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Marivaux, Les Fausses confidences (1937)

ET 3 acte III, scène 1, à partir de « Dorante. Je t’avoue que j’hésite un peu » à la fin

Intro : voir ET 1 + situation du passage

Problématique : comment Dorante exprime-t-il ses craintes face au stratagème de Dubois et comment ce dernier les
réduit-il à néant ?

Plan :

- L 1-10 : retour sur la conversation Dorante / A à la scène 14


- L 11-18 : Dorante expose les difficultés rencontrées et Dubois les balaie l’une après l’autre
- L 19 à la fin : Dubois s’affirme comme le meneur du jeu

I. Dans la première réplique Dorante exprime ses craintes par des interrogations totales (la réponse
attendue est « oui ») ; ces questions portent sur le stratagème établi par Dubois : premièrement il craint
qu’A, bousculée par leurs ruses, le repousse ; il craint aussi de la mettre dans l’embarras (problème de
statut social)
Dubois répond de manière catégorique en utilisant des expressions empruntées à la chasse : l’idée
générale est que, contrairement aux doutes de Dorante, il faut accentuer la pression sur A pour qu’elle
avoue ses sentiments car elle est déjà « étourdie » ; la réaction de Dubois est dictée par les circonstances
et l’état d’A mais aussi par son amour propre => il évoque le fait qu’A essaie de le manipuler avec les
verbes « triche[r] » et « fai[re] accroire ou encore « me souffler mon emploi » ; c’est une façon de nous
rappeler qu’il n’y a pas qu’un stratagème en jeu, que chaque personnage réagit avec sa propre ruse dans
ce contexte amoureux ; on trouve aussi une idée de vengeance exprimée par la formule « je lui
apprendrai »
Les deux répliques suivantes portent sur la difficulté qu’a eue Dorante quand A essayait de lui tirer les vers
du nez à la scène 14 ; on le voit avec la répétition du participe passé « souffert » l 6 et 9 ; mais, alors que
Dorante exprime sincèrement ses émotions, Dubois y fait référence de manière ironique par l’exclamative
et le juron « parbleu ! »
Le champ lexical de la douleur (« douleur » l 8, « souffert » l 9, « inquiétude » L 10) permet aussi de
comprendre que selon Dubois elle est inévitable pour arriver à ses fins dans cette affaire
On note aussi un échange sur le fait que Dubois aurait pu / dû prévenir de la ruse d’A l 6-7 : là aussi Dubois
répond par l’ironie
On peut aussi se poser la question de la sincérité des sentiments de Dorante avec « votre douleur n’en a
paru que plus vraie » (le verbe d’état « paraitre » introduit un doute !)

II. A partir de la l 11 les répliques deviennent plus courtes, stichomythies ; elles accompagnent l’expression
des craintes de Dorante que Dubois balaie d’un revers de main
Dorante propose un scénario catastrophe au futur l 11 : A va le renvoyer ; à quoi Dubois répond de façon
redondante qu’il est trop tard, qu’elle ne peut plus le faire ; on relève l’effet comique du pronom dans « il
faut qu’ elle nous épouse » l 12=> la première personne du pluriel désigne les deux conjurés et montre
combien Dubois est investi de sa mission
Dorante évoque ensuite la mère d’A l 13 et Marton l 15 comme autant d’obstacles insurmontables ; Dubois
répond de façon comique en disant qu’il est très bien que sa mère la contrarie et que la venue de Marton
était en fait liée à un de ses ordres mais Dorante met en évidence la gêne d’A avec le verbe « fatigue » et
le participe passé « confuse » face à ces deux personnages ; par la phrase nominale « des confusions ! »,
l’interjection « ah » et les exclamatives, Dubois met en évidence le fait que ce n’est que le début » !
Enfin Dorante évoque sa situation aux yeux d’A avec l’adjectif « insupportable » l 18
III. La dernière partie du dialogue montre que le valet est maitre du jeu par son intelligence et son sens de la
stratégie
La réplique l 19-21 cherche à faire réagir Dorante par l’affirmation « elle a raison [de vous trouver
insupportable] » ; puis les questions rhétoriques expliquent pourquoi : l’amour que Dorante lui inspire la
dérange, elle préfèrerait ne pas l’aimer
Le zeugma « vous vous emparez de son bien, de son cœur » expose l’action de Dorante d’une façon un
peu problématique car le bien (l’argent) passe avant l’amour ( Dorante est-il sincère ? est-il intéressé ?)
Face aux plaintes de Dorante, Dubois réagit par l’énergie et l’action avec le passage à l’impératif dans sa
dernière réplique : « laissez-vous conduire », ordonne-t-il, ce qui rappelle que c’est lui le metteur en scène
de cette comédie
La réaction de Dorante se veut rassurante pour le lecteur puisqu’il réaffirme son amour et son chagrin si
le stratagème échoue
Dubois réaffirme son autorité dans la dernière réplique en multipliant les injonctions : Dorante doit le
laisser agit et ne prendre aucune initiative car il est amoureux et donc incapable d’agir rationnement !
Dubois se présente lui comme « un homme de sang-froid »

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