banque mondiale, intitulée Les
femmes et le commerce en Afrique. Le manque d’accès aux financements, à l’information et
aux réseaux formels par exemple pousse souvent les femmes vers l’économie parallèle, où
leurs capacités de croissance sont limitées. Commerce transfrontalier et secteur informel La
participation des femmes au commerce informel est souvent sous-estimée. Le rôle qu’elles
jouent dans le commerce transfrontalier informel n’attire guère l’attention des milieux du
commerce international, souligne un document du Réseau inter institutions pour les femmes et
l’égalité des sexes, un groupe de travail de l’ONU.
En 1954, on achetait une jeep avec quatorze sacs de café ; en 1962, il en fallait trente-deux. "
L’économiste brésilien Josué de Castro dénonce ainsi, en 1967, la dégradation des termes de
l’échange (matières premières/produits manufacturés) qui affecte les pays en développement,
au profit des pays riches. Sur le long terme, les cours des matières premières ont en effet
tendance à baisser plus rapidement que le prix de produits manufacturés, selon une étude de la
Banque mondiale. Au-delà de cette tendance, au cœur du débat sur le sous-développement
dans les années 50-60, une question essentielle se pose : celle de la répartition, entre
producteurs et consommateurs, des gains de productivité des produits de base (les matières
premières) et des biens manufacturés. Or, " les structures de marché et les rapports de forces
économiques sont tels que les gains de productivité dans la production des matières premières
ne profitent pas beaucoup aux producteurs, mais sont transférés par des baisses de prix aux
consommateurs, donc principalement aux pays industriels. L’inverse se produit pour les
produits manufacturés ", explique Pierre-Noël Giraud, d’après une thèse développée par Raul
Prebish et Hans Singer en 1950. " Le prix mondial d’une matière première doit normalement
baisser si sa production se concentre dans les zones à bas
Coût ". Une chose, pourtant, est sûre : pour sortir du cercle vicieux, la seule solution consiste
à diversifier le secteur exportateur en développant le tissu industriel local. Source : La
dégradation des termes de l’échange, Alternatives économiques n°135. DOCUMENT 8 En
outre, le libre-échange accroît la concurrence et incite à innover. Effectivement, par la
pression qu’exerce la concurrence, les producteurs cherchent à différencier leurs produits et
cherchent ainsi à innover : ils investissent alors dans certaines machines pour accroître la
qualité de leurs produits (différenciation verticale). Dans ce contexte s’engrange le
mécanisme de l’effet multiplicateur keynésien : les producteurs adressent une demande aux
fournisseurs qui produisent à leur tour des produits, ce qui favorise l’industrialisation et
stimule les investissements industriels. Par l’amélioration de la qualité de leurs produits,
l’entreprise pourra alors élargir son marché, augmenter ses chances de vendre davantage et
disposer d’un avantage sur les autres entreprises. En somme le libre-échange pousse les
entreprises à se développer face à une concurrence accrue, et cherchent à atteindre le plus
possible les consommateurs.
Un fort potentiel économique. Les données sur les ressources naturelles montrent que le
continent africain possède des atouts économiques indéniables. L’exploitation de ses
ressources contribue à la croissance du continent. Preuve de ce fort potentiel, l’Afrique attire
des acteurs importants de la scène internationale.

Dans un contexte où globalement la demande mondiale en matières premières est en


augmentation et où parallèlement les ressources du sous-sol s’épuisent sur d’autres continents,
le sous-sol du continent renferme de nombreux minerais (bauxite, phosphate, cuivre, cobalt,
fer, uranium, or, diamant). Il possède également de grosses réserves d’hydrocarbures (gaz et
pétrole). L’Afrique est un gros producteur de bois, coton, café, palme, cacao. D’importantes
terres cultivables sont disponibles et le continent ne manque pas de ressources halieutiques.

L’exploitation des matières premières constitue un élément essentiel de l’attractivité de


l’Afrique. Leur exportation contribue à la croissance moyenne du continent. Le continent
affiche une croissance économique moyenne positive et constante depuis deux décennies. La
croissance moyenne a été de l’ordre de 5% (FMI) entre 2000 et 2014 (à noter grâce en partie
aux programmes d’allègement de la dette et de la hausse des prix des matières premières).
Dans cette période, pour certains pays, la croissance a été supérieure à 10% (Ethiopie, Ghana)
affichant ainsi les taux de croissance les plus élevés au monde. La croissance moyenne a été
de l’ordre de 4% en 2019.

