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Les Clés
de la langue
française

Christine Bolton

Marianne Gobeaux

Françoise Ravez

Jean-Joseph Julaud
 

 
 
Les Clés de la langue française pour les Nuls
 

«  Pour les Nuls  » est une marque déposée de John


Wiley & Sons, Inc.
«  For Dummies  » est une marque déposée de John
Wiley & Sons, Inc.
 

© Éditions First, un département d’Édi8, Paris, 2018 Publié


en accord avec John Wiley & Sons, Inc.
 

Éditions First, un département d’Édi8


12, avenue d’Italie
75013 Paris – France
Tél. : 01 44 16 09 00
Fax : 01 44 16 09 01
Courriel : firstinfo@editionsfirst.fr
Site Internet : www.pourlesnuls.fr
 
ISBN : 978-2-412-03981-6
ISBN numérique : 9782412042090
Dépôt légal : septembre 2018
 
Correction : Valérie Gios et Carine Eckert
Couverture : Soft Office
Maquette intérieure : Catherine Kédémos
Index : Muriel Mékiès
 
Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement
réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou
diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de
tout ou partie de cette œuvre est strictement interdite et
constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et
suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’éditeur se
réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de
propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou
pénales.

Ce livre numérique a été converti initialement au format


EPUB par Isako www.isako.com à partir de l'édition papier
du même ouvrage.
Introduction

L aserait
langue française a mauvaise réputation  : elle
difficile à maîtriser  ! Quand ce n’est la
grammaire, la typographie s’en mêle, les virgules
s’emballent, la conjugaison chahute la syntaxe, la
phrase y perd son latin… En réalité, vous le verrez,
ce n’est pas si compliqué  ! On insiste toujours sur
les exceptions… mais elles sont minoritaires  !
Sachez que, heureusement, les règles simples
restent les plus nombreuses en français.

Si vous souhaitez prendre la route qui mène au


bien-parler et/ou au bien-écrire, sachez néanmoins
qu’elle reste semée d’embûches. Vous avez appris
des règles en classe, cependant, le temps a passé
depuis l’époque où vous les récitiez à une
institutrice ou un maître attentifs à vous faire
écrire droit (l’étymologie du mot « orthographe »),
en passant par le collège et peut-être le lycée où
vous les avez joyeusement mélangées. Car oui, lire
et écrire c’est tout un art  ! Et vous savez quoi  ?
C’est même l’étymologie du mot « grammaire » !

Les Clés de la langue française pour les Nuls vous


guident dans cette jungle linguistique pour
parvenir plus vite à destination  : la maîtrise du
français ! Car il est important de bien écrire : c’est
ce qui permet de bien communiquer !

À propos de ce livre
Vous êtes au collège, au lycée, à l’université… et vos
copies se maculent des ocelles rouges des
professeurs qui entourent vos fautes d’accord et
autres erreurs de syntaxe. Vous avez commencé par
tenter d’y remédier, mais vous avez bien senti que
vous n’y arriveriez pas seul  : ce livre est fait pour
vous  ! Vous travaillez, et tous les jours vous êtes
confronté à l’écrit. Et plus ça va, plus vous vous
apercevez que les règles de grammaire que vous
connaissiez pourtant par cœur s’échappent de votre
mémoire qui a dû, depuis, emmagasiner plein
d’autres choses. Or, c’est justement maintenant
que vous en auriez besoin  : ce livre est fait pour
vous  ! Vous aimez écrire, et lire, pourtant vous
souhaiteriez rafraîchir un peu vos connaissances, et
surtout donner une réponse franche à vos
incertitudes sur les accords, les natures, les
fonctions : ce livre est fait pour vous !

Avec Les Clés de la langue française pour les Nuls, vous


allez vous réconcilier avec les règles et les
exceptions du français  ! Dans ce tout-en-un, vous
trouverez des clés pour écrire sans erreur, mais
aussi des explications qui vous permettront de
comprendre comment fonctionne la langue pour ne
plus vous tromper. Ce livre vous présente
l’essentiel de ce que vous devez savoir : grammaire
comme orthographe, typographie, conjugaison ou
syntaxe… Il reprend en termes simples les points
importants dont vous avez besoin pour répondre à
vos questions et résoudre vos hésitations. Faites
confiance à vos sens, dites « ouïe » aux mots, vous
allez découvrir le rôle de notre oreille dans la
grammaire française  ! Il ne nous reste plus qu’à
vous souhaiter bonne route !

Comment ce livre est organisé


Il compte trois grandes parties  : orthographe,
grammaire, et pièges et difficultés de la langue
française. Elles sont elles-mêmes subdivisées selon
les besoins.
Première partie :
L’orthographe
Vous cherchez une réponse précise à une question
d’orthographe que vous vous posez ? Les chapitres
sont organisés par thématique  : accents, voyelles,
consonnes, puis accords et vocabulaire.

Deuxième partie : La
grammaire
Une partie dans laquelle vous trouverez non
seulement des pages très pratiques avec, sous
forme compacte, les dix classes grammaticales, les
dix fonctions dans la phrase, les dix propositions
qu’on y peut rencontrer, etc., mais aussi
rassemblées les règles d’accord  : l’accord des
participes passés, des adjectifs numéraux, des
noms, des mots composés, des adjectifs
qualificatifs, des adjectifs de couleur… Également,
vous saurez tout, tout, tout sur la conjugaison : les
groupes, les modes et les temps.

Troisième partie : Les pièges


et difficultés de la langue
française
Cette partie est classée selon quatre orientations  :
les adjectifs, adverbes et pronoms, les substantifs,
la phrase et le mot, et enfin les verbes et
constructions verbales. Les chapitres  –  dans cette
partie comme pour les autres  –, sont organisés de
façon autonome, ce qui vous laisse toute latitude de
naviguer de l’un à l’autre !

Les icônes utilisées dans ce


livre
Ces dessins que vous trouverez dans la marge
attirent votre attention sur des points précis. Voici
leur signification :

Soyez malin, utilisez les astuces que nous vous


indiquons  ! Vous y trouverez des «  trucs  » qui
vous donneront un angle de vue différent sur une
règle. Cette icône est constituée de petits repères
qui permettent d’appliquer une règle sans avoir à
l’apprendre. Elle peut aussi désigner les éléments
du bon usage qui échappent à la règle ou des
conseils qui permettent d’aller plus loin.
Cette icône vous alerte sur une difficulté
particulière, un piège ou une confusion à éviter  ;
elle peut aussi vous rappeler une règle abordée
dans un autre chapitre.

Le saviez-vous  ? Depuis  1990, les règles de


l’orthographe française ont été simplifiées  ! Cette
icône vous signale la façon dont vous pouvez
désormais écrire certains mots. Mais soyez
prudent  : même si deux orthographes sont à
présent acceptées, de nombreuses personnes
(employeur, jury…) font de la résistance et
préfèrent l’ancienne.

Cette icône absorbe des difficultés complexes, et


met l’accent sur les fautes récurrentes, que la
simple connaissance des règles ne nous permettrait
pas d’éviter.

Invitation à l’aventure d’un instant de culture


sauvage, d’un approfondissement inattendu, d’une
remarque instructive et souriante… laissez-vous
surprendre  ! Ce sont les distinctions de l’art du
bien-parler, la « dentelle » de la grammaire.
PARTIE 1
L’ORTHOGRAPHE
par Marianne Gobeaux et Françoise
Ravez

DANS CETTE PARTIE…

Découvrez ou redécouvrez toutes les bases de


l’orthographe, acquérez de bons réflexes, retenez
les règles de l’orthographe ainsi que leurs
exceptions. Trouvez également des explications qui
vous permettront de comprendre comment
fonctionne la langue française, pour ne plus vous
tromper. Car bien écrire c’est une base pour bien
communiquer !
Chapitre 1
Se réconcilier avec les accents
DANS CE CHAPITRE :

» Comprendre le rôle des accents

» Savoir quand mettre un accent, et choisir le bon

» Utiliser le tréma

U mettre ou ne pas en mettre ?


n accent, ça change tout  ! Quand faut-il en

Il peut vous arriver d’hésiter sur l’accent à mettre


sur une lettre, ou de ne pas savoir s’il faut
accentuer. Bien accentuer vous permet d’écrire un
son, mais aussi de différencier certains mots qui se
prononcent de la même manière : cela conditionne
donc la correction et le sens de ce que vous écrivez.
Ce chapitre vous aidera à vous y retrouver.

Lorsque vous utilisez le stylo, vous n’êtes pas


obligé d’accentuer les majuscules. A demain  ! Mais
faites-le lorsque vous tapez votre texte à
l’ordinateur ! À demain !

Les accents sur le E

Savoir mettre le bon accent


sur le E : fiez-vous à la
prononciation !
» Choisissez l’accent aigu pour le son « É » fermé
comme dans bébé, l’appétit, un péché capital.

En début et en fin de mot, l’accent est toujours


aigu : un épicier, la santé. Seule exception : une ère.

» Il faut un accent grave ou circonflexe pour le son


« È » ouvert comme dans il pèche, une pêche.

L’accent circonflexe est généralement la trace


d’une ancienne lettre disparue, souvent un S  : une
quête > une queste. Si vous hésitez, cherchez un mot
de la même famille, cette lettre y sera peut-être
restée ! une question.

Sachez que les mots qui se terminent au singulier


par -ES prennent toujours un accent grave très, faire
exprès, un palmarès.
Vous êtes désormais autorisé à mettre un accent
sur des E qui auparavant n’en prenaient pas, alors
que leur prononciation en demandait un  ! un
révolver, un média, asséner, réfréner. Vous pouvez
également mettre un accent grave à un évènement,
un règlement, une crèmerie.

Quels accents sur le E dans les


verbes conjugués ?
Pour vous y retrouver, partez de l’infinitif.
» Si le verbe à l’infinitif comporte un accent aigu sur
le E de son radical (comme espérer, préférer, céder,
etc.) il deviendra grave au présent pour je tu il(s),
et pour toutes les personnes au futur et au
conditionnel : espérer → j’espère, ils espèrent, tu
espèreras, nous espèrerions.

» Les verbes qui ne portent pas d’accent à l’infinitif


comme lever, mener, peser, semer… prennent un
accent grave sur le E lorsque vous les conjuguez, si
la prononciation change : je lève, tu mènes, il
pèserait, vous sèmerez.

» Si le verbe se termine en -ELER ou -ETER, deux cas


de figure se présentent quand vous les conjuguez.
Le E de ces verbes devient È quand vous les conjuguez

acheter/racheter → ils achètent fureter → elle furète

geler/congeler/dégeler → je marteler → nous


gèle/congèle/dégèle martèlerons

peler → tu pèleras écarteler → ils


écartèleraient

crocheter → nous crochèterons ciseler → vous cisèlerez

modeler → vous modèleriez haleter → tu halètes

démanteler → il démantèle écarteler → j’écartèle

déceler → vous décèlerez corseter → elle corsète

Pas besoin d’accent, doublez la consonne qui précède le


E quand vous conjuguez

chanceler → elle chancellera carreler → tu carrelles

appeler/rappeler → ils appellent amonceler → vous


amoncellerez

renouveler → tu renouvellerais niveler → nous nivellerons

étiqueter → j’étiquette feuilleter → je feuillette

empaqueter → il empaquette caqueter → elle caquette

jeter /rejeter → elle jette/nous  


rejetterons
Il vous est possible de remplacer la double
consonne par un accent  : vous renouvèlerez, ils
carrèlent, sauf pour les verbes appeler et jeter ainsi
que pour tous ceux de la même famille : rappeler →
tu rappelles/elle rappellera  ; rejeter → il rejette/je
rejetterai auxquels vous devez laisser deux T ou
deux L.

Ne mettez jamais d’accent sur


le E
» Quand il est placé juste avant une double
consonne : mettre, une pelle, un messager,
effectivement.

Sachez que le X compte pour deux consonnes !


une connexion, complexe.

» Quand il est placé juste avant deux consonnes


différentes qui se suivent : permis, un espoir,
respirer.

Quand dans ce groupe de deux consonnes la


seconde est un L ou un R, vous devez mettre un
accent : la fièvre, écru, pénétrer, espiègle.

Deux consonnes qui ne sont pas prononcées


séparément : th - ch - ph - gn ne comptent que pour
une seule : vous pouvez donc mettre un accent sur
le E qui les précède ! l’éthique, un éléphant, lécher.
» Quand il est placé juste avant le T, D, F, C, R, Z final
d’un mot : un livret, sec, un pied, un ver, une clef, un
nez.

» Quand ce E appartient à un composant d’origine


latine ou grecque : inter, hyper, cyber : un
hypermarché, un cybercafé, international.

Les accents sur A - O - U - I


L’accent circonflexe sur le A et le O indique
généralement une prononciation différente plus
fermée  : notre mais le nôtre  ; une tache (salissure)
mais une tâche (travail). Sur le I et le U, vous ne
pouvez pas vous repérer au son  : un égout, un goût.
En cas de doute, une seule solution  : le
dictionnaire !

Les accents circonflexes sur les I et les U ne sont


plus obligatoires  : vous pouvez écrire une flute, un
maitre, une boite, assidument, la gaité. La preuve  :
votre correcteur orthographique ne soulignera pas
ces graphies en rouge !
Nous vous rappelons cependant que de nombreuses
instances officielles et privées (recruteurs, jurys
d’examens…) ne (re)connaissent pas la réforme de
l’orthographe, aussi, par précaution, suivez
l’ancienne règle.

Au passé simple, l’accent


circonflexe, c’est simple !
Au passé simple, vous ne pouvez pas vous tromper :
il y a toujours un accent circonflexe sur le A, le U et
le I des terminaisons pour vous et nous  : nous
vînmes, vous courûtes, nous arrivâmes.

Quand c’est l’auxiliaire qui est au passé simple


(votre verbe est alors au passé antérieur), vous
appliquez la même règle  : quand nous fûmes arrivés,
quand vous eûtes vu.

N’employez jamais l’accent circonflexe au passé


simple à la  3e personne du singulier. À cette
personne, on ne le rencontre que pour un temps
très rare  : l’imparfait du subjonctif  : bien qu’il
voulût, quoiqu’il fît.

S’en sortir avec l’accent circonflexe


sur le I des verbes en -AITRE et -
OITRE
La réforme de l’orthographe vient à votre secours !
Vous pouvez désormais faire simple, c’est-à-dire
mettre un simple point sur les I.

L’ancienne orthographe, qui vous obligeait à mettre


un accent circonflexe sur le I avant le T, reste
toujours possible (et parfois plus prudente  !)  :
paraître/paraitre ; il paraît/il parait ; accroître/accroitre ;
il accroît/il accroit.

Croître et croire ont à certains temps des formes


similaires. L’accent reste obligatoire sur le I et le U
de croître pour les distinguer  : Et il croit tous tes
mensonges ? mais Cet arbre croît bien mieux à l’ombre.
Et il a cru tous tes mensonges  ? mais Cet arbre a crû
bien mieux à l’ombre. Gardez aussi l’accent
circonflexe pour les composés de croître, accroître et
décroître.

Un accent pour distinguer des


mots de nature différente et de
sens différent : les homophones
Sans accent Avec accent Comment les
distinguer ?
du : du pain/ dû : il a dû sortir Du est toujours placé
loin du bruit [participe passé devant un nom
[déterminant] de devoir]

sur : sur la sûr : en es-tu sûr ? Vous pouvez remplacer


table [adjectif] par certain ? Écrivez sûr !
[préposition]

la : la vaisselle là : Mets-toi là ! Vous pouvez remplacer


[déterminant] [adverbe de lieu] par une ? Écrivez la !

ça : Comment çà : il va çà et là Vous pouvez remplacer


ça va ? [adverbe de lieu] par cela ? Écrivez ça !
[pronom]

des : des dès : demain dès Des est toujours placé


bonbons/ loin l’aube/ dès que devant un nom au pluriel
des yeux [préposition] /
[déterminant] [conjonction]

a : qui a faim à : je pense à toi Vous pouvez remplacer


? qui a sonné [préposition] par avait ? Écrivez a !
?
[verbe ou
auxiliaire
avoir]

ou : thé ou où : à l’époque où il Vous pouvez remplacer


café ? vivait par ou bien ? Écrivez ou !
[conjonction [pronom relatif de
de temps ou de lieu,
coordination] pronom
interrogatif]

une tache : une tâche : il a Vous pouvez remplacer


une lessive accompli une tâche par : salissure ? Écrivez
anti-taches immense tache !

un mur : le mûr : du raisin Mur est toujours précédé


mur du son mûr d’un déterminant :
[nom] [adjectif] le/au/du/un/
mon/leur/notre/ce…

jeune : le jeûne : absence Vous pouvez remplacer


comme il fait volontaire par
jeune ! d’alimentation vieux ? Écrivez jeune !
[adjectif] [nom]

Pour finir, le tréma


Vous ne le placerez que sur le I (le plus souvent), le
E, plus rarement sur le U : un canoë, une coïncidence,
paranoïaque.

Pour prononcer distinctement


deux voyelles
Le rôle du tréma est de signaler que deux voyelles
consécutives se prononcent séparément. Dans il va
me haïr le A et le I forment deux sons différents, ce
que signale le tréma, à la différence de il me hait, où
le A et le I ne forment qu’un seul son.

Le tréma est nécessaire sur le I des mots en  –


 OÏDE : du celluloïde, en – AÏQUE : la Jamaïque, en –
  OÏSME  : l’héroïsme, en  –  AÏSME  : le judaïsme, et
en – OÏSTE : un égoïste.

Pour prononcer le U dans GU


Le tréma signale que le U se prononce séparément
du G dans ciguë, ambiguïté, contiguïté et exiguïté.

Il en faut un sur le E des adjectifs féminins aiguë,


ambiguë, contiguë, exiguë.

Le casse-tête du tréma dans les mots en -GU enfin


résolu !

Le tréma passe sur le U de tous ces mots, pour


indiquer clairement que le U se prononce
séparément du G  : aigüe, ambigüe, contigüe, exigüe,
cigüe, ambigüité, contigüité, exigüité. Sachez qu’on
peut écrire désormais une gageüre et argüer qui
autrefois s’écrivaient une gageure (souvent mal
prononcé) et arguer.
Chapitre 2
Employer la/les bonnes
consonnes pour transcrire un
son
DANS CE CHAPITRE :

» Bien écrire le son « SS »

» Bien écrire le son « Z »

» Bien écrire le son « K »

» Bien écrire le son « GU »

» Bien écrire le son « J »

» Bien écrire le son « F »

P lusieurs consonnes peuvent servir en français à


écrire un même son. C’est souvent la position de
la consonne dans le mot, et son voisinage avec
d’autres consonnes ou certaines voyelles qui
déterminent le bon choix. Vous devrez aussi parfois
rapprocher le mot d’un autre de la même famille
pour trouver l’orthographe qui convient. Vous
saurez choisir entre les différentes possibilités en
appliquant quelques principes simples que nous
allons vous expliquer. Nous vous indiquerons
également les principales exceptions.

Psitt… voici comment écrire le


son « SS » !
» Le cas que vous rencontrerez le plus souvent :
écrire deux S.

Vous le ferez entre deux voyelles : une casserole,


un tissu, un poussin, une caresse. Si vous en oubliez
un, vous pourriez avoir des surprises et vous
retrouver à avaler un poison au lieu d’un poisson !

Vous devrez toutefois prendre garde à susurrer,


vraisemblable et impresario qui ne prennent qu’un
S entre leurs voyelles !

» Mais vous ne devez écrire qu’un seul S dans les


cas suivants :

• Pour obtenir le son « SS » entre une


consonne et une voyelle : une personne, un
pansement, sursauter.

• Quand votre mot est formé avec certains


préfixes d’origine grecque ou latine.
Pourquoi un seul S ? Parce que les éléments
qui composent le mot sont encore bien
distincts ! On marque d’ailleurs souvent une
pause à l’oral entre les deux éléments : re-
situer.

Préfixe Sens Exemples

a- dépourvu de asymétrique, asocial

anti- contre antiseptique

auto- par soi-même autosuffisance, autosatisfaction

bi- deux bisexuel mais attention bissextile

co- avec cosignataire, cosinus

contre- contre contresens

dé- éloigner désolidariser, désuet

entre- entre entresol

homo- identique homosexuel

micro- petit microsillon

para- contre parasol, parasismique

pré- devant préséance, présélection

poly- plusieurs polysémie

re- de nouveau resaler, resurgir mais attention


ressaisir, resserrer, ressortir

• Vous écrirez toujours le début d’un mot


commençant par le son « SS » avec un seul
S s’il est suivi des voyelles A, O, U, Y : un
savant, un sortilège, une soudure, du sucre,
un système. Quand le mot commence par le
son « SS » suivi de E ou I, c’est une
orthographe très fréquente : un sergent, un
signal.

» Écrivez un C devant I, E, ou Y.

Le C généralement placé devant un I ou un E


sert également à transcrire le son « SS » : un
épicier, un cigare, apercevoir, durcir, une éclaircie,
plus rarement devant un Y : un cygne.

Voici les cas où vous serez amené à employer le C :

• Pour les mots se terminant en -ICE : un


service, un exercice, la police, la milice,
factice, propice.

Retenez ces exceptions, qui s’orthographient


différemment. Leur finale sera -ISSE : une cuisse,
une coulisse, une prémisse, une écrevisse, une
esquisse, une bâtisse, la jaunisse. Un petit coup de
pouce pour vous aider : ils sont féminins !
• Pour les noms féminins désignant un état
et se terminant en -ANCE ou -ENCE : la
différence, la patience, la défiance, la
désobéissance.

• Pour les mots qui ont dans leur famille des


mots terminés en - IQUE : l’informatique →
un informaticien, magique → magicien,
classique → le classicisme.

• Pour de nombreux adjectifs se terminant


en -ACE comme perspicace, fugace, loquace,
efficace et en -OCE : véloce, précoce.

• Pour les mots finissant en -IEN : un


technicien, un physicien, ancien, à l’exception
des dérivés de noms géographiques où il
faut écrire un T : égyptien, martien, béotien.

• Pour les mots formés sur le radical de


cycle : un cyclope, une bicyclette, les Cyclades,
etc., ou sur le radical de cercle : encercler,
circulation, circulaire.

Doublez le C pour une succion, une liposuccion.

» Le cas de la cédille : quand faut-il écrire ç ?


Pour obtenir le son « SS » devant A, O, U, il vous
faut parfois recourir à la cédille : une façon, déçu.

Le moyen pour savoir quand vous l’utiliserez pour


orthographier ce son est de vous demander si le
mot provient d’un radical terminé en C. Si c’est le
cas, mettez la cédille : France → français, balancer
→ une balançoire.

Pensez-y notamment quand vous conjuguez un


verbe en -CER, et aidez-vous du son à obtenir :
apercevoir → j’aperçus ; placer → elle plaçait.

» Écrivez SC si vous employez :

Un mot formé sur le la science, (in) conscient, la/l’ (in)


radical -SCI (= le savoir) conscience, à bon escient, etc.

Un mot se terminant en un adolescent, la dégénérescence


-ESCENCE/ - ESCENT

Un mot se terminant en (im) putrescible


-ESCIBLE

Vous devez également écrire SC pour


orthographier correctement des mots courants
comme : une scène, une scie, un sceau, (dé) sceller,
scintiller, obscène, un fascicule, une abscisse, un
plébiscite, (res) susciter, les viscères, une ascension,
un ascenseur.

Sceptique ou septique ? Les deux existent ! Nous


vous recommandons le premier si vous êtes dans
le doute : Je suis sceptique, plutôt que le second qui
signifie « produisant de la putréfaction » comme la
fosse septique…

» Il vous arrivera souvent d’entendre « SS » que


vous devrez pourtant écrire T :

• Pour tous les noms féminins se terminant


en :

- UTION : une absolution, une exécution, une


diminution

- ATION : la contestation, l’exaspération

- ITION : une reddition, une disparition

et d’autres où -TION est précédé d’une consonne


comme : une inspection, une direction, une
exception, la corruption.

Sachez que derrière L et R, vous écrirez -SION : une


pulsion, une version, une convulsion. Il n’y a que
quatre exceptions : une assertion, une insertion,
une désertion, une (dis) (pro) portion.
Vous devrez écrire cependant avec deux S : une
mission (et ses composés une permission, une
démission, etc.), la passion, une fission, une session,
une cession, une percussion, une discussion, une
scission, une profession, une obsession.

• Pour un certain nombre de noms féminins


en -IE à la fin desquels vous entendez le son
« SS ». Pour vous aider à les repérer, soyez
logique ! Si le T est la dernière consonne du
nom ou de l’adjectif correspondant, écrivez
T : l’aristocratie//aristocrate, une idiotie//
idiot, la minutie//minutieux. S’il n’y a pas de
mot correspondant en -T, mettez un C : la
pharmacie.

• Pour les mots se terminant en -TIEL : un


référentiel, interstitiel, présidentiel.

Vous aurez affaire à quelques exceptions, parmi


lesquelles : circonstanciel, sacrificiel, officiel, un
logiciel, artificiel, un didacticiel dont vous
orthographierez la fin -CIEL.

• Pour les adjectifs finissant en -TIEUX dont


le nom correspondant comporte un -T :
ambitieux car ambition, superstitieux car
superstition, prétentieux car prétention,
précautionneux car précaution.

Le Z fait le BUZZ ! Comment


écrire le son « Z » ?
» Choisissez dans la majorité des cas d’écrire un
seul S !

La règle de base est simple : vous emploierez la


lettre S pour transcrire le son « Z » si dans le mot
elle est placée entre deux voyelles. C’est ainsi que
s’orthographient la plupart des mots français
contenant le son « Z » : une prison, un oiseau, un
président, un voisin, le hasard.

» Choisissez la lettre Z

• Pour tous les mots qui commencent par le


son « Z » : une zébrure, un zoulou, un jardin
zoologique. La bonne nouvelle est qu’il n’y a
pas d’exception !

• Après une consonne, vous écrirez toujours


le son « Z » avec la lettre Z : quinze, un
bonze, un chimpanzé, un zigzag, Tarzan,
exception faite pour tsigane, alsacien,
balsamique et des mots formés avec
l’élément latin trans, qui gardent leur S final
étymologique : transiter, transalpin,
transition.

Quelques mots s’orthographient cependant avec


un Z entre deux voyelles, comme douze, douzaine,
treize, dizaine, zézayer, une topaze, la gaze, le gazon,
une amazone ainsi que certains mots d’origine
étrangère : la zizanie, une gazelle, azimut, du gazole,
le bazar, un kamikaze.

Pensez à mettre deux Z à certains mots venant


d’autres langues ; le plus souvent, leur
prononciation appuyée vous aidera à les
orthographier sans peine : une pizza, la mozzarella,
le muezzin, un puzzle, un grizzli, le jazz, par
exemple. Attention cependant à un jacuzzi et le
blizzard où le double Z ne s’entend pas !

» Choisissez un X

• Pour les dérivés des chiffres se terminant


en -X comme deuxième, sixième, dixième,
pour lesquels le X se prononce « Z ». Cela
peut vous sembler curieux : l’astuce est de
penser qu’il faut garder la lettre finale du
chiffre d’origine deux, six, dix.

Cependant vous écrirez une dizaine.


• Si vous entendez dans le mot le son
« GZ », vous l’écrirez aussi avec la lettre X,
en début comme en milieu de mot : un
xylophone, un examen, exact, l’existence,
exhaler, exhiber.

Orthographier eczéma ne vous donnera plus des


boutons : vous pouvez adopter la nouvelle
orthographe exéma !

Si vous rencontrez le son « K »,


que choisir : C, QU, CQU, K, CK
ou CH ?

Sachez que les deux cas les


plus fréquents sont C et QU
Les autres orthographes concernent des mots
d’origine étrangère, moins nombreux. Soyez
attentif à la voyelle qui suit, elle détermine souvent
la bonne orthographe.
» La voyelle qui suit le son « K » est un A, un O, un
U ? C’est le C que vous écrirez le plus souvent : une
capitale, un écusson, un décorateur.
Les cas particuliers se font rares : liquoreux,
qualité, quantité, quartier, quotidien.

Doublez le C pour les mots de la famille de

accord : accorder, accordéon

accueil : accueillir, accueillant

accroc : accrocher, accrochage,

ainsi que pour un saccage, le baccalauréat,


succulent, une succursale.

Y a un truc ! Si le mot que vous employez est un


nom masculin d’une syllabe et qu’il se termine
par le son « K », écrivez-le avec un C : un bac, un
lac, un tic, un pic, un zinc, un couac, un duc.
Souvenez-vous cependant qu’on écrit cinq et un
coq !

» La voyelle qui suit est un I ou un E ? C’est QU qui


est le plus fréquent : une quittance, équestre, un
équipage, attaquer.

Facile à mémoriser ! Tous les noms féminins


terminés par le son « K » s’écrivent -QUE : une
barrique, une barque, une bique, la musique.

Vous écrirez -QUE à la fin de tous les adjectifs


finissant en « K » au masculin comme
sympathique, prosaïque, chimique, sauf pour cinq
exceptions : caduc, grec, public, sec et turc.

Laïc ou laïque ? Ne confondez pas le nom et


l’adjectif, leurs fins s’orthographient
différemment ! Vous écrirez un baptême laïque
[adjectif] mais un laïc [nom]. Vous écrirez aussi un
public [nom].

» Vous vous demandez quand il faut écrire -CQU ?

Dans très peu de situations, rassurez-vous !

• Dans les dérivés du prénom Jacques :


Jacqueline, le jeu de jacquet.

• Dans les mots formés sur le radical du


verbe quérir précédé d’un A : acquérir,
acquisition, acquéreur.

• Pour les verbes acquiescer, sacquer et


becqueter (familiers), des socquettes.

» Vous hésitez entre -CAGE et -QUAGE à la fin d’un


nom ?

• Sachez que si votre mot ne provient pas


d’un verbe, il s’écrira - CAGE : un marécage.

• Si vous pouvez rapprocher ce mot d’un


autre de la même famille qui contient un C,
en toute logique, écrivez -CAGE : un bloc →
un blocage, un truc → un trucage, un flic →
un flicage.

• S’il provient d’un verbe lui-même terminé


en -QUER, écrivez sans hésiter -QUAGE :
marquer → un marquage, remorquer → un
remorquage, plastiquer → un plastiquage.

Si vous devez écrire à l’infinitif un verbe du 1er


groupe terminé par le son « KÉ » sachez que ce
sera toujours -QUER ! bloquer, mastiquer, abdiquer.

» Vous hésitez entre -CABLE et -QUABLE à la fin


d’un adjectif ?

Restez câblé ! La solution est de vous demander


s’il existe un nom terminé en -ATION de la même
famille. S’il y en a un, écrivez - QUABLE, sinon,
écrivez -CABLE !

Ainsi, vous écrirez une idée inattaquable car les


mots inattaquation et attaquation n’existent pas,
mais une idée difficilement applicable car le mot
application existe.

» Vous hésitez entre -CANT et -QUANT à la fin d’un


mot ?
Vous pouvez insérer TRÈS devant le mot ? Écrivez -
CANT ! Si c’est impossible, il faut -QUANT ! Écrivez
il a été convaincant si vous pouvez dire il a été très
convaincant. Mais vous écrirez en convainquant ses
parents, il a fait fort, car vous ne pouvez pas dire en
très convainquant ses parents, il a fait fort.

Pas si archaïque, le CH !


Vous orthographierez le son «  K  » CH pour des
mots d’origine grecque comme le choléra, l’écho, une
orchidée. Vous rencontrerez aussi ce cas de figure
pour les familles de mots qui suivent :

Élément Sens Exemples

arch ancien archaïque, un archéologue

chaos le le chaos, chaotique


désordre

chlor vert la chlorophylle, un chlorate, le


chloroforme

chor la danse, le chœur, la chorale, les choristes, la


le chant chorégraphie, l’orchestre

chrom la couleur monochrome, polychrome, un


chromosome
chron le temps (ana) chronique, chronologique,
synchroniser, un chronomètre

psych l’âme un psychologue, un psychopathe,


psychologiquement

techn l’art technique, un technicien, polytechnique

Mettez-vous à l’heure
internationale avec K et CK !
Ces orthographes proviennent de mots d’origine
étrangère, majoritairement de l’anglais, mais pas
seulement. Il n’y a donc pas de règle pour ce qui les
concerne, mais vous devez en respecter
l’orthographe !

Écrivez K Écrivez CK

le basket, un cake, le folklore, un un bifteck, un cocktail,


klaxon, un parking, le poker, un un jockey, un pickpocket,
sketch, un speaker, un tank, un le rock, un stock, un
week-end ticket

Ne confondez pas le hoquet, spasme dont il est


difficile de se débarrasser, et le hockey, sport sur
glace ou sur gazon, le criquet, insecte qui dévore
tout, avec le cricket, sport national anglais, ni le roc
d’origine minérale, avec le rock (and roll) !

L’allemand nous a légué des mots comme un képi,


kitsch, le blockhaus, le nickel, le teckel. D’autres mots
sont d’origine asiatique  : un kamikaze, un karaoké,
un judoka, le saké ou d’autres parties du monde : un
bikini, un koala, un kangourou, un anorak, sans
oublier ceux que nous ont légués les Grecs  : un
kyste, ankylosé, un kinésithérapeute… pas de quoi être
mis K.O.!

Évitez les accidents sur le son


« KS » !

Ne censurez pas le X !


» Le mot se termine par le son « KS » ou on entend
ce son dans sa dernière syllabe ? Écrivez sans
hésiter X : un index, un silex, un taxi, perplexe, une
réflexion, une connexion.

» Le son « KS » est suivi ou précédé d’une


consonne ? Écrivez X ! une expérience, une excuse,
un (pré) texte.
Vous n’entendez pas le C dans (sur) exciter, excessif,
mais il faut le mettre à l’écrit, sinon on entendrait
egziter, egzessif !

» Vous pourrez rencontrer le X entre deux voyelles


pour certains mots comme un toxicomane, la
proximité, la relaxation.

Doublez le C !
» Pour savoir quand vous devez écrire ACC- pensez
à décomposer le mot ! Vous saurez que c’est la
bonne orthographe pour les mots en « ACS »,
« OCS » et « SUCS » si vous réussissez à isoler un
radical que vous retrouvez dans d’autres mots de
la même famille. Si ce radical commence par CE
ou CI, doublez le C. Ainsi écrivez succéder, accéder,
car le radical est -céder comme dans pré/céder. De
même, isolez le radical -cident de oc/cident en
pensant à in/cident ou à ac/cident et mettez deux
C : occident.

D’autres mots prenant deux C sont à connaître, ou


à vérifier dans le dictionnaire si vous n’êtes pas sûr
de vous. Voici les principaux  : accent, buccin,
coccinelle, coccyx, occiput, occire, succinct et vaccin.
Si vous devez écrire un mot en «  KS  » issu d’une
famille comportant les sons «  K  » et «  T  »
prononcés séparément et écrits CT, ne changez rien
et gardez CT  ! un acteur → une action, un secteur →
une section, un instructeur → une instruction.

Différenciez bien le son « G » du


son « J »

Vous hésitez sur l’écriture du


son « G » ?
» La lettre qui suit est une consonne ? Écrivez G :
une glace, des gravats, un ogre.

» La lettre qui suit est une voyelle, A, O ou U ?


Écrivez G : le langage, un gabarit, une gaine, une
gondole, le goût, déguster.

Vous doublerez le G pour les familles de mots


suivantes commençant par :

Aggrav- Agglut- Agglom-

aggraver, agglutiner, agglomérat,


aggravation, agglutination, agglomérer,
aggravant agglutinat agglomération
ainsi que pour le toboggan.

Ils s’accrochent à leur U ! Si vous conjuguez un


verbe dont l’infinitif s’écrit en -GUER, vous devez
écrire -GU même devant A ou O : il distinguait,
nous naviguons.

» La voyelle qui suit est I, E (avec ou sans accent) ou


Y ? Écrivez GU : la guimauve, sanguinaire, un
guéridon, un dogue, Guy.

Attention au bug pour les mots anglais ! Le U est


pour eux inutile : un hamburger, un bug, un blog,
un airbag, un gang.

» Vous vous demandez si vous devez écrire -GANT


ou -GUANT à la fin d’un mot ?

Pour les formes en -ANT provenant de verbes, les


deux possibilités existent souvent. Pour trouver
laquelle est la bonne, le test infaillible est de
mettre très devant. Si c’est possible, il faut
orthographier - GANT : Je travaille avec un collègue
fatigant/Je travaille avec un collègue très fatigant.

Si vous ne pouvez pas mettre très devant, écrivez -


GUANT : Ma collègue me fatiguant, j’ai changé de
bureau, car vous ne pouvez pas dire Ma collègue
me très fatiguant, j’ai changé de bureau.
Et si vous entendez le son
« J », comment l’écrire ?
» La lettre qui suit est I ou Y ? Écrivez toujours G :
une giboulée, un engin, un régiment, un gyrophare.

» La lettre qui suit est A, O ou U ?

Il vous faut transformer le son « G » en son « J »


par l’ajout d’un E après le G :

• Pour certains mots comme un plongeon, la


rougeole, une démangeaison.

• Quand, pour conjuguer un verbe se


terminant en -GER, vous utilisez les
terminaisons ai, ais, ait, as, a, ons, ont, aient,
ant : ils nageaient et non ils nagaient ; en
changeant et non en changant.

» La lettre qui suit est un E ?

• Écrivez GE : le passage, le passager,


déranger, dégénérer, un gérant, le gel.

• Écrivez J pour les mots comportant :

jet ject maj jeu

objet, sujet, abject, majesté, majeur jeu, jeudi, enjeu,


sujétion, jet, abjection, jeune, jeunesse,
rejet, trajet, objecter, jeûne, déjeuner
projet, éjecter, objection
un jeton conjecture,
trajectoire,
projection,
projectile

Attention aux mots d’origine anglaise : un budget,


un gadget.

» Quand un mot commence par « JA », « JO » ou


« JU », jamais d’hésitation, c’est un J ! : jeudi,
jadis, du jambon, un joueur, un jugement, jongler.

Il existe aussi d’autres mots nécessitant un J


comme : déjà, toujours, conjoint, une injure, un goujon,
un donjon, l’acajou, un naja. Il n’y a pas de règle,
vérifiez dans le dictionnaire si vous avez un doute !

Ne nous affolons pas face au


son « F » !
Il peut être utile de savoir que piquer un fard signifie
rougir violemment mais que piquer un phare, c’est
voler un accessoire automobile  ! Trois possibilités
s’offrent à vous pour écrire ce même son  : F, FF,
PH.
» Le cas le plus courant est un seul F : enfin, une
pantoufle, un professeur, un défi, une gifle, du
safran, un safari.

» Quand faut-il doubler le F ?

• Si vous écrivez un mot commençant par les


sons « AF », « EF », « OF », « DIF » : affirmer,
une effraction, une offrande, une difficulté,
différer.

Il n’y a que peu d’exceptions dont afin de,


l’Afrique/africain, Afghanistan/afghan, un
aficionado.

Gardez les deux F si vous employez un composé


du mot de base : affoler → raffoler, diffuser →
rediffuser

• Si votre mot commence par le son « SIF »,


« SOUF » ou « SUF » : un sifflement, souffrir,
souffle, suffisant.

Cette règle ne souffre qu’une seule


exception : le soufre et les mots de la même
famille : soufré, une soufrière.

Boursoufflure et persiffler peuvent


désormais prendre deux F !
• Pour certains mots courants et ceux de
leur famille comme : coffre, coiffe, chiffre,
griffe, chauffer, difforme.

» L’orthographe PH

Le PH vient de mots d’origine grecque qui


comportaient le son « F ». Vous aurez donc à
l’employer pour de nombreux mots savants,
médicaux, ou scientifiques, dont certains sont
fréquents comme un phare, un phénomène, une
amphore, une phrase, une strophe, la périphérie,
une sphère, une nymphe, un scaphandre, une
phalange, la pharmacie. Consultez le récapitulatif
suivant en cas d’hésitation :

Élément Sens Exemples

– céphal – tête encéphalogramme, céphalopode

– graphe – écrire sismographe, autographe,


graphique

– morph – forme métamorphose, morphologie

– ophtalm œil ophtalmologiste, ophtalmie


– phag – manger anthropophage, sarcophage

– phil – aimer, être francophile, philanthrope,


attiré hémophile

– phob – peur claustrophobie, agoraphobe

– phon – son anglophone, aphone, symphonie

– phor – porter amphore, photophore

– phot – lumière photocopie, photosynthèse

– phys – nature physique, physiologie

Graffiti, bien que venant du grec graph-, a fait un


détour par l’italien : il a perdu son -PH au profit
des deux F !
Chapitre 3
Quand faut-il mettre deux
consonnes alors que la
prononciation ne l’exige pas ?
DANS CE CHAPITRE :

» Écrire deux consonnes que l’on n’entend pas dans un mot

» Savoir quand la formation du mot vous aide pour bien l’écrire

S avoir quand mettre une (ou deux) consonne(s)


dans un mot sans qu’on l’entende est une des
difficultés du français. Toutefois des règles simples
vous permettent de vous y retrouver, et d’avoir un
mari qui ne soit pas marri, de prendre plaisir à
avaler des dattes car ce ne seront pas des dates
historiques ! Ce chapitre vous y aide.

Tout d’abord, vous observerez une règle simple  :


n’écrivez jamais de consonne double après une
autre consonne  : un compagnon et non un
comppagnon !
De même, vous ne doublerez jamais la consonne
après E prononcé «  E  » sauf pour dentellière,
interpeller et prunellier.

Vous regarderez ensuite à quelle place se trouve la


consonne dans le mot.

En début de mot
Pour savoir quand vous devez doubler une
consonne en début de mot, le plus simple est de
regarder sa construction  : il peut avoir été formé
avec un préfixe (un élément placé en début de
mot), ce qui vous aide pour bien l’écrire.

Le préfixe ne change pas de


forme : il se termine toujours
par la même consonne
Si c’est la même lettre qui finit le préfixe et qui
commence le radical (le mot de départ), la
consonne est automatiquement doublée :

inter-national mais inter-régional.

