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5 Les règles d’accord

Objectifs du chapitre
Vérifier que l’on est capable de reconnaître et distinguer les natures des mots (en particulier les
adjectifs et les verbes).
Vérifier que l’on sait identifier les COD.
Connaître les principales règles d’accord des adjectifs, verbes conjugués et participes passés, et
être capable de les appliquer.

Démarche
Le texte de Laclos permet de distinguer les différents mots à accorder, en particulier
les adjectifs et les participes passés, dont les accords posent souvent problème aux
élèves. Les questions proposent une démarche inductive : l’élève analyse les formes
et en tire les règles générales.

1. Repérer et comprendre les accords


La langue et le discours

a.
Adjectif S’accorde avec Genre et nombre
« inconsidérées » (l. 1) « femmes » Féminin pluriel
« autres » (l. 3) « femmes » Féminin pluriel
« profondes » (l. 5) « réflexions » Féminin pluriel
« volontaires » (l. 16) « douleurs » Féminin pluriel
PARTIE 1

« inattendue » (l. 18) « joie » Féminin singulier

Chacun de ces adjectifs épithètes s’accorde avec le nom auquel il se rattache.

CHAPITRE 5 Les règles d’accord 35


b. Le participe passé « entrée » (l. 6) s’accorde avec le pronom « j’ » (l. 7), féminin sin-
gulier puisqu’il désigne ici Mme de Merteuil. – « forcée » (l. 10) s’accorde avec le pro-
nom « j’ » (l. 11), féminin singulier. Il s’agit ici de participes passés apposés.
c.
Verbe S’accorde avec Personne et nombre
« entouraient » (l. 11) « yeux » 3e personne du pluriel
« croyait » (l. 7) « on » 3e personne du singulier
« s’empressait » (l. 8) « on » 3e personne du singulier
« cherchait » (l. 9) « on » 3e personne du singulier

On pourra faire remarquer aux élèves que l’accord avec le pronom « on », même lors-
qu’il désigne plusieurs personnes, se fait à la troisième personne du singulier.
d. Les participes passés « donnés », « reçus », et « suivis » sont au masculin pluriel parce
qu’ils sont employés avec l’auxiliaire « être » (« ils ne sont pas reçus… ») : dans ce cas,
l’accord se fait avec le sujet, ici « ils », mis pour « mes principes », masculin pluriel.
e. – Le participe passé « vue » est féminin singulier. Ce participe passé employé avec
l’auxiliaire « avoir » s’accorde en genre et en nombre avec le COD : « m’ » (qui désigne
Mme de Merteuil, donc féminin singulier), puisque ce COD est placé avant le verbe :
« quand m’avez-vous vue ».
– Le participe passé « créés » est masculin pluriel. Ce participe passé employé avec
l’auxiliaire « avoir » s’accorde en genre et en nombre avec le COD « les » (qui reprend
« mes principes », donc masculin pluriel), puisque ce COD est placé avant le verbe :
« Je les ai créés ».
– Le participe passé « loué » est masculin singulier. Ce participe passé employé avec
l’auxiliaire « avoir » s’accorde en genre et en nombre avec le COD « ce regard dis-
trait » (masculin singulier), puisque ce COD est placé avant le verbe : « ce regard dis-
trait que vous avez loué si souvent ».
➙ Les questions d et e permettent de faire revoir aux élèves la règle principale de
l’accord du participe passé.
f. – Le participe passé « prescrites » (féminin pluriel) s’accorde avec le pronom relatif
COD « que » placé avant le verbe et qui a pour antécédent le groupe nominal « des
règles » : « des règles que je me suis prescrites ».
– Le participe passé « travaillée » (féminin singulier) s’accorde avec le pronom réfléchi
COD « me » (qui renvoie à Mme de Merteuil, donc féminin singulier), placé avant le verbe.
On pourra avec cette question faire travailler les élèves sur les différentes formes
d’accord du participe passé dans un verbe pronominal.

