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UNIVERSITÉ!TOULOUSE!D!JEAN!JAURES!
! INSTITUT! SUPERIEUR! DU! TOURISME,! DE!
L’HÔTELLERIE!ET!DE!L’ALIMENTATION! !
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MASTER!ALIMENTATION!!
Parcours(«(Sciences(Sociales(Appliquées(à(l’Alimentation(»(
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MÉMOIRE!DE!DEUXIÈME!ANNÉE!
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Présenté(par(:(
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Année(universitaire(:(2013!–!2014( (Sous(la(direction(de(:(Frédéric!ZANCANARO(
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L’ISTHIA de l’Université Toulouse Jean Jaurès n’entend donner aucune
approbation, ni improbation dans les projets tuteurés et mémoires de recherche.
Les opinions qui y sont développées doivent être considérées comme propre à
leur auteure.
REMERCIEMENTS
Mes premiers remerciements sont à destination du Parc naturel régional du Haut-
Languedoc qui m’a accueillie durant ce stage et pour la confiance qu’il m’accorde en me
permettant de poursuivre ma mission. Je remercie le Président Daniel Vialelle, la
Directrice Chantal Blondin, Xavier Beaussart, adjoint à la direction, tout comme
l’ensemble du personnel et des stagiaires : Antonio, Clémentine, François, Hugo, Julio,
Maéva. Travailler auprès de personnes aux parcours et thématiques aussi variés, est un
grand enrichissement et une force de travail.
Mes remerciements vont particulièrement à Delphine Douarche, mon maître de stage. J’ai
particulièrement appris à ses côtés et je la remercie pour ses nombreux et bons conseils,
son implication tout comme ses précieuses relectures durant la rédaction de ce mémoire.
Je remercie également Sahra Benmimoun pour toutes ses aides si importantes et ses
gâteaux si réconfortants, Géraldine Asencio pour les productions graphiques.
Un merci aussi aux acteurs du territoire que j’ai rencontré durant ce stage : l’association
Le Solher, les animatrices des maisons de retraite, les résidents, les cuisiniers, Madame
Vidal et Marc Mailhé pour les questionnaires….
Je remercie l’ISTHIA et ses enseignants, Monsieur Zancanaro qui a été mon maître de
mémoire durant ces deux années, pour ses conseils, ses pistes de recherche et de
lecture. Merci à Marine Fontas pour le stage de Master 1 qui m’a beaucoup apporté et
notamment aidé dans la préparation des entretiens pour ce stage de Master 2.
Les derniers remerciements de ce mémoire sont à destination de mes parents. Bien que
ne vous saisissez pas toujours les spécificités du monde universitaire, un grand merci de
m’avoir encouragée dans mes études.
5
SOMMAIRE
Introduction 8
Chapitre Deux : Le patrimoine culturel au cœur des missions des Parcs naturels régionaux :
exemple du territoire d’études du PNR du Haut-Languedoc 47
1. Définition d’un Parc naturel régional 47
2. Le PNR du Haut-Languedoc, un territoire « à la rencontre des deux midis » 55
3. La mission du stage et enjeux du concours de cuisine 63
Chapitre Un : La problématique 68
6
4. Difficultés et limites rencontrées face aux terrains et méthodologies employées 94
7
INTRODUCTION
Octobre 2012, les élèves du collège de la Vallée du Thoré à Labastide-Rouairoux
(81) au cœur du Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc ont eu le droit à un
repas particulier, les caméras de France 3 Tarn1 sont même là pour immortaliser
ce moment et récolter les « c’est très bon », « c’est meilleur »…Non, ces élèves
n’ont pas eu le droit à des frites à volonté, mais à un menu réalisé uniquement
avec des produits issus du territoire du Parc à cheval sur le Tarn et l’Hérault :
salade de pomme de terre de Bédarieux (34), daube de bœuf de Mazamet (81) et
ses carottes, fromages fermiers d’Albine (81), poires et prunes de Lescout et de
Cabanès (81). Un élève pris en flagrant délit de se resservir, indique que « c’est
meilleur que d’habitude, car ce sont des produits locaux, donc c’est pour ça que je
reviens me resservir ». Ainsi, les aliments n’ont pas uniquement une fonction
d’usage ou nutritionnelle, celle de nourrir le corps, mais remplissent bien d’autres
fonctions notamment symbolique et identitaire en étant associés à une culture. Le
culturel, c’est ce qui permet aux mangeurs de faire un choix ou de porter un
jugement, dans cette société hypermoderne, parmi cette « pléthore alimentaire »
qui leur tend les bras (Giachetti, 1994, p.124). Les produits locaux du fait qu’ils
soient enracinés à un territoire, le territoire de ces mangeurs, suscitent l’envie par
leurs « qualités psychosensorielles » (Bessière, 2001, p.133). Ils se différencient
des aliments modernes « non identifiés » (Fischler, 2001, p.218) et « déconnectés
de leurs enracinements géographiques et des contraintes climatiques » (Poulain,
2005, p.19) en étant invités à afficher leurs vérités : lieu de production, nom du
producteur, date de fabrication… Ces produits caractéristiques d’un terroir,
symbolisent pour les mangeurs ce lien à la nature, à une mémoire et à une
identité collective partagée. C’est pour ces raisons, que ces produits connaissent
actuellement un engouement en étant valorisés. Certains même, accèdent au
statut d’objet patrimonial, à la suite d’un choix collectif. L’alimentation au travers
ces produits ancrés historiquement et géographiquement constituent une
« ressource pour l’action » (Bessière, 2012, p.38) pour les territoires et leurs
1
( YOUTUBE. Extrait du Journal télévisé de France 3 Tarn – Octobre 2012 (en ligne). Disponible
sur : < https://www.youtube.com/watch?v=Lfmr_x59UQI >. (Consulté le 8-04-2014).(
8
acteurs. Dans ce cadre, le Parc du Haut-Languedoc par des actions et initiatives
expérimentales notamment pour la restauration collective, encourage la
valorisation de ces produits et le soutien à l’agriculture locale. Ce stage s’inscrit
dans cette continuité, avec l’objectif d’organiser un concours de cuisine valorisant
les recettes traditionnelles, les produits locaux et de la Marque Parc pour les
cuisiniers de la restauration collective. Toutefois, quels sont les spécificités
culinaires et les produits du territoire du Parc naturel régional du Haut-Languedoc
marqué par sa diversité paysagère, climatique et donc agricole ? Comment les
valoriser en restauration collective ? Comment prendre en compte les spécificités
de la restauration collective et les caractéristiques des convives ?
9
PARTIE I :
Cadrage
théorique
10
Chapitre Un : Rôles et outils des territoires dans la valorisation
ou la transmission du patrimoine culinaire
1. Le patrimoine en action
La nature des objets patrimoniaux a évolué au fil des siècles jusqu’à adopter
aujourd’hui des compositions variées : productions architecturales, artistiques,
matérielles, industrielles, culturelles…
Au point de départ, l’étymologie latine du mot patrimoine, patrimonium nous
suggère ce qui est relatif au père et donc à ceux qui nous ont précédés (Davallon,
2002, p.74). Nous héritons d’un patrimoine génétique et également de biens
personnels que des personnes plus ou moins proches ont choisi de nous
transmettre. La notion de patrimoine est de ce fait inscrite dans un premier temps
dans le domaine privé « d’une personne, d’une famille ou d’un groupe restreint »
(Gob, Drouguet, 2003, p.168), pour s’élargir petit à petit à partir de la fin du 18e
siècle (Ibid.) au domaine des productions culturelles et naturelles dans l’objectif de
les conserver pour les transmettre aux générations futures (Davallon, 2002, p.74).
La Révolution française et la philosophie des Lumières vont constituer une période
clé dans la construction et la conservation de ce patrimoine culturel en instaurant
les débuts de la « sauvegarde du patrimoine français » (Choay, 1999, p.73) suite
aux actes de vandalismes et de « destructions révolutionnaires » (Ibid.) que
subissent des biens architecturaux du clergé ou de l’Ancien Régime. Il est alors
décidé de mettre ces biens à « disposition de la Nation » (Choay, 1999, p.75) et
de les retirer du « circuit des échanges économiques ». Ce travail d’inventaire et
de conservation aboutit progressivement au façonnement « des collections
publiques dans les musées » (Gob, Drouguet, 2003, p.168). En effet, la
constitution de ce patrimoine est « décrétée » et « construite » collectivement
(Lévy, Lussault, 2003, p.692) lorsqu’il est menacé de destruction ou de disparition.
11
Cette menace ou réalité de destruction « nourrit un sentiment d’urgences2 » en
faveur de sa protection faisant prendre conscience de sa valeur patrimoniale par
les individus. C’est pour cette raison que « l’histoire du patrimoine s’inscrit
continûment au miroir de l’activité ».3 Le patrimoine ne s’enracine point dans un
« mode de vie passé » (Fischler, 2013, p.248) mais au contraire, est une « réserve
de sens » (Bessière, 2012, p36) pour un groupe social et ses générations futures.
Pour ces derniers, le patrimoine en étant facteur de lien social permet de penser
et construire « l’image de leur identité » (Choay, 1999, p.181) tout en perpétuant
« les éléments de leur culture nécessaire à leur existence4 ».
À partir des années 1960, les actions en faveur du patrimoine vont connaître une
grande mutation en se diversifiant. Cette décennie a été marquée par une vague
de démocratisation culturelle à travers la figure d’André Malraux, alors Ministre
d’État des Affaires culturelles. Sa mission était pour lui « de rendre accessibles les
œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre
possible de Français ; d’assurer la plus vaste audience à son patrimoine culturel ;
de favoriser la création des oeuvres de l’art et de l’esprit qui l’enrichissent5 ».
De ce fait, la protection du patrimoine s’élargit et ne concerne plus uniquement les
biens matériels. Elle s’agrandit aux « biens symboliques voire imaginaires »
(Lardellier, 2011, p.29) à travers ce que nous nommons « patrimoine culturel ».
Avec la création des parcs naturels, ces « espaces délimités sur lequel s’applique
une réglementation publique destinée à garantir la protection de ses paysages et
de son environnement naturel » (Lévy, Lussault, 2003, p.689), par la loi n°60-708
du 22 juillet 1960, ce sont les patrimoines naturels qui font l’objet d’une politique
de protection. Cette étape marque ainsi le rôle de l’État français, dans la
protection et la démocratisation de l’« accès à la nature » (Lévy, Lussault, 2003,
p.689) pour l’intérêt collectif.
2
POULOT Dominique. De la raison patrimoniale aux mondes du patrimoine. Socio-Anthropologie,
2006 n°19 (en ligne). Disponible sur : < http://socio-anthropologie.revues.org/753#quotation >.
(Consulté le 31-07-2014).
3
Ibid.
4
LONGUET Isabelle. Patrimoine urbain et coopération internationale (en ligne). Disponible sur : <
< http://isted.ville-
developpement.org/programmes/gouvernance_urbaine/documents/Isabelle_Longuet.pdf >.
(Consulté le 31-07-2014).
5
GIRARD Augustin. Les politiques culturelles d’André Malraux à Jack Lang : ruptures et
continuités, histoire d’une modernisation (en ligne). Disponible sur : <
http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/14901/HERMES_1996_20_27.pdf >.
(Consulté le 31-07-2014).
12
Ce nouveau rôle des États en faveur du patrimoine et de son intérêt collectif,
s’inscrit en lien avec la Convention du patrimoine mondial du 16 novembre 1972,
éditée par l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science
et la culture). Cette convention fixe les devoirs des États signataires, au nombre
aujourd’hui de 191, à « identifier des sites potentiels » pour la Liste du patrimoine
mondial ou de l’humanité. Ces États parties s’engagent de ce fait à « jouer un rôle
dans la protection et la préservation6 » de ces sites. Ils doivent également réaliser
un travail de médiation afin de « sensibiliser le public aux valeurs des biens du
patrimoine mondial7 ». Pour exemple, le travail effectué par le Parc national des
Cévennes et par le Parc naturel régional des Grands Causses, dans la protection
et la gestion du site des Causses et des Cévennes, inscrit sur cette Liste pour
« son paysage culturel de l’agro-pastoralisme méditerranéen8 ».
6
UNESCO. La Convention du patrimoine mondial (en ligne). Disponible sur : <
http://whc.unesco.org/fr/convention/ >. (Consulté le 31-07-2014).
7
Ibid.
8
UNESCO. Les Causses et les Cévennes, paysage culturel de l’agro-pastoralisme méditerranéen
(en ligne). Disponible sur : < http://whc.unesco.org/fr/list/1153 >. (Consulté le 31-07-2014).
9
GIGUÈRE Hélène. Vues anthropologiques sur le patrimoine culturel immatériel : un ancrage en
basse Andalousie. Anthropologie et Sociétés, 2006, volume 30 n°2, p.107-127 (en ligne).
Disponible sur : < http://www.erudit.org/revue/as/2006/v30/n2/014116ar.html >. (Consulté le 31-07-
2014).
13
l’univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat
traditionnel10 ».
10
UNESCO. Qu’est-ce que le patrimoine culturel immatériel ? (en ligne). Disponible sur : <
http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?lg=fr&pg=00002 >. (Consulté le 31-07-2014).
11
POULOT Dominique. De la raison patrimoniale aux mondes du patrimoine. Socio-Anthropologie,
2006 n°19 (en ligne). Disponible sur : < http://socio-anthropologie.revues.org/753#quotation >.
(Consulté le 31-07-2014).
12
CHARLES Sébastien. De la postmodernité à l’hypermodernité. Argument, automne 2005- hiver
2006, n°8 vol 1 (en ligne). Disponible sur : < http://www.revueargument.ca/article/2005-10-01/332-
de-la-postmodernite-a-lhypermodernite.html >. (Consulté le 13-12-13).
14
(Beck, 2001, p.36) s’installe. Le rapport des hommes à leur espace et au temps se
complexifie entrainant une perte de repères. L’intensification de la globalisation et
la construction de l’Europe ont entrainé une peur d’uniformisation des modes de
vie et des cultures tout comme l’affaiblissement du lien social, de symbolicité et de
transmission. Toutefois, et au contraire, ces peurs et phénomènes ont « réveillé le
local » (Dris, 2012, p.10) en accentuant les diversités culturelles dans un monde
marqué de plus en plus par la régionalisation de l’espace. Bien que l’homme soit
« pluriel » (Lahire, 2011, p.45), il exprime le besoin de faire valoir l’identité
culturelle de son ou de ses groupes d’appartenance pour « se penser soi-même »
(Pagès, 2010, p.27). Or, le patrimoine se réfère à une identité culturelle en
incarnant le lien, l’identité et l’héritage entre les membres d’un groupe social. De
par du rôle des biens culturels matériels ou immatériels dans la transmission des
singularités et des valeurs d’un groupe, la mise en patrimoine a connu une
certaine inflation depuis la Seconde guerre mondiale. Ce phénomène est qualifié
par Henry-Pierre Jeudy d’« obsession patrimoniale » avec la multiplication des
classements par l’UNESCO ainsi que des musées locaux et régionaux « non-
dénués parfois d’un certain kitsch » (Davallon, 2002, p.76). Cette inflation
intervient dans un monde peint par l’incertitude et les risques de toute nature qu’ils
soient (Beck, 2001, p.36). C’est pourquoi, les individus accordent une place de
plus en plus importante à l’imaginaire (Appadurai, 2005, p.9), et au symbolique
pour ré-enchanter le quotidien (Fischler, Masson, 2007, p.124). La
patrimonialisation « se nourrit de toutes les nostalgies qu’engendre un monde qui
disparaît et n’assume plus un minimum vital de symbolicité » (Bérard, Marchenay,
2004, p.7). L’intérêt pour le patrimoine n’est pas que symbolique, il est à mettre en
concordance avec le fait que les biens patrimoniaux constituent une ressource
pour les territoires et les groupes sociaux. Si le patrimoine permet de transmettre
un héritage collectif par conséquent l’identité et les valeurs d’un groupe, il permet
également d’apporter de la valeur et une reconnaissance à un lieu. Le patrimoine
est de ce fait à la source de projets en étant « au croisement de la tradition et de
l’innovation » (Montanari, 2010, p.21), par conséquent une ressource économique.
Cependant, tout ce qui est « traditionnel n’est pas obligatoirement
patrimonialisable » (Bérard, Marchenay, 2004, p.109) car pour reprendre Vincent
15
Veschambre, « le patrimoine ne va pas de soi, il se construit13 ». La mise en
patrimoine est une construction dans la mesure que « c’est à partir du présent »
que les individus d’un groupe sélectionnent délibérément leur héritage.
L’ethnologue Jean Pouillon l’analyse comme une « filiation inversée » (Davallon,
2006, p.89) pour expliquer cette reconnaissance par les héritiers portant un autre
regard et intérêt sur ces objets patrimoniaux ainsi qu’envers « les hommes du
passé » (Ibid.).
L’ancrage temporal ne suffit cependant pas, pour que le bien soit associé à
l’héritage d’une communauté, la dimension spatiale est également importante. Le
territoire, qui est « cet espace approprié, avec sentiment ou conscience de son
appropriation » (Brunet et al, 2009, p.480) est le support de la communauté et de
son identité. Le bien patrimonial se différencie du fait qu’il soit apparu dans une
délimitation spécifique faisant référence également à un groupe social spécifique.
Comme indiqué, le bien patrimonial peut être mobilisateur d’actions et porteur de
projets en acquérant une « valeur économique14 ». L’intérêt du patrimoine est sa
capacité à se « reconfigurer continuellement » (Poulain, 2012, p.979) et donc à
combiner « héritage et innovation » (Poulain, 2012, p.980).
Ainsi, la présence d’une histoire et l’attachement à un lieu (Poulain, 2012, p.984)
permettent au groupe social de s’approprier ce bien et de reconnaître en lui des
13
APPERT Manuel. Territoires et patrimoines. Cours de licence 3 Géographie, GHHAT, Université
Lumière Lyon 2, 2011.
14
Ibid.
16
valeurs partagées. Aussi, pour qu’il y ait une appropriation, il est nécessaire
d’avoir une légitimation interne où les membres développent une « conscience
patrimoniale » (Poulain, 2012, p.984) en saisissant son importance en célébrant
par exemple cet objet à travers de multiples actions : expositions, musées, vente
de produits…
Cependant, cette légitimation interne n’est pas suffisante, le bien doit se « frotter à
la réalité » (Taddei, 1997, p.21) en étant reconnu par des acteurs extérieurs. Tout
d’abord, par les scientifiques qui certifient de l’origine de l’objet et par sa rencontre
avec l’altérité au travers sa confrontation avec les touristes par exemple (Poulain,
2012, p.985).
Figure 1 : La mise en patrimoine (Poulain, 2012, p.983) : schéma complété – A. Fournié, juillet 2014
17
Face à ce contexte sociétal, la patrimonialisation apparaît comme une réponse à
la nécessité d’un enracinement culturel de la part des individus et groupes sociaux
pour se penser par rapport à un présent et à un avenir. De par l’ancrage historique
et spatial de l’alimentation, parallèlement à la recherche par les mangeurs de
produits pensés naturels et authentiques, les produits spécialement du terroir, font
de plus en plus l’objet d’une mise en patrimoine.
Des essais, des erreurs, le mangeur contemporain en fait, par manque de temps,
d’argent, d’envie ou dans une recherche de praticité. Les modèles ternaire et
18
tripartite concernant les repas sont bousculés par le vagabondage alimentaire qui
s’accroit marquant ainsi la dé-ritualisation des prises alimentaires. La préparation
des mets s’est « déplacée de la cuisine vers l’usine » (Fischler, 2011, p.35)
comme une conséquence à un temps de plus en plus mal contrôlé (Bérard,
Marchenay, 2004, p.7). Ainsi, le mangeur contemporain est un gastrolatress pour
Jean-Pierre Corbeau :
19
« d’incorporer un mauvais objet » (Poulain, 2005, p.37) vis-à-vis de ce qu’il est, de
qu’il veut être ou paraitre et également vis-à-vis de sa santé. Essentiellement,
lorsque le mangeur est de plus en plus conscient des liens qui unissent
alimentation et santé dans un contexte actuel de médicalisation.
Face à cela, le mangeur se doit d’arbitrer devant cette surabondance d’objets en
se créant de nouvelles règles pour Matty Chiva15 et en utilisant des « dispositifs
de confiance » (Karpik, 2007, p.62) suivant ses valeurs et ses identités. Les
éléments de sa ou de ses cultures d’appartenance sont ainsi associés à des
dispositifs de confiance pouvant guider les décisions du mangeur dans la mesure
que « manger est culture » (Montanari, 2010, p.7) : « il est le fruit de notre identité
et un instrument pour l’exprimer et la communiquer » (Ibid.).
15
FIGUIÉ Muriel. Alimentation et développement. Cours de Master 2 Alimentation SSAA, ISTHIA,
Université Toulouse 2, 2013.
20
1.3.2. …Guidé par ses émotions
16
BESSIÈRE Jacinthe. Patrimoine et terroirs. Cours de Master 2 Alimentation, ISTHIA, Université
Toulouse 2, 2014.
21
produits de terroir dans un contexte d’urbanisation croissante des territoires.
L’UNESCO définit le terroir comme 17 :
« un espace géographique délimité défini à partir d’une communauté
humaine qui construit au cours de son histoire un ensemble de traits
culturels distinctifs, de savoirs et de pratiques fondés sur un système
d’interactions entre le milieu naturel et les facteurs humains. Les
savoir-faire mis en jeu révèlent une originalité, confèrent une typicité
et permettent une reconnaissance pour les produits ou services
originaires de cet espace et donc pour les hommes qui y vivent. Les
terroirs sont des espaces vivants et innovants. »
17
BESSIÈRE Jacinthe. Patrimoine et terroirs. Cours de Master 2 Alimentation, ISTHIA, Université
Toulouse 2, 2014.
18
Ibid.
22
particularités culinaires et un besoin contemporain d’enracinement
gastronomique » (2012, p.30).
Ces cinq champs peuvent être reliés au concept d’espace social alimentaire de
Jean-Pierre Poulain (2012, pp.357-382). L’appartenance à un groupe social fait
que les choix alimentaires, leurs préparations ainsi que les modes de
consommations des individus sont déterminés et s’imposent à eux. Néanmoins, l’«
espace de liberté » permet à une société ou à un groupe social « d’utiliser
l’alimentation pour marquer les frontières entre les groupes et de marquer les
23
identités sociales »19. De surcroît, l’espace social alimentaire permet aux groupes
sociaux et aux territoires de se distinguer dans ce monde globalisé.
Champs pour résister à la Espace social alimentaire (Poulain)
mondialisation (Michel)
La langue Le registre du mangeable : est le
résultat des choix qu’opère un groupe
humain à l’intérieur de la gamme de
produits mis à disposition pour son
biotope pour construire son registre du
mangeable.
Les croyances La pensée magique : l’homme
s’approprie les qualités symboliques de
l’aliment et par conséquent s’intègre
dans un espace culturel.
La culture La différenciation sociale : manger
dessine les frontières identitaires entre
les groupes humains, d’une culture à
l’autre mais aussi à l’intérieur d’une
même culture entre les sous ensembles
qui la constituent.
L’organisation sociale et familiale Le système social alimentaire :
ensemble des structures
technologiques et sociales qui
permettent : l’acquisition, la production,
le stockage, la transformation, la
distribution, l’échange…des aliments.
19
POULAIN Jean-Pierre. Sociologie de l’alimentation. Cours de Master 1 Alimentation, ISTHIA,
Université de Toulouse 2, 2012.
24
La distinction à travers la ressource alimentaire constitue pour les territoires une
possibilité pour mener des politiques de valorisation, appuyées par des outils, des
lois et des programmes d’actions.
25
2.2. Signes, labels, marques, plateformes
26
Ce signe protège une recette
Spécialité Exemple :
traditionnelle.
traditionnelle les moules
garantie de
(STG) bouchot
22
DELFOSSE Claire. Territoires et Patrimoine. Cours de Licence 3 Géographie, département
GHHAT, Université Lumière Lyon 2, 2011.
27
Ainsi, ces marques fédèrent autour d’elles les acteurs locaux de l’agroalimentaire
autour d’une image et d’un langage communs : marketing, communication,
langage graphique!
Elles constituent une valeur ajoutée pour les acteurs et un outil de développement
économique pour les territoires autour d’une identité territoriale qui peut s’exporter.
Pour exemple, la marque Limousin, développée par la région éponyme, a pour
ambition de23 :
- se faire connaître ;
- se démarquer de la concurrence entre les territoires ;
- séduire les touristes et les entreprises ;
- rassembler localement autour d’une même identité.
23
LIMOUSIN Osez la différence. La marque Limousin (en ligne). Disponible sur : <
http://www.marquelimousin.fr/la-marque-limousin/ >. (Consulté le 12-08-2014).
24
BESSIÈRE Jacinthe. Patrimoine et terroirs. Cours de Master 2 Alimentation, ISTHIA, Université
Toulouse 2, 2014.
