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L'accord des participes passés des verbes

pronominaux

Une des grosses difficultés de la langue française est cet accord du participe passé. Non, il ne
s'agit pas de l'accord des participes passés employés adjectivement, car ceux-ci s'accordent en
genre et en nombre, comme des adjectifs au nom auquel ils se rapportent.s'Non, il ne s'agit pas
non plus de l'accord des participes passés employés avec les auxiliaires être ou avoir... même si
souvent on est tenté d'accorder et de justifier les accords des pronominaux par la règle de l'emploi
avec l'auxiliaire ÊTRE...s'Non, les verbes pronominaux sont toujours conjugués avec l'auxiliaire
ÊTRE, mais ils ont leur règle propre. Pas question d'accorder en se basant sur la présence de
l'auxiliaire ÊTRE !s'Nous nous efforcerons donc :
(1) de définir le verbe prononominal,
(2) de distinguer parmi les pronominaux, ceux qui sont essentiellement (ou exclusivement)
pronominaux de ceux qui le sont accidentellement (ou occasionnellement),
(3) de préciser la règle des essentiellement pronominaux,
(4) de terminer par la règle des accidentellement pronominaux qui nous semble être la plus
difficile à admettre dans notre langue française pas encore simplifiée,
(5) de partager une astuce qui permettra un accord correct dans 99 % des cas,
(6) de préciser le cas particulier des verbes pronominaux suivis d'un infinitif. s'

* Définition du verbe pronominal


* Essentiellement ou occasionnellement pronominal ?
* Accord des participes : verbe essentiellement pronominal
* Accord des participes : verbe occasionnellement pronominal
* Une astuce pour l'accord des participes de verbe pronominal
* Le cas particulier des verbes pronominaux suivis d'un infinitif

Définition du verbe pronominal

Rares sont déjà les dictionnaires qui donnent une définition


suffisamment précise et complète pour qu'un non-initié de
notre langue puisse les reconnaitre aisément.

En grammaire, un verbe pronominal est un verbe dont la conjugaison


s'accompagne d'un pronom personnel ayant fonction de complément d'objet
direct (COD) ou indirect (COI ou COS), renvoyant au même référent que
le sujet du verbe.
Ce pronom personnel, aux temps non conjugués, prend la forme de SE (ou sa
forme élidée S')
et aux temps conjugués, les formes de ME, TE, SE, NOUS, VOUS et SE ou leur
forme élidée
et à l'impératif, les formes TOI, NOUS et VOUS, précédées d'un trait d'union et
placées derrière le verbe. s'En français, ces verbes pronominaux se
conjuguent obligatoirement avec l'auxiliaire ÊTRE aux temps composés.
Exemples : se salir, se conjuguer, s'énervant, je me suis
promené, tu t'essuies, il se fâche, nous nous énervons, vous
vous êtes dépêchés, ils (elles) se sont enfui(e)s, lève-toi,
amusons-nous, lavez-vous...

Certains grammairiens éprouvent le besoin de les distinguer,


même si cette distinction n'est pas toujours utile à l'accord
du participe passé, si besoin est.

1. les pronominaux réfléchis

→ le sujet applique l'action du verbe sur lui-même

ex. : je me suis levé, nous nous sommes habillés, vous vous


êtes lavé les mains, elles se sont nettoyées

(le pronom personnel peut avoir des fonctions de COD ou COI


[ou COS] ou autres)

2. les pronominaux réciproques

→ le sujet applique l'action du verbe sur un autre, qui lui rend


la pareille, l'un applique l'action sur l'autre

ex. : je me suis battue, nous nous sommes disputés, vous vous


êtes crêpé le chignon, elles se sont téléphoné

(le pronom personnel peut avoir des fonctions de COD ou COI


[ou COS] ou autres)

3. les pronominaux à sens passif

→ le sujet subit l'action du verbe, le sujet réel est 'on' ou 'les


gens'

ex. : cette limonade s'est bue ( = on a bu cette limonade)


ces filles se sont vues étonnées ( = on les a vues étonnées)
le français s'est parlé au Canada et aux États-Unis ( = on a
parlé le français)
ces lettres se sont écrites avec du sang humain ( = ont été
écrites = on les a écrites)
ce château s'est vu de très loin
ce plat s'est servi en premier.