La Chine dont la demande en matières premières ne cesse d’augmenter, entend nouer entre
autres des liens commerciaux privilégiés avec les pays africains. L’empire du milieu est le
partenaire économique le plus entreprenant en Afrique avec une stratégie et une vision à long
terme. L’intérêt croissant de Pékin pour l’Afrique s’est manifesté à l’occasion du lancement
en 2013 du vaste programme de la Nouvelle route de la soie (One Belt, One Road). La Chine
prévoit d’investir dans les infrastructures des pays africains dans une démarche « gagnant-
gagnant » comme le disent les autorités africaines et chinoises.

Sur le continent, des processus d’intégration économique régionale sont en cours. Les
communautés économiques régionales (CER) entreprennent des actions plus ou moins
poussées afin de créer les conditions d’une véritable intégration économique. A titre
d’exemple, la communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui
compte 15 pays membres a décidé le 28 février 2018 de créer une monnaie unique, « l’Eco »
(en principe qui était programmé pour 2020). L’Union Africaine (UA) (à travers l’agenda
2036) et surtout les CER souhaitent faciliter les échanges commerciaux entre pays africains.

OMC
L'Organisation mondiale du commerce (OMC) est la seule organisation internationale à
vocation mondiale qui s'occupe des règles régissant le commerce entre les pays. Au cœur de
l'Organisation se trouvent les Accords de l'OMC, négociés et signés par la majeure partie des
puissances commerciales du monde et ratifiés par leurs parlements. Le but est de favoriser
autant que possible la bonne marche, la prévisibilité et la liberté des échanges
L'ouverture du commerce mondial a eu des effets positifs sur l'industrialisation et le
développement de l'Afrique. Ce rapport présente les efforts déployés pour aider les pays
africains à renforcer leurs capacités et à mieux tirer parti des avantages offerts dans le
domaine commercial.
Le rapport examine les effets de la COVID-19 sur l'Afrique, les dernières tendances du
commerce en Afrique et la façon dont l'OMC fournit un soutien grâce à l'Initiative Aide pour
le commerce, dirigée par l'OMC, et dans des domaines tels que la facilitation des échanges, le
respect des normes règlementaires dans le domaine du commerce et l'assistance technique. Le
rapport examine également les projets visant à intégrer le commerce dans les stratégies
nationales de développement des pays africains.
Pour stimuler le renouvellement des investissements en Afrique et soutenir le redressement
économique du continent après la pandémie de COVID-19, il sera essentiel de maintenir
l'ouverture des marchés et de favoriser un environnement économique favorable.
Mais l’Afrique pourrait ne pas tenir longtemps face aux menaces de l’UE de supprimer l’aide
et celles des États-Unis de ne pas renouveler la Loi sur la croissance et les potentialités de
l’Afrique (AGOA) qui doit expirer en 2015. Adoptée en 2000, elle stipule que l’Afrique peut
exporter certains produits en franchise de droits aux États-Unis. 

L’OMC milite pour la mise en œuvre totale de l’accord FE. Son Directeur général, Roberto
Azevêdo, a averti qu’une mise en œuvre provisoire pourrait se traduire par une diminution de
l’aide au développement. « Les décisions prises à Bali seraient compromises.» Angelos
Pangratis, l’envoyé de l’UE à l’OMC, affirme que « La crédibilité de la fonction de
négociation de cette organisation [OMC] est une fois de plus en cause. »  Mais Nelson
Ndirangu, directeur de l’économie et du commerce extérieur au ministère kényan des Affaires
étrangères, s’étonne que l’UE s’oppose à la proposition « de mettre en œuvre l’accord de
facilitation des échanges sur une base provisoire conformément à la Déclaration de Doha. Il y
a deux poids deux mesures. »

À l’issue du sommet de Malabo, des divisions sont apparues. « Nous n’avons jamais dit que
nous ne mettrons pas en œuvre l’accord FE, mais nous ne savons pas comment le faire, »
affirme M. Ndirangu, renvoyant la balle dans le camp de l’UE. Mais l’Afrique du Sud,
l’Ouganda, la Tanzanie et le Zimbabwe ont exhorté l’Afrique à ne mettre l’accord en œuvre
qu’une fois que l’UE aura concrètement démontré son engagement à fournir une aide. Or
selon l’accord FE, cet engagement n’est pas contraignant. 