28
une voie d’accès à la culture de l’autre25. Pour des mangeurs expatriés, ces
produits à travers l’image qu’ils diffusent, sont un « substitut à la distance entre le
mangeur et la région » (Fumey, 2010, p.69). Ils leur permettent de garder un lien
avec leur terre d’origine, leur culture et leur identité (Fournié, 2013, p.31).
Selon une enquête de l’institut de sondage IPSOS publiée en novembre 2013, les
Français sont de plus en plus anxieux face à leur alimentation et aux crises
alimentaires. Ainsi « 7 consommateurs sur 10 déclarent accorder plus d’attention
qu’avant aux informations concernant les ingrédients, le lieu de fabrication ou en
encore à l’origine des ingrédients26 ». Les consommateurs souhaitent que les
produits « affichent toutes leurs vérités » (Fischler, 2001, p.220) en recherchant
notamment des informations que ce soit « auprès d’acteurs comme les
associations de défense des consommateurs, les producteurs et les agriculteurs
que sur Internet27 ». Le consommateur aspire à devenir un consomm’acteur en
ayant conscience qu’il peut agir pour une alimentation plus locale qui correspond à
ses valeurs et à ses attentes à travers les circuits courts ou de proximité :
« acheter en circuit court, c’est pour le consommateur une façon de redécouvrir
25
BESSIÈRE Jacinthe. Patrimoine et terroirs. Cours de Master 2 Alimentation, ISTHIA, Université
Toulouse 2, 2014.
26
IPSOS. Les Français et la confiance alimentaires (en ligne). Disponible sur : <
http://www.ipsos.fr/ipsos-public-affairs/actualites/2013-11-06-francais-et-confiance-alimentaire >.
(Consulté le 12-08-2014).
27
IPSOS. Les Français et la confiance alimentaires (en ligne). Disponible sur : <
http://www.ipsos.fr/ipsos-public-affairs/actualites/2013-11-06-francais-et-confiance-alimentaire >.
(Consulté le 12-08-2014).
29
les saveurs de sa région, de réagir face à la banalisation des produits et
finalement de se réapproprier son alimentation28 ».
En réponse à ces attentes grandissantes, se développent des plateformes. Les
plateformes constituent un outil logistique qui permet de développer et fédérer les
acteurs autour des enjeux aux circuits courts. L’optique est d’offrir un débouché
aux producteurs locaux et d’offrir des produits de proximité respectant la
saisonnalité pour les consommateurs. Les circuits courts au niveau local
permettent de reconnecter l’alimentation à un lieu et à des visages.
Ainsi, une plateforme met en relation producteurs et acheteurs pour les
commandes que ce soit des plateformes virtuelles via Internet avec l’exemple de
La ruche qui dit oui ! (Fournié, Guillemenot, 2013) ou des plateformes physiques
où un interlocuteur se charge de prendre les commandes auprès des producteurs
et de le livrer aux clients (PNRHL, 2013a, p.6).
28
Ministère de l’agriculture et de l’agroalimentaire et de la forêt. Consommation : manger local
partout en France (en ligne). Disponible sur : < http://alimentation.gouv.fr/circuit-court-local-
consommation >. (Consulté le 12-08-2014).
29
Manger local. Manger local, la région Languedoc-Roussillon dans votre assiette (en ligne).
Disponible sur : < http://www.manger-local.fr/ >. (Consulté le 12-08-2014)
30
Ibid.
31
Offre Alimentaire Midi-Pyrénées. Accueil (en ligne). Disponible sur : <
www.offrealimentairemidipyrenees.com >. (Consulté le 12-08-2014)
32
Ibid.
30
la plateforme « Agrilocal33 », une innovation drômoise. Le point de départ du projet
était d’initier l’approvisionnement des collèges drômois en produits locaux afin de
permettre la structuration et le renforcement des filières agricoles locales. Cette
plateforme a fait son chemin vers d’autres contrés en se développant dans le Puy
de Dôme ou encore l’Hérault. Les plateformes constituent un levier pour le
développement d’une restauration collective de proximité
33
Agrilocal. Agrilocal26 (en ligne). Disponible sur : < http://www.agrilocal.fr/ >. (Consulté le 12-08-
2014).
31
2.2.4. Lois et programmes d’actions initiés par l’État
En plus des SIQO garantis par l’État, des lois et des programmes d’actions
encouragent les territoires et les collectivités à promouvoir une production locale
et de qualité.
34
Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. Rapport annuel au Parlement
sur le suivi de l’approvisionnement de la restauration collective en produits biologiques et de
l’évolution des surfaces en agriculture biologique dans le cadre du Grenelle Environnement (en
ligne). Disponible sur : < http://www.developpement-durable.gouv.fr/Rapport-annuel-au-Parlement-
sur-le.html >. (Consulté le 12-08-2014).
35
Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt. PNA : Bien manger, c’est l’affaire
de tous ! (en ligne). Disponible sur : < http://alimentation.gouv.fr/pna >. (Consulté le 12-08-2014).
32
premier producteur agricole de l’Union Européenne et le second pour le chiffre
d’affaires des industries agroalimentaires36.
36
Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt. Le Programme national pour
l’alimentation (en ligne). Disponible sur : < http://alimentation.gouv.fr/IMG/pdf/PNA-09022011.pdf >.
(Consulté le 12-08-2014).
37
Ibid.
38
Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt. Un fruit pour la récré (en ligne).
Disponible sur : < http://alimentation.gouv.fr/un-fruit-pour-la-recre >. (Consulté le 16-08-2014).
33
fruits afin de leur faire acquérir de bonnes habitudes alimentaires sans oublier la
dimension du plaisir. Ce programme est l’occasion de faire découvrir aux élèves
des variétés anciennes de pommes et par conséquent un patrimoine.
Ces distributions sont de plus accompagnées d’une activité pédagogique autour
des fruits afin de sensibiliser le jeune convive à la notion de « bien manger » et de
s’informer sur une alimentation de qualité et responsable. Ce programme
constitue une première action autour de l’introduction de fruits locaux dans des
établissements scolaires et dans la sensibilisation autant des enfants que du
personnel : chefs d’établissement, professeurs, gestionnaires, cuisiniers…
34
3. La restauration collective, un lieu d’expérimentation et de médiation
dans la transmission du patrimoine culinaire et de la valorisation des
produits du terroir
39
Les Marchés. La restauration hors domicile progresse (en ligne). Disponible sur : <
http://www.lequotidienlesmarches.fr/la-restauration-hors-domicile-progresse-art377447-
2388.html?Itemid=235 >. (Consulté le 30-07-2014).
40
PECH Eric. Méthodes et organisation de la production-distribution en restauration collective.
Cours de Master 1 Alimentation, ISTHIA, Université de Toulouse 2, 2012.
35
Tableau 2 : Similitudes et différences entre restauration commerciale et restauration collective
Dans cette partie, la restauration collective sera étudiée pour son rôle dans la
société et sa capacité à être un outil d’expérimentation pour les territoires en vue
d’une restauration collective plus durable.
41
PECH Eric. Méthodes et organisation de la production-distribution en restauration collective.
Cours de Master 1 Alimentation, ISTHIA, Université de Toulouse 2, 2012.
36
tendances, régimes alimentaires et la recherche du plaisir gustatif de la part de
ses convives.
43
Figure 5 : Les chiffres de la restauration collective française en 2012 (Xerfi)
37
p.1155). Le prix du repas payé par le convive est ainsi « inférieur au coût réel de
production ». (Poulain, 2012, p.1156). Il est par conséquent pris en charge par
l’autorité compétente pour l’organisation du service, des locaux et du matériel de
chaque secteur et/ou sous-secteurs de la restauration collective :
38
- La restauration en gestion directe : le service est assuré directement par
la collectivité ou l’établissement qui « assure avec ses propres moyens
(humains, matériels) la confection et le service des repas 44 ».
44
AMF53. Guide juridique de la commande publique de produits locaux de qualité (en ligne).
Disponible sur : <
http://www.amf53.asso.fr/amf53/images/DOC_PDF/Evenements/Actualites/guideachatlocal_v3_.pd
f >. (Consulté le 29-07-2014).
45
Repasbio.org. La restauration collective à caractère social en France (en ligne). Disponible sur :
< http://www.repasbio.org/index.php?option=com_content&view=article&id=17:la-restauration-
collective-a-caractere-social-en-france-&catid=6:la-restauration-collective-en-france&Itemid=12 >.
(Consulté le 29-07-2014).
39
• Centrale d’achat : « personne publique ou un organisme de droit privé qui
achète à différents acheteurs économiques pour revendre aux
collectivités » ;
• Centrale de référencement ou de négociation : « sélectionne les
fournisseurs pour ses adhérents en faisant office d’intermédiaire » ;
• Fournisseur particulier : « souvent local, il vend et livre sa propre
production » ;
• Grossistes : « souvent spécialisés dans une catégorie de produit (viande,
légumes, surgelés…) proposent une grande variété de denrées par le biais
de leur catalogue » ;
• Marchés d’intérêt national (MIN) : « sont des marchés de gros où
grossistes et producteurs proposent tous les types de produits aux
professionnels de la restauration » ;
• Cash and carry : « sont des locaux de distribution en libre service réservés
aux professionnels qui offre un large éventail de produits de toutes
sortes » ;
• Partenariats : « accords formels entre des acheteurs et un réseau de
fournisseurs réguliers qui souhaitent travailler en coopération dans la
poursuite d’objectifs communs à long terme » ;
• Groupement d’achats : « partenariat entre plusieurs gérants de cuisine
d’un territoire qui se rassemblent afin de grouper leurs commandes et
obtenir des meilleurs prix ».
40
3.2. Un cadre réglementaire autour de la restauration collective
Les crises sanitaires et alimentaires comme celle de la vache folle, ont eu pour
bienfaits d’accentuer la protection des convives et une certaine sureté alimentaire.
De ce fait, les différents segments de la restauration collective sont soumis à un
ensemble de textes réglementaires afin de s’assurer de la sécurité, de l’équilibre
nutritionnel et la confiance des convives à chaque repas.
• Le Paquet Hygiène
Sous ce nom, se compose six textes législatifs adoptés par l’Union Européenne
dans le but de mettre en place « une politique unique et transparente en matière
d’hygiène de l’alimentation humaine et animale » de la « fourche à la
fourchette46 ».
Le Paquet Hygiène, entré en vigueur le 1er janvier 2006, comprend :
- Le règlement 178/2002 ou Food Law, établissant les principes généraux
et les prescriptions générales de la législation alimentaire ;
- Le règlement 852/2004 relatif à l’hygiène des denrées alimentaires ;
- Le règlement 853/2004 relatif aux denrées d’origine animale ;
- Le règlement 854/2004 relatif aux contrôles officiels des produits
d’origine animale ;
- Le règlement 882/2004 relatif aux contrôles officiels,
- Le règlement 183/2005 relatif à l’hygiène des aliments pour animaux.
46
Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt. Le paquet hygiène (en ligne).
Disponible sur : < http://agriculture.gouv.fr/le-paquet-hygiene >. (Consulté le 16-08-2014).
41
La réglementation du Paquet Hygiène encourage les professionnels à avoir
recours aux guides de bonnes pratiques d’hygiène (GBPH) et à appliquer les
principes de la méthode HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point). Ceci est
en lien avec le Plan de Maitrise Sanitaire, décrivant « les mesures prises par
l’établissement pour assurer l’hygiène et la sécurité sanitaire de ses productions
vis à vis des dangers biologiques, physiques et chimiques47 ».
• PNNS 3 (2011-2015) :
Initié en 2001, le Programme National Nutrition Santé (PNNS) a pour objectif de
sensibiliser la population et les professionnels aux enjeux liés à la nutrition afin
d’améliorer leur état de santé au travers d’actions.
Les objectifs du PNNS sont regroupés selon quatre axes et ont été fixés par le
Haut conseil de la santé publique48 :
- Réduire l’obésité et le surpoids dans la population ;
- Augmenter l’activité physique et diminuer la sédentarité à tous les âges ;
- Améliorer les pratiques alimentaires et les apports nutritionnels,
notamment chez les populations à risque ;
- Réduire la prévalence des pathologies nutritionnelles (dénutrition,
troubles du comportement alimentaire).
47
Conseil Général des Pyrénées-Orientales. Plan de maîtrise sanitaire (en ligne). Disponible sur :
< http://www.cg66.fr/1399-plan-de-maitrise-sanitaire.htm >. (Consulté le 16-08-2014).
48
Ministère des affaires sociales et de la santé. Programme national nutrition santé 2011-2015 (en
ligne). Disponible sur : < http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/PNNS_2011-2015.pdf >. (Consulté le
16-08-2014).
42
Un plan obésité (PO) complète le PNNS. Quant au Programme National pour
l’Alimentation (PNA) introduit par la loi de modernisation de l’agriculture et de la
pêche, pour favoriser une alimentation de qualité, s’inscrit « dans la stratégie
nutritionnelle du PNNS49 ».
43
3.2.3. Règles relatives au Code des Marchés Publics (CMP)
Les collectivités sont soumises au Code des Marchés Publics pour l’achat des
denrées afin de respecter les principes de la libre concurrence régit par le droit
communautaire européen au travers de trois principes généraux (PNRHL, 2011b,
p.30):
- la liberté d’accès au marché public de tous les fournisseurs ;
- l’égalité de traitement de tous les soumissionnaires au marché public ;
- la publicité adaptée et la transparence des procédures.
52 e
Assemblée Nationale. 13 législature (en ligne). Disponible sur : < http://questions.assemblee-
nationale.fr/q13/13-110986qe.htm >. (Consulté le 16-08-2014).
53
Legifrance. Article 53 (en ligne). Disponible sur : <
http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000005627819&idArticle=L
EGIARTI000029321277&dateTexte=20140817 >. (Consulté le 16-08-2014).
44
Face à un environnement politique français favorable à la territorialisation de
l’alimentation en restauration collective, cette dernière affirme son rôle à la vue
des enjeux de développement durable et de transmission du patrimoine
alimentaire.
54
DRAAF Rhône-Alpes. Guide pratique : Favoriser une restauration collective de proximité et de
qualité (en ligne). Disponible sur : < http://draaf.rhone-
alpes.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/guide_mise_en_ligne_cle8d5ec4.pdf >. (Consulté le 15-08-2014).
45
fait qu’il se compose « de produits issus de circuit de proximité, de saison et de
qualité55 ».
55
Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt. Une restauration collective
responsable (en ligne). Disponible sur : < http://alimentation.gouv.fr/une-restauration-collective >.
(Consulté le 16-08-2014).
56
DUPUY Anne. Education alimentaire. Cours de Master 1 Alimentation, ISTHIA, Université
Toulouse 2, 2013.
46
des choix éclairés en matière d’alimentation mais touche également les familles
au travers du processus de socialisation inversée.
Un Parc naturel régional (PNR) est « un territoire rural habité, reconnu au niveau
national pour son exceptionnelle valeur patrimoniale et paysagère » (Guide, actes,
p.6) néanmoins qui peut être « menacé de dégradation » (Diry, 2002. p.165).
Aujourd’hui au nombre de 49 sur le territoire français, les Parcs naturels régionaux
ont été institués par le décret n°67-158 du 1er mars 196757 sous l’initiative de la
DATAR, la délégation à l’aménagement du territoire.
57
Legifrance. Fac-similé JO du 02 /03/1967, page 02131 (en ligne). Disponible sur : <
http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19670302&numTexte=
&pageDebut=02131&pageFin >. (Consulté le 14-07-2014).
47
Figure 7 : Les chiffres clés des PNR
(Fédération)
L’objectif était alors d’« inventer une nouvelle forme d’aménagement du territoire »
(PNR de France, 2014, p.10) dans des espaces ruraux qui subissaient de
profondes transformations « sociales, économiques, démographiques ou
environnementales » (Finger-Stich, Ghimire, 1997, p.19). En effet, les années
1960 sont marquées pour la société française par de grandes mutations et
modernisations à travers l’urbanisation et la banlieurisation croissantes (Fischler,
2001, p.156). La société goûte alors à une société de consommation qui
« respecte peu l’identité culturelle puisque l’homogénéité est la clef de son
succès » (Finger-Stich, Ghimire, 1997, p.27) via le développement du secteur
agroalimentaire et l’ouverture des premiers supermarchés. Le mangeur se
transforme en consommateur et la production agricole devient une marchandise
comme une autre. L’aliment moderne est de plus en plus délocalisé dans la
mesure où il est « déconnecté de son enracinement géographique et des
contraintes climatiques qui lui étaient traditionnellement associée » (Poulain, 2005,
p.19). La fonction symbolique de l’aliment est alors grignotée.
Parallèlement, les espaces ruraux vont souffrir d’un déclin démographique en
conséquence de l’exode rural et de la modernisation de l’agriculture marquée par
le progrès technique. Néanmoins, à partir des années 1970, cette modernisation
et intensification de la production agricole vont connaître de nombreuses critiques
48
et limites qu’elles soient économiques, environnementales, sociales et sanitaires
(Fournié, Guillemenot, 2013, p.6). Des voix vont s’élever pour « dénoncer un
système qui peut déboucher sur une impasse » (Diry, 2002, p.63) à travers des
mouvements sociaux et régionaux revendiquant un retour à la nature. De ce fait,
la création des Parcs naturels régionaux arrive dans une « tentative de réponse
institutionnelle à la marginalisation des régions rurales ainsi qu’à la dégradation
des milieux naturels » (Finger-Stich, Ghimire, 1997, p.19) en rapprochant les
hommes et la nature dans un objectif de « dynamiser la vie économique » de ces
régions « sans pour autant les homogénéiser dans le monde de la société
urbaine » (Finger-Stich, Ghimire, 1997, p.27). L’influence de l’agriculture en milieu
rural régresse permettant ainsi de requalifier les espaces ruraux en espaces
multifonctionnels : ludiques, environnementaux…. Pour les citadins de plus en
plus méfiants et réflexifs face à des produits de l’industrie agroalimentaire, leurs
quêtes du naturel et d’aliments « affichant leurs vérités58 » font que les espaces
ruraux deviennent pour eux « des lieux de prédilection » (Finger-Stich, Ghimire,
1997, p.32) pour retrouver leurs « valeurs rurales »59. L’article 3 du décret n°67-
158 du 1er mars 1967 mentionne dans le texte que les parcs naturels régionaux
doivent être apte « à accueillir les citadins60 ».
Depuis les années 1970, du chemin a été parcouru par les Parcs naturels
régionaux. Le nombre de Parcs s’agrandit de plus en plus, en lien avec la volonté
énoncée par le Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie,
de recouvrir 20% du territoire national d’ici 202061. Ainsi, après avoir défini leur
processus de création, leur gouvernance, leurs missions, au vu de notre sujet il
sera intéressant d’observer la place du patrimoine dans la valorisation des
territoires.
58
BESSIÈRE Jacinthe. Patrimoine et terroirs. Cours de Master 2 Alimentation, ISTHIA, Université
Toulouse 2, 2014.
59
Ibid.
60
Legifrance. Fac-similé JO du 02 /03/1967, page 02131 (en ligne). Disponible sur : <
http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19670302&numTexte=
&pageDebut=02131&pageFin >. (Consulté le 14-07-2014).
61
Le Moniteur. Les parcs naturels régionaux occuperont 20% du territoire en 2020 (en ligne).
Disponible sur < http://www.lemoniteur.fr/191-quartier/article/actualite/19216432-les-parcs-
naturels-regionaux-occuperont-20-du-territoire-en-2020 >. (Consulté le 14-07-2014).
49
1.1. La création d’un Parc
L’article 1er du décret n°67-158 du 1er mars 196762 stipule que : « le territoire de
tout ou partie d’une ou de plusieurs communes peut être classé en « parc naturel
régional » lorsqu’il présente un intérêt particulier, par la qualité de son patrimoine
naturel et culturel, pour la détente, le repos des hommes et le tourisme, et qu’il
importe de le protéger et de l’organiser. »
Une fois la charte rédigée, elle fait l’objet d’une enquête publique afin de recueillir
« les avis et suggestions du public sur le projet du Parc » (PNR de France, 2014,
p.19). Puis, elle est approuvée par les différentes collectivités territoriales (les
communes et établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), le(s)
département(s), la (les) Région(s) et l’État) pour qu’ensuite le projet soit transmis à
diverses instances nationales, consultées pour avis :
- Ministères concernés ;
- Conseil national de protection de la nature ;
- Fédération des Parcs.
62
Legifrance. Fac-similé JO du 02 /03/1967, page 02131 (en ligne). Disponible sur : <
http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19670302&numTexte=
&pageDebut=02131&pageFin >. (Consulté le 14-07-2014).
50
Le classement du Parc par décret revient à la charge du Premier Ministre pour
une durée de douze ans en lien avec la révision de la Charte.
Les Parcs naturels régionaux sont gérés par des syndicats mixtes qui
rassemblent les communes et leurs groupements, les départements et les régions.
L’objectif des syndicats mixtes est d’« assurer la cohérence et la coordination de
la mise en œuvre de la charte » sur le territoire (PNR de France, 2014, p.20) en
agissant dans le cadre de la « concertation et de la recherche en permanence des
consensus locaux » (PNRHL, 2011a, p.30).
Le bureau syndical composé d’élus issus du Comité Syndical, traite des dossiers
courants, prépare le budget et les programmes d’actions avant de le soumettre au
comité syndical.
51
leur thème de travail et des membres qui les composent (PNR de France, 2006,
p.35). Elles peuvent porter sur l’aménagement, l’agriculture, les milieux naturels, le
développement économique, le tourisme, la communication.. (PNR de France,
2014, p.20).
Des comités de pilotage, plus restreints peuvent être organisés pour traiter « sur
une durée déterminée des sujets particuliers » (Ibid.)
en sciences naturelles et humaines pour apporter leurs avis scientifiques sur les
Figure 8 : Schéma explicatif de la gouvernance dans les Parcs (PNR de France, 2014, p.21)
63
Fédération des Parcs naturels régionaux de France. La Fédération (en ligne). Disponible sur :
<http://www.parcs-naturels-regionaux.tm.fr/fr/approfondir/federation.asp >. (Consulté le 1-08-
2014).
52
- représenter les intérêts collectifs des Parcs naturels régionaux auprès des
instances nationales et internationales ;
- participer à la définition et à la mise en œuvre de la politique en faveur des
espaces ruraux français ;
- diffuser et faire connaître l’éthique des Parcs naturels régionaux et leurs
actions, en France et à l’international.
Le Code de l’Environnement à travers l’article L333-1 fixe cinq missions aux Parcs
naturels régionaux : (PNRHL, 2011a, p.27)
- protéger et gérer les patrimoines naturels, culturels et paysagers ;
- contribuer à l’aménagement du territoire ;
- contribuer au développement économique, social, culturel et à la qualité de
la vie ;
- assurer l’accueil, l’éducation et l’information des publics ;
- mettre en œuvre des actions expérimentales ou exemplaires.
Par leurs missions, les PNR se différencient des autres politiques de conservation
à travers les zones protégés comme les Parcs nationaux et les réserves
naturelles. Les Parcs naturels régionaux (PNRHL, 2011a, p.28) :
- tentent en permanence de concilier le développement du territoire et la
protection de ses patrimoines ;
- fondent leur développement sur la valorisation des patrimoines naturels,
culturels, paysagers et historiques ;
- leur légitimité ne repose que sur la capacité à fédérer l’ensemble des
acteurs autour d’une ambition commune, formalisée dans la Charte ;
- n’ont aucune pouvoir, mais le devoir de convaincre !
64
Fédération des Parcs naturels régionaux de France. La Fédération (en ligne). Disponible sur :
<http://www.parcs-naturels-regionaux.tm.fr/fr/approfondir/federation.asp >. (Consulté le 1-08-
2014).
53
1.4. La valorisation du territoire à travers le patrimoine
65
Legifrance. Fac-similé JO du 02 /03/1967, page 02131 (en ligne). Disponible sur : <
http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19670302&numTexte=
&pageDebut=02131&pageFin >. (Consulté le 14-07-2014).
66
BESSIÈRE Jacinthe. Patrimoine et terroirs. Cours de Master 2 Alimentation, ISTHIA, Université
de Toulouse 2, 2014.
54
Les fruits et produits dérivés, les légumes, les boissons, le miel et
produits dérivés, pain, pâtisseries et confiseries, plantes, produits
laitiers, viandes et poisson.
Après avoir défini les Parcs naturels régionaux, la partie suivante se consacrera
au terrain d’études du PNR du Haut-Languedoc et de la mission du stage.
67
PNRHL. La Marque Parc – Point d’information (document powerpoint). Juillet 2014.
55
Carte 2 : Situation géographique du Parc naturel régional du Haut-Languedoc – G. Asensio (PNRHL)
Ce Parc constitue la « rencontre de deux midis68 » et est marqué par une diversité
« biologique et paysagère exceptionnelle » (PNRHL, 2011a, p.25). En effet, ce
territoire se situe « au carrefour d’influences bioclimatiques méditerranéennes,
atlantiques et centraliennes » (Derioz, 1997, p.162) étant donné qu’il est traversé
par la ligne de partage des eaux. Cette diversité géographique et climatique
permet à ce territoire de bénéficier d’une mosaïque de productions agricoles.
