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Un verbe essentiellement ou toujours pronominal est un verbe qui n'existe pas comme verbe simple, comme s'envoler. En outre, il
n'est jamais accompagné d'un COD. De ce fait, le pronom se est analysé comme étant le COD, et le participe passé de ces verbes
est toujours variable :
– s'arroger : contrairement aux autres verbes essentiellement pronominaux, s'arroger se construit avec un COD réel, et le pronom se
en est le COI. Si le COD est placé après le verbe, le participe passé est invariable :
Mais le participe passé est bien sûr variable si le COD est placé avant lui :
– s'entrenuire : le participe passé de s'entrenuire est invariable car le pronom se a valeur de COI :
Les prétendants à l'investiture se sont entrenui pendant des mois (ils ont nui l'un à l'autre).
Un verbe réfléchi est un verbe dont le sujet est le bénéficiaire de l'action. Les verbes de cette catégorie, dans leur forme simple,
peuvent être accompagnés d'un COD : laver quelque chose. Si le verbe pronominal réfléchi a un COD placé après lui, son participe
passé est invariable :
Les auteurs de ce livre se sont lavé les mains des conséquences de sa publication.
Naturellement, si le COD est placé avant le verbe, le participe passé est variable :
Il s'agit ici de verbes dont le sens change quand ils passent de simples à pronominaux, comme s'attaquer à "commencer", se
rendre "aller", etc. (voir, plus loin, une liste non exhaustive de ces verbes). Le pronom se ne peut être analysé ni comme COD ni
comme COI, et le participe passé de ces verbes est variable :
Un verbe réciproque est un verbe qui est transitif à la forme simple et dont le sujet au pluriel indique plusieurs bénéficiaires de
l'action. Si ce verbe a un COD placé après lui, son participe passé est invariable :
Toutefois, cette règle générale a des exceptions ; en effet, certains verbes réciproques ont un participe passé invariable car, dans
leur forme simple, ils ne se construisent pas avec un COD mais avec un COI, lequel COI est souvent implicite dans la forme
pronominale. On peut citer se complaire, se convenir, se déplaire, se faire mal, se mentir, se nuire, se parler, se plaire, se ressembler,
se rire, se sourire, se succéder, se suffire, se survivre, se téléphoner, s'en vouloir, etc. :
Ils sont longtemps restés fâchés, mais ils se sont récemment de nouveau parlé.[1]
Pour savoir si l'on a affaire à un verbe accidentellement pronominal, on emploie le verbe en question à la forme simple. Si le
pronom se commute avec le, la ou les, le participe passé est variable :
– Mais si le pronom se commute avec lui ou avec leur, le participe passé est invariable :
Notons qu'un même verbe peut appartenir à deux catégories différentes (voir le paragraphe n°3) :
Un verbe pronominal de sens passif est un verbe dont le sujet grammatical n'est pas le sujet agissant. Le participe passé d'un
verbe pronominal de ce type est variable :
Certains verbes ou locutions verbales ont un comportement particulier selon le sens qu'ils ont ou selon la place de leur
complément d'objet direct éventuel. Le problème vient de ce que nombre de locuteurs prennent uniquement en compte leur aspect
pronominal et accordent systématiquement le participe passé avec le sujet, alors qu'il est essentiel, pour accorder correctement,
d'identifier le véritable COD de ces phrases, s'il y en a un, ainsi que sa place par rapport au verbe.
S'adresser
Lorsque s'adresser signifie "parler à", son participe passé est variable :
Mais lorsque s'adresser signifie "échanger des propos", l'accord du participe dépend de la place du COD :
S'assurer
Lorsque s'assurer signifie "signer un contrat avec une compagnie d'assurance" ou lorsqu'il est suivi d'une proposition complétive,
le participe passé est variable :
Avant de partir, les ministres se sont assurés qu'ils avaient détruit tous les dossiers.
S'autoriser
Pour s'autoriser également, l'accord dépend de la nature et de la place du COD. Si celui-ci est une complétive à l'infinitif, le
participe passé est variable :
Mais en présence d'un COD de forme nominale, le participe passé s'accorde selon la place de ce dernier :
Se cogner
Lorsque se cogner signifie "se heurter à quelque chose" et qu'il n'a pas de COD, son participe est variable :
Mais si se cogner signifie "se battre, se bagarrer", s'il est accompagné de dessus, et vu qu'il a nécessairement un sujet au pluriel,
son participe passé est invariable :
Toutefois, en l'absence de l'adverbe dessus, le participe redevient variable, à l'instar des premiers cas analysés dans ce
paragraphe :
Se dire
Lorsque le COD de se dire est placé après le participe passé, celui-ci est invariable, que le complément soit une complétive ou un
complément nominal :
Les participants au débat se sont dit des horreurs pendant toute la soirée.