2. Interpréter
Dès le début de la lettre, Mme de Merteuil se place à part des autres femmes, à tra-
vers la conjonction de coordination « mais » et la question rhétorique : « mais moi,
qu’ai-je de commun avec ces femmes inconsidérées ? » (l. 1).
Tout d’abord, elle réfléchit et analyse, comme le prouvent les termes « règles »
(l. 2), « principes » (répété aux lignes 2 et 3), « réflexions » (l. 5), « réfléchir » (l. 7), ce qui
n’est pas le cas des autres femmes : le rythme ternaire « donnés au hasard, reçus
sans examen et suivis par habitude » souligne l’absence de discernement des « autres
femmes ».
De plus, elle ne se contente pas des apparences. Elle cherche ainsi à savoir ce qu’« on
cherchait à [lui] cacher » (l. 9), tout en faisant semblant d’écouter « les discours qu’on
s’empressait de [lui] tenir » (l. 8 et 9). De la même façon, elle est capable de duplicité
afin d’arriver à ses fins, à savoir comprendre le fonctionnement du monde. Le champ
lexical de la dissimulation – « dissimuler » (l. 10), « cacher » (l. 9 et 11) – montre son art

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dans la maîtrise d’elle-même. Tout un jeu d’antithèses montre cet écart entre l’être
et le paraître : « écoutant peu » (l. 8) vs « recueillais avec soin » (l. 9), « chagrin » (l. 14)
vs « joie » (l. 15), « douleurs volontaires » (l. 16) vs « expression du plaisir » (l. 16-17).
Enfin, Mme de Merteuil a réprimé en elle-même toute émotion véritable. Elle s’est
construit un véritable personnage pour « s’instruire » (l. 10). Elle explique ainsi : « je
suis mon ouvrage » (l. 5) et « je me suis travaillée » (l. 17). Les termes « ouvrage » et
« travaillée » soulignent cette activité faite sur elle-même.
Au total, on retiendra que la connaissance des règles d’accord n’aide pas seule-
ment à une meilleure maîtrise de l’expression écrite et orale. Elle est aussi utile pour
la compréhension et le commentaire des textes littéraires.

EXERCICES
Exercice 1
1. Elle est aimée par sa famille. 2. La vente était terminée. 3. Ils sont épuisés en cette
fin d’année. 4. Je vais vous raconter l’aventure surprenante qui m’est arrivée [anté-
cédent = « arrivée surprenante »]. 5. Ces textes ont été retrouvés il y a peu de temps.
6. Nous avons mal supporté la chaleur qu’il a fait au mois d’août. 7. Que d’efforts il a
fallu pour réussir ! 8. Les courses qu’il a fait livrer sont bien utiles.
N.-B. – Dans les phrases 6, 7 et 8, auxiliaire avoir, donc pas d’accord avec le sujet. Pas
de COD placé avant le verbe dans les phrases 6 et 7, donc pas d’accord non plus avec
un possible COD : il s’agit de verbes impersonnels. Dans la phrase 8, le participe passé
du verbe « faire » est suivi d‘un infinitif (« fait » = invariable dans ce cas) ; le pronom
relatif « qu’ » est COD de « livrer », non de « a fait ».
Exercice 2
1. radicaux. 2. fatals. 3. prénatals. 4. royaux. 5. impartiaux. 6. joviales.
Exercice 3
Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l’incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l’horizon.
Nous marchions sans parler, dans l’humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu.
Exercice 4
1. yeux noisette / chevelure châtain. 2. fleurs mauves. 3. drapeaux rouges et orangés.
4. casquette kaki. 5. robes orange. 6. fleurs bleues. 7. jupe vert clair. 8. ailes bleues /
La langue et le discours

plumes jaune doré. 9. chaussures bleu marine.


