Lecture Linéaire N°8

Marivaux, Les Fausses Confidences, Texte intégral, Acte II Scène 3

De « Araminte : […] écrivez le billet que je vais vous dicter ; » à « Dorante : Dubois ne m’a
averti de rien. ».

Introduction :

Ce texte est un extrait Des fausses confidences de Marivaux. Celui-ci est connu pour ces pièces sur le
thème du mariage. Sa spécialité est de montrer comment l’amour vient au personnage. Les fausses
confidences est une pièce de théâtre, plus précisément une comédie datant de 1737. Celle-ci met en
scène les stratagèmes de Dubois qui a pour objectif que Do, son ancien maitre épouse Araminte,
jeune veuve dont il est amoureux. Du va lever les obstacles qui empêchent cet amour d’exister. Dans
cette scène c’est A qui va mettre en place son stratagème afin que Do lui révèle son amour. A va
utiliser un accessoire utilisé régulièrement au théâtre : la lettre. Celle-ci permet de faire progresser
l’intrigue et parfois même déclencher un coup de théâtre. C’est un révélateur de situation. Ce texte
se divise en deux parties. La première partie est la présentation à Do de son projet de mariage avec le
compte à ses premières réactions (jusqu’à la ligne 21). La deuxième partie est la tentative par Do
d’exposer ses arguments afin de faire renoncer A de sa décision (à partir de la ligne 22).

Partie 1 :
A] didascalie « d’un air délibéré » indique qu’A est sûre d’elle.

Elle prend un air assuré qui se traduit par quelques éléments – utilisation impératif
« écrivez »

Le fait qu’elle dicte car elle laisse aucune liberté à Do

Elle veut ici imposer son rôle de maitresse

« Il y a tout ce qu’il faut sur cette table »  tout son plan est mis en place

D] Dorante s’exclame et demande des précisions sur le destinataire

A] réponse directe d’A « Pour le compte » celui-ci est le rival de Do. Sachant que le destinataire est le
compte on comprend que la lettre abordera ou le sujet du procès ou celui du mariage.

3 propositions subordonnées relatives introduites par les pronoms relatifs « que » « qui » « par » qui
ont pour antécédent le compte.

Celles-ci donnent des précisions sur le compte

« Extrêmement inquiet »

« Bien agréablement » 2 expressions ménagent le suspense cela dans le but d’embêter Do

« Par le petit mot que vous allez lui écrire en mon nom » insiste sur la supériorité maître/valet.
Cela marque la différence entre ces deux personnes

Didascalie : « rêveur » « par distraction » indique que Do est perturbé, il est perdu dans ses pensées

3 Questions consécutives qui ont pour but encore d’embêter Do et A veut lui montrer qu’elle a vu sa
distraction

D] didascalie « toujours distrait » ici le mot toujours a pour but d’insister sur le mal-être de Do

Réponse courte « oui madame »

A] L’aparté d’A a pour but de signifier verbalement qu’elle a vu sa distraction

« Voyons si cela continuera » A mène la danse et ne compte pas s’arrêter car elle utilise le futur
« continuera »

D] didascalie « cherche du papier » montre la déstabilisation de Do et sa volonté de vouloir perdre du

temps

Aparté « Ah ! Dubois m’a trompé ! »

Double exclamation montre le dépit de Do qui pense que son fidèle valet ne l’a pas aidé

Il pense que le plan de Dubois est un mensonge « trompé ». Cela prouve que le stratagème d’A
fonctionne

A] La réplique suivante d’A montre sa sureté à travers son attitude contrairement à celle de Do. A
joue de sa domination

3 répliques suivantes insistent sur le mal être de Do et sur le plaisir d’A à se jouer ainsi de son valet.

A] « Ecrivez »  formule injonctive. A torture Do

« Hâtez-vous » volonté de précipité son union

« Sur »

A dicte « votre mariage est sur » et non « notre mariage est sur »  cela indique sa volonté à ne pas
s’impliquer totalement dans son mariage

« Avez-vous écrit ? » A veut que Do réagisse

D] « Comment Madame ? »

Est-ce un comment qui signifie « pouvez-vous répétez »

Ou un comment exclamatif qui montre son étonnement face à la révélation qu’A vient de lui faire

A] « Vous ne m’écoutez donc pas »  A est faussement énervée

A répète la formule déstabilisante « votre mariage est sûr »