Mais lorsque se dire est suivi d'un adjectif ou d'un participe adjectivé, on considère que ce dernier est un attribut du sujet et, de ce
fait, le participe passé devient variable :
Se disputer
Toutefois, quand se disputer a le sens de "chercher à obtenir quelque chose", c'est la règle traditionnelle de l'accord en fonction de
la place du COD qui prévaut :
Les deux actrices se sont disputé des invitations pour la soirée de l'ambassadeur.
S'imaginer
Lorsque s'imaginer a la signification de "penser, croire", le participe passé est invariable si le verbe est suivi d'une complétive ou
d'un COD nominal :
Ma sœur s'était imaginé qu'elle aurait fini son travail en une heure.
Nous nous étions imaginé une fin plus gaie pour ce roman.
Mais lorsque s'imaginer a le sens de "avoir une certaine représentation de soi" et que le complément qui le suit ne répond pas à la
question quoi ? ou qui ?, le participe passé est toujours variable :
S'interdire
Dans l'expression s'interdire de faire quelque chose, le participe passé est invariable lorsque le complément nominal ou
phrastique qui le suit répond à la question quoi ? ou qui ? :
Se mettre en danger
Dans la locution verbale se mettre en danger, le pronom réfléchi se est le COD du verbe. De ce fait, le participe passé est
variable :
Se mettre en tête
Dans la locution se mettre en tête, le participe passé s'accorde selon la place du COD :
Léa s'est mis en tête d'acheter une voiture de sport.
Se permettre
Cette sortie, ils se la sont permise, alors qu'ils ne roulent pas sur l'or.
Se persuader
Comme beaucoup d'autres verbes, se persuader a un participe passé variable ou invariable selon la place de son COD. Dans la
phrase suivante, en est COI, le pronom personnel se antéposé est le COD, et le participe passé est donc variable :
Toutefois, lorsque se persuader est suivi d'une proposition complétive qui joue le rôle d'un COD, le participe passé doit
normalement être invariable :
Nous avons dit "normalement", car l'Académie accepte l'accord, ce qui est bien étonnant : en effet, accorder le participe passé
persuadé revient à avoir deux COD pour le même verbe, qu'elles arriveraient et le pronom se, chose impossible en français. Mais se
persuader est ressenti comme verbe réfléchi, d'où l'aval de l'Académie, même si cela entraîne la présence de deux COD pour un seul
verbe. On a donc le droit d'écrire Elles se sont persuadées qu'elles arriveraient en retard. Toutefois, deux COD nous semblant être
trop pour un seul verbe, nous conseillons l'invariabilité de persuadé dans ce genre de cas, ou bien une formulation différente, afin de
respecter la grammaire :[2]
Cette expression, qui signifie "attaquer oralement", contient les pronoms se et en, tous deux considérés comme n'ayant pas de
fonction grammaticale. S'en prendre à ressortit donc à la catégorie des verbes essentiellement pronominaux ; de ce fait, son participe
passé est variable :
Les deux filles s'en sont prises au serveur qui avait oublié leur commande.
Se promettre
Se promettre fait, lui aussi, partie de ces verbes pronominaux dont l'accord du participe passé est fonction de la place du COD
dans la phrase :
Se proposer
Lorsque se proposer a le sens de "se fixer comme objectif", son participe suit la règle traditionnelle de l'accord :
Mais lorsque se proposer signifie "offrir ses services", le participe passé est toujours variable :
Se rappeler
Lorsque se rappeler a pour sens "se remettre en mémoire", son participe passé respecte la règle traditionnelle de l'accord selon la
place du COD :
Mais lorsque se rappeler signifie "rappeler le souvenir de soi à un tiers", le participe passé est toujours variable :
Se refuser
Dans l'expression se refuser à faire quelque chose "ne pas vouloir faire quelque chose", le participe passé est variable :
Cependant, dans l'expression se refuser de faire quelque chose "s'interdire de faire quelque chose", le participe reste invariable :
Nous nous sommes refusé d'y aller.
On notera que, dans la locution ne rien se refuser, rien est complément d'objet direct et se complément d'objet indirect ; de ce fait,
le participe passé reste invariable :
Se rendre compte
Dans cette locution verbale, le participe passé rendu est toujours invariable car le COD est le nom compte :
Se répartir
Se servir
Quand se servir a le sens de "prendre pour soi", son participe s'accorde selon l'emplacement du COD :
Mais quand se servir a le sens de "utiliser", son participe s'accorde avec le sujet :
Se trouver court
Dans cette expression, de même que dans demeurer court ou rester court, le participe passé trouvé est variable mais court ne
s'accorde pas :
Face aux journalistes, les participants du débat se sont trouvés court.
