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Texte BAC 2

Le Bal des voleurs est une pièce de théâtre écrite en 1938 par Jean Anouilh. Ce dernier est
un dramaturge auteur de pièces de théâtre qu’il a lui-même classé en pièces roses, noires,
brillantes et costumées. Son œuvre, pessimiste, dépeint d’une société cynique qui conduit à
des compromis. Le bal des voleurs fait partie intégrante des pièces roses. Dans cette pièce,
Jean Anouilh y relate l’histoire de Lady Hurf qui s’ennuie à Vichy et cherche un moyen
d’égayer son séjour qu’elle fait avec ses deux nièces et son tuteur. L’occasion s’offre à elle
de se distraire, en effet, 3 voleurs sévissant à Vichy se sont déguisés en Grands d’Espagne
afin de lui voler ses perles. Elle rentre dans leur jeu. Les voleurs sont invités à loger dans sa
villa. Dans cet extrait, on assiste à une scène de jeu de dupes avec un renversement de
situation sur le thème de l’arroseur arrosé. Trois voleurs déguisés en Grands d’Espagne
vont chercher à monter une supercherie auprès de Lady Hurf en la dupant. Cependant, Lady
Hurf joue le rôle d’une victime qui va les piéger à son tour.

Lecture à haute voix

Nous nous demanderons en quoi ce texte développe-t-il le procédé de l’arroseur arrosé.


Le texte se divise en deux mouvements, le premier de la première ligne à “au cou de
Peterbono” qui relate la mise en scène d’une imposture. Pour ce qui est de la suite du texte,
nous assistons à la manipulation de Lady Hurf et le principe de l’arroseur arrosé.

Dès la première réplique, Peterbono se positionne en metteur en scène de l’escroquerie : il


enchaîne une succession de phrases courtes indiquant une forme d’urgence mais aussi
permettant de donner du rythme à l’action. Peterbono se place en chef du groupe comme
l’indique l’impératif “Jouons serré”
La deuxième réplique d’Hector : “ton monocle” rappelle l’urgence de situation, c’est une
phrase nominale exprimée en ordre expéditif. Cela peut exprimer un manque de complicité
entre les personnages.
A la troisième réplique, Peterbono se positionne toujours en metteur en scène : c’est lui qui
déclenche l’action à venir par l’expression “je donnerai le signal”. Il place également ses
complices avec sa remarque “Gustave, plus en arrière”
Dans la didascalie, la mise en mouvement des voleurs s’accompagne de musique
“commence une marche d’un caractère à la fois héroïque et très espagnol”, c’est une
expression hyperbolique. La musique crée une atmosphère en adéquation avec leur
travestissement et leur arrivée surjouée. Il y a donc un mimétisme entre le jeu sur scène, le
texte et la musique.
Pour ce qui est de la seconde phrase, le spectateur y perçoit renforcement du comique
reposant sur la gestuelle de Lady Hurf, avec l’énumération des verbes d’actions “se lève”,
“va à eux”, “se précipite”. De même, le comique de situation apparaît dans cette didascalie,
en effet, la mise en scène de l’imposture est contrecarrée par Lady Hurf qui leur tend un
piège.

Maintenant, nous allons nous intéresser au principe de l’arroseur arrosé que développe
Lady Hurf.
En effet, dès sa première réplique, Lady Hurf impose une fausse identité à Peterbono,
comme si celui-ci était un ancien ami qu’elle connaissait.
La didascalie “la musique s’arrête” indique le renversement de situation
La didascalie de Peterbono “gêné et surpris” indique son malaise, renforcé par l’expression
“heuh” et les points de suspension qui expriment que le personnage est pris de court, il n’a
pas le temps de réagir.
Suite à cela, Lady Hurf continue de se jouer de Peterbono. Avec les impératifs “voyons” et
“souvenez-vous”, elle crée une forme de pression sur le personnage. Elle enchaîne les
indications précises sur les circonstances de leur rencontre. Puis, elle se nomme comme
pour faire face à une soudaine défaillance de son interlocuteur.
Peterbono feint la reconnaissance et répète les propos de Lady Hurf, il n’a pas le temps de
réagir.
La didascalie “aux autres” rappelle le travestissement et indique également que ce dernier
n’a pas conscience du jeu de dupes organisé par Lady Hurf.
A la ligne 12 et 13, Lady Hurf développe une forme d’emphase avec “comme je suis
heureuse”, en effet, la situation la divertit. Elle renfoce ce jeu en demandant des nouvelles
de sa femme “Mais la duchesse ?”
La réponse de Peterbono est totalement improvisée et lui permet de couper court à la
conversation
La didascalie “trémolo à l’orchestre” indique une forme de mimétisme, quand la mort est
évoquée, l’orchestre joue trémolo
Lady Hurf répond à Peterbono sur la mort de sa femme de manière tout aussi hyperbolique
avec l’expression “Dieu !” et continue de mener le jeu en lui posant des questions sur sa
famille.
Peterbono ressort la même réponse, ce qui crée un comique de répétition. La didascalie qui
s'ensuit indique également une continuité et renforce le comique.
Suite à cela, Lady Hurf continue son jeu de dupe en évoquant les relations sociales de son
interlocuteur. La réponse de Peterbono est toujours la même, signifiant qu’il persiste à éviter
toute forme de conversation. Ce jeu de questions-réponses participe au comique de
situation car Peterbono croit s’en sortir en annonçant comme “mortes” toutes les personnes
dont Lady Hurf lui demande des nouvelles.
La première phrase de la didascalie participe au renforcement du comique, il y a en effet, un
effet de contraste entre “la marche funèbre” et la réplique antithétique “Sauvés”. Peterbono
est encore dans l’illusion de maîtriser la situation.

Par conséquent, le spectateur assiste à une mise en scène d’un piège qui se referme sur les
voleurs ; la manipulation et le stratagème de Lady Hurf permettent de créer une scène
comique, divertissante.

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