Règle générale (accord) : rouges, orangés, bleues. Adjectifs issus d’un nom : noisette,
kaki (exception : mauves) ; suivis d’un autre adjectif : vert clair, jaune doré, bleu marine ;
masculin seul : châtain.
Exercice 5
1. les petits pois extra-fins. 2. Les jeunes filles étaient court-vêtues. 3. Cette jeune fille
PARTIE 1

est sourde-muette. 4. Les enfants nouveau-nés. 5. Elles se sentent toutes-puissantes.


En 1, 2 et 4, le premier élément a une valeur adverbiale. En 3 et 5, forme composée
de deux adjectifs

CHAPITRE 5 Les règles d’accord 37


Exercice 6
1 Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse
2 Et quand vient l’aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n’y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu’aucun des deux ne trompa

Exercice 7
Sauf mention contraire, il s’agit ici de travailler sur l’accord du participe passé employé
avec l’auxiliaire « avoir ».
1. affrontées : accord avec le COD « que », qui a pour antécédent « difficultés », placé
avant l’auxiliaire. – affaibli(e) : accord avec le COD « m’ » (masculin ou féminin selon
celui ou celle qui parle) placé avant l’auxiliaire. 2. écrit : pas d’accord, car le COD « de
nombreuses lettres » est placé après l’auxiliaire. 3. rendus : accord avec le COD « qu’ »,
qui a pour antécédent « les devoirs », placé avant l’auxiliaire. 4. apprécié : le COD « la
fraîcheur » est placé après l’auxiliaire, donc pas d’accord. – apportée : accord avec le
COD placé avant l’auxiliaire, « que », qui a pour antécédent « la fraîcheur ». 5. impres-
sionnée : accord avec le COD « l’ », pronom qui renvoie à « elle », placé avant l’auxi-
liaire. 6. vue : accord avec le COD « l’ », pronom qui renvoie à « elle », placé avant l’au-
xiliaire. – devenu : accord avec le sujet « il » (auxiliaire être) ; passionné : accord avec
le sujet « il ». 7. retournée : accord avec le COD « l’ », pronom qui renvoie à « elle », placé
avant l’auxiliaire. 8. aimée : accord avec le COD « qu’ », qui a pour antécédent « la ville »,
placé avant l’auxiliaire ; détruite : accord avec le sujet, « la ville » (auxiliaire « être » au
passé composé).

Exercice 8
Mais nous, qu’avons-nous de commun avec ces femmes inconsidérées ? Quand nous
avez-vous vues nous écarter des règles que nous nous sommes prescrites et man-
quer à nos principes ? nous disons nos principes, et nous le disons à dessein : car ils
ne sont pas, comme ceux des autres femmes, donnés au hasard, reçus sans examen
et suivis par habitude ; ils sont le fruit de nos profondes réflexions ; nous les avons
créés, et nous pouvons dire que nous sommes notre ouvrage.
Entrées dans le monde dans le temps où, filles encore, nous étions vouées par état
au silence et à l’inaction, nous avons su en profiter pour observer et réfléchir. Tan-
dis qu’on nous croyait étourdies ou distraites, écoutant peu à la vérité les discours
qu’on s’empressait de nous tenir, nous recueillions avec soin ceux qu’on cherchait à
nous cacher.

Exercice 9
1. Elle s’est blessée avec un couteau. Verbe pronominal réfléchi. Accord avec le pronom
réfléchi COD « s’ » placé avant l’auxiliaire, féminin singulier. 2. Ils se sont échangé leurs
adresses. Verbe pronominal réciproque. Pas d’accord car le COD « leurs adresses »
est placé après l’auxiliaire. 3. Elle s’est souvenue. Verbe essentiellement pronominal.
Accord avec le sujet. 4. Raphaël et Nathan se sont longuement observés. Verbe pro-
nominal réciproque. Accord avec le pronom réfléchi COD masculin pluriel, placé avant
l’auxiliaire. 5. Les crayons qu’elle s’est achetés. Verbe pronominal réfléchi. Accord avec
le COD « qu’ », qui a pour antécédent « les crayons », masculin pluriel, placé avant l’au-
xiliaire. 6. Ils se sont croisés. Verbe pronominal réciproque. Accord avec le pronom