68
Parc naturel régional du Haut-Languedoc. Bienvenue ! Benvenguda ! (en ligne). Disponible sur :
< http://www.parc-haut-languedoc.fr/ >. (Consulté le 1-08-2014)
56
Carte 3 : Labels de qualité et marques reconnues dans le PNRHL - D. Azaïs (PNRHL), 2013
Outre les productions agricoles, au sein de ce territoire règne une forte identité
culturelle occitane. Ce qui témoigne que « les identités vécues plus intensément
sont de type culturel » (Claval, 1979, p.296). La croix et la langue occitanes font
parties de l’identité visuelle du PNR du Haut-Languedoc à travers son logo :
57
L’étoile réunit les Parcs autour d’une même
identité. Elle est l’emblème des territoires qui
ne veulent pas rester repliés sur eux-mêmes
ou sur leur passé.
L’ovale exprime
équilibre et dynamisme.
69
« Chaque endroit à ses gourmandises »
58
- Axe 2 – Accompagner le territoire à relever les défis citoyens du 21e siècle ;
- Axe 3 – Impulser une nouvelle dynamique économique, sociale et
culturelle.
e
Figure 10 : Les stratégies du PNRHL pour accompagner le territoire à relever les défis citoyens du 21
siècle
59
2.3. L’alimentaire : au point de départ de nombreuses initiatives
expérimentales et actions menées par le Parc naturel régional du Haut-
Languedoc
L’alimentation à travers de nombreux enjeux qui lui sont dédiés (santé, économie,
patrimoine…) fait l’objet d’expérimentation et d’innovation au sein de territoires.
L’alimentation est donc une « ressource pour l’action » (Bessière, 2012, p.38) afin
d’améliorer et de faire évoluer qualitativement les modes de vie des acteurs du
territoire pour « répondre à leurs propres aspirations, sans compromettre la
capacité des générations futures à y répondre à leur tour » (PNRHL, 2011a, p.75).
60
- la viande bovine ;
- les jus de pommes et de poires ;
- les châtaignes et les produits à base de châtaignes ;
- le miel et les produits de la ruche.
Figure 12 : Exemples de livrets de recettes réalisés sur des produits emblématiques du territoire du
PNRHL
61
En outre, le Parc naturel régional du Haut-Languedoc mène des actions en faveur
de la restauration collective sur son périmètre. Les secteurs présents sur le
territoire et concernés par ces projets sont le scolaire et le médico-social au
travers des maisons de retraite. Ces dernières ont l’avantage d’être ouvertes toute
l’année et de nécessiter des volumes alimentaires plus importants (petit-déjeuner,
midi, goûter, soir).
Ainsi, le Parc accompagne les acteurs de la restauration collective (cuisiniers,
directeurs des maisons de retraite, gestionnaires) autant en amont qu’en aval
dans la démarche d’un approvisionnement de proximité.
Figure 13 : Guides techniques réalisés par le PNRHL pour développer une restauration collective
locale
62
Pour titre d’exemple, le Parc a accompagné une maison de retraite du territoire
dans l’introduction de produits locaux dans ses menus durant six mois. Le résultat
fut positif et concluant pour mener par la suite d’autres initiatives sur le territoire.
Ainsi, la maison de retraite a introduit 20% de produits locaux durant cette période
et réinjecté « 9,3% de son budget alimentaire dans l’économie locale » (PNRHL,
2013a, p.40). La restauration collective constitue donc un débouché pour
l’agriculture locale et le maintien des paysages.
En tant que territoire « vivant et animé » (PNRHL, 2011a, p.25), le Parc du Haut-
Languedoc participe à des projets innovants et expérimentaux. En 2010, le Parc a
accompagné des producteurs locaux à la création d’une plateforme de circuit court
pour la restauration collective. L’association Régal d’Oc vu le jour et permis à de
nombreux établissements du territoire d’intégrer des produits du périmètre du PNR
du Haut-Languedoc dans les menus. Cette association a permis de faire le lien
entre les producteurs et les établissements tout comme mieux connaître les
attentes et les besoins de chacun. L’outil Régal d’Oc constitue un modèle de
plateforme physique issu d’une démarche ascendante, initiée par les acteurs
concernés et soutenus par le Parc. Toutefois, ce modèle est actuellement en
cours de restructuration.
63
coopérations entre les différents acteurs et les échelons d’interventions
géographiques, dont l’arène commune est l’enjeu alimentaire70 ».
70
Réseau Rural Français . Quelles relations urbain/rural pour une meilleure gouvernance
alimentaire des territoires ? (en ligne) . Disponible sur : <
http://www.reseaurural.fr/files/u1/gouvernance_alimentaire.pdf >. (Consulté le 4-08-2014).
64
Figure 14 : Enjeux à l’organisation d’un concours de cuisine en restauration collective pour le
territoire - A. Fournié, juin 2014
65
renforcer le réseau qui s’est constitué autour des cuisiniers de la restauration
collective du territoire afin de perpétuer les actions comme les formations ou de
communication sur des retours d’expérience et les suites du concours au sein des
établissements. Un événement tel qu’un concours de cuisine participe à la
légitimation de ce patrimoine culinaire du Parc du Haut-Languedoc tout comme
son appropriation collective au travers une prise de conscience patrimoniale
(Bessière, 2011, p.167).
66
PARTIE II :
Mise en
problématique
et
méthodologie
67
Les connaissances du terrain, la mission du stage et le cadrage théorique réalisé
précédemment ont permis de poser la problématique, d’énoncer les hypothèses et
de choisir une méthodologie d’enquête détaillées dans cette partie.
Chapitre Un : La problématique
68
La « dimension imaginaire, symbolique et sociale » (Fischler, 2001, p.14) que
comporte l’acte alimentaire permet à des produits marqués géographiquement de
devenir des « supports de projets, devenant de la sorte des ressources pour
l’action et la recomposition des sociétés » (Bessière, 2011, p.165). D’où un enjeu
pour les territoires de promouvoir un patrimoine culinaire pour que transmission et
« mobilisation sociale » (Bessière, 2011, p.165). se réalisent.
69
suivant une méthodologie sociologique.
Différentes phases ont été distinguées tout au long de ce stage pour répondre à la
commande :
Les finalités de chaque phase ont induit une méthodologie d’enquête et leur
propre échantillonnage.
70
faire surgir les significations pour lui-même et les autres hommes » (Mucchielli,
2009, p.205) _
Les parties suivantes détailleront le terrain effectué durant chaque phase ainsi que
les difficultés et les limites rencontrées. Les résultats seront intégrés dans la
troisième partie de ce mémoire.
Pour identifier ces recettes traditionnelles et les produits locaux du Parc du Haut-
Languedoc qui seront valorisés par la suite lors du concours, la méthode
qualitative a été choisie lors de l’enquête.
71
CREDOC. De la transmission à l’apprentissage des savoir-faire culinaires : regards croisés de
filles et de mères. Cahier de recherche, 2004, n°198 (en ligne). Disponible sur : <
http://www.credoc.fr/pdf/Rech/C198.pdf >. (Consulté le 23-07-2014).
72
Larousse. Traditionnel, traditionnelle (en ligne). Disponible sur : <
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/traditionnel_traditionnelle/78906 >. (Consulté le 23-07-
2014).
71
1.1. Le choix de la méthode : le focus group
La méthode qualitative au travers le focus group s’est justifiée pour cette phase
par la volonté de recueillir les verbatims d’habitants, leurs récits de vie, leurs
souvenirs et leurs pratiques culinaires sur le territoire du Parc naturel régional du
Haut-Languedoc.
Suite à cette discussion marquée par l’interaction et ses effets, le choix d’utiliser le
focus group s’est imposé. Cette méthode se base sur un entretien d’un groupe
composé de personnes concernées par le sujet et répondant à des critères
d’homogénéité. L’intérêt de cette approche est de « susciter une discussion
ouverte73 » et non de rechercher un consensus.
73
. Spiral. Le Focus Group (en ligne). Disponible sur : < http://www.spiral.ulg.ac.be/fr/outils/focus-
group/ >. (Consulté le 20-05-2014).
72
1.2. L’échantillon
Pour faciliter l’organisation des focus groups, les participants ont la caractéristique
d’être résidents dans une maison de retraite du périmètre du Parc.
1.3. Le terrain
Figure 16 : Base de données des maisons de retraite du territoire du PNRHL– A. Fournié, avril 2014
73
Les maisons de retraite ont ensuite été répertoriées sur une carte du Parc dans la
finalité de diviser le territoire en secteurs pour récolter les recettes traditionnelles
des quatre coins de ce dernier. Différentes données ont été prises en compte pour
la sectorisation :
- la localisation des maisons de retraite sur le territoire ;
- les unités paysagères : « découpage du territoire selon des critères
paysagers (géomorphologiques, sociaux…)74 » ;
- les communautés de communes ou les pays.
Carte 4 : Découpage du territoire en sept secteurs– A. Fournié, avril 2014, à partir d’une cartographie
créée par D. Azaïs (PNRHL)
74
ROCHE Augustin. Les unités et structures paysagères dans les Atlas de paysages, décembre
2007 (en ligne) Disponible sur : < http://www.developpement-
durable.gouv.fr/IMG/unites_structures_paysageres.pdf >. (Consulté le 23-07-2014).
74
téléphone. À cette occasion, le projet du concours a été présenté ainsi que le
travail de recensement des recettes du territoire du Parc auprès des résidents des
maisons de retraite.
L’enquête s’est déroulée du 6 mai au 5 juin 2014 dans huit maisons de retraite
réparties sur l’ensemble du territoire. Le nombre de participants pouvait varier
entre quatre et quatorze. Les focus groups ont duré entre une heure et deux
heures et ont été enregistrés en demandant l’autorisation préalablement aux
participants.
Maisons de retraite Date Nombre de participants
Saint Gervais sur Mare (34) Mardi 6 mai 2014 – 15h15 à 6 dont le Directeur
16h30
Saint-Amans-Soult (81) Mercredi 14 mai 2014 – 9h55 11 dont l’animatrice
à 11h45
Sorèze (81) Jeudi 15 mai 2014 – 15h15 à 15 dont l’animatrice
17h15
Saint Pons de Thomières (34) Mercredi 21 mai 2014 – 14h45 7 dont l’animatrice
à 16h15
Montredon-Labessonié (81) Mardi 27 mai 2014 – 11h à 6 dont deux animatrices
12h
Saint-Pierre de Trivisy (81) Vendredi 30 mai 2014 – 14h30 15 dont l’animatrice
à 15h30
La Salvetat (34) Mardi 3 juin 2014 – 14h30 à 11 dont l’animatrice
15h30
Olargues (34) Jeudi 5 juin 2014 – 14h30 à 7 dont l’animatrice
15h30
Tableau 4 : Répartition des focus groups
75
Carte 5 : Entretiens réalisés en maisons de retraite du périmètre du Parc- A. Fournié, avril 2014, à
partir d’une cartographie créée par D. Azaïs (PNRHL)
Le même guide d’animation a été utilisé pour tous les entretiens afin de permettre
des comparaisons, de distinguer les ressemblances et les différences entre les
secteurs. Cependant, en ce qui concerne la thématique du territoire, des questions
ont été posées sur le territoire du Parc du Haut-Languedoc et sur les
caractéristiques du secteur concerné :
Commun à tous les focus groups : « Pour vous, qu’est-ce qui caractérise le
territoire du Haut-Languedoc ».
Le focus group a été présenté par les animatrices aux résidents comme une
animation et discussion sur les recettes traditionnelles du PNR du Haut-
76
Languedoc. Les participants étaient sélectionnés par les animatrices avant le
commencement du focus group. Les animatrices ont utilisé différents critères
hétérogènes pour sélectionner les participants : le lien au territoire, les facultés
culinaires, l’ancienne profession, la capacité cognitive….
Les participants aux focus groups étaient âgés entre 65 et 100 ans et étaient
principalement des femmes. Les entretiens se sont déroulés dans une salle en
petit comité, dans un salon ou dans une salle à manger. Ces cas de figure ont
impliqué une dynamique de groupe différente et une adaptabilité dans le
déroulement du focus group :
Dans le cas de figure n°1, les participants ont été installés autour d’une table.
Cette installation permet une meilleure interaction entre les participants tout
comme une meilleure écoute et attention. Elle dévoile également une certaine
hiérarchie au sein des participants entre le leader, le temporisateur, l’expert, le
passif qui seront détaillés par la suite.
Dans le cas de figure n°2, les participants ont été installés dans un salon, le plus
souvent dans une configuration en U. Cette installation implique à l’animatrice de
77
se déplacer entre les participants pour saisir les témoignages et une grande
écoute pour capter des discussions jugées intéressantes entre plusieurs
personnes par exemple. Cette configuration favorise la présence de plusieurs
leaders dévoilant une certaine rivalité.
Les discussions durant les focus groups se sont ainsi avérées fructueuses et très
enrichissantes permettant en outre de mieux comprendre le territoire et de
découvrir certains rites annuels comme la tuée du cochon. À sa simple évocation,
ce rituel saisonnier délia les langues et chacun raconta alors cette journée de fête.
Peu importe le nombre de participants, dans chaque focus group, une personne
était toujours énoncée dès le commencement comme la référence en matière de
savoirs culinaires. Du fait de sa grande expérience derrière les fourneaux ou de
par son ancienne profession notamment par les animatrices :
78
Certaines personnes au contraire étaient plutôt en retrait de la discussion, mais
observaient attentivement. Ce sont les personnes passives ou les timides. Dès
qu’elles étaient interrogées, elles se dévalorisaient en rappelant leurs manques de
connaissances en cuisine :
F. : « Moi, je ne suis pas cuisinière (…) parce que je n’avais pas le temps
de faire la cuisine, je travaillais » (Saint-Pierre-de-Trivisy, mai 2014)
79
Les témoignages et les recettes traditionnelles recueillies ont été précieux pour les
phases suivantes et l’analyse du fait que ces récits de vie sont une grande source
de connaissances, de savoirs et de mémoires. Les focus groups ont été une
expérience enrichissante que ce soit sociologiquement, professionnellement et
humainement.
Après chaque focus group, un travail de retranscription a été réalisé. Malgré le fait
que ce soit chronophage, il est judicieux de l’effectuer pour préparer au mieux
l’analyse à partir des verbatims des participants. Les retranscriptions ont été
envoyées par la suite à chaque maison de retraite.
Suite à la retranscription des mots clés, des expressions ou des verbatims ont été
répertoriées dans un tableau afin de faire une synthèse des entretiens. Ce travail
a permis pour la suite, d’observer ce qui distingue ou ce qui fait consensus dans
les différentes thématiques étudiées (fêtes, traditions, pratiques culinaires) :
80
Ces éléments ont été complétés par une revue de littérature pour préparer
l’analyse.
81
préalablement dans le guide d’entretien tout en permettant à l’interviewé de
développer ses propos, ses ressentis et parler ouvertement.
2.2. L’échantillon
2.3. Le terrain
Des cuisiniers ont été contactés par téléphone, en se basant notamment sur un
listing des précédentes formations organisées par le Parc, afin de prendre rendez-
vous pour les entretiens. Le découpage du périmètre du Parc en secteurs, réalisé
pour la phase 1, a également été pris en compte dans la répartition des entretiens.
Durant cette prise de contact téléphonique, le projet du concours a été évoqué
tout comme le travail réalisé durant la phase 1 pour récolter les recettes
traditionnelles.
82
- Parcours du cuisinier : « Avez-vous toujours travaillé en restauration
collective ? » ;
- Organisation de la cuisine : « Quel type de liaison utilisez-vous dans
votre cuisine ? » ;
- Recettes et produits locaux : « Utilisez-vous des produits locaux ?
lesquels ? » ; « Réalisez-vous des recettes traditionnelles dans votre
établissements ? » ;
- Faisabilité des recettes traditionnelles du Haut-Languedoc en
restauration collective : « Pensez-vous que ces recettes soient
réalisables dans votre cuisine ? » ;
- Concours : « Quels cadeaux aimeriez-vous recevoir si vous gagnez ce
concours ? ».
83
Les cuisiniers m’ont accueillie dans leur bureau ou dans une salle de
l’établissement. Il est arrivé que les entretiens soient interrompus quelques
instants pour permettre aux cuisiniers de vaquer à leurs occupations : répondre à
l’appel d’un fournisseur, donner des informations à son équipe sur le nombre de
couverts, etc.
Généralement, les entretiens ont eu lieu dans l’après-midi entre 14h et 17h après
le service du midi.
Carte 6 : Entretiens réalisés auprès de cuisiniers de la restauration collective du Parc- A. Fournié, avril
2014, à partir d’une cartographie créée par D. Azaïs (PNRHL)
Les réponses et les verbatims ont été notés au fur et à mesure durant les
entretiens. Par manque de temps, un seul entretien a été retranscrit. Cependant,
84
les notes prises durant les entretiens ont été répertoriées dans un tableau afin
d’en faire une synthèse et de permettre dans un second temps l’analyse :
85
3.1. Le choix de la méthode : le questionnaire auto-administré
Toutefois, certains commentaires écrits par des répondants ont fait l’objet d’un
traitement qualitatif.
3.2. L’échantillon
Dans cette troisième phase, la population mère concernée par l’enquête est
composée d’élèves du primaire au lycée. Une étude exhaustive auprès de cette
population mère est difficile à réaliser notamment par manque de temps, c’est
pourquoi un échantillonnage a été réalisé.
Au départ, pour sélectionner les sujets concernés par l’enquête, il a été prévu de
recourir à la méthode empirique c'est-à-dire un échantillonnage par quota en
réalisant « un échantillon identique à la population au niveau de certaines
caractéristiques ou variables contrôlées » (Grinschpoun, 2012, p.24). L’objectif
était d’avoir un certain équilibre entre des répondants tarnais et héraultais afin
que l’échantillon soit représentatif du territoire pluriel du PNR du Haut-Languedoc
86
en tenant compte de la richesse des climats, des paysages et des produits qu’il
est possible de trouver sur ce territoire.
3.3. Le terrain
- une présentation :
« Bonjour, je suis étudiante et je réalise une enquête sur la cuisine et les produits
locaux. Pour cela j’ai besoin de ton aide. Ainsi, je te remercie pour les réponses
87
que tu vas apporter aux questions ci-dessous. Tu peux remplir ce questionnaire
librement car les réponses seront traitées de manière anonyme. »
Il n’a pas été mentionné dans cette présentation le lien avec le Parc naturel
régional du Haut-Languedoc pour ne pas influencer les réponses aux questions.
- de renseignements signalétiques :
Age : Sexe : F / M
Classe : Établissement :
Département :
! Tarn
! Hérault
Figure 21 : Questionnaire, les renseignements signalétiques
Autre
88
- des questions sur les spécialités traditionnelles :
« Voici quelques spécialités culinaires, peux-tu relier les photos de ces spécialités
à leurs noms ? »
Source : B. Fabre
o À la maison o Oui
o À la cantine o Non
o Non
o o La croustade
Source : B. Fabre
o À la maison o Oui
o À la cantine o Non
o Non
o o Les oreillettes
Source : A. Fournié
o À la maison o Oui
o À la cantine o Non
o Non
o o La bougnette
Source : Pinterest
o À la maison o Oui
o À la cantine o Non
o Non
o o Le melsat
Source : B. Fabre
o À la maison o Oui
o À la cantine o Non
o Non
o o Les curvelets
Source : Pinterest
Figure 23 : Questionnaire, les spécialités culinaires du Parc du Haut-Languedoc
89
- la possibilité d’ajouter un commentaire :
Une fois que le questionnaire a été créé, il a fait l’objet d’un test auprès d’enfants
du personnel du Parc naturel régional du Haut-Languedoc avant la distribution des
questionnaires dans les établissements. Six questionnaires ont été testés auprès
d’un jeune public de neuf à dix-huit ans avec la présence de commentaires
intéressants :
- « la chichoumée, je ne savais pas que c’était de la ratatouille »
- « les repas que je n’ai jamais mangé, je ne sais pas si j’aimerai les manger
à la cantine »
- « la soupe au fromage, non car trop peu pratique »
- « manger local, c’est manger de la nourriture venant de mon jardin »
90
3.3.2. La collecte des données
Pour collecter les données, des établissements scolaires ont été contactés par
mail pour présenter le projet et demander l’autorisation de passer des
questionnaires à leurs élèves. Néanmoins, il y a eu très peu de réponses,
uniquement le collège du Jaur à Saint-Pons-de-Thomières (34) a répondu
favorablement.
Ainsi fin mai, 190 questionnaires ont été imprimés et apportés à ce collège.
Lors d’une animation scolaire organisée par le Parc naturel régional du Haut-
Languedoc entre deux écoles tarnaises, 24 questionnaires ont été remplis.
Au final, 270 questionnaires auto-administrés ont été retournés et ont été remplis
par 23 établissements.
91
Répartition*des*questionnaires*selon*les*
établissements*(N=270)*
80#
76#
70#
60#
50#
40#
29#
30#
22#
20#
13# 12#
10# 11# 11#
8# 9# 9# 9#
10# 7# 7# 6#
5# 5# 6# 6#
3# 4#
2#
0#
0#
92
Pour conclure sur ces questionnaires, la « notion de certitude n’existe pas »
(Berthier, 2010, p.175) dans un échantillonnage et c’est le cas dans cette
situation : l’échantillon n’est pas représentatif du territoire du Parc.
L’intervalle de confiance (Berthier, 2010, p.175) n’a dans ce cas, peu de valeur :
E = ± ! 1 − ! /!
Si les réponses peuvent donner une indication, elles ne peuvent pas être
généralisées. C’est pourquoi, seuls les commentaires laissés par les élèves feront
l’objet d’un traitement qualitatif.
93
Au fur et à mesure du retour des questionnaires, ces derniers ont été enregistrés
dans PSPP :
Une fois les 270 questionnaires entrés dans le logiciel, les réponses ont fait l’objet
de traitements statistiques (fréquences, descriptives).
Chaque méthode a son lot d’inconvénients. Dans le cas du focus group, les
données obtenues sont « le plus souvent consensuelles » (Poulain, 2012,
p.477) aux groupes sélectionnés, ce qui peut limiter la généralisation de ces
données. Dans le cas des entretiens, les personnes interrogées peuvent être
réticentes à donner leurs idées, encore plus lorsqu’elles sont plusieurs à être
94
interrogées en même temps. Cela peut entrainer des réponses désirables et ne
témoignant point de la pensée de l’enquêté :
Durant les focus groups, les difficultés rencontrées n’ont pas été ingérables,
cependant, elles furent présentes. Elles sont à notifier :
75
JOSSELIN-LERAY Amélie. Choix du mode de recueil des informations (en ligne). Disponible sur
: < http://theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.2005.josselin_a&part=100270 >.
(Consulté le 27-07-2014).
95
- Le manque de matériel :
Il est plus confortable lors de l’organisation d’un focus group de posséder une
caméra afin de filmer les communications non-verbales et les interactions. Le Parc
n’en possédant pas, uniquement le son a été enregistré.
- L’occitan :
Des mots et des expressions ont été maintes fois prononcés en occitan durant les
entretiens, rendant de ce fait difficile leurs écritures. Ainsi, à la question
« comment ce mot s’écrit-il ? », la réponse fut « je ne sais pas, l’occitan ça se
parle, ça ne s’écrit pas » (H. Saint-Pons-de-Thomières, mai 2014).
Exemple :
- Le mesturet :
Nombre de réponses
Réponses justes 33
Réponses fausses 117
Pas de réponse 120
N= 270
Tableau 6 : Répartition des réponses concernant la spécialité du mesturet
96
- La période de l’année :
Les questionnaires ont été prêts mi-mai, une période délicate entre les jours fériés
et la fin de l’année scolaire.
De ce fait, il a été difficile de réajuster le tir pour avoir un échantillon à peu près
représentatif.
o le taux de réponse
Le taux de réponse signifie « le rapport entre le nombre de questionnaires
complétés dont nous disposons à la fin de la collecte et la taille de l’échantillon tiré
au départ » (Tremblay, 1991, p.178)76
Entre les questionnaires qui ont été perdus et les questions laissées sans
réponses, cela entraine un problème de représentativité et un mauvais
contrôle de l’échantillon non des moindre.
76
JOSSELIN-LERAY Amélie. Choix du mode de recueil des informations (en ligne). Disponible sur
: < http://theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.2005.josselin_a&part=100270 >.
(Consulté le 27-07-2014).
97
Le manque de temps ou d’intérêts, du fait que les répondants ne soient « pas
demandeurs de l’enquête » (Berthier, 2010 p.94) entraînent des non-réponses ou
des réponses écrites à la va-vite.
98
PARTIE III :
Résultats et
analyses
99
Chapitre Un : Les résultats du terrain
Le travail de terrain effectué dans les trois phases décrites précédemment dans la
partie Mise en problématique et méthodologie (cf. p.66), a permis le recueil de
données répondant ainsi aux objectifs qui ont été énoncées à chacune d’entre
elles. Dans cette partie, les résultats obtenus lors des différentes phases sont
exposés.
Les focus groups ont permis de réaliser l’objectif initial de cette phase : récolter
des recettes traditionnelles et des produits locaux du Parc du Haut-Languedoc.