[préfixe - radical] [préfixe - radical]

Voici les préfixes les plus fréquents :


» INTER : interrègne, interrompre

» SUR : insurrection, surréaliste, surrégime, surrénal

» TRANS : transsaharien, transsexuel, transsibérien

Le préfixe change de
consonne finale
Quand le préfixe se termine par une voyelle, vous
ne vous poserez pas la question du doublement de
la consonne (apo-strophe)  ! Mais certains préfixes
peuvent prendre une consonne supplémentaire  :
par exemple le préfixe co  –  (= avec) permet de
former coéquipier sans changer de forme, mais il
devient cor – pour former corriger ! Du coup, il vous
faut doubler le R.

Comme toujours, pour les préfixes EN et IN, vous


écrirez M au lieu de N si le radical commence par
M : em-mener, im-mobile.

En cas de doute, consultez un dictionnaire  ! Voici


toutefois pour vous aider les préfixes les plus
fréquents avec lesquels vous pouvez être amené à
doubler la consonne :

Mot Sens Exemples


commençant
par

ac devant C attribution accrocher,


accommoder,
s’accroupir, accueil

af devant F lieu affaiblir, affaire,


affamer, affoler

ag devant G manière aggraver

déroulement

al devant L   alléger, allier,


allonger, allumette

an devant N   annonce, annoter

ap devant P   appartenir,
apprendre,
approcher,
approfondir

ar devant R   arrondir

as devant S   assagir, assemblée,


associer, assoiffer,
assouplir

at devant T   atterrissage,
atteindre, attendre,
attraper, attrister
Le préfixe a – (qui indique la privation)
n’entraîne jamais le doublement de la
consonne : anonyme, apesanteur, asocial, atome,
atone.

col devant L   collaborer, collectif

com devant M avec commère, commettre

cor devant R   correction,


corrompre

des devant S priver dessaler, desservir


mais se désolidariser

ef devant F priver effaroucher, effectif,


effort

es devant S finir essoucher,


essoufflement

en devant N dans enneigé

em devant M mouvement emmener

in devant N   innommable, innervé

il devant L négation ou illégal, illisible,


lieu illuminé

im devant M   immaculé, immeuble,


immobile, immortel,
immuable
ir devant R   irradié, irrésistible,
irresponsable

op devant P devant opposant, opprimer

pres devant S avant pressentir

res devant S encore, de resservir, ressortir,


nouveau une ressource

    mais une resucée,


resaler, resalir.

Pour les mots qui commencent par le son « ÉT »,


écrivez un seul T  : établi, étonner, étirement, étoile,
étudier… alors que pour ceux qui commencent par
«  AT  », vous devrez le plus souvent en écrire
deux : attendre, attention, attirail…

Mais faites attention à  : une atèle, un atelier, un


athée, un athlète, atlantique, atmosphère, un atour, un
atout et atroce.

Au cœur du mot
Il n’y a pas de règle précise pour savoir quand
mettre une ou deux consonnes au cœur d’un mot.
Toutefois, vous pouvez vous appuyer sur la famille
de ce mot  ! Ainsi si vous savez écrire le mot terre,
vous penserez aux deux R dans tous les mots de sa
famille  : atterrer, atterrir, déterrer, enterrement,
enterrer, extraterrestre, extraterritorialité,
Méditerranée, parterre, pied-à-terre, pomme de terre,
se terrer, souterrain, terrain, terrasse, terreau, terre-
neuve, terre-plein, terrier, terril, territoire, terroir…

Vous ferez de même dans de nombreux cas comme


pour les deux N de personne (impersonnel,
personnage, personnel…) ou les deux C d’occuper
(inoccupé, occupation, préoccupé).

Certaines familles connaissent toutefois des


exceptions ! En voici les principales :
» une barrique mais un baril

» un cantonnier mais un chemin cantonal

» une chatte mais un chaton, une chatière

» un courrier mais un coureur

» un donneur de leçon mais un donateur, une


donation

» une folle mais la folie, folichon

» un homme mais un homicide

» un honneur mais un homme honorable, honorer

» un mammifère mais une mamelle


» la monnaie mais monétaire

» nommer mais une nomination, nominal

» une patte mais patauger, un patin

» une salle mais un salon

» sonner mais la résonance, la consonance, une


sonate, sonore, insonorisation

» une trappe mais attraper

» une vallée mais une avalanche, dévaler

Vous pouvez à présent choisir d’écrire selon


l’ancienne orthographe, ou selon la nouvelle, qui
« rectifie » les anomalies :

Famille Orthographe Orthographe acceptée


ancienne depuis 1990

une un chariot un charriot


charrette

un un homme un homme combattif


combattant combatif

un homme la bonhomie, la bonhommie, prudhommal


prud’homal

une hutte une cahute une cahutte


un imbécile l’imbécillité l’imbécilité

un un persiflage un persifflage
sifflement

un souffle une boursouflure une boursoufflure

Dans certains cas, la prononciation peut vous


aider ! Sachez qu’un E ne se prononce A que devant
deux consonnes  : une femme (on prononce «  une
famme ») mais une femelle (on prononce « une fe-
melle »).

Au cœur du mot, vous n’écrirez jamais MM ou NN


après I ou U : une dimension, la lune. Mais il y a des
exceptions : Entends-tu la cloche tintinnabuler au fond
du tunnel ?

À la fin du mot

Quand vous employez un


verbe conjugué
Pour certains verbes, vous devrez écrire une ou
deux consonnes. Pour cela, soyez attentif à la
prononciation !
» Si vous entendez le son « È »
• Doublez le N qui suit le son « È »

prendre : nous prenons (« E ») mais ils


prennent (« È »).

Vous écrirez NN pour tenir, venir et leur


famille (J’aimerais que tu viennes !), mais
vous écrirez -ÈNE pour égrener, mener et
leur famille : Viens, je t’emmène !

• Doublez le L ou le T si vous entendez « È »


avant la consonne :

appeler : nous appelons (« E ») mais nous


appellerons (« È »).

jeter : vous jetez (« E ») mais tu jettes (« È »).

Pour certains verbes, celer, acheter, ciseler, déceler,


(dé) geler, congeler, démanteler, écarteler, fureter,
haleter, marteler, modeler, peler, vous ne doublerez
pas la consonne mais vous mettrez un accent
grave (il gèle).

Il y avait une seule exception : le verbe interpeller


qui s’écrit toujours avec deux L : j’interpelle (« È »),
nous interpellons (« E »). Depuis la réforme
de 1990, vous pouvez écrire interpeler.

» Quand doubler le R ?


Certaines familles sont recomposées : elles ont
deux radicaux différents ! C’est le cas de courir (et
de sa famille) qui a pour radicaux COUR- et
COURR- :

• Vous conjuguez ce verbe au futur ou au


conditionnel ? Employez COURR- : je courrai
[futur], nous parcourrions [conditionnel].

• Vous conjuguez ce verbe à n’importe quel


autre temps ? Employez COUR- : tu cours, il
courait, vous avez couru.

• Vous ferez de même pour les verbes


acquérir, envoyer, mourir, pouvoir, voir et
pour ceux de leur famille, au futur et au
conditionnel présent : j’acquerrai, tu
enverrais, il mourra, nous pourrions, vous
verrez.

» Quand doubler le S lorsque la prononciation ne


l’exige pas ?

Vous penserez bien à écrire SS pour éviter le son


« Z » : je finissais. Mais vous n’oublierez pas d’écrire
SS dans un cas très rare : au subjonctif imparfait
des verbes tenir, venir et leur famille : Il eût fallu
que tu tinsses tes engagements.
Sachez que les verbes qui se terminent par -ONNER
doublent toujours le N  : chantonner, claironner,
fanfaronner sauf détoner, prôner, téléphoner, (dé)
trôner, s’époumoner et ramoner.

À la fin des mots qui ne sont


pas des verbes
C’est souvent le cas lorsque votre mot comporte un
suffixe, c’est-à-dire un élément que vous placez à
la fin du mot pour en former un autre  ; il vous
oblige parfois à doubler la consonne finale de votre
mot.
» Vous écrivez un adverbe qui se termine par -
MENT formé à partir d’un adjectif terminé par le
son « EN » ?

• Écrivez -AMMENT si l’adjectif
correspondant se termine par -ANT :
courant > couramment, étonnant >
étonnamment.

• Écrivez -EMMENT si l’adjectif correspondant


se termine par -ENT : fréquent >
fréquemment, violent > violemment.
Qu’ils soient formés à partir d’un adjectif terminé
par le son « EN » ou non, vous doublerez le M de
tous les adverbes qui se prononcent « AMENT »
fréquemment, innocemment, récemment,
violemment.

» Vous utilisez le suffixe -ETTE pour créer un


diminutif ? Doublez toujours le T : une
maisonnette, une expression tristounette, une
fillette.

Vous doublerez le N pour la plupart des mots


formés à partir d’un autre mot qui se termine par
ON  : une question > un questionnement, un rayon >
rayonner.

Mais vous écrirez une bonification, un bonus,


cantonal, démoniaque, un donataire, national, régional.
Chapitre 4
Ne pas hésiter à propos des
lettres muettes
DANS CE CHAPITRE :

» Repérer le H au début ou dans un mot

» Savoir quelle consonne muette écrire dans un mot ou à la fin d’un


mot

» Ne pas oublier le E muet

U ne des particularités du français est que de


nombreuses lettres – des consonnes comme des
voyelles – ne s’entendent pas à l’oral, mais qu’elles
figurent obligatoirement à l’écrit. C’est
principalement au début et à la fin des mots qu’il
faut être vigilant. Si vous vous appropriez les bons
réflexes, vous réussirez à matérialiser ces lettres
muettes, et elles ne seront plus un problème.
Il ne se prononce pas, mais est
indispensable, le H !

Quand mettrez-vous un H en
début de mot ?
Même si vous entendez une voyelle à l’initiale du
mot, le H peut être un hic.
» Respirez pour le H aspiré

Comment savoir s’il faut commencer par un H ?


Vous avez deux tests à votre disposition pour
repérer ce H appelé « aspiré », car c’est ainsi qu’il
est produit à l’oral.

• Vous ne pouvez pas faire la liaison avec le


mot précédent : prononcer « des -
z- haricots » n’est pas correct et dire « je
les - z -hais » au lieu de « je les hais » risque
d’être incompréhensible si vous voulez
exprimer votre haine !

• Vous ne pouvez pas enlever la voyelle du


mot précédent et la remplacer par une
apostrophe : « j’heurte » est incorrect, il faut
dire « je heurte » et « il a pris l’hache » au lieu
de « la hache » n’est pas possible.
C’est le cas pour un grand nombre de mots
comme haie, hâle, halle, hameau, handicap, hangar,
haricot, hasard, hâte, haut, havre, Henri, héron,
heurt, hibou, hisser, hoquet, housse, hublot, hurler…

Des héros ou des zéros ? Ce jeu de mots bien


connu vous aide à vous souvenir que le H aspiré
de héros ne souffre pas la liaison !

» D’autres mots bien moins nombreux prennent


avant leur voyelle un H dit muet qui permet les
liaisons et l’apostrophe : l’humain et non le humain
que l’on prononce au pluriel « les-z-humains ».

• Parmi ces mots : habile, habit, habitude,


haleine hélice, herbe, hérédité, hésitation,
honnête, honneur, horizon, huissier…

• et de nombreux mots commençant par des


éléments grecs ou latins :

Élément Sens Exemples

hecto- cent hectare, hectolitre

hélio- soleil héliotrope, héliocentrisme

hémi- demi hémicycle, hémiplégie

hém (o)- sang hématome, hémoglobine


hepta- sept heptagone

hétéro- différent hétérogène, hétérosexuel

hexa- six hexagone

hipp (o)- cheval hippopotame, hippisme

holo- en entier hologramme, holocauste

hom(o)- identique homogène, homologue


mais omoplate

horo- heure horoscope, horodateur

horti- jardin horticulteur, horticole

hydr (o)- eau hydravion, hydrater

hyper- sur, au-dessus hyperréaliste, hypertendu

hypo- sous, en-dessous hypoglycémie, hypocrite

Les interjections sont très friandes de H, au début,


comme à la fin ! ah/ ha, oh/ho, euh !

N’oubliez pas le H à l’intérieur


du mot
» Associé à d’autres lettres, il vous sert à former
d’autres sons :
• Le son « F » → PH : un phantasme, une
catastrophe. Consultez le chapitre 3 pour
plus de précisions.

• Le son « CH » → CH : un chalet, une


avalanche, parfois SCH comme dans
schéma, quetsche, kirsch, schnaps, putsch ou
SH dans les mots d’origine anglaise : cash,
short, shopping, squash…

» Pensez aussi au H quand il passe de l’initiale à


l’intérieur du mot, par le jeu des préfixes ! Ainsi,
vous devrez écrire déshabiller car le mot de base
habiller commence par un H, inhumain car cela
vient de humain, des gentilshommes car ce nom
contient le mot hommes, ou préhistoire en le
rapprochant de histoire.

Si vous rencontrez un mot comportant les


radicaux -hal-, -hér- et -hib-, mettez un H ! C’est le
cas de adhérer, cohésion, exhaler, exhalaison,
inhaler, inhalateur, inhérent, (dés) inhiber, pro (ex)
hibition, redhibitoire.

» Vous aurez à l’utiliser entre deux voyelles qui se


prononcent séparément : ébahi, ahuri, le chahut,
la cohue, envahir. Sans le H, on entendrait
« envair » et non « envahir » !
» Vous ne l’entendrez pas non plus dans le son « T »

Dans de nombreux mots où il est associé au T,


orthographiés en TH : le labyrinthe, une méthode,
un mythe, une parenthèse, le rythme, le théâtre, un
thème, une thérapie, une théorie qui viennent du
grec. Voici les principales familles de mots
auxquels vous devrez mettre un TH :

Élément Sens Exemples

- humain, anthropophage, lycanthrope


anthrop- homme

ethn- peuple ethnique, ethnocide

- lith- pierre aérolithe, paléolithique

ortho- droit, correct orthophoniste, orthodontiste

- path- sentiment, antipathie, sympathie, psychopathe,


maladie pathologiste

- thé- dieu monothéisme, théologie

- thèque- lieu de bibliothèque, ludothèque


conservation

- therm- chaleur isotherme, thermal


À la fin d’autres mots, moins nombreux comme un
mammouth, de l’aneth, un luth.

» Pensez au H dans quelques mots en RH : un


rhume, un rhinocéros, une diarrhée, la rhétorique, la
rhubarbe.

Écoutez les autres consonnes


muettes !

Commençons par la fin, c’est


le plus facile
» Pour repérer une consonne muette à la fin d’un
mot, il vous suffit de la faire apparaître :

• En mettant simplement le mot au


féminin : second car on dit seconde, penaud
car on dit penaude.

• En le rapprochant d’un mot de la même


famille qui comporte la/ les même(s)
consonnes :

Vous pourrez ne trouver qu’une seule


consonne muette : un tamis car tamiser ; un
départ car partir ; profond car profondeur ;
un cours car une course ; un accroc car
accrocher ; du plomb car plomber, un outil
car l’outillage, un galop car galoper, du sang
car sanguin…

C’est la consonne muette qui vous permettra de


distinguer certains homophones. Ainsi vous
écrirez un point car pointer mais un poing car un
poignet et un heurt et non heur ou heure car vous
ferez le rapprochement avec heurter.

Les liens de parenté ne sautent pas toujours aux


yeux… ni aux oreilles !

Sachez que vous devrez mettre un X muet à la fin


d’un mot si vous en trouvez d’autres de la même
famille en  -S  : un choix car choisir, la paix car
paisible.

Le F muet final quant à lui se transforme en -V : un


cerf / un cervidé, un nerf / une nervure.

Quelques traîtres sont en rupture familiale,


n’hésitons pas à les dénoncer : un abri, un artichaut,
un bazar, un cauchemar, le tabac.

Vous êtes maintenant autorisé à écrire absous et


dissous  : absout et dissout en cohérence avec leur
féminin absoute et dissoute.
» Il peut y avoir deux consonnes muettes, procédez
alors de la même façon : l’instinct car instinctif ;
prompt car promptitude ; doigt car digital, pouls car
pulsation.

Le S muet final soudé à une autre consonne ne


peut pas être systématiquement repéré par les
manipulations que nous vous indiquons, mais
dans poids, temps, corps, entrelacs, vous pouvez
identifier leur avant-dernière consonne muette en
pensant à pondéral, temporel, corporel, lacer.

Vous écrirez un puits et un relais.

» Si vous ne parvenez pas à faire apparaître de


consonne finale par ces manipulations, rien n’est
perdu !

• Soit il n’y a pas de consonne muette, c’est


possible :

Vous entendez à la fin Écrivez Exemples

« EN » - AN écran, talisman, charlatan

    mais étang et hareng

« ON » - ON limaçon, jeton, laideron

« OIR » - OIR bavoir, parloir, miroir


« OU » - OU verrou, tabou, voyou, filou

Vérifiez tout de même dans le dictionnaire !

• Soit vous découvrez la consonne finale en


vous fiant à la loi des régularités.

Le français présente en effet une série de syllabes


finales qui s’écrivent quasiment toujours de la
même façon. Vous n’aurez donc guère à hésiter sur
les terminaisons des mots suivants si vous ne
trouvez ni mot de la même famille, ni féminin
correspondant :

Vous Écrivez le plus Exemples


entendez à souvent
la fin

« AR » - ARD brouillard, corbillard,


foulard

«A» - AT dans la partenariat, volontariat,


majorité des cas syndicat
mais coutelas, chas
(d’aiguille), fatras, lilas

« EN » - ENT affluent, coefficient,


déferlement, rapidement

«I» - IS dans la fouillis, parvis, radis,


majorité des cas rubis

    mais acabit, appétit, esprit

« OI » - OIS au carquois, guingois


masculin

  ou -OIX choix, poix, voix

À l’intérieur d’un mot


Les moyens que nous vous indiquons pour repérer
les consonnes finales muettes ne fonctionnent pas
pour celles figurant à l’intérieur d’un mot.

Fort heureusement, de telles consonnes sont rares !


Vous connaissez déjà les plus fréquents : amygdale,
automne, baptême, compter, sangsue, sculpter.

Très discret, le E muet peut


passer inaperçu : ne l’oubliez
pas !

À la fin d’un mot


À la fin d’un mot, vous ne le remarquez pas, car,
sauf dans le sud de la France, on ne le prononce
généralement pas ; pourtant, il est bien là !

Pour comprendre de quoi il s’agit, pensez à la


poésie : le E y est rarement muet, car il faut que le
vers compte le bon nombre de syllabes  ! Vous le
prononcez par exemple dans Maître corbeau sur un
arbre perché… Pourtant, dans la langue courante,
vous dites : « mon maîtr’, un arbr’ ».
» Pensez-y dans les noms féminins : la plupart
d’entre eux se terminent par un E muet : une selle,
la survie, une denrée, une plaque.

» Pour les noms masculins, vous écrirez un E muet

• À la fin de nombreux mots qui se


terminent par les consonnes L ou R : un
domicile, un score…

• À la fin des mots qui se terminent par deux


consonnes : le poivre.

• À la fin de ces noms terminés par un I : un


foie, un génie, un incendie, un messie, un
parapluie, un sosie.

• À la fin de toute une série de noms


finissant par le son « É », provenant du
grec : un apogée, un athée, un caducée, un
lycée, un mausolée, un musée, un trophée, un
pygmée, un scarabée.

Quelques noms masculins d’origine étrangère


nécessitent également un E muet  : un barbecue, un
caddie, un hippie, un rallye.

Le E muet peut aussi se cacher


à l’intérieur d’un mot !
Pour le repérer, souvenez-vous que vous le
rencontrerez :
» Quand vous conjuguerez des verbes en -IER, -YER
ou -UER au futur et au conditionnel. Le E qui fait
partie du radical ne s’entend alors plus, mais
s’écrit :

Étudier → j’étudierai, j’étudierais ; employer → nous


emploierons, nous emploierions, louer → tu loueras,
tu louerais.

Fini les pièges ! Vous pouvez écrire assoir ou


asseoir.

» Quand vous emploierez des noms en -EMENT et -


ERIE provenant de verbes en -IER, -YER, -ÉER, -UER.
Balbutier → un balbutiement ; bégayer → un
bégaiement ; gréer → un gréement ; éternuer → un
éternuement.

Cependant, pas de E muet dans un agrément, un


argument, un châtiment et un supplément.

Vous l’avalez en parlant, mais vous devez l’écrire :


boulevard, calepin, carreler, charretier, étiqueter…

Attention à l’écriture du son «  J  » orthographié  -


GE- comme dans rougeole.
Chapitre 5
Employer la/les bonne(s)
voyelle(s) pour transcrire un
son
DANS CE CHAPITRE :

» Bien écrire le son « O »

» Bien écrire les sons « I » et « ILLE »

» Bien écrire le son « E »

» Choisir entre « AI » et « EI »

P our écrire un son, vous pouvez hésiter entre


plusieurs voyelles. Ce chapitre vous aide à vous y
retrouver pour bien orthographier, ce qui permet
d’éviter de modifier le sens de vos propos : si vous
appréciez les mots d’une personne, vous ne lui
parlerez pas des maux qu’elle crée !

Comment écrire le son « O » ?


Voici quelques règles simples pour vous y retrouver
parmi les différentes orthographes possibles du son
« O ».

Commençons par le
commencement : les mots
débutant par le son « O »
» Le plus souvent, le son « O » correspond à la
lettre O : opaque, opération, opinion, opposant,
orange, oreille, origine, otarie… et leur famille.

» Pour quelques mots, vous écrirez AU- : aube,


auberge, audace, augmentation, aulne, auréole,
aurore, authentique, autre… C’est aussi le cas pour
les mots liés à l’écoute : audience, auditeur,
audiovisuel…

Tous les mots commençant par AUTO s’écrivent


ainsi, sauf les mots en rapport avec l’audition (oto-
rhino, par exemple) et ceux qui sont passés par la
Turquie (ottoman, ottomane) !

» Vous n’orthographierez -EAU que pour le heaume,


et, plus fréquent, l’eau et ses composés (eau-de-vie,
entre autres).
Le son « O » en fin de mot
» La plupart des mots qui se terminent par le son
« O » s’écrivent -eau : cadeau, chapeau, nouveau,
peau, rideau.

Recherchez le féminin ; s’il se termine par -ELLE,


on écrit -EAU : une belle cervelle, donc on écrit un
beau cerveau.

Si ce mot n’a pas de féminin, cherchez un mot de


la même famille qui se termine par un autre son.
Si vous entendez le son « E » ou « È », le son « O »
s’écrit -EAU : un agnelet donc un agneau, ciseler
donc des ciseaux. Une seule exception : un
buraliste mais un bureau.

Sachez que quand un mot est construit en


ajoutant le son « O » à un autre, c’est presque
toujours -EAU que l’on utilise : arbre → arbrisseau,
louve → louveteau, troupe → troupeau…

» Le son « O » à la fin d’un mot peut parfois


s’orthographier -AU, suivi ou non d’une consonne
D, T ou X.

Écrivez -AU pour Écrivez - Écrivez - Écrivez -


AUD pour AUT pour AUX
pour

boyau, étau, fléau, badaud, artichaut, chaux,


joyau, landau, noyau, chaud, assaut, faux
tuyau réchaud haut

Pour identifier ces mots et les différencier de ceux


qui se terminent par -EAU, pensez aux mots de la
même famille : s’ils contiennent -AL, c’est que
votre mot s’écrit -AU : chaleur donc on écrit chaud,
falsifier donc on écrit faux.

Sachez que le son « O » du pluriel des mots en -AL


et -AIL s’écrit -AUX : un mal de tête donc des maux
de tête ; un travail original donc des travaux
originaux.

» Vous pouvez rencontrer aussi l’orthographe -O,


suivie ou non d’une consonne

• À la fin de quelques mots vous


rencontrerez aussi un -O suivi d’une
consonne :

Écrivez -OT Écrivez -OC Écrivez -OP Écrivez -OS


pour pour pour pour

argot, haricot, broc, croc, galop, sirop clos, dos,


coquelicot, escroc héros, repos
dot, escargot,
flot, haricot,
hublot, îlot,
javelot,
magot,
manchot,
mulot,
paquebot,
robot

Là aussi, jouez la carte de la famille ! Vous


retrouverez souvent la consonne finale de ces
mots grâce à leur famille : les usines sont robotisées
donc on écrit robot ; un cheval galope donc on écrit
galop… Mais la famille vous trahit parfois et il y a
quelques inévitables exceptions : on sirote mais on
écrit sirop !

• Vous écrirez -O pour les mots abrégés :


auto, radio, sténo, vélo et de nombreux mots
d’origine étrangère : bravo, cacao, casino,
domino, kimono, lavabo, numéro, piano,
studio, trio, zéro…

Vous hésitez entre saut, sceau, seau et sot ? Seul le


sens peut vous aider :
• Le saut à la perche est le plus haut de tous
les sauts !

• Le sceau de l’infamie ne doit pas toucher le


garde des Sceaux.

• Le seau déborde quand il pleut à seaux.

• Quel sot, il n’y comprend rien !

Le son « O » à l’intérieur d’un


mot
» L’orthographe -O- à l’intérieur du mot est la plus
fréquente lorsque le son est suivi d’une consonne :
costume, étonnement, robe, somme, vol… sauf pour
deux exceptions : le hareng saur et Paul et leurs
familles (saumâtre, Pauline…).

» C’est aussi le -O- que vous emploierez pour les


mots construits avec le préfixe CO- : coopérer,
coopter, coordonner et leurs familles.

Peu de mots comportent -OO- : ils font partie de la


famille d’alcool, de zoo ou sont construits sur le
radical oo = l’œuf : une oosphère.

» Avec un accent circonflexe, on rencontre Ô dans


les mots suivants : alcôve, arôme, aumône, binôme,
chômage, clôture, cône, contrôle, diplôme, dôme,
drôle, fantôme, frôler, icône, môle, môme, pôle,
pylône, rôle, rôdeur, rôtir, symptôme, tôle, trône et
les adverbes aussitôt, bientôt, plutôt, sitôt, tantôt,
tôt.

La prononciation du O y est plus fermée


(comparez la pole position et le pôle nord) sauf
devant un S : chose, dose, pose…

Vous orthographierez -Ô- quand vous trouverez,


dans un mot de la même famille, un S qui suit le
O : côte car on accoste, impôt car on impose, hôpital
car on hospitalise, entrepôt car on entrepose.

Pour choisir entre notre et nôtre, votre et vôtre :


celui qui n’a pas d’accent circonflexe est un
déterminant qui accompagne le nom. L’autre
remplace le nom, c’est un pronom.

Il précède un nom ? Écrivez -o- : notre m’est

très chère, car notre accompagne le nom amitié.

Ce n’est pas le cas ? Écrivez -ô- : J’ai oublié mon


chargeur, prêtez-moi le vôtre car on ne peut dire le
votre chargeur.

» Vous écrirez -AU- pour quelques mots et leur


famille : cauchemar, cause, caution, chaud,
chauffage, chaumière, chaussure, clause, paupière,
pause, pauvre.

Ne confondez pas pause et pose, chaumer et


chômer et aidez-vous du sens :

Le maçon fait une pause à midi dans la pose de


son carrelage.

Chaumer consiste à ramasser de la paille, mais


chômer risque de vous faire vous retrouver sur la
paille.

» Vous n’écrirez -EAU- que pour les mots construits


à partir d’autres dont la fin s’orthographie déjà -
EAU : beau > beauté, poireau > poireauter.

Vous allez les adorer  ! Certains mots ont deux


orthographes depuis la réforme de  1990  et c’est
alors à vous de choisir ! C’est le cas de :

arôme/arome

daurade/dorade

gnaule/gnôle/gniôle

poireauter/poiroter

restauroute/restoroute

taulier/tôlier (tenancier)
colineau/colinot

eskimo/esquimau

maure/more

rafiot/rafiau

taule/tôle (prison)

Pour le son « I », il faut mettre


les points… sur quel I ?
I et Y permettent d’écrire le son « I » de cri et de
tyran. Si la lettre I reste la plus fréquente pour
l’orthographier, voici quelques clés pour vous aider
à savoir quand vous écrirez Y.
» Une évidence s’impose : employez le Y (le I grec)
dans les mots d’origine grecque !

C’est le cas de analyse, cycle, cylindre, étymologie,


mythe, paroxysme, rythme, style, tympan.

Il apparaît dans les mots formés à partir


d’éléments grecs :

Élément grec Sens Exemple

dys- mauvais dysfonctionnement

gyn- femme gynécologue


gyro- qui tourne gyrophare

hydro- eau hydroélectrique

hyper-/hypo- sur/sous hypertension

mytho- fable/fiction mythomane

- onyme nom pseudonyme

- phyll- feuille chlorophylle

phyto- plante phytosanitaire

poly- plusieurs polyvalent

psych- esprit psychiatre

pyro- feu pyromane

syn- avec synchroniser

xylo- bois xylophone

» Le Y est aussi moderne ! Employez-le pour de


nombreux mots anglo-saxons : baby, body, curry,
fair-play, jockey, lady, lobby, penalty, poney, rugby,
tramway, sexy…

» N’oubliez pas le pronom Y : Vas-y, j’y vais !

Le Y vous renseigne sur le sens ! Vous ne ferez pas


tout un mythe des mites de votre placard ; vous
ferez une satire (critique) sans vous comporter en
satyre (divinité ou homme obscène) ; vous vous
dissocierez (dis- séparer) des dysfonctionnements
(dys- mauvais) ; et sur un hippodrome
(hippo- cheval), vous ne miserez pas sur un cheval
en état d’hypoglycémie (hypo- sous) !

Comment écrire le son


« ILLE » ?
Pour écrire le son mouillé [j] de canaille, ou
d’envoyer, on a le choix entre Y, ILL et parfois I  !
Mais vous orthographierez rarement ce son avec I
(paien) ; voici comment choisir entre Y et ILL.

Quand employer le Y ?


» Au début de certains mots : yacht, yack, yaourt,
yéti, des yeux, yiddish, yoga, youpi, yucca, yo-yo.

» Entre deux voyelles : le -Y- vaut souvent deux I,


l’un qui va avec la voyelle qui précède, l’autre avec
celle qui suit : moyen (on entend « moi-ien »),
rayure (on entend « rai-iure »). Vous
orthographierez donc souvent Y après une autre
voyelle, A, O, U :
A O U

crayon, frayeur, boyau, citoyen, bruyère, écuyer,


layette, payer, foyer, loyer, gruyère, tuyau…
rayon, rayure… mitoyen, moyen,
noyau, noyade,
noyer, plaidoyer,
voyage… sauf pour
fouailler, gouaille,
ouaille.

Si votre mot est formé à partir d’un autre mot


terminé en -AI, -AIE, - OI, -OIE, -UI, écrivez : raie >
rayon, voie > voyage, ennui > ennuyeuse…

Y se prononce « I » après une voyelle seulement


pour les mots abbaye, pays et puy (= volcan).

» Dans la conjugaison d’un verbe : pour certains


verbes, vous devrez alterner entre I et Y. C’est le
cas de tous les verbes terminés par -YER (essuyer,
nettoyer, balayer…) et des verbes être, avoir, asseoir,
croire, voir, fuir, braire, traire : On s’assied mais vous
vous asseyez.

Voici une règle simple pour vous y retrouver : si,


quand vous conjuguez le verbe, le son est suivi par
une voyelle que l’on entend, écrivez Y, sinon
écrivez I : nous croyons (on entend le O), vous
essayez (on entend le É) mais tu essuies (le -e- ne
s’entend pas), il croit (car c’est une consonne qui
suit le son).

Cependant, pour les verbes terminés par -AYER,


vous avez le choix ! Devant le -E- muet vous
pouvez mettre soit Y soit I : je paye, je paie.

Pour éviter de confondre les verbes en -AYER et


ceux en -EILLER, - AILLER, conjuguez-les au présent
de l’indicatif ou trouvez un mot de la même
famille :

• Vous entendez le son « EILLE » dans je


m’émerveille, et dans l’émerveillement donc
écrivez émerveiller.

• Vous entendez le son « AILLE » dans je


baille, et dans le bâillement donc écrivez
bailler.

• Vous ne l’entendez pas dans je balaie, ni


dans le balai, donc écrivez balayer.

Quand écrire -ILL- ?
-  ILL-  transcrit le son que vous entendez dans
mouiller, billet.
» Après une consonne vous emploierez -ILL- (une
fille, des rillettes) sauf derrière une consonne
suivie de L ou de R où vous écrirez I : client,
oublier, triage…

Remarque : vous écrirez Y dans amblyopie,


amphitryon, cryogénique, embryon, et ILL dans
briller, égrillard.

» Après une voyelle : à la différence du Y, il ne se


lie pas avec le son de la voyelle qui précède :
paillasson (on entend pa-illasson), tirailler (on
entend tira-iller). Vous écrirez donc -ILL- dans :
bâillon, bataillon, bouillon, brailler, caillot, caillou,
crémaillère, défaillance, détailler, écailler, haillon,
maillon, maillot, médaillon, paillasse, paillard,
paillette, poulailler, railler, saillant, vaillant…

Après OU- et A-, écrivez -ILL- (fouiller, faillir) sauf


pour fenouil, cobaye, kayak, maya, mayonnaise,
papaye.

Vous hésitez entre  -IL et  -ILLE  ? Choisissez  -IL


pour le masculin (un conseil, un travail)  ; écrivez  -
ILLE pour le verbe (il conseille, il travaille) et le
féminin (une abeille, une grille) sauf pour feuille, ses
dérivés (un millefeuille), et joyeux drille, gorille,
pupille, quadrille.
-  ILL-  n’est presque jamais suivi d’un I sauf dans
groseillier, joaillier, millier, million, milliard,
quincaillier. Depuis la réforme de  1990, vous n’êtes
plus obligé d’écrire ce -I : joailler.

EUH… Comment écrire le son


« E » ?
Les sons contenus dans les mots jeu, fleur et demain
sont assez proches et se distinguent rarement à
l’oral. Vous pouvez donc hésiter pour les écrire
entre E, EU, UE, Œ ou même ŒU  ! Voici comment
vous y retrouver.

Quand écrire Œ ou ŒU ?


» Vous écrirez Œ seulement pour œil et sa famille :
œillet, œillade…

» Qui vole un œuf vole un bœuf ! Vous écrirez ŒU


pour les mots bœuf, chœur, cœur, œuvre, mœurs,
nœud, œuf, rancœur, sœur et vœu.

Quand écrire EU ou E ?


En l’absence de règle générale, consultez le
dictionnaire  ! Voici cependant quelques éléments
pour vous aider :
» Au début et à l’intérieur d’un mot, écrivez E : celui,
fenêtre, décevoir…

D’ailleurs ce E n’est parfois même pas prononcé à


l’oral : une enveloppe > on entend à l’oral une
« env’loppe ». Mais vous rencontrerez des
exceptions : heureux, peureux.

Ayez le réflexe famille ! Si vous entendez le son


« È » dans un mot de la même famille, écrivez bien
E : une échelle > un échelon, j’achète > acheter.

» Attention à quelques exceptions :

• Le EÛ de jeûne (mais on écrit déjeuner).

• Le AI du verbe faire : vous écrirez je faisais,


mais au futur et au conditionnel présent,
même si la prononciation est la même, je
ferai. Un autre mot s’écrit avec AI : le faisan.

• Vous orthographierez UE derrière C pour


obtenir le son « K » et derrière G pour
obtenir le son « GUE » dans les mots
suivants : cueillir et sa famille, cercueil,
écueil, orgueil et sa famille.
» En fin de mot, écrivez EU : feu, lieu, pneu, joyeux…

Pour éviter les confusions, pensez au son : JE joue


à un JEU (dont le son est plus fermé) ; Pour se
coiffer, elle ne se fait QUE des QUEUES de cheval.

N’oubliez pas les mots anglais


et leur accent particulier !
Vous écrirez  -U,  -I et  -ER en fin de mot pour
certains mots anglais :
» -U : bluff, club, nurse, pub, puzzle, surf, trust…

» -I : tee-shirt, flirt…

» -ER : bookmaker, dealer, flipper, leader, shaker,


speaker…

Comment choisir entre AI et EI ?


Le son «  È  » peut s’orthographier de plusieurs
manières. Vous pouvez hésiter entre AI et EI. Au
restaurant, vous ne voudriez pourtant pas trouver
dans votre assiette des rainettes (des grenouilles) si
vous avez commandé des reinettes (des pommes)  !
Voici comment vous y prendre.
» Écrivez AI pour la plupart des mots, notamment
les mots féminins : baie, laie, monnaie, raie, paix…
sauf forêt.

Vous orthographierez AI si vous trouvez le son


« A » dans les mots de la même famille : pacifique
> paix (aimable/amour, haine/haïr, lait/ lacté…) ou
si votre mot appartient à la famille d’un verbe
terminé par - AYER : essai > essayer.

» Quand écrire EI ? Vous devrez recourir au


dictionnaire, ou au correcteur orthographique !
C’est le cas pour baleine, beige, beignet, cheik,
déveine, enseigner, freine, haleine, madeleine,
monseigneur, neige, peigne, peine, pleine, reine,
seiche, seigle, seize, sereine, teigne, treize, veine,
verveine.
Chapitre 6
Bien marier les voyelles et les
consonnes
DANS CE CHAPITRE :

» Bien orthographier le son « ON »

» Savoir écrire le son « EN »

» Choisir la bonne orthographe pour le son « IN »

P our former les sons « ON », « EN » et « IN »,


plusieurs possibilités s’offrent à vous. Trouver la
bonne orthographe permet d’éviter les confusions :
vous vous réjouirez d’avoir des amandes (fruits)
mais pas des amendes (contraventions), et vous
préfèrerez manger de la menthe (plante) que des
mantes (insectes)  ! Ce chapitre vous aide à vous y
retrouver.

Choisir entre ON et OM
Vous pouvez hésiter pour orthographier le son
«  ON  ». Là encore, l’orthographe joue un rôle
important au niveau du sens  : un comte peut faire
ses comptes ou raconter un conte  ! Une règle
simple vous aide :
» Écrivez toujours OM devant B ou P (combat,
plombier, pompon) sauf pour bonbon, bonbonne,
bonbonnière, embonpoint.

» Dans les autres cas, orthographiez ON (bon,


flocon, contrefaçon, donjon, maison, mignon,
montagne) sauf pour les mots de la famille de
comte et nom.

Ayez le sens de la famille : vous entendrez la bonne


consonne  ! national donc écrivez nation, nommer
donc écrivez nom.

Vous pourrez également orthographier ce son


«  UN  » ou «  UM  » pour quelques mots  :
acuponcture ou acupuncture, lombago ou lumbago,
punch (boisson).

Comment écrire le son « EN » ?


Vous hésitez entre  -N et  -M  ? Procédez comme
pour ON et OM : choisissez M devant B, M et P.
Cependant, quand vous écrivez le son « EN », vous
pouvez aussi hésiter entre le A et le E.

Pour ne pas vous tromper, vous devez regarder la


nature de votre mot.

C’est un nom ?
» Vous écrirez le plus souvent E : la science, la
violence, en particulier pour les nombreux noms
terminés par -MENT : un alignement, un document,
un fonctionnement…

Vous écrirez notamment -EN après C- prononcé


« CEN » : un accent, un cendrier et G- prononcé
« GEN » : un agent, une gencive, une urgence… Vous
hésitez encore ? Si vous mettiez un A, la
prononciation changerait : on ne dit pas un agant,
un kandrier !

Là encore, pensez famille ! Si vous rencontrez le


son « IN » dans un mot de la même famille,
écrivez -EN : infantile donc un enfant, infernal donc
un enfer, impérial donc un empire…

» Quand écrire A ?

• Écrivez -A dans les mots terminés par -


ANGE : un ange, la fange, une phalange, une
grange… et par -ANGER : un danger, un
étranger.

• Si dans un mot de la même famille, ou au


féminin, vous entendez A, écrivez -A :
l’artisanat donc un artisan, une paysanne
donc un paysan.

• Écrivez -A après C- prononcé « KEN » : un


candélabre et G- prononcé « GUEN » : un
brigand, l’élégance.

Dans les autres cas, aidez-vous du dictionnaire  !


Voici les mots les plus courants pour lesquels vous
écrirez A : un aimant, un amant, un bilan, une branche,
un brelan, un caban, un cadran, un caftan, un caïman,
un calmant, un carcan, un catamaran, un catogan, un
chambellan, un chenapan, un clan, un cormoran, un
diamant, un écran, un élan, un enfant, un éperlan, un
flamant rose, un flan, un forban, une jambe, un merlan,
un milan, l’origan, un ortolan, un ouragan, un pélican,
un slogan, un toucan, un vétéran.

Pour quelques mots, vous écrirez différemment le


son « EN » : un faon, un paon, un taon, et les noms
propres Adam, Caen et Jean.

Ne confondez pas le taon (l’insecte) qui vous pique


avec le temps (la durée) qui passe, même s’il ne
vous en reste pas tant (la quantité) que cela !

C’est un verbe ?
» C’est très simple ! Écrivez -EN pour tous les verbes
en -ENDRE : apprendre, attendre, entendre,
vendre… Il n’y a qu’une exception : (r) épandre.

Ayez le réflexe famille ! Écrivez -EN pour les mots


formés avec le préfixe EN- : encercler, entourer,
envisager… Ce préfixe, souvenez-vous, devient
EM- devant M, B, P : embellir, emmener. Écrivez
aussi EN- pour les mots qui commencent par
ENTRE- : entrelacer, entreprendre…

» Écrivez -AN quand le verbe se termine par -


ANGER : manger, vendanger. Il n’y a qu’une
exception : se venger.

C’est un adjectif ?
Il n’y a pas de règle et vous devrez consulter un
dictionnaire. Voici toutefois quelques éléments pour
vous aider :
» Écrivez -AN pour les adjectifs terminés par -
ISANT : sympathisant(e), traumatisant(e)…
» Écrivez -EN pour les adjectifs terminés par -
ESCENT : adolescent(e), convalescent(e)…

Cherchez le nom correspondant !

• Ce nom se termine par -ENCE ? Écrivez -EN


pour l’adjectif : l’innocence > une victime
innocente.