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réfléchi COD « se », masculin pluriel, placé avant l’auxiliaire. 7. Les orateurs se sont suc-
cédé à la tribune. Verbe pronominal réciproque. Pas d’accord, car le pronom réfléchi
« se » n’est pas COD mais COI (on succède à quelqu’un). 8. Elle s’est permis de formu-
ler une critique. Verbe pronominal réfléchi. Pas d’accord, car le pronom réfléchi « s’ »
n’est pas COD mais COS (on permet quelque chose à quelqu’un). 9. Elle se sont vues…
Verbe pronominal réciproque. Accord avec le pronom réfléchi « se » COD, féminin plu-
riel, placé avant l’auxiliaire. – et [elles] se sont parlé. Verbe pronominal réciproque. Pas
d’accord, car le pronom réfléchi « se » n’est pas COD mais COI (on parle à quelqu’un).

Exercice 10
Pourquoi voulez-vous que nous dissimulions l’émotion qui nous étreint tous,
hommes et femmes, qui sommes ici, chez nous, dans Paris debout pour se libérer et
qui a su le faire de ses mains.
Non ! Nous ne dissimulerons pas cette émotion profonde et sacrée. Il y a là des
minutes qui dépassent chacune de nos pauvres vies.
Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-
même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui
et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France,
de la vraie France, de la France éternelle.
Eh bien ! Puisque l’ennemi qui tenait Paris a capitulé dans nos mains, la France
rentre à Paris, chez elle. Elle y rentre sanglante, mais bien résolue. Elle y rentre, éclai-
rée par l’immense leçon, mais plus certaine que jamais, de ses devoirs et de ses droits.
Je dis d’abord de ses devoirs, et je les résumerai tous en disant que, pour le moment,
il s’agit de devoirs de guerre. L’ennemi chancelle mais il n’est pas encore battu. Il reste
sur notre sol. Il ne suffira même pas que nous l’ayons, avec le concours de nos chers
et admirables alliés, chassé de chez nous pour que nous nous tenions pour satisfaits
après ce qui s’est passé. Nous voulons entrer sur son territoire comme il se doit, en
vainqueurs.
C’est pour cela que l’avant-garde française est entrée à Paris à coups de canon.
C’est pour cela que la grande armée française d’Italie a débarqué dans le Midi !

Exercice 11
Proposition :
La ville s’étendait loin devant, comme une tache sale et terne sur la campagne. Et les
façades des immeubles étaient grises jusques à l’horizon. Nous marchions sans rien dire,
sur le bitume sec, au milieu des usines inquiétantes et des entrepôts immenses, lorsque,
près des bâtiments délabrés semblables à ceux des villes en guerre, nous avons aperçu
les grands sacs et les valises remplies des personnes étranges que nous avions convo-
quées. Nous nous sommes arrêtés, retenant notre souffle, et le regard fixe.

Exercice 12
On veillera à ce que les élèves comprennent qu’ils parlent de la libération de Paris, à
la fin de la Seconde Guerre mondiale. La lecture devra mettre en évidence l’enthou-
La langue et le discours

siasme, l’énergie et le dynamisme de celui qui le prononce : gravité, ampleur, effets de


rythme soulignés, lenteur et silences pour souligner les mots importants. Se repor-
ter si nécessaire à une version enregistrée de ce discours célèbre.