Outre cet objectif, à partir des expériences et des verbatims recueillis auprès de
personnes âgées du territoire, il a été possible d’identifier les ressemblances, les
différences au niveau des spécialités et des habitudes alimentaires entre les
secteurs du territoire.
Les focus groups ont montré que les habitudes alimentaires entre les secteurs
sont relativement proches. Deux produits phases étaient partagés par l’ensemble
du territoire : le cochon et la châtaigne.
Des différences peuvent s’accentuer en fonction de la topographie, entre les
territoires de plaines au sud du périmètre et les territoires de montagne au nord où
les hivers sont rigoureux. Par exemple, dans la cuisine des plaines tarnaises, nous
retrouvons le canard, la farine de maïs au travers des spécialités comme le millas
ou le millassine que nous ne retrouvons peu ou pas dans les autres parties du
territoire.
100
territoire et de ses hommes qui vendaient ou échangeaient leurs produits avec le
Bas-Languedoc ou encore Toulouse. Ainsi, les hommes descendaient de leur
territoire, les pommes de terre, les châtaignes, les piquets de vigne (Saint-
Gervais-sur-Mare, mai 2014), la charcuterie et remontaient des produits comme le
vin, l’huile d’olive, le citron que nous retrouvons dans la recette du poumpet, etc.
Par la suite, les résultats des focus groups ont permis de réaliser un inventaire des
produits et des spécialités traditionnelles du territoire auquel nous nous
attarderons au Chapitre Deux.1 (cf. p.111). Ce recensement a été utilisé comme
un outil dans la confection des menus pour la formation et le concours à l’occasion
d’un comité de pilotage :
101
Figure 28 : Document de travail créé pour le comité de pilotage du 22 juillet 2014 sur les recettes
traditionnelles et les produits locaux dans le PNRHL (Annexe 9)
102
2. Phase 2 : Identifier les faisabilités des recettes traditionnelles du Haut-
Languedoc en restauration collective
Certains plats comme la poule au pot ou le millas peuvent demander du temps par
la mise en œuvre, de la préparation au service en salle. Un cuisiner évoque même
un « plat mange temps » (RC médico-sociale) pour la poule au pot ou la poule
farcie. Le manque de temps et le manque de personnel peuvent freiner la
proposition de ces plats au menu.
Les avis concernant le mesturet sont mitigés. Pour trois cuisiniers, la cuisson de
cette spécialité est trop longue constituant ainsi un frein pour eux. Au contraire,
pour d’autres, cette pâtisserie est leur spécialité.
Le poumpet, cette spécialité tarnaise au citron, est très peu réalisé du fait que le
laminoir pour réaliser les pâtes feuilletées fait défaut dans de nombreuses
cuisines. Ce problème peut être résolu en achetant des pâtes feuilletées. Ce n’est
103
pas pour autant que cette spécialité n’est pas proposée aux menus. Les cuisiniers
préfèrent l’acheter auprès des pâtissiers de la commune :
« Le poumpet je j’achète au pâtissier. Je veux apprendre à le faire,
mais le pâtissier ici au village ne veut pas donner sa recette. Je l’ai
fait à la maison, mais je le trouve moins bon que le sien. »
(Cuisinière – RC scolaire et médico-sociale)
104
Toutefois, ce sont des plats, de par l’histoire du territoire de « vivre avec les
moyens du bord » (F. Saint-Gervais-sur-Mare, mai 2014), qui sont
économiquement accessibles, ce qui est apprécié en restauration collective. En ce
qui concerne, la problématique du manque de temps, certains cuisiniers la
contournent en réalisant des cuissons différées ou de nuit pour les plats mijotés :
Les plats mijotés (daube, ragoût, poule au pot) ont un succès en maisons de
retraite du fait qu’ils soient connus par les convives et qu’ils aient du goût :
105
sauce. S’ils sentent le morceau d’un légume c’est fini. C’est une
astuce que j’ai trouvé ici qui fonctionne » (Cuisinier – RC scolaire)
Ainsi, l’appréciation des légumes chez les jeunes convives est variable selon leurs
préparations culinaires et les textures. C’est ce que nomme Nathalie Rigal, « l’effet
Béchamel »77 à la suite d’une étude réalisée :
« Une étude portant sur 1050 repas servis en crèche a montré que
dans la situation de self-service, 51 % des enfants choisissent le
chou-fleur quand il est en gratin, 36 % quand il est à la vapeur et 15
% en salade ».
Ces entretiens ont également été une occasion de rappeler ou de faire découvrir
certaines spécialités culinaires du Parc du Haut-Languedoc aux cuisiniers :
77
RIGAL Nathalie. La naissance du goût (en ligne). Disponible sur :
<http://www.agrobiosciences.org/IMG/pdf/cahier_rigal.pdf >. (Consulté le 18-08-2014).
106
3. Phase 3 : Sonder les jeunes convives
Durant la troisième partie du terrain, 270 questionnaires ont été récoltés. Les
répondants sont pour la plupart des élèves de 4e entre 13 et 14 ans et notamment
des garçons.
Répartition*des*
questionnaires*
selon*le*niveau* Répartition*des*
scolaire*(N=270)* répondants*(N=270)*
111# 12%#
120#
100#
80# Homme#
60# 48#
23# 30#
40# 15# 20# 20# 30%#
20# 1# 2# 58%# Femme#
0#
Non#
communiqué#
107
Répartition*géographique*des*
répondants*(N=270)*
Tarn#
Hérault#
Haute=Garonne#
Aude#
Ariège#
Pyrénées=Orientales#
Non#communiqué#
0# 50# 100# 150# 200# 250# 300#
Des biais ont été rencontrés lors de la passation du questionnaire, par conséquent
les données recueilles ne peuvent pas faire l’objet d’une analyse statistique et être
généralisée. Cependant, il est possible de faire un état des lieux des réponses
apportées par les répondants.
108
oreillettes, la moitié des répondants du poumpet. Nonobstant, cette dernière
spécialité est d’origine tarnaise, le résultat est donc à nuancer du fait d’une sur-
représentativité des réponses tarnaises. Parmi les spécialités salées, 106 ont déjà
mangé de la soupe au fromage, 135 de la daube, 106 des reponchons, 124 de la
poule au pot à la maison.
Les plats que les enquêtés aimeraient bien manger à la cantine se rapprochent
des spécialités que les répondants ont l’habitude de consommer ou ont déjà
mangé chez eux (croustade, soupe au fromage, daube!) :
Tableau 7 : Les spécialités que les jeunes convives enquêtés aimeraient manger à la cantine
109
Tableau 8 : Les spécialités que les jeunes convives enquêtés n’aimeraient pas manger à la cantine
Parmi les 270 questionnaires, nous pouvons au travers des commentaires laissés
par les élèves, relever un certain intérêt pour ces spécialités via un champ lexical
du plaisir gustatif employé. L’évocation de ces spécialités traditionnelles du Parc
du Haut-Languedoc aiguise leur appétit, ce qui est encourageant pour la suite du
travail et la réalisation de ces recettes en restauration collective. De plus, certains
commentaires exposent le fait que ce jeune public ne connaisse pas ces
spécialités ou leurs noms, encourageant aussi le travail de mémoire et de
transmission à réaliser :
- « c’est très bon »
- « il y a beaucoup de plats que je ne connais pas » (x2)
- « j’aimerai manger tout ça »
- « j’ai faim » (x3)
- « je garde la liste pour penser à les goûter »
- « je ne connais pas les noms et les plats locaux mais je les ai peut-être
déjà mangés »
- « je suis difficile, j’aime pas le fromage et je ne raffole pas de la viande »
- « on devrait pouvoir bénéficier de plats plus originaux et variés »
- « je ne suis pas friande de la cuisine française »
- « rajouter le jambon de Lacaune »
- « je ne connais pas grand chose à la gastronomie française »
- « je ne connais pas le millas, le mesturet, la poule au pot »
- « je ne connais pas le poumpet ni la daube »
- « ce sont des plats anciens et gras mais bons »
- « très agréable, à refaire »
Les données recueillies durant les trois phases de terrain sont au point de départ
de l’analyse et de l’étape de validation ou d’invalidation des hypothèses énoncées.
De surcroît, elles constituent une information primordiale à l’organisation du
110
concours de cuisine valorisant les recettes traditionnelles, les produits locaux et de
la Marque Parc du Parc naturel régional du Haut-Languedoc.
L’analyse des données issues du terrain se divise entre deux thématiques autour
du patrimoine culinaire et des rapports au temps et à l’espace, bien qu’elles soient
étroitement liées.
Au cours des focus groups, les personnes âgées questionnées ont témoigné
d’une vie simple mais dure dans un milieu montagnard du fait d’hivers froids. Les
habitants faisaient avec les « moyens du bord » (F. Saint-Gervais-sur-Mare, mai
2014) comme ils se plaisent à le dire, pour confectionner les repas de la tablée.
De ce fait, l’approvisionnement des denrées était marqué par l’autoproduction
avec le potager, les animaux de basse-cour et la cuisine sauvage au travers des
plantes, du gibier, des champignons, des châtaignes..
111
F : « je sais que ma maman nous faisait de la daube de
sanglier…des grives à la broche… » (Olargues, juin 2014)
Ainsi, pour les personnes âgées interrogées, leur vie était synonyme de
simplicité : « la simplicité et puis voilà » (F. Montredon-Labessonnié, mai 2014). La
cuisine familiale était en adéquation avec la saisonnalité et le territoire : « on
mangeait naturel…maintenant on mange que du trafiqué » (F. La Salvetat, juin
2014). Cette référence à la naturalité par les légumes du potager, les produits frais
et les préparations maison, s’oppose à une alimentation industrielle et par
conséquent à une alimentation dite moderne.
La valeur de la naturalité a été évoquée à plusieurs reprises durant les focus
groups (La Salvetat, Saint-Amans-Soult..) essentiellement par des femmes.
Ce renvoi à une alimentation maison et dite naturelle évoque l’inquiétude et la
méfiance des personnes interrogées vis à vis des « objets comestibles non
identifiés » (Fischler, 2001, p.218) et stigmatisant de surcroît la modernité
alimentaire. Une sorte de « boîte noire » (Fischler, 2011, p.36) s’est constituée
entre le mangeur et les industries agroalimentaires. Ainsi, en trafiquant un aliment,
en l’éloignant d’un lieu, d’une mémoire, l’industrie affaiblie les représentations et
les valeurs associées à cet acte primaire mais si social. Cette référence à la
naturalité cache de plus, une dépendance forte à cette époque donnée, vis-à-vis
du biotope78.
78
ZANCANARO Frédéric. Patrimoine et terroirs. Cours de Master 2 Alimentation, ISTHIA,
Université Toulouse 2, 2014.
112
F : « Je cuisinais mais vous savez, je cuisinais comme cuisinaient
mes parents, ce n’était rien d’extraordinaire » (Saint-Pierre-de-
Trivisy, mai 2014).
Pourtant, la cuisine du Parc du Haut-Languedoc se base sur certains rites annuels
comme la tuée du cochon. Elle nécessite des savoirs pratiques, une dose de
créativité pour faire en fonction des moyens. Elle se base d’autant plus sur une
transmission orale et par observation. Cette cuisine est ainsi « significative »
(Barthes, 1961, p.980), elle constitue une information sur cette vie passée et
actuelle sur un territoire rural de plaines et de moyenne montagne en mutation.
Toutefois, un rite annuel se déroule sur l’ensemble du territoire que ce soit dans
les plaines que dans les territoires montagneux du périmètre. Ce rite, c’est la tuée
du cochon qui réunit les hommes et les femmes au début de l’hiver, pour
constituer la provision estivale de charcuterie.
À la simple évocation de la tuée du cochon durant les focus groups, les souvenirs
ont fusé. Au-delà de permettre à une famille de se nourrir dans l’année, la tuée du
cochon est prétexte de partage, de commensalité, d’amitiés et de festivité. La
famille et les amis viennent aider à sceller le sort du cochon avant de s’attabler
autour d’un repas de fête presque gargantuesque : frésinat, poule farcie, pommes
de terre au tustet, oreillettes, croustades…
113
Ainsi, la tuée du cochon constitue un des aspects de la vie sociale des habitants
du Parc du Haut-Languedoc. Autrement dit un fait social, caractérisé par des
échanges tant matériels que symboliques. Le repas du jour de la tuée du cochon
s’article par exemple autour du « don – contre don » décrit par Marcel Mauss79
permettant au lien social de se pérenniser.
La tuée du cochon lie les hommes dans le temps au-delà de cet évènement. Le
don de son temps est ainsi rendu au travers d’un contre-don : un repas partagé,
de la charcuterie, son aide pour une prochaine tuée du cochon…
79
HEC. Fiche de lecture Essai sur le don Marcel Mauss 1923-1924 (en ligne). Disponible sur : <
http://appli6.hec.fr/ >. (Consulté le 20-08-2014).
114
Un autre produit emblématique du territoire réunit les hommes et les femmes : la
châtaigne. Implantés sur le territoire du Haut-Languedoc depuis 6000 ans, les
châtaigniers ont marqué le paysage malgré son déclin aujourd’hui du fait des
changements climatiques peu favorables à son implantation. Néanmoins, les
châtaigniers ont constitué et constituent encore une ressource économique pour
ce territoire. Son fruit a tant nourri la population et a inspiré de nombreuses
préparations culinaires : farine, châtaignons, gâteau, pain, soupe crème…Tout un
savoir-faire s’est développé autour de ce produit emblématique participant à la
construction d’une mémoire collective :
80
« Faire rôtir les châtaignes » en occitan.
115
F : « Quand on mangeait les premières châtaignes, on buvait le vin
nouveau » (Saint-Gervais-sur-Mare, mai 2014)
81
Médiathèque André Malraux Béziers méditerranée. Café-philo – Un vieillard qui meurt, c’est une
bibliothèque qui brûle (proverbe africain) – animé par Michel Tozzi (en ligne). Disponible sur :
http://www.mediatheque-beziers-agglo.org/EXPLOITATION/Default/doc/AGENDA/438/cafe-philo-
un-vieillard-qui-meurt-c-est-une-bibliotheque-qui-brule-proverbe-africain-anime-par-miche >.
(Consulté le 30-05-2014). !
116
Face aux mutations de la société, des modes de vie et du rapport au temps, la
tuée du cochon est de moins en moins pratiquée sur le territoire. Cependant, sa
présence continue à symboliser une certaine tradition empreinte de savoirs et
d’une certaine festivité. La tuée du cochon nécessite des savoirs basés sur des
expériences accumulées et donc sur la transmission entre les générations. Ces
acquis sont le plus souvent, l’apanage des anciens posant ainsi tous les enjeux de
la transmission.
Transmettre, c’est faire en sorte qu’il y ait de la mémoire. Sans cette dernière,
c’est l’oubli et la disparition progressive de la culture d’un groupe et par
conséquent, de la perte éventuelle des savoir-faire culinaires. En matière de
transmission, les sociétés se distinguent entre celles qui disposent d’une longue
tradition écrite et celles d’une longue tradition orale. Dans les sociétés à
tradition écrite, la cuisine et ses techniques sont codifiées au travers le
développement d’une littérature culinaire (Montanari, 2010, p.45) auxquelles se
réfèrent ses membres et permettant à cette cuisine de voyager au-delà de ses
frontières. À la différence des sociétés à tradition orale où les savoirs culinaires
sont « destinés à ne laisser aucune traces à long terme, en théorie » (Ibid.). La
transmission orale entre les générations en va à sa survie. Nonobstant, l’oralité
permet aux recettes de se décliner en « versions » (Poulain, 2004, p.145) illustrant
les distinctions « géographiques, sociales ou familiales » (Ibid.). En effet, une
tradition orale invite davantage les cuisiniers à la créativité et à la spontanéité en
conséquence d’un affranchissement total des recettes écrites :
117
H : « L’occitan, ça se parle, ça ne s’écrit pas » (Saint-Pons-de-
Thomières, mai 2014).
Certains plats du territoire portent par ailleurs une appellation en occitan. C’est le
cas des curvelets, des gaufres roulées tarnaises, du ragoût d’escoubilles
signifiants les restes82.
Les liens entre une langue et une cuisine sont souvent associés car se rapportant
toutes les deux à l’identité culturelle. Claude Lévi-Strauss rappelle en effet que
« la cuisine d’une société est un langage dans lequel elle traduit inconsciemment
sa structure » (Poulain, 2005, p.143).
La transmission orale des savoirs culinaires sur le territoire était également
favorisée par le fait que plusieurs générations habitaient sous le même toit. La
transmission se faisait ainsi entre les grands-mères, les mères et les filles par les
expériences acquises, l’observation et par l’oralité :
Du fait de cette transmission orale, une recette est « la somme de ses variantes »
(Poulain, 2004, p.144), difficile de dire alors qu’il existe une « vraie recette » (Ibid.)
:
« Attention car le poumpet du pâtissier de Viane ce n’est pas encore
le même que celui de Soual ! » (Cuisinière – RC scolaire)
82
Dictionnaire étymologique de la langue d’oc. Escoubilles (en ligne). Disponible sur : <
http://www.etymologie-occitane.fr/2011/08/escoubilles/ >. (Consulté le 24-08-2014).
118
En raison de cet héritage de l’oralité, la cuisine du territoire du Parc du Haut-
Languedoc n’a pas été théorisée. Les personnes âgées restent les gardiennes de
cette cuisine, de ses traditions et par conséquent de sa transmission. La fonction
mémorielle attachée à cette cuisine valorise un sentiment d’appartenance à un
groupe (Bessière, 2012, p.36). Toutefois, cette cuisine se confronte aux
transformations des comportements alimentaires de ses membres.
119
Cette cuisine s’est inscrit par rapport à un certain « nourrissant consistant » où la
dimension énergétique était privilégiée (Poulain, 2005, p.187) pour nourrir le corps
des miniers, des agriculteurs et des tanneurs..
F : « Mais vous voyez, j’avais trois garçons, plus mon mari, alors
hein… Il fallait que je fasse du « gras manger », des pommes de
terre farcies ou des tomates farcies : de la chair à saucisse, un œuf,
un peu d’ail et du persil… » (Saint-Pons-de-Thomières, mai 2014)
Pour exemple, ce commentaire laissé par un élève qui associe les plats anciens
au gras et également à la qualité gustative de ces plats :
120
La cuisine du Parc du Haut-Languedoc n’est pas qu’affaire de gras, les légumes et
la cuisine sauvage sont très présents dans les préparations notamment au travers
de la soupe :
Figure 29 : Ramassage des consoudes lors de la journée Cuisine sauvage organisée par l'association
Le Solher - A. Fournié, 3 mai 2014
121
La culture alimentaire du Parc du Haut-Languedoc peut s’inscrire dans le
mouvement de « gastronomisation des cuisines paysannes et populaires » en lien
avec la « relocalisation de l’alimentation » (Fischler, 2013, p.249). La cuisine orale
du Parc du Haut-Languedoc constitue en revanche une menace pour sa survie si
mémoire se rompt.
122
Figure 30 : Article écrit pour la Dépêche du Midi, édition Tarn Castres, daté du vendredi 30 mai 2014
Figure 31 : Publication sur la page Facebook du PNRHL pour rechercher des photos de spécialités
cuinaires du PNRHL, mai 2014
123
Nous n’avons pas obtenu les résultats escomptés, mais cela a permis de partager
et d’informer sur l’action menée par le Parc sur son patrimoine culinaire. La page
Facebook du Parc est suivie majoritairement par des habitants et des acteurs
économiques du Parc selon le Community Manager.
En patrimonialisant cette cuisine, nous pouvons nous demander s’il n’y a pas un
risque de figer les recettes. Dans ce travail, il est nécessaire de garder en
mémoire cette tradition orale qui a tant marquée ce territoire et cette cuisine. Ce
patrimoine culinaire constitue un « support de projets » (Besssière, 2012, p.36)
auxquels les cuisiniers peuvent s’appuyer pour proposer leurs variantes ou
innover.
124
2. Thème 2 : Le rapport au temps et à l’espace chez les convives de la
restauration collective au travers des recettes traditionnelles et de
l’utilisation de produits locaux
Économiser son temps, perdre son temps, gagner du temps, courir après le
temps…autant d’expressions illustrant le rapport paradoxal des hommes avec le
temps. Dans une société hypermoderne, les hommes éprouvent en effet cette
difficulté « de penser le temps » du fait d’une « surabondance évènementielle »
(Augé, 2002, p.43) auxquels ils n’arrivent plus à donner du sens. Le rapport à
l’espace des hommes n’est non plus sans poser problème, l’individu vit désormais
dans « un espace à n dimensions » (Ascher, 2005, p.9) où il est amené à vivre,
circuler, visiter, imaginer dans un monde qui s’est rétréci du fait des progrès des
transports et des technologies. De surcroît, les individus intègrent ces nouveaux
rapports dans leur personnalité et dans leur manière de manger à en devenir
pluriel pour reprendre le triangle du manger : nomadisme alimentaire, découverte
de nouvelles saveurs…
Néanmoins, les individus éprouvent quotidiennement « le besoin de donner du
sens » (Augé, 2002, p.41) au temps, à leurs actions même par rapport aux
aliments qu’ils mangent. Or, les aliments modernes « standardisés et
indifférenciés » (Bessière, 2001, p.69) ont gommé ce lien à l’espace (ancrage
géographique), au temps (saisonnalité, temps de préparation..) et donc au
mangeur. L’industrie au travers ces « OCNI » (Fischler, 2001, p.218), mord par
125
conséquent « sur la fonction socialisatrice de la cuisine sans pour autant à
l’assumer » (Poulain, 2005, p.37). Ainsi, combler la soif ou la faim grâce à la pilule
de ce marchand ne suffit pas à nourrir les individus (et le Petit Prince,
heureusement !). Puisque l’alimentation n’est pas une consommation comme les
autres, elle se pense, elle se réfère à des identités, des modèles alimentaires, des
normes et des valeurs d’un groupe même à un imaginaire (Fischler, 2001, p.80).
L’engouement pour les produits locaux s’inscrit dans ce contexte, afin de
permettre aux mangeurs de retrouver cet ancrage spatial et cet ancrage temporel
assurant une « plus-value culturelle » aux aliments (Bérard, Marchenay, 2004,
p.109) Les produits du terroir sont porteurs de sens et d’identité pour les
mangeurs puisque selon Kant « temps et espace sont au contraire les conditions
de possibilités de notre perception, ils sont des formes a priori de notre
sensibilité » (Besse, Boissière, 2004, p. 79).
126
transmission83. En effet, « la formation culinaire s’opère de moins en moins dans
la famille d’origine84 » pour Claude Fischler en raison d’une évolution du modèle
familiale et d’une institutionnalisation de la vieillesse. Durant les focus groups, les
personnes âgées interrogées ont souvent évoqué le rôle de leur grand-mère dans
la transmission des recettes et savoir-faire culinaire du fait que plusieurs
générations cohabitaient sous le même toit :
83
DUPUY Anne. Education Alimentaire. Cours de Master 1 Alimentation, ISTHIA, Université de
Toulouse 2, 2013.
84
CREDOC. De la transmission à l’apprentissage des savoir-faire culinaires : regards croisés de
filles et de mères. Cahier de recherche, 2004, n°198 (en ligne). Disponible sur : <
http://www.credoc.fr/pdf/Rech/C198.pdf >. (Consulté le 23-07-2014).
85
DUPUY Anne. Education Alimentaire. Cours de Master 1 Alimentation, ISTHIA, Université de
Toulouse 2, 2013.
127
recettes traditionnelles, ils assurent la continuité et la conservation de celles-ci,
tout comme le plaisir pour les personnes âgées de les manger :
Transmettre c’est aussi permettre pour que plusieurs générations parlent une
même langue et partagent une même communauté au travers la cuisine d’un
territoire. La restauration scolaire en proposant des recettes traditionnelles du
territoire du Parc du Haut-Languedoc dans ses menus, permet aux jeunes
convives d’associer un « signifié » à son « signifiant » (Barthes, 1961, p.980), par
conséquent intégrer ces spécialités à leurs répertoires culinaires :
128
Associer un nom à son plat est un bon départ, la suite est d’apprendre à ces
jeunes convives de les inciter à goûter les spécialités culinaires pour qu’ils les
identifient et les reconnaissent en bouche :
« Tout ce qui est féculent cela a du succès, les légumes c’est plus
difficile…parfois pour une ratatouille je suis obligé de mettre du riz
pour la faire passer. Il faut souvent rajouter un féculent quand il y a
des légumes, peut importe lequel, mais il faut qu’ils le voient ».
(Cuisinier – RC scolaire)
86
RIGAL Nathalie. La naissance du goût (en ligne). Disponible sur :
<http://www.agrobiosciences.org/IMG/pdf/cahier_rigal.pdf >. (Consulté le 18-08-2014).