• Ce nom se termine par -ANCE ? Écrivez -AN


pour l’adjectif : la méfiance > un homme
méfiant.

Vous rencontrerez trois exceptions : une exigence


(nom) mais un public exigeant (adjectif) ; l’existence
(nom), mais les coloris existants (adjectif) ; une
résidence (nom) mais un membre résidant (adjectif).

» Votre adjectif vient d’un verbe ? Écrivez -ANT :


monter > la marée montante, fuir > un regard
fuyant…

Adhérent ou adhérant ? Différent ou différant ? Si


vous hésitez entre EN et AN pour les mots qui
viennent des verbes adhérer, coïncider, converger,
différer, diverger équivaloir, exceller, expédier, influer,
négliger, précéder, présider, révérer, somnoler,
violer… vous devez vous demander si ce mot est
un adjectif verbal terminé par -ENT ou un participe
présent terminé par -ANT. Voici comment
procéder :

• Vous pouvez le mettre au féminin ? C’est un


adjectif donc écrivez EN : une opinion
différente donc un avis différent.

• Vous ne pouvez pas le mettre au féminin ?


C’est un participe présent donc écrivez AN :
Nos avis différant, il vaut mieux arrêter la
discussion. (Vous ne pouvez pas dire : Nos
opinions différantes, il vaut mieux arrêter la
discussion).

Votre mot est d’une autre


nature ?
Cherchez son orthographe dans le dictionnaire
mais, rassurez-vous, peu de mots sont concernés et
vous les connaissez probablement déjà ! C’est le cas
de antan (autrefois), autant, (aupar) avant, (ce)
pendant, ensemble, pourtant… Ce sont souvent des
adverbes.

Ne confondez pas sans, s’en et c’en !


» Si vous pouvez retrouver un verbe à la forme
pronominale (se moquer, se préoccuper), écrivez
S’EN : Ce chien, quand vont-ils s’en débarrasser ? car
c’est le verbe se débarrasser.

» Si vous exprimez le manque, l’absence, la


privation, vous employez la préposition SANS :
Sans toi, je ne sais pas ce que je ferais. (= en ton
absence) Ce gâteau sans farine est très léger. (= qui
n’a pas de farine) Vous pouvez d’ailleurs supprimer
sans et mettre la phrase à la forme négative : Ce
gâteau qui n’a pas de farine est très léger.

» Si vous pouvez remplacer C’ par « cela, cette


chose », vous employez le pronom démonstratif
C’, écrivez C’EN : C’en est trop, tu es puni ! (= cela en
est trop)

Pour écrire le son « KAN » en un seul mot :

» Vous pouvez remplacer par « à quel moment » ou


« lorsque » ? Écrivez QUAND : Quand viendras-tu ?
(= à quel moment)

» Vous pouvez remplacer par « en ce qui


concerne » ? Écrivez QUANT : Quant à moi,
j’arriverai jeudi. (= en ce qui me concerne) Si vous
avez encore un doute, sachez que QUANT est
toujours suivi de À ou de AUX : Quant aux filles,
elles seront là vendredi.

» Vous pouvez remplacer par « seulement » ?


Écrivez QU’EN : Vous ne règlerez qu’en partant. (=
seulement en partant)

» Vous pouvez encadrer par QUE… DE CELA ?


Écrivez QU’EN : Qu’en dis-tu ? (= Que dis-tu de
cela ?)

» Vous pouvez remplacer par « espace » ou


« équipe » ? Écrivez CAMP : Dans quel camp (=
équipe) joues-tu ? C’est au-delà du camp (= espace)
militaire.

Bien écrire le son « IN »


Plus de dix possibilités s’offrent à vous  ! IN, IM,
AIN, EN pour les plus fréquentes, mais aussi AIM,
EIM, EIN, YN et YM  ! Pas de panique  ! Voici
quelques règles simples pour ne pas voir arriver la
fin du repas alors que vous avez encore faim !
» Écrivez IN : brin, chemin, fin, médecin, vaccin…

• En début de mot : un interne inquiet, un


individu insolent. Seule exception notable :
l’adverbe ainsi.
• En fin de mot si vous entendez « INE » ou
« IGNE » dans un mot de la même famille :
citadine donc citadin, maligne donc malin.

Mais vous écrirez un copain (une copine), un


examen (examiner), un poulain (une poulinière) et
un seing (signature).

Rappelez-vous que devant B, M ou P, vous écrirez -


IM au lieu de -IN : un timbre, immangeable,
important.

» Écrivez AIN

• Si vous rencontrez AN prononcé « A-N »


dans un mot de la même famille : un
manuel donc main, une panetière donc un
pain, une vanité donc en vain.

• Si vous rencontrez AGN prononcé « ÈGNE »


ou « AGNE » dans un mot de la même
famille : une baignoire donc un bain, un
gagnant donc un gain.

Deux expressions comportent le mot TRAIN mais


vous ne les confondrez pas : je suis en train de
manger (= à ce moment précis, je mange) mais je
manque d’entrain (= je manque d’énergie,
d’enthousiasme).
» Écrivez EN en fin de mot, après É, I ou Y : un
lycéen, un magicien, un doyen.

» Écrivez -EIN

• Si vous entendez « É-N » dans un mot de la


même famille : la plénitude donc plein, rénal
donc rein, la sérénité donc serein.

• Pour un verbe se terminant par -EINDRE, et


pour les mots de sa famille : peindre > une
peinture ; teindre > une teinture.

Mais vous orthographierez AIN : craindre,


contraindre, plaindre et leur famille.

Et vous orthographierez IN les mots de la


famille de ceindre (cintrer, un cintre),
d’éteindre (extincteur, extinction) et de
teindre.

» Écrivez AIM pour quelques mots dont un daim, un


essaim, la faim.

» Écrivez EIM pour la ville de Reims.

» Écrivez YN pour quelques mots d’origine grecque


comme le larynx, un lynx, un ornithorynque, le
pharynx et pour le verbe anglais lyncher.
» Écrivez YM pour la lymphe, une nymphe, l’Olympe
et le thym.

On distingue mal à l’oral le son «  IN  » du son


« UN » ; vous ne voudriez pourtant pas confondre
un beau brin de fille avec un beau brun ! Vous avez un
doute  ? Ayez encore le réflexe famille  : si vous
entendez «  U-N  » dans un mot de la même
famille, écrivez «  UN  »  : aucune donc aucun, une
peau brune donc un homme brun. Faites de même
pour UM : parfumer donc un parfum.
Chapitre 7
Du côté du féminin…
DANS CE CHAPITRE :

» Connaître les principales terminaisons des noms féminins

» Orthographier les noms féminins terminés par le son « -TIÉ »/ « -


TÉ »

» Savoir former le féminin des noms et adjectifs réguliers

» Écrire sans erreur au féminin les noms et adjectifs qui changent de


consonne ou de syllabe finale

M ême si le E est la marque principale du féminin


en français (un cap, mais une cape), de
nombreux mots féminins se terminent autrement
(une émotion, une leçon). Quand vous passez du
masculin au féminin, que ce soit pour un nom, ou
pour un adjectif à accorder, et que vous ajouterez
un  -E au masculin, vous devrez parfois prendre
garde aux modifications orthographiques
entraînées à la fin de ce mot. C’est ce que ce
chapitre vous aide à faire.
Commençons par le cas le plus
simple : le -E final

Majoritairement, les noms


féminins se terminent par un
E
Même si vous n’entendez pas ce E à l’oral, ne
l’oubliez pas quand vous écrivez  ! Une roue, une
poussée, une raie, une anémie, une battue.

Voici pour vous aider ceux que vous pourrez


rencontrer le plus fréquemment :

Terminaison Indice Exemples

- aie Noms de lieux une bananeraie, une


plantés d’arbres ou cerisaie, une roseraie
de fleurs

- ie Noms de qualités, la minutie, une


d’états, de lieux, de démocratie, la géologie
sciences

- erie Noms de lieux, de une infirmerie, une


commerces boulangerie

- ée Noms d’actions, de la traversée, une


contenus, de pelletée, une nuitée,
maladies une diarrhée

- oire Noms d’outils, une passoire, une


d’objets, notamment bouilloire, une
échappatoire

- ure Noms exprimant une une signature, une


action, un état, un mandature, une
ensemble brûlure, la voilure

- elle   une hirondelle, une


passerelle

- ue   une statue, une avenue

Des irréductibles ne se plient


pas à la règle… ils se passent
du -E final malgré leur
sonorité !
» Les mots qui se terminent en « -TÉ » ou en « -TIÉ »
et désignent des noms de qualité ou d’idée
abstraite : la beauté, la liberté, la pitié, l’amitié.

Pourquoi des mots comme la dictée, la pâtée, la


portée, la jetée, la montée et ceux qui désignent un
contenu comme la brouettée, la pelletée, gardent-
ils leur -ÉE final ? Parce que, bien que se terminant
par le son « TÉ », ils suivent la règle normale : ce
ne sont pas des noms abstraits !

» Les mots féminins qui se terminent en « -EUR »


s’écrivent également sans -E final : la hauteur, la
chaleur, la valeur. Vous ne rencontrerez que deux
exceptions : l’heure et la demeure.

» D’autres mots, peu nombreux

• 1 mot terminé par le son « É » : la clé que


vous pouvez aussi orthographier la clef.

• 1 mot terminé par le son « È » : la paix.

• 1 mot terminé par le son « OU » : la toux.

• 1 mot terminé par le son « OTE » : la dot.

• 6 mots terminés par le son « OI » : trois


s’écrivent -OI : une loi, une paroi, la foi, et
trois prennent un X : une croix, une noix, une
voix.

Voix ou voie ? Si vous chantez juste et clair,


vous avez une bonne voix, mais vous serez
sur une mauvaise voie (= chemin) si vous
vous lancez dans le chant sans différencier
le do du fa !
• 4 mots terminés par le son « U » : la glu, la
tribu, la bru, la vertu.

• 5 mots terminés par le son « I » : une brebis,


une souris, une perdrix, une fourmi, une nuit.

• Quelques mots d’origine étrangère


terminés par le son « A » : une diva, la taïga,
une véranda.

Si vous voulez passer du


masculin au féminin

Le cas le plus fréquent est le


plus simple
» Ajoutez un E final, c’est la règle générale !

• Pour la grande majorité des mots, noms


comme adjectifs, vous n’avez là encore qu’à
ajouter un E à la forme masculine : un
bourgeois → une bourgeoise, un vilain bavard
→ une vilaine bavarde.

Attention, le féminin ne s’entend pas


toujours à l’oreille, veillez à ne pas l’oublier à
l’écrit : un ami → une amie, un ours → une
ourse.

Sachez que vous êtes désormais autorisé à


féminiser les noms de titres ou de
professions autrefois réservés aux hommes
en y ajoutant un -E final : une députée, une
auteure, une metteure en scène, une
professeure. Mais vous pouvez aussi
simplement mettre un déterminant féminin
devant le titre ou la profession pour les
mettre au féminin : la ministre de l’Éducation,
la professeur de mathématiques.

• Autre cas simple, pour ceux qui sont fâchés


avec l’orthographe ! Les mots déjà terminés
en -E au masculin ne changent pas au
féminin : un malade stationnaire → une
malade stationnaire.

» Ajoutez un accent grave en plus du E final pour


les mots en -ER :

un boulanger → une boulangère ; un camembert


fermier → une pintade fermière.

Vous ajouterez aussi un accent grave pour former


le féminin de cette liste de mots se finissant en -
ET : (in) complet, secret, (in) discret, concret, désuet,
inquiet, replet, un préfet : un message secret → une
lettre secrète ; un jeune préfet → une jeune préfète.

Dans d’autres cas, il vous faut


faire attention à la
transformation du mot.
Qu’il s’agisse d’un nom ou d’un adjectif, vous
pouvez en effet avoir à :
» Doubler la consonne finale du masculin :

• C’est un N ? Écrivez deux N au féminin !

- ON : un pâté bourguignon → une tourte


bourguignonne, un lion → une lionne.

Mais ne doublez pas le N pour : lapon →


lapone, letton → lettone, mormon →
mormone, nippon → nippone.

- IEN : un vaisseau martien → une fusée


martienne, un physicien → une physicienne.

- EN : un lycéen → une lycéenne, un député


européen → une loi européenne.

- AN : un paysan → une paysanne.

Mais ne doublez pas le N pour : un faisan


→ une faisane, un sultan → une sultane, un
partisan → une partisane, un persan → une
persane, un courtisan → une courtisane.

Les mots qui se terminent en -IN au masculin ne


doublent pas le N au féminin : un cousin → une
cousine, un milieu marin → une algue marine.

• C’est un L ? Écrivez deux L au féminin !

- EL : un sujet essentiel → une idée essentielle,


un criminel → une criminelle.

Les autres mots finissant en -L suivent la


règle générale : un Espagnol → une
Espagnole, un gaz volatil → une substance
volatile, sauf gentil → gentille, nul → nulle,
pareil → pareille, vermeil → vermeille dont
vous devrez doubler le L au féminin.

• C’est un T ? Écrivez deux T au féminin !

- AT/OT au masculin : un chat → une chatte,


sot → sotte, pâlot→ pâlotte, vieillot →
vieillotte.

Pour les autres mots se terminant en -T au


masculin, vous suivrez la règle générale
en ajoutant simplement un E : un lauréat
→ une lauréate, un cheveu plat → une
coiffure plate, un discours idiot → une
réponse idiote.

• C’est un S ? Écrivez deux S au féminin !

Un métis → une métisse, un service exprès →


une visite expresse.

» Modifier la syllabe finale du masculin en


ajoutant une terminaison spécifique au féminin :

- ESSE : un comte → une comtesse, un traître → une


traîtresse.

- INE : un tsar → une tsarine.

- IGNE : un kyste bénin → une blessure bénigne.

Ne confondez pas les deux féminins de malin !


vous écrirez une fille maline (= rusée), mais une
tumeur maligne (= dangereuse pour la santé).

- RICE : un téléspectateur → une téléspectatrice ; un


schéma directeur → une idée directrice.

- EUSE : un tricheur → une tricheuse ; un chat


peureux → une chatte peureuse.

- ELLE : un jumeau → une jumelle ; un beau soir →


une belle soirée.

Mou et fou deviennent folle et molle au féminin.


Les mots en -UX font leur féminin en -USE : un
époux → une épouse, un hasard malheureux → une
circonstance malheureuse.

Trois cas particuliers seulement existent : roux →


rousse, doux → douce, faux → fausse, et une
particularité : vieux → vieille.

» Changer la consonne finale :

•  -F ou -P devient -V : un manteau neuf → une


robe neuve ; un loup → une louve.

•  -C devient -QUE : un meeting public → une


réunion publique, un contrat caduc → une loi
caduque.

Grec garde le -c devant le -que au féminin :


la culture grecque.

•  -C ou -S devient -CH : un rire franc → une


franche rigolade ; un repas frais → une
boisson fraîche.

» Ajouter une consonne :

Vous devrez ajouter une consonne aux masculins


suivants pour mettre au féminin : favori →
favorite ; rigolo → rigolote ; andalou → andalouse ;
coi → coite.
Ne vous laissez pas piéger à l’écrit par la
prononciation de certains adjectifs masculins
semblables, à l’oreille, à des féminins.

C’est le cas de fol, bel, nouvel et vieil qui remplacent


respectivement fou, beau, nouveau et vieux quand
ils se trouvent devant un nom masculin
commençant par une voyelle ou un H muet : un
vieil escroc mais une vieille commère ; un bel hidalgo
mais une belle étrangère ; un fol espoir mais une
folle espérance.

N’oubliez pas les déterminants féminins !

» Quand vous passez du masculin au féminin, vous


utilisez un déterminant féminin : un commerçant →
une commerçante, le vendeur → la vendeuse. Mais il
serait compliqué de prononcer deux voyelles à la
suite : la amie. Il faut donc écrire l’amie.

» Quand le nom féminin commence par une


voyelle, vous emploierez toujours le déterminant
possessif mon, son, ton (la même forme qu’au
masculin) : mon aventure et non ma aventure.

» Si vous employez les déterminants leur et


plusieurs avec un nom féminin, n’oubliez pas qu’ils
ne prennent pas de E : leur affaire, leurs histoires,
plusieurs choses.
Chapitre 8
Comment former le pluriel
des noms et adjectifs ?
DANS CE CHAPITRE :

» Choisir entre -S et -X pour former le pluriel d’un nom ou d’un


adjectif

» Savoir quels noms ou adjectifs sont invariables

» Accorder un mot composé

L orsque vous employez un nom ou un adjectif au


pluriel, vous pouvez vous demander s’il faut
ajouter un  -S ou un  -X, ou si certains mots sont
invariables. De plus, certains pluriels ne
s’entendent pas à l’oral : il faut donc faire attention
à l’écrit ! Voici quelques règles simples pour ne plus
hésiter.

Une règle simple


Ajoutez un S au singulier d’un nom ou d’un adjectif
pour former son pluriel :
» [masculin singulier] le grand matou → les grands
matous [masculin pluriel]

» [féminin singulier] la vieille fille → les vieilles filles


[féminin pluriel]

Quand un mot se termine déjà par un  -S au


singulier, inutile d’en rajouter un  ! un avis précis >
des avis précis.

Vous voulez savoir si ce mot est employé au


singulier ou au pluriel  ? Aidez-vous de son
déterminant  : un radis = singulier  ; des radis =
pluriel.

Le saviez-vous  ? Il existe un mot qui s’écrit de la


même manière au singulier et au pluriel mais dont
la prononciation change lorsque vous le mettez au
pluriel. C’est le mot… os !

Conservez également le  -Z final d’un mot au


singulier pour former son pluriel : des nez.

Aidez-vous du sens pour


accorder ou pas un nom
complété par un autre nom
Lorsqu’un nom est suivi d’un autre nom, et qu’ils
sont reliés par une préposition (à, de, sans…),
interrogez-vous sur le sens de l’expression pour
savoir si vous devez accorder le second nom :

des histoires sans fin = sans AUCUNE fin, donc laissez


le second nom au singulier  ; un groupe d’amis = de
plusieurs amis, donc mettez un - S au second nom ;
les cités d’or = en or donc laissez le second nom au
singulier.

Les noms propres sont


invariables
Des Cadillac, la Thénardier
» Vous pouvez toutefois utiliser le pluriel pour
désigner un type (Les Zlatans = les très bons
joueurs ne courent pas les rues… ni les stades !).
Vous pouvez aussi l’employer pour une famille
connue, une dynastie (les Windsors).

» Vous conserverez évidemment tels quels les mots


qui n’existent qu’au pluriel, comme ceux de
certains lieux (les Alpes, les Seychelles).
Les abréviations sont
invariables
J’ai tant couru que j’ai dû perdre 2 kg !
» Si la dernière lettre du mot fait partie de
l’abréviation, vous pouvez cependant ajouter un S :
Mmes (mesdames), Melles (mesdemoiselles), Nos
(numéros).

» Si le mot est abrégé sous la forme de son initiale,


vous pouvez la laisser ainsi ou la redoubler :
messieurs → MM. Pages → pp.

Pour choisir entre -S ou -X, la


taille du mot ne compte pas !
Vous devez conserver le X des mots qui en ont déjà
un au singulier, qu’il s’agisse de noms (croix, paix,
perdrix…) ou d’adjectifs (courageux, doux, ennuyeux,
fameux, faux, orageux…).

Dans les autres cas, pour savoir si vous devez


utiliser un X pour former le pluriel, regardez la fin
des mots au singulier. Voici quand vous utiliserez le
X :
» Quand vous employez un mot qui se termine
par -AU, -EAU, -EU, ou -ŒU : des noyaux, des
beaux jeux, mes meilleurs vœux.

Seules exceptions : landau, sarrau, bleu, émeu, lieu,


pneu qui ont un pluriel en -S : des landaus bleus.

Des lieux = des endroits, mais des lieus = des


poissons.

Des feux = des combustions, mais feus = des gens


défunts.

Trois noms ont deux pluriels :

• ciel > cieux mais employez ciels quand


vous parlez de peinture, de météo, ou de
ciels de lit.

• œil > yeux mais employez œils quand vous


parlez d’œils-de-bœuf, d’œils-de-perdrix.

• aïeul > aïeuls pour parler des grands-


parents mais employez aïeux pour parler
d’ancêtres en général.

» Quand vous employez un mot qui se termine


par -AL

Le -AL devient -AUX au pluriel : Ces chevaux sont


tout à fait normaux. En vacances, il lit les journaux
locaux.

Vous conserverez cependant le -S pour les


exceptions suivantes : les noms bal, cal, carnaval,
chacal, festival, final, pal, récital, régal et les adjectifs
banal, bancal, fatal, natal, naval, tonal : Les bals
qu’elle donne ne sont pas banals.

On rencontre enfin deux pluriels possibles -ALS


ou -AUX pour certains mots : idéal, austral, boréal,
causal, cérémonial, étal, final, glacial, idéal, marial,
pascal, tribal : les cérémoniaux / les cérémonials d’un
pays ; les idéals / les idéaux d’un parti.

» Quand vous employez quelques noms qui se


terminent par -AIL : bail, corail, émail, soupirail,
travail, ventail, vitrail : Les travaux sur ces vitraux
sont terminés.

Des coraux = des animaux marins, mais des corails


= la partie orange des coquilles Saint-Jacques.

Des baux = engagements pour une location, mais


dans les mots composés on emploie bails : des
crédits-bails.

» Quand vous employez sept mots qui se


terminent par -OU : bijou, caillou, chou, genou,
hibou, joujou, pou : J’ai offert à mes petits choux de
beaux joujoux.

Qu’en est-il du pluriel des mots


empruntés au latin ou à
d’autres langues ?
» Utilisez le S pour les mots d’origine étrangère qui
sont devenus courants en français : des alibis,
bungalows, flippers, sandwichs, penaltys, scénarios…
Devant les trois penaltys du match, nous avons failli
avaler nos sandwichs de travers !

» Utilisez le pluriel d’origine pour quelques mots,


qui viennent de langues où le -S n’est pas la
marque du pluriel : un desideratum/ des desiderata,
une soprano/des soprani, un maximum/des maxima,
un land/des länder, un lied/des lieder, un
leitmotiv/des leitmotive, un stimulus/des stimuli.

Pour les mots les plus courants, vous avez le choix


entre le pluriel de la langue d’origine et le pluriel
français  : des cameramen/des cameramans, des
ladies/des ladys, des boxes/des box.

La réforme de l’orthographe vous autorise à ajouter


un S pour le pluriel de tous ces mots d’origine
étrangère (sauf lorsque plusieurs mots se suivent
ou que vous faites une citation)  : Il y a plusieurs
scénarios possibles : je viens chez toi, tu viens chez moi,
on se retrouve à mi-chemin.
» Quelques mots restent invariables :

• Certains mots latins : exeat, extra, interim,


mea culpa, satisfecit, et ceux qui désignent
les prières catholiques (des Te Deum).

• Des mots qui sont depuis peu dans la


langue française : les écoles zen.

• Des adjectifs qui appartiennent à la langue


familière : baba, cucu(l), olé olé, pop, sympa,
riquiqui…

Comment composer avec les


mots composés ?
Si le mot composé ne comporte pas de trait
d’union, formez simplement son pluriel comme
pour n’importe quel nom, en plaçant la marque du
pluriel à la fin : des portefeuilles.

S’il n’est pas en un seul mot, pour savoir quel(s)


élément(s) du mot mettre au pluriel, vous devez
regarder la nature de chacun des éléments qui le
composent. Voici comment vous y prendre  : si le
mot est composé d’un verbe et d’un nom, regardez
la partie «  verbe  » pour le premier, puis la partie
« nom » pour le second.
» Le nom prend la marque du pluriel (des wagons-
lits, des choux-fleurs) sauf dans les cas suivants :

• Le nom n’a aucune raison d’être au pluriel ;


fiez-vous au sens du mot composé quelle
que soit la nature du mot qui le précède :
des pare-soleil (qui protègent contre LE
soleil), des sans-abri (qui n’ont pas UN abri),
des pur-sang (qui ont LE sang pur)…

• Le nom est relié au nom qui le précède par


une préposition : des arcs-en-ciel, des
pommes de terre… ou bien cette préposition
est sous-entendue : des timbres-poste (=
pour LA poste), 70 kilomètres-heure (= en
UNE heure).

Pour ces deux cas de figure, si vous hésitez,


essayez d’ajouter un déterminant singulier (LE, LA,
UN, UNE) ; si c’est possible, laissez le second nom
au singulier :

Un pare-brise = « qui protège contre LA brise »


donc écrivez des pare-brise.
Un arc-en-ciel = « un arc dans LE ciel » donc écrivez
des arcs-en-ciel.

• Le nom est le premier élément de mots


composés anglais : des cow-boys, des week-
ends…

Vous avez encore un doute ? Ayez le réflexe


« dictionnaire » qui vous renseignera !

» L’adjectif ? Il prend la marque du pluriel !

des cerfs-volants, des comptes-rendus (nom +


adjectif), des petits-suisses, des grands-pères
(adjectif + nom), des compétences sous-employées
(préposition + adjectif), des sourds-muets (adjectif +
adjectif)…

» L’adverbe, la préposition et le verbe sont toujours


invariables : des laissez-passer, des on-dit, des passe-
partout…

des arrière-pensées

[adverbe + nom]

des savoir-faire

[verbe + verbe]

des serre-tête

[verbe + nom]
des entre-temps

[préposition + nom]

Pour vous aider, sachez que lorsque le premier


mot se termine par -O, -A, -É, -I (il peut être abrégé,
d’origine grecque, latine), il est invariable : les oligo-
éléments, les ciné-clubs, des infra-rouges…

Les mots composés de aide-, porte-  et garde-  ont


deux fonctionnements, selon que aide, porte et garde
sont considérés comme des verbes ou des noms.
Voici comment procéder :

Si aide- et garde- désignent des personnes, ce sont


des noms, accordez-les  : des aides-cuisiniers, des
gardes-malades. Sinon, ce sont des verbes qui sont
donc invariables : des aide-mémoire, des garde-robes.

Si porte-  désigne une porte, accordez-le  : des


portes-fenêtres. Sinon, c’est un verbe qui reste
invariable  : des porte-cigarettes, des porte-bébés, des
porte-parole…

D’autres exemples pour bien


suivre le raisonnement
» Un réveille-matin :
• « réveille » est un verbe, il est invariable ;

• « matin » est un nom ; on peut ajouter LE


(« pour se réveiller LE matin »), donc on
laisse matin au singulier.

→ Des réveille-matin.

» Une œuvre avant-gardiste :

• « avant » est une préposition, il est


invariable.

• « gardiste » est un adjectif, on le met au


pluriel.

→ Des œuvres avant-gardistes.

» Un coup d’œil :

• « coup » est un nom, placé en premier, il


prend la marque du pluriel.

• « œil » est un nom, on peut ajouter LE (« on


pose l’œil plusieurs fois ») donc on le laisse
au singulier.

→ Des coups d’œil.

Les règles sont simplifiées pour les noms composés


avec trait d’union : ne cherchez plus à identifier un
verbe, un nom, etc., mais mettez simplement le
second élément au pluriel seulement et toujours
lorsque le mot est au pluriel : un compte-goutte, des
compte-gouttes, un après-midi, des après-midis…
Quelques rares mots restent invariables, ils
comportent un nom propre (des prie-Dieu) ou un
article (des trompe-la-mort).
Chapitre 9
Des chiffres et des lettres…
Comment écrire un nombre ?
DANS CE CHAPITRE :

» Choisir entre les chiffres et les lettres

» Savoir quand mettre un trait d’union entre les différents mots

» Accorder ou non les mots qui composent un nombre

L orsque vous en avez la possibilité, rien de plus


simple, choisissez les chiffres arabes (1, 2, 3…) !
C’est le cas pour les dates, les heures (sauf midi et
minuit), les numéros de page, d’immeuble ou les
nombres importants  : La France
compte  36  680  communes en 2014. Le chiffre
correspond à la lettre, le nombre est l’équivalent du
mot. N’oubliez pas, pour être lisible, d’ajouter un
espace tous les trois chiffres en partant de la droite
(25 895 236).
Si vous écrivez les nombres en toutes lettres,
quelques règles simples vous permettent de
répondre aux deux questions que vous allez vous
poser. Faut-il mettre un trait d’union  ? Faut-il
accorder ?

Le trait d’union
» Pour la partie d’un nombre inférieure à 100 :

Employez et si vous voulez ajouter un aux noms


de dizaine de 20 à 70, ou pour unir 11 à 60 : À
soixante et onze ans, il est toujours sur son trente et
un.

Dans tous les autres cas, utilisez le trait d’union : Il


a vu trente-six chandelles !

» Pour la partie d’un nombre supérieure à 100,


juxtaposez les mots : Tu ne vas pas me le dire
quarante mille fois !

Vous devez conserver le et quand il est employé,


mais vous pouvez remplacer chaque espace par
un trait d’union, même au-delà de 100 : pour cent-
mille-milliards de dollars…

Dans certains pays francophones, on emploie


septante (70) et nonante (90) (Belgique et Suisse),
huitante ou octante (80) (Suisse) !

L’accord

Vous voulez compter ?


Dans ce cas, vous utilisez les déterminants
numéraux cardinaux (zéro, un, deux, trois…) qui
désignent en eux-mêmes une quantité : il n’est pas
nécessaire de les accorder  ! Ils sont donc
invariables… sauf :
» UN qui peut se mettre au féminin : J’ai mille et une
choses à te raconter.

» VINGT et CENT quand ils sont multipliés et qu’ils


terminent le nombre : À quatre-vingt-quatre ans, il
a vu quatre-vingts opéras. Cette maison a deux cents
ou deux cent cinquante ans.

» MILLIER, MILLION, MILLIARD : mille milliards de


mille sabords !

Remarque : on employait autrefois mil et non mille


dans les dates.

Il peut vous arriver d’employer les mots zéro, un,


vingt, cent sans qu’ils vous servent à compter. Les
règles sont alors différentes :
» N’accordez pas vingt et cent quand ils précisent
une situation donnée : page deux cent, les années
quatre-vingt.

» Accordez un et zéro quand ils sont employés


comme noms : les uns et les autres ; il a eu deux
zéros en une seule journée !

Vous voulez classer, donner


un rang ?
» Vous employez alors les numéraux ordinaux
(premier, deuxième, troisième…) qui attribuent un
numéro d’ordre : il a fini en troisième position. Rien
de plus facile : tous s’accordent !

• Les numéraux : Ils disputent demain les


seizièmes de finale.

• Les noms : deux douzaines d’œufs, des


centaines de personnes.

• Les adjectifs aussi : les premiers seront les


derniers, la première page.

Si vous voulez les abréger, un signe suffit : Elle vise


la 5e place.
» Les numéraux ordinaux qui désignent les parties
d’un tout (moitié, tiers, quart, dixième…) s’accordent
également : Verse les trois quarts de la bouteille. J’ai
lu sept dixièmes de ces dossiers.

Si vous devez écrire une fraction en lettres :

Quand le numérateur est supérieur ou égal à  2, le


dénominateur est au pluriel.

un deux centième     trois

deux centièmes

Demi ne permet pas d’exprimer un nombre à


proprement parler, mais vous pouvez vous poser la
question de son accord  : il est invariable dans un
mot composé (une demi-heure, une demi-douzaine)
et dans l’expression à demi  : elle est encore à demi
endormie.

Quant à et demi, il est toujours singulier, vous ne


l’accorderez qu’au féminin : à quatre heures et demie.
Les adjectifs utilisés pour marquer une
multiplication (quadruple, sextuple, centuple…) ne
servent pas à compter. Mais eux aussi portent en
eux-mêmes l’idée de quantité et restent au
singulier : Si tu me donnes ces billets, je te les rendrai
au centuple.

Quid des chiffres romains ?


Employez-les pour les divisions des livres, la
numérotation des siècles, des rois  : l’acte II de la
pièce, le XXIe siècle, Louis XIV…

Pour écrire en chiffres romains, vous disposez de


sept signes :

I V X L C D M

1 5 10 50 100 500 1000

Regardez le chiffre le plus grand  ; si l’autre signe


est à droite, procédez par addition. Si l’autre signe
est à sa gauche, procédez par soustraction :

LII = 50 + 2 = 52

IX = 10 - 1 = 9

Si vous hésitez entre deux formes, évitez d’écrire


plus de trois chiffres identiques côte à côte : 90 = XC
et non LXXXX !
Chapitre 10
Comment écrire un son à la
fin d’un verbe ?
DANS CE CHAPITRE :

» Bien écrire le son « I » à la fin d’un verbe

» Bien écrire le son « U » à la fin d’un verbe

» Bien écrire le son « È » ou « É » à la fin d’un verbe

V ous pouvez hésiter sur la façon d’écrire la fin


d’un verbe. En français, la difficulté réside dans
le fait que ce sont souvent les mêmes sonorités qui
sont employées pour des temps, des personnes, des
formes distincts. Un même son peut donc
correspondre à plusieurs orthographes différentes.
Si la terminaison des verbes est pour vous un
casse-tête, vous allez y voir plus clair à la lecture
de ce chapitre.
Si vous entendez le son « I » à la
fin d’un verbe
Pour savoir comment écrire le son «  I  », vous
devez vous demander si vous avez affaire à un
participe passé ou à un verbe conjugué.
» C’est le second élément d’un verbe à un temps
composé ou c’est un mot qui se comporte comme
un adjectif ?

Il s’agit d’un participe passé. Un souvenir a surgi de


l’enfance ; un souvenir surgi de l’enfance l’obsède.

» Vous pouvez le mettre à une autre personne ? Un


souvenir surgit alors > des souvenirs surgirent alors.

Il s’agit d’un verbe conjugué.

Si c’est un participe passé,


vous avez le choix entre -I, -IS
et -IT
» Écrivez -I pour la majorité des participes
provenant de verbes dont l’infinitif se termine en -
IR : gravir → gravi ; réagir → réagi ; punir → puni.
» Écrivez -IS, même au singulier, pour mettre,
prendre et seoir et leurs composés permettre,
apprendre, asseoir…, ainsi que pour ceux de
quérir : acquérir, conquérir, requérir, s’enquérir.
Surprendre → surpris ; asseoir → assis ; acquérir →
acquis.

Vous devrez également orthographier -IS la fin des


participes de deux autres verbes plus rares :
circoncire → circoncis ; occire (= tuer) → occis.

» Écrivez -IT si votre participe est celui d’un verbe


dont l’infinitif se prononce « IR » mais s’écrit -IRE :
produire → produit ; écrire → écrit.

Le féminin vous sauve !

Mettez votre participe passé au féminin pour


repérer la présence ou non d’une consonne finale :
omis car on dit omise ; contredit car on dit contredite ;
mais vous mettrez un simple -I à guéri car guérie :
guérite ou guérise sont impossibles.

Il y a d’inévitables exceptions, mais, rassurez-


vous, elles sont peu nombreuses  : écrivez  -I pour
les participes passés des verbes rire, sourire, suffire :
ri, souri, suffi ainsi que nuire, luire, reluire  : nui, lui,
relui.

Dans tous les cas, pensez à accorder votre participe


passé si nécessaire : des moyens bien répartis ; quelles
terribles épreuves elle a subies !

Si c’est un verbe conjugué


» Pour les verbes dont l’infinitif est -IER

• Votre sujet est à la 1re ou 3e personne du


singulier [du présent de l’indicatif ou du
subjonctif] ?

Écrivez -IE : je copie, on apprécie ; qu’il étudie


donc le dossier !

• Votre sujet est à la 2e personne du singulier


[du présent de l’indicatif ou du subjonctif] ?

Écrivez -IES : tu vérifies ; il faut que tu


rapatries tes affaires.

• Votre sujet est à la 3e personne du pluriel ?

Écrivez -IENT : ils oublient.

» Pour les autres verbes :

• Votre sujet est à la 1re ou 2e personne du


singulier [du présent ou du passé simple] ?
Écrivez -IS : je séduis, je séduisis, tu sentis, je
vis.

• Votre sujet est à la 3e personne du présent


ou du passé simple ? Écrivez -IT : il bâtit, il
conduit, il conduisit, il s’enfuit.

Surveillez les transfuges  ! Vous orthographierez


aussi les verbes du 3e groupe rire, sourire, fuir et (s’)
enfuir avec les terminaisons  -IE,  -IES, -  IENT si
vous les employez au subjonctif présent  : il est
possible qu’il s’enfuie ; il ne faut absolument pas que je
rie.

Un bon moyen pour vous aider à repérer ce cas de


figure est de remplacer le verbe par
aille/ailles/aillent. Si cela fonctionne, c’est bien qu’il
faut orthographier ainsi. Vous pouvez dire il est
possible qu’il s’en aille, donc écrivez s’enfuie.

Quand le verbe se termine par


le son « U »
Suivez le même raisonnement que quand le verbe
se termine par le son « I » pour savoir si vous avez
affaire à un participe passé ou à un verbe conjugué.
» Si c’est un participe passé
Écrivez -U : élu, venu, perdu, sans oublier
d’accorder si nécessaire : des candidates élues ; une
clef a été perdue, ils sont venus.

» Si c’est un verbe conjugué :

• L’infinitif de votre verbe se termine en -ER ?

- Votre sujet est à la 1re ou 3e personne du


singulier [au présent de l’indicatif ou du
subjonctif, ainsi qu’à l’impératif] ?

Écrivez -UE : je sue, il pue ; je crains qu’on ne


rue dans les brancards ; salue poliment la
dame !

- Votre sujet est à la 2e personne du


singulier [au présent de l’indicatif ou du
subjonctif] ? Écrivez -UES : tu dilues ; elle ne
veut pas que tu éternues.

- Votre sujet est à la 3e personne du pluriel


[au présent de l’indicatif ou du subjonctif] ?
Écrivez -UENT : elles remuent ; il faut qu’ils
évaluent la situation.

• L’infinitif de votre verbe ne se termine pas


par -ER ?

- Votre sujet est à la 1re ou 2e personne du


singulier [au présent de l’indicatif et à
l’impératif] ?

Écrivez -US pour les verbes conclure, exclure,


inclure : j’inclus, tu exclus, conclus ! et pour
les autres verbes [au passé simple de
l’indicatif] : je bus, tu reçus.

- Votre sujet est à la 3e personne du


singulier [au présent de l’indicatif] ?

Écrivez -UT pour les verbes conclure, exclure,


inclure : il inclut, il exclut.

Ce sont les mêmes terminaisons que vous


emploierez pour les verbes qui font leur
passé simple en -U : il fallut, il fut, on
aperçut.

- Le passé simple et le participe passé de


avoir se prononcent « U » mais s’écrivent
j’eus, tu eus, il eut, il a eu(e)(s).

Méfiez-vous des traîtres !

Écrivez toujours  -UENT pour la  3e personne du


pluriel des verbes exclure, conclure, inclure  : elles
concluent leur exposé  ; les autorités excluent toute
négociation avec les ravisseurs.
Mais vous orthographierez  -UE, UES leur
terminaison au présent du subjonctif  : le patron
souhaite que tu conclues cette affaire.

Pour vous aider à repérer ce cas de figure,


remplacez par prenne/ prennes. Si cela fonctionne,
c’est que vous devez orthographier ainsi.

Quand le verbe se termine par


le son « É » ou « È »
La tendance actuelle est à prononcer toutes les
finales «  È  », même si ces terminaisons
correspondent à l’écrit à des orthographes
différentes et que les accents régionaux font que
l’on prononce diversement ces sonorités  ! Raison
de plus pour ne pas se fier uniquement à la
prononciation !

Le verbe ne comporte qu’une


seule syllabe ?
Il vous suffit de recourir au sens et de vous
demander si vous avez affaire au verbe/auxiliaire
être ou avoir. Un bon moyen pour avoir la réponse :
mettez le verbe à l’infinitif !
-  Elle est persuadée qu’elle… irrésistible. C’est être
irrésistible, vous éliminez donc une forme
appartenant au verbe/auxiliaire avoir.

-  Il se peut que son avion… du retard. Il s’agit de


l’expression avoir du retard. Vous savez que vous
devez utiliser une forme de la conjugaison de avoir.

Un autre moyen infaillible pour savoir quelle


orthographe adopter  : remplacez par étais/était  ; si
la phrase fonctionne, vous êtes sûr qu’il s’agit
d’être ! La voisine était encore venue frapper à la porte
cette nuit.

Une fois le verbe trouvé, quelle forme choisir ?


» Pour ÊTRE, c’est simple ! Es ou Est sont les deux
seules possibilités qui existent.

• Le sujet est TU ?

Écrivez ES : Es-tu venu pendant mon


absence ?

• Le sujet est il, elle, on, un pronom de 3e


personne comme chacun, c’, cela,
personne, quelqu’un, qui, etc., ou un
mot/groupe de mots remplaçable par il ou
elle ?
Écrivez EST : La voisine du dessus est encore
venue frapper à la porte cette nuit

= elle est encore venue frapper

ou = on est encore venu frapper à la porte


cette nuit

ou = je pense avoir entendu quelqu’un qui est


venu frapper à la porte cette nuit.

» Pour AVOIR, plusieurs cas de figure s’offrent à


vous.

• Comment choisir entre j’ai et j’aie ?

1. Je crois que j’ai oublié mon portable au


restaurant.

2. Il se peut que j’aie oublié mon portable au


restaurant.

- Vous écrirez j’ai [présent de l’indicatif, 1re


personne du singulier] pour affirmer un fait,
c’est le cas de la phrase numéro 1.

Le test pour vérifier : si vous pouvez


remplacer par tu as, écrivez j’ai : → Je crois
que tu as oublié ton portable au restaurant.

- Vous écrirez j’aie [présent du subjonctif,


1re personne du singulier] pour un fait
simplement envisagé, ou redouté. C’est le
cas de la phrase numéro 2.

Le test pour vérifier : utilisez le pluriel ! Si


vous pouvez remplacer par nous ayons,
écrivez j’aie : → Il se peut que nous ayons
oublié notre portable au restaurant.

Si le test est négatif, écrivez j’ai.

Aie peut également être l’impératif d’avoir à


la 2e personne du singulier. Aie confiance en
ta bonne étoile ! Dans ce cas, pas de souci !
le test de remplacement par ayons
fonctionne de la même façon : Ayons
confiance en nos capacités !