(c'est le cas le moins bien expliqué dans nos grammaires, car


d'autres règles lui sont souvent applicables)

4. les pronominaux réfléchis


→ le sujet applique l'action du verbe sur lui-même

ex. : je me suis levé, nous nous sommes habillés, vous vous


êtes lavé les mains, elles se sont nettoyées

(le pronom personnel peut avoir des fonctions de COD ou COI


[ou COS])

Essentiellement ou accidentellement prononominal

Maintenant que nous sommes capables de reconnaitre les


verbes pronominaux, il nous reste à distinguer parmi eux, les
verbes essentiellement pronominaux de ceux qui le sont
accidentellement.

1. Sont essentiellement pronominaux, les verbes


pronominaux qui ne s'emploient qu'à leur forme
pronominale, qui n'ont pas d'existence sans leur pronom
réfléchi.

Ex. : s'évader (car on ne peut pas évader quelqu'un ou quelque


chose)

2. Sont accidentellement (ou occasionnellement)


pronominaux, les verbes pronominaux qui peuvent
s'employer à une forme autre que pronominale, sans leur
pronom réfléchi.

Ex. : se laver (car on peut laver quelqu'un ou quelque chose) ;


se parler (car on peut parler à quelqu'un de quelque chose)

Accord des participes de verbe essentiellement

pronominal

RÈGLE : lorsque ces verbes sont conjugués à un temps


composé,
le participe passé s'accorde toujours avec le sujet du
verbe conjugué.

Exemples :
– Martine s'est emparée de la poupée de sa sœur

À titre d'information, nous vous suggérons ici une liste non


exhaustive des verbes essentiellement pronominaux :

A. s'abstenir, s'arroger, s'absenter, s'abstenir,


s'accouder, s'accroupir, s'acoquiner, s'affairer,
s'agenouiller, s'amouracher, s'amuïr, s'arroger,
s'autocensurer, s'autodétruire, s'autoproclamer,
B. se blottir,
C. se contorsionner, s'en contrebalancer
D. se désister
E. s'évader, s'évanouir, s'enfuir, s'enquérir, s'ébattre,
s'ébrouer, s'écrier, s'écrouler, s'efforcer, s'égosiller,
s'emparer, s'empiffrer, s'empresser, s'encanailler,
s'encorder, s'endimancher, s'enfuir, s'engouer,
s'enquérir, s'ensuivre, s'entraider, s'entredéchirer,
s'entredétruire, s'entredévorer, s'entrégorger,
s'entremettre, s'entretuer, s'envoler, s'époumoner,
s'éprendre, s'esclaffer, s'escrimer, s'évader, s'évanouir,
s'évertuer, s'exclamer, s'extasier,
F. se fier, se formaliser,
G. se gargariser, se gausser, se goinfrer, se gominer, se
gourer
H.
I. s'immiscer, s'ingénier, s'insurger, s'interpénétrer,
J.
K.
L. se lexicaliser, se lignifier
M. se magner, se marrer, se méconduire, se méfier, se
méprendre, se morfondre, se mutiner
N.
O. s'obstiner,
P. se pâmer, se parjurer, se pavaner, se prélasser
Q.
R. se repentir, se rabougrir, se ramifier, se raviser, se
rebeller, se rebiffer, se récrier, se réfugier, se réincarner,
se renfrogner, se rengorger, se repentir, se revancher
S. se scéroser, se souvenir, se suicider
T. se tapir, se targuer, se toquer, se trémousser,
U.
V. se vautrer
W.
X.
Y.
Z. .

Accord des participes de verbe occasionnellement

pronominal

RÈGLE : lorsque ces verbes occasionnellement pronominaux


sont conjugués à un temps composé,
le participe passé de ces verbes occasionnellement
pronominaux s'accorde toujours avec le COD du
verbe conjugué, si ce COD précède le participe passé.