129
De plus, les jeunes convives ont tendance à « rejeter tout ce qui ne figure pas au
palmarès de leurs préférences alimentaires87 ». C’est le cas de ce commentaire
laissé par un élève :
« Par rapport aux produits locaux, quand ils ont commencé à manger
des betteraves rouges fraiches, alors qu'avant on leur donnait des
betteraves rouges en boîte, ce n'est pas du tout le même goût. On
retrouve le vrai goût de la betterave, et ils n'ont pas aimé ! Ils
préfèrent le goût fade de la betterave en boîte. C'est là qu'il y a un
boulot à faire, voilà c'est du frais, c'est le vrai goût de la
betterave et essayer de le valoriser, de permettre aux enfants de
retrouver le vrai goût des aliments ». (Cuisinière – RC scolaire et
médico-sociale)
87
RIGAL Nathalie. La naissance du goût (en ligne). Disponible sur :
<http://www.agrobiosciences.org/IMG/pdf/cahier_rigal.pdf >. (Consulté le 18-08-2014).
88
Ibid.
130
Les jeunes convives peuvent être de plus, présentés comme des
« consommateurs en puissance89 » d’où un intérêt de les éduquer au manger
local et au goût du terroir sur le court et long terme. La restauration collective en
participant à la structuration des circuits de proximité dans le territoire du Parc du
Haut-Languedoc participe à la démocratisation des produits locaux dans les
habitudes alimentaires des jeunes convives et également de leur famille grâce au
processus de socialisation inversée. Dans la mesure des moyens, les jeunes
générations ont l’opportunité d’intégrer de nouveaux produits dans les habitudes
alimentaires de leur famille d’autant plus lorsque les produits du terroir sont
associés à des représentations et des valeurs positives : histoire du territoire,
goût, levier pour soutenir l’agriculture de proximité….Puisque « manger nécessite
de mobiliser des représentations qui orientent et guident nos choix » (Lahlou,
2002, p.32).
Sur le long terme, ces jeunes convives seront les consommateurs de demain, la
restauration collective participe donc à leurs socialisations alimentaires et à leurs
apprentissages sociaux en leurs inculquant l’idée qu’une consommation
responsable est possible et nécessaire pour le maintien et le développement de
leur territoire tout comme pour leur santé et équilibre alimentaire. Afin que ces
jeunes générations deviennent des « consomm’acteurs » (Dubuisson-Quellier,
2011, p.73).
Les pauses consacrées aux repas sont de plus en plus malmenées par nos envies
de grignoter notre temps dans l’espoir d’en gagner, mais en perdant les
dimensions associées à l’alimentation.
La restauration collective intervient notamment au travers d’animations et
d’éducation alimentaire pour ritualiser à nouveau les repas et les inscrire dans un
cadre social, relationnel et affectif. La table est l’occasion pour les convives de
« d’entrer en scène » (Boutaud, 2005, p.12), de jouer un rôle en affirmant leurs
89
DUPUY Anne. Education Alimentaire. Cours de Master 1 Alimentation, ISTHIA, Université de
Toulouse 2, 2013.
131
goûts notamment ou en expérimentant au travers la découverte de nouvelles
saveurs.
Chez les personnes âgées, le repas est un plaisir partagé et un repère dans la
journée à en devenir « un acte de sociabilité » (Bérard, Marchenay, 2004, p.159)
ajoutant de la valeur à ce moment :
90
RIGAL Nathalie. La naissance du goût (en ligne). Disponible sur :
<http://www.agrobiosciences.org/IMG/pdf/cahier_rigal.pdf >. (Consulté le 18-08-2014).
132
une temporalité et à un lieu. Sur le territoire du Parc, c’est le cas du frésinat. Ce
plat, composé de gorge de porc et de pommes de terre en persillade se prépare
traditionnellement lors de la tuée du cochon pour le repas du midi. Ce plat marque
ainsi le début de l’hiver et renvoie à un repas partagé avec la famille, les amis. Ce
plat est métonyme d’une certaine festivité, à son évocation c’est « affectivité qui
s’énonce » (Danziger, 1992, p.11) :
133
dans le choix ou non de réaliser des recettes traditionnelles, d’utiliser des produits
locaux en restauration collective. Pour les expliquer, nous nous appuyons sur les
quatre types idéaux d’activités de Max Weber :
Les contraintes budgétaires auxquelles sont soumis les cuisiniers, les posent
comme de véritable gestionnaire. Néanmoins, ce calcul économique se réalise
également en raisonnant en coût portion. Dans ce cas, les morceaux de viande
locale « sont de plus gros volume » (PNRHL, 2013a, p.45) du fait qu’il y ait moins
de pertes lors de la cuisson. Par conséquent les produits locaux ne sont pas
forcément plus chers que les autres produits :
91
Cité scolaire d’Arsonval. Lexique de sciences économiques et sociales : Rationalité (en ligne).
Disponible sur : < http://www.lyc-arsonval-brive.ac-limoges.fr/secosoc/breve.php3?id_breve=551 >
(Consulté 19-08-2014).
134
• Activité rationnelle en valeur : « au service d’une conviction »92
Les cuisiniers rencontrés ont premièrement conscience du rôle qu’ils ont à jouer
pour le développement du territoire par le fait d’utiliser des produits locaux en
participant notamment à la structuration de circuits de proximité :
92
Cité scolaire d’Arsonval. Lexique de sciences économiques et sociales : Rationalité (en ligne).
Disponible sur : < http://www.lyc-arsonval-brive.ac-limoges.fr/secosoc/breve.php3?id_breve=551 >
(Consulté 19-08-2014).
135
Ces convictions se retrouvent également chez certains cuisiniers qui ne souhaitent
pas utiliser des fiches techniques et tenter de résister face à la normalisation des
pratiques en cuisine :
136
Parmi les cuisiniers rencontrés, certains n’ont pas fait toute leur carrière dans la
restauration collective, mais dans la restauration traditionnelle, dans des
restaurants semi-gastronomiques. Tomber dans la facilité avec les produits
industriels, tomber dans une certaine routine ne correspondent pas à la vision du
métier de cuisinier et des savoir-faire nécessaires pour nombreux d’entre eux.
Ce qui importe pour les cuisiniers est de faire plaisir à leurs convives. Quelle fierté
alors pour un cuisinier de voir notamment des enfants venir se resservir !
94
Cité scolaire d’Arsonval. Lexique de sciences économiques et sociales : Rationalité (en ligne).
Disponible sur : < http://www.lyc-arsonval-brive.ac-limoges.fr/secosoc/breve.php3?id_breve=551 >
(Consulté 19-08-2014).
137
Pour les cuisiniers particulièrement en maison de retraite, faire plaisir aux
personnes âgées à travers un bon repas est primordial :
« Le premier critère ici, c’est la qualité des repas…à leurs âges, ils
ne leurs restent que ce plaisir, le seul de la journée… » (Cuisinier –
RC médico-sociale)
Pour conclure, les habitudes culinaires issues du territoire du Parc naturel régional
du Haut-Languedoc s’inscrivent pleinement dans un rapport au temps et à
l’espace en s’attachant à des valeurs de proximité et de saisonnalité, où l’humain,
les temporalités, le territoire sont ses points forts. Dans un contexte où
l’alimentation est présentée comme un droit « au même titre que ce lui à la santé
ou loisir » (Poulain, 1997, p.151) et notamment un droit de manger des produits de
qualité, de saison et de proximité, cette cuisine s’intègre dans une démarche
d’une restauration collective responsable. Responsable en privilégiant la
saisonnalité et la proximité, en associant tous les acteurs de la restauration
collective (producteurs, cuisiniers, gestionnaires, convives) dans cette démarche
afin de maintenir des activités, également des paysages façonnés par l’homme et
les productions agricoles au fil du temps. En plus de rappeler qu’une produit du
terroir est dépendant du rythme de la nature, proposer des produits en adéquation
avec leur saison assure d’une certaine qualité organoleptique. Ce qui participe à
l’éducation au goût des convives et de rappeler des souvenirs gustatifs à certains :
« Ici c’est une population du 4e âge, donc ce sont des gens qui ont
plus de 80 ans…Ils ont toujours eu des jardins, des champs, on a ici
une population très rurale et ouvrière…Ils étaient donc habitués à
manger des haricots verts à partir du mois juillet ou du mois d’août,
maintenant on leur en file toute l’année, la tomate c’est pareil, alors
ils nous disent : « pourquoi tu nous files de la tomate alors
qu’elle n’est pas bonne »… Ils ne reconnaissent pas le goût
sucré des tomates qu’ils avaient dans leur jardin » (Cuisinier –
RC médico-sociale)
138
Par conséquent nous pouvons valider les hypothèses émises :
- La restauration collective scolaire joue un rôle dans la découverte et la
conservation des recettes traditionnelles issues du territoire du Parc du
Haut-Languedoc pour un jeune public ;
1. Le comité de pilotage
139
Les trois phases, leurs méthodologies et une ébauche des résultats ont été
présentés dans ce cadre permettant ainsi un premier choix dans les menus qui
seront préparés lors de la formation des cuisiniers en septembre et qui seront en
compétition à l’occasion du concours.
2. Les menus
Le comité de pilotage a permis de constituer les menus qui ont été retravaillés par
la suite avec l’aide du cuisinier-formateur chargé de la formation des cuisiniers à
Béziers. Il était nécessaire de concilier les critères de réalisation en restauration
collective et également de présentation à un concours de cuisine. Les menus
seront testés à l’occasion de cette formation et pourront être modifiés afin de
respecter la saisonnalité des produits :
Menu A :
Crème de butternut avec des brisures de châtaignes, morceaux de jambon de
Lacaune façon crumble
Poitrine de porc crousti-fondante et sa truffade
Croustade aux pommes et aux fruits secs.
Menu B :
Pain perdu retrouvé du Parc du Haut-Languedoc : melsat, poudre de cèpes,
vinaigrette au vin rouge de Faugères
Paleron de veau et sa déclinaison de carottes
Bras de vénus
Les cuisiniers devront intégrer à leur guise dans le menu du fromage (vache,
brebis, chèvre) du territoire du Parc naturel régional du Haut-Languedoc. Le choix
de ces menus s’est porté sur la volonté de valoriser des produits phares du
territoire du Parc naturel régional du Haut-Languedoc comme la châtaigne, la
pomme de terre, le melsat, le porc, le veau… Des spécialités pâtissières fort
140
appréciées sur le territoire et récoltées lors des focus groups n’ont pas été
oubliées dans la confection des menus.
141
4. Le concours de cuisine
Ce concours de cuisine forme une action pour exposer et apporter une valeur au
patrimoine culinaire issu du Parc naturel régional du Haut-Languedoc en
mobilisant des acteurs au-delà de son périmètre.
95
Festival M.A.D. Découvrez le MAD (en ligne). Disponible sur : < http://festival-
mad.com/2014/pages/le-salon/ > (Consulté le 27-08-2014).
142
Durant le concours, deux équipes composées chacune de trois cuisiniers de la
restauration collective du Parc du Haut-Languedoc devront préparer en trois
heures un menu représentatif du patrimoine culinaire du territoire et utiliser des
produits locaux, de saison et de la Marque Parc. Chaque menu devra toutefois
être adapté en fonction des caractéristiques de la restauration collective : les
convives, le prix, le temps, le matériel…
Au-delà de cet esprit de concours, cet évènement défend une valeur
fondamentale des Parcs : la dimension sociale et humaine.
En effet, en valorisant les recettes traditionnelles et les produits de qualité du
territoire, les acteurs participent à la transmission du patrimoine culinaire entre
les générations.
Le Parc naturel régional du Haut-Languedoc marque son attachement à son
territoire et à ses acteurs afin de mettre en place des actions collectives utiles
pour tous. Introduire des produits locaux en restauration collective permet :
- Pour les convives : déguster des produits locaux de qualité et connecter
leur alimentation à un territoire connu ;
- Pour les agriculteurs : avoir un débouché pour leur production tout au
long de l’année et en étant rémunéré à un juste prix ;
- Pour les paysages : maintenir un paysage agricole ;
- Pour les cuisiniers : valoriser leurs compétences, leurs savoir-faire et leur
créativité en travaillant à partir de produits bruts de qualité.
143
• Valoriser les produits locaux en restauratition
Acteurs de la restauration collective
collective : cuisiniers, • Informer sur la qualité alimentaire et nutritionnelle
gestionnaires.... en restauration colletive
Si le festival se déroule sur trois jours, le concours serait réalisé le vendredi par
rapport à la disponibilité des cuisiniers. Ceci coïncide avec la volonté des
organisatrices du MAD de favoriser la venue de groupes (écoles, maisons de
retraites…) durant ce jour-ci, ce qui correspond à notre public cible.
144
- La presse locale : Dépêche du Midi, Midi Libre, Midi Gourmand…
- Les restaurants collectifs : création de chevalets, de flyers, de set de table
pour informer les convives de la participation de leurs cuisiniers au
concours sur les recettes traditionnelles et les produits locaux.
Le menu qui récoltera le plus de point sera déclaré vainqueur. L’équipe gagnante
recevra un trophée symbolique. Le comité de pilotage a émis le souhait d’un
trophée en granit dans la mesure que le granit du Sidobre est un produit Marque
Parc afin de continuer ce lien au territoire. De plus, à la suite du concours, une
journée d’échanges pourrait être organisée entre cuisiniers et les producteurs
locaux du territoire du Parc pour continuer à renforcer les liens entre ces acteurs.
145
Pour remercier les candidats de leur participation et également les jurés, il est
imaginé de proposer un panier gourmand composé des produits locaux et/ou de la
Marque Parc qui seront ainsi valorisés lors de la cérémonie des résultats et remise
des prix.
Figure 35: Charte Graphique circuits court et gouvernance alimentaire (PNRHL, 2013b ,p.11)
146
Figure 36 : Fiche technique pour le livret de recettes – G. Asensio ; A. Fournié, août 2014
147
Une version numérique au format tableur sera également disponible et diffusée
aux cuisiniers afin de leur permettre de calculer automatiquement les quantités
nécessaires pour la confection des recettes en fonction du nombre de convives.
Les fiches techniques feront de plus l’objet d’une traduction en occitan pour
perpétuer cette attache avec le territoire et cette culture si présente. Les cuisiniers
pourront alors « signer leurs œuvres » (Poulain, 1995, p.144) en apportant leurs
personnelles via la modification de ces recettes en hommage de cette tradition
orale. Lors des entretiens, certains cuisiniers de la restauration collective ont
expliqué travailler avec cet outil pour confection leurs menus :
« Les fiches techniques, j’essaye d’en faire…Je vais vous faire voir
ce que j’ai dans l’ordinateur. Ça c’est la fiche technique du poulet à
la sicilienne… Là c’est pour 180 personnes, mais si je mets 300, il va
me donner les poids pour 300 personnes ». (Cuisinier – RC scolaire)
148
Figure 37 : Fiche technique en format numérique - G. Asensio ; S. Benmimoun ; A. Fournié, août 2014
149
CONCLUSION GENERALE
Ce stage au Parc naturel régional du Haut-Languedoc a constitué une expérience
enrichissante notamment dans l’approfondissement du travail sur le patrimoine
alimentaire et la sociologie du mangeur. Il a permis d’enrichir mes connaissances
sur la restauration collective et de m’intéresser aux Parcs naturels régionaux. En
six mois, j’ai pu découvrir une grande partie de ce territoire pluriel au travers le
travail de terrain réalisé, la rencontre d’acteurs et par ses spécialités culinaires.
Pour Philippe Descola, « c’est toujours par les manières de table que débute
l’apprentissage d’une culture inconnue96 » et nous ne pouvons que l’affirmer. Les
rituels autour de la tuée du cochon ou de produits phares comme la châtaigne
traduisent inconsciemment la structure, l’identité et l’histoire de ce territoire. Cette
cuisine a été décrite par les personnes âgées interrogées, par sa relative
simplicité en étant réalisée avec les moyens du foyer. Nonobstant, elle cache en
réalité, de la créativité, un savoir nécessaire pour que les cuisiniers et les
cuisinières puissent composer en adéquation avec les rythmes de la nature, les
produits de ce territoire de plaines et de moyennes montagnes. D’une nécessité,
ces produits sont devenus un choix pour les mangeurs face à cette abondance
alimentaire dans à laquelle ils ont accès et qui affranchit de plus en plus le rapport
au temps et à l’espace des denrées. Or, les mangeurs désirent se penser dans ce
monde hyperconnecté et exprimer leur identité culturelle à travers leurs actes de
consommation. Pour faire le bon choix parmi cette profusion alimentaire, cela
nécessite de parler la même langue que celle de son groupe d’appartenance et
que la transmission de cet héritage culinaire se perpétue entre les générations.
Dans un territoire à tradition orale marqué par la culture occitane, cette
transmission est menacée. La valorisation des recettes traditionnelles et des
produits du territoire apparaît comme en enjeu pour la pérennisation d’une identité
culturelle et également des productions agricoles qui ont tant façonnées les
paysages du Parc. Par ses missions confiées par le Code de l’Environnement, le
Parc naturel régional du Haut-Languedoc n’est pas indifférent face à cette culture
alimentaire. Bien au contraire, de nombreux projets sont menés auprès des
96
Beer Studies. Manières de boire des jivaros Achuars (en ligne). Disponible sur :
<http://www.beer-studies.com/explorer?geo=30&chrono=134&theme=110&id=334 >. (Consulté le
3-09-2014).
150
habitants et en collaboration avec les acteurs de la restauration collective. C’est
donc naturellement que ce projet de concours pour valoriser les recettes
traditionnelles, les produits locaux et de la Marque Parc s’est tourné vers les
cuisiniers de la restauration collective. La restauration collective apparaît comme
un terrain d’expérimentation pour des initiatives locales, car elle permet de
démocratiser les produits locaux, de mettre les recettes traditionnelles dans les
assiettes et d’influencer les habitudes alimentaires des convives. Pour les jeunes
convives, ces actions ainsi que cette sensibilisation à une consommation
territorialisée et au travail des agriculteurs locaux permet de construire le
consommateur de demain, d’autant plus dans un contexte d’inquiétudes face à
une certaine défaillance de la transmission (éducation alimentaire, héritage
culinaire…). Etant donné que l’alimentation est pourvue de multiples dimensions,
les convives doivent retrouver un sens, un rapport au temps et à l’espace dans
l’acte de manger si individuel mais si collectif lorsqu’il est partagé autour d’une
tablée. Ainsi, le concours de cuisine, outre son caractère festif, constituera une
opportunité dans la valorisation de ce patrimoine culinaire, du beau travail réalisé
par les agriculteurs et les cuisiniers de la restauration collective pour combler nos
papilles et notre esprit.
151
BIBLIOGRAPHIE
o Ouvrages :
BECK Ulrich. La société du risque : sur la voie d’une autre modernité. Paris :
Aubier, 2001, 521 p.
152
Périgord noir. Paris Budapest Torino : L’Harmattan (Logiques sociales), 2001, 364
p.
153
DIRY Jean-Paul. Les espaces ruraux. Paris : SEDES, 1999, 191 p.
LAHIRE Bernard. L’homme pluriel : les ressorts de l’action. Paris : Pluriel, 2011,
392 p.
154
LAHLOU Saadi. Penser manger. Paris : Presses Universitaires de France, 1998,
256 p.
155
PROUST Isabelle et al. Désirs et peurs alimentaires au XXIe siècle : évolutions
sociales et comportements alimentaires, problématiques économiques et
responsabilité collectives. Paris : Dalloz, 2006, 283 p.
o Articles :
FISCHLER Claude. L’alimentation, une consommation pas comme les autres. Les
Grands Dossiers des Sciences Humaines, Mars-avril-mai 2011, n°22, pp.34-37.
156
LAHLOU Saadi. La vraie valeur des repas : manger et imaginer. Sciences
Humaines, juin 2002, n°128, pp.32-35.
o Communications à un colloque :
GIACHETTI Ismène. Identités des mangeurs, images des aliments. Ecole d’été
23-25 juin 1994 Tours, 217p.
157
PNRHL. Charte 2011 – 2023 : Rapport. Saint-Pons-de-Thomières : 2011a, 184 p.
158
TABLE DES ANNEXES
#
Table des figures c
Table des tableaux d
Table des cartographies e
Table des graphiques e
Annexe 1 : Guide d’animation pour les focus groups en maison de retraite,
exemple de celui d’Olargues (34) f
Annexe 2 : Retranscription du focus group à Saint-Amans-Soult (81) – Mercredi
14 mai 2014 de 9h55 à 11h45 i
Annexe 3: Retranscription du focus group à Saint-Pons-de-Thomières (34) –
Mercredi 21 mai 2014 de 14h45 à 16H15 x
Annexe 4 : Retranscription du focus group à Saint-Pierre-de-Trivisy (81) –
Vendredi 30 mai 2014 de 14h30 à 15h30 hh
Annexe 5 : Retranscription du focus group à Olargues (34) – Jeudi 5 Juin 2014
de 14h30 à 15h30 tt
Annexe 6 : Guide d’entretien – étude de faisabilité auprès des cuisiniers de la
restauration collective ddd
Annexe 7 : Retranscription d’un entretien auprès d’un cuisinier de la
restauration collective en maison de retraite (81) hhh
Annexe 8 : Questionnaire auprès des élèves qqq
Annexe 9 : Quelques explications sur les spécialités culinaires du Parc du Haut-
Languedoc sss
Annexe 10 : Programme de la formation pour les cuisiniers du 24 septembre
2014 à Béziers uuu
Table des matières www
b
TABLE DES FIGURES
FIGURE 1 : LA MISE EN PATRIMOINE (POULAIN, 2012, P.983) : SCHEMA COMPLETE – A.
FOURNIE, JUILLET 2014 17
FIGURE 2 : LES SIQO 27
FIGURE 3 : LOGO DE LA MARQUE SUD DE FRANCE, REGION LANGUEDOC-ROUSSILLON 28
FIGURE 4 : PROGRAMME NATIONAL POUR L’ALIMENTATION 33
FIGURE 5 : LES CHIFFRES DE LA RESTAURATION COLLECTIVE FRANÇAISE EN 2012
(XERFI) 37
FIGURE 6 : LES ENJEUX D’UNE RESTAURATION COLLECTIVE DE QUALITE (DRAAF
RHONE-ALPES) 45
FIGURE 7 : LES CHIFFRES CLES DES PNR (FEDERATION) 48
FIGURE 8 : SCHEMA EXPLICATIF DE LA GOUVERNANCE DANS LES PARCS (PNR DE
FRANCE, 2014, P.21) 52
FIGURE 9 : EXPLICATIONS DU LOGO DU PARC DU HAUT-LANGUEDOC – A. FOURNIE,
JUILLET 2014 58
FIGURE 10 : LES STRATEGIES DU PNRHL POUR ACCOMPAGNER LE TERRITOIRE A
E
RELEVER LES DEFIS CITOYENS DU 21 SIECLE 59
FIGURE 11 : LOGO DES PRODUITS BENEFICIANT DE LA MARQUE PARC 61
FIGURE 12 : EXEMPLES DE LIVRETS DE RECETTES REALISES SUR DES PRODUITS
EMBLEMATIQUES DU TERRITOIRE DU PNRHL 61
FIGURE 13 : GUIDES TECHNIQUES REALISES PAR LE PNRHL POUR DEVELOPPER UNE
RESTAURATION COLLECTIVE LOCALE 62
FIGURE 14 : ENJEUX A L’ORGANISATION D’UN CONCOURS DE CUISINE EN
RESTAURATION COLLECTIVE POUR LE TERRITOIRE - A. FOURNIE, JUIN 2014 65
FIGURE 15 : CHRONOLOGIE DU DEROULEMENT DU STAGE AU PNRHL – A. FOURNIE 70
FIGURE 16 : BASE DE DONNEES DES MAISONS DE RETRAITE DU TERRITOIRE DU PNRHL–
A. FOURNIE, AVRIL 2014 73
FIGURE 17 : ORGANISATION SPATIALE DES FOCUS GROUPS – A. FOURNIE, JUILLET 2013
77
FIGURE 18 : SYNTHESE DES FOCUS GROUPS 80
FIGURE 19 : SYNTHESE DES ENTRETIENS AUPRES DES CUISINIERS DE LA
RESTAURATION COLLECTIVE 85
FIGURE 20 : LE PRINCIPE D'ECHANTILLONNAGE (MARTIN, 2009, P.15) 86
FIGURE 21 : QUESTIONNAIRE, LES RENSEIGNEMENTS SIGNALETIQUES 88
FIGURE 22 : QUESTIONNAIRE, QU’EST-CE QUE MANGER LOCAL ? 88
FIGURE 23 : QUESTIONNAIRE, LES SPECIALITES CULINAIRES DU PARC DU HAUT-
LANGUEDOC 89
c
FIGURE 24 : QUESTIONNAIRE, DES COMMENTAIRES A AJOUTER ? 90
FIGURE 25 : LES REFERENCES SPATIALES DE MANGER LOCAL POUR UN GARÇON DE 14
ANS 90
FIGURE 26 : CREATION D’UN MASQUE DANS PSPP 93
FIGURE 27 : LES REPONSES DES QUESTIONNAIRES DANS PSPP 94
FIGURE 28 : DOCUMENT DE TRAVAIL CREE POUR LE COMITE DE PILOTAGE DU 22
JUILLET 2014 SUR LES RECETTES TRADITIONNELLES ET LES PRODUITS LOCAUX
DANS LE PNRHL (ANNEXE 9) 102
FIGURE 29 : RAMASSAGE DES CONSOUDES LORS DE LA JOURNEE CUISINE SAUVAGE
ORGANISEE PAR L'ASSOCIATION LE SOLHER - A. FOURNIE, 3 MAI 2014 121
FIGURE 30 : ARTICLE ECRIT POUR LA DEPECHE DU MIDI, EDITION TARN CASTRES, DATE
DU VENDREDI 30 MAI 2014 123
FIGURE 31 : PUBLICATION SUR LA PAGE FACEBOOK DU PNRHL POUR RECHERCHER DES
PHOTOS DE SPECIALITES CUINAIRES DU PNRHL, MAI 2014 123
FIGURE 32 : SIGNIFIE / SIGNIFIANT - A. FOURNIE, AOUT 2014 128
FIGURE 33 : AFFICHE DU FESTIVAL MEDITERRANEE A DEGUSTER 142
FIGURE 34 : LE PUBLIC CIBLE DU CONCOURS DE CUISINE 144
FIGURE 35: CHARTE GRAPHIQUE CIRCUITS COURT ET GOUVERNANCE ALIMENTAIRE
(PNRHL, 2013B ,P.11) 146
FIGURE 36 : FICHE TECHNIQUE POUR LE LIVRET DE RECETTES – G. ASENSIO ; A.