• Comment choisir entre tu aies, il ait, ils


aient ?

Vous aurez à utiliser souvent ces formes du


verbe/auxiliaire avoir au subjonctif présent
après un verbe d’opinion, de volonté ou de
sentiment suivi de que comme douter que,
craindre que, vouloir que, souhaiter que, etc.,
ou après il faut que, sans que, bien que,
quoique, etc.

Le test pour vérifier : mettez au pluriel ! Si


vous pouvez remplacer par nous ayons,
écrivez, selon le sujet, aies, ait, aient.

J’exige que tu aies une tenue correcte à mon


anniversaire.→ J’exige que nous ayons une
tenue correcte.

Regrettes-tu qu’il ait fait faire ce travail par


Rodolphe ? → Regrettes-tu que nous ayons
fait faire ce travail par Rodolphe ?

Bien que mes frères aient de l’argent de


poche, ils se plaignent sans cesse de n’avoir
pas un sou. → Bien que nous ayons de
l’argent de poche, nous nous plaignons sans
cesse de n’avoir pas un sou.

Quand vous cherchez la


terminaison en « È » ou « É »
d’un verbe plus long
Différentes terminaisons de verbes peuvent
comporter le son « È » ou « É ». Si vos souvenirs
de conjugaison sont lointains, voici quelques
rappels.
» Le son « È » ne peut être orthographié que -AIS
[1re et 2e personnes du singulier] -AIT [3e
personne du singulier] -AIENT [3e personne du
pluriel] à l’imparfait de l’indicatif et au
conditionnel.

• Vous reconnaîtrez l’imparfait, temps du


passé, si vous pouvez faire précéder votre
verbe d’autrefois : [Autrefois] on étouffait
dans les ascenseurs.

• Vous serez sûr du conditionnel si votre


verbe exprime un fait possible, voire
incertain : Je vous serais reconnaissant de
bien vouloir me répondre au plus vite ou une
action à venir : J’étais sûre qu’ils
regretteraient ces paroles.

» Vous devez écrire -AI quand vous employez la 1re


personne :

• Au futur pour tous les verbes : Je te


préviendrai dès que je le saurai.

• Au passé simple des verbes du 1er groupe,


qui font leur infinitif en - ER : Tout à coup je
glissai dans un sommeil profond.

Comment ne pas confondre les temps ?

Évitez les confusions entre passé simple et


imparfait  : je mangeai [passé simple]/je mangeais
[imparfait] en remplaçant je par il. Le passé simple
devient il mangea et l’imparfait il mangeait. Vous
écrirez je terminais mes valises quand le taxi arriva car
le remplacement par il [terminait ses valises quand le
taxi arriva] donne une phrase correcte. En revanche,
vous écrirez je terminai mes valises à l’heure prévue
car la substitution donne il termina et non il
terminait [ses valises à l’heure prévue].

Vous ne confondrez pas futur et conditionnel je


survivrai [futur]/je survivrais [conditionnel] en
remplaçant je par il. Le futur devient il survivra et le
conditionnel il survivrait. Vous écrirez  : lundi,
j’arriverai à Rio vers  21  heures car le remplacement
par il arrivera à Rio vers  21  heures donne une phrase
correcte. En revanche, vous écrirez je pensais que
j’arriverais à Rio vers  21  heures car la substitution
donne je pensais qu’il arriverait et non qu’il arrivera à
Rio vers 21 heures.
» Pour le son « É »

• Le sujet est VOUS ? À n’importe quel temps


ou mode, écrivez -EZ : Vous auriez dû ;
croyez-vous ? Vous le paierez !

• Que faire si ce n’est pas -EZ et que vous ne


savez pas si vous devez mettre -É ou -ER ?
Si vous pouvez remplacer votre verbe par un autre
du 3e groupe comme prendre, écrivez -ER : La
nounou pense pouvoir garder les jumeaux mercredi =
la nounou pense pouvoir prendre les jumeaux
mercredi.

Si cela ne fonctionne pas, orthographiez -É (E) (S).


Chapitre 11
Dix erreurs à éviter : un, deux
ou trois mots ?
DANS CE CHAPITRE :

» Écrire en un seul ou plusieurs mots ?

» Savoir écrire correctement des mots qui se prononcent de la même


façon

À entre les mots. Ce chapitre vous aide à savoir où


l’oral, on n’entend pas forcément la séparation

couper, et vous donne quelques astuces pour savoir


comment écrire ces mots !

Savoir écrire les sons « MA »,


« TA », « MON » et « TON »

Les sons « MA » et « TA »


» En un seul mot :
Quand vous employez MA ou TA, vous indiquez un
lien, une appartenance. Vous pouvez alors
remplacer l’ensemble par « la mienne, la tienne » :
Partirons-nous avec ma voiture ? (= avec la mienne)
Ou préfères-tu prendre ta moto ? (= la tienne) Vous
hésitez encore ? Remplacez par la ou cette : cette
moto/la moto.

» En deux mots :

Quand vous employez M’A ou T’A, vous conjuguez


le verbe AVOIR à la 3e personne du singulier du
présent de l’indicatif. Vous pouvez alors le
remplacer par « avait » : Il m’a impressionné ! (= il
m’avait impressionné) Il t’a convaincu de l’aider ? (=
il t’avait convaincu)

Si vous employez la 2e personne du même verbe,


n’oubliez pas le -S : Comme tu m’as rappelé à temps,
j’ai pu être à l’heure au match.

Écrivez L’A en deux mots quand vous employez le


verbe AVOIR à la 3e personne du singulier du
présent  : Marc  ? Nadia l’a aperçu ce matin. (= Nadia
l’avait aperçu)

Les sons « MON » et « TON »


» En un seul mot :

Quand vous employez MON ou TON, vous


indiquez un lien, une appartenance. Vous pouvez
alors le remplacer par « le mien, le tien » :
Partirons-nous avec mon véhicule ? (= avec le mien)
Ou préfères-tu prendre ton camion ? (= le tien) Vous
hésitez encore ? Remplacez par le ou ce : le
camion/ce camion.

» En deux mots :

Quand vous écrivez M’ONT ou T’ONT, vous


employez le verbe AVOIR à la 3e personne du
pluriel du présent ONT. Vous pouvez les remplacer
par « avaient ».

- Prends l’argent dans mon porte-monnaie (= le


mien) ; il en reste même si les enfants m’ont déjà un
peu rançonné. (= m’avaient)

- J’emprunte ton vélo (= le tien) ; d’ailleurs les parents


t’ont prévenu que tu devrais le partager avec moi. (=
t’avaient)

Vous ne confondrez pas non plus le verbe ÊTRE à


la  3e personne du pluriel du présent SONT (que
vous pouvez remplacer par «  étaient  »), avec le
possessif SON  : Son parcours (= le sien) est
exemplaire  ; ses parents en sont très fiers  ! (= ils en
étaient très fiers)

Combien de mots vous faut-il si


vous voulez écrire le son
« KEL » ? Choisir entre QU’ELLE
et QUEL, QUELS, QUELLE ou
QUELLES
» En un seul mot :

QUEL, QUELS, QUELLE et QUELLES accompagnent


un nom et s’accordent avec celui-ci. Vous
l’employez :

• Pour poser une question sur le nom :

Quel est ton nom ?

[nom masculin singulier]

Quels sont tes impératifs ?

[nom masculin pluriel]

Il ne sait plus à quel saint se vouer.

[nom masculin singulier]

Quelle heure est-il ?


[nom féminin singulier]

Quelles sont tes chansons préférées ?

[nom féminin pluriel]

Je me demande quelle sera sa réaction.

[nom féminin singulier]

• Pour exprimer votre sentiment sur ce


nom : Quel temps ! Quelle ingrate tu fais !
Quels idiots ! Quelles belles plantes !

» En deux mots :

QU’ELLE ou QU’ELLES vous permettent d’utiliser le


pronom personnel sujet ELLE(S). Dans ce cas, le
masculin vous sauve ! Si vous pouvez écrire QU’IL,
écrivez QU’ELLE : Je ne savais pas qu’elle était si
douée car vous pouvez dire Je ne savais pas qu’il
était si doué !

Si vous parlez de plusieurs personnes, choses,


écrivez ELLES : Je m’attends à ce qu’elles aillent au
moins en finale. (= les joueuses)

Écrire QUELQUE ou QUEL QUE


et savoir quand les accorder
» En un seul mot :

• QUELQUE accompagne un nom commun.

→ Vous l’employez pour dire « plusieurs » ?


Accordez-le avec son nom, toujours au
pluriel : J’ai quelques reproches à te faire. (=
plusieurs reproches)

Ne confondez pas quelques fois (= plusieurs


fois) : je suis déjà venu quelques fois à Paris
et quelquefois (= parfois, de temps en
temps) que vous pouvez déplacer plus
facilement dans la phrase : Ils viennent
quelquefois le dimanche > Quelquefois, ils
viennent le dimanche.

→ Vous l’employez pour dire « un certain,


un quelconque, n’importe quel » ? Écrivez-le
toujours au singulier : Il m’a raconté quelque
histoire improbable pour justifier son retard.

Quelque chose est toujours invariable !

→ Il accompagne un nom dans l’expression


quelque… que/qui ? Vous l’employez pour
exprimer la concession ; accordez-le avec
son nom : Quelques faiblesses qu’il ait, il n’en
reste pas moins sympathique. (= Il a beau
avoir des faiblesses, je le trouve sympathique.)

• Vous employez QUELQUE avec un


nombre ?

- Si QUELQUE précède ce nombre, il veut


dire « environ » et est invariable : Il me reste
quelque cent pages à lire.

- Et quelques suit un nombre ? Il vous


permet de dire « et un peu plus » : écrivez-le
toujours au pluriel : Il a vingt et quelques
années.

» En deux mots :

QUEL QUE accompagne le verbe ÊTRE sous la


forme soit/soient et vous permet d’évoquer toutes
les éventualités possibles pour faire une
concession : Quel que soit ton amour pour moi, tu
dois arrêter de me faire une telle cour (= Tu m’aimes
peut-être énormément mais tu dois arrêter !)

Vous devez accorder QUEL avec le nom qui suit le


verbe soit/soient :

Quel que soit ton amour ;

[masculin singulier]
quelle que soit ton admiration ;

[féminin singulier]

quelles que soient tes raisons.

[féminin pluriel]

Choisir entre ON et ON N’
À l’oral, vous prononcez de la même façon ON et
ON N’ :

Soit le mot qui suit ON commence par une voyelle


et vous faites la liaison : On_ira au cinéma.

Soit il y a bien un N’ après ON  : On n’ira pas au


cinéma.
» En un seul mot :

Vous devez vous demander si votre phrase est à la


forme affirmative ou négative ; si elle est à la
forme affirmative, écrivez ON : On attend encore un
peu !

» En deux mots :

Si votre phrase est à la forme négative, vous


écrirez un N’ supplémentaire, qui correspond au
NE négatif (on supprime le E quand le mot suivant
commence par une voyelle) :

On n’attendra pas plus d’une heure !

[n = mot négatif] [pas = mot négatif]

La plupart du temps, vous utilisez deux mots pour


exprimer la négation (ne… pas, ne… jamais, ne… plus).
Cherchez donc le second mot négatif pour vérifier
que vous devez bien écrire ON N’ : On n’est pas assez
patients avec lui  ! On n’a jamais loupé une séance à
cause de lui ; on n’a qu’à ne plus lui donner rendez-vous
à l’extérieur mais à l’intérieur de la salle.

Vous hésitez encore ? Remplacez ON par IL :


» Vous entendez encore le « N » ? C’est une phrase
négative, écrivez ON N’ : Il n’a pourtant pas
l’habitude d’être en retard > On n’a pourtant pas
l’habitude d’être en retard.

» Vous n’entendez plus le son « N » ? Votre phrase


est affirmative, écrivez ON : Il espère encore > On
espère encore.

Écrire QUOIQUE ou QUOI QUE


Ces mots, que vous prononcez de la même façon à
l’oral, expriment une objection ou une concession
(= vous reconnaissez qu’une partie de quelque
chose est vraie mais vous restez opposé à l’idée
d’ensemble).
» En un seul mot :

• Vous pouvez le remplacer par encore que ?


C’est que vous émettez des réserves, écrivez
QUOIQUE : Je l’aime bien, il est gentil ;
quoique… (= encore que)

• Vous pouvez le remplacer par bien que ?


Écrivez également QUOIQUE : Quoique tu
sois cruel avec moi, je reste ton ami. = bien
que tu sois cruel avec moi

» En deux mots :

Vous pouvez le remplacer par quelle que soit la


chose que (ou qui) ? Écrivez QUOI QUE : Quoi que je
fasse, où que je sois… je pense à toi ! = quelle que soit
la chose que je fasse

En faisant le même test, vous ferez bien la


différence entre quoi que ce soit et quoique ce soit :

Quoique ce soit l’heure de partir, je veux bien flâner


encore un peu ici. (= bien que ce soit l’heure de
partir)
Tu peux me demander ce que tu veux, quoi que ce soit  !
(= quelle que soit cette chose)

Distinguer POURQUOI de POUR


QUOI
» En un seul mot :

Vous employez POURQUOI pour poser une


question, demander une réponse. Vous pouvez le
remplacer par « pour quelle raison ? » :

• Dans une phrase interrogative : Pourquoi


me parles-tu encore de cette vieille histoire ? (=
pour quelle raison ?)

• Quand vous rapportez une interrogation :


Je lui ai demandé pourquoi il m’en parlait
encore. (= pour quelle raison)

» En deux mots :

Vous employez POUR QUOI pour exprimer un


but, un objectif.

• Vous pouvez le remplacer par « dans ce


but, pour cela » : J’ai fait du rangement, c’est
ce pour quoi vous me payez ! (= c’est pour
cela que vous me payez)
• Quand vous posez une question, vous
pouvez le remplacer par « dans quel
but ? » : Je lui ai demandé de m’attendre
quelques minutes. Il m’a répondu : « Et pour
quoi ? » (= dans quel but ? pour quoi faire ?)

Savoir écrire DANS, DENT ou


D’EN
» En un seul mot :

DANS vous permet de situer dans le temps ou


dans l’espace : Dans deux mois, nous
emménagerons dans notre maison ! Parfois, cette
situation correspond plus à une image : Il est dans
un état !

Votre DENT vous fait souffrir ? Consultez un


dentiste ! Il s’agit alors du nom féminin : une dent.

» En deux mots :

Quand vous employez D’EN, vous utilisez en fait


DE + EN : La maison d’en face (= de en face) est à
vendre.

• Vous écrirez D’EN devant un verbe : Arrête


d’en parler !
• Vous écrirez D’EN pour les expressions d’en
face, d’en haut, d’en bas : La boulangerie d’en
bas (= la boulangerie de en bas) est encore
ouverte, cours-y !

Avoir AFFAIRE ou À FAIRE ?


» En un seul mot :

Vous avez AFFAIRE à quelqu’un, à quelque chose


quand vous êtes en relation avec cette personne
ou cette chose, quand vous y êtes confronté.
Repérez bien l’expression avoir affaire à : Si tu as
affaire à ce bonhomme, tu vas souffrir ! Mais à quel
mystère avons-nous affaire ?

» En deux mots :

Vous avez quelque chose À FAIRE quand vous avez


un travail à accomplir : J’ai mes devoirs à faire avant
de sortir… mais je n’en ai rien à faire, partons nous
promener !

Vous pouvez aussi avoir à faire, sans préciser


davantage : Je te laisse, j’ai à faire.

Ne doublez pas le A ! Si vous avez déjà un à dans


la phrase, un seul suffit : écrivez affaire : Tu vas
avoir affaire à moi !
Se décider entre PLUTÔT et
PLUS TÔT
» En un seul mot :

• Vous employez PLUTÔT pour dire « si


possible », « de préférence » : Je suis plutôt
fromage que dessert. (= je prendrais de
préférence du fromage)

• Vous pouvez aussi employer PLUTÔT pour


préciser ou rectifier quelque chose : Je sais
que je t’ennuie, ou plutôt que je t’agace. (=
plus exactement je t’agace)

• PLUTÔT peut aussi remplacer « assez » : Je


suis plutôt en forme en ce moment. (= assez
en forme)

» En deux mots :

Vous employez PLUS TÔT pour dire « avant »,


« auparavant » : Nous avons rendez-vous à cinq
heures, mais n’hésite pas à venir plus tôt si tu te
libères. (= avant cinq heures)

Vous pouvez le remplacer par son contraire plus


tard ? Écrivez PLUS TÔT : J’ai regardé la télévision
uniquement parce que j’ai fini mes devoirs plus
tard que prévu ! > J’ai fini mes devoirs plus tôt que
prévu !

Vous écrirez PLUS TÔT si vous pouvez le remplacer


par à peine : Elle n’avait pas plus tôt fini sa phrase
qu’elle regrettait ses paroles.

Deux ou trois mots ? Trancher


entre PARCE QUE ou PAR CE
QUE
» En deux mots :

• Vous employez PARCE QUE pour exprimer


une cause : Tu ne l’aimes pas parce qu’il t’a
battu au tennis ! (= le fait qu’il ait gagné au
tennis explique que tu ne l’aimes pas) Vous
pouvez dans ce cas remplacer PARCE QUE
par PUISQUE ou par CAR : Tu ne l’aimes pas
car il t’a battu au tennis !

• Vous l’employez seul, comme une réponse,


pour dire que vous refusez de vous
expliquer ? Écrivez PARCE QUE : Pourquoi
suis-je puni ? Parce que !
» En trois mots :

Vous employez beaucoup plus rarement PAR CE


QUE : Nous avons été surpris par ce que tu lui as
dit : ce que tu lui as dit nous a surpris.

Si vous pouvez le remplacer par « la chose que »,


écrivez PAR CE QUE : Je suis stupéfait par ce que tu
m’apprends ! = Je suis stupéfait par la chose que tu
m’apprends ! = Ce que tu m’apprends me stupéfie !
Chapitre 12
Les faux jumeaux : dix
homophones à savoir
distinguer
DANS CE CHAPITRE :

» Ne pas confondre des mots qui sont identiques à l’oral

» Éviter des erreurs courantes

I lfoie
était une fois, dans la ville de Foix, un marchand de
qui se disait « Ma foi… »…

Ce chapitre attire votre attention sur le cas


particulier des homophones, ces mots qui se
prononcent de la même façon, bien qu’ayant un
sens, une origine et une orthographe différents. S’il
vous arrive de les écrire un peu machinalement
sans y réfléchir, ou d’hésiter, ce chapitre vous
fournit des moyens simples et efficaces pour éviter
des confusions qui peuvent être parfois fâcheuses.

Vous hésitez entre ET ou EST ?


ET vous sert à relier deux éléments  ; EST provient
du verbe/auxiliaire ÊTRE au présent, à la  3e
personne du singulier.

Pour trancher entre les deux orthographes,


remplacez par ÉTAIT. Si votre phrase garde un
sens, écrivez EST. Sinon, c’est que vous devez
écrire ET.

Une astuce supplémentaire  ! Pour confirmer le


choix de ET, sachez que vous pouvez le compléter
dans la phrase par ET ÉGALEMENT.

Nous avons eu un temps beau… froid.

Vous ne pouvez pas dire nous avons eu un temps beau


était froid. Il faut donc écrire un temps beau ET
(ÉGALEMENT) froid.

Un camion… tombé en panne devant chez moi. Vous


pouvez dire un camion était tombé en [auxiliaire être]
panne devant chez moi. Il faut donc écrire un camion
EST tombé en panne devant chez moi.
Comment facilement distinguer
SON et SONT ?
» SON est un déterminant possessif, vous
l’emploierez donc toujours devant un nom,
éventuellement précédé d’un ou de plusieurs
adjectifs ; SONT provient du verbe/auxiliaire être
au présent, à la 3e personne du pluriel.

• Vous pouvez remplacer par ÉTAIENT ?


Écrivez SONT : Les iris sont en fleur car Les
iris étaient en fleur.

• Si la phrase n’a plus de sens, c’est que vous


devez écrire SON : Il est venu avec son
bouquet. car Il est venu avec étaient bouquet.

Pour être bien sûr de l’orthographe SON, vous


pouvez aussi modifier légèrement la phrase à
l’aide d’un équivalent féminin précédé de SA. Si
cela fonctionne, c’est bien SON que vous devez
écrire.

Elle est venue avec… horrible petit ami. Vous ne


pouvez pas dire elle est venue avec sa horrible petit
ami, mais vous pouvez transformer en elle est

venue avec
Il faut donc écrire son horrible petit ami.

» Il existe deux noms que vous orthographierez


aussi SON : le son, celui que mange l’âne, et celui
que vous entendez !

Ne vous emmêlez pas entre ON


et ONT !
Vous écrivez ONT s’il s’agit du verbe/auxiliaire
avoir à la 3e personne du pluriel au présent ; ON est
toujours un pronom.

Vous choisirez ONT les yeux fermés si vous pouvez


le remplacer par AVAIENT et que la phrase garde un
sens : Ils ont (= avaient) adoré ta présentation. Si elle
n’a plus de sens, c’est que vous devez écrire ON : on
adore ta présentation.

En plus du test avec AVAIENT, vous confirmerez


l’orthographe ON si vous pouvez le remplacer dans
la phrase par NOUS ou par QUELQU’UN.

C’est quand… est jeune qu’il faut voyager.

La phrase c’est quand avaient jeune qu’il faut voyager


ne veut rien dire, vous devez donc écrire c’est quand
on est jeune qu’il faut voyager.
Vous hésitez encore  ? Remplacez par
NOUS/QUELQU’UN  : c’est quand nous sommes
jeunes/c’est quand quelqu’un est jeune qu’il faut
voyager.

Un mauvais réflexe à faire disparaître ! Comme ON


peut être l’équivalent de NOUS, vous pourriez être
tenté de choisir d’écrire SONT à cause du pluriel.
Surtout pas  ! ON est un pronom de la  3e personne
du singulier, l’accord du verbe vous le rappelle.

On ne travaille pas le 1er mai.

[verbe à la 3e personne du singulier]

Vous saurez tout sur TOUT et


TOUS !
L’essentiel en termes d’orthographe est de savoir
différencier le singulier du pluriel  : TOUT est
singulier, TOUS est pluriel  ! Un autre TOUT,
adverbe, est invariable.
» Écrivez TOUT

• Si vous pouvez le remplacer par


TOTALEMENT !

Nina et Duncan sont arrivés… excités. Vous


pouvez dire Nina et Duncan sont arrivés
totalement excités, donc écrivez TOUT.

• S’il est suivi d’un nom singulier, souvent


précédé d’un déterminant (tout le, tout un,
tout son, tout leur…), même si le sens du mot
vous fait penser à un pluriel !

Tout le monde,

[nom singulier]

tout individu,

[nom singulier]

tout leur argent

[nom singulier]

tout son mobilier,

[nom singulier]

à tout prix,

[nom singulier]

• Si vous pouvez remplacer par « la totalité


des choses » : Tout va mal ! Il a tout mangé.

» Écrivez TOUS

• S’il est suivi d’un nom au pluriel souvent


précédé d’un déterminant également au
pluriel (tous les, tous ses, tous ces, tous mes,
tous nos, tous leurs..) : à tous égards, tous
feux éteints, une assurance tous risques, tous
les jeudis, tous leurs souvenirs.

• Si vous percevez le S final à la


prononciation : tous ne sont pas d’accord,
ils sont tous partis.

Évitez les erreurs sur CE et SE


» Le plus facile à identifier est SE, qui peut devenir
S’ devant une voyelle ou un H !

Sachez qu’il est toujours placé devant un verbe


qui contient SE à l’infinitif : se plaindre, se dresser,
s’imaginer, s’habiller. Gardez ce S quand vous
conjuguez le verbe dans une phrase : il s’est réveillé
du pied gauche. [verbe se réveiller]

Changez la personne de votre verbe ! Si SE deviens


ME ou TE, c’est que vous l’avez correctement
orthographié : je me suis levé du pied gauche.

» Vous reconnaîtrez CE dans deux cas de figure :

• Soit il est suivi d’un nom masculin,


éventuellement précédé d’adjectifs :
Ce grand garçon timide est un champion de
boxe.

[adjectif + nom]

Vous pouvez aussi le remplacer par un


équivalent féminin précédé de CETTE : Cette
grande fille timide est une championne de
boxe pour valider votre choix.

• Soit CE/C’ est l’équivalent de CELA, qui


vous permet de reformuler
approximativement votre phrase : Ce que je
préfère dans cette photo, c’est son cadrage =
je préfère cela, cela est son cadrage.

Pour bien maîtriser SES et CES


Ayez en tête que vous les distinguerez en les
mettant au singulier dans votre phrase !
» Le mot devient alors SON ou SA ? Écrivez SES ! Il a
dormi avec… chats et… chiens au pied du lit devient
il a dormi avec son chien et son chat au pied du lit :
c’est donc SES la bonne orthographe.

» Le mot devient CE/CET/CETTE ? Écrivez CES ! Je me


demande où vont… hommes et… femmes déguisés en
hippies devient je me demande où vont cet homme
et cette femme déguisés en hippies : c’est donc CES
la bonne orthographe.

Parfois, c’est le sens que vous voulez donner à la


phrase qui vous permettra de choisir  : Certaines
chansons d’Eddy sont des tubes ;
» avec ces chansons, il a conquis son public. (= celles
qui sont des tubes, celles-là)

» avec ses chansons, il a conquis son public. (= ses


chansons en général, les siennes)

SOI, SOIT, SOIENT ou SOIE ?


» Vous reconnaîtrez SOI aisément car vous pouvez
le reformuler en SOI-MÊME.

Faut-il ne jamais penser à… = Faut-il ne jamais


penser à soi-même ? Cela va de soi (-même).

Vous aurez recours à l’orthographe SOI pour soi-


disant : ce soi-disant spécialiste signifie en effet que
c’est cet homme qui dit de « soi-même » qu’il est
spécialiste.

» Écrivez SOIT lorsque

• Vous pouvez remplacer ce mot par OU


BIEN. Nous souhaitons un rendez-vous…
mardi… mercredi = nous souhaitons un
rendez-vous ou bien mardi ou bien mercredi.

• Vous pouvez le remplacer par C’EST-À-DIRE.


Il a couru un marathon entier… 42,195 km = il
a parcouru un marathon entier c’est-à-
dire 42,195 km.

• Il est l’équivalent de D’ACCORD. Dans ce cas


le T final de soit se prononce, vous entendez
« swat ». Il est malade…, mais cela ne lui
donne pas tous les droits = il est malade,
d’accord, mais cela ne lui donne pas tous les
droits.

• Vous identifiez le verbe/auxiliaire ÊTRE à


la 3e personne du singulier [au subjonctif].
Je voudrais que ma requête… prise en
considération = il s’agit de l’expression être
pris en considération, le sujet est ma requête,
donc écrivez soit.

C’est cette forme que vous retrouvez dans les


expressions : un tant soit peu, quoi qu’il en soit.
Vous l’utiliserez aussi pour les énoncés
mathématiques : soit un triangle rectangle…

» Vous identifiez le verbe/auxiliaire être à la 3e


personne du pluriel [au subjonctif] ?
Écrivez SOIENT : il importe que nos collaborateurs…
sur le chantier à 8 heures = être sur le chantier
à 8 heures, le sujet est nos collaborateurs donc
écrivez soient.

» Vous parlez du tissu fin et brillant ? Il s’agit de la


SOIE. Ces écharpes en soie sauvage valent une
fortune.

La soie c’est aussi le poil du sanglier ou du cochon.


Si vous achetez une brosse en soies, elle sera plus
rugueuse que si elle était en fils de soie !

Y voir enfin clair entre VOIR et


VOIRE
» VOIR est celui que vous emploierez le plus
souvent.

Comme c’est un verbe à l’infinitif, remplacez-le par


un autre infinitif si vous hésitez ! Tu me feras… ton
exercice de maths. Vous pouvez dire tu me feras
vérifier ton exercice de maths, c’est donc bien voir
qu’il faut écrire !

» VOIRE est beaucoup moins fréquent. Il vous


servira si vous voulez insister sur ce que vous
venez d’énoncer.
Le moyen infaillible pour ne pas tomber dans le
piège est de le remplacer dans votre phrase par ET
MÊME. D’ailleurs on dit souvent « VOIRE MÊME »
quand on l’emploie. Dans vous rencontrerez une
situation difficile, … catastrophique, vous écrirez
voire car c’est l’équivalent de vous rencontrerez une
situation difficile, et même catastrophique. Ce n’est
pas un verbe à l’infinitif que vous pouvez
remplacer par un synonyme.

Ne confondez plus CHER,


CHÈRE, CHAIR et CHAIRE, cela
pourrait vous coûter cher !
» Choisissez CHER [masculin] ou CHÈRE [féminin]
lorsque ce mot [un adjectif] se rapporte à un nom,
et faites l’accord en genre si c’est nécessaire : cher
papa, chère maman. Les appareils auditifs sont
chers.

Écrivez simplement CHER, sans accorder, quand


vous l’employez avec un verbe comme valoir,
coûter, revenir pour évoquer une valeur élevée : les
assurances coûtent très cher de nos jours.
» Vous pourrez aussi rencontrer un nom
relativement peu fréquent, la CHÈRE qui signifie
« la nourriture », principalement dans l’expression
bonne/mauvaise chère. Nous avons fait bonne chère
au mariage de Clément. (= nous avons bien mangé)

» Orthographiez CHAIR sans E si vous parlez de


muscles ou de viande : Je n’aime pas la chair à
saucisses.

Vous orthographierez ainsi les expressions : être


bien en chair, avoir la chair de poule, en chair et en
os.

» Plus rare, vous pouvez buter sur la CHAIRE si vous


devez mentionner la tribune du haut de laquelle le
prêtre dit son sermon, ou désigner un poste
d’enseignant : Il a occupé une chaire de médecine
jusqu’à l’année dernière.

Quelle différence entre SUBI et


SUBIT ?
Pour le savoir, réfléchissez au sens du mot dans la
phrase !
» Vous pouvez le rapprocher de supporter, endurer ?
Écrivez SUBI car il s’agit du verbe subir.
Le navire a subi de nombreuses avaries.

N’oubliez pas d’accorder si nécessaire : Quelles


épreuves il a subies !

» Le sens est proche des adjectifs soudain,


inattendu ? Écrivez SUBIT. Vous pouvez vous en
assurer en modifiant la phrase à l’aide d’un
équivalent féminin qui vous aidera à repérer le T
final.

Un orage subit a dévasté les vignes = une tempête


subite a dévasté les vignes.
Chapitre 13
Dix des pièges courants à
éviter
DANS CE CHAPITRE :

» Éviter des erreurs fréquentes

» Améliorer la qualité de son expression

» Mieux comprendre certaines subtilités de l’orthographe

Q uelques erreurs concernant à la fois


l’orthographe de certains mots et leur emploi
reviennent très souvent. Ce chapitre vous propose
des astuces simples pour les éviter !

Quand verbe et nom se


ressemblent : savoir s’il faut
ajouter ou pas un E à la fin du
mot
Vous ne confondrez plus certains verbes terminés
par  -ER au présent et au singulier (il calcule, il
soupire) avec le nom commun correspondant (le
calcul, un soupir).
» Vous pouvez mettre la phrase au passé ou
changer de personne ? C’est un verbe, écrivez E à
la fin : Il désire réussir plus que tout car Il désirait
réussir ou Nous désirons réussir.

» Sinon, c’est le nom commun, n’écrivez pas de E : Il


brûle de désir ! (on peut dire un désir, le désir)

Si c’est le verbe que vous employez, vous devrez


doubler le L final.

Nom Verbe

un accueil il accueille

un appareil il appareille

un conseil il conseille

un détail il détaille

un recueil il recueille

un (r) éveil il (r) éveille

un sommeil il sommeille

un travail il travaille
Des personnes m’ont dit qu’il n’y
avait personne ! Quand mettre
un S à personne ?
» Vous accorderez le nom PERSONNE : une
personne, des personnes. C’est simple, ce nom a
toujours un sens positif et veut dire que des gens
sont bien présents ! Les différentes personnes que
tu rencontreras là-bas t’aideront à coup sûr !

» Vous ne l’accorderez jamais quand il a un sens


négatif et qu’il signifie « aucun individu » (c’est un
pronom) : Personne ne me parle jamais ! Pensez à
conjuguer votre verbe à la 3e personne du
singulier.

Je suis presque arrivé à la


presqu’île ! Quand enlever la
voyelle finale d’un mot ?
Vous devez parfois supprimer la voyelle finale d’un
mot, quand le mot qui suit commence par une
voyelle (l’attention, l’exemple, l’investissement) ou par
un H muet (l’habitude, l’humour). Vous remplacerez
cette voyelle par une apostrophe dans les cas
suivants :
» pour LA ou LE (déterminant ou pronom) : l’habit,
l’harmonie, il l’attend.

» pour le E de CE, DE, JE, LE, ME, NE, TE, SE et QUE :


J’aime qu’il soit si humble.

» pour le E de JUSQUE, LORSQUE, PARCE QUE,


PUISQUE, QUOIQUE : Je t’attends jusqu’à la demie.

Vous n’enlèverez jamais le E de PRESQUE, sauf


dans presqu’île, quelqu’un et quelqu’une.

» pour le I de SI lorsqu’il est devant IL ou ILS : S’ils


sont mécontents, ils n’ont qu’à venir me voir.

» pour les pronoms de la 1re et de la 2e personne


du singulier devant EN et Y (dont moi et toi) : Parle
m’en demain, chez Lucas, je t’y retrouverai.

N’enlevez pas la voyelle finale de ces mots :

» devant un H aspiré : la haine, le hasard, la honte.

» devant la lettre Y prononcée « ILL » : le yaourt, le


yoga.

» pour ces quelques mots : la énième, la ouate, le


onze, le onzième, le oui, le un, la une.
Devant les noms propres, vous avez généralement
le choix : Voici ce qu’Aurélie m’a révélé ou Voici ce que
Aurélie m’a révélé.

Quand accorder POSSIBLE ?


» Vous accorderez POSSIBLE avec un nom pluriel
lorsqu’il est adjectif et qu’il signifie « réalisable,
imaginable » : Explique-moi quelles sont les solutions
possibles.

» Vous ne l’accorderez jamais avec LE PLUS… ou LE


MOINS… même si vous l’employez avec un nom au
pluriel : Tu dois faire le plus d’efforts possible.

» Vous pourrez ou non l’accorder avec LES PLUS…


ou LES MOINS… : Vos analyses devront être les plus
justes possible(s).

Choisir sans erreur le singulier


ou le pluriel après SANS
Il n’y a pas de règle précise pour savoir quand
utiliser le singulier ou le pluriel derrière SANS : une
maison sans jardin, un écrit sans ratures.
» Pour trancher, remplacez SANS par son contraire
AVEC. Le déterminant vous renseignera :
• un gâteau avec des œufs donc un gâteau
sans œufs.

• un thé sans du sucre donc un thé sans sucre.

Vous utiliserez toujours le singulier quand SANS


est employé avec crainte, délai, encombre, espoir,
exception, pareil, raison, rancune ou suite : Je vous
veux tous prêts demain à l’aube sans exception !

» Pour quelques expressions, vous n’avez pas le


choix :

• Utilisez toujours le singulier pour sans


doute (= probablement), sans façon (=
simplement), sans faute (= sûrement).

• Utilisez toujours le pluriel pour sans


enfants.

Savoir employer le singulier ou


le pluriel après DE
» Vous utiliserez le singulier après DE :

Quand vous ne pouvez pas compter ce qui suit


DE : une sculpture de sel, le ballon d’or, des larmes
de joie, un terrain de camping…
» Vous utiliserez le pluriel après DE :

• Quand vous ne pouvez pas mettre le mot


qui le suit au singulier : un lieu de vacances.

• Quand il est suivi d’un nom pluriel que l’on


peut compter : un monceau de billets, un tas
de pierres.

» Vous aurez le choix dans les autres cas : une purée


de châtaigne(s), de la crème de marron(s) : on peut
comprendre faite avec DES châtaignes/ marrons ou
faite avec DU marron/DE LA châtaigne.

Bien écrire la PLUPART


La PLUPART vous permet de désigner «  la plus
grande partie de  », qu’il accompagne un nom ou
qu’il le remplace  : Maintenant, je connais la plupart
des règles d’orthographe  ; lis ce livre, tu en connaîtras
aussi la plupart ! (= la plus grande partie des règles)

ESPÈCE DE…!
» Même si vous parlez d’un mot masculin, vous
écrirez toujours UNE espèce de… car espèce est un
nom féminin : Il est venu avec une espèce de
déguisement étrange.
» Vous ferez de même pour une façon de, une
manière de, une sorte de : une sorte de grand
échalas.

» Vous mettrez en revanche toujours un


déterminant masculin pour un genre de, un type
de : un genre de bonne femme…

Une lettre change tout !


Ne confondez pas :
» un homme sensé (= raisonnable) et un homme
censé obéir aux lois (= supposé).

» un différend entre deux personnes (= un conflit) et


des goûts différents (= qui ne sont pas les mêmes).

» un homme gai (= joyeux) et un homme gay (=


homosexuel).

» le fonds de pension (= le capital) et le fond de votre


poche (= la limite, le bas).

» le parti [nom masculin] pour lequel vous votez (= le


regroupement politique, la position que l’on
adopte, l’avantage que vous retirez), et la partie
[nom féminin] de tennis que vous jouez (= le
morceau de).
Pensez-y pour les expressions prendre parti, un
parti-pris, mais prendre à partie !

AVOIR L’AIR… beau ou belle ?


» Si AVOIR L’AIR signifie « paraître, sembler », vous
accorderez l’adjectif qui suit avec le sujet : Ces
jardins ont l’air entretenus. (= ils semblent
entretenus)

» Si AVOIR L’AIR signifie « avoir une expression »,


vous accorderez l’adjectif avec AIR, au masculin
singulier : Elle a l’air heureux.
PARTIE 2
LA GRAMMAIRE
par Jean-Joseph Julaud

DANS CETTE PARTIE

Après des chapitres clairs et concis sur les classes


grammaticales, les fonctions de la phrase, etc.,
vous pourrez découvrir comment accorder noms,
adjectifs et participes passés. Suivra ensuite une
partie sur la conjugaison. Découvrez, ou
redécouvrez comment conjuguer à tous les temps
et modes, les conjugaisons particulières…
Chapitre 14
Les dix classes grammaticales
DANS CE CHAPITRE :

» Connaître les classes grammaticales

» Réfléchir au rôle de chaque mot

D porter un diagnostic sur une phrase bancale, sur


ès qu’on veut analyser un message oral ou écrit,

une construction floue, il est nécessaire de savoir


nommer les mots, de connaître leur identité
précise, afin de débusquer le coupable. Les mots
ont été classés en catégories qui correspondent à
leur nature. On peut en dénombrer dix.

Les prépositions
Les prépositions sont très nombreuses dans le
discours  ; elles en constituent le support discret
mais indispensable au sens. Ce sont des mots
courts en général, invariables, et qui sont porteurs
d’une signification (temps, but, cause,
conséquence, etc.). La préposition précise la
relation existant entre les termes reliés. Peut-être
vous rappelez-vous la liste minimale des
prépositions les plus courantes que vous avez
apprise à l’école. Elle se présente sous la forme
d’une courte phrase mnémotechnique  : Adam part
pour Anvers avec deux cents sous, ce qui donne, en
prépositions  : à, dans, par, pour, en, vers, avec, de,
sans, sous.

En ne rechignant pas sur les approximations, on


peut faire une autre phrase mnémotechnique qui
permet de retenir trente prépositions  : à, de, par,
pour, sans, sous, sur, avec, en, dans, avant, après,
devant, derrière, dessous, dessus, chez, contre, depuis,
vers, malgré, durant, jusqu’à, pendant, entre, parmi,
outre, hormis, touchant, suivant. À vous de trouver
une petite histoire qui va transporter toutes ces
prépositions.

Le rôle de la préposition peut être tenu par


plusieurs mots qui forment une unité de sens. On
parle alors de locution prépositive. En voici
quelques-unes  : à cause de, à côté de, afin de, à
l’exception de, à partir de, à travers, au-delà de, au-
dessous de, au-dessus de, au lieu de, au moyen de,
autour de, de façon à, de manière à, en dépit de, grâce
à, par-dessous, par-dessus, près de, quant à, etc.

Un truc à savoir : avec au et par on emploie toujours


un trait d’union, jamais avec en (au-delà, par-delà,
en deçà, en dessus).

Les pronoms
Observez bien le mot pronom. On peut le
décomposer en deux parties  : pro, qui signifie en
latin à la place de, et nom. Le pronom, c’est donc ce
qui est mis à la place du nom. Le discours en
regorge au point que, parfois, prenant en cours une
interview à la radio, on est incapable de savoir de
qui il s’agit tant l’interviewer utilise d’il, de vous,
d’elle, oubliant de préciser le nom remplacé par le
pronom. Les pronoms sont répartis en sept
catégories :

Les pronoms personnels


Ils diffèrent selon leur fonction. Sujet : je, tu, il, elle,
nous, vous, ils, elles ; complément : me, te, le, la, lui,
se, nous, vous, leur, moi, toi, soi, eux, en, y.
QUEL LEUR ?

Le pronom personnel leur est toujours situé devant


un verbe et toujours invariable : Dix mille personnes
écoutaient, je leur ai dit ce que je pensais. L’adjectif
possessif, toujours placé devant le nom, est
variable : Ils sont partis avec leur professeur et leurs
livres. Les pronoms possessifs le leur et la leur ne
prennent pas de s ; en revanche, les leurs en prend
un  : Ma tondeuse fonctionne, la leur est en panne  ;
Mes bottes sont percées, les leurs sont en bon état.

Les pronoms possessifs


Ils indiquent la possession et varient en genre, en
nombre et en personne. En voici la liste : le mien, le
tien, le sien, le nôtre, le vôtre, le leur, la mienne, la
tienne, la sienne, la nôtre, la vôtre, la leur, les miens,
les tiens, les siens, les nôtres, les vôtres, les leurs, les
miennes, les tiennes, les siennes, les nôtres, les vôtres,
les leurs.

