Je vous présente aujourd’hui mon Anthologie faite à partir
de plusieurs poèmes basés sur le thème de l’amour. J’ai choisi le thème de l’amour car c’est pour moi, un thème qui est très présent dans la poésie française. De plus, c’est également un thème de poésie que j’ai énormément étudié et appris les années précédentes. Par conséquent, c’est plus simple pour moi d’apprendre un poème que j’ai déjà appris auparavant tel que « Mignonne allons voir si la rose ». Dans mon anthologie, je vous présente 20 poèmes différents, tous centrés sur le thème de l’amour. Certains poèmes sont des déclarations d’amour, d’autres sont des poèmes d’amour nostalgiques. Sur ces 20 poèmes, il y a évidemment au moins un poème pour chaque période comme par exemple l’époque contemporaine ou même la renaissance. Poème n°1 : A celle que j’aime : Les floraisons matutinales Dans ta mémoire immortelle, Comme dans le reposoir D’une divine chapelle, Pour celui qui t’est fidèle, Garde l’amour et l’espoir.
Garde l’amour qui m’enivre,
L’amour qui nous fait rêver ; Garde l’espoir qui fait vivre ; Garde la foi qui délivre, La foi qui nous doit sauver.
L’espoir, c’est de la lumière,
L’amour, c’est une liqueur, Et la foi, c’est la prière. Mets ces trésors, ma très chère, Au plus profond de ton cœur
Nérée Beauchemin (1850-1931)
Poème n°2 : A George Sand (I) : Poésies posthumes Te voilà revenu, dans mes nuits étoilées, Bel ange aux yeux d'azur, aux paupières voilées, Amour, mon bien suprême, et que j'avais perdu ! J'ai cru, pendant trois ans, te vaincre et te maudire, Et toi, les yeux en pleurs, avec ton doux sourire, Au chevet de mon lit, te voilà revenu.
Eh bien, deux mots de toi m'ont fait le roi du monde,
Mets la main sur mon coeur, sa blessure est profonde ; Élargis-la, bel ange, et qu'il en soit brisé ! Jamais amant aimé, mourant sur sa maîtresse, N'a sur des yeux plus noirs bu la céleste ivresse, Nul sur un plus beau front ne t'a jamais baisé ! Alfred de Musset (1810-1857) Poème n°3 : A George Sand (VI) : Poésies posthumes Porte ta vie ailleurs, ô toi qui fus ma vie ; Verse ailleurs ce trésor que j'avais pour tout bien. Va chercher d'autres lieux, toi qui fus ma patrie, Va fleurir, ô soleil, ô ma belle chérie, Fais riche un autre amour et souviens-toi du mien.
Laisse mon souvenir te suivre loin de France ;
Qu'il parte sur ton coeur, pauvre bouquet fané, Lorsque tu l'as cueilli, j'ai connu l'Espérance, Je croyais au bonheur, et toute ma souffrance Est de l'avoir perdu sans te l'avoir donné. Alfred de Musset (1810-1857)
Poème n°4 : A Philis
Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage, Et la mer est amère, et l'amour est amer, L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer, Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.
Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer, Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer, Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau, Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux, Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes. Pierre de Marbeuf (1596-1645) Poème n°5* : A une Dame créole : Les fleurs du mal Au pays parfumé que le soleil caresse, J’ai connu, sous un dais d’arbres tout empourprés Et de palmiers d’où pleut sur les yeux la paresse, Une dame créole aux charmes ignorés.
Son teint est pâle et chaud; la brune enchanteresse
A dans le cou des airs noblement maniérés; Grande et svelte en marchant comme une chasseresse, Son sourire est tranquille et ses yeux assurés.
Si vous alliez, Madame, au vrai pays de gloire,
Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire, Belle digne d’orner les antiques manoirs,
Vous feriez, à l’abri des ombreuses retraites
Germer mille sonnets dans le coeur des poètes, Que vos grands yeux rendraient plus soumis que vos noirs.