FOURNIE, AOUT 2014 147
FIGURE 37 : FICHE TECHNIQUE EN FORMAT NUMERIQUE - G. ASENSIO ; S. BENMIMOUN ;
A. FOURNIE, AOUT 2014 149
d
TABLEAU 6 : REPARTITION DES REPONSES CONCERNANT LA SPECIALITE DU MESTURET
96
TABLEAU 7 : LES SPECIALITES QUE LES JEUNES CONVIVES ENQUETES AIMERAIENT
MANGER A LA CANTINE 109
TABLEAU 8 : LES SPECIALITES QUE LES JEUNES CONVIVES ENQUETES N’AIMERAIENT
PAS MANGER A LA CANTINE 110
e
Annexe 1 : Guide d’animation pour les focus groups en maison de retraite,
exemple de celui d’Olargues (34)
Le Haut-Languedoc – Olargues
f
Expression des goûts et des expériences culinaires de l’enfance (fonction
mémorielle de l’alimentation)
< Quand je vous évoque l’enfance, avez-vous Quelles sont pour vous les
des goûts, des odeurs qui vous reviennent en
saveurs de votre enfance ?
tête ?
// Nostalgie – rejet de ces
saveurs ?
Il y a-t-il des odeurs de votre enfance qui vous
ont marquées ?
// Fêtes
La transmission des recettes
g
< Quelles sont les recettes qui vous ont été
transmises ?
Les avez-vous transmises
à votre tour ? à qui ?
Comment cherchiez-vous
vos recettes ? Sur quels
supports ?
Marché, supermarché,
< Où faisiez-vous vos courses alimentaires ? producteurs locaux,
autoproduction (quoi ?)
" Liens avec les canaux
d’approvisionnement
Dispositifs de jugement et
de confiance
Les spécialités culinaires
h
< A la maison de retraite avez-vous l’occasion Si oui, qu’est-ce que vous
de cuisiner ?
cuisinez ?
Recettes à proposer
Pouvez-vous me citer les
< Pour terminer, est-ce que chacun a une ingrédients nécessaires et
recette traditionnelle du Haut-Languedoc ou
décrire les démarches à
d’Olargues que vous souhaiterez faire
partager ? suivre ?
i
Participants :
#00:09:36-5#
Cl. = animatrice ; M. = F. 89 ans ; El = PNRHL : Maintenant que je vous
F. 91 ans ; Mar = F. 100 ans ; Jul = F. connais mieux, on va débuter et on
90 ans ; Ev = F. 91 ans ; Jac = H. 67 va parler du territoire du HL, alors ici
ans ; Ja = H. 76 ans ; I = F. 99 ans ; nous sommes dans la Montagne
Cla. = F. 73 ans ; O. = F. 90 ans. Noire, c'est ça ?
#00:09:56-4#
Début du Focus :
Ja. : Oui #00:10:02-6#
PNRHL : Bonjour, je vous remercie
d'avoir accepté de répondre à des PNRHL : Pour vous, qu'est-ce qui
questions sur les recettes caractérise le territoire du HL ?
traditionnelles. #00:02:23-5# Alors Qu'est-ce qui fait la spécificité du HL
nous allons commencer par se ? #00:10:14-9#
présenter mutuellement. Je
commence, je m'appelle A., j'ai 23 El. : Le Haut-Languedoc c'est entre
ans, je suis stagiaire au Parc. l'Hérault et le Tarn et Garonne.
#00:03:33-0# Autrefois, c'était un état, les états du
Languedoc. Maintenant c'est dans le
I. : 99 ans, nous sommes deux ici à Tarn... #00:10:54-0#
être du même âge. Je suis du Tarn,
je me suis mariée à St Amans M. : Et l'Aude aussi #00:10:59-8#
#00:04:30-1#
PNRHL : Et non, le Parc du Haut
PNRHL : Et Cla., quelle âge avez- Languedoc il y a uniquement les
vous et d'ou venez-vous ? #00:04:32- départements du Tarn mais aussi de
5# l'Hérault. #00:10:59-8#
El. : Moi, je n'en mange pas El. : Les pommes de terre, on peut
#00:13:31-6# les manger rôti, avec des légumes,
grillés... #00:15:32-6#
M. : Moi j'en ai mangé et c'est bon.
#00:13:39-1# M. : On en donnait aussi aux bêtes
#00:15:36-3# #00:15:51-5#
PNRHL : Et M. si vous avez un mot
pour caractériser ce territoire, quel PNRHL : Pour vous, quels sont les
serait ce mot ? #00:13:43-3# savoirs et les savoir-faire de la
Montagne Noire ? Qu'est-ce qu'on fait
M. : La Montagne #00:14:04-0# dans ce territoire à part l'agriculture ?
#00:16:05-5#
PNRHL : Ce territoire est donc
caractérisé par la montagne M. : On faisait le délainage, séparer
#00:14:04-7# la laine du cuir des peaux du mouton
Comment est la vie dans la montagne #00:16:13-2#
? #00:14:12-4#
PNRHL : Quels sont les produits
El. : Dans la montagne, on vit avec emblématiques de la Montagne Noire
les moyens du bord #00:14:15-7# ? #00:16:33-8#
k
PNRHL : Est-ce que vous faisiez la PNRHL : Est-ce que vous faisiez des
croustade aux noix ? #00:17:08-5# râgoûts ? #00:20:03-3#
l
Montagne Noire et nul part ailleurs. n'est pas connue de partout si ?
#00:21:56-8# #00:23:47-4#
n
Ensemble : avec des pommes de Animatrice : Et c'est typique d'ici ou
terre #00:30:16-8# c'est de partout les escargots ?
#00:31:46-2#
Animatrice : est-ce que vous avez
une autre odeur ? #00:30:23-7# Mar. : Il fallait les gener dans la sciure
#00:32:27-1#
Ensemble : les tripes ! #00:30:23-7#
Animatrice : Alors ça je ne savais
PNRHL : Elles étaient faites comment pas, il fallait les faire gener
les tripes ? #00:30:24-1# #00:32:30-6#
Cla. : Ça se dit aussi les "gras M. : Bien les laver, avec du vinaigre
double" #00:30:29-9# #00:33:13-1#
Animatrice : Les triples, c'est donc les O. : Mais on n'en trouve presque plus
"gras double". Les triples, les '"gras des escargots, on en vendait au
double" c'est quoi ? #00:30:35-8# marché de Mazamet, mais il y en a
presque plus.... #00:34:11-7#
El. : C'est la même chose #00:30:40-
9# PNRHL : Et tout à l'heure El. a
évoqué ce souvenir de l'odeur de la
M. : C'est l'estomac coupé en charcuterie, je suppose que c'était en
morceaux. #00:30:52-0# lien avec la tuée du cochon. Qu'est-
ce qu'on mangeait durant cette tuée
PNRHL : On mettait quoi dans ces du cochon ? #00:34:22-8#
triples, car il y a beaucoup de
recettes ? #00:30:54-9# Cla. : On tuait le cochon en hiver
surtout #00:34:36-4#
M. : On y mettait du jambon,des
feuilles de lauriers, du vin... PNRHL : Qu'est-ce qu'on mangeait
#00:31:10-9# ce jours là ? #00:34:40-3#
p
PNRHL : Comment vous avez appris El. : Les enfants ne questionnaient
à cuisiner ? #00:46:30-1# pas les parents... #00:49:52-5#
q
PNRHL : Tout à l'heure, vous m'avez PNRHL : Il y avait quoi dans ces
parlé des pommes de terre, comment choux farcis ? #00:53:42-1#
vous les cuisiniez ? #00:52:12-2#
M. : De la farce #00:53:53-4#
M. : Cuites, purées, ragoûts, en "robe
de chambre" #00:52:15-1# Animatrice : de la farce de quoi ?
#00:53:53-4#
PNRHL : En "robe de chambre" ?
#00:52:18-2# Ensemble : de saucisse, avec du pain
et un oeuf #00:54:17-5#
El. : Ça veut dire pas épluchées
#00:52:45-6# PNRHL : Tout à l'heure, El. a dit
qu'on faisait avec les moyens du
Ja. : des pommes de terre brouillées bord, il y avait donc le potager, mais
#00:52:50-8# est-ce qu'il y avait une cuisine
sauvage ? #00:54:24-8#
PNRHL : Brouillées ? #00:52:50-8#
El. : ah oui, les lapins sauvages on en
El. : des pommes de terre entières _ tuait aussi. #00:54:37-0#
#00:52:52-3#
PNRHL : Est-ce qu'il y avait des
PNRHL : Est-ce que vous aviez un champignons ? #00:54:41-6#
potager à l'époque ? #00:52:55-5#
El. : Ah oui, il faut les connaitre ...
Cla. : Tout le monde avait un jardin #00:54:48-8#
#00:53:02-7#
Animatrice : Avec la cuisine sauvage,
PNRHL : Qu'est-ce que vous qu'est-ce qu'on pouvait faire ?
produisiez dans votre potager ? #00:54:51-7# Qu'on trouvait dans la
#00:53:03-6# #00:53:03-6# montagne et qu'on pouvait cuisiner
gratuitement ?
Ensemble : haricots verts, haricots
secs, tomates, céleri, poireaux... M. : Des lapins ... #00:55:01-2#
#00:53:20-1#
Ev. : des reponchons... #00:55:01-5#
Cla. : On n'allait pas au marché, on
allait au jardin #00:53:22-3# Animatrice : Des reponchons, ça c'est
intéressant #00:55:01-5#
Ensemble : des choux #00:53:23-6#
PNRHL : Qu'est-ce que c'est des
PNRHL : On faisait quoi avec ces reponchons ? #00:55:01-5#
choux ? #00:53:23-6#
Ensemble : c'est très bon #00:55:24-
M. : De la soupe, du gratin ou bien 3#
farcis #00:53:39-9#
PNRHL : On les préparait comment
El. : C'est bon les choux farcis les reponchons ? #00:55:36-7#
#00:53:42-1#
r
Ja. : En vinaigrette, même en Ensemble : des chanterelles, des
omelette #00:55:42-5# morilles, des cèpes, des girolles, des
mousserons, des pradelets
M. : Avec un oeuf dur #00:56:22-0# #01:00:02-2#
t
PNRHL : Est-ce que vous faisiez de PNRHL : le millas c'est un gâteau ?
la farine de châtaigne ici ? #01:10:58-4#
#01:07:44-4#
M. : On le faisait au chaudron, il fallait
Ensemble : non, pas ici #01:07:44-4# le remuer souvent #01:11:04-7#
u
Animatrice : M. quelle est votre Jac. : le gras double #01:21:19-2# , la
spécialité ? #01:15:22-7# poule au pot... #01:21:36-7#
v
El. : Non, c'est de l'Hérault ça... Animatrice : On m'a dit, que le
#01:25:47-4# pumpet c'était fait avec la graisse
d'oie... #01:30:45-3#
Ja. : Ici, dans la région il y a bien le
Pumpet à Mazamet #01:26:09-2# El. : Oui à l'origine... #01:30:53-0#
Animatrice : donc ça pourrait être lié Animatrice : Dans tout ce qui est
avec l'évolution des transports, des digestif, il y a l'eau de noix....
marchandises à cette époque. Ça #01:36:53-3#
date de quand le pumpet ?
#01:29:37-4# Ja. : l'eau de vie avec du marc de
raisin #01:37:39-2#
M. : Moi quand j'étais jeune je
n'avais jamais entendu du pumpet... Animatrice : en apéro, qu'est-ce que
#01:29:47-7# les hommes avaient l'habitude de
boire et qu'est ce que les femmes
Ja. : C'est récent... ça a été mis à la avaient l'habitude de boire ?
mode.... #01:30:23-1# #01:37:45-2#
El. : les guignes il fallait les cuire... Thomières (34) – Mercredi 21 mai
(petites cerises acides) #01:41:44-4# 2014 de 14h45 à 16H15
Animatrice : Ce transmission de
savoirs c'est important...
#01:46:00-8#
x
Participants : ML : et les truites aussi ! #00:08:00-
Animatrice ; Au. : H. 94 ans (ancien 1#
boucher) ; ML : F 89 ans ; C. : F ; Ma
: F 94 ans ; Au. : ma femme faisait bien la
Ag : F ; A : F. cuisine, de la soupe aussi #00:08:28-
2#
Entretiens :
... #00:00:39-8# PNRHL : de la soupe à quoi ?
#00:08:28-2#
PNRHL : Alors maintenant, je vais
vous poser des questions sur le Au. : poireau, haricots (moitié vert
territoire et les recettes moitié beurre), pommes de terre,
traditionnelles, d'accord ? Alors,
qu'est-ce que pour vous le Haut- .... #00:13:39-0#
Languedoc (HL) ? #00:02:57-3#
PNRHL : Vous êtes gourmand ?
Au. : le Haut-Languedoc et bein c'est #00:13:39-0#
St-Pons #00:03:01-0#
Au. : je ne suis pas gourmand, j'aime
PNRHL : Et qu'est-ce qui caractérise ce qui est bon (rire) #00:13:28-6#
ce territoire ? Saint-Pons ? Pour
vous, qu'est-ce que c'est le Somail ? Animatrice : Ce sont les bonnes
#00:03:37-7# choses qui font devenir comme ça!
#00:13:51-9#
ML : il y a rien ici.. #00:05:35-9#
PNRHL : Quels sont les savoirs, les
Animatrice : Et Au. qu'est-ce que savoir-faire du Somail, du HL ?
vous cuisiniez ? C'était votre femme, #00:20:33-8#
mais vous aimez bien manger !
#00:05:35-9# Au. : à l'époque, il y avait beaucoup
de moutons #00:20:37-3#
Au. : Mieux qu'ici (rire) #00:05:45-5#
PNRHL : Et pourquoi il n'y a plus de
ML et Animatrice : Ah non, on mange mouton aujourd'hui ? #00:20:38-8#
bien ici #00:05:45-7#
Au. : car il n'y a plus d'éleveurs !
Au. : chez moi, à l'époque du gibier... Avant chaque maison avait une
#00:06:16-3# dizaine de mouton, à St Pons, il y
avait des vaches, on vendait du lait,
Animatrice : comment vous cuisiniez du lait chaud hein..moi j'allais
le sanglier ? #00:06:13-0# directement à la vache pour me servir
un verre de lait, je me régalais ! C'est
Au. : en saucisse, moitié porc moitié pour ça que je suis si vieux! (rire)
sanglier #00:06:28-0#.... des carottes, #00:23:19-5#
à l'époque on mangeait beaucoup
d'agneaux... il y avait beaucoup de PNRHL : Pourquoi on faisait du
moutons... #00:07:15-7# mouton ici ? #00:23:21-3#
y
Au. : pour la laine et puis pour les
agneaux ! #00:24:14-4# PNRHL : Pour vous, quels sont les
produits emblématiques du Somail,
PNRHL : quels plats faisiez vous du HL ? #00:28:01-0#
avec l'agneau ? #00:24:14-4#
Au. : ici ?! La châtaigne ! enfin à
Au. : les blanquettes ! À Pâques, un l'époque ! #00:28:09-0#
gigot d'agneau ? #00:24:34-7#
PNRHL : Pourquoi "à l'époque" ? Pas
PNRHL : Et ML qu'est-ce que vous aujourd'hui ? On en fait toujours de la
faisiez avec l'agneau ? #00:24:34-7# châtaigne ? #00:28:07-3#
Ma. : oui pour les conserver, et après Au. : Parce qu'avant sans mentir, la
quand ils étaient bien secs on les ventrèche elle était comme ça
séchait en l'air.... #00:54:23-4# (grandeur de quatre doigts)...à la
poêle pour qu'elle fonde avec sa
PNRHL : Est-ce que vous conserviez graisse, quand c'est bien cuit, c'était
avec des bocaux ? #00:54:26-0# bon... #01:04:11-0#
Ma. : ah oui, c'est moins compliqué... PNRHL : est-ce que vous faisiez de
ma soeur habite à côté de Béziers, la daube ? #01:04:11-0#
elle fait des haricots verts, même les
fruits... #00:58:21-3# Au. : de la daube non, on faisait des
(...) Vous connaissez les chicorées ? tripes ! #01:04:11-0#
Et bein avec la fleur je faisais de la
liqueur, mais je ne peux plus vous Ag. : du "gras double" #01:04:14-3#
dire comment je la préparais, je ne
me rappelle plus des proportions... PNRHL : Est-ce que vous pouvez me
même la liqueur de thym c'était bon, parler des "gras double" ?
je le faisais macérer... #00:58:51-5# #01:04:15-4#
Au. : rôti avec de l'huile #01:13:11-8# A. : j'ai vécu avec des personnes
âgées, donc à 15 ans, je savais déjà
PNRHL : et en accompagnement ? faire la soupe et tout ! On apprenait !
#01:13:11-8# Nous, nos parents nous ont appris
#01:19:18-7#
dd
PNRHL : Ils vous ont appris comment Ma. : on faisait tout nous même, on
? #01:19:21-9# achetait rien #01:24:24-2#
PNRHL : Est-ce que vous aviez un PNRHL : Et oui, on n'a pas parlé de
potager ? #01:20:10-7# la châtaigne, vous en faisiez ?
#01:26:53-7#
Ma. : ah bein oui, un "potager" vous
savez ce que c'était aussi ?... une Ma. : le marron, on le faisait cuire, on
grille où on mettait du charbon du l'épluchait complètement, on le
charbon..., comme un récipient où on passait au moulinet à légumes et on
mettait la braise dessous...Nous on faisait de la pâte...mais en une
appelait ça le potager #01:20:50-4# minute c'est mangé !
#01:28:24-7#
A. : ça remplaçait les cuisinières
#01:22:25-5# A. : je trouve que c'est trop
On faisait des tripes, on les portait au gourmand, c'est comme la pâte de
boulanger #01:22:37-2# coing #01:28:52-2#
ff
PNRHL : le millas, on m'a dit qu'il
pouvait être aussi sucré #01:46:51-
3#
Fin de l'entretien
gg
Annexe 4 : Retranscription du focus group à Saint-Pierre-de-Trivisy (81) –
Vendredi 30 mai 2014 de 14h30 à 15h30
Animatrice : Il faut que ce soit une F. : c'est la grande fête fin octobre...
pâte fermentée... #00:08:03-6# #00:09:37-4#
ll
Ensemble : ah oui, tout le monde tuait F. : la sanquette c'est avec la volaille !
le cochon! #00:18:41-2# #00:21:03-3#
PNRHL : Gér. qu'est-ce que vous PNRHL : est-ce que vous faisiez du
faisiez ce jour ci ? #00:18:43-9# millas ? #00:21:07-7#
PNRHL : Gér. vous faisiez aussi des PNRHL : Il y a un monsieur qui m'a
boudins ? Qu'est-ce que vous faisiez dit qu'il faisait le millas avec la farine
? #00:19:49-5# de maïs et de la graisse de cochon...
#00:21:24-2#
Gér. : des boudins, des melsats....
#00:20:02-7# Animatrice : oui c'est la graisse de
cochon #00:21:27-1#
F. : des bougnettes... #00:20:12-4#
MaL. : Quand on avait fait fondre le
Animatrice : Est-ce que quelqu'un gras du cochon dans un chaudron en
peut lui dire la spécialité qu'on faisait cuivre, qu'on _avait enlevé... sans
quand on tuait le cochon ? laver le chaudron on mettait de l'eau
#00:20:12-4# et on faisait le millas. C'est de l'eau,
de la farine de maïs et un peu de sel,
Ensemble : le frésinat ! #00:20:22-0# on le faire cuire, on met ça dans un
plat, on le coupe en tranche...pour le
PNRHL : Donc ça c'était le jour de la faire rôtir à la poêle... #00:22:05-2#
tuée du cochon #00:20:27-3#
PNRHL : Mais il y a certains endroits
F. : à midi! #00:20:31-1# comme en Haute-Garonne, le millas
est sucré ... #00:22:09-8#
PNRHL : On m'a dit que ce jour, on
mangeait le frésinat, une poule farcie, Animatrice : ah oui #00:22:19-4#
c'est le cas ici ? Qu'est-ce que vous
mangiez le jour de la tuée du cochon F. : avec de la confiture #00:22:19-
? #00:20:46-2# 4#
nn
Animatrice : Vous vous en rappelez Animatrice : après on a le mesturet,
madame, allez parlez-en un peu... je ne sais pas si on vous en a parlé ?
#00:26:37-1# #00:29:55-2#
F. : ce n'était pas moi qui les faisait PNRHL : Oui, on m'a parlé du
#00:26:46-5# mesturet au safran... #00:30:01-9#
PNRHL : Mais vous les mangiez par Animatrice : le mesturet, c'est une
contre #00:26:51-3# pâtisserie qui se fait avec du potiron,
ici on appelle ça de la courge rouge,
MaL. : il faut que l'huile soit bien mais c'est du potiron... #00:30:10-8#
chaude, et quand elles étaient cuites,
je mettais du sucre #00:27:54-0# F. : c'est un genre de beignet, qu'on
fait dans la friture, mais il y a
PNRHL : est-ce qu'ici on fait des plusieurs recettes, on peut le faire
"curvelets" ? #00:27:54-6# aussi au four... #00:30:36-1#
oo
F. : la courge sauvage aussi, c'est sauvages...Alors si le lapin était jeune
plus fade, on ramassait la fleur...Il y on le cuisinait à la poêle avec des
avait ma copine tous les soirs, quand oignons, enfin on le voyait au pelage
on marchait, elle disait "je ramasse le s'il était tendre ou s'il était dur, et les
souper". #00:32:57-3# autres en civet... #00:37:04-8#
qq
Ensemble : non #00:44:39-7# de toucher les allocations familiales,
mais je n'y suis pas allée...on avait
Animatrice : C'était que du bouche à autre chose à faire à la maison...
oreilles #00:44:48-0# #00:46:24-8#
PNRHL : c'était elle qui faisait la PNRHL : et pourquoi vous n'étiez pas
cuisine ? #00:45:38-0# cuisinière ? #00:49:20-6#
F. : oui c'était elle qui faisait la cuisine F. : parce que j'avais pas le temps de
#00:45:43-1# faire la cuisine, je travaillais
#00:49:28-5#
PNRHL : Elle vous a appris quoi ?
#00:45:43-1# PNRHL : c'était votre maman, votre
belle-mère qui faisait la cuisine ?
F. : elle m'a appris à faire de tout... #00:49:28-5#
#00:45:47-3#
F. : un peu moi, mon mari et ma
PNRHL : elle vous a transmis les maman quand j'étais avec elle
recettes, en cuisinant à côté de vous #00:49:30-0#
? #00:45:54-0#
Animatrice : Et monsieur, un plat que
F. : oui #00:45:54-0# vous aimez bien manger ?
#00:49:41-3#
PNRHL : Donc tout le monde a appris
à faire la cuisine en regardant ou en H. : oh moi, tout dans le cochon ! les
étant à côté de la personne qui poules, les poulets, les canards, les
cuisinait. #00:46:01-0# pintades #00:49:56-4#
ss
Annexe 5 : Retranscription du focus group à Olargues (34) – Jeudi 5 Juin
2014 de 14h30 à 15h30
Participants :
Animatrice ; Ge. : F - 91 ans ; Ro. : F F. : il est plus gros.... #00:01:40-2#
- 90 ans ; Yv. : F - 89 ans ; Re. : F -
92 ans ; Yvo. : F - 92 ans ; H (arrivé Re. : et surtout plus sucré, et il a un
en cours d'entretien). parfum qu'il n'y a que lui qu'il a ! Vous
en trouverez partout à Béziers du
Focus Group : marron d'Olargues, mais avec aucun
d'Olargues parce que maintenant les
PNRHL : Alors je vais commencer, ici châtaigniers ont la maladie et les
nous sommes dans le territoire châtaigneraies n'existent
d'Olargues, pour vous, qu'est-ce qui pratiquement plus... #00:02:05-3#
caractérise ce territoire ? qu'est-ce
qui fait la spécificité de ce village ?