Les pronoms démonstratifs


Ils servent à montrer, à désigner l’être, l’idée ou la
chose dont on parle ou dont on vient de parler  :
celui, celui-ci, celui-là ; celle, celle-ci, celle-là ; ce, ceci,
cela (qui donne ça, sans accent) ; ceux, ceux-ci, ceux-
là ; celles, celles-ci, celles-là.

Les pronoms indéfinis


Pour désigner une personne, une idée, une chose,
de façon vague, indéterminée, sans la nommer
vraiment, ou bien de façon suggestive, allusive, on
dispose du pronom indéfini. C’est un pronom à tout
faire qui pallie souvent le manque de vocabulaire  :
on remplace le mot manquant par quelque chose,
l’autre, quelqu’un, etc. Il est très pratique, on peut
s’en servir à bon escient, ou avec habileté, ou à
l’excès, ce qui donne alors au discours un petit air
indéfini dont il faut se méfier car la communication
devient imprécise.

Voici la liste des pronoms indéfinis invariables  :


plusieurs, personne, on, rien, quiconque, autrui,
quelque chose, n’importe qui, n’importe quoi, tout le
monde ; pronoms indéfinis variables : aucun, l’autre,
un autre, certain, chacun, le même, nul, l’un,
quelqu’un, tel, tout, pas un. Le pronom aucun
s’emploie la plupart du temps au singulier, sauf
lorsqu’il est précédé de d’, signifiant alors certains :
D’aucuns ne sont pas de votre avis.

UNE HISTOIRE DE ON

Le pronom indéfini on vient du latin homo, qui


signifie homme. Ce terme, pris dans son sens
général, a subi au cours des âges une érosion qui
l’a privé de son o final, puis de son h inaugural  ;
enfin, le m est devenu n pour donner ce on,
pronom indéfini (promu pronom personnel depuis
un certain temps) que nous connaissons.

Les pronoms relatifs


Les pronoms relatifs servent à introduire une
proposition subordonnée relative. Dans Cette
boulangère qui parle anglais vend de belles miches, qui
est un pronom relatif introduisant la proposition
subordonnée relative qui parle anglais. Le pronom
relatif remplace ce qu’on appelle son antécédent,
qui peut être un nom ou un pronom le précédant
(qui remplace boulangère et est sujet du verbe parle).
Voici la liste des pronoms relatifs  : qui, que, quoi,
dont, où, lequel et ses composés : laquelle, lesquelles,
lesquels, auquel, à laquelle, auxquels, auxquelles,
duquel, de laquelle, desquels, desquelles.

LES RELATIFS COMPOSÉS

Les formes composées des pronoms relatifs


reprennent le genre et le nombre de l’antécédent,
c’est pourquoi il faut être particulièrement vigilant
lorsqu’on les emploie. Dans Cette boulangère de
laquelle nous parlons n’est pas anglaise, le pronom
relatif composé de laquelle reprend le genre
féminin et le nombre singulier de boulangère.

Les pronoms interrogatifs


Avec le pronom interrogatif, on pose une question,
qui se termine par un point d’interrogation si cette
interrogation est directe  : Qui êtes-vous  ? Si
l’interrogation est indirecte, on n’emploie pas le
point d’interrogation : Je vous demande qui vous êtes.
Les pronoms interrogatifs sont les mêmes que les
pronoms relatifs, sauf dont au moyen duquel on ne
peut poser de question et où qui est considéré
comme adverbe d’interrogation.

Les pronoms numéraux


Ils expriment une quantité ou un rang et font
référence à un nom ou à un groupe nominal déjà
exprimé. On distingue deux catégories de pronoms
numéraux  : les cardinaux (un, deux, trois…) et les
ordinaux (le premier, le deuxième, le troisième…).
Dans la phrase La boulangère a rencontré cinq
Anglais  : quatre l’ont parfaitement comprise, mais le
cinquième, sourd, n’a pas saisi son message, quatre est
un pronom numéral cardinal remplaçant Anglais et
sujet d’ont comprise, le cinquième est un pronom
numéral ordinal, sujet d’a saisi.

Le verbe
C’est l’animateur de la phrase. Trois groupes, trois
voix, six modes, vingt temps, vous en avez fait
connaissance dans les chapitres précédents. Il faut
distinguer les verbes d’action des verbes qui
introduisent un état. Les verbes d’action sont les
plus nombreux ; il existe peu de verbes d’état, mais
ils sont fréquemment employés. Ce sont  : être,
paraître, sembler, devenir, demeurer, rester, avoir l’air,
passer pour. Dans la phrase Le piano est faux, faux
indique l’état du piano  : il n’est question que du
piano, faux étant son attribut. Dans une phrase avec
un verbe d’action qui comporte un COD, on aura
trois éléments. Ainsi, dans la phrase Le déménageur
emporte le piano, on imagine le déménageur, ensuite
on se représente l’action d’emporter, puis vient
l’objet, différent du sujet et qui complète le verbe :
le piano.

L’adverbe
L’adverbe un mot invariable qui s’ajoute à un verbe
(ad + verbe) pour en modifier le sens, mais aussi à
un adjectif, à un autre adverbe, parfois à un nom.
Dans l’énoncé suivant : La fille du coupeur de joncs est
très heureuse, mais elle fume beaucoup trop, très est un
adverbe de quantité qui modifie l’adjectif
qualificatif heureuse  ; trop est aussi un adverbe de
quantité, mais il modifie le verbe fume  ; enfin,
beaucoup, adverbe de quantité également, modifie
l’adverbe trop. Dans la phrase Les coupeurs de joncs
sont des gens bien, l’adverbe bien, invariable, modifie
le sens du nom gens.
Il existe des adverbes d’opinion : oui, non, certes, si,
assurément, vraiment, probablement, ne… pas, ne…
point, ne… guère, etc. ; des adverbes de circonstance
exprimant la manière  : bien, mieux, mal, vite, ainsi
que les adverbes en… ment (brièvement, lentement,
savamment…) ; la quantité : beaucoup, trop, peu, fort,
extrêmement…  ; le temps  : hier, aujourd’hui, jamais,
toujours… ; le lieu : ici, là, où, ailleurs, là-bas…

Les déterminants
Les déterminants se répartissent en deux
catégories  : les articles et les adjectifs (non
qualificatifs). Leur rôle est de situer le nom dont il
est question dans un contexte, d’en préciser la
proximité, la distance par rapport à celui qui en
parle.

Les articles
Il existe trois catégories d’articles :
» Les articles définis : le, la, les, ainsi que les
articles définis contractés (fondus à une
préposition) au (à le), du (de le), aux (à les), des (de
les).

» Les articles indéfinis : un, une, des.


» Les articles partitifs : du, de la, des.

DU, DE LA

Il ne faut pas confondre du article défini contracté


et du article partitif : La fabrication du (de le, article
défini contracté) fromage est compliquée ; La fille du
coupeur de joncs voudrait du (une partie, article
partitif) fromage.

Les déterminants adjectifs


Il ne s’agit pas ici des adjectifs qualificatifs, mais
des adjectifs qui servent de déterminants devant le
nom. Il en existe six catégories :
» Les adjectifs numéraux cardinaux : un, deux,
trois, quatre, vingt, cent, mille… ; ordinaux : premier,
deuxième, trentième, soixante et onzième…

» Les adjectifs indéfinis : aucun, autre, certain,


chaque (invariable), différents, divers, maint, même,
nul, plusieurs, quelque, quelconque, tel, tout, pas un,
n’importe quel, beaucoup de, bien des… Aucun,
adjectif, possède une valeur négative, mais on
peut le rencontrer (rarement) avec la valeur
positive qu’il possédait à l’origine : Son regard
s’attardait sur aucun meuble ancien qui fit naître en
lui bien des souvenirs. Il est rarement employé au
pluriel, sauf devant les mots qui n’ont pas de
singulier : aucuns honoraires, aucunes rillettes,
aucunes royalties. Tel s’accorde avec le nom qui
suit : Il adore les pâtisseries, telles les religieuses, les
tartelettes. Tel que s’accorde avec le nom qui
précède : Il adore les gâteaux tels que les religieuses,
les tartelettes. La locution tel quel s’accorde avec le
nom auquel elle se rapporte : Votre tondeuse était
en panne, je vous la rends telle quelle.

» Les adjectifs démonstratifs : ce, cet, cette, ces,


renforcés par -ci ou -là (ce livre-ci, cette grammaire-
là).

» Les adjectifs possessifs : mon, ton, son, notre,


votre, leur, ma, ta, sa, mes, tes, ses, nos, vos, leurs.

» Les adjectifs interrogatifs : quel, quels, quelle,


quelles.

» Les adjectifs exclamatifs : quel, quels, quelle,


quelles.

Les adjectifs qualificatifs


Les adjectifs qualificatifs, que vous avez déjà eu
l’occasion de rencontrer dans cet ouvrage,
apportent des renseignements utiles à la
description qu’on entreprend, que ce soit celle d’un
paysage, d’une idée ou d’un être. Belle, jeune, jolie,
intelligente, délicate, douce, fine, élégante, mais aussi
maligne, futée, rusée, habile, diabolique, menteuse,
dissimulatrice, sont des adjectifs qualificatifs, de
même qu’athlétique, musclé, fascinant, bronzé,
superbe, sculptural, mais aussi stupide, naïf, niais,
balourd, absurde, ennuyeux, inepte, maladroit, brutal.
Les adjectifs qualificatifs sont fort nombreux, mais
les plus précis et les plus justes ne viennent pas
toujours à l’esprit lorsqu’on définit ou décrit à
quelqu’un quelqu’un d’autre dont on se souvient.

Les noms
Noms communs, noms composés, noms propres  :
tout comme les adjectifs qualificatifs, vous les avez
déjà croisés dans ce livre. Sans doute vous
rappelez-vous dans le détail la règle d’accord des
noms composés… De plus, lorsque vous écrivez un
nom propre précédé d’un déterminant pluriel, vous
êtes désormais sûr de vous pour l’accorder ou non…
Bref, le nom n’a plus de secrets pour vous. Ou
presque…

Les conjonctions
Dans conjonction, il y a jonction, donc l’idée de
joindre. Et c’est bien le rôle de la conjonction,
puisqu’elle joint soit deux phrases, soit deux mots
ou groupes de mots de même nature et de même
fonction, soit deux propositions. Il existe deux
catégories de conjonctions  : les conjonctions de
coordination et les conjonctions de subordination.

Les conjonctions de
coordination
Elles font l’objet d’une phrase mnémotechnique
très connue en forme d’interrogation  : Mais où est
donc Ornicar  ? Ce qui, traduit en conjonctions de
coordination, donne : mais, ou (sans accent), et (et
non est), donc, or, ni, car. Dans la phrase La fille du
coupeur de joncs est jeune et jolie, la conjonction de
coordination et unit deux mots de même nature et
de même fonction : jeune et jolie, qui sont adjectifs
qualificatifs épithètes du nom fille.
Les conjonctions de
subordination
Leur nom l’indique  : elles introduisent des
propositions subordonnées, qu’on appelle donc des
propositions subordonnées conjonctives
(puisqu’elles sont introduites par une conjonction
de subordination). Certaines sont introduites par la
conjonction de subordination que  ; d’autres, celles
qui expriment une circonstance, sont introduites
par lorsque, dès que, afin que, parce que, de sorte que,
bien que, etc.

Les interjections
Ce sont des mots qui expriment de façon directe,
sous forme de cri, d’apostrophe, un sentiment, une
réaction, un appel : Oh ! Ah ! Aïe ! Ouf ! par exemple,
ou bien : Pst ! Chut ! Bah ! Hein ! Zut ! Peuh ! Eh ! Hélas !
etc. Certains mots changent de catégorie et
deviennent des interjections lorsqu’ils expriment
des ordres, des appréciations, etc.  : Silence  ! Vite  !
Bien ! Assez ! Bravo !

Les onomatopées
L’onomatopée (en grec onomatos  : mot, poieïn  :
créer) est un mot fabriqué à partir d’un bruit,
directement, comme un enregistrement. Pour le
chant du coq, par exemple, cela donne cocorico (en
français, car les coqs étrangers s’expriment avec un
accent différent  : kokekokko en japonais, cock-a-
doodle-do en anglais, kikeriki en allemand,
chichirichi en italien, kukkokiekkuu en finnois, goh-
geh-goh-goh en chinois, gokogoko en cantonais,
gaggala gaggala gu en islandais, kikiriku en grec,
kukuriku en hébreu, kukkurika en népalais, etc.). Les
phylactères de bandes dessinées en font une grande
consommation, en redoublant, en triplant, en
multipliant à loisir certaines consonnes ou voyelles
en fonction de l’intensité de ce qui est à exprimer.
Le caractère employé joue aussi un grand rôle dans
la transcription du son  : Crraaaaaaaacccckkk  !
Booouuuummm ! Patatras ! Tic-tac, tic-tac, etc.
Chapitre 15
Les dix fonctions dans la
phrase
DANS CE CHAPITRE :

» Connaître le complément, l’attribut, l’apposition, le sujet, l’épithète

» Comprendre le fonctionnement de la phrase

V ous savez identifier les mots, reconnaître leur


identité, leur catégorie, en un mot leur nature  ?
Fort bien, mais ce n’est pas suffisant. Il vous faut
maintenant connaître la fonction qu’ils peuvent
occuper dans la phrase. Autrement dit, dans le
chapitre précédent, vous posiez au mot la question :
qui es-tu  ? Dans ce chapitre, vous allez lui
demander  : que fais-tu, quel est ton rôle dans la
phrase ?

Le complément d’objet
Pour l’accord du participe passé, il en a déjà été
question. Cependant, voici un petit rappel de ce
qu’est le complément d’objet et de ses trois
catégories : direct, indirect, second.

Le complément d’objet direct


Le COD répond à la question qui ? ou quoi ? posée au
verbe. Certains grammairiens le qualifient
d’essentiel (encore un mot à apprendre  !). On
trouve le COD après les verbes d’action. Le
motocycliste enfourche sa Harley  : il enfourche quoi ?
sa Harley, COD d’enfourche. La fille du coupeur de joncs
le regarde partir : elle regarde partir qui ? le, pronom
personnel, mis pour le motocycliste et COD de partir.
Le bruit que fait la moto est terrifiant  : la moto fait
quoi ? que, pronom relatif, mis pour le bruit et COD
de fait.
VERBES D’ÉTAT

Après les verbes d’état, on ne peut avoir de COD,


puisque ces verbes introduisent un attribut du
sujet. Poser la question quoi  ? ou qui  ? ne suffit
donc pas toujours pour trouver sans erreur le COD.
En effet, dans la phrase La Harley semble poussive,
on ne doit pas poser la question : la Harley semble
quoi  ? Car poussive appartient à Harley, c’en est
l’attribut, et en aucun cas l’objet du verbe semble.
Les questions qu’il faut poser ne doivent être
utilisées qu’en appoint à la réflexion.

Le complément d’objet
indirect
Le mot qui répond à la question de qui ? de quoi ? à
qui  ? à quoi  ? (ou encore avec les prépositions en,
sur, contre, pour) posée au verbe est appelé
complément d’objet indirect (et même complément
d’objet essentiel indirect par des grammairiens qui
ont trouvé complément d’objet indirect trop
simple). Pourquoi indirect ? Parce qu’il est relié au
verbe par la préposition à ou de (ou en, sur…)  : la
construction n’est pas directe comme pour le COD
qui suit le verbe sans préposition intermédiaire.

Par exemple, dans la phrase Le motocycliste aime


parler de sa Harley, on pose au verbe parler la
question de quoi  ? de sa Harley  : Harley est donc
complément d’objet indirect (COI) de parler. Dans Il
ne pense qu’à repartir, repartir répond à la question à
quoi ? posée au verbe penser  : cet infinitif est donc
COI du verbe penser. Dans Je compte sur vous, vous est
COI du verbe compte. Dans Je crois en elle, elle est COI
de crois. Dans Je roule pour vous, vous est COI de
roule.

Le complément d’objet second


Lorsqu’un verbe possède un complément d’objet
direct et un complément d’objet indirect, on appelle
ce COI un complément d’objet second. Dans la
phrase La boulangère offre des croissants aux touristes
anglais, croissants (qui répond à la question quoi  ?
posée au verbe offre) est COD, touristes (qui répond à
la question à qui  ? posée au même verbe) est un
COI, mais comme le verbe possède déjà un COD on
appelle ce COI un complément d’objet second.
Lorsque le verbe a le sens de donner ou dire, ce
complément d’objet second est en même temps un
complément d’attribution (attention, cela n’a rien à
voir avec l’attribut du sujet). C’est le cas dans la
phrase La boulangère offre des croissants aux touristes
anglais.

Le complément d’agent
L’agent de l’action, c’est celui qui agit, c’est donc le
responsable de l’action exprimée par le verbe. Le
complément d’agent se trouve, comme son nom
l’indique, en position de complément par rapport
au verbe, qui a alors pour sujet ce qui subit l’action.
Ainsi, dans la phrase La chanson est interprétée par
une jeune artiste, l’agent de l’action, introduit par la
préposition par, est une jeune artiste. Ce qui subit
l’action d’être interprétée est la chanson, en position
de sujet. Le complément d’agent est introduit par
par ou de. On peut transposer la phrase précédente
en phrase où l’agent se retrouve sujet  : La jeune
artiste interprète la chanson. On constate que
l’auxiliaire être qui sert à former la voix passive a
disparu. Le temps du verbe ne change pas  : est
interprétée est le présent passif  ; interprète est le
présent actif.

Le complément circonstanciel
Les circonstances d’une action exprimée par le
verbe sont nombreuses  : ce peut être le temps, le
but, la cause, la conséquence, la condition,
l’opposition ou la concession, la comparaison, le
lieu, la manière, le moyen, la quantité. À chaque
circonstance correspondent des questions qu’on
peut poser au verbe afin d’identifier le complément.
Celui-ci peut être un nom commun (ou un groupe
nominal prépositionnel, c’est-à-dire un groupe
nominal précédé d’une préposition), un pronom,
un verbe à l’infinitif, un adverbe, une proposition
subordonnée.

Complément circonstanciel de
temps
Il répond à la question quand ? à quel moment ? Il est
introduit par les prépositions avant, après, pendant,
etc. ou par les conjonctions de subordination
lorsque, pendant que, avant que, etc. Dans la phrase
Avant ton départ, il a plu, départ est complément
circonstanciel de temps d’il a plu.
SANS PRÉPOSITION

Beaucoup de compléments circonstanciels sont


construits directement, sans préposition. Par
exemple, dans la phrase Le matin, je me repose, on
pose la question je me repose quand ? La réponse
est le matin, complément circonstanciel de temps
du verbe se reposer. Ce complément n’est pas
introduit par une préposition.

Complément circonstanciel de
but
Il répond à la question dans quel but ? Il est introduit
par les prépositions pour, afin de, etc. ou par les
conjonctions de subordination pour que, afin que,
etc. Dans la phrase Il vient te voir afin que tu l’aides,
la proposition afin que tu l’aides est complément
circonstanciel de but de la principale il vient te voir.

Complément circonstanciel de
cause
Il répond à la question pourquoi ? pour quelle raison ?
Il est introduit par les prépositions ou locutions
prépositives pour, faute de, à cause de, ou par les
conjonctions de subordination parce que, puisque,
etc.

Complément circonstanciel de
conséquence
Il est introduit par la locution prépositive au point
de, par les adverbes de liaison en conséquence, dès
lors, c’est pourquoi, aussi, ainsi, par conséquent, et par
les conjonctions de subordination au point que, si…
que, tellement… que, trop… pour que, etc.

Complément circonstanciel de
concession ou d’opposition
Il est introduit par les prépositions ou locutions
prépositives malgré, en dépit de, etc., ou par les
conjonctions de subordination quoique, bien que,
même si, quand bien même, etc.

Complément circonstanciel de
condition
Il est introduit par les prépositions ou locutions
prépositives sans, avec, à condition de, ou par les
conjonctions de subordination si, au cas où, à
condition que, en admettant que.

Complément circonstanciel de
comparaison
Il est introduit par les locutions prépositives à la
manière de, par rapport à, contrairement à, à l’égal de,
ou par les conjonctions de subordination plus… que,
moins… que, autant… que, plus que, moins que, autant
que, etc. Ex. : Il est plus grand que son frère ne l’était à
son âge ; Il en a dit plus qu’il ne le pensait.

Complément circonstanciel de
lieu
Il répond à la question où  ? dans quel lieu  ? Il peut
être introduit par de nombreuses prépositions  :
dans, sur, en, près de, chez, etc. Ce peut être aussi le
pronom interrogatif où. Dans la phrase Je ne sais pas
où tu habites, on pose la question tu habites où ? La
réponse est… où, pronom interrogatif, complément
circonstanciel de lieu d’habites. Il n’existe par de
proposition subordonnée conjonctive exprimant le
lieu.

Complément circonstanciel de
manière
Il répond à la question de quelle façon  ? de quelle
manière  ? comment  ? Il est introduit par les
prépositions ou locutions prépositives à, avec, dans,
de, en, sans, selon, etc. Il peut être construit sans
préposition  : dans Elle court pieds nus, pieds nus est
complément circonstanciel de manière du verbe
courir.

Complément circonstanciel de
moyen
Il répond à la question par quel moyen ? au moyen de
quoi  ? Il est introduit par les prépositions ou
locutions prépositives à, de, avec, à l’aide de, au
moyen de, en, etc. Dans la phrase Les Chinois
mangent avec des baguettes, baguettes (qui répond à
la question au moyen de quoi  ?) est complément
circonstanciel de moyen du verbe manger.
Complément circonstanciel de
quantité
Il peut indiquer trois sortes de quantités : le prix, le
poids et la mesure. Il répond à la question combien ?
Dans la phrase Ce sumotori pèse au moins cent quatre-
vingts kilos, cent quatre-vingts kilos est complément
circonstanciel de quantité (ou de mesure) du verbe
peser.

Complément circonstanciel
d’accompagnement
Il répond à la question en compagnie de qui  ? en
l’absence de qui ? Il est introduit par les prépositions
ou locutions prépositives avec, sans, en compagnie
de, etc. Dans la phrase La fille du coupeur de joncs ne
sort jamais sans son chien, chien est complément
circonstanciel d’accompagnement du verbe sortir.

Autres compléments
circonstanciels
On peut rencontrer des compléments
circonstanciels de restriction (Sauf erreur de ma part,
voici vos gains), d’origine (Le coupeur de joncs est issu
d’une famille modeste), de changement (La chenille se
transforme en papillon).

Le complément du nom
Il complète le nom commun. Il répond à la question
à qui  ? à quoi  ? de qui  ? de quoi  ? posée au nom
commun. Dans la phrase Le cigare du Cubain était
éteint, Cubain répond à la question de qui ? posée au
nom commun cigare  : Cubain est donc le
complément du nom cigare. D’autres prépositions
peuvent servir à poser la question au nom
commun : en, contre, pour, sans, etc.

Autres compléments
On peut rencontrer des compléments du pronom
(dans la phrase Qui d’entre nous connaît la vérité ? le
pronom personnel nous est complément du pronom
interrogatif qui), des compléments de l’adjectif
(dans la phrase Nous sommes fiers de toi, le pronom
personnel toi est complément de l’adjectif fiers), des
compléments de l’adverbe (dans la phrase Les
voisins ont fait beaucoup de bruit cette nuit, bruit est
complément de l’adverbe beaucoup).
L’attribut
L’attribut est, dans la phrase, une qualité, un
renseignement donné sur l’être, la chose, l’idée
dont on parle. Cette qualité, ce renseignement, sont
séparés de l’être, la chose ou l’idée dont il est
question  : par un verbe d’état lorsqu’il s’agit de
l’attribut du sujet, par un verbe de jugement
lorsqu’il s’agit de l’attribut du complément d’objet
direct.

L’attribut du sujet
L’attribut du sujet est séparé du sujet par un verbe
d’état (être, paraître, sembler, devenir, demeurer,
rester, avoir l’air, passer pour). Par exemple, dans la
phrase La baie d’Acapulco est magnifique, l’adjectif
magnifique, attribut du sujet la baie d’Acapulco, en
est séparé par le verbe d’état être, qui joue le rôle
du signe = (on peut écrire  : la baie d’Acapulco =
magnifique). L’attribut du sujet peut être un nom
commun  : dans la phrase L’écrivain Sade est un
coquin, un coquin est attribut du sujet l’écrivain Sade
(l’écrivain Sade = coquin).
L’attribut du complément
d’objet direct
Il est introduit par des verbes qui expriment un
jugement (juger, trouver, croire, dire, sentir…), une
transformation (rendre, faire), une désignation
(élire, appeler, nommer…). Dans la phrase La
boulangère trouve les Anglais sympathiques, l’adjectif
sympathiques ne fait pas corps avec les Anglais, ce
n’en est pas l’épithète, on peut le déplacer (La
boulangère trouve sympathiques les Anglais), on peut
pronominaliser les Anglais (La boulangère les trouve
sympathiques). Ces manipulations conduisent à la
conclusion suivante  : sympathiques est attribut
(qualité attribuée à…) du complément d’objet direct
les Anglais. Dans la phrase Je te sens fragile, fragile est
attribut du pronom personnel complément d’objet
direct te.

L’apposition
Normalement, l’apposition est un nom dépendant
d’un autre nom dont il est l’équivalent : on pourrait
entre eux deux mettre le signe =. Mais, souvent, on
considère que les adjectifs qualificatifs peuvent eux
aussi jouer le rôle d’apposition (alors qu’on devrait
les appeler épithètes détachées). On peut dire que
mettre sous l’étiquette « apposition » les noms et
les adjectifs conduit à une analyse moins fine, mais
simplifie la tâche.

Dans la phrase La ville de Nantes est superbe, ville est


mis en apposition à Nantes (Nantes = ville). Dans la
phrase Le roi Henri IV fut assassiné, roi est mis en
apposition à Henri IV (Henri IV = roi). Dans la phrase
Baudelaire, poète symboliste, a écrit Les Fleurs du mal,
poète symboliste est mis en apposition à Baudelaire
(Baudelaire = poète symboliste). Dans la phrase Riche
et célèbre, la princesse souffre pourtant d’un
phéochromocytome, riche et célèbre sont des adjectifs
apposés à princesse (plus précisément, ce sont des
épithètes détachées).

L’apostrophe
Le mot apostrophe se rattache à une racine indo-
européenne qui signifie tourner. Apostrophe, en grec,
signifie détournement et en même temps appel qui
fait se retourner. L’apostrophe, dans la phrase, c’est
donc un appel lancé à un être (Félix, viens par ici !), à
un animal (Minou, mange ta pâtée !), à une chose (Ô
temps, suspends ton vol !). À la question : quelle est la
fonction de Félix, de minou ou de temps  ?, on
répondra qu’ils sont mis en apostrophe.

Le sujet
Il répond à la question qui est-ce qui (fait cette action
ou la subit)  ? ou qu’est-ce qui (fait cette action ou la
subit) ? posée au verbe. Le sujet est l’élément de la
phrase qui commande la conjugaison du verbe. Ce
peut être un nom, un pronom, un verbe à l’infinitif,
une proposition. Le schéma de base de la phrase
comporte l’ordre suivant  : sujet, verbe,
complément. Le sujet vient donc en tête, avant le
verbe, mais il peut aussi être inversé.

Dans la phrase Une rivière coule dans la vallée, rivière


est sujet du verbe couler. Dans la phrase C’est un trou
de verdure où chante une rivière, le sujet du verbe
chanter, rivière, est inversé. Avec les verbes
impersonnels, le pronom il ne représente rien  : il
occupe la place du sujet, mais ce n’est pas un vrai
sujet. Dans Il neige encore à Montréal, le pronom il
est neutre et ne représente personne. Certains
verbes impersonnels sont suivis d’un terme qui est
le sujet réel : dans la phrase Il manque trois croissants
sur la table, le sujet réel du verbe manque est trois
croissants.
L’épithète
L’épithète (du latin epitheton, emprunté au grec et
signifiant ce qui est ajouté) est un mot qui apporte
un renseignement à un nom, qui lui donne une
qualité, dans l’acception grammaticale (et non
morale) du terme. Cela signifie que, dans la phrase
Cet homme odieux est un criminel abominable, odieux,
adjectif qualificatif, épithète d’homme, et
abominable, adjectif qualificatif, épithète de
criminel, sont des qualités permettant de mieux
définir l’homme en question.

Selon qu’elle (on dit une épithète, et non un


épithète) est antéposée ou postposée, l’épithète
peut changer de sens. En général, antéposée (posée
avant le nom), elle a plutôt un sens figuré et,
postposée (posée après le nom), elle conserve son
sens propre. Un grand homme, c’est un homme qui
s’illustre par sa haute valeur morale, son action
exemplaire, son courage, etc., mais sa taille peut
être modeste. En revanche, un homme grand est
celui dont la taille dépasse la moyenne. Un nom
peut être entouré de plusieurs adjectifs épithètes.
Dans la phrase « L’engin de chantier démarre ; son
insupportable bruit sourd et grave, étouffé parfois,
plaintif, ronronnant, mais obstiné, acharné,
impitoyable, m’assomme  », les neuf mots en
italique sont épithètes de bruit.
Chapitre 16
Les dix propositions dans la
phrase
DANS CE CHAPITRE :

» Savoir découper la phrase en propositions

» Connaître la nature et la fonction des propositions

L acorps
pensée possède plus d’une ressemblance avec le
qui la transporte : comme lui, elle a besoin
d’avancer, de conquérir son territoire, de prendre
son temps, de se laisser aller dans le rythme
tranquille du pas, la succession des mots. Comme
lui, elle possède sa respiration. La presser, la
bousculer, c’est prendre le risque de l’étouffer. La
priver de l’air du temps, c’est l’appauvrir. Il
importe donc que la pensée bénéficie du meilleur
accueil dans le langage, des meilleures conditions,
afin qu’elle s’épanouisse. Et cela se prépare, cela se
travaille, notamment en intégrant parfaitement
tous les découpages possibles qu’on peut lui
proposer par l’intermédiaire de la phrase, toutes les
cadences qui la mettront en valeur. Bref, il faut
connaître et maîtriser les propositions
grammaticales qui structurent le discours, qui en
sont l’architecture.

Les propositions indépendantes


Une proposition constitue une unité de signification
qui peut être autonome ou bien développée en
plusieurs parties. L’unité de signification autonome
est appelée proposition indépendante dans la
mesure où elle ne dépend pas d’une autre
proposition.

Reconnaître l’indépendante
La proposition indépendante peut être constituée
d’un sujet, d’un verbe et d’un complément  : Félix
parle de ses chansons. On peut avoir aussi plusieurs
sujets, plusieurs compléments, mais un seul verbe,
car le verbe est le noyau de la proposition  : dès
qu’on trouve un autre verbe conjugué, on entre
dans une autre proposition. L’indépendante peut ne
comporter qu’un sujet suivi d’un verbe  : Félix
chante. Elle peut être réduite à un verbe : Chante !
Indépendantes juxtaposées,
coordonnées
Félix, Yann et Alain parlent de leurs compositions, de
leurs instruments et de leurs projets, ils préparent un
spectacle. Deux propositions indépendantes se
succèdent dans cette phrase. La première, Félix,
Yann et Alain parlent de leurs compositions, de leurs
instruments et de leurs projets, comporte trois sujets,
un verbe et trois compléments. La seconde, ils
préparent un spectacle, est composée d’un sujet, d’un
verbe et d’un complément. Elles sont juxtaposées
par une virgule. Les deux indépendantes contenues
dans la phrase Ils parlent et ils rient sont
coordonnées par la conjonction de coordination et.

La proposition principale
L’adjectif principale qui est épithète de proposition
confère à celle-ci un rôle dominant, une
responsabilité de chef, une action capitale. En effet,
dans une phrase complexe, elle joue le rôle de
locomotive entraînant une ou plusieurs
propositions subordonnées, leur assurant une
direction, un rythme et une signification qu’elles
perdraient sans sa présence. Dans la phrase Léo,
Georges et Jacques discutaient autour d’une table
[pendant que leurs chansons s’envolaient vers les
générations futures] et [que leurs traits soucieux et
passionnés se figeaient pour nous dans cette photo en
noir et blanc], la proposition principale, Léo, Georges
et Jacques discutaient autour d’une table, est suivie de
deux propositions subordonnées entre crochets  :
l’une commençant par pendant que, l’autre par que.
Toutes deux sont coordonnées par la conjonction de
coordination et.

Les propositions subordonnées


relatives
La proposition subordonnée relative est introduite
par un pronom relatif (qui, que, quoi, dont, où, lequel
et ses composés). Dans la plupart des cas, elle
complète un nom, qu’on appelle son antécédent.
Dans la phrase Stéphane, qui interprète ses chansons
en fermant les yeux, ouvre sa voix à l’émotion, la
subordonnée relative commence au pronom relatif
qui, se poursuit avec le verbe interprète et se
termine avec le complément de ce verbe  : en
fermant les yeux. Cette proposition subordonnée
relative, qui interprète ses chansons en fermant les
yeux, est complément du nom Stéphane  : elle
apporte un renseignement le concernant.

Dans la phrase Le chanteur dont on parle a de beaux


cheveux noirs, la subordonnée relative dont on parle
est complément de l’antécédent chanteur. La
subordonnée relative peut exceptionnellement être
sujet : Qui m’aime me suive (sujet de suive), ou bien
complément d’objet direct : J’aime qui m’aime (COD
d’aime).

Les propositions subordonnées


conjonctives complétives
Les subordonnées conjonctives complétives (qui
complètent, sans idée de circonstance comme dans
les propositions circonstancielles) sont introduites
par la conjonction de subordination que. Elles
peuvent avoir six fonctions différentes.

La conjonctive sujet
Elle se situe en tête de phrase, occupant la place du
sujet devant le verbe. Elle est introduite par la
conjonction de subordination que. Dans la phrase
Que tu ignores l’existence de ce chanteur ne m’étonne
pas, la proposition conjonctive commençant par que
(que tu ignores l’existence de ce chanteur) est sujet du
verbe étonner (qu’est-ce qui ne m’étonne pas  ?). La
conjonctive sujet peut cependant se situer après le
verbe si celui-ci est conjugué impersonnellement.
Dans la phrase Il est probable que nous émigrions en
Australie afin de ne plus entendre certains chanteurs, la
subordonnée conjonctive que nous émigrions en
Australie afin de ne plus entendre certains chanteurs est
sujet réel du verbe être.

La conjonctive attribut
Elle se situe après un verbe d’état. Dans la phrase
Le risque est que certains chanteurs émigrent aussi en
Australie, la proposition subordonnée conjonctive
que certains chanteurs émigrent aussi en Australie est
attribut du sujet risque.

La conjonctive apposition
Elle est apposée à un nom ou à un pronom. Par
exemple, dans la phrase Vous le saviez, vous, qu’il ne
chanterait plus  ?, la proposition qu’il ne chanterait
plus est mise en apposition au pronom personnel le.
La conjonctive complément
d’objet
Elle répond à la question quoi ? posée au verbe de la
proposition principale. Dans la phrase Les
compositeurs savent que leurs œuvres ne plaisent pas à
tout le monde, on pose la question au verbe  : les
compositeurs savent quoi ? La réponse est contenue
dans toute la proposition subordonnée conjonctive
introduite par que : que leurs œuvres ne plaisent pas à
tout le monde. Cette proposition est complément
d’objet direct du verbe savent. La proposition
subordonnée conjonctive introduite par que peut
aussi être complément d’objet indirect. Dans la
phrase Nous veillerons à ce que tout se passe bien, la
proposition subordonnée conjonctive à ce que tout se
passe bien est complément d’objet indirect du verbe
veiller.

La conjonctive complément
de l’adjectif
Elle complète un adjectif qualificatif, lui-même
venant en général après un verbe. Dans la phrase
Nous sommes heureux que certaines chanteuses aient
décidé d’arrêter définitivement leur carrière, la
proposition subordonnée conjonctive que certaines
chanteuses aient décidé d’arrêter définitivement leur
carrière est complément de l’adjectif heureux.

La conjonctive complément
du nom
Elle est introduite par la conjonction de
subordination que et complète un nom. Attention, il
ne faut pas la confondre avec la relative introduite
par le pronom relatif que et qui elle aussi complète
un nom. La différence est que le pronom relatif
peut être remplacé par le nom à la place duquel il
est utilisé (puisque c’est un pro-nom), alors que la
conjonction de subordination que ne peut, elle, être
remplacée par un nom.

Dans la phrase La crainte que les chanteuses


reviennent sur leur décision l’empêche de dormir, la
proposition que les chanteuses reviennent sur leur
décision est une subordonnée conjonctive introduite
par la conjonction de subordination que et
complément du nom crainte (on ne peut remplacer
que par le nom crainte). Mais, dans la phrase La
crainte que tu ressens m’empêche de dormir, que
remplaçant la crainte (tu ressens que, mis pour la
crainte) est un pronom relatif qui introduit une
subordonnée relative complément du nom crainte.

Les propositions subordonnées


conjonctives circonstancielles
Comme leur nom l’indique, elles expriment les
circonstances de l’action. Introduites par une
conjonction de subordination, elles sont au nombre
de sept.

La subordonnée de temps
Elle est introduite par quand, lorsque, dès que, avant
que, après que, au moment où, aussitôt que, jusqu’à ce
que, depuis que, une fois que, etc. Dans la phrase
Depuis que nous sommes en Australie, nous apprécions
le silence des kangourous, la proposition subordonnée
conjonctive introduite par la locution conjonctive
depuis que (depuis que nous sommes en Australie) est
complément circonstanciel de temps de la
proposition principale.

La subordonnée de but
Elle est introduite par les locutions conjonctives
pour que, afin que, de peur que, de crainte que. Dans la
phrase Afin que les kangourous effectuent des sauts plus
spectaculaires, les biologistes tentent de les croiser avec
des éléphants, la proposition afin que les kangourous
effectuent des sauts plus spectaculaires, introduite par
la locution conjonctive afin que, est complément
circonstanciel de but de la principale.

La subordonnée de cause
Elle est introduite par parce que, puisque, étant donné
que, vu que, comme, sous prétexte que, d’autant que,
non que. Dans la phrase Les recherches vont être
abandonnées parce que les mots élérou et kangouphant
sont trop laids, la subordonnée conjonctive parce que
les mots élérou ou kangouphant sont trop laids,
introduite par la locution conjonctive parce que, est
complément circonstanciel de cause de la
proposition principale.

La subordonnée de
conséquence
Elle est introduite par si bien que, de sorte que, au
point que, si… que, tant… que, tellement… que, trop…
pour que, etc. Dans la phrase La chanteuse force
tellement sa voix que le compositeur a porté plainte pour
harcèlement de refrain, la proposition subordonnée
complément circonstanciel de conséquence de la
principale est la suivante  : tellement… que le
compositeur a porté plainte pour harcèlement de refrain.
La locution conjonctive qui l’introduit est
tellement… que.

La subordonnée de concession
Elle est introduite par bien que, quoique, encore que,
quand bien même, même si. La locution malgré que
traîne une réputation de locution populaire : même
si on en rencontre des emplois dans la langue
littéraire, il est préférable de l’éviter. Dans la
phrase Bien que le vent souffle en fortes rafales, les
kangourous continuent de sauter au risque d’être déviés
de leur trajectoire, la subordonnée conjonctive bien
que le vent souffle en fortes rafales, introduite par la
locution conjonctive bien que, est complément
circonstanciel de concession de la principale.

La subordonnée de condition
Elle est introduite par si, à condition que, pourvu que,
en admettant que, pour peu que, en supposant que, à
supposer que, si tant est que, à moins que, suivant que,
selon que, au cas où, etc. Dans la phrase Si les rafales
de vent s’emparent des kangourous, elles risquent de les
plaquer violemment contre les troncs d’arbres, la
proposition subordonnée conjonctive si les rafales de
vent s’emparent des kangourous est complément
circonstanciel de condition de la proposition
principale.

La subordonnée de
comparaison
Elle est introduite par comme, aussi… que, plus…
que, moins… que, plus que, moins que, d’autant plus
que, le même que, etc. Dans la phrase L’éléphant est
plus grand que le kangourou, la subordonnée
conjonctive plus… que le kangourou est averbale
(sans verbe), comme beaucoup de subordonnées de
comparaison. Mais les subordonnées de
comparaison peuvent aussi posséder un verbe : Les
sauts du kangourou sont d’autant plus dangereux qu’ils
sont effectués dans une pièce au plafond bas.
Les propositions subordonnées
interrogatives
Les propositions subordonnées interrogatives sont
introduites par les pronoms interrogatifs qui, que,
quoi, où, lequel et ses composés ou par les adverbes
d’interrogation quand, comment, pourquoi, combien.
Dans la phrase Je voudrais bien savoir qui chantait, la
proposition subordonnée interrogative indirecte qui
chantait est complément d’objet direct du verbe
savoir.

Les propositions subordonnées


infinitives
La subordonnée infinitive comporte un verbe à
l’infinitif qui est son verbe principal. Le sujet de ce
verbe doit être aussi le complément d’objet direct
de la proposition principale. Par exemple, dans la
phrase Je regarde les kangourous voler dans les rafales
de vent par-dessus les étangs, la subordonnée
infinitive est les kangourous voler dans les rafales de
vent par-dessus les étangs, car son noyau est
l’infinitif voler dont le sujet kangourous est aussi
COD du verbe de la principale. Cette subordonnée
infinitive est COD de la principale.

LE PROBLÈME EST DE SAVOIR…

Le qu’est-ce que de l’interrogation directe se


transforme en ce que dans l’interrogation indirecte,
de même que le qu’est-ce qui se transforme en ce
qui. Ainsi, on dira  : Qu’est-ce qui m’arrive  ? si on
emploie l’interrogation directe, mais  : Je me
demande ce qui m’arrive si on emploie
l’interrogation indirecte (et non  : Je me demande
qu’est-ce qui m’arrive). Qu’est-ce qui lui arrive  ?
devient : Je me demande ce qui lui arrive (et non : Je
me demande qu’est-ce qui lui arrive). Qu’est-ce qui
s’est passé  ? devient  : Nous aimerions savoir ce qui
s’est passé. Qu’est-ce qu’il faut en penser  ? Là est le
problème devient : Le problème est de savoir ce qu’il
faut en penser (et non  : Le problème est de savoir
qu’est-ce qu’il faut en penser).