Une astuce pour l'accord des participes de verbe

pronominal

Un truc :

Reformuler la phrase en utilisant l'auxiliaire AVOIR, puis :


SAUF si le participe est précédé du pronom relatif QUE,
si je peux ajouter EUX ou ELLES, j'accorde,
si je dois remplacer par À EUX ou À ELLES, je n'accorde pas :

→ Elles se sont lavées = Elles ont lavé elles-mêmes = Elles


ont lavé ELLES.
( = se, COD qui précède le participe) ==> accord
→ Elles se sont téléphoné = Elles ont téléphoné à elles-
mêmes = Elles ont téléphoné à elles.
( = se, COI) ==> pas d'accord
→ Elles se sont lavé les bras = Elles ont lavé les bras à
elles.
(COD qui suit) ==> pas d'accord
→ Les bras QU'elles se sont lavés = Elles ont souri à elles-
mêmes = Elles ont souri à elles.
( = se, COI) MAIS QU' = les bras est COD et précède le
participe ==> accord
→ Elles se sont souri = Elles ont souri à elles-mêmes =
Elles ont souri à elles.
( = se, COI) ==> pas d'accord
→ Ils se sont succédé = Ils ont succédé à eux-mêmes = Ils
ont succédé à eux.
( = se, COI) ==> pas d'accord
→ Martine s'est emparée de la poupée de sa sœur =
Elle a emparé...
(n'existe pas, donc essentiellement) ==> accord avec
sujet
→ Anne et sa maman se sont méfiées de lui =
Elles ont méfié...
(n'existe pas, donc essentiellement) ==> accord avec le
sujet
→ Elles se sont souri = Elles ont souri à elles-mêmes
( = se, COI) ==> pas d'accord

Rares sont déjà les dictionnaires qui donnent une définition


suffisamment précise et complète pour qu'un non-initié de
notre langue puisse les reconnaitre aisément.

Encore plus rares sont les grammairiens qui signalent le cas


des verbes occasionnellement pronominaux qui peuvent
aussi avoir une forme passive :
→ Elles se sont écrit = Elles ont écrit à elles-mêmes
( = se, COI) ==> pas d'accord
→ Elles se sont écrit des lettres = Elles ont écrit des
lettres à elles-mêmes
( = se, COI) ==> pas d'accord
→ Les lettres qu'elles se sont écrites = Elles ont écrit des
lettres à elles-mêmes
( = se, COI) MAIS QUE relatif COD = lettres ==> accord
→ Ces notes, elles se sont écrites avec du sang =
Elles ont été écrites elles-mêmes ==> on les a écrites
( = se, forme passive) ==> accord avec le sujet
Le cas particulier des verbes pronominaux suivis d'un

infinitif

Ce cas n'a rien d'exceptionnel... :

le cas des participes passés suivis d'un infinitif est une


exception à la règle générale des accords des participes
passés conjugués avec les auxiliaires avoir ou être,
qui ont eux-mêmes pour exception le cas des verbes
pronominaux toujours conjugués avec ‘être’,
qui ont pour exceptions les verbes dont le participe passé est
suivi d'un infinitif.

Ce cas des participes suivis d'un infinitif a déjà été développé


dans notre page spéciale ‘participe passé suivi d'un infinitif’
et connait aussi deux exceptions, à savoir “fait” et “laissé”
suivis d'un infinitif... ouf !

Un rapide rappel de cette règle :


« Lorsqu'un complément d'objet direct précède un participe
passé employé avec l'auxiliaire avoir et suivi d'un infinitif, ce
participe passé reste invariable s'il subit l'action exprimée
par l'infinitif.
Ex. : Antoinette fut remplie de joie en voyant ce magnifique
arbre sorti d'une graine qu'elle avait vu planter par son
papa. »
À l'inverse, on pourra aussi lire :
« Lorsqu'un complément d'objet direct précède un participe
passé employé avec l'auxiliaire avoir et suivi d'un infinitif, ce
participe passé s'accorde en genre et en nombre avec le
C.O.D., s'il fait l'action exprimée par l'infinitif.
Ex. : Ton enseignante ? Je l'ai entendue annoncer de
nouvelles mesures pour lutter contre les fautes
d'orthographe. »
Dans le premier cas, ce n'est pas la graine qui plante, mais
le père ;
dans le second cas, c'est l'institutrice qui annonce les
nouvelles dispositions.

Cette règle s'applique également dans le cas des verbes


pronominaux :
(1) Les arbitres se sont vus pénaliser ce joueur.
les arbitres ont pénalisé le joueur ==> ils ont fait l'action de
pénaliser ==> donc accord.
(2) Les joueurs se sont vu pénaliser par l'arbitre.
les joueurs n'ont pénalisé personne ==> ils n'ont pas fait
l'action de pénaliser ==> donc aucun accord.

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