#00:00:29-1# PNRHL : et donc ici la spécialité c'est
le marron d'Olargues, est-ce qu'il y a
F. : Ce qui caractérise Olargues, c'est d'autres spécialités ? #00:03:28-6#
le châtaignier. #00:00:38-3#
F. : la cerise ! Mais maintenant les
PNRHL : Oui, ici nous sommes cerisiers ne sont plus trop exploités
même entourées de châtaigniers... Et car ils ne sont pas rentables...
il y a un marron ici à Olargues, le #00:03:44-3#
marron d'Olargues non ? #00:00:44-
0# PNRHL : Donc il y a de moins en
moins de producteurs ici ?
F. : Oui, en fait c'est le marron de #00:03:55-7#
Saint-Vincent... #00:00:50-9#
F. : Du côté de Vieussan il y a des
PNRHL : le marron de Saint-Vincent cerisiers et des beaux! #00:04:18-2#
? #00:00:51-6#
PNRHL : Est-ce qu'ici il y a des
Re. : le marron d'Olargues, c'est oliviers ? des productions d'olives ?
spécifique ! Il n'y a que le marron #00:04:18-2#
d'Olargues ! #00:01:18-2#
Animatrice : ça commence
F. : Saint-Vincent c'est la prune... #00:04:23-9# Il y en avait eu avant,
#00:01:25-6# avant 56 #00:04:30-9#
Animatrice : Quand vous étiez enfant, PNRHL : est-ce que vous faisiez la
qu'est-ce que votre mère vous faisiez bougnette ici ? #00:11:52-8#
à manger ? #00:08:43-2#
Re. : non la bougnette, il faut aller sur
F. : normal, toujours des petits pois, Saint Pons, pas à Olargues
des lentilles ou des pois cassés #00:12:08-3#
#00:08:58-8#
PNRHL : Et le jour où vous tuiez le
Animatrice : et ça venait d'où tout ça cochon, est-ce que vous mangiez du
? #00:08:58-8# frésinat ? #00:12:53-5#
uu
que la graisse prenne, quand on
Ensemble : du frésinat ! ça faisait faisait les morceaux de cochon...les
parti du repas du cochon! et de temps os du jambon ou de la colonne
en temps, on nous en fait ici... vertébrale on les utilisait pour la
#00:13:24-7# soupe... #00:16:20-2#
PNRHL : avec des pommes de terre PNRHL : Est-ce que c'est ça qu'on
bouillies ? #00:13:31-1# appelait la "méthode" ? #00:16:20-2#
Re. : le frésinat, on fait bouillir des Re. : ah la méthode, mais ici on n'en
pommes de terre et on les écrase fait pas beaucoup. La méthode, ce
bouillie dans le jus du frésinat... ça sont des morceaux du ventre du
c'est le frésinat de Saint Pons, de la cochon qu'on met à l'eau salé, puis
Salvetat, de partout... ma grand-mère qu'on met dans des ragoûts ou dans
le faisait comme ça... #00:13:56-2# la soupe si on veut. #00:16:38-7#
F. : oui, une persillade, de l'ail avec PNRHL : Est-ce que vous faisiez des
du persil.. #00:14:53-3# oreillettes ? #00:17:21-2#
vv
PNRHL : D'accord, vous ne faisiez
F. : un peu de café aussi... pas de volailles ? de poulets ?
#00:18:33-2# #00:20:56-4#
Re. : et puis, comme ça elle était plus Re. : suivant la saison, on mangeait
liquide, la confiture, elle, elle n'est pas les légumes du jardin #00:21:11-1#
liquide #00:18:41-8#
PNRHL : Tout le monde avait un
PNRHL : Les marrons d'Olargues, jardin ici ? #00:21:16-7#
est-ce qu'on les mange comme ça ou
on les fait rôtir ? #00:18:48-0# Re. : beaucoup de famille avait un
petit jardin familial, on faisait
Re. : on a des poêles exprès, quelques pommes de terre,
trouées, et on appelle ça les marrons #00:21:25-7#
grillées. On les fait griller, il faut la
flamme d'une cheminée et puis on les PNRHL : qu'est-ce que vous
épluche... #00:19:06-0# produisiez dans votre jardin ?
#00:21:25-7#
F. : on les faisait tremper #00:19:20-
1# Ensemble : des haricots, des
tomates, des aubergines, de la
Re. : les marrons gri_llés ça marchait salade, des poireaux l'hiver, de la
souvent avec le vin nouveau... le mâche aussi en hiver on appelle ça la
premier vin de la récolte d'Olargues... doucette, c'était la salade d'hiver,
#00:19:53-4# quelques navets... #00:22:02-1#
PNRHL : et cette poêle trouée pour Re. : vous avez une région spéciale
faire griller les marrons, est-ce qu'elle pour les navets pas loin... #00:22:05-
a un nom ? #00:20:05-1# 1#
ww
F. : oui, on fait rôtir la viande et puis F. : on appelait ça "la fatigue du
on met les navets, on fait un ragoût... cochon" #00:24:47-0#
#00:23:05-4#
PNRHL : la "fatigue du cochon" ?
Re. : ils ont un goût spécial, c'est le qu'est-ce que c'est ? #00:24:53-0#
terrain qui lui donne ça... #00:23:27-
6# Re. : quand on tuait le cochon, il faut
charcuter tous les morceaux... on
PNRHL : Tout à l'heure, vous m'avez appelle ça la "fatigue du cochon"
dit que dans votre jardin vous alors les voisins venaient aider
produisiez des tomates, des #00:25:19-2#
aubergines et avec ça est-ce qu'on
faisait la chichoumée ? #00:23:32-0# F. : à l'époque, on faisait les
saucisses à la main... #00:25:19-2#
Ensemble : oui #00:23:34-3#
Re. : et oui on n'avait pas de machine
PNRHL : qu'est-ce que c'est la ! avec un couteau qui coupait bien,
chichoumée ? #00:23:34-7# en prenait les morceaux de la
saucisse et on les coupait en petits
F. : la chichoumée, c'est des tomates, dés, on les hachés, on les pesait et
des poivrons, des aubergines et un on mettait tant de sel par kilo, tant de
peu d'oignon... #00:23:51-8# poivre par kilo...il fallait faire attention
au sel #00:25:43-5#
PNRHL : c'est un peu une ratatouille
en fait ? #00:23:52-3# PNRHL : Et Monsieur, vous faisiez de
la charcuterie ? #00:25:53-5#
Re. : exactement, mais la ratatouille il
y a une courgette en plus #00:24:00- H. : oh non, mais tous les voisins
6# dans une rue, à tour de rôle tuaient
un cochon, pour avoir une provision
F. : oui dans la chichoumée, elle n'y tout l'été et alors à tour _de rôle, celui
est pas... #00:24:24-4# qui tuait le cochon, il se faisait aider
par les voisins et il les invitait, c'était
F. : mais il faut des légumes bien une fête quoi...dans la rue...
mûrs pour la chichoumée... #00:26:23-2#
#00:24:26-8#
PNRHL : D'accord, une fête dans la
PNRHL : Bonjour Monsieur... rue. Et dans votre famille, comment
#00:24:26-0# se transmettaient les recettes ?
Comment avez-vous appris à cuisiner
Animatrice : Monsieur, on disait qu'à ? #00:26:36-7#
l'époque, quand on tuait le cochon,
c'était toute la rue qui était en fête. F. : Maman #00:26:38-6#
#00:24:40-4#
PNRHL : Avec votre Maman, est-ce
PNRHL : Il y avait du monde alors, il qu'il y avait des carnets de recettes ?
fallait d'ailleurs le nourrir ? comment avez-vous appris avec
#00:24:41-4# votre Maman ? #00:26:46-7#
xx
Re. : Elle me montrait pour que je F2. : des "gras double", c'était long à
sache le faire, ça l'arrangeait parfois faire ! Surtout à nettoyer #00:29:56-
que je fasse à manger. Avant elle me 6#
disait comment faire, elle me disait
les proportions et tout...faire la Animatrice : Mais quand même ici, on
cuisine pour la famille c'était quand avait une spécialité, le poulet aux
j'étais mariée, sinon avant je ne le écrevisses non ? #00:30:56-3#
faisais pas... On faisait aussi la soupe
aux choux... #00:27:25-4# Re. : oh ça c'est récent, les poulets
aux écrevisses, on n'en mangeait
PNRHL : Et oui, vous ne m'avez pas pas... on mangeait quelques truites...
parlé de la soupe aux choux ! C'est Les écrevisses ceux qui en péchés
quand même la grande spécialité du les vendaient d'habitude, on les
coin... #00:27:33-0# mangeait en bouillon mais pas les
poulets aux écrevisses... #00:31:38-
Re. : la soupe aux choux 4#
gratinée...On faisait cuire le chou, les
pommes de terre, pour que ce soit PNRHL : et les truites ? #00:31:41-
épais et puis on mettait ça dans un 9#
plat qui allait dans le four avec un peu
de pain par dessus et du gruyère. Re. : les truites on les mettait
#00:28:10-8# carrément à la poêle, on appelait ça
la "truite meunière" #00:32:13-4#
PNRHL : Ça devait être bon..
#00:28:10-8# Animatrice : Et il y avait beaucoup de
sangliers ici aussi ? #00:32:15-7#
Re. : et qui c'est qui me disait ? Je
crois que c'était ma grand-mère, qui PNRHL : Oui le gibier ? #00:32:15-
disait que dans la soupe aux choux 7#
ordinaire on mettait un boudin des
fois... #00:28:18-3# H. : oui il y a toujours des grives
#00:32:30-2#
PNRHL : Ah oui ? #00:28:18-3#
Re. : Je sais que ma maman nous
Ensemble : oui! #00:28:18-3# faisait de la daube de sanglier...
#00:34:27-5#
Re. : ça faisait le repas complet ! Une
bonne soupe de choux et un boudin PNRHL : Donc de la daube de
dedans... #00:28:27-2# sanglier, qu'est-ce qu'on faisait
d'autres ? #00:34:27-5#
PNRHL : Est-ce que vous mangiez
souvent des soupes ? #00:28:54-7# H. : des grives à la broche...
#00:34:29-4#
Ensemble : oui, des soupes de
légumes, de choux, d'haricots verts, PNRHL : _est-ce que vous utilisiez le
la soupe à l'ail.... #00:29:56-6# flambadou ? #00:34:32-3#
yy
PNRHL : Est-ce que vous pouvez
m'en dire plus ? #00:34:32-3# PNRHL : C'était meilleur ?
#00:36:53-8#
Re. : c'est un outil de cuisine
indispensable ! Même quand vous Ensemble : oh oui... #00:36:53-8#
faites une volaille au four, vous l'avez
découpée, vous mettez le flambadou Re. : mais ma Maman, elle faisait
dans la cheminée qu'il soit bien rouge également les flans au feu.. Elle
avec du lard, on l'allume et on le mettait les moules dans une grande
promène sur les morceaux de viande, casserole et sur le feu. Dessus, on
ça change le goût. Quand on fait des mettait ce fameux couvercle. C'était
volailles à la broche c'est pareil, on bon, car ça se cuisait tout
arrose souvent avec le flambadou. doucement... #00:37:15-9#
#00:35:17-2#
Animatrice : voilà c'est ce que l'on
PNRHL : Il y a donc beaucoup de appelle maintenant la cuisson douce..
cuisson à la broche ? #00:35:25-4# #00:37:19-4#
Re. : il n'y avait pas de four ni de F. : il y avait des figues noires et des
cuisinière. Moi il a fallu que j'arrive à figues blanches... #00:38:34-9#
7 ou 8 ans quand on a achetait une
cuisinière, quand ma soeur est née. Re. : la petite grise de Provence
#00:35:45-5# aussi elle est bonne, c'est une figue
pas très grosse, _grise mais sucrée
F. : on faisait tout au feu de et parfumée... #00:38:42-9#
bois...mais c'était meilleur...
#00:35:51-5# PNRHL : Vous faisiez de la confiture
de figue ? #00:38:46-6#
PNRHL : Oui, ça donnait du goût... et
est-ce que vous faisiez des plats Re. : on faisait de la confiture, des
mijotés comme la daube, les tripes gâteaux et puis on les enfilait, on les
sur le feu de bois ? #00:36:05-5# mettait à sécher et on faisait des
figues sèches... #00:39:04-8#
F. : oui sur le feu... #00:36:05-9#
F. : on les aplatissait avec une
Re. : pour faire le gratin, on mettait bouteille ! #00:39:04-8#
par exemple des macaronis, on
faisait le gratin pour aller au four et Animatrice : Pourquoi vous les
puis on avait des espèces de aplatissiez ? #00:39:04-9#
couvercles, grands, en fer, avec une
queue un peu longue, alors on le F. : parce qu'on les sucrait...
mettait dessus avec de la braise et #00:39:17-9#
c'était gratiné... Mais quand on a eu
le four, ce n'était plus le même goût... Re. : et quand elles étaient bien
#00:36:40-3# sèches, on les mettait dans des
zz
boîtes, les unes sur les autres avec travaillait tout ça...il fallait mettre de la
quelques gouttes de muscat et un levure aussi #00:43:04-3#
peu de sucre..Elles étaient meilleures
que celles que l'on achète maintenant F. : on mettait ça sur une plaque....
! #00:39:35-7# #00:43:07-1#
PNRHL : effectivement :-) #00:39:38- Re. : oui une plaque qui n'avait pas
2# de rebord... au four, et après quand
c'était cuit vous le rouliez et à
Re. : la spécialité d'Olargues, c'était l'intérieur on faisait une crème
les chèvres ! toutes les familles pâtissière ou une crème au beurre
avaient des chèvres! #00:39:50-0# comme vous voulez... #00:43:20-2#
aaa
PNRHL : Quand je suis allée dans le
Tarn, on m'a dit que pour conserver PNRHL : Est-ce que chacune vous
les aliments, on utilisait des graissiers avez une spécialité ? des plats que
ou des "toupies", c'est le cas ici ? vous ne ratiez jamais ? #00:49:54-3#
#00:45:35-7# #00:45:46-2# De la
graisse dans des pots en grès Re. : toute la région, on faisait les
#00:45:53-1# mêmes plats. À Olargues, on n'a pas
de spécialité... #00:50:16-9#
Re. : ah oui de la graisse dans des
pots en grès.. si ça se faisait...on F. : le frésinat #00:50:16-9#
faisait ça avec la graisse de cochon.
Il faut qu'elle soit bien bien fondue, ce Re. : oui mais le frésinat ça se fait
qui restait on en faisait des partout autour de Saint Pons...vous
"gratabousses" #00:46:09-4# savez à Béziers on fait les biterroises,
à Puylaurens au marché on fait les
PNRHL : qu'est ce que c'est les "petits jeannots" (gâteaux secs en
"gratalousses" ? #00:46:09-4# triangle, parfumés à l'anis) ...
#00:52:18-3#
Re. : les "gratalousses" ce sont les
déchets #00:46:13-3# PNRHL : et donc on a parlé du
frésinat, du bras de vénus, de la
F. : ce sont les déchets des daube, des grattons, les chèvres...on
morceaux de cochon qui restaient... a fait le tour ? #00:52:37-8#
#00:46:23-2#
Re. : vous savez à l'époque on n'avait
Re. : comment vous dire... la graisse pas une nourriture bien variée, le
on la coupe en petits dés... on la met cassoulet il y avait aussi.. on le faisait
dans un chaudron et on la fait fondre dans la région...j'en ai toujours
tout doucement et on la faire cuire mangé... #00:54:47-4#
pendant longtemps...alors après on
mettait à écouler, on avait la graisse PNRHL : est-ce qu'ici on mangeait
fine et puis il restait les fameux des croustades ? #00:54:50-3#
"gratalousses" qu'on mettait dans des
bocaux, dans les pots de confiture je Re. : des croustades, j'en ai mangé à
me rappelle.... #00:46:52-6# Lacaune... #00:54:52-4# C'est une
pâte feuilleté avec des fruits dedans,
F. : mais vous n'aviez pas manger de la compote de pommes...
des tartes aux grattons ? #00:47:05- #00:55:11-9#
3#
PNRHL : est-ce que vous mangiez du
Animatrice : des pains aux grattons ? ragoût d'escoubilles ? #00:55:48-2#
#00:47:14-2#
Fille d'une résidente : ma mère toute
Re. : elle a raison, nous c'était le les semaines faisait du ragoût
boulanger qui nous les faisait. Alors d'escoubilles ! #00:55:58-6#
on lui portait le pot de gratalousses et
suivant le nombre de pots et de PNRHL : c'est le ragoût avec les
gratalousses qu'on lui portait, il nous restes ? #00:55:59-7#
faisait une tarte ovale..c'était bon...
#00:49:46-5# Ensemble : oui #00:56:02-0#
bbb
Re : on oublie dans le frigidaire, on Re. : il y en avait qui faisait aussi le
ramasse tout ce qu'il y avait et on y pain à la châtaigne #01:01:04-7#
mettait dedans... #00:56:16-2#
PNRHL : Ici on faisait de la farine de
Animatrice : Ici on ne mangeait pas châtaigne alors... #01:01:05-2#
trop de poisson... #00:56:47-4#
Animatrice 2 : oui à la coopérative
Re. : il y avait quand même la #01:01:05-2#
rivière...des petits poissons mais il n'y
en a plus... #00:57:24-9# _Re. : et est-ce que vous avez gouté
le sirop de châtaigne ? #01:01:06-5#
PNRHL : est-ce que vous faisiez de
la cuisine sauvage ? est-ce que vous PNRHL : ah non #01:01:09-0#
ramassiez des orties ? des plantes
sauvages ? #00:57:34-4# _Ensemble : c'est bon #01:01:18-8#
ccc
Annexe 6 : Guide d’entretien – étude de faisabilité auprès des cuisiniers de la restauration collective
ddd
! Quand est-ce que vous réalisez les
commandes ?
! Quand est-ce que vous réalisez les
menus ? (commission menu)
• Quel matériel disposez-vous dans votre cuisine ? Avez-vous une légumerie ?
Si non pourquoi ?
• Réalisez-vous des recettes traditionnelles dans votre Quels ont été les retours des convives ?
établissement ?
Positifs ou négatifs ?
Qu’évoque pour vous le territoire du Haut-Languedoc ?
// gaspillage alimentaire
• Avez-vous une ou des recettes du Haut-Languedoc que Pouvez-vous me citer les ingrédients
vous souhaiterez faire partager et faire découvrir aux
nécessaires et décrire la démarche à
habitants, aux enfants et aux personnes âgées ?
suivre ?
Pouvez-vous m’expliquer le choix de ces
recettes ?
Faisabilité des recettes en RC
eee
•
Pensez-vous que ces recettes soient réalisables dans votre Si oui, comment ? (Astuces ?)
cuisine ? (nombre de personnes, temps de réalisation, coût,
Si non, pourquoi ?
matériel ?)
Exemples de recettes locales proposées par les habitants :
! fresinat Quel plat vous semble le plus représentatif
! daube
du territoire ?
! bras de vénus
! millas (sucré et salé)
! le mesturet Avez-vous des idées pour les préparer ?
! la croustade
! les reponchons
! les soupes (au fromage, fèves, légumes)
! le fricandeau
! la chichoumée (ratatouille)
! la poule au pot
! la poule farcie
! le poumpet
! la bougnette
! le « parissou » (crêpe sans œuf)
! le gibier
! les pommes au four
! la châtaigne
• De manière générale, quelles sont selon vous les contraintes // Liaison froide – liaison chaude – liaison
à l’élaboration de ces recettes traditionnelles en RC ?
fff
Texte
mixte
// démarche HACCP
• Quels sont les bénéfices pour vous, pour vos convives à Transmission de culture, coût économique,
l’élaboration de recettes traditionnelles du HL en RC ?
valorisation du métier de cuisinier de la
restauration collective…
Concours
• Nous souhaitons organiser un concours inter-parcs où des // SISQA Toulouse - décembre
équipes de cuisiniers de la restauration collective
proposeraient des recettes traditionnelles réalisable en RC.
Seriez-vous intéressé pour participer à ce concours ?
• Quels cadeaux, aimeriez-vous recevoir si vous gagnez ce Nous avons pensé également à un panier
concours ? des équipements pour la cuisine ?
contenant de nombreux produits des trois
parcs participants ; un diplôme, des couteaux
de cuisine …..
Fin de l’entretien
• Merci, auriez-vous quelques remarques à ajouter ?
ggg
Annexe 7 : Retranscription d’un entretien auprès d’un cuisinier de la
restauration collective en maison de retraite (81)
PNRHL : Je me présente, je
m'appelle Amélie, je suis donc en C. : alors je suis chef de cuisine ici
stage au PNR HL et la mission de depuis bientôt 23 ans. J'ai travaillé
mon stage est d'organiser un auparavant dans une autre
concours de cuisine inter-Parcs de collectivité, donc moi j'ai fait ma
Midi-Pyrénées sur le thème des carrière dans la collectivité
recettes traditionnelles et des uniquement...à 99% j'ai fait quelques
produits locaux en resto. co. Le extras de droite à gauche. Donc ici je
concours serait en mi-décembre... suis responsable du service du pôle
#00:00:36-7# restauration où on fait 300 couverts
par jour #00:02:02-9#
C. : d'accord, c'est donc trois ou
quatre Parcs qui font le concours PNRHL : 300 couverts par jour...
#00:00:39-5# #00:02:02-0# Il y a combien de
personnes pour vous aider ?
PNRHL : Chaque Parc proposera une #00:02:08-4#
équipe de cuisiniers pour le
concours..et on espère réaliser en C. : en cuisine pure on est ma
septembre une journée de formation seconde et un commis et après 4
sur les recettes traditionnelles et les agents qui nous aident, en tout dans
produits locaux. En fait, durant mon le service on est 18.. mais on n'est
stage je suis partie à la rencontre de pas tous à plein temps, on n'est
personnes âgées en maison de jamais 18 entre les repos, les congés,
retraite du territoire pour récolter les les tours de week-end... #00:02:45-8#
recettes, demain je termine les
entretiens avec les personnes âgées PNRHL : Pour vous, quels sont les
et ma deuxième étape est de savoir avantages et les contraintes de la
si ces recettes sont faisables et restauration collective ? #00:02:50-
réalisables en restauration 8# #00:02:50-8#
collective... #00:01:07-9#
C. : les contraintes sont des
C. : oui déjà #00:01:08-7# et contraintes normatives, cela devient
combien ça coûte aussi... #00:01:15- ingérable, haccp, plan de maîtrise
3# sanitaire, pnss...nous on est moins
touché par le pnss mais les
PNRHL : oui, et puis avoir l'avis des contraintes normatives et législatives
cuisiniers #00:01:16-1# sont très très importantes... tout ça là
haut (classeurs) c'est de la traçabilité
C. : d'accord #00:01:16-1# et j'en ai encore ailleurs, vous voyez
c'est colossal.. Ce qui est législatif et
PNRHL : la première question est administratif c'est beaucoup plus
est-ce que vous pouvez vous contraignant, pour des personnes qui
présenter ? votre parcours ? votre n'ont pas été formées à ça ! Mon
formation ? #00:01:28-8#
hhh
métier de base c'est cuisinier, faire du PNRHL : des repas mixés ?
papier non.. #00:03:45-8# #00:05:53-5#
PNRHL : il y a très peu de formation C. : oui des repas mixés, bien sûr..
pour devenir cuisinier de la #00:05:54-9#
restauration collective... #00:03:45-8#
PNRHL : c'est facile de s'adapter ?