Les propositions subordonnées


participiales
La subordonnée participiale a pour verbe principal
un participe présent ou un participe passé
possédant un sujet propre qui ne soit pas aussi
celui de la proposition principale. Dans la phrase Le
vent ayant soufflé très fort, tous les kangourous se
retrouvèrent à la mer, nageant avec leurs petits bras, la
proposition subordonnée participiale est le vent
ayant soufflé très fort, car son noyau est le participe
passé ayant soufflé qui possède son sujet propre : le
vent. Le groupe nageant avec leurs petits bras n’est
pas une proposition participiale, car le sujet de
nageant (tous les kangourous) est le même que celui
du verbe de la proposition principale (se
retrouvèrent). Nageant avec leurs petits bras est donc
un groupe participial complément circonstanciel de
manière du verbe se retrouver.

Les propositions nominales


Les propositions nominales ont pour noyau, non
pas un verbe conjugué, mais un nom. Elles peuvent
être réduites à un seul nom, ou bien ce nom peut
être complété. Voici par exemple une succession de
propositions nominales  : Kangourous. Éléphants.
Vent. Chanteurs. Son univers  ! Son obsession de
l’instant  ! L’illumination soudaine qui lui a évité le
manque d’exotisme et l’inspiration casanière  ! Il faut
noter que les trois dernières propositions
nominales sont aussi des propositions
exclamatives.

Autres propositions
Le noyau de certaines propositions peut être réduit
à un seul mot (comme pour les nominales). Ce peut
être un adjectif, une interjection, une onomatopée,
un pronom, etc. Ces propositions sont dites
averbales (sans verbe). Ces mots peuvent aussi être
complétés, parfois longuement, par d’autres
groupes ou propositions aux fonctions diverses.
Dans le slogan Pratique  ! Efficace  ! Révolutionnaire  !
Pour tout marsupial volant  : le filet à kangourous !, les
trois premières propositions sont averbales, leur
noyau est un adjectif qualificatif, et la dernière est
une nominale.
Chapitre 17
L’accord du participe passé
DANS CE CHAPITRE :

» Savoir reconnaître un participe passé

» Connaître la règle d’accord du participe passé

» Acquérir une méthode infaillible pour appliquer la règle

» Maîtriser les cas particuliers

L’ plat ? Ce n’est ni compliqué ni tortueux. Il suffit


accord du participe passé ? Pourquoi en faire un

de savoir ce qu’est un participe passé, de poser les


bonnes questions pour pouvoir l’accorder ou non,
et voilà, le tour est joué ! Tous ceux qui s’effraient
de cet accord et décident qu’on devrait le supprimer
parce qu’ils ne le maîtrisent pas se privent d’une
petite gymnastique mentale bien utile pour
comprendre sans ambiguïté le sens de la phrase.
Qu’est-ce que le participe
passé ?
Pour pouvoir l’accorder, il faut le connaître et le
reconnaître, souvent rapidement car, si l’écrit offre
le temps de la réflexion, la phrase orale interdit
l’hésitation. Il importe donc d’installer de solides
réflexes afin que l’accord deviennne presque
automatique.

Un mode et un temps
Vous avez entendu parler de l’indicatif, du
subjonctif, du conditionnel, etc. Vous savez que ce
sont des modes verbaux à l’intérieur desquels on
trouve des temps (le présent, l’imparfait…). Savez-
vous que le participe est un mode au même titre
que les autres ? Ce mode comporte deux temps : le
présent et le passé. Rappelez-vous, nous avons déjà
parlé du participe présent pour le différencier de
l’adjectif verbal  : le participe présent se termine
toujours par ant et il est invariable. Cela fut décidé
par l’Académie française en  1679. En revanche, le
participe passé est demeuré variable pour éviter les
doubles sens.
Où le trouve-t-on ?
Le participe passé sert à conjuguer les temps
composés (c’est-à-dire composés d’un auxiliaire  –
  être ou avoir  –  et suivis du participe passé). Les
plus utilisés, le passé composé et le plus-que-
parfait de l’indicatif, permettent d’identifier
immédiatement le participe passé d’un verbe. Par
exemple, dans Le contribuable a écrit une lettre au
percepteur, vous reconnaissez le passé composé de
l’indicatif (a écrit), composé du verbe avoir employé
comme auxiliaire (a) et du participe passé (écrit).
LA DERNIÈRE LETTRE DU PARTICIPE PASSÉ

Quelle est la dernière lettre du participe passé non


accordé ? Il est très simple de la trouver : il suffit de
mettre mentalement le participe passé au féminin
et d’enlever ensuite la marque de l’accord au
féminin, c’est-à-dire le e. Par exemple, vous
cherchez la dernière lettre du participe passé du
verbe écrire. Écrire fait écrite au féminin  : il suffit
d’enlever le e, et on obtient le participe passé écrit
(j’ai écrit). Pour le verbe suivre, cela donne suivi (j’ai
suivi)  : le féminin étant suivie, on enlève le e pour
obtenir l’orthographe du participe passé. Pour
pouvoir, cela donne pu (j’ai pu), et non put qui est le
passé simple (pouvoir ne fait pas pute au féminin,
son participe passé ne possède d’ailleurs ni féminin
ni pluriel).

Accorder ou ne pas accorder…


Là est la question… Cette alternative
shakespearienne représente un petit drame qui
peut se jouer à n’importe quel moment de la
journée dans beaucoup de nos phrases. Vais-je
dire : Les fleurs que j’ai offertes… ou : Les fleurs que j’ai
offert… On peut régler le problème en disant  : Le
bouquet que j’ai offert…, où la marque de l’accord
n’apparaît pas… C’est une solution, mais ce n’est
pas la meilleure. L’important, pour tout ce qui
concerne l’accord du participe passé, c’est d’avoir,
non des astuces, mais des certitudes.

Un peu d’histoire
En ancien français, le participe passé est tantôt
accordé, tantôt invariable. Au XVIe siècle, le poète
Clément Marot supporte mal ce flottement, source
d’imprécisions dans la phrase  ; il écrit alors une
épître célèbre qui commence par  : «  Enfans, oyez
une leçon  : /Nostre langue ha ceste façon/Que le terme
qui va devant/Volontiers régit le suivant/ Les vieux
exemples je suivray/Pour le mieux : car, à dire vray, /La
chanson fut bien ordonnée, /Qui dit  : m’amour vous ay
donnée… »

Pour comprendre cet accord féminin, il faut savoir


qu’à cette époque amour est féminin, ce qui donne :
Mon amour je vous ai donnée, où le complément
d’objet direct est amour (je vous ai donné quoi  ?
mon amour), l’accord se fait donc avec ce
complément seulement s’il est placé avant le verbe.
Au XVIIe siècle, Vaugelas précise et complète cette
règle. Enfin, c’est au XVIIIe siècle que se fixent les
règles que nous devons observer aujourd’hui.

Et aujourd’hui ?
La règle d’accord du participe passé n’a jamais été
aussi précise, aussi codifiée  ; mais, à l’oral, elle
demeure incertaine, indécise. La vision un peu
floue que chacun possède du participe passé en est
une des causes, mais c’est surtout l’absence de
retour mental sur la globalité du message délivré
qui empêche les accords. En effet, on parle en
faisant du mot à mot, rarement en contrôlant la
totalité des termes d’une phrase, en maîtrisant
complètement l’idée qu’on émet. Cela explique non
seulement la raréfaction de l’accord du participe
passé, mais aussi les accords fantaisistes de lequel
ou des autres relatifs composés, l’emploi fautif de
dont, son remplacement par des que bizarres, et
bien d’autres erreurs.
LES ABRÉVIATIONS

Afin de rendre moins longues, verbalement, les


recherches, on use souvent d’abréviations faciles à
décoder  : COD (prononcer céodé) signifie, vous le
savez maintenant, complément d’objet direct  ; COI
(céo-i) est l’abréviation de complément d’objet
indirect ; vous pouvez aussi rencontrer CC (cécé), qui
veut dire complément circonstanciel (CC de lieu, CC
de cause…). N’abusez pas de ces abréviations, le
sigle ne possède jamais la clarté de ce qu’il
remplace.

Les participes passés


Vous pouvez rencontrer deux catégories de
participes passés :
» Les participes passés employés comme adjectifs,
appelés plus couramment participes adjectifs. Ils
sont tirés de verbes et accompagnent des mots
qu’ils qualifient exactement comme le feraient des
adjectifs qualificatifs : Les livres vendus ne seront
pas repris. Vendus est un participe adjectif : il a le
rôle d’un adjectif mais est tiré d’un verbe.
» Les participes passés qui suivent un auxiliaire.
C’est d’eux qu’il s’agit lorsqu’on parle de la règle de
l’accord du participe passé.

La règle
La règle de l’accord du participe passé est tellement
peu compliquée qu’on se demande qui, ou quoi, la
rend si rébarbative, si confuse parfois. À vous de
juger de cette simplicité. La voici :

Conjugué avec l’auxiliaire être, le participe passé


s’accorde en genre et en nombre avec le sujet du
verbe.

Conjugué avec l’auxiliaire avoir, le participe passé


s’accorde avec le complément d’objet direct si
celui-ci est placé avant le verbe.

Et c’est tout !

Connaissez-vous bien être et


avoir ?
Depuis quelques paragraphes, vous n’éprouvez plus
de difficultés pour reconnaître le participe passé.
Mais savez-vous que, dans la plupart des cas, les
erreurs d’accord du participe passé proviennent
d’une confusion entre les auxiliaires être et avoir  ?
Connaissez-vous bien ces deux verbes  ? Ne
confondez-vous pas sont et ont lorsqu’il s’agit
d’effectuer un accord  ? Faites-vous bien la
différence entre ont été (passé composé d’être) et
ont eu (passé composé d’avoir)  ? Tout cela est-il
bien installé dans vos réflexes  ? La règle est
radicalement différente selon que le participe passé
est employé avec être ou avec avoir. Bien posséder
ces conjugaisons est donc capital.
ÉTANT DONNÉ…

Lorsque étant donné est placé avant le nom auquel


il se rapporte, il demeure invariable  : Étant donné
les circonstances de la chose…  ; Étant donné trois
points A, B, C… Placée après le nom, cette
expression s’accorde : Cette solution étant donnée… ;
Trois points A, B, C étant donnés… (Non) compris,
excepté, mis à part, passé, suivent la même règle : Ce
loyer, non compris les charges… ; Ce loyer, les charges
comprises…  ; Excepté les articles en solde, tout doit
être exposé en vitrine  ; Les articles en solde exceptés,
tout a été rangé  ; Mis à part ces chaussettes…  ; Ces
chaussettes mises à part… Antéposé, y compris est
invariable  ; postposé, on peut éventuellement
l’accorder. Vu et attendu, ne pouvant être utilisés
qu’avant le nom, demeurent invariables  : Vu les
réclamations faites par la population…

La chasse au complément
d’objet direct
C’est surtout dans cette phase de recherche que se
produisent les erreurs. Tout bêtement parce que le
complément d’objet direct est mal maîtrisé, mal
connu. On croit le compter parmi les connaissances
de vieille date, mais dès qu’on veut l’identifier il se
défile. Qu’est-ce, déjà, que le complément d’objet
direct  ? Comment le trouver  ? Quelles questions
poser ? Effectuons une chasse d’entraînement pour
en capturer un, dans cette phrase par exemple : Les
îles que j’ai découvert (?) sont magnifiques. Où se
trouve le complément d’objet direct  ? Posez la
question quoi ? au verbe  : j’ai découvert quoi  ? que
mis pour les îles. Le COD est placé avant le verbe,
donc on accorde. On doit dire  : Les îles que j’ai
découvertes…

FAIT

Voici un cas particulier que vous pouvez vous


mettre en mémoire tout de suite. Lorsque le
participe passé fait est suivi d’un infinitif, il est
invariable : Les employées de cette directrice l’ont fait
démissionner.

De la méthode
De la méthode avant toute chose  ! Rappelez-vous
quand vous avez appris à conduire une voiture  :
vous avez cru ne jamais pouvoir embrayer, passer
une vitesse et accélérer en même temps, tout en
regardant dans le rétroviseur et devant vous… Pour
l’accord du participe passé, il faut aussi coordonner
plusieurs actions, et que tout se fasse très
rapidement pour ne pas passer son temps à faire de
la grammaire en écrivant. Mais au stade où nous en
sommes nous allons prendre notre temps, faire une
sorte de ralenti sur image, voir tout ce qui doit se
passer dans la tête quand on rencontre le participe
passé.

Identifiez avec précision


l’auxiliaire
S’il s’agit de l’auxiliaire être, l’accord se fait avec le
sujet : Les fleurs sont coupées par le jardinier (coupées
s’accorde avec fleurs). Attention, le sujet n’est pas
forcément avant le verbe, il peut être inversé : C’est
à l’aube que sont revenues les voyageuses (revenues
s’accorde avec voyageuses). Entre le verbe et le sujet
inversé, on peut même avoir un complément
circonstanciel  : C’est dans la soirée que sont arrivés,
sans prévenir qui que ce soit, les contrôleurs (arrivés
s’accorde avec contrôleurs).

S’il s’agit de l’auxiliaire avoir, on accorde avec le


complément d’objet direct s’il est placé avant le
verbe, quelle que soit la catégorie à laquelle il
appartient (nom, pronom…).

DIT, DÛ, CRU, PU, SU,

Répétez cette liste  : dit, dû, cru, pu, su… Facile à


retenir, non  ? Cependant, il faut y ajouter  : pensé,
permis, prévu, voulu. Conjugués avec avoir, ces
participes passés sont invariables lorsqu’ils sont
suivis d’un infinitif ou d’une proposition sous-
entendus (lesquels sont alors COD placés après) : Il
a effectué toutes les recherches qu’il a pu (faire) ; Il n’a
pas obtenu tous les avantages qu’il avait cru (qu’il
obtiendrait).

Chasse au COD (suite)


Un premier entraînement vous a permis de vous
remettre en mémoire quelques renseignements
concernant le complément d’objet direct. Il vous est
nécessaire d’approfondir cette fonction pour ne
jamais vous tromper dans sa recherche. Pour
trouver le COD, questionnez le verbe. Posez-lui la
question qui  ? ou la question quoi  ? Mon chien
regarde les voitures. Il regarde quoi  ? les voitures, qui
est le COD. La réponse à cette question vous permet
d’identifier l’objet sur lequel porte l’action
exprimée par le verbe. Cet objet complète le verbe.
C’est le complément d’objet direct. Pourquoi
direct  ? Parce qu’il est construit directement, sans
préposition entre le verbe et la question qui  ? ou
quoi ? Si l’objet répondait à la question de qui ?, de
quoi, à qui ?, à quoi ?, etc., ce serait un complément
d’objet indirect, qui n’entre pas dans la règle, donc
on n’accorderait pas.

Le COD peut être  : un nom commun  ; un pronom


relatif (que) : Les voitures que mon chien a regardées  ;
un pronom personnel (le, la, les, me, te, se, nous,
vous)  : Il ne les a pas comptées (les est mis pour
voitures, c’est un pronom personnel COD placé
avant le verbe, donc accord) ; Cette constatation, nous
l’avons faite ensemble (l’ est mis pour constatation,
c’est un pronom personnel placé avant le verbe,
donc accord).
COURU, COÛTÉ, DORMI…

Les participes passés couru, coûté, dormi, duré,


régné, valu, vécu sont invariables lorsqu’ils sont
employés au sens propre, car leur complément
n’est pas un COD, mais un CC de temps  : Les vingt
minutes que j’ai couru… (j’ai couru combien de
temps ?, et non quoi ?), ou un CC de prix : Les deux
mille euros que m’a coûté cette montre… (cette
montre m’a coûté combien  ?, et non quoi  ?). En
revanche, employés au sens figuré, ces participes
passés s’accordent : Les dangers que j’ai courus… (j’ai
couru quoi  ? que, COD, mis pour les dangers)  ; Les
efforts que m’a coûtés ce travail… (ce travail m’a
coûté quoi ? que, COD, mis pour les efforts).

Pas de zèle
Un verbe ne possède pas forcément de COD. Il ne
faut pas vous obstiner à vouloir lui en trouver un
s’il n’en a pas. Dans ce cas, tout simplement, vous
n’accordez pas. Le verbe plaire, par exemple, n’a
jamais de COD. On ne verra donc jamais son
participe passé accordé : Ces expositions nous ont plu.
Le piège habituel consiste à confondre le COD (qui
répond à la question qui ? ou quoi ?) et le COI (qui
répond à la question de qui  ?, de quoi  ?, pour qui  ?,
pour quoi  ?, etc.). C’est la porte ouverte à tous les
accords fautifs. Par exemple, dans la phrase Les
habitantes à qui nous avons parlé sont accueillantes, le
verbe avons parlé a pour complément à qui, mis pour
les habitantes : c’est un complément d’objet indirect
(nous avons parlé à qui ?) à cause de la préposition à
devant qui. Enfin, si le complément d’objet direct
est placé après le verbe, inutile de vouloir faire
l’accord.

Lorsque « l’ » est COD


Attention, lorsque l’est complément d’objet direct,
il peut signifier cela, pronom neutre, et l’accord ne
se fera donc pas. Par exemple  : Sa santé s’est
détériorée plus vite qu’on ne l’aurait imaginé (plus vite
qu’on n’aurait imaginé quoi ? la réponse est l’, mis
pour cela, donc on n’accorde pas). Mais, dans la
majeure partie des cas, l’ remplace tout simplement
un nom cité auparavant, et l’accord doit se faire  :
Cette émission de télévision était intéressante, je l’ai
regardée jusqu’à la fin.
Lorsque « le » participe passé
est précédé de « en »
La règle est simple  : lorsque le complément du
verbe est en, on n’accorde pas le participe passé. Les
avocats n’étaient pas chers, j’en ai acheté. On part du
principe que en est mis pour de cela et que la
présence de de empêche de considérer qu’il y a un
COD. De plus, il ne représente pas avec certitude le
nombre (j’ai pu n’acheter qu’un avocat). Donc,
même si certains auteurs ont accordé le participe
passé avec en et ce qu’il représentait, ne les imitez
pas (après tout, ils ne connaissaient peut-être pas
la règle  !). Vous pouvez laisser dans tous les cas le
participe passé complété par en invariable, même
s’il existe des cas où, éventuellement, on peut
accorder (notamment avec combien) : vous êtes sûr
de ne pas vous tromper !

Le participe passé des verbes


impersonnels
Connaissez-vous les verbes impersonnels ou
employés impersonnellement  ? C’est tout simple  :
le pronom personnel qui les gouverne a la couleur
d’un pronom personnel, l’orthographe d’un
pronom personnel, mais ce n’est pas un pronom
personnel. Par exemple, dans Il pleut, il a
l’apparence d’un pronom personnel mais, comme il
ne représente personne, on peut l’appeler un
pronom impersonnel. Lorsqu’on rencontre des
verbes qui ont ce genre de sujet, on les appelle des
verbes impersonnels  –  ou employés
impersonnellement si ce il est accidentel. Le
participe passé de ces verbes est toujours
invariable : Les tremblements de terre qu’il y a eu dans
ce pays…  ; Quelle intelligence il leur a fallu pour créer
cette machine !

Des causes d’erreurs


courantes
Les erreurs viennent d’une mauvaise identification
du COD ou d’un manque d’attention pour identifier
l’auxiliaire. Dans cette phrase, par exemple  : Les
représentants que les jeunes filles ont rencontrées
partent aujourd’hui…, sauriez-vous dire pourquoi le
participe passé rencontrées est mal accordé  ? Ou
bien le COD n’a pas été identifié, la question qui  ?
n’ayant pas été posée au verbe ont rencontré  ; ou
bien ont (auxiliaire avoir) a été confondu avec sont
(auxiliaire être), et l’accord a alors été effectué,
fautivement, avec le sujet.

Comment accorder
correctement ce participe
passé ?
Après avoir identifié l’auxiliaire avoir, vous vous
dites qu’il faut poser la question qui ? au verbe afin
de trouver le COD. La réponse à cette question est
que, pronom relatif remplaçant les représentants,
masculin pluriel. Que est le COD d’ont rencontré. Il
est placé avant le verbe, donc on accorde en genre
et en nombre avec ce COD. Et on écrit  : Les
représentants que les jeunes filles ont rencontrés… Si le
sujet était inversé, cela ne changerait rien  : Les
représentants qu’ont rencontrés les jeunes filles…

Et si vous appliquiez la
méthode ORDR ?
Voici par exemple une phrase où se trouve un
participe passé qu’il faut peut-être accorder, peut-
être pas  : Ces gravures sont rares  ; l’antiquaire les a
découvert (?) dans un grenier.
Observation  : découvert est conjugué avec
l’auxiliaire avoir, c’est un participe passé. Une règle
d’accord existe, elle doit être appliquée.

Réflexion  : vous posez la question au verbe  :


l’antiquaire a découvert quoi  ? La réponse semble
être les, pronom personnel, mis pour ces gravures,
qui est du féminin pluriel.

Décision  : les se révèle bien le complément d’objet


direct, il est placé avant le verbe. Il faut donc faire
l’accord, la décision est prise.

Rédaction  : attention, après avoir conduit un bon


raisonnement, il ne faut pas vous tromper dans la
phase de rédaction. Le féminin et le pluriel doivent
être appliqués au participe passé, ce qui donne  :
L’antiquaire les a découvertes dans un grenier.

Et si le participe passé est


suivi d’un infinitif ?
Bonne question  ! La réponse est toute simple  : si
l’infinitif est le COD du verbe qui le précède,
l’accord du participe passé ne se fait pas (lorsque le
COD est placé après, on n’accorde pas, rappelez-
vous la règle)  ; si le COD du verbe n’est pas
l’infinitif, mais un mot situé dans ce qui le précède,
on accorde (lorsque le COD est placé avant, on
accorde).

Passons au concret  : Les artistes que j’ai vu (?) créer


dans leur atelier… J’ai vu qui  ? que, pronom relatif
mis pour les artistes, masculin pluriel. Le COD est
placé avant, donc on accorde en genre et en
nombre  : Les artistes que j’ai vus créer dans leur
atelier… On pourrait écrire  : Les artistes que j’ai vus,
qui créaient dans leur atelier…

Maintenant, voici une phrase presque identique  :


Les artistes que j’ai vu (?) expulser de leur atelier… J’ai
vu quoi  ? expulser, l’action d’expulser accomplie par
les forces de l’ordre. Cet infinitif expulser est le COD
du verbe ai vu.

Mais alors, le pronom relatif que, direz-vous ? Tout


à l’heure, il était COD d’ai vu  ! Bien vu, mais
maintenant ce que est COD de l’infinitif expulser.
Récapitulons  : le COD d’ai vu étant expulser, placé
après, on n’accorde pas et on écrit : Les artistes que
j’ai vu expulser de leur atelier.

Et voilà ! C’est tout simple !


JE L’AI CRUE INDIFFÉRENTE

Les verbes trouver, juger, rendre, etc. introduisent


souvent ce qu’on appelle un attribut du COD  : Je
trouve ces acteurs excellents (excellents est attribut
du COD acteurs  : excellents est une qualité qu’on
leur attribue). Le participe passé de ces verbes
s’accorde avec le COD s’il est placé avant  : Ces
acteurs que j’avais trouvés excellents… ; Cette femme,
je l’ai parfois crue indifférente (l’, mis pour femme, est
COD, placé avant ai crue).

Tournure interrogative
À la tournure interrogative, le complément d’objet
direct se trouve la plupart du temps placé avant le
verbe. L’accord doit donc être effectué  : Quelles
satisfactions avez-vous retirées de cette affaire  ? (vous
avez retiré quoi ? les satisfactions, COD placé avant le
verbe, on accorde)  ; Quelle question m’avez-vous
posée  ? (le COD de posée est placé avant). Mais, si
l’interrogation est seulement dans le ton de la
question, sans que soit utilisée la structure
interrogative, on aura  : Vous m’avez posé quelle
question  ? (le COD de posé est placé après). Même
règle pour la tournure interro-négative  : Quelles
garanties cet aventurier n’aurait-il pas offertes pour
pouvoir partir ?

Accordez le participe passé des


verbes pronominaux
Vous connaissez la règle de l’accord du participe
passé, vous savez qu’il faut être très vigilant pour
identifier les auxiliaires, pour poser les bonnes
questions afin d’identifier le COD. Nous voici
maintenant dans une zone plus délicate de l’accord
du participe passé  : celle concernant les verbes
pronominaux.

Qu’est-ce qu’un verbe


pronominal ?
Dans pronominal, vous remarquez qu’il y a pronom.
Le verbe pronominal est toujours accompagné d’un
pronom personnel complément qui, lors de la
conjugaison, va représenter la même personne que
celle du sujet. Par exemple : se plaindre est conjugué
de la façon suivante  : Je me plains, où je et me
représentent la même personne. Dans Je te plains, le
verbe n’est pas pronominal, car je et te ne
représentent pas la même personne. Il existe deux
catégories de verbes pronominaux :
» Les verbes occasionnellement pronominaux.
Par exemple, retourner n’est pas un verbe
pronominal. Si on le fait précéder du pronom se
(se retourner), il le devient.

» Les verbes essentiellement pronominaux. On


ne peut conjuguer ces verbes à une autre voix que
la voix pronominale : se souvenir ne peut se passer
du pronom personnel se, on ne peut souvenir
quelqu’un ou souvenir de quelqu’un.

Quelle est la règle pour les


verbes pronominaux ?
C’est la même que pour les autres  : le participe
passé s’accorde avec le COD s’il est placé avant le
verbe. La recherche du COD est cependant moins
facile que pour les verbes non pronominaux. Tout
simplement parce qu’il faut savoir ceci  : le verbe
pronominal se conjugue avec l’auxiliaire être, mais
pour accorder le participe passé on doit faire
comme si c’était l’auxiliaire avoir. Non  ! ne criez
pas à la complication, c’est très facile à appliquer, il
suffit de l’intégrer  ! Prenons cet exemple  : Elles se
sont maquillées. Vous posez la question suivante  :
elles ont maquillé qui ? La réponse est se, pronom
personnel mis pour elles, féminin pluriel. Voilà
pourquoi maquillées prend le e du féminin et le s du
pluriel.

Bien localiser le COD


On écrit : Elles se sont maquillées, mais : Elles se sont
maquillé les yeux. Vous l’avez remarqué  : dans la
première phrase maquillées est accordé, dans la
seconde phrase ce participe passé ne l’est pas.
Pourquoi ?
» Observation : maquillées et maquillé sont bien
deux participes de verbes employés à la voix
pronominale (se maquiller). On doit donc appliquer
la règle spécifique à ce genre de verbe : remplacer
l’auxiliaire être par l’auxiliaire avoir.

» Réflexion : dans Elles se sont maquillé les yeux, on


pose la question : elles ont maquillé quoi ? Et on
obtient la réponse : elles ont maquillé les yeux,
placé après le participe passé. Pour information,
se est devenu COI (elles ont maquillé les yeux de
qui ? de se mis pour elles – la question de qui ?
permet de trouver le complément d’objet indirect).

» Décision : puisque le COD yeux est placé après le


verbe, on n’accorde pas.

» Rédaction : Elles se sont maquillé les yeux est écrit


en toute connaissance de cause.
SE SUCCÉDER

Pomme de discorde, occasion de discussions


interminables… Le verbe se succéder a donné lieu à
de belles empoignades parfois dans les salles de
rédaction, ou dans les ateliers de composition
typographique, ou partout ailleurs où il fallait
décider si on écrivait  : Elles se sont succédées ou
Elles se sont succédé. Vous avez trouvé la réponse  :
le verbe succéder ne pouvant avoir de COD (on ne
peut succéder quelqu’un, mais on succède à
quelqu’un, à indiquant qu’on a un complément
d’objet indirect), succédé doit donc rester invariable
en toute occasion. On écrit alors  : Les festivités se
sont succédé  ; Les manifestations se sont succédé.
Même règle pour se plaire, se déplaire, se nuire, se
parler, se ressembler, se sourire, se suffire, etc.

Le cas des verbes


essentiellement pronominaux
Vous les connaissez, mais vous ne vous étiez jamais
aperçu de leur particularité  : certains verbes ne se
conjuguent qu’à la voix pronominale. Par exemple,
se blottir  : ce verbe est toujours accompagné du
pronom personnel se, on ne peut blottir quelqu’un ;
il en est de même pour se méfier, se recroqueviller,
etc. Pour l’accord de leur participe passé, on ne
peut transformer l’auxiliaire en auxiliaire avoir. Ils
suivent donc un régime particulier  : leur participe
passé s’accorde en genre et en nombre avec le sujet
comme pour les verbes conjugués avec l’auxiliaire
être  : Les concurrentes se sont souvenues de leur
parcours  ; Les enfants se sont blottis contre leurs
parents  ; Les auditeurs se sont méfiés de cette
information.

Une bonne cinquantaine


Les verbes essentiellement pronominaux (qui ne
peuvent se conjuguer qu’à la voix pronominale)
sont une bonne cinquantaine : s’absenter, s’abstenir,
s’accouder, s’accroupir, s’adonner, s’agenouiller,
s’arroger (attention  : ce verbe est le seul parmi les
pronominaux proprement dits à ne pas suivre la
règle ; on lui applique celle des pronominaux ayant
un COD), ce qui donne  : Les titres qu’ils se sont
arrogés, mais : Ils se sont arrogé des titres), se blottir,
se dédire, se démener, se désister, s’ébattre, s’ébrouer,
s’écrier, s’écrouler, s’efforcer, s’élancer, s’emparer,
s’empresser, s’enfuir, s’enquérir, s’entraider, s’envoler,
s’éprendre, s’esclaffer, s’évader, s’évanouir, s’évertuer,
s’exclamer, s’extasier, se formaliser, se gargariser, se
gendarmer, s’immiscer, s’ingénier, s’insurger, se
méfier, se méprendre, s’obstiner, se pâmer, se
prosterner, se raviser, se rebeller, se rebiffer, se récrier,
se recroqueviller, se réfugier, se renfrogner, se repentir,
se souvenir, se suicider, se targuer.

ILS SE SONT DONNÉ RENDEZ-VOUS

Formule fréquente et fréquemment mal


orthographiée. Vous savez maintenant comment
procéder  : se donner étant un verbe employé
pronominalement, on remplace l’auxiliaire être par
avoir. Question : ils ont donné quoi ? Réponse  : ils
ont donné rendez-vous. Rendez-vous est le COD, il
est placé après, donc pas d’accord (se, répondant à
la question à qui  ?, est complément d’objet
indirect).

Les suites périlleuses


On peut qualifier de suites périlleuses plusieurs
participes passés dépendant d’un même auxiliaire
et qui se succèdent dans une phrase, mais dont l’un
s’accorde, l’autre pas, et ainsi de suite. C’est l’une
des ressources principales des créateurs de dictées
de concours.

Par exemple, on aura la phrase suivante : Ils se sont


rencontrés, ils se sont plu, ils se sont embrassés, ils se
sont menti, ils se sont haïs, ils se sont nui, ils se sont
détestés, puis ils se sont souri, enfin ils se sont
réconciliés.

Rien de compliqué dans cette suite  : il suffit de


questionner chaque verbe pour savoir s’il a un COD
et où est placé ce COD. Ils se sont rencontrés : ils ont
rencontré qui  ? se, placé avant, mis pour ils, donc
l’accord est fait.

Ils se sont plu  : ils ont plu à qui  ? Avez-vous


remarqué à  ? La construction n’est plus directe,
mais indirecte : se est donc non pas COD mais COI,
on n’accorde pas. Et ainsi de suite…

Ils ont l’air de pronominaux


Certains verbes ressemblent à des verbes
pronominaux, mais le pronom personnel
complément «  se  » ne représente pas la même
personne que le sujet, il ne représente en fait rien
du tout ou presque car il sert à former un sens
nouveau au verbe. Concrètement, le verbe
s’apercevoir de ne signifie pas apercevoir soi, mais se
rendre compte, prendre conscience de. Plusieurs
verbes, outre s’apercevoir, appartiennent à cette
catégorie  : s’acharner, s’achopper, s’approprier,
s’attacher à, s’attaquer, s’attendre, s’aviser, se douter,
s’échapper, s’ennuyer, se jouer, se plaindre, se prévaloir,
se refuser à, se résoudre à, se ressentir de, s’en retourner,
se saisir, se servir, se taire. Étant donné que le pronom
personnel se fait corps avec ces verbes, leur
participe passé s’accorde avec le sujet : « Ils se sont
plaints, elles se sont ennuyées, ils se sont échappés ».

Le verbe pronominal suivi


d’un infinitif
C’est toujours la même règle qui doit être
appliquée. On écrit  : Elles se sont laissé séduire, et
ensuite : Elles se sont laissées mourir. Pourquoi, dans
la première phrase, laissé ne s’accorde-t-il pas,
alors que dans la seconde il s’accorde ?
Dans Elles se sont laissé séduire, cherchons le COD  :
elles ont laissé quoi  ? La réponse est séduire, elles
ont laissé cette action s’accomplir  ; séduire est le
COD, placé après, donc pas d’accord (se est COD de
l’infinitif séduire).

Dans Elles se sont laissées mourir, on pose la


question  : elles ont laissé qui  ? La réponse est se,
c’est-à-dire elles-mêmes, accomplir l’action de
mourir (dans l’exemple précédent, elles
n’accomplissaient pas l’action de séduire). Se est le
COD, il est placé avant, donc on accorde au féminin
pluriel.

Changer d’attitude
Depuis des siècles, l’accord du participe passé
existe. Certains en appliquent les règles
scrupuleusement. D’autres, sans avoir pris la peine
ou le soin de les fixer, les ignorent ou s’emportent
contre elles. Il y a mieux à faire…

Un accord finalement très


simple
Finalement, l’accord du participe passé, ce n’est
pas si compliqué, il suffit de poser la bonne
question au verbe, d’obtenir la bonne réponse et
d’agir en conséquence. Pour les verbes conjugués
avec avoir, il suffit de trouver le COD ; tous les cas
de figure ne sont qu’une recension de situations où
la recherche du COD peut être compliquée par
certains verbes, par une construction de phrase
inhabituelle.

Pourtant, dès qu’il est question de l’accord du


participe passé, les certitudes s’effritent, le flou
s’installe, parfois c’est la panique, au point que,
jugeant la situation insupportable, certains
réformateurs voudraient supprimer cette règle. Il
est vrai que la suppression de ce qui ennuie ou fait
douter est une solution radicale. Après la règle
d’accord du participe passé, on pourra ainsi
supprimer celles de l’accord du pluriel, celles de la
conjugaison, et puis toutes les autres, juste assez de
temps pour constater qu’elles sont indispensables.

Un jeu de société
Il serait pourtant simple de substituer, à l’approche
inquiète, angoissée, du participe passé, une
approche ludique. L’accord du participe passé, c’est
un jeu, un jeu de société… Et la société tout entière
peut s’y mettre. Un peu de réflexion sur la phrase
qu’on bâtit ou qu’on dit n’est jamais inutile (n’est-
ce pas tout l’intérêt de la règle  ?). C’est la course
sur les routes, sur les autoroutes, c’est la
précipitation dans le discours. Les mots
bringuebalés s’ajustent à la hâte dans la phrase
pressée. Et les voilà parfois qui ne savent plus de
qui ou de quoi ils parlent. Un simple
questionnement, une recherche de COD, un accord
judicieux, et voilà le doute dissipé. À vous de jouer !
Chapitre 18
L’accord des adjectifs
numéraux
DANS CE CHAPITRE :

» Savoir reconnaître un adjectif numéral

» Écrire les nombres sans hésiter, sans faire d’erreurs

» Évaluer vos acquis

L el’affaire :
passage du franc à l’euro ne changera rien à
il faudra toujours remplir des chèques !
Et, pour les remplir, savoir écrire les nombres sans
faire (trop  ?) d’erreurs. C’est vrai qu’il est gênant,
quand on n’est pas sûr de soi, d’écrire en
lettres 12 787 par exemple : vous avez l’impression
que tout le monde vous regarde, que chacun va
pointer un doigt accusateur sur la faute que vous
allez faire, alors que peut-être personne ne saurait
faire mieux que vous ! Pourtant, il n’est pas difficile
de savoir écrire correctement les nombres. C’est un
jeu d’enfant.
L’adjectif numéral
Si l’écriture des chiffres (1, 2, 3, 4, etc.) nous vient
de l’arabe ou plus exactement de l’Inde avec
laquelle commerçaient les Arabes, l’écriture en
lettres de ces mêmes chiffres nous vient tout droit
du latin. Les chiffres romains, eux, n’ont pas
survécu. Il est vrai que XCVII, c’est moins facile à
écrire que  97  ! Mais savez-vous écrire sans faute
ce 97 en lettres  ? Vous allez le vérifier avec ce qui
suit.

Les numéraux cardinaux


Son nom l’indique  : l’adjectif numéral est en
rapport avec le nombre. De plus, le mot adjectif
indique que, dans le discours, il ne se promène pas
tout seul, il accompagne un nom. Ne vous laissez
pas impressionner par cette longue dénomination ;
l’adjectif numéral, c’est tout simplement : un, deux,
trois, quatre, cinq, six, sept, dix, vingt, etc. Vous les
connaissez depuis longtemps, ils font partie de
votre vie. Ceux que vous venez de lire s’appellent
les adjectifs numéraux cardinaux, bien compliqué
pour désigner les nombres de base, les «  pivots  »
en quelque sorte (puisque l’étymologie latine de
cardinal est pivot ou gond), c’est-à-dire ce qui sert
de base à l’articulation du dénombrement.

À MILLE MILLES DE TOUTE TERRE HABITÉE

Parmi les œuvres d’Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944), Le


Petit Prince peut être lu à tous les âges de la vie. Devenu
adulte, on se rend compte que ce n’est pas vraiment un
conte pour enfants. Dans ce passage où le narrateur entend
pour la première fois le « petit bonhomme », on trouve « mille
milles ». Pourquoi mille, pourquoi milles ? La réponse dans les
pages qui suivent…

«  Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable à mille


milles de toute terre habitée. J’étais bien plus isolé qu’un
naufragé sur un radeau au milieu de l’océan. Alors vous
imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de
petite voix m’a réveillé. Elle disait :

– S’il vous plaît… dessine-moi un mouton ! »

Les numéraux ordinaux


Habitué que vous êtes depuis le début de ce livre à
chercher dans le mot un indice de son sens, vous
avez remarqué qu’ordinaux est en rapport avec le
mot ordre. Les adjectifs numéraux ordinaux
indiquent donc l’ordre, le rang  ; ce sont  : premier,
deuxième, troisième, quatrième, etc. Il a suffi de
prendre les adjectifs numéraux cardinaux et de leur
ajouter le suffixe ième, sauf pour premier (de primus
en latin). On trouve cependant unième dans vingt et
unième, trente et unième, etc.

À la page
Lorsque vingt et cent sont employés pour désigner
le rang, l’ordre, et qu’ils équivalent à vingtième et
centième, ils sont invariables  : Prenez le livre à la
page quatre-vingt  ; Ouvrez ce dossier à la page deux
cent. Il en est de même pour l’année  : l’année mille
neuf cent. Un indiquant le rang ne varie pas : Prenez
ce mémoire à la page cent un, puis à la page un, enfin à
la page quatre-vingt-un. On parle cependant de la
une d’un journal (la page de couverture). Pour
exprimer l’heure, on emploie le féminin lorsque le
mot minute est sous-entendu  : Il est sept heures une
(minute).

Les écrire, les accorder


Les adjectifs numéraux semblent capricieux dans
leur écriture et dans leurs accords. Mais ne serait-
ce pas nous, plutôt, qui ferions des caprices dès
qu’on nous demande d’être un peu plus précis dans
leur rédaction  ? Cinq raisons peuvent vous faire
hésiter quand vous écrivez les nombres :
» Vous revoyez votre instituteur autoritaire et qui
vous avait pris en grippe, alors vous perdez vos
moyens.

» Vous sentez qu’on vous regarde, vous ne


supportez pas qu’on sache que vous hésitez.

» Vous n’avez jamais su écrire les nombres et vous


vous en repentez chaque fois que vous avez à le
faire.

» Vous avez peur d’écrire une somme qui ne


correspond pas à ce que vous pensez.

» Vous pensez au sourire goguenard de celui qui


vous lira et découvrira de toute façon une erreur.

Si l’une de ces raisons vous correspond, ou même si


vous trouvez que toutes vous conviennent, votre
cas n’a rien d’alarmant  : en suivant le programme
ci-dessous, vous allez acquérir l’assurance qui vous
manque.
Écrire sans hésiter les
adjectifs numéraux
Aucune difficulté particulière quand ils voyagent
seuls. Vous savez écrire vingt (qu’on écrivait vint en
ancien français, le g ayant été ajouté au XIIIe siècle
pour rappeler le viginti latin), trente, quarante, cent,
mille. Mais, lorsqu’ils voyagent accompagnés, les
adjectifs numéraux cardinaux doivent respecter une
discipline qui ne nous est pas forcément familière.
En voici les principaux points :
» On utilise le trait d’union pour écrire les adjectifs
numéraux au-dessous de cent, pas au-dessus :
quatre-vingt-dix-huit mais cent un, vingt-sept mille
(vingt-sept est au-dessous de cent) mais deux mille
sept cent trois, quatre-vingt-six mille (quatre-vingt-
six est au-dessous de cent) mais deux mille deux.

» On n’utilise pas de trait d’union dans vingt et un


(ou vingt et unième), trente et un, quarante et un,
cinquante et un, soixante et un, soixante et onze. On
écrit quatre-vingt-un, quatre-vingt-onze.

» Second s’emploie normalement lorsqu’il n’y a pas


de troisième (la Seconde Guerre mondiale – on
espère qu’il n’y en aura pas de troisième…) ;
deuxième est employé lorsque la liste continue
(troisième, quatrième, etc.). La classe de seconde a
sans doute été « contaminée » par le second cycle
auquel elle appartient.