Charles Baudelaire (1821-1867)
Poème n°6 : Air vif : Le Phénix
J’ai regardé devant moi Dans la foule je t’ai vue Parmi les blés je t’ai vue Sous un arbre je t’ai vue
Au bout de tous mes voyages
Au fond de tous mes tourments Au tournant de tous les rires Sortant de l’eau et du feu
L’été l’hiver je t’ai vue
Dans ma maison je t’ai vue Entre mes bras je t’ai vue Dans mes rêves je t’ai vue
Je ne te quitterai plus Paul Eluard (1895-1952)
Poème n°7 : Certitude : Le Phénix Si je te parle c’est pour mieux t’entendre Si je t’entends je suis sûr de te comprendre
Si tu souris c’est pour mieux m’envahir
Si tu souris je vois le monde entier
Si je t’étreins c’est pour me continuer
Si nous vivons tout sera à plaisir
Si je te quitte nous nous souviendrons
En te quittant nous nous retrouverons. Paul Eluard (1895-1952)
Poème n°8 : Complainte amoureuse
Oui, dès l’instant que je vous vis, Beauté féroce, vous me plûtes ; De l’amour qu’en vos yeux je pris, Sur-le-champ vous vous aperçûtes ; Mais de quel air froid vous reçûtes Tous les soins que pour vous je pris ! En vain je priai, je gémis : Dans votre dureté vous sûtes Mépriser tout ce que je fis. Même un jour je vous écrivis Un billet tendre que vous lûtes, Et je ne sais comment vous pûtes De sang-froid voir ce que j’y mis. Ah! fallait-il que je vous visse, Fallait-il que vous me plussiez, Qu’ingénument je vous le disse, Qu’avec orgueil vous vous tussiez ! Fallait-il que je vous aimasse, Que vous me désespérassiez, Et qu’en vain je m’opiniâtrasse, Et que je vous idolâtrasse Pour que vous m’assassinassiez ! Alphonse Allais (1854-1905) Poème n°9 : Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie : Sonnets pour Hélène
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant : « Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle ! »
Lors, vous n’aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant, Qui au bruit de Ronsard ne s’aille réveillant, Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serais sous la terre, et, fantôme sans os,
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ; Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain : Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime, Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d’être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l’ignore.
Son nom? Je me souviens qu’il est doux et sonore, Comme ceux des aimés que la vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
Paul Verlaine (1844-1896)
Poème n°11 : Toi : Ballades et réflexions à ma façon Toi c’est un mot Toi c’est une voix Toi c’est tes yeux et c’est ma joie
Toi c’est si beau
Toi c’est pour moi Toi c’est bien là et je n’y crois
Toi c’est soleil
Toi c’est printemps Toi c’est merveille de chaque instant
Toi c’est présent
Toi c’est bonheur Toi c’est arc-en-ciel dans mon coeur
Toi c’est distant…
Toi c’est changeant… Toi c’est rêvant et esquivant…
Toi c’est pensant…
Toi c’est taisant… Toi c’est tristesse qui me prend…
Toi c’est fini.
Fini ? Pourquoi ? Toi c’est le vide dans mes bras… Toi c’est mon soleil qui s’en va… Et moi, je reste, pleurant tout bas.
Esther Granek (1927-2016)
Poème n°12 : Ce qui dure : Les vaines tendresses Le présent se fait vide et triste, Ô mon amie, autour de nous ; Combien peu de passé subsiste ! Et ceux qui restent changent tous.
Nous ne voyons plus sans envie
Les yeux de vingt ans resplendir, Et combien sont déjà sans vie Des yeux qui nous ont vus grandir !