C. : il y a très peu _de formation #00:05:55-5#
effectivement, en formation
maintenant ils entendent parler de la C. : alors nous, on prend le menu du
méthode HACCP et du plan de jour et on a été formé à ça, on mixe
maîtrise sanitaire mais je pense qu'en pas le repas du jours, par exemple
restauration traditionnelle c'est très aujourd'hui on avait couscous, on ne
peu appliqué car c'est très mixe pas le couscous et on leur
contraignant... #00:04:05-4# donne, non ce n'est pas ça. On
prépare de la viande de boeuf que
PNRHL : et donc les spécificités de la l'on mixe, qu'on met sous film, qu'on
restauration collective par rapport à la cuit à la vapeur et que l'on sert avec
restauration commerciale, c'est déjà... la sauce du couscous et avec une
#00:04:12-6# semoule au lait...C'est une adaptation
du menu à la texture du résident,
C. : c'est déjà les horaires, les heures pour la texture du résident...voilà, on
fixes, les jours de repos fixes...c'est s'adapte, nous on a été formé à
sûr que des horaires réguliers, nous ça...après on fait du manger main, du
le plus tard que l'on termine ici c'est mixer lisse...ça évolue..là à l'heure
20h30, c'est pas tard par rapport à la actuelle, on fait 50 repas mixés par
restauration classique c'est l'heure où jour...ce qui représente 1/3 de
vous arrivez pour diner...voilà c'est la l'effectif... #00:07:03-9#
vie familiale, on essaye d'entrer dans
la restauration collective par rapport à PNRHL : Donc ici c'est une cuisine
ces avantages là...aussi c'est certains autonome ? #00:07:06-5#
postes notamment dans les maisons
de retraite municipales, ce sont des C. : oui, autogérée #00:07:10-3#
fonctionnaires donc ça donne une
autre sécurité de l'emploi...je ne dis PNRHL : quels types de liaison
pas qu'ici on ne l'a pas...Mise à part utilisez-vous ? #00:07:11-9#
une très grosse bêtise, empoisonner
30 résidents un truc comme ça...il y a C. : chaude, uniquement...un peu de
entre guillemets très peu de risque. liaison différée...si on a des plats
On a cet épée de Damoclès si on fait mijotés type blanquette, type daube
une bêtise, bon on l'assume... on les _fait la veille, on les refroidie et
#00:05:48-6# on les réchauffe le lendemain pour
qu'ils soient un peu plus gouteux, ça
PNRHL : Là vous avez des nous permet une praticité de travail,
personnes âgées, il y a souvent des on a des moyens techniques qui ne
régimes alimentaires, des nous le permettent mais après on
grammages.. #00:05:51-0# n'aura pas la capacité de stockage
pour avoir trois jours de repos, mais
C. : non, ici #00:05:53-5# un jour oui...si on peut s'avancer, les
pâtisseries c'est pareil, en principe on
iii
fait la pâtisserie tous les week-end, pas de la charcuterie en Bretagne, je
on la fait en principe le samedi pour n'ai rien contre les Bretons mais on
le dimanche, ça nous permet comme fait de la charcuterie ici... #00:09:52-
ça de dégager un peu le 4#
dimanche...c'est une organisation
#00:08:21-3# PNRHL : oui de la charcuterie de
Lacaune #00:09:52-4#
PNRHL : et comment se déroule la
logistique ? les matières premières ? C. : même de la charcuterie de
#00:08:26-7# Mazamet, moi les volailles elles
viennent de Revel ou de Puylaurens,
C. : c'est moi qui fait le menu, j'en achète des cuisses de poulet,
#00:08:29-3# aujourd'hui ce n'était pas des cuisses
de poulet fraiches mais ça c'était pour
PNRHL : il y a une commission menu une préparation...si on fait poulet-
? #00:08:29-3# frittes au menu c'est du vrai poulet.
On achète le poulet puis on le nettoie
C. : alors si, il y a une commission et après on le découpe. Mais ce sont
menu qui a lieu demain d'ailleurs où des poulets qui font 2 kg, ce ne sont
je présente les menus, certains disent pas des poulets d'1kg3 ou d'1kg2 que
oui ça cela va, ça on peut changer...il l'on voit..La centrale d'achat
y a quelques aménagements qui sont m'autorise une certaine liberté, ils ne
donnés ensuite je les envoie à la disent rien...Sur l'épicerie, le surgelé,
diététicienne pour les valider au des gros postes ils sont un peu plus
niveau équilibre alimentaire et attentifs...je pourrais très bien
nutritionnel et ensuite ils reviennent et commander des fruits et légumes à
à partir de là je fais les commandes. Toulouse, il y a une centrale d'achat
#00:08:55-8# mais moi je n'ai pas besoin de ça,
moi j'ai mon fournisseur de fruits et
PNRHL : d'accord, #00:08:55-8# légumes à Mazamet quand j'ai besoin
d'aller voir les fruits et légumes je sais
C. : je fais les commandes, où on où aller...quand je vais à Mazamet, je
passe par une centrale d'achat ici, où regarde, je goûte avec lui...là
je dois faire en principe 80% du dernièrement j'ai rentré des melons,
chiffre d'affaire de la maison de même s'ils venaient d'Espagne, il m'a
retraite de l'alimentaire _par la dit "Goûtes tu verras" ...j'ai goûté et
centrale d'achat, et 20% c'est du j'ai acheté...On les a rentré le lundi,
hors-marché..Mais bon si je fais 75 et on les a servis hier....et tous les
25 ils me disent rien, ce n'est pas résidents m'ont dit "mais déjà il y a du
vraiment sectaire...et je commande melon, c'est bien ". Je ne vais pas
sur chaque poste alimentaire, on a plus loin... #00:11:40-9#
plusieurs fournisseurs...on a deux-
trois en surgelés, on réalité moi je ne PNRHL : Est-ce que vous avez une
m'en sers que de deux... en épicerie, légumerie ? #00:11:54-3#
on en a deux, je m'en sers que d'un,
en fruits et légumes, je prends local C. : oui, on est passé devant, ici on
donc hors-marché...tout ce qui est travaille beaucoup les produits frais,
charcuterie, donc nous on est dans les potages sont toujours frais, je
un pays de charcuterie donc je la n'achète pas de potage déshydraté,
prends hors-marché, je ne l'achète jamais...on fait les soupes, les
jjj
veloutés de chou-fleur, de tomate, de c'est une difficulté, il faudrait que
champignon, la crème de potiron... plusieurs producteurs tuent en même
temps...les coûts pourraient
PNRHL : Pour vous quels sont les diminuaient, on serai dans du
avantages ou les inconvénients à développement durable, si au lieu
l'utilisation de produits locaux en d'aller trois fois à l'abattoir, on n'y va
restauration collective ? #00:12:46- qu'une fois... déjà on économise des
1# sous, c'est une manière de travailler,
c'est possible, ce n'est pas possible
C. : alors les avantages, d'abord ça je ne sais pas, la difficulté
permet de maintenir déjà sur place, d'approvisionnement c'est ça, c'est
que ça ne devienne pas un désert ici, important. Après concernant les
il n'y a déjà plus d'industrie si des producteurs de fruits et légumes, ils
gens s'en vont, on va crever, enfin travaillent avec les saisons, c'est à
nos enfants vont crever. Ça sera un nous de nous adapter, ce n'est pas à
désert à force, en plus ils veulent eux de s'adapter à nous, ils ne vont
regrouper les régions maintenant pas nous sortir des tomates au mois
alors on n'existerait plus ici... Ça de janvier voilà, il faut être lucide.Ce
permet de maintenir, d'avoir une sont les cuisiniers qui doivent
activité économique, une vie sociale s'adapter et ne pas faire de la
par ailleurs s'il y a des gens qui ratatouille au mois de janvier....
restent il y a des écoles qui marchent, #00:18:09-1#
des commerces qui marchent, tout
une vie sociale et économique qui PNRHL : Ça arrive souvent de ne pas
reste en place, donc ça c'est assez s'adapter à cette saisonnalité ?
important. Et puis, c'est mieux entre #00:18:09-1#
guillemets, l'an dernier je me suis fait
le porte-parole de la marque du Parc, C. : ça arrive moins souvent quand
parce que quand j'achète chez B. même... On est formaté, on est plus
j'achète 22 kg de viande un peu informé, on nous rabâche tout le
moins chère qu'au Parc mais au Parc temps qu'il faut manger des fruits de
avec moins de quantité je fais autant saison, et puis les gens disent que ce
de chose, voire plus...donc il y a n'est pas normal de manger de la
moins de diminution de produit et courgette au mois de
donc en réalité le prix du Parc n'est décembre...même si on sait très bien
pas forcément plus cher, le coût que 90% des courgettes que l'on
portion n'est pas plus cher.... J'ai fait mange sont produites sous
la remarque plusieurs fois... serre...Mais c'est à nous cuisinier de
#00:15:39-5# faire la démarche inverse, on la fait
ou on ne la fait pas...En hiver on est
Les inconvénients, je ne vais pas toujours obligé de faire des salades
parler du prix, le coût matière il va composées, on doit mettre un peu de
diminuer automatiquement. C'est les tomate, mais c'est pour faire de la
difficultés d'approvisionnement, couleur... #00:19:23-6#
d'avoir la quantité _que l'on
désire...bon après on s'adapte je PNRHL : Est-ce que les convives, les
comprends bien que quand on tue un personnes âgées sont sensibles à
boeuf, une vache il ne peut pas sortir manger des _produits locaux, est-ce
je vais dire une bêtise 50 kg de filets qu'ils apprécient ? #00:19:28-3#
de boeuf...on le sait, mais voilà ça
kkk
C. : je ne sais pas, je ne sais pas, C. : oui, ça leur rappelle des
parce qu'eux, ici c'est une population souvenirs #00:22:07-0#
du 4e âge, donc ce sont des gens qui
ont plus de 80 ans donc eux ils ont PNRHL : oui la tuée du cochon
toujours eu des jardins, des champs, #00:22:05-6#
on a ici une population très rurale et
ouvrière donc effectivement ils étaient C. : le fait de tuée le cochon, de la
habitués à manger des haricots verts fête, alors évidemment...parce qu'ici
à partir du mois de juillet ou du mois c'est vraiment local, il y a des gens
d'août, maintenant on leur en file qui le font à la sauce tomate et des
toute l'année, la tomate c'est pareil, gens qui le font à la persillée, alors
alors ils nous disent "pourquoi tu c'est toujours l'éternel
nous files de la tomate alors qu'elle débat...Personnellement je préfère
n'est pas bonne", alors ils ne celui qui est avec les pommes de
reconnaissent pas le goût sucré des terre et la persillée.. #00:22:35-7#
tomates qu'ils avaient dans leur
jardin, ça c'est pratiquement PNRHL : J'ai toujours entendu celui
impossible de le retrouver mais pour réalisé avec la persillée... #00:22:35-
eux local, c'est vraiment la ville, alors 7#
que nous on résonne à niveau
départementale voire inter- C. : mais il y a une version qui se fait
départementale..Pour eux local... avec de la sauce tomate et des
#00:20:50-7# câpres...c'est très bon aussi, mais ça
ressemble plus à un sauté de
PNRHL : C'est la commune... porc...mais c'est très bon aussi.
#00:20:50-7# Après qu'est-ce qu'il y a d'autres
comme recettes que l'on fait...on leur
C. : voilà, alors par exemple l'année sert du melsat mais on ne le fabrique
dernière j'ai pris des poireaux, je leur pas, c'est à acheter...on ne peut pas.
ai dis "ce sont des poireaux de la #00:23:15-9#
Dourgne" ils m'ont dit "Dourgne, ça
va" voilà donc ça va, Dourgne ils Coupure de l'entretien
savent où c'est...si je leur dis que
j'achète des melons en Espagne, ça Suite de l'entretien #00:00:00-0#
ils s'en foutent. Pour eux le local,
c'est 100 km aux alentours de la ville. PNRHL : Donc je vous posais des
#00:21:29-2# questions sur les recettes
traditionnelles, est-ce que vous avez
PNRHL : Est-ce que vous réalisez des retours des convives ?
des recettes traditionnelles dans #00:00:20-8#
votre établissement ? #00:21:41-9#
C. : On va en salle à manger, on y
C. : oui la daube, les tripes on ne les passe tous les jours à la fin du repas,
fait pas, je les achète par contre. On parce que l'on va chercher des
fait le cassoulet, le frésinat... chariots dans les étages et on sait si
#00:22:04-5# ça a été ou si ça n'a pas été. En
principe, les plats mijotés en un bon
PNRHL : Le frésinat est apprécié ? succès, que ce soit couscous,
#00:22:04-5# cassoulet, daube, blanquette....tous
les plats qu'ils ont connu, qui sont
lll
mijotés, qui ont un peu de goût, ils C.: oui #00:03:04-6#
aiment. Le cassoulet si on n'en fait
pas ici... #00:00:58-0# PNRHL : Est-ce que vous en faîtes ?
#00:03:04-6#
PNRHL : C'est une région où l'on fait
beaucoup le cassoulet ? Est-ce que C. : Oui, très facile à faire #00:03:10-
vous êtes influencés par Toulouse ? 4#
Castelnaudary.. #00:01:04-8#
PNRHL : Le millas ? #00:03:13-7#
C. : oui, mais chaque maison à sa
recette de cassoulet...c'est quelque C. : oui je connais, alors ça ça se sert
chose qu'ils ont fait et qu'ils ont soit sucré soit salé.. C'est quelque
connu, donc c'est un débat pour eux, chose que l'on fait l'hiver, c'est quand
mais pour nous ce qui nous intéresse même assez long à préparer car en
c'est qu'ils se régalent et qu'ils le réalité en fait chauffer de l'eau et on
mangent. En plus ici, comme on a verse la farine de maïs à l'intérieur, il
plus de dames que de messieurs, ce faut la cuire assez _longtemps, il faut
sont les dames qui cuisinaient alors remuer sans arrêt sinon ça va
elles disent "moi je fais comme ça ou attacher. Et après ou on le refroidit et
comme ça, je ne mettais pas ceci ou après on le sert en garniture salée
pas ça..." voilà #00:02:04-5# avec une daube ou des tripes ou
sucré, on le coupe en petits
PNRHL : Je vais vous évoquer rectangles, on le passe au beurre et
certaines recettes que j'ai collecté on le sucre. #00:04:13-3#
durant mes entretiens et vous allez
me dire si elles sont réalisables dans PNRHL : Le mesturet ? #00:04:13-7#
votre cuisine, en temps, en
personnel, en matériel...Donc tout à C. : oui c'est un beignet de
l'heure vous avez évoqué le frésinat, courge..c'est facile à faire aussi mais
c'est réalisable... #00:02:25-3# c'est long... #00:04:24-3#
PNRHL : Est-ce que vous connaissez C. : aux pommes, aux pruneaux, aux
le Bras de vénus ? #00:03:00-6# raisins...j'en ai demain à faire
#00:04:48-9#
mmm
temps en temps, c'est pareil c'est
PNRHL : ce n'est pas trop long à faire "mangeur de temps"...Nous ici il nous
? #00:04:53-1# faut une douzaine de poules, il faut
les farcir, il faut les brider puis les
C. : c'est un peu long mais après bon cuire..donc il y en a au moins pour
c'est raisonnable... #00:05:08-2# deux heures de cuisson, les légumes,
découper la viande, c'est un plat qui
PNRHL : est-ce que vous faites les vous prend 4h. ça prend assez de
reponchons ? #00:05:20-1# temps, après c'est excellent, ils
aiment ça, ça et le pot au feu vous
C. : non, je ne me vois pas faire des pouvez y aller... #00:07:12-0#
reponchons pour 100 personnes... #00:07:16-0#
#00:05:26-8#
PNRHL : Le poumpet ? #00:07:20-1#
PNRHL : des soupes ? est-ce que
vous faites la soupe au fromage ? C. : oui, mais je l'achète #00:07:30-0#
#00:05:30-7#
PNRHL : la bougnette ? #00:07:30-6#
C. : ah le gratiné...moins... Mais ça
c'est une question de régime, j'ai C. : pareil je l'achète #00:07:30-6#
beaucoup de gens qui ne supportent Parce que c'est pareil c'est un truc
pas le chou, on fait la soupe au chou, qu'ils connaissent, avec le cochon...
mais on la fait juste un peu gratiner... #00:07:42-5#
#00:05:53-2#
PNRHL : Est-ce que vous connaissez
PNRHL : le fricandeau ? #00:05:58- le "parissou" ? #00:07:43-2# C'est
0# une espèce de crêpe, on m'en a parlé
à Saint-Pierre de Trivisy et à
C. : je le travaille mais ce n'est pas Montredon-Labessonnié..; #00:07:52-
moi qui le fait...je le mets dans les 2#
lentilles ou dans les petits pois
#00:06:06-9# C. : je ne connais pas #00:07:52-2#
nnn
chères, le frésinat ce n'est pas hors C. : ah bein c'est le souvenir qu'ils
de prix, la poule au pot pareil, ce ne ramènent #00:13:18-2#
sont pas des plats très très chers,
c'est sûr, ce sont des plats longs à PNRHL : Et pour vous, préparer des
mettre en oeuvre entre la préparation, recettes traditionnelles ? Est-ce que
le temps de cuisson, la découpe, la vous vous sentez plus valorisé ?
présentation entre 3h et 4h mais ce #00:13:22-5#
ne sont pas des plats très chers, ce
sont des plats réalisables en maison C. : l'intérêt d'une _recette ancienne
de retraite. entre guillemets, l'intérêt c'est de leur
faire plaisir, ça leur rappelle le temps
PNRHL : De manière générale, les où ils étaient plus jeunes et où ils
contraintes à l'élaboration de ces cuisinaient ce genre de produit...ça
recettes traditionnelles... #00:09:12- leur montre, nous, qui sont plus
6# jeunes qu'eux, ça leur montre que la
recette ne s'est pas perdue, c'est un
C. : c'est une contrainte de temps.. mode de conservation. Ce sont des
#00:09:15-7# recettes que l'on a l'habitude de
cuisiner, je regarde ce que faisait ma
PNRHL : et de personnel ? mère qui cuisinait divinement bien,
#00:09:16-2# elle faisait toujours trop cuire, mais ce
qu'elle fait c'est bon...On apprend par
C. : oh si c'est pour faire 20 portions nos parents, par le biais
de poule au pot, entre cuisiniers vous professionnel et après c'est par la
y arrivez largement, un se met sur le créativité personnelle... #00:15:18-6#
poste légumes, l'autre fait la farce et
la cuisson...ce n'est pas irréalisable, PNRHL : et comment vous mettez
c'est une contrainte de temps. Poule cette créativité dans votre cuisine en
au pot en 3h c'est limite, la daube restauration collective ? Est-ce facile
c'est 3h... #00:10:15-4# d'être créatif en restauration collective
? #00:15:28-2#
PNRHL : Il n'y a pas de contraintes
avec les démarches HACCP ? de C. : alors ici on ne fait pas de fiches
maintenir la liaison chaude ? techniques, aucunes...Moi je fais
#00:10:24-0# comme j'ai appris, ma seconde, fait
comme elle sait et mon commis il fait
C. : Non, car ce genre de produits aussi comme il sait...on est des
c'est cuit, c'est bouilli, ça cuit à 100°c artisans et nos résidents arrivent à
pendant un temps entre 2h voir plus, reconnaître qui a cuisiné quoi...on
puis on maintient au chaud à plus de n'est pas sur des produits
63°c...il n'y a pas de contrainte...du standardisés, ce qui est important,
moment que l'on cuit longtemps au- moi si j'ai une fiche technique, je n'ai
delà de 80°c, on assainie. #00:11:18- plus besoin de cuisinier, j'ai juste
8# besoin de savoir quelqu'un qui sait
lire...je comprends qu'au niveau
PNRHL : Quels sont les bénéfices coût/ration c'est très important, mais
pour vous en tant que cuisinier de la créativité dans une fiche technique
préparer des recettes traditionnelles ? est limitée.. Le premier critère ici,
#00:13:13-4# c'est la qualité des repas...ici à leurs
ooo
âges, ils ne leur restent que ce plaisir, personne à venir...on en fait une fois
le seul de la journée.. #00:17:25-3# par trimestre, on fait un tour de table,
on leur demande ce qu'ils
PNRHL : c'est également le repère de souhaiteraient pour les mois qui
la journée ? #00:17:25-8# arrivent donc c'est souvent des
gâteaux, des plats d'hiver, là on va
C. : C'est le moment fort de la s'orienter sur de la paella, des
journée, le déjeuner et le souper...si tajines... #00:22:20-3#
ce n'a pas été bon à midi, tout
l'après-midi on nous en parle ! Ils PNRHL : Par rapport au concours, je
n'ont plus que ce plaisir qu'est la suis en train de réfléchir par rapport
table et encore quand ils peuvent aux lots que les cuisiniers pourraient
reconnaître...c'est un moment gagner, qu'est-ce qui vous ferez
convivial, plutôt qu'être dans sa plaisir ? #00:22:30-1# J'ai pensé à
chambre devant la télé ou des couteaux de cuisine ?
l'ordinateur. Le meilleur lien social
c'est la table... #00:21:26-7# C. : Oui, des bons couteaux ça sert
toujours.. Je ne fais pas ça pour
PNRHL : Et à la commission menu, gagner un lot, mais pour défendre
est-ce qu'il y a des personnes âgées mon métier, ça c'est primordial et
qui y sont ? #00:21:26-7# pouvoir le transmettre. Les cuisines
autogérées, il y en aura de moins en
C. : oui, bien sûr, il y a une dizaine de moins à cause des risques, à cause
résidents...les plus valides, c'est basé des normes..
sur le volontariat, on n'oblige
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Annexe 8 : Questionnaire auprès des élèves
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Annexe 9 : Quelques explications sur les spécialités culinaires du Parc du
Haut-Languedoc
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couvrir une demi-heure à 45 minutes de cuisson à feu très doux. Les
retourner de temps à autre. Lorsqu'elles sont bien dorer, ajouter une
persillade et laisser encore couvrir.
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Annexe 10 : Programme de la formation pour les cuisiniers du 24 septembre
2014 à Béziers
Objectif :
Public visé :
! Cuisiniers
! Aide-cuisiniers
! Responsables de la restauration collective
Organisation de la journée :
Programme de la journée :
Matinée pratique :
o Réalisation et adaptation des recettes traditionnelles du Haut-Languedoc à la restauration collective.
o Nettoyage et remise en état de la cuisine
L’objectif est de réaliser un menu préparé avec des produits locaux et qui sera présenté au concours de cuisine ainsi
qu’aborder les techniques culinaires utilisées pour ces recettes.
Repas du midi : Dégustation du repas élaboré le matin par les cuisiniers en présence de Monsieur ARCAS, Vice-
Président du Parc naturel régional du Haut-Languedoc et des invités.
Après-midi théorique :
o Le territoire du Parc naturel régional du Haut-Languedoc : le territoire du Haut-Languedoc, ses
savoir-faire, ses produits locaux, ses recettes traditionnelles, le bilan des entretiens réalisés auprès
des personnes âgées, restitution du stage….
o Des recettes traditionnelles du Haut-Languedoc adaptées à la restauration collective : la
particularité des recettes traditionnelles du Haut-Languedoc, techniques culinaires employées et leur
uuu
adaptation à la restauration collective, l’utilisation de matériel spécifique à la restauration
collective….
o Le concours de cuisine : organisation, menu, critères, …
Prérequis :
vvv
TABLE DES MATIERES
Remerciements 5
Sommaire 6
Introduction 8
www
1. Définition d’un Parc naturel régional 47
1.1. La création d’un Parc 50
1.2. La gouvernance dans les Parcs 51
1.3. Les missions des Parcs 53
1.4. La valorisation du territoire à travers le patrimoine 54
2. Le PNR du Haut-Languedoc, un territoire « à la rencontre des deux midis » 55
2.1. Le PNR du Haut-Languedoc, un « territoire pluriel » 55
2.2. Charte 2012 – 2024 : promouvoir la richesse, la diversité et la qualité des productions
agricoles du PNR du Haut-Languedoc 58
2.3. L’alimentaire : au point de départ de nombreuses initiatives expérimentales et actions
menées par le Parc naturel régional du Haut-Languedoc 60
3. La mission du stage et enjeux du concours de cuisine 63
3.1. Description de la mission du stage 64
3.2. Les enjeux à l’organisation d’un concours de cuisine en restauration collective pour le
territoire 64
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Valorisation du patrimoine culinaire du Parc naturel régional du Haut-
Languedoc en restauration collective dans un Parc aux identités territoriales
multiples
Mots clés Parc naturel régional – Haut-Languedoc – Patrimoine culinaire –
Transmission – Restauration collective – Concours - Gouvernance
alimentaire – Circuit-court – Produits locaux
Résumé Le Parc naturel régional du Haut-Languedoc s’engage depuis plusieurs
années dans des actions en faveur de l’introduction de produits locaux
en restauration collective. Ce mémoire s’inscrit en lien avec la mission
confiée de valoriser le patrimoine culinaire via des recettes
traditionnelles, des produits locaux et de la Marque Parc, dans un
concours de cuisine réservé aux cuisiniers de la restauration collective.
Face aux mutations socio-économiques et à des mangeurs de plus en
plus « pluriels », cette action participe à la connaissance et le maintien
de cet héritage dans le répertoire culinaire des mangeurs, dans un
territoire à tradition orale, marqué par la culture occitane où les recettes
se sont transmises entre les générations par l’oralité et par
l’observation.
Ce mémoire s’intéresse aux thématiques du patrimoine, de la
patrimonialisation alimentaire, de la restauration collective et des Parcs
naturels régionaux. Les hypothèses sont déclinées autour de deux
thèmes : le patrimoine culinaire issu du Parc naturel régional du Haut-
Languedoc et le rapport au temps et à l’espace chez les convives de la
restauration collective du scolaire et des maisons de retraite.
Key Regional Nature Park – Haut-Languedoc – Culinary heritage – Heritage
words – Institutional catering – Competition – Food Governance – Local food
system – Local products
Abstract Haut-Languedoc Regional Nature Park (HLRNP) works to introduce
local food in institutional catering, for several years now. This
dissertation made the link with the mission entrusted: to organize a
cooking competition for cooks to highlight traditional receipts, local
products and Marque Parc’s products in institutional catering. In front of
socioeconomics mutations and eaters more and more “plurals”, this
action contributes to perpetuate the culinary heritage of the HLRNP
between generations. In this work, hypotheses are declined in themes:
culinary heritage on the HLRNP; the relationship to time and space in
eaters of institutional catering.