Accorder les adjectifs


numéraux
La règle n’est vraiment pas compliquée mais,
comme celle du participe passé, elle met la plupart
du temps en rogne tous ceux qui ne veulent pas
l’intégrer. Pourtant, là encore, ce n’est qu’un jeu
dont il faut apprendre les règles dans la bonne
humeur. Alors, jouons… En voici les éléments :

Parmi tous les adjectifs numéraux cardinaux, trois


seulement peuvent s’accorder :
» Un, qui devient une dans l’énumération une
voiture, deux voitures, trois voitures, etc.

» Vingt, qui prend un s s’il est multiplié et non suivi


d’un autre adjectif numéral cardinal : quatre-vingts
mais quatre-vingt-sept, mille quatre-vingts mais
quatre-vingt mille (on ne met pas de s à vingt car il
est suivi de l’adjectif numéral mille). Attention :
lorsque vingt est suivi de million ou de milliard, qui
ne sont pas des adjectifs numéraux mais des
noms communs, on l’accorde normalement : cent
quatre-vingts millions, quatre-vingts milliards.

» Cent, qui prend la marque du pluriel s’il est


multiplié et non suivi d’un autre adjectif numéral :
sept cents élèves mais deux cent sept professeurs,
onze cents personnes (cent prend un s parce qu’il
est multiplié par onze) mais mille cent personnes
(cent ne prend pas de s parce qu’il n’est pas
multiplié, il n’y a qu’une fois cent). Suivi de million
ou de milliard, la règle est la même que pour
vingt : « Sept cents millions de Chinois, et moi, et moi,
et moi… »

ZÉRO, CENT

Zéro est un nom commun : il doit donc, au pluriel,


prendre un s (des zéros). Dans l’expression des mille
et des cents, cent prend un s parce qu’il est nom
commun.

Trois mille ? Trois milles ? Trois


miles ?
Les trois sont corrects, mais avec un sens
différent :
» Mille, l’adjectif numéral cardinal, est invariable
sans exception : neuf cent quatre-vingt-sept mille…

» Mille peut être un nom commun. On parle alors


d’un mille. Que désigne ce mille ? Ce peut être le
mille marin ou mille nautique (plus couramment un
nautique), dont la longueur est l’équivalent d’une
minute de méridien terrestre, soit 1 852 mètres.
Mille nom commun (1 852 mètres) s’accorde : La
visibilité en mer est aujourd’hui de trois milles (trois
fois 1 852 mètres, c’est-à-dire 5 556 mètres). Un
mille marin à l’heure, c’est un nœud : un bateau
filant à 20 nœuds parcourt donc 37,04 kilomètres
à l’heure. Mille, c’est aussi le mille romain antique
(mille pas), qui faisait 1 481,5 mètres.

» Mile, qu’on prononce m-aï-l (aï comme dans aïe !),


est une mesure de longueur anglaise qui
fait 1 609 mètres. Elle est aussi utilisée aux États-
Unis, au Canada (au Québec, on l’écrit mille).
ANTÉPÉNULTIÈME

Ultime est issu directement d’ultimus, qui signifie en


latin le plus éloigné, le dernier. En l’unissant à paene,
qui signifie presque en latin, on a obtenu en
français pénultième, qui est l’équivalent d’avant-
dernier. Et Voltaire, qui en avait sans doute besoin,
inventa au XVIIIe siècle antépénultième (d’anté, avant
en latin), qui signifie avant-avant-dernier. Ce terme
est utilisé en grammaire et en métrique, rarement
dans d’autres contextes.
Chapitre 19
L’accord des noms
DANS CE CHAPITRE :

» Accorder les noms communs

» Le pluriel des noms propres

» Le pluriel des mots composés

V à quoi on le reconnaît, à quoi il sert ? Des noms,


ous êtes-vous jamais demandé ce qu’est un nom,

il nous en sort de la bouche comme une mitraille,


visant vaille que vaille leur cible, l’atteignant
souvent, bien plus par abondance que par précision,
ou bien partant à la dérive. N’importe qui peut alors
recevoir en pleine face un mot perdu, ou en plein
cœur. Voilà pourquoi il faut être vigilant avec les
noms, et savoir les ajuster à la phrase. Vous allez
vérifier, dans ce qui suit, vos talents d’ajusteur.

Quel est ton nom ?


Regardez autour de vous  : vous êtes capable de
nommer tout ce qui vous entoure, c’est-à-dire de
donner un nom aux choses, mais aussi aux êtres
qui s’animent dans votre périmètre de vision.
Même votre chien porte un nom (outre que chien,
en soi, est déjà un nom). Comment l’appelez-vous,
au fait ? Kiki ? Chouchou ? Pépette ? Ou Lechien, ou le
classique Médor, le pléonastique Fidèle, ou le
martial César ? Sans doute l’affublez-vous de temps
en temps d’autres noms affectueux, de diminutifs.
Bref, votre chien, à l’image de tout ce que vous
connaissez, se décline en cinq ou six noms, ou
même davantage. Si on fait le total de tous les
noms employés, cela devient innombrable.

Le nom commun et le nom


propre
Deux catégories de noms se côtoient dans le
discours : le nom commun et le nom propre, celui-
ci étant beaucoup moins représenté que celui-là.
Plusieurs critères peuvent permettre de reconnaître
un nom commun :
» Vous pouvez le faire précéder d’un déterminant :
le chien, son maître, le trottoir, la glissade.
» De plus, le nom commun varie en nombre, il
possède un genre (et parfois même deux).

» Le nom commun peut varier en nombre, même


s’il en existe d’invariables (les gaz, les nez…).

Les caractéristiques d’un nom propre sont faciles à


identifier :
» Il commence par une majuscule.

» Il existe peu de cas où il prend la marque du


pluriel.

» Son emploi est plus restrictif que celui des noms


communs : il désigne une seule personne, un seul
groupe d’individus, une seule chose, etc.
HYPOCORISTIQUE !

Le ton qu’on emploie pour prononcer le nom de


quelqu’un qu’on aime, ou le nom du chien, ou celui
du chat, celui du poisson japonais ou celui du
mainate, ne traduit pas toujours l’intensité de
l’affection qu’on lui porte. Aussi avons-nous recours
à des aménagements sonores, souvent répétitifs,
qui traduisent le trop-plein du cœur. Ces
aménagements sonores portent un nom un peu
compliqué  : les hypocoristiques. Hypocoristique
vient d’un mot grec signifiant caresser. Par exemple,
Chouchou, le nom du chien cité plus haut, est un
hypocoristique. Bibiche, métaphore douce et
affectueuse dont certains maris affublent leur
moitié, est un hypocoristique, de même que minou,
minouchet, minouchette, poupoune, poupounet,
poupounette, etc.

Des pluriels singuliers


Si, pour le nom ordinaire (le chien, l’arbre, la patte),
on se contente de mettre un s au pluriel, d’autres
noms possèdent un pluriel qu’on peut qualifier de
«  singulier  » (de singularis en latin qui veut dire
seul, le pluriel de ces mots étant particulier).

Les revoilà : les noms en… ou


Vous ne les avez jamais oubliés, c’est peut-être la
première règle que vous avez apprise à l’école, celle
du pluriel des noms terminés par ou. Vous la
rappelez-vous  ? Ils prennent un s comme les
autres, mais il existe une liste d’exceptions où
cohabitent légume, petite bête, anatomie, etc. Un
drôle d’inventaire en sept mots, enrichi aujourd’hui
d’un huitième :
» Les sept noms en ou qui prennent un x au pluriel
sont : bijou, caillou, chou, genou, hibou, joujou, pou.

» Ripou (un ripou, des ripoux) est né du verlan,


langage où on met à l’envers les syllabes (verlan,
c’est l’envers en verlan…).
LES MÈRES DES HIBOUX…

Le poète Robert Desnos (né à Paris en 1900, mort à Terezin


en République tchèque en 1945) a écrit un charmant poème
où on trouve la liste des sept mots en… ou qui prennent un x.
En voici la première strophe :

Ce sont les mères des hiboux

Qui désiraient chercher les poux

De leurs enfants, leurs petits choux,

En les tenant sur les genoux…

Les noms terminés par al


Peut-être ne vous rappelez-vous plus cette règle.
Relisez-la plusieurs fois, vous allez constater que
vos vieux réflexes vont se remettre en place  : les
noms terminés par al font leur pluriel en… aux (un
journal, des journaux  ; un minéral, des minéraux  ; un
cheval, des chevaux ; un canal, des canaux  ; un littoral,
des littoraux). Mais une règle ne serait pas une règle
si elle ne possédait pas ses exceptions.
» Voici ces exceptions, huit mots qui ont décidé de
jouer « perso » : bal, carnaval, cérémonial, chacal,
festival, pal, récital, régal. On dit donc : des
cérémonials, des chacals, des pals, etc.

» D’autres exceptions existent, d’un emploi moins


courant : des avals, des cantals, des chorals, des
emmenthals, des finals, des gavials, des mistrals, des
nopals, des rorquals, des sisals.

Les noms terminés par au ou


eau
Règle simple, peu d’exceptions : les noms terminés
par au ou eau prennent un x au pluriel (des tuyaux,
des cadeaux). Les exceptions sont au nombre de
deux : landau, sarrau (des landaus, des sarraus).

Les noms terminés par ail


Ils s’écrivent ails au pluriel  : des attirails, des
autorails, des éventails, mais attention aux
exceptions !
» Elles sont au nombre de sept, mais certains
doutes planent concernant trois d’entre elles : des
baux (un bail), des coraux (un corail), des émaux (un
émail), des soupiraux (un soupirail), des travaux (un
travail), des vantaux (un vantail), des vitraux (un
vitrail).

» Les doutes : on trouve au pluriel des crédits-bails,


ainsi que des corails lorsque ce sont des objets en
corail qui sont désignés. Lorsqu’il s’agit d’activités
où on utilise l’émail (peinture, vernis…), on utilise
le pluriel émails.

Et voilà le travail !
Le mot travail, qui au pluriel fait travaux, vient du
latin tripalium, désignant un instrument formé de
trois pieux et destiné à immobiliser un animal. Le
travail existe encore en ce sens et sert à entraver un
cheval, un bovin, de sorte qu’ils ne puissent plus
faire un mouvement, afin d’effectuer des soins. On
écrit alors des travails. Le travail fut aussi utilisé
pour torturer les hommes (il fallait bien s’y
attendre  !). En ce sens, il est devenu synonyme de
souffrance  : on parle du travail de l’accouchement.
Enfin, le travail (des travaux) désigne une activité,
une réalisation en cours, ou bien l’occupation
principale et rémunérée qui nous mobilise
quotidiennement. Entrave, torture… Et voilà le
travail !
Les noms terminés par eu ou
œu
Simple : les noms terminés par eu ou œu prennent
un x au pluriel  : des jeux, des milieux, des feux, des
vœux. Faites attention à ces exceptions  : des bleus,
des émeus (grands oiseaux coureurs d’Australie), des
lieus (il s’agit du poisson, appelé aussi colin ou lieu
noir) et des pneus.

LE MARCHAND D’AIL

Ce mot tout chaud et douillet par temps froid est


un jeune centenaire dont la naissance remonte à la
fin du XIXe siècle. Le marchand d’ail (ou de légumes)
aux Halles de Paris portait un tricot serré, épais,
qui le protégeait efficacement des courants d’air.
On appela ce tricot le marchandail, en un seul mot,
puis, par aphérèse, le chandail. Son fabricant,
Gammard, d’Amiens, adopta ce mot passé dans le
langage courant et qui désigne aujourd’hui un gros
tricot de laine qu’on enfile par la tête.

Les noms terminés par s, x, z


Les noms terminés par s, x ou z demeurent
invariables au pluriel  : un puits (oui, oui, puits
s’écrit avec un s au singulier  !), des puits  ; un pays,
des pays ; un creux, des creux ; un gaz, des gaz ; un nez,
des nez ; un riz, des riz ; etc.

Au programme : sandwich,
match, lunch, sketch
En général, on gère le pluriel des terminaisons en
ch de l’héritage anglais en leur ajoutant es. Ce qui
donne : des sandwiches, des matches, des lunches. On
écrit aussi : des flashes, des ranches, des sketches. Les
mots terminés par man devraient faire leur pluriel
en men. Cependant, si on rencontre ce pluriel dans
tennismen ou tenniswomen, on trouve plus
fréquemment le pluriel français, des barmans par
exemple.

Le pluriel français est de plus en plus utilisé, même


pour les mots anglais terminés par y (un whisky, des
whiskys) ; il simplifie la tâche.

Pluriels particuliers
Un confetto, des…?
Les mots d’origine italienne qui font leur pluriel en
i (un confetto, des confetti) se trouvent le plus
souvent pourvus, outre leur i pluriel initial, du s
pluriel français. Aucun doute sur le nombre qu’ils
représentent ! On peut ainsi manger des spaghettis,
des macaronis, lancer des lazzis, des confettis, etc. De
même, on ajoute le s du pluriel français à scénario
qui devient scénarios plutôt que scénarii, et
imprésarios est préféré à imprésarii.

Idéals, idéaux
Le nom idéal possède deux pluriels  : idéals est le
pluriel utilisé dans la langue littéraire lorsque
l’imagination projette dans l’absolu la perfection
d’un objet ou d’un être. Par exemple  : Les artistes
poursuivent souvent des idéals inaccessibles. Idéaux
appartient plutôt au vocabulaire des sciences et de
la philosophie  : Toute société rêve de réaliser ses
idéaux sociaux. Pourtant claire et pratique, cette
distinction n’est pas toujours respectée.

Matériau, matériaux
Le nom matériel fait au pluriel matériaux. Mais il
semble que cette variation simple ne réponde pas
tout à fait aux besoins. En effet, dans le domaine
technique, le nom singulier matériau dérivé de
matériaux est apparu à la fin du XIXe siècle pour
désigner des matières de base servant à la
fabrication d’objets, de bâtiments, de machines,
etc.

Targui, touareg
Le singulier du mot touareg, désignant un peuple
nomade du Sahara, devrait être, si on respectait la
langue de ce peuple, targui. On aurait ainsi un chef
targui, des guerriers touareg. Mais l’usage a fait
varier à la française le mot touareg, ce qui donne un
Touareg, des Touaregs, des guerriers touaregs (ou
touareg), la femme touareg. Dans le même esprit de
respect de la langue d’origine, on devrait dire un
méhari, des méhara, un oued, des ouadi, et, beaucoup
plus au nord, un Inuk, des Inuit. On écrit plutôt des
méharis, des oueds, un Inuit, des Inuits.

Taliban
Le mot taliban est le pluriel de talib en arabe qui
signifie «  étudiant  ». Utilisé en France, ce nom
commun s’accorde, comme tous les noms
communs, en prenant un s au pluriel  : un taliban,
des talibans. De même, moudjahidine, pluriel arabe
de moudjahid (combattant de la guerre sainte),
adopte en français le s pluriel : un moudjahidine, des
moudjahidines.

CRESCENDO

Les termes désignant les nuances à apporter dans


l’exécution d’une partition demeurent invariables  :
des crescendo, des forte, des adagio. Mais, si par
métonymie certains de ces termes désignent l’air
dominant dans le mouvement, on écrit des adagios,
des andantes, des allegros, etc.

Les petits latins


Il reste des traces du pluriel latin dans certains
mots  : on dit un erratum pour désigner une erreur
commise dans un livre, mais des errata au pluriel.
En revanche, le mot addenda (ajout de courts textes
à un ouvrage), invariable, s’emploie au pluriel mais
aussi au singulier (alors qu’on devrait dire, en
logique latine, un addendum). Attention  : desiderata
est essentiellement pluriel. Un forum a pour pluriel
des forums (et non, comme ce fut le cas [latin…], des
fora). Les noms de prières sont invariables  : des
pater, des ave, des requiem, des credo, etc. Alléluia fait
au pluriel des alléluias. On peut y voir une double
raison  : ce mot ne vient pas du latin mais de
l’hébreu (Hallelouyah : Louons l’Éternel  !), et alléluia
est un cri de ferveur allègre plutôt qu’une prière.
Alléluia !

Œil, ciel, aïeul


Trois mots possèdent un double pluriel en fonction
du sens qu’on leur donne :

Un œil, qui a pour pluriel des yeux, est l’organe de la


vue avec lequel vous voyez ce qui est écrit ici. On
parle aussi des yeux du gruyère, des yeux de la vigne.
Des œils désigne des ouvertures, des trous, qu’on
trouve dans les noms composés des œils-de-bœuf,
des œils-de-perdrix, des œils-de-chat. C’est aussi, en
imprimerie, la partie de la lettre qui s’imprime sur
le papier : les œils des caractères.

Le ciel est celui que nous avons au-dessus de la


tête, considéré dans son immensité et sa totalité.
En ce sens, il fait au pluriel les cieux. Cependant, si
ciel désigne, par métonymie, une région, un lieu
particulier, ou bien la partie d’un paysage dans le
tableau d’un peintre, il devient ciels au pluriel : Elle
a tourné le dos et choisi d’autres ciels (mais on peut
aussi dire : Je m’en vais sous d’autres cieux) ; Les ciels
de Monet font penser à l’azur de Mallarmé. On écrit
aussi un ciel de lit, des ciels de lit.

Un aïeul est un grand-père, une aïeule est une


grand-mère, les aïeuls sont les grands-parents. Les
aïeux sont les ancêtres en général. Les parents des
aïeuls sont appelés les bisaïeuls (parents des
grands-parents). On appelle trisaïeuls les grands-
parents des grands-parents. Petite question dont la
réponse laisse perplexe quant à la durée du nom
qu’on porte : connaissez-vous les noms et prénoms
de vos arrière-grands-parents de la branche non
paternelle  ? Non  ? Eh bien, vos arrière-petits-
enfants ignoreront les vôtres… Sommes-nous donc
peu de chose !

Le pluriel des jours


Sans doute avez-vous souvent hésité : est-ce que je
mets un s à lundi dans tous les lundi (?)  ? Eh bien
oui  ! Lundi est un nom commun soumis à l’accord
du pluriel comme les autres noms communs. On
écrit donc tous les lundis. Évidemment, on écrira
aussi tous les mardis, tous les vendredis soir, tous les
dimanches matin, tous les mercredis et jeudis.
AULX, OS, EAUX

Seulement lus, ces trois mots nous donnent


l’impression d’entendre le Père Noël canadien, qui
dit toujours  – les petits enfants le savent bien  –
  «  Oh  ! Oh  ! Oh  !  ». Le premier est le pluriel d’ail,
mais c’est un pluriel vieilli qui a presque disparu.
On lui préfère des ails. Le deuxième, os, a la même
orthographe au singulier et au pluriel.

Au singulier on prononce [os] et au pluriel [o],


malgré la confusion toujours possible avec eaux.
L’usage, clandestinement puisque aucun
dictionnaire ne l’admet, utilise souvent le s au
pluriel  : [os]. Littré faisait déjà remarquer au XIXe

siècle cet aménagement pratique pour éviter toute


ambiguïté.

Les mercredi (?) et jeudi (?)


On écrit : Ouvert les mercredis et jeudis, mais : Ouvert
les mercredi et jeudi de chaque semaine. Dans ce cas,
mercredi et jeudi ne prennent pas de s car ils sont
complétés par de chaque semaine, et il n’y a qu’un
mercredi et qu’un jeudi par semaine. Selon la
même logique, on écrira  : Cette émission a lieu les
deuxième et quatrième mercredis de chaque mois.

Des noms essentiellement


pluriels
Méfiez-vous, on est parfois tenté de les employer
au singulier alors qu’ils sont essentiellement
pluriels. Ce sont, pour les plus courants  : agrès
(appareils destinés aux exercices en gymnastique),
aguets, ambages, annales, archives, armoiries, arrhes,
besicles, brisées, calendes, catacombes, condoléances,
confins, dépens, ébats, entrailles, environs, floralies,
funérailles, gémonies, honoraires, ides, intempéries,
mânes, menstrues, mœurs, obsèques, pénates,
pierreries, prémices, préparatifs, rillettes, royalties,
sévices, thermes, vêpres, victuailles, vivres, etc.

Le pluriel des noms propres


Vous allez encore lire une bonne vieille règle à la
française  : les noms propres ne varient jamais,
sauf… Eh oui, il existe des exceptions…

Les noms de famille


Il faut retenir que les noms de famille ne varient
pas (les Corneille, Pierre et Thomas ; les Racine, Jean et
Louis  ; Les Durand viennent déjeuner, etc.), sauf… le
nom de familles illustres, très anciennes, qui ont
dominé tout un pays, une époque, etc. On parle
ainsi des trois Horaces, vaillants jeunes Romains, qui
affrontèrent les trois Curiaces, vaillants jeunes
Albains, la cité ennemie de Rome. On écrit aussi les
Bourbons, les Stuarts, les Tudors, les Guises, les Condés
(mais les Romanov, les Hohenzollern, ces noms
propres n’étant pas modifiés par rapport à la
langue d’où on les tire).

Trois Poussin pour une


cocotte
Lorsque les noms propres désignent, par
métonymie (plus précisément par antonomase),
l’œuvre produite, ils ne varient pas : J’ai acheté deux
Picasso que je n’ai pas pu payer ; Il vendit trois Poussin
pour entretenir sa cocotte. Lorsqu’on utilise pour nom
commun un nom propre (cela se nomme aussi une
antonomase), le nom prend la marque du pluriel
dans beaucoup de cas, mais on peut aussi le trouver
au singulier  : Les Mozarts de notre époque font du
rock  ; Les nouveaux Gandhis œuvrent aussi contre la
violence ; Les Caïn tueront toujours les Abel par jalousie.
L’emploi de la minuscule oblige à accorder au
pluriel  : Ce sont des harpagons  ; Les gavroches ont
occupé la rue.

Les noms de villes et de pays


Les noms de villes et les noms de pays ne varient
pas, quoiqu’on ait pu lire les deux Allemagnes, les
deux Europes, les deux Chines. Cela peut se justifier si
on veut parler de deux parties ou d’aspects
distincts d’un même pays : les trois Amériques.

Les noms de magazines et de


journaux
Les titres de magazines ou de journaux demeurent
invariables  : J’ai acheté cinq Marianne après la
parution de mon article  ; Il a brûlé sept Figaro pour
allumer son feu  ; Nous attendons douze Quotidien de
Paris.

Les marques commerciales


Les noms de marques commerciales, les modèles de
voitures, ne prennent pas la marque du pluriel : J’ai
acheté trois Nikon pour photographier mes deux Espace
Renault. Mais, à mesure que le nom de marque
s’infléchit vers l’usage commun et devient donc,
dans l’esprit de l’utilisateur, un nom commun, on
constate que la marque du pluriel apparaît. Ainsi, le
Martini, ce vin cuit italien produit par Martini et
Rossi, d’abord nom propre avec majuscule et
invariable, a été tellement consommé qu’il est
devenu nom commun variable, avec une
minuscule : des martinis.
QU’IL MOURÛT !

Dans Horace de Corneille, les trois jeunes Horaces


représentant Rome affrontent dans une lutte à mort les trois
jeunes Curiaces délégués par Albe, la cité ennemie voisine. Si
vous lisez cette tragédie, n’oubliez pas de vous attarder, dans
la scène  3  de l’acte II, sur la fin de la tirade d’Horace,
vers 444 à 450 : prenez la première lettre de chaque vers, et
puis lisez… Incroyable, non  ? Eh bien si, on peut le croire
puisque c’est écrit  ! Le coquin de Corneille  ! Dans cette
tragédie, le seul rescapé des trois jeunes Horaces fuit par
ruse pour… Mais lisez, on ne va pas tout dévoiler. On
annonce à son père, atterré, cette fuite. Julie, confidente de
l’épouse du rescapé, demande au vieil Horace : « Que vouliez-
vous qu’il fît contre trois  ?  » Et le vieux papa de répondre  :
«  Qu’il mourût, ou qu’un prompt désespoir alors le secourût.  »
On sent bien qu’on ne badinait pas avec l’honneur à
l’époque…

Le pluriel des mots composés


Une petite mise au point avant de commencer  : le
pluriel des noms composés n’est pas plus difficile à
appliquer qu’un autre accord. Il existe simplement
de nombreux cas particuliers qu’avec un peu de
réflexion et de bon sens vous parviendrez à
maîtriser. Le plus simple est de procéder au
classement des différentes catégories de noms
composés que gouvernent des règles générales très
faciles à comprendre et à assimiler.

Nom + nom
C’est très simple, les deux varient (avec ou sans
trait d’union)  : un chou-fleur, des choux-fleurs (un
chou, une fleur, des choux, des fleurs)  ; une porte-
fenêtre, des portes-fenêtres  ; un laurier-rose, des
lauriers-roses. On écrit en général des aller et retour,
ou des aller-retour, mais on peut aussi accorder ces
deux noms : des allers et retours, des allers-retours.

Nom + complément de
détermination
Si le nom est accompagné d’un complément de
détermination (c’est-à-dire qui répond à la
question de quoi  ?, à quoi  ? ou de qui  ? posée au
nom), ce complément ne s’accorde pas  : des
timbres-poste (des timbres de quoi ? de la poste), des
chefs-d’œuvre, des arcs-en-ciel, des pots-devin, des
pommes de terre, des chemins de fer, des gardes-
chasse, des années-lumière, etc. Exceptions
cependant : des pot-au-feu, des tête-à-tête, des bêtes
à cornes…

Nom + adjectif
Pas de complication ici, les deux varient  : des
coffres-forts, des basses-cours, des rouges-gorges, des
beaux-frères, des plates-bandes, des plates-formes.
L’adjectif grand suivi d’un nom féminin pluriel peut
être accordé ou rester au singulier  : des grand(s)-
mères, des grand(s)-tantes, des grand(s)-routes (mais
on écrit des grands-pères, des grands-parents, des
grands-ducs).

L’adjectif demi, placé avant le nom, ne varie pas  :


une demi-heure, des demi-portions, des demi-finales.
À CHEVAL, LES AYANTS DROIT !

On écrit des pur-sang (en réfléchissant, on peut se


dire qu’il s’agit de chevaux dont le sang est pur).
Même règle pour des sang-mêlé ou des demi-sang.
Dans le nom ayant droit (sans trait d’union), le
participe présent ayant, normalement invariable,
varie mais seulement en nombre, ce qui donne des
ayants droit (le nom droit ne varie pas). Le mot aide-
mémoire est invariable.

Adjectif + adjectif
Les deux adjectifs s’accordent au pluriel : des
sourds-muets.

Verbe + complément
Réfléchissez  : le verbe peut-il varier  ? La réponse
est non. Seul le complément variera si c’est
nécessaire. C’est en général un nom  : un casse-
noisette, des casse-noisettes  ; un ouvre-boîte, des
ouvre-boîtes ; un ouvre-bouteille, des ouvre-bouteilles ;
un porte-drapeau, des porte-drapeaux  ; un couvre-lit,
des couvre-lits  ; un couvre-pied (parfois un couvre-
pieds), des couvre-pieds  ; un passe-montagne, des
passe-montagnes ; un pense-bête, des pense-bêtes ; un
pèse-lettre, des pèse-lettres  ; un pique-nique, des
pique-niques  ; un tire-bouchon, des tire-bouchons
(mais un tire-fesses étant donné le caractère
indissociable de ce qui est tiré). Le nom ne varie pas
toujours : un garde-boue, des garde-boue (il s’agit de
la boue)  ; un réveille-matin, des réveille-matin (pour
le matin)  ; des faire-part  ; des gagne-petit  ; un porte-
plume, des porte-plume (ils portent chacun une
plume)  ; etc. Le nom peut être au pluriel dans le
mot composé singulier  : un vide-ordures, un porte-
avions, un porte-clés, un porte-serviettes, un porte-
revues…

Mot invariable + nom


Évidemment, le mot invariable reste invariable.
Seul le nom peut prendre la marque du pluriel : un
non-lieu, des non-lieux  ; une avant-garde, des avant-
gardes.
LE SOUTIEN-GORGE

Le mot est apparu à la fin du XIXe siècle, en  1890.


Une astucieuse créatrice de mode coupa le bas de
son corset, ne conservant que le haut, qu’elle
nomma corselet-gorge, avant que soit tenté un
maintien-gorge, pour aboutir enfin au soutien-gorge
(nom + nom). L’orthographe soutient-gorge (ce qui
soutient la gorge, verbe + nom) fut proposée sans
succès : soutien-gorge s’est imposé. Et, même si de
mauvais esprits, suspicieux et misogynes,
prétendent que cette pièce de lingerie sert plutôt le
mensonge que le songe, l’orthographe, elle, ne
ment pas  : c’est soutien-gorge qu’on écrit (pour les
Anglais, c’est bra). Au pluriel, pendant des années,
on n’a trop su à quel saint se vouer  ; aujourd’hui,
on écrit des soutiens-gorges ou bien des soutiens-
gorge.

Verbe + verbe
Réfléchissez encore un tout petit peu  ! Il n’y aura
aucun accord, puisque le verbe dans les mots
composés demeure invariable : un laissez-passer, des
laissez-passer.

LES VILAINS BONSHOMMES

Bonhomme, gentilhomme, monseigneur, possèdent


un pluriel particulier, car ce sont des éléments
soudés. On trouvera donc non seulement un s à la
fin, mais aussi au milieu du mot : des bonshommes
(on doit prononcer bon-zomes, et on pense aux
Vilains Bonshommes, groupe de poètes auquel
appartenait Paul Verlaine), des gentilshommes (on
prononce gentizomes), des messeigneurs.

Préposition + nom
La préposition ne varie pas puisque c’est un mot
invariable, mais le nom peut varier ou bien ne pas
s’accorder  : un après-dîner, des après-dîners  ; un
après-midi, des après-midi (après l’heure de midi)  ;
un après-rasage, des après-rasages  ; un après-
shampooing (après un shampooing), des après-
shampooings (après des shampooings)  ; un avant-
projet, des avant-projets  ; une avant-première, des
avant-premières ; un avant-goût, des avant-goûts ; une
avant-garde, des avant-gardes.

Extra
Beaucoup de composés d’extra ne font qu’un seul
mot, et leur accord devient alors très simple  : un
extraterrestre, des extraterrestres. Le nom extra, qui
désigne un prestataire de service engagé pour un
temps limité, varie  : Ils ont engagé trois extras.
L’adjectif extra est invariable, de même que
l’élément qu’on trouve dans extra-fin  : on écrit
donc des petits pois extra-fins (l’agglutination est
aujourd’hui fréquente : des haricots extrafins).

Traits d’union
Les mots commençant par i et précédés d’anti
prennent un trait d’union  : anti-inflammatoire,
anti-infectieux. Pour les autres, il y a
agglomération  : anticonstitutionnellement,
anticonformiste…

Pour les mots commençant par auto, dans la


plupart des cas il y a agglomération : autoallumage,
autogestion, autoaccusation. Les mots commençant
par i sont précédés d’un trait d’union  : auto-
infection, auto-intoxication… Certains mots
nouveaux subissent une période probatoire avec
trait d’union avant d’entrer définitivement dans
l’usage  : auto-évaluation semble avoir fait ses
preuves car on le rencontre de plus en plus souvent
sous la forme agglomérée autoévaluation.

Compte  : on emploie le trait d’union. Compte-


gouttes, compte-pas, compte-fils, compte-tours, mais
attention  : compte rendu sans trait d’union (des
comptes rendus).

Contre est relié par un trait d’union aux mots


commençant par a, e, i : contre-allée, contre-emploi,
contre-indication. Pour les autres mots, le
classement est difficile : controffensive, contrordre…

Entre est la plupart du temps agglutiné  :


s’entradmirer, s’entraider, s’entraimer, entrapercevoir,
entrelarder, sauf dans s’entre-déchirer, s’entre-
égorger, s’entre-détruire, s’entre-manger (quel
programme !).

Faux n’est guère suivi du trait d’union  : faux


passeport, faux papiers, faux jour, faux bourdon
(insecte), etc. On trouve cependant faux-bourdon
(musique), faux-filet, faux-semblant (des faux-
semblants), faux-fuyant (des faux-fuyants), faux-
monnayeur.

Grand  : lorsque grand forme avec ce qui le suit un


nom ou un pronom, il est suivi d’un trait d’union.
On écrit une grand-croix (des grand-croix lorsqu’il
s’agit de la dignité la plus haute d’un ordre, des
grands-croix s’il s’agit des personnes qui ont reçu
cette distinction ; attention, toujours en matière de
distinctions, on écrit un grand officier sans trait
d’union, de même qu’un grand prêtre, un grand prix,
un grand vizir)  ; un grand-duc, des grands-ducs  ; une
grande-duchesse, des grandes-duchesses  ; un grand-
oncle, des grands-oncles  ; une grand-maman, des
grand(s)-mamans.

Non est suivi d’un trait d’union s’il forme avec ce


qui le suit un nom commun  : La non-violence de ce
non-conformiste fut récompensée par un non-lieu.
Mais, si le mot formé est un adjectif, il n’y a pas de
trait d’union  : C’est un homme non violent, un artiste
non conformiste, le citoyen d’un pays non aligné. Même
règle pour quasi : La signature d’un quasi-contrat est
quasi impossible.

Post  : on agglutine postnatal, postglaciaire,


postposition, mais pas post-scriptum.
De l’ORDR avant tout
En conclusion de cette partie que beaucoup
considèrent comme la plus difficile et la plus
capricieuse de la grammaire française, on peut dire
que rien ne paraît si compliqué à partir du moment
où on applique ces étapes que vous connaissez
désormais  : observation, réflexion, décision,
rédaction. L’observation vous permet d’identifier
les composants du mot composé, la réflexion vous
conduit à envisager ou non l’accord selon la
catégorie dans laquelle vous l’avez classé, la
décision s’effectue en toute connaissance de cause,
et la rédaction en toute sérénité.
Chapitre 20
Qualifier, disqualifier avec les
adjectifs
DANS CE CHAPITRE :

» Reconnaître l’adjectif qualificatif

» Effectuer l’accord de l’adjectif

» Accorder les adjectifs de couleur

L elangue
vocabulaire dont on se sert pour l’analyse de la
fait partie de ce qu’on appelle un
métalangage  : des mots qui servent uniquement à
désigner d’autres mots, à nommer la façon dont ils
s’assemblent, à désigner leur rôle. Parmi ces
termes que vous avez sans doute prononcés des
centaines de fois, répétés des années durant, il y a
le fameux adjectif qualificatif. Huit syllabes où
s’entrechoquent les consonnes, en voilà assez pour
décourager l’élève que vous fûtes et les élèves
d’aujourd’hui qui peinent autant que vous pour
comprendre, en dehors des critères formels, ce
qu’est le fameux adjectif qualificatif. Pourtant, rien
n’est plus simple, plongeons-nous d’abord dans les
mots eux-mêmes.

L’adjectif qualificatif : carte


d’identité
Attention, quand on vous parle d’adjectif,
demandez à qui vous avez à faire, car cette
catégorie est très peuplée et, si on n’y prend garde,
on risque de prendre les uns pour les autres et de se
perdre complètement.

Les adjectifs non qualificatifs


Les adjectifs qui n’appartiennent pas à la catégorie
des qualificatifs sont des déterminants  : cela
signifie qu’ils accompagnent un nom, qu’ils le
précisent, qu’ils jouent le rôle d’adjoint. Ces
adjectifs déterminatifs sont les suivants  :
numéraux (un, deux, trois…), indéfinis (chaque,
quelque, certain…), démonstratifs (ce, cet, ces…),
possessifs (mon, ta, notre…), interrogatifs (quel,
quelle…), exclamatifs (quel, quelle…).

L’adjectif qualificatif
Ayant bien fait la différence entre les adjectifs
déterminatifs et les adjectifs qualificatifs, nous
allons pouvoir plonger dans ces deux mots : adjectif
qualificatif. Adjectif : observez bien le terme. Voyez-
vous en son centre ject ? Cela signifie, en latin, jeter.
Un adjectif, c’est donc ce qu’on jette, mais où le
jette-t-on  ? Il nous reste ad qui signifie à, avec le
sens d’adjoindre, d’ajouter. L’adjectif, c’est donc ce
qu’on dit ou qu’on écrit en plus, ce qui s’adjoint à
un autre mot. Qualificatif  : observez ce mot. Qu’y
reconnaissez-vous au début  ? Qual, bien vu  ! Ce
qual, c’est le qualis latin, qui pose la question de
quelle espèce  ? Résumons  : l’adjectif qualificatif,
c’est un mot qu’on ajoute au nom pour préciser de
quelle espèce il est, pour en donner les qualités,
bonnes ou mauvaises, pour préciser la couleur, la
longueur, la nature, l’aspect, la douceur, la rudesse,
etc.

La vie de l’adjectif qualificatif


L’adjectif qualificatif dépend étroitement du nom
qu’il accompagne, auquel il s’unit pour le meilleur
et pour le pire, car la précision qu’il apporte n’est
pas forcément flatteuse.
Il varie en degré
Voulez-vous comparer, juger, évaluer  ? L’adjectif
qualificatif peut vous aider, il varie en degré, il
exprime une caractéristique avec plus ou moins de
force, et cela de deux façons.

Au moyen du comparatif :
» d’infériorité : Ta moto est moins performante que la
mienne ; l’adjectif qualificatif performante est
encadré de moins… que, qui exprime l’infériorité ;

» d’égalité : Ma moto est aussi performante que celle


de Vincent ; encadré par aussi… que, le qualificatif
performante est mis en situation d’égalité ;

» de supériorité : La moto de Vincent est plus


performante que celle des Hell’s Angels ; plus… que
exprime la supériorité de la qualité performante
exprimée au moyen de l’adjectif qualificatif.

Au moyen du superlatif :
» d’infériorité : Ma moto est la moins belle ; le
superlatif peut ici être relatif si on sous-entend la
moins belle de celles qui sont sur la place ; il peut
être absolu s’il n’y a pas de référence, de goupe
d’appartenance ;
» de supériorité : Ta moto est la plus belle ; dans cet
exemple aussi, le superlatif peut être relatif ou
absolu.

POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE

Meilleur est le comparatif de supériorité de bon. On


ne dit pas : Ce yaourt au citron est plus bon que celui
à la vanille, mais  : Ce yaourt au citron est meilleur
que celui à la vanille. Cependant, plus et bon
peuvent cohabiter dans des phrases comme  : Cet
huissier est plus bon que juste ; Ces nouveaux romans
sont plus ou moins bons. Pire est l’équivalent du
comparatif plus mauvais. On peut l’utiliser pour
renforcer un jugement  : Son deuxième film est pire
que le premier (qui était déjà mauvais). Au Québec,
pire est d’un emploi très courant à l’oral. Pour dire :
Ce n’est pas plus mal, on dit  : C’est pas pire,
équivalent de l’approbatif : Finalement, c’est bien !

Il s’accorde en genre
L’adjectif qualificatif prend la marque du genre et
du nombre des noms qu’il accompagne. Mais restez
vigilant  : parfois, il faut réfléchir de façon plus
approfondie avant la phase de rédaction.

Du masculin au féminin
Vous avez un peu de temps ? Vous avez une feuille
de papier et un stylo  ? Recopiez (plusieurs fois si
vous le voulez) quelques listes dans les paragraphes
qui suivent (celle concernant les adjectifs terminés
par [ot] notamment), ce ne sera pas du temps
perdu  ! La règle générale est simple  : on forme le
féminin des adjectifs en ajoutant un e, ce qui
donne : meilleur/meilleure, grand/grande, petit/petite,
etc. Cependant, la règle générale comporte des
particularités :
» Les adjectifs terminés par eil, el, ien, on, ul
doublent leur consonne finale lorsqu’ils sont
employés au féminin : pareil/pareille, cruel/cruelle,
ancien/ancienne, bon/bonne, nul/nulle.

» Les adjectifs terminés par et doublent le t au


féminin : fluet/fluette, coquet/coquette, sauf :
complet/complète, concret/concrète, désuet/ désuète,
discret/discrète, inquiet/inquiète, replet/replète,
secret/secrète.
» Terminés par ot, les adjectifs qualificatifs se
terminent par ote au féminin : idiot/idiote,
falot/falote, bigot/bigote, dévot/dévote, manchot/
manchote, huguenot/huguenote, etc., sauf :
boulot/boulotte, jeunot/ jeunotte,
maigriot/maigriotte, pâlot/pâlotte, sot/sotte,
vieillot/vieillotte (ces adjectifs, on le constate,
doublent le t au féminin).

» Les adjectifs qualificatifs terminés par er font ère


au féminin : léger/ légère, cher/chère.

» Terminés par un x, ils forment leur féminin en se,


sauf : faux/fausse, roux/rousse, doux/douce.

» S’ils sont terminés par un f, leur féminin est en


ve : neuf/neuve.

» L’adjectif bénin fait bénigne au féminin.

» L’adjectif malin ne fait pas, comme on peut


l’entendre parfois et même le lire (rarement),
maline, mais maligne. C’est pour imiter le langage
oral que Verlaine ou Rimbaud ont écrit maline,
donnant à leurs vers une fraîcheur et une
spontanéité voulues, désirées. On ne doit pas les
suivre, puisqu’ils savaient eux-mêmes que cet
emploi relevait de l’exceptionnel au service d’une
expression particulière. Malines existe, mais c’est
une ville de Belgique.

» Turc fait au féminin turque (en perdant le c de


turc : un camion turc, une embarcation turque). La
même règle s’applique à l’adjectif public, qui fait
publique au féminin, et à caduc, caduque au
féminin. Mais grec a pour féminin grecque (en
conservant le c de grec : un architecte grec, une
danse grecque).

D’autres adjectifs qualificatifs font leur féminin


d’une façon qui leur est particulière. En voici
quelques-uns :

Absous/absoute, andalou/andalouse, dissous/dissoute,


fou/folle, mou/ molle, enchanteur/enchanteresse,
esquimau/esquimaude, hébreu/ hébraïque,
pécheur/pécheresse (mais pêcheur/pêcheuse à la
ligne), vengeur/vengeresse, etc.
TCHOU-TCHOU ! VOILÀ L’EXPRÈS

L’adjectif exprès a le sens de formel, d’explicite, mais


il désigne aussi le messager qui est chargé de
transmettre au plus vite une lettre. Ainsi, on parle
d’une lettre livrée par un (messager) exprès. Par
métonymie, on a raccourci cela en lettre exprès. Un
exprès est un envoi qui porte une mention
spécifiant qu’il y a urgence. La confusion est parfois
faite avec express, qui désigne les trains qui filent à
toute vitesse… Mais, jusqu’à preuve du contraire,
aucune lettre, aucun message n’a encore fait le
tchou-tchou qui justifierait qu’on l’appelât lettre
express (même si elle est acheminée par le train).
On se contentera donc de lettre exprès.