S'en vouloir
La locution s'en vouloir doit être comprise comme "en vouloir à soi-même". De ce fait, le pronom se est le COI du verbe, et le
participe passé est invariable :
Longtemps, elle s'en est voulu, mais aujourd'hui elle se moque de cette histoire.
Lorsque se faire est accompagné d'un COD, l'accord suit la règle traditionnelle :
L'opinion qu'ils s'étaient faite au sujet de leur nouveau voisin était fondée.
Toutefois, se faire entre dans la composition de plusieurs locutions présentant des particularités qu'il convient de connaître.
Dans cette locution verbale qui signifie "se résigner", le participe passé est toujours variable :
La journaliste s'est faite à l'idée de devoir attendre son invité pendant une heure.
Cette expression, qui signifie "se penser capable de faire quelque chose", est une locution figée dont le participe passé, tout
comme fort, est invariable, n'en déplaise à Grevisse qui voudrait bien faire varier fort :
L'expression se faire l'écho de quelque chose "propager quelque chose" peut avoir un participe passé variable ou non, les
grammairiens étant en désaccord total sur ce point ; Hanse, Thomas, Robert et le Grand Larousse de la Langue française considèrent
que le participe passé doit rester invariable, mais Grevisse se demande « pourquoi il ne pourrait pas être variable ». Aussi, pour
calmer les esprits, les deux phrases suivantes sont-elles acceptées :
Elle s'est fait l'écho de cette nouvelle.
Le participe passé de ces expressions figées est invariable car les noms face, jour, etc., sont toujours postposés, tandis que le
pronom se est COI :
Lorsqu'un adjectif ou un nom suit se faire "devenir" et peut être analysé comme attribut du pronom se, le participe passé fait
s'accorde avec le sujet et est donc variable :
S'en faire
Dans l'expression familière s'en faire "se faire du souci", le participe passé est invariable car le pronom en en position de COD
interdit tout accord :
À cause de leur vieille voiture, ils s'en sont fait pendant toutes leurs vacances.
Se refaire
Si se refaire a le sens de "sortir d'une période de gêne financière", son participe passé est variable car le pronom se est le COD
du verbe :
Naturellement, si se refaire est suivi d'un COD et a un autre sens, son participe passé est invariable :
Qu'il soit employé avec l'auxiliaire avoir ou avec l'auxiliaire être, sous forme simple ou sous forme pronominale, le participe passé
fait suivi d'un infinitif est toujours invariable :
Parmi les autres verbes pronominaux suivis d'un infinitif, on compte notamment se voir, s'entendre, se laisser et se sentir. Lorsque
le sujet de l'un de ces verbes est le sujet sémantique de l'infinitif, le participe passé est variable :
Mais lorsque le sujet du verbe pronominal n'est pas le sujet sémantique de l'infinitif, le participe passé est invariable :
Après avoir empoché le gros lot, la gagnante s'est senti pousser des ailes.
La variabilité ou l'invariabilité de l'infinitif introduit une différence de sens notable. On peut ainsi comparer :
La grammairienne s'est entendue dire merci (c'est elle qui a remercié quelqu'un).
Lorsqu'un adjectif ou un participe passé suit le verbe conjugué et peut être analysé comme attribut du pronom réfléchi se, le
participe passé est variable et s'accorde avec le sujet :
Suivi d'un infinitif sous-entendu, un participe passé est toujours invariable. Les participes passés concernés sont notamment cru,
daigné, demandé, désiré, dit, dû, fallu, osé, pensé, permis, prétendu, promis, prévu, pu, semblé, songé, su, voulu :
Dans cette construction, lorsque le verbe pronominal peut être remplacé par sa forme simple, le participe passé reste invariable si
le COD est placé après ce dernier :
Naturellement, si le COD est antéposé, la règle classique de l'accord s'applique, et le participe passé devient variable :
Toutes les voitures que ma sœur s'est achetées lui ont coûté une petite fortune.
[1] Toutefois, lorsque se parler a le sens de "faire partie de l'usage oral", le participe passé s'accorde car il s'agit d'un verbe
pronominal de sens passif : Au fil des siècles, plusieurs langues se sont parlées sur le territoire français.
[3] Il convient cependant de ne pas confondre se faire l'écho de "propager" et faire écho à "répliquer".
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