Les problèmes de mauvaise gouvernance et les difficultés structurelles de l’économie


africaine contribuent à favoriser une pauvreté de masse. La plupart des Africains vivent dans
la pauvreté. Dans certains pays 25% de la population vit dans l’extrême pauvreté. Or, les
prévisions indiquent que d’ici 2050, la population africaine va doubler pour atteindre plus de
2 milliards. Les conséquences peuvent être lourdes pour les pays africains (problèmes d’accès
aux services publics, de sécurité, de migration) et pour la communauté internationale. Cette
démographie si elle n’est pas maîtrisée peut compromettre à long terme le développement
économique du continent. A titre d’exemple, la politique démographique de « l’enfant unique
» mise en œuvre en Chine a permis à ce pays de réussir la transition démographique et de
continuer son développement. Il est vrai que l’Afrique n’est pas une seule entité, mais certains
pays qui enregistrent une forte démographie (Nigéria, Ethiopie, Niger) peuvent mettre en
place en priorité des politiques démographiques.

L’un des défis le plus sérieux auquel l’Afrique est confrontée est le défi sécuritaire. « Plus de
80% des troupes de maintien de la paix des Nations Unies sont déployées en Afrique. La
guerre touche 20% de la population africaine. Le continent concentre donc beaucoup de
conflits. Certains pays n’arrivent pas à sortir du chaos en raison de la guerre civile et/ou du
terrorisme (Somalie, Libye, Soudan du Sud, Centrafrique). D’autres sont instables
politiquement (République Démocratique du Congo, Burundi, République de Guinée). La
secte terroriste Boko Haram menace la stabilité de plusieurs pays dans la région du Lac Tchad
(Nigéria, Tchad, Cameroun). Le groupe terroriste AQMI (Al-Qaeda au Maghreb islamique)
opère dans toute la région du Sahel. Le G5 Sahel (Mauritanie, Niger, Mali, Burkina Faso et
Tchad) avec l’appui de la France et de l’Union Européenne, dispose d’une force conjointe qui
a pour mission d’assurer la sécurité de la bande sahélienne.

Néanmoins, on observe une amélioration de la situation sécuritaire en Afrique


comparativement aux années 90 (contexte post guerre froide). Le continent africain reste
cependant miné par les conflits qui compromettent largement son développement.

L’Afrique se redresse donc doucement, mais pas de décollage fulgurant en vue, en raison de
la mauvaise gouvernance et de sa mauvaise situation sécuritaire à court et moyen terme. Le
continent devra également se doter d’infrastructures indispensables pour son économie et
également parvenir à maîtriser sa démographie.

L’Afrique est confrontée également à d’autres défis. Il risque de revivre une nouvelle crise de
la dette. Par ailleurs, Le continent africain est déjà impacté par les changements climatiques
(pluies rares, réchauffement, désertification). En outre, le continent fait régulièrement face à
des épidémies (Choléra, Ebola, paludisme). Sans faire énormément de victimes (la population
africaine est globalement jeune, et les africains sont plus habitués aux épidémies) comme en
Europe ou aux Etats-Unis, la pandémie de Coronavirus fragilise sérieusement les économies
africaines.

L’économie africaine montre des signes positifs depuis 2 décennies. La croissance moyenne
du continent est de l’ordre de 5% sur cette période. L’Afrique peut donc profiter des
opportunités offertes par la mondialisation : augmentation de la demande en matières
premières, diversité des acteurs économiques, montée des IDE…etc. Néanmoins, le continent
est lourdement handicapé par de nombreuses faiblesses : économie peu diversifiée,
financement limité, situation politique instable, mauvaise situation sécuritaire, main d’œuvre
peu qualifiée…Etc. Si le continent africain réussi à surmonter ces obstacles, il est probable
qu’il connaisse le même essor que l’Asie.

