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Explication linéaire
Jean-Jacques Rousseau, La Nouvelle Héloïse (1761)
Jean-Jacques Rousseau est surtout connu comme une figure marquante du siècle des
Lumières, mais il préfigure également la sensibilité romantique, comme en témoigne le
roman épistolaire, La Nouvelle Héloïse, racontant un amour impossible entre la noble Julie
et son précepteur, Saint-Preux, d’une condition inférieure. Celui-ci, après une longue
absence au cours de laquelle il a exploré le monde, retrouve Julie mariée. Elle a transformé
le jardin témoin de leur amour passé en un verger secret nommé l’Élysée, comme le séjour
des âmes bienheureuses après la mort dans la mythologie grecque. La description
méliorative de ce verger dévoile la sensibilité romantique de Rousseau et s’inscrit
pleinement dans la tradition du locus amoenus, lieu caché et agréable qui constitue un
véritable refuge pour les Hommes.
humains. Cet éloge de la nature se révèle dans la caractérisation méliorative des fleurs des
champs à l’aide du numéral hyperbolique « mille » et du verbe « briller » (l. 6), alors que les
fleurs de jardin sont reléguées au second plan et désignées de manière moins valorisante par
la locution pronominale indéfinie « quelques-unes » (l. 7). Le narrateur célèbre ainsi la
beauté de ce jardin qui stimule agréablement les sens, ce qui l’inscrit bien dans la tradition
du locus amoenus, mais révèle également une sensibilité romantique.
Conclusion
Ce verger idéal, aux yeux de Rousseau, reprend beaucoup de motifs du locus
amoenus : paysage agréable à l’œil, véritable asile champêtre, nature bienfaisante et
nourricière. Cette description s’inscrit donc bien dans le parcours « La célébration du
© Éditions Hatier, 2022
monde ». Rousseau nous livre la description lyrique d’un jardin qui réconcilie l’Homme et la
nature, propose un hommage à l’esthétique sauvage et naturelle et annonce la sensibilité
romantique. En effet, ce paysage miroir, aux « touffes obscures » et aux « allées
tortueuses », figure déjà les tourments de l’âme romantique et le désir d’un paysage refuge.
Pour poursuivre notre exploration des jardins-monde, nous pouvons nous tourner vers Le
Paradou décrit par le naturaliste Émile Zola dans son roman La Faute de l’abbé Mouret.