Que de jeunesse emporte l'heure,
Qui n'en rapporte jamais rien ! Pourtant quelque chose demeure : Je t'aime avec mon cœur ancien,
Mon vrai cœur, celui qui s'attache
Et souffre depuis qu'il est né, Mon cœur d'enfant, le cœur sans tache Que ma mère m'avait donné ;
Ce cœur où plus rien ne pénètre,
D'où plus rien désormais ne sort ; Je t'aime avec ce que mon être A de plus fort contre la mort ;
Et, s'il peut braver la mort même,
Si le meilleur de l'homme est tel Que rien n'en périsse, je t'aime Avec ce que j'ai d'immortel. Sully Prudhomme (1839-1907)
Poème n°13 : Pour toujours ! : Le cahier rouge
L'espoir divin qu'à deux on parvient à former Et qu'à deux on partage, L'espoir d'aimer longtemps, d'aimer toujours, d'aimer Chaque jour davantage ;
Le désir éternel, chimérique et touchant,
Que les amants soupirent, A l'instant adorable où, tout en se cherchant, Leurs lèvres se respirent ;
Ce désir décevant, ce cher espoir trompeur,
Jamais nous n'en parlâmes ; Et je souffre de voir que nous en ayons peur, Bien qu'il soit dans nos âmes.
Lorsque je te murmure, amant interrogé,
Une douce réponse, C'est le mot : – Pour toujours ! – sur les lèvres que j'ai, Sans que je le prononce ;
Et bien qu'un cher écho le dise dans ton cœur,
Ton silence est le même, Alors que sur ton sein, me mourant de langueur, Je jure que je t'aime.
Qu'importe le passé ? Qu'importe l'avenir ?
La chose la meilleure, C'est croire que jamais elle ne doit finir, L'illusion d'une heure.
Et quand je te dirai : – Pour toujours ! – ne fais rien
Qui dissipe ce songe, Et que plus tendrement ton baiser sur le mien S'appuie et se prolonge ! François Coppée (1842-1908)
Poème n°14 : A de beaux yeux : La comédie de la mort
Vous avez un regard singulier et charmant ; Comme la lune au fond du lac qui la reflète, Votre prunelle, où brille une humide paillette, Au coin de vos doux yeux roule languissamment ;
Ils semblent avoir pris ses feux au diamant ;
Ils sont de plus belle eau qu'une perle parfaite, Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète, Ne voilent qu'à demi leur vif rayonnement.
Mille petits amours, à leur miroir de flamme,
Se viennent regarder et s'y trouvent plus beaux, Et les désirs y vont rallumer leurs flambeaux.
Ils sont si transparents, qu'ils laissent voir votre âme,
Comme une fleur céleste au calice idéal Que l'on apercevrait à travers un cristal.
Théophile Gautier (1811-1872)
Poème n°15 : Les caresses des yeux : A l’amie perdue
Les caresses des yeux sont les plus adorables ; Elles apportent l'âme aux limites de l'être, Et livrent des secrets autrement ineffables, Dans lesquels seul le fond du coeur peut apparaître.
Les baisers les plus purs sont grossiers auprès d'elles ;
Leur langage est plus fort que toutes les paroles ; Rien n'exprime que lui les choses immortelles Qui passent par instants dans nos êtres frivoles.
Lorsque l'âge a vieilli la bouche et le sourire
Dont le pli lentement s'est comblé de tristesses, Elles gardent encor leur limpide tendresse ;
Faites pour consoler, enivrer et séduire,
Elles ont les douceurs, les ardeurs et les charmes ! Et quelle autre caresse a traversé des larmes ? Auguste Angellier (1848-1911)
Poème n°16 : Eloge de l’amour : Les amour de Psyché
Tout l'Univers obéit à l'Amour ; Belle Psyché, soumettez-lui votre âme. Les autres dieux à ce dieu font la cour, Et leur pouvoir est moins doux que sa flamme. Des jeunes coeurs c'est le suprême bien Aimez, aimez ; tout le reste n'est rien.