Exercice 13
On veillera à ce que les élèves respectent bien les règles d’accord des adjectifs de cou-
leur. Proposition : L’ara est un perroquet multicolore. Sa tête noire et blanche contraste
PARTIE 1

avec ses plumes aux couleurs vives. Celles-ci en effet sont bleu pétrole, écarlates, et
jaune doré. D’autres aras ont des couleurs vert pomme, orangées, et bleu électrique.
On peut admirer sur certains un dégradé de couleurs, allant de l’orange au rouge vif.

CHAPITRE 5 Les règles d’accord 39


Exercice 14
Proposition :
Suicide sur le pont
Un drame s’est produit jeudi dans la petite bourgade tranquille de M… : une jeune fille
(appelons-la D.) s’est jetée du haut du pont qui surplombe la rivière. Elle s’était instal-
lée il y a peu de temps dans cette ville, mais s’était très investie dans la vie associative
locale. Tous les habitants s’étaient habitués à elle. L’un deux a accepté de nous parler :
« Quel malheur ! D. était si gentille : elle s’était enquise de mes nouvelles la semaine
dernière… D. s’est souvent baignée dans cette rivière l’été. Dire que cette eau sera désor-
mais son tombeau... ». Une enquête est ouverte.
Exercice 15
a. – « traversé » : participe passé employé avec l’auxiliaire « avoir » : pas d’accord car
le COD « les ponts de Cé » est après le verbe.
– « commencé » : participe passé employé avec l’auxiliaire « avoir » : pas d’accord car
pas de COD placé avant l’auxiliaire.
– « passés » : participe passé épithète, accord avec le nom « temps ».
– « blessé » : participe passé épithète, accord avec le nom « chevalier ».
– « délacé » : participe passé épithète, accord avec le nom « corsage ».
– « insensé » : adjectif épithète, accord avec le nom « duc ».
– « vient » : accord du verbe avec le GN sujet postposé « une éternelle fiancée ».
– « danser » : infinitif présent, complément circonstanciel de but du verbe « vient ».
– « éternelle » : adjectif épithète, accord avec le nom « fiancée ».
– « bu » : participe passé employé avec l’auxiliaire « avoir ». Pas d’accord, car le COD
est après le verbe.
– « glacé » : adjectif épithète, accord avec le nom « lait ».
– « faussées » : participe passé épithète, accord avec le nom « gloires ».
– « versées » : participe passé épithète, accord avec le nom « voitures ».
– « désamorcées » : participe passé épithète, accord avec le nom « armes ».
– « effacées » : participe passé épithète, accord avec le nom « larmes ».
– « délaissée » : participe passé substantivé (le nom « France » est sous-entendu).
– « traversé » : voir vers 1.
b. Aragon mêle les « temps passés » (v. 3) d’une part et l’époque d’écriture (les années
1940) d’autre part.
Ces « temps passés » correspondent au Moyen Âge. En effet, plusieurs termes
convoquent tout un imaginaire de cette époque : « le chevalier » (v. 4), « un château »
(v. 7), « les fossés » (v. 8) qui font penser aux douves, mais également la dame que sert
ce chevalier, à qui il est fait allusion à travers les termes « rose », « corsage délacé »,
« éternelle fiancée ».
Mais à cette époque se mêle, plus particulièrement dans la seconde partie, l’époque
contemporaine du poète : les « voitures versées » font penser à l’exode de 1940, les
« armes désamorcées » ainsi que les « gloires faussées » font penser à l’armistice de
juin 1940, les « larmes mal effacées » sont celles du peuple français qui a capitulé par
la faute du « duc insensé », en qui l’on peut reconnaître un dirigeant comme Pétain.
La France est « délaissée », abandonnée par ses élites.
Le poème est ainsi construit sur une comparaison. La France est cette « éternelle
fiancée » que le chevalier, certes blessé (c’est-à-dire le poète, mais aussi le peuple
français qui refuse la défaite), doit continuer à défendre, en se battant pour elle. Le
poème insiste ainsi à la fois sur la douleur de la défaite et sur un sursaut possible :
« C’est là que tout a commencé ».

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