« Madame veut que je vous l’écrive » verbe « vouloir » exprime une forte volonté

A est consciente qu’elle lui fait du mal mais sa réaction ne lui convient pas

Aparté « Est ce qu’il ne parlera pas » -> tournure négative qui montre *un énervement personnel

*son impatience

Cette réplique sous-entend qu’elle attend qu’il parle

Elle se trouve donc dans une situation similaire à celle de Do puisqu’elle attend que quelque chose
arrive

Elle va donc avancer dans le plan

La phrase suivante d’A amène des précisions sur les motivations du mariage. C’est-à-dire qu’elle
interdit les gens de penser que c’est n’est pas un mariage d’amour. Pour cela elle utilise une formule
injonctive « n’attribuez point ».

Cette phrase apparaît comme un sous-entendu. C’est une LITOTE c’est-à-dire qu’A en dit moins plus
faire entendre plus.

On comprend ici que le véritable destinataire est Do.

Partie 2 :

Do est plus raisonné, il donne des arguments

Rebond sur la dernière phrase d’A « il » « le » « l’»  il est question du procès

« Douteux ! » Do reprend le dernier therme de la lettre montre une incongruité. Do remet en

question les propos d’A et les nie fermement

« Assurer » il est sûr de lui sur ce coup, il essaie de la récupéré en réfutant ses arguments.

A] « n’importe »  manière de dire que l’argument n’à aucune valeur

« Achevez »  A montre qu’elle est pressée de finir dans le but d’embêter encore une fois Do

Les termes « assurer » « mérite » « détermine » utilisé par A dans sa lettre montre son insistance sur
le fait qu’elle est intéressée par le compte

« Justice »  mot du champs lexical de la loi  lien avec le procès mais ce mot change de sens, dans
cette phrase il a un aspect humain

D] « Ciel ! je suis perdu » dans cette réplique, l’exclamation et le mot ciel montre le désespoir de Do

« Mais » indique la contradiction entre les propos d’A faits à Do avant l’écriture de cette lettre et les
propos qu’elle tient aujourd’hui

« Vous n’aviez aucune inclination pour lui » ici Do rappelle à A qu’il n’y aucun amour entre eux

« Aucune inclination » + négation absolue le prouve

A] A fait comme si elle n’avait pas entendu la remarque

« Vous dis-je » montre son insistance

Le stratagème d’A prend une autre dimension, elle ne va plus dicter mais elle va souligner le malaise
de Do. « tremble » « changé » « mal »

Les expressions telles que « paraissez » « je crois que » « trouverait » et le fait qu’elle pose des
questions présentes dans chaque phrase montre l’incertitude d’A.

D] observation d’un euphémisme « mal » « pas bien »

Ici Do attenu la réalité de son mal être tout en reprenant la phrase d’A

A] A montre sa surprise à travers l’expression « quoi ! Si subitement ! Cela est singulier. » C’est une
phrase courte. A va à l’essentiel

Le mot « singulier » signifie incompréhensible dans la phrase

Puis A passe à autre chose rapidement pour montrer son indifférence

L’aparté qui suit est en contradiction avec son indifférence

On voit une sorte d’aller-retour entre son aparté et le moment où elle s’adresse à Do

Son aparté montre qu’elle est attachée à lui alors qu’elle paraît très sure d’elle quand elle s’adresse à
lui directement

Puis elle conclue sur le fait que son stratagème n’a pas marché car Do n’a pas avoué ses sentiments

Do] Le verbe « éprouver » dans son aparté montre sa souffrance

Il se pose la question sur un possible stratagème puisqu’on observe un point d’interrogation

« Du ne m’a averti de rien » Do a deux doutes

Est-ce que Pourquoi est-ce que

l’attitude d’A Du ne l’a pas averti Déstabilisation
indique la mise en des intentions d’A ?
place d’un
stratagème ?

Même si Du n’apparaît pas dans cette scène il est quand décrit comme un grand stratège

Conclusion :

Dans cet extrait Araminte mène le jeu et soumet Dorante à la torture en lui faisant une lettre qui va
le troubler s'il est amoureux d'elle. Araminte dicte donc la lettre tout en surveillant ses réactions qui
vont lui permettre tout savoir s'il est amoureux d'elle. Ce stratagème et soumis à l'échec car Dorante
n’exprime pas clairement ses sentiments. Araminte ne peut donc pas observer son trouble. Ici
Araminte apparait comme le double de Dubois mais elle n’a pas sa ruse et son stratagème n’atteint
pas son but.