Sans cet Amour, tant d'objets ravissants,
Lambris dorés, bois, jardins, et fontaines, N'ont point d'appâts qui ne soient languissants, Et leurs plaisirs sont moins doux que ses peines. Des jeunes coeurs c'est le suprême bien Aimez, aimez ; tout le reste n'est rien. Jean de La Fontaine (1621-1695)
Poème n°17*: Mignonne, allons voir si la rose : Les Odes
Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avoit desclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu ceste vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place Las ! las ses beautez laissé cheoir ! Ô vrayment marastre Nature, Puis qu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Comme à ceste fleur la vieillesse Fera ternir vostre beauté. Pierre de Ronsard (1524-1585) Poème n°18: L’amour caché : Mes heures perdues Mon âme a son secret, ma vie a son mystère, Un amour éternel en un moment conçu : Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire, Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.
Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire. Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre, N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.
Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,
Elle suit son chemin, distraite et sans entendre Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.
À l'austère devoir, pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle " Quelle est donc cette femme ? " et ne comprendra pas. Félix Arvers (1806-1850)
Poème n°19: Nos désirs sont d’amour : Hécatombe à Diane
Nos désirs sont d'amour la dévorante braise, Sa boutique nos corps, ses flammes nos douleurs, Ses tenailles nos yeux, et la trempe nos pleurs, Nos soupirs ses soufflets, et nos sens sa fournaise.
De courroux, ses marteaux, il tourmente notre aise
Et sur la dureté, il rabat nos malheurs, Elle lui sert d'enclume et d'étoffe nos coeurs Qu'au feu trop violent, de nos pleurs il apaise,
Afin que l'apaisant et mouillant peu à peu
Il brûle d'avantage et rengrège (1) son feu. Mais l'abondance d'eau peut amortir la flamme.
Je tromperai l'enfant, car pensant m'embraser,
Tant de pleurs sortiront sur le feu qui m'enflamme Qu'il noiera sa fournaise au lieu de l'arroser. Théodore Aggripa (1552-1630) Poème n°20: L’amour nous fais trembler : Le cœur solitaire L'amour nous fait trembler comme un jeune feuillage, Car chacun de nous deux a peur du même instant. « Mon bien-aimé, dis-tu très bas, je t'aime tant... Laisse... Ferme les yeux... Ne parle pas... Sois sage... »
Je te devine proche au feu de ton visage.
Ma tempe en fièvre bat contre ton cœur battant. Et, le cou dans tes bras, je frissonne en sentant Ta gorge nue et sa fraîcheur de coquillage.
Ecoute au gré du vent la glycine frémir.
C'est le soir ; il est doux d'être seuls sur la terre, L'un à l'autre, muets et faibles de désir.
D'un baiser délicat tu m'ouvres la paupière ;
Je te vois, et, confuse, avec un long soupir, Tu souris dans l'attente heureuse du mystère. Charles Guérin (1873-1907) Poème n°21 : Poème antique anonyme Sept jours, que je n’ai vu la sœur 1 ; La maladie s’est insinuée en moi. Mon corps est devenu lourd, Et j’ai perdu toute conscience Quand viennent à moi les chefs-médecins, Je ne puis être calmé de leurs remèdes ; Les ritualistes, l’issue n’est pas de leurs côtés : On ne peut discerner ma maladie. Mais qu’on me dise : le voici ! voilà qui me ferait revivre ; Qu’on prononce son nom, voilà qui me relèverait. L’allée et venue de ses messagers, Voilà qui ferait revivre mon cœur. La soeur m’est plus bénéfique qu’aucun remède, Elle m’est plus efficace que la somme médicale Mon salut : qu’elle entre de l’extérieur ; Que je l’aperçoive, et je retrouverais la santé. Qu’elle ouvre les yeux et mon corps rajeunirait, Qu’elle parle, et je retrouverai la force. Si je l’enlaçais, elle détournerait le mal de moi, Mais voici sept jours qu’elle m’a quitté !