L’UE et les pays africains sont à différents niveaux de développement économique, les pays
de l’UE affichant un PIB plus de dix fois supérieur à celui de l’Afrique subsaharienne. Le
taux de croissance annuel moyen du PIB de l’Afrique au cours des 20 dernières années a été
de 4,6 pour cent, mais la croissance a été inégale sur l’ensemble du continent africain. Le
déclin du Nigeria et de l’Afrique du Sud se répercute sur la croissance économique moyenne
du continent, qui accuse une baisse. D’autres pays comme l’Éthiopie ou le Rwanda, en
revanche, affichent une croissance très forte. Bien que le revenu moyen par habitant soit en
hausse depuis 15 ans, les tendances actuelles suggèrent que d’ici 2030, le continent comptera
encore plus de 400 millions de pauvres. La plupart des pays africains ne convergent pas. Ces
facteurs ont notamment pour conséquence que le problème du chômage ne peut se résoudre à
travers une augmentation de la croissance économique, mais uniquement en centrant les
mesures de politique économique sur le développement endogène. Ainsi seulement, les 20
millions d’emplois nécessaires chaque année pourront être créés. Les exportations de
l’Afrique sont restées en-deçà de trois pour cent du commerce mondial et dominées par des
produits de base à faible valeur ajoutée. La piètre performance commerciale du continent est à
la fois une conséquence et une cause de son faible niveau de développement persistant. La
croissance reste volatile, l’informalité est un phénomène généralisé, la plupart des entreprises sont
de petite taille et informelles, les emplois de qualité sont rares et la productivité et la numérisation
sont à la traîne par rapport aux autres régions. L’UE est le principal partenaire de l’Afrique en matière
d’échanges et d’investissements. En 2018, le total des échanges de biens entre les 27 États membres
de l’UE et l’Afrique s’élevait à 235 milliards d’euros (soit 32 pour cent des échanges totaux de
l’Afrique). Les relations commerciales entre l’UE et les pays africains, bien que très étroites,
demeurent extrêmement asymétriques : près de 30 pour cent de toutes les exportations africaines
sont destinées à l’UE, tandis que l’Afrique représente un marché relativement insignifiant pour celle-
ci. La part des importations en provenance d’Europe a stagné à quelque 0,5 pour cent, selon la région
d’Afrique concernée. En outre, la structure des exportations et des importations est inégale :
l’Afrique exporte principalement des matières premières et des produits agricoles non transformés,
tandis que les exportations de l’UE vers l’Afrique concernent essentiellement des capitaux et des
biens de consommation. En 2017, le stock d’investissements directs étrangers (IDE) des 27 États
membres de l’UE en Afrique s’élevait à 222 milliards d’euros, soit plus de cinq fois les stocks des
États-Unis ou de la Chine, qui sont les deux autres grandes puissances mondiales. Les entreprises
britanniques, françaises, néerlandaises et italiennes représentent les investisseurs les plus
importants d’Europe sur le continent africain. Les IDE chinois ont augmenté de manière significative
et se classent au quatrième rang en termes d’entrées de capitaux, derrière les États-Unis, le
Royaume-Uni et la France. Cependant, le stock d’IDE chinois en Afrique, qui ne représente que cinq
pour cent du volume total, reste faible par rapport à celui des pays européens.

Les relations entre l’Europe et l’Afrique se heurtent à de sérieux défis. L’objectif en 2020 est de
transformer la coopération existante en un partenariat stratégique. Pour ce faire, des décisions
fondamentales sont à prendre. Selon les dirigeants politiques de l’UE, 2020 sera une « année
charnière » dans la relation entre l’Afrique et l’Union européenne. La Présidente de la Commission
européenne, Ursula von der Leyen, a appelé à un « partenariat entre égaux », s’écartant de la
traditionnelle relation donateur-bénéficiaire qui a longtemps caractérisé les relations UE-Afrique. Ces
dernières années, l’Union européenne et ses États membres ont mis au point bon nombre de
nouvelles stratégies concernant l’Afrique. Avec l’Accord de Cotonou de 2000 et, en particulier, la
Stratégie Commune Afrique-UE de 2007, les relations UE-Afrique ont commencé à évoluer
progressivement. Quatre facteurs principaux sont à l’origine de cette évolution. Tout d’abord,
l’approche stratégique DEA Chine en a fait un concurrent de premier plan pour l’UE en termes
d’échanges et d’investissements. Il convient ensuite de mentionner la croissance économique
relativement élevée dont bénéficiaient les pays africains depuis près de 15 ans maintenant. En
troisième lieu, l’augmentation des migrations dans le sillage des crises et des conflits a elle aussi joué
un rôle. Et enfin, la multiplication de nouvelles initiatives en Afrique, à l’instar de l’Agenda 2063 de
l’Union africaine ou de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) en Afrique, adoptée en 2019,
montre que les États africains tendent de plus en plus à mener des actions stratégiques et explorer
les possibilités de coopération avec tous les acteurs. Pendant de longues années, les pays africains et
européens ont négocié ce qu’il était convenu d’appeler des Accords de partenariat économique
(APE ; Economic Partnership Agreement, EPA), sans jamais parvenir à un accord global avec
l’ensemble des régions africaines. L’APE avec les États d’Afrique orientale et australe et l’APE avec les
pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe sont les seuls accords commerciaux
régionaux pleinement en vigueur à ce jour

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