Il s’accorde en nombre
Rien de compliqué pour le pluriel des adjectifs : on
emploie la lettre qui convient pour marquer le
nombre, le s. Cependant, les adjectifs terminés par
eau forment leur pluriel en… x  : beau/beaux,
jumeau/jumeaux, nouveau/nouveaux, etc. Même règle
pour esquimau, qui devient esquimaux au pluriel, et
pour hébreu, qui prend un x au pluriel : hébreux.

Les adjectifs terminés par al font leur pluriel en…


aux  : loyal/loyaux, estival/estivaux, etc., sauf  :
banal/banals, bancal/bancals, fatal/fatals,
finals/finals, glacial/glacials, natal/natals,
naval/navals. Pour jovial, le pluriel est soit jovials (le
plus fréquent), soit joviaux.

Le pluriel de banal est banaux lorsqu’il s’agit du


four à ban, le four du seigneur au Moyen Âge. Mais
dans tous les autres cas le pluriel de banal est
banals  : des faits banals, des résultats banals, des
projets banals, etc.
PAS FINAUD, FINAUX !

On se demande parfois d’où peut surgir une forme


incongrue d’accord de l’adjectif, et qui s’installe, et
qui est répétée, et passe bientôt pour correcte. Il
en est ainsi de l’adjectif final, qui a été transformé
voilà environ deux décennies en finaux au pluriel,
alors que depuis toujours on dispose de finals qui
convient parfaitement. Ce finaux bizarre peut être
confondu maintenant avec finaud(s), désignant
celui qui est futé, rusé  ! Vraiment, est-ce parce
qu’un jour, oublieux de la règle, un savant a bricolé
finaux qu’il faut le suivre ? Dans un sketch célèbre,
un gourou se prenant le pied dans un tapis laissait
échapper un gros mot, et les adeptes de la secte,
plutôt que de le désapprouver, répétaient ce juron
avec ferveur… Il est à croire que, pour finaux,
certains n’ont pas été plus finauds…

Les adjectifs qualificatifs


invariables
Certains adjectifs sont invariables :
» Chic, par exemple, ne s’accorde jamais : un homme
chic, une femme chic (on imagine mal écrire une
femme chique : cela signifierait que cette femme
fait comme les flibustiers et conserve dans sa
bouche du tabac à chiquer…), des réceptions chic,
des robes chic, etc.

» Snob peut varier en nombre, mais pas en genre,


car on le confondrait alors avec la conjugaison du
verbe snober (mépriser) : des gens snobs (ou snob),
une jeune fille snob.

Accord selon la place


L’antéposition de l’adjectif (sa place avant le nom
qu’il qualifie) ou sa postposition (lorsqu’il vient
après le nom qualifié) détermine l’absence d’accord
ou l’accord, avec ou sans trait d’union.
» Demi, placé avant le nom, est invariable et relié à
celui-ci par un trait d’union : une demi-heure. Placé
après le nom, il varie et ne lui est pas relié par un
trait d’union : une heure et demie. On écrit minuit et
demi, midi et demi.

» Mi se place avant le nom et reste invariable : la


mi-saison, la mi-carême.
» Nu : placé avant le nom, il est invariable et relié
par un trait d’union : Je vais nu-tête (cependant, on
écrit nue-propriété, nues-propriétés, nu-propriétaire,
nus-propriétaires, nue-propriétaire, nues-
propriétaires). Placé après, il varie : Il se promène
tête nue.

» Possible est invariable lorsqu’il est employé avec


le plus, le moins, le meilleur : Rapportez le plus de
documents possible (le plus possible de…), mais :
Rapportez tous les documents possibles.

» Fort : on dit : Elle s’est fait fort de le convaincre, et


non : Elle s’est faite forte…

» L’adjectif feu signifie qui a accompli son destin,


c’est-à-dire mort. Cet adjectif s’accorde avec le nom
à condition qu’aucun mot ne l’en sépare : la feue
reine, mes feus (et non feux ici…) grands-parents,
mais feu mes grands-parents.

L’accord des adjectifs de


couleur
Vous ne savez jamais comment les accorder, tout
est flou dans votre tête dès qu’il s’agit de mettre un
s (ou de n’en pas mettre) à une couleur, qu’elle soit
simple ou composée. Ne vous en faites pas une
montagne  : dans cinq minutes, il n’y paraîtra plus
rien, et vous raconterez tout à vos amis tant vous
aurez tout compris.

Les adjectifs de couleur


Les adjectifs de couleur proprement dits prennent
un s au pluriel  : un tissu bleu, des tissus bleus  ; un
vêtement jaune, des vêtements jaunes  ; une écharpe
noire, des écharpes noires ; etc.

CHÂTAIN

L’adjectif châtain prend la marque du pluriel  : des


cheveux châtains. Au féminin, châtain fait châtaine
(et non châtaigne). Suivi d’un autre adjectif, châtain
reste invariable : Sa chevelure est châtain foncé.

Les noms devenus adjectifs


Des adjectifs de couleur peuvent avoir pour origine
un nom commun utilisé à cause de la couleur qu’il
évoque  : des meubles orange, c’est-à-dire de la
couleur de l’orange (dans ce cas, on n’accorde pas,
car on pourrait confondre avec des oranges). On
écrira donc, selon la même règle : un œil marron, des
yeux marron (et non marrons, car les deux yeux
seraient parents de la châtaigne…), etc. Voici une
liste d’adjectifs de couleur appartenant à cette
catégorie, donc invariables : abricot, acajou, ardoise,
argent, aubergine, auburn, azur, bistre, bitume,
brique, bronze, cachou, café, capucine, caramel,
carmin, cerise, champagne, châtaigne, chocolat, citron,
coquelicot, corail, crème, cuivre, cyclamen, ébène,
émeraude, feuille-morte, framboise, garance, grenat,
groseille, havane, indigo, isabelle, jade, jonquille, kaki,
marron, mastic, moutarde, nacre, noisette, ocre, olive,
or, orange, paille, pastèque, perle, pervenche, pie,
pistache, prune, puce, rouille, safran, saphir, saumon,
sépia, serin, soufre, tabac, thé, tilleul, tomate, topaze,
turquoise.

Il existe cependant une courte liste d’exceptions


comprenant des noms communs utilisés comme
adjectifs de couleur, mais qui varient en genre et en
nombre  : écarlate, mauve, pourpre, incarnat, fauve,
rose (pour retenir la liste, prenez la première lettre
de chaque mot  : cela donne empifr…). On écrira
donc  : des robes écarlates, des chemises roses, des
lèvres incarnates, des reflets mauves…
Les adjectifs de couleur
composés
La couleur est exprimée par deux adjectifs  :
comment écrire (faut-il des traits d’union) et
comment accorder ?

Lorsque la couleur est composée de deux adjectifs


de couleur, on les relie par un trait d’union et on ne
les accorde pas  : des cravates bleu-vert, des étoffes
jaune-orange.

Lorsque la couleur est composée d’un adjectif de


couleur suivi d’un adjectif n’indiquant pas une
couleur, on ne les relie pas par un trait d’union et
on ne les accorde pas : des yeux bleu clair, des étoffes
jaune foncé.

Lorsque les couleurs sont séparées par une virgule,


on accorde selon les règles  : des cravates bleues,
vertes, orange, roses, paille (il y a des cravates
bleues, d’autres qui sont vertes, d’autres orange,
etc.), une cravate bleu, vert, orange (elle comporte
trois couleurs : le bleu, le vert, l’orange).
VAIRON, PERS

Vairon vient du latin varius, signifiant divers,


différent, ou tacheté, moucheté. Les yeux vairons
sont donc de couleurs différentes, ou bien leur iris
est entouré d’un cercle blanchâtre. Cet adjectif
s’emploie toujours au masculin. Pers, qui fait perse
au féminin, désigne une couleur entre le bleu et le
vert.

Les couleurs employées


comme noms communs
La couleur employée comme nom commun varie
comme un nom commun  : les bleus de ce peintre
sont éclatants  ; les oranges de Matisse sont
étonnants  ; les prunes de cette tapisserie
contrastent avec le beige  ; les kakis de ces tenues
militaires sont presque verts.

Lorsque le nom au pluriel est accompagné d’un


autre nom, celui-ci ne s’accorde pas  : des rouges
sang (de la couleur du sang), des verts pomme (de
la couleur de la pomme).
Lorsque le nom pluriel est accompagné d’un
adjectif, celui-ci prend la marque du pluriel  : des
rouges vifs (des rouges qui sont vifs)  ; des jaunes
intenses (des jaunes qui sont intenses)  ; les bleus
clairs de ce tableau me séduisent.

Lorsque le nom de couleur est un nom composé, il


demeure invariable : les bleu-vert de ce tableau me
séduisent  ; les lie-de-vin sont très utilisés par ce
tapissier.

Les adjectifs employés comme


adverbes
Vous n’avez aucun souci à vous faire pour eux : ils
demeurent invariables. C’est le cas pour : bon dans
ces parfums sentent bon  ; cher dans ces fromages
coûtent cher  ; clair dans elles voient clair  ; court dans
elles demeurèrent court (sans réaction) ; droit dans ils
ont filé droit  ; dru dans la pluie tombe dru  ; dur dans
elles cognent dur ; fort dans ils parlaient fort ; etc.
Chapitre 21
À propos d’autres accords
DANS CE CHAPITRE :

» Maîtriser l’accord de locutions verbales

» Accorder les collectifs

V accords ont été répertoriés, si vous n’avez rien


ous vous demandez certainement si tous les

raté, s’il ne reste pas encore quelques pièges à


déjouer ou tout simplement quelque chose à savoir.
Vous avez raison de vous poser ces questions, les
réponses vont suivre, car il reste encore quelques
petites situations à observer.

Chasser le doute
C’est lui, le doute, qui souvent engendre l’anxiété
devant tel ou tel problème d’accord. C’est lui qu’il
faut chasser en acquérant des certitudes.
Commençons par la locution verbale avoir l’air.
Avoir l’air
Cette locution verbale, sans en avoir l’air, a
toujours posé un problème à ceux qui l’ont eue sous
la plume ou dans la bouche. Doit-on écrire  : Cette
actrice a l’air fatiguée, ou bien  : Cette actrice a l’air
fatigué  ? Eh bien, pour couper court à toute
polémique déjà engagée entre vous et quelqu’un qui
ne partage pas votre avis, la réponse est qu’on peut
écrire les deux  ! Et voilà la paix revenue  ! Mais
attention, selon qu’on écrit fatiguée ou fatigué, on
ne dit pas tout à fait la même chose :

Dans Cette actrice a l’air fatiguée, l’adjectif fatiguée


s’accorde avec le sujet cette actrice, c’est donc cette
actrice qui semble fatiguée, tout en elle le traduit ou
le suggère.

Dans Cette actrice a l’air fatigué, fatigué s’accorde


avec air, c’est son air qui est fatigué, son expression
traduit la lassitude extrême.

Dans le premier exemple, c’est la personne qui est


concernée  ; dans le second, c’est son allure, sa
mine. Voilà la nuance. L’utilisation de la locution
verbale avoir l’air est l’occasion de choisir une
nuance pour tracer un portrait, comme en peinture.
Pour les choses, l’accord se fait avec le sujet : Cette
maison avait l’air abandonnée  ; Cette pomme a l’air
bonne.

Ci-joint, ci-inclus, ci-annexé


Rien de compliqué pour l’accord de ci-joint, ci-
inclus, ci-annexé, il suffit de lire la règle, de
l’intégrer en la mettant en application dans
quelques exemples simples ; ensuite, vous devenez
incollable !

Placés en tête de phrase ci-joint, ci-inclus, ci-annexé


demeurent invariables : « Ci-joint les documents que
vous m’avez demandés », « Ci-joint les photocopies de
votre dossier  ». Ci-joint, ci-inclus, ci-annexé
demeurent invariables lorsqu’ils précèdent le nom,
sans que celui-ci soit accompagné d’un
déterminant : « Veuillez trouver ci-joint copie de votre
contrat », « Nous vous adressons ci-annexé attestation
et évaluation de stage ». Ci-joint, ci-inclus, ci-annexé
demeurent invariables lorsqu’ils sont en tête d’une
phrase sans verbe, ils ont une valeur adverbiale  :
« Ci-joint vos photos ratées », « Ci-joint vos appareils
de pacotille. »
Ci-joint, ci-inclus, ci-annexé varient lorsqu’ils
qualifient le nom. Ils peuvent alors occuper trois
positions dans la phrase :
» Après le nom : « Dans les documents ci-joints, vous
trouverez les renseignements demandés ; Les photos
ci-jointes vous renseigneront utilement. »

» Avant le nom, à condition que celui-ci soit


précédé d’un déterminant (la, les, une, ma, mes,
plusieurs, etc.) : « Veuillez trouver ci-jointes les
photocopies de votre dossier » ; « Nous vous
envoyons ci-incluses les premières épreuves de vos
travaux. »

» Avant le nom, à condition d’en être séparé par


une virgule ; ci-joint, ci-inclus, ci-annexé conservent
la valeur d’un adjectif (une sorte d’épithète
détachée) : « Ci-annexées, les copies devront être
retouchées. »

L’un, l’autre
En 1702, un grammairien, le père Bouhours, eut en
trépassant ces ultimes paroles devenues célèbres et
bien pratiques pour qui veut savoir comment se fait
l’accord après l’un, l’autre : « Je m’en vais ou je m’en
vas, car l’un ou l’autre se dit, ou l’un et l’autre se
disent.  » Après tel ou tel, l’un ou l’autre, ni l’un ni
l’autre, on met donc le verbe au singulier (mais on
peut aussi rencontrer le pluriel). Après tel et tel, l’un
et l’autre, le verbe est en général au pluriel.

Soussigné
Sans doute vous êtes-vous demandé s’il fallait ou
non accorder ce soussigné qu’on rencontre dans la
formule Je soussigné… Eh bien oui, il n’y a aucune
raison pour ne pas l’accorder. Soussigné est le
participe passé d’un verbe qui n’est plus utilisé,
mais qu’on trouve encore dans le dictionnaire
Littré  : soussigner signifie signer sous. Ce participe
passé est devenu un adjectif qualificatif. Il
s’accorde donc avec le nom ou le pronom, comme
tous les adjectifs qualificatifs  : Nous soussignés
déclarons avoir reçu la somme de…

On utilise la virgule si le nom propre est cité : Nous


soussignées, Anne, Justine et Corinne Titegoutte,
affirmons avoir vu…

Soussigné peut aussi être employé comme nom


commun  : La soussignée Claire Delune déclare avoir
passé la nuit…
Si le nom n’est pas cité, on n’emploie pas la
virgule : Nous soussignés déclarons que…

Les collectifs
Lorsque, dans le groupe sujet, se trouve un collectif
(une foule de…, la plupart des…), on hésite  : doit-on
accorder le verbe avec le collectif ou bien avec ce
qui le complète ?

La foule des…
La règle est claire  : on fait ce qu’on veut ou
presque… En effet, accorder le verbe avec le
collectif ou avec ce qui le complète ne donne pas
tout à fait le même sens à la phrase. On choisit
donc la nuance qu’on va exprimer. Cependant, cela
n’est pas valable dans tous les cas. En général,
l’article défini la (ou un adjectif démonstratif  : ce,
cette…) précédant le nom commun oblige à l’accord
au singulier  : La foule des manifestants a envahi la
place ; La totalité des congressistes est arrivée.
LA PLUPART DE…

L’accord avec la plupart de se fait toujours au


pluriel  : La plupart des chevaux sont entrés sur la
piste. Il en est de même pour beaucoup de (Et
beaucoup de jockeys ont la mine un peu triste), bien
des (Bien des parieurs s’en vont miser quelques écus),
combien de, moins de, peu de (Peu d’entre eux
cependant diront  : «  Je l’ai dans l’ordre  !  »), trop de,
tant de, une infinité de, nombre de, quantité de.

Un grand nombre de…


Après une foule de, une multitude de, un grand nombre
de, on accorde tantôt avec le collectif (Une foule
d’étudiants barrait la route ; Un grand nombre de pièces
a été retiré de la chaîne pour malfaçon), tantôt avec le
complément (Une foule d’infirmières en congrès
avaient piqué la place des médecins ; Un grand nombre
de spécialistes ont quitté la salle). Même règle pour la
moitié de, le quart de, les deux tiers de, une minorité de,
une partie de, la majorité de, la grande majorité de, le
reste de, une grande quantité de, etc.
Vingt pour cent de…
Après les pourcentages, on accorde avec le collectif
ou avec le complément : Quatre-vingts pour cent de la
récolte ont été détruits par le gel ; Vingt pour cent de la
population est concernée par ce problème. Lorsque le
complément est au pluriel, on accorde évidemment
au pluriel  : Soixante-quinze pour cent des erreurs
proviennent de l’inattention.

Moi qui…
Pour accorder le verbe qui suit le pronom relatif
qui, on cherche ce que remplace ce pronom relatif
et on conjugue le verbe en fonction de cet
antécédent. Par exemple, on dira : C’est moi qui suis
arrivé le premier (qui a pour antécédent moi, pronom
personnel qui est l’équivalent de je  ; on accorde
donc le verbe être avec je, ce qui donne suis). Autres
exemples  : C’est toi qui es le meilleur (tu es)  ; C’est
vous qui prenez le relais (vous prenez)  ; Lisa et moi
regardons les voitures passer sur le boulevard (Lisa +
moi = nous) ; Louis et toi irez faire les courses (Louis +
toi = vous).
Chapitre 22
La carte d’identité du verbe
DANS CE CHAPITRE :

» Reconnaître les trois groupes

» Identifier les trois voix

» Passer d’une voix à l’autre

L se change selon les personnes dont il parle, selon


e verbe, c’est l’agité de la phrase, un arlequin qui

le moment qu’il rapporte, l’époque qu’il traverse. Il


est capable de tout  : il peut en un clin d’œil se
transporter dans le futur simple (ou compliqué), il
peut remonter le passé (simple ou composé), suivre
Ulysse sur la plage d’Ithaque, assister à l’attaque
d’un voyageur perdu dans une forêt de légende. Il
peut trouver dans avant-hier ce qu’on avait perdu
et prévoir pour demain même le superflu. C’est
émouvant de le voir tenter de saisir le présent, ce
partout, ce nulle part, aussitôt conjugué, aussitôt
disparu. Pour nous distraire, pour éviter qu’on
s’effraie de la lumière figée et de l’air transparent,
peut-être que c’est lui qui inventa le temps.

Foin de lyrisme, étudions-le : les groupes, les voix,


les modes, les temps, les personnes, et qu’il ne
reste rien qui nous soit inconnu !

Trois groupes spécialisés


Difficile de dénombrer les verbes, d’en donner le
compte exact, car il en naît régulièrement de
nouveaux pendant que d’autres, ayant fait leur
temps, s’en vont sur la pointe des pieds,
disparaissent peu à peu des dictionnaires. Ainsi en
est-il du verbe apostiller, qui désigne l’action
d’ajouter une note (une apostille) dans la marge
d’un texte. Encore présent dans certaines éditions,
il n’est plus guère utilisé. Par respect pour son
âge  –  cinq cents ans  –, on le conserve dans les
colonnes du vocabulaire disponible, comme un
retraité qui pourrait encore se rendre utile ou parler
du vieux temps.

Les verbes en… er


On évalue le nombre de verbes qui se terminent à
l’infinitif par er à plus de dix mille. De plus, la
conjugaison du premier groupe est une conjugaison
ouverte. Cela signifie que, si on veut inventer un
nouveau verbe, il aura une terminaison en… er. Les
sciences et les nouvelles technologies inventent des
procédés qui donnent aussitôt naissance à un verbe.
Ainsi, lorsque la télévision est née, le verbe téléviser
est apparu  ; l’ordinateur et ses accessoires ont
produit un grand nombre de nouveaux verbes du
premier groupe  : informatiser, numériser, digitaliser.
La publicité a mis à la mode le verbe positiver, dont
le contraire négativer n’existe pas encore. À moins
que, le voyant là écrit, vous ne vous en empariez…
SCANNER OU SCANNÉRISER ?

Pratique, le périphérique branché à l’ordinateur et


qu’on appelle scanner. Il a donné naissance à des
verbes jumeaux répertoriés dans certains
dictionnaires  : scanner et scannériser. Le premier,
scanner, est plus court, mais il a l’inconvénient, à
l’écrit, de ne porter aucune marque qui permette
de faire la différence entre l’objet, le scanner, et le
verbe. Le second, scannériser, évite cet
inconvénient, mais, deux syllabes de plus, cela
nécessite un gros effort pour certains. C’est
pourquoi, la plupart du temps, c’est le verbe
scanner qui l’emporte. L’équivalent français du nom
scanner est numériseur, de plus en plus utilisé  ; le
terme scanneur, paru au Journal officiel en
1998  pour désigner le même appareil, n’a pas
remporté beaucoup de succès. Dans le milieu
médical, le scanner reste le scanner…

Les verbes en… ir


Plus de dix mille verbes pour le premier groupe,
seulement trois cents pour le deuxième ! Les verbes
du deuxième groupe n’ont accueilli que deux petits
nouveaux au XXe siècle : amerrir et alunir, et encore
ces petits nouveaux sont les enfants du verbe
atterrir, inventé en 1686 pour la marine, puis utilisé
pour l’aérostation au XVIIIe siècle et enfin pour
l’aviation au XXe siècle. On sait qu’un verbe
appartient au deuxième groupe lorsque sa
conjugaison comporte à certains temps iss,
notamment au participe présent  : finissant,
rougissant (mais tapissant appartient au premier
groupe, car son infinitif est en… er : tapisser).

Les verbes en… ir, … oir, … re


Un peu plus de deux cents verbes pour le troisième
groupe, mais quels verbes  ! Qu’ils sont capricieux
et compliqués parfois ! Ce sont eux qui donnent aux
étrangers l’impression que notre conjugaison est
impraticable et que l’erreur est tapie partout, prête
à leur sauter dessus ! Le plus étonnant est le verbe
aller  : sa finale en… er pourrait laisser penser qu’il
appartient au premier groupe. Que nenni  ! C’est
l’un des verbes les plus irréguliers du troisième
groupe (je vais, il va, ils vont, j’allais, j’irai, que
j’aille…). De plus, beaucoup de ces verbes difficiles
ont d’importantes fréquences d’emploi (faire, dire,
devoir, etc.). Mais on les aime bien quand même  !
Au point de ne rien leur refuser. On dit nous disons,
mais on ne dit pas vous disez, seul vous dites est
correct  ! Eh bien, soit  ! Il en sera ainsi, c’est le
passé qui nous commande, même pour la
conjugaison du présent.

Les trois voix


Trois voix, trois chemins pour le sens qui gravite
autour du verbe. Ces trois voix sont bien pratiques
pour varier l’expression d’une idée, pour insister
sur certains éléments, pour en masquer d’autres,
pour en mettre en accusation. Bref, la maîtrise des
voix du verbe est aussi importante que celle du
vocabulaire. On peut dire ou écrire une chose de
bien des façons, et en général on choisit celle qui
nous arrange…

La voix active
C’est la voix de la franchise  : il y a un sujet, un
verbe et un ou des compléments (qui ne sont pas
obligatoires). On sait qui agit, qui fait l’action (le
sujet), on sait quelle est l’action (le verbe), on sait
sur quoi elle s’exerce (le complément d’objet direct
ou indirect) et dans quelles circonstances elle
s’accomplit (les compléments circonstanciels). Si le
verbe est employé aux temps composés, l’auxiliaire
avoir est utilisé, sauf s’il s’agit de l’un des verbes de
mouvement qui se conjuguent à la voix active avec
l’auxiliaire être  : je suis venu (passé composé, voix
active), je suis sorti (passé composé, voix active),
etc.

La voix passive
Avez-vous remarqué que beaucoup de titres à la
une des journaux sont à la voix passive, complète
ou tronquée  ? C’est la voix de la prudence, celle
qu’on utilise quand on ne sait pas qui est l’auteur
de l’action ou quand on hésite à le dire. Elle
possède l’avantage de mettre en avant la victime,
de la mettre en relief, sans nommer le responsable
de ce qui a été accompli, ou bien en l’indiquant en
dernier. L’auteur de la phrase passive choisit
délibérément d’insister sur ce qui subit ou sur celui
qui subit l’action. La principale caractéristique du
verbe à la voix passive est la présence de l’auxiliaire
être accompagnant le participe passé.

Il est trompé
Des augmentations de tarif ont été décidées. Par qui  ?
On ne sait pas. Le terme en relief, le mot important,
c’est augmentations, en tête de phrase, et celui qui
donne cette information n’a pas voulu en dire
davantage. S’il avait révélé qui a décidé de ces
augmentations, il aurait employé le complément
d’agent, qui désigne celui qui agit (… décidées par la
direction). Dès le présent de l’indicatif, on trouve
l’auxiliaire être  : Je suis aimé. De qui  ? Je n’ai pas
décidé de le dire. Il est trompé. Par qui  ? Vous ne le
saurez pas. Bien pratique, cette cachottière voix
passive !

La voix pronominale
Comme son nom l’indique, elle comporte un
pronom supplémentaire par rapport aux autres.
Dans la voix active et la voix passive, le sujet est
représenté par le nom ou le pronom. Dans la voix
pronominale, ce nom ou ce pronom sont renforcés
par un pronom personnel supplémentaire qui
occupe la place de complément du verbe. Un verbe à
la voix active, laver, peut très bien devenir un verbe
à la voix pronominale  : se laver. Certains verbes se
conjuguent seulement à la voix pronominale (se
souvenir). La voix pronominale est celle de
l’autosuffisance, de l’autarcie  : le verbe s’entoure
d’un sujet qui devient aussi son complément. Il n’a
plus besoin de personne !

JE TE REGARDE

Le verbe n’est pronominal que si le pronom


complément reprend la même personne que le
sujet. Dans Je te regarde, le verbe regarder est à la
voix active, car le pronom te représente quelqu’un
d’autre que le sujet je. Dans Je me regarde, le verbe
regarder est à la voix pronominale, car me
représente la même personne que je.

Pour passer de l’actif au passif


Très facile, de passer de la voix active à la voix
passive  : il suffit de repérer le sujet, le verbe et le
complément d’objet direct. Par exemple, dans la
phrase La fille du coupeur de joncs a écrit un roman, le
sujet (qui fait l’action) est la fille du coupeur de joncs,
le verbe est a écrit, et le COD est un roman. Pour
transformer cette phrase à la voix passive, on va
mettre en relief (c’est-à-dire en tête de phrase) ce
qui subit l’action exprimée par le verbe : un roman ;
on le fait suivre par le verbe accompagné de
l’auxiliaire être conjugué au même temps que le
verbe initial (passé composé) : a été écrit  ; enfin, le
complément d’agent (celui qui agit, qui fait l’action
exprimée par le verbe) prend sa place après la
préposition par ou de. Ce qui nous donne : Un roman
a été écrit par la fille du coupeur de joncs.

Pour la phrase active Le critique Dupont a descendu le


livre, on obtiendra à la voix passive  : Le livre a été
descendu par le critique Dupont, ou, si on ne veut pas
aggraver le cas de Dupont : Le livre a été descendu.

Et du passif à l’actif
La transformation d’une phrase au passif en phrase
à l’actif est aussi simple  : on repère le sujet, le
verbe et le complément d’agent (introduit par par
ou de). On écrit d’abord ce qui était le complément
d’agent, mais qui devient le sujet (qui fait
l’action)  ; on écrit le verbe en supprimant
l’auxiliaire être ; et ce qui était le sujet du verbe au
passif devient le COD du verbe à l’actif. Ainsi, la
phrase passive Les parieurs ont été trompés par les
pronostiqueurs devient à l’actif  : Les pronostiqueurs
ont trompé les parieurs. La phrase passive est celle
des victimes, la phrase active est celle de
l’accusation.
Chapitre 23
Les modes
DANS CE CHAPITRE :

» Connaître le rôle de chaque mode

» Adapter le mode à l’idée exprimée

A où son utilisateur peut se trouver, le verbe se


fin de tout dire, d’exprimer toutes les situations

met en quatre, et même en six puisqu’il existe six


modes. Chacun peut alors trouver ce qui lui
convient pour habiller son propos du moment.

Vous avez entendu parler des modes en


conjugaison. Peut-être même qu’à l’école vous avez
récité par cœur leur liste, sans forcément
comprendre de quoi il était vraiment question.
Indicatif  ? Subjonctif  ? Qu’est-ce que cela pouvait
vouloir dire  ? Eh bien, vous allez constater que
finalement tout est simple.

L’indicatif : le réel
C’est le mode du réel. Il comporte quatre temps
simples (présent, imparfait, passé simple, futur
simple) et quatre temps composés (passé composé,
plus-que-parfait, passé antérieur, futur antérieur),
qui permettent d’exprimer ce qui se passe, ce qui
s’est passé ou ce qui se passera. Il saisit les faits,
les actes, les opinions, les pensées, dans leur
réalisation passée, présente ou future. L’indicatif
est le mode le plus utilisé  : le présent, l’imparfait,
le futur simple et le passé composé permettent de
couvrir l’essentiel des besoins dans la conversation
courante.

Le conditionnel : l’éventuel
Deux (ou trois) temps pour le conditionnel  : le
présent, le passé (qui peut se diviser en passé
première forme et passé deuxième forme). Ce mode
projette le fait dans l’hypothétique. Sa réalisation
relève de la spéculation pure, de la supposition. Il
est comme suspendu au rêve, à l’imaginaire. Il
refait le monde, il rejoue les parties et gagne les
batailles perdues  : Grouchy aurait dû conduire ses
troupes à Waterloo, Blücher ne serait pas arrivé, la
bataille aurait été gagnée, et la gare de Waterloo, à
Londres, porterait un autre nom. Les verbes de toute
cette phrase sont au mode conditionnel. Il apparaît
nettement que les faits rapportés n’appartiennent
pas au réel, mais au virtuel du passé.

Le conditionnel sert de base aux projets les plus


fous, il dédramatise les pires échecs en donnant
l’illusion de refaire le parcours pour éviter l’erreur :
Là, j’aurais pu… ; Là, j’aurais dû… Le conditionnel est
bien un mode à part entière.

Le subjonctif : le doute
Dès qu’il y a un doute, on a recours au subjonctif.
Dans Il faut que je prenne le train, le verbe prendre est
conjugué au mode subjonctif car je peux être
retardé en route, le rater : il y a doute. Le subjonctif
exprime l’incertitude, l’éventuel. Dans les
propositions subordonnées à une proposition
principale où sont exprimés le doute, le désir, le
souhait, l’ordre, le sentiment, l’attente, on emploie
le subjonctif car la réalisation du fait exprimé est
suspendue à l’incertain  : J’aimerais qu’elle vienne  ;
Elle souhaite qu’il s’en aille. Venir et s’en aller, dans
ces phrases, sont conjugués au subjonctif car qu’elle
vienne ou qu’il s’en aille n’a rien de sûr. Le
subjonctif comporte quatre temps  : le présent, le
passé, l’imparfait et le plus-que-parfait.

DOUTE ET CERTITUDE

C’est l’indice de doute ou de certitude qui


commande l’emploi du subjonctif. Ainsi, avec le
verbe chercher, on peut employer le subjonctif
dans la subordonnée si le fait est suspendu à une
incertitude : Je cherche un homme qui soit capable de
répondre à toutes mes questions (existe-t-il  ?)  ; mais
on peut aussi employer l’indicatif  : Je cherche un
homme qui est habillé de bleu, avec qui j’avais rendez-
vous. Pour bien employer le subjonctif, il faut
d’abord réfléchir à ce qu’on veut dire.

Le cas du subjonctif dans les subordonnées


circonstancielles mérite une attention particulière.
Comme son nom l’indique, la proposition
subordonnée circonstancielle précise la
circonstance de l’action contenue dans la
proposition principale. Les circonstances peuvent
être le temps, le but, la cause, la conséquence, la
condition, la concession, la comparaison. On
emploie le subjonctif dans ces subordonnées
circonstancielles dès qu’il y a un doute, une
incertitude, dès que la réalisation du fait exprimé
par le verbe est dépendante de celle de la principale.
» La subordonnée de temps dans laquelle on
emploie le subjonctif est introduite par en
attendant que, avant que, jusqu’à ce que…

» La subordonnée de but contient toujours un


subjonctif (elle est introduite par afin que, pour
que, de peur que, de crainte que).

» La subordonnée de cause où on emploie le


subjonctif est introduite par non pas que.

» La subordonnée de conséquence où on doit


employer le subjonctif est introduite par de
manière que, de façon que.

» La subordonnée de condition introduite par


pourvu que, à moins que, à condition que, au cas où,
en admettant que ou toute autre locution
conjonctive exprimant un doute nécessite l’emploi
du subjonctif.

» La subordonnée de concession est introduite par


bien que, quoique, qui réclament l’emploi du
subjonctif.
» La subordonnée de comparaison ne réclame pas
l’utilisation du subjonctif.

L’impératif : l’ordre
Vous n’aimez pas recevoir d’ordres. Mais vous
aimez en donner. Chacun vit cette ambiguïté par
rapport à l’impératif. L’ordre est sec, tient en un
mot (Marche  ! Ouvre  ! Ferme  !), au point qu’on lui
préfère souvent une tournure où l’impératif
coupant disparaît au profit d’une demande polie,
d’une prière  : Voudrais-tu, s’il te plaît… L’impératif
comporte deux temps : le présent et le passé.

Le participe : l’adjoint
Comme son nom l’indique, ce mode participe à
beaucoup de formations verbales  : les temps
composés, la voix passive. C’est un adjoint
indispensable. Il peut aussi «  participer  » à la
fonction de l’adjectif. Il peut être présent, passé  :
présent, il demeure invariable  ; passé, vous
rappelez-vous comment l’accorder ?
L’infinitif : le voyageur sans
bagages
Pas de personne, pas de nombre, pas de genre,
l’infinitif voyage sans bagages. Et pourtant ce n’est
pas un solitaire, on le trouve partout  : il peut être
sujet, complément, noyau d’une proposition
infinitive, il peut devenir un nom commun. Bref, il
s’active partout où son statut plutôt souple le lui
permet. Au point que les étrangers, lorsqu’ils
veulent faire comprendre l’essentiel de leur
demande, ont toujours recours à lui  : «  Manger,
dormir… » Il comporte deux temps : le présent et le
passé.
ER OU É ?

Pour les milliers de verbes du premier groupe, le


doute plane toujours lorsqu’il s’agit d’écrire une
terminaison dont le son est é. En effet, doit-on
l’écrire er (infinitif) ou é (participe passé)  ? Il existe
un truc très simple qui consiste à remplacer le
verbe se terminant par le son é par un verbe dont
l’infinitif et le participe passé sont différents
(mordre et mordu, pendre et pendu, vendre et vendu,
recevoir et reçu, etc.). Par exemple, dans la phrase
On va envoy (é) (er) cet animal dans l’espace, il suffit
de remplacer mentalement envoy (é) (er) par vendre
ou pendre pour se rendre compte qu’après va on
est en présence d’un infinitif. On écrit donc le verbe
envoyer à l’infinitif : On va envoyer
Chapitre 24
Les temps
DANS CE CHAPITRE :

» Connaître chaque temps de la conjugaison

» Savoir utiliser les temps simples, les temps composés

» Maîtriser l’emploi du subjonctif imparfait

L temps 
es six modes comportent chacun
: vingt au total. Certains sont très
plusieurs

employés, d’autres ont été réduits à l’inactivité ou


presque par beaucoup d’utilisateurs qui les
considèrent superflus. Pourtant, tous les temps
sont utiles à l’expression de l’action, tous peuvent
trouver leur place. Ce n’est pas parce qu’un temps
est rare qu’il doit disparaître. Le rare n’est pas
l’inutile, mais l’exception. De plus, l’oral et l’écrit
n’utilisent pas la conjugaison de la même façon.
Les temps de l’un ne sont pas forcément ceux de
l’autre. Bref, passons sans tarder à l’étude de
chacun, ce n’est pas si fréquent de les avoir ainsi,
tous, sous les yeux. On n’a pas tous les jours vingt
temps !

Les temps simples de l’indicatif


Vingt temps  : examinons-les afin que vos idées
soient claires sur leur emploi, mais aussi sur la
désinence (la terminaison) de chacune des
personnes.

Le présent
On l’utilise bien sûr pour exprimer le moment où
on parle, mais il peut prendre la valeur d’un futur
(Je pars dans deux jours) ou d’un passé (Je sors de chez
lui il y a cinq minutes). Il sert à exprimer des vérités
générales (Dire que les femmes conduisent moins bien
que les hommes est faux), ou bien des habitudes
(Chaque matin, je me réveille de bonne humeur). Enfin,
il peut servir à raconter (Le Petit Chaperon rouge
entre dans la forêt, le loup est là…). Ses terminaisons
sont les suivantes :
» Pour les verbes du premier groupe : e, es, e, ons,
ez, ent.

» Pour les verbes du deuxième groupe : is, is, it,


issons, issez, issent.
» Pour les verbes du troisième groupe : s, s, t, ons,
ez, ent (recevoir) ; s, s, d, ons, ez, ent (rendre) ; x, x, t,
ons, ez, ent (vouloir) ; e, es, e, ons, ez, ent (cueillir).

JE LE JURE !

À titre indicatif et récréatif, voulez-vous savoir


comment on appelle un verbe qui exprime une
action qui se déroule pendant qu’on la nomme  ?
Par exemple lorsqu’un témoin lève la main à la
demande du président du tribunal et prononce
cette phrase « Je le jure » : au moment où il dit « Je
le jure ! », il jure, pas avant, pas après. Eh bien, on
appelle ces verbes des verbes «  performatifs  ».
Même si ça ne vous sert pas à grand-chose, c’est
toujours utile de le savoir, on ne sait jamais, si vous
participez à Questions pour un champion…

L’imparfait
Idéal pour la description, l’imparfait permet de
dresser un décor dans un récit écrit ou oral. Ce qu’il
exprime appartient au passé proche ou lointain.
Parfois, on l’emploie pour atténuer le présent  : Je
venais vous demander de…, au lieu de  : Je viens vous
demander de… Ce temps est très facile à conjuguer.
Pour les trois groupes, les terminaisons sont les
mêmes : ais, ais, ait, ions, iez, aient.

Le passé simple est bien


vivant
Régulièrement, on entend que le passé simple est
appelé à disparaître, qu’on ne le rencontre presque
plus, que sa conjugaison est mal connue, difficile,
pleine de pièges. Déjà, au XVIIIe siècle, les mêmes
remarques ou constatations étaient faites : le passé
simple n’en avait plus pour longtemps. Or que
constate-t-on  ? Le passé simple est toujours là,
bien vivant et très souvent utilisé. Mais attention,
son utilisation s’effectue dans un domaine bien
précis  : celui de la narration littéraire. En effet, il
suffit d’ouvrir des ouvrages de fiction pour
constater que de nombreux écrivains savent encore
parfaitement se servir de ce temps, qui indique
dans le passé un événement précis dont on connaît
le début et la fin et qui s’inscrit dans un contexte
rapporté à l’imparfait.

Drôle de temps
Dire que le passé simple a disparu n’est pas faux,
mais seulement dans certains domaines  : à l’oral,
on ne l’utilise pas, il est remplacé par le passé
composé  ; à l’écrit, les journalistes lui ont
également substitué le passé composé. Certains
écrivains leur emboîtent la plume, jugeant que le
présent assorti du passé composé est plus vif, plus
incisif que le couple imparfait/passé simple.
Cependant, le passé simple est toujours disponible :
la plupart des créateurs de fictions littéraires
(romans, nouvelles…) savent qu’il permet une
plongée plus radicale dans le passé et qu’il séduit
davantage l’imagination. Le passé simple donne à
la phrase le charme sépia d’albums anciens. Sa
conjugaison est bizarre  ? Sans doute pour les deux
premières personnes du pluriel. Et encore, n’est-ce
pas parce qu’on évite de s’en servir qu’il nous
paraît appartenir aux antiquités  ? Une simple
relecture de sa conjugaison suffit à nous le rendre
aussi familier que les autres temps. En voici les
terminaisons :
» Pour les verbes du premier groupe : ai, as, a,
âmes, âtes, èrent.

» Pour les verbes du deuxième groupe : is, is, it,


îmes, îtes, irent.
» Pour les verbes du troisième groupe : is, is, it,
îmes, îtes, irent/us, us, ut, ûmes, ûtes, urent/ins, ins,
int, înmes, întes, inrent.

Le futur simple
Son nom l’indique  : il projette une action dans le
futur. Ses terminaisons selon les groupes sont les
suivantes :
» Pour les verbes du premier groupe : erai, eras, era,
erons, erez, eront.

» Pour les verbes du deuxième groupe : irai, iras,


ira, irons, irez, iront.

» Pour les verbes du troisième groupe : rai, ras, ra,


rons, rez, ront.

Les temps composés de


l’indicatif
Construire les temps composés de l’indicatif est
très simple  : il suffit de conjuguer l’auxiliaire aux
temps simples et de le faire suivre du participe
passé.
Le passé composé
Le passé composé est «  composé  » de l’auxiliaire
au présent de l’indicatif suivi du participe passé  :
dans j’ai couru, j’ai, présent de l’indicatif de
l’auxiliaire avoir, est suivi du participe passé couru ;
dans je suis venu, suis est le présent de l’indicatif de
l’auxiliaire être, venu est le participe passé du verbe
venir. Le passé composé sert à exprimer un fait
passé, proche ou lointain.

Le passé surcomposé
Le passé surcomposé est un temps qui appartient
surtout à l’oral  ; il s’emploie pour indiquer un fait
qui s’est passé avant celui qui est exprimé au passé
composé : Quand il a eu terminé son article, il a regardé
le match de foot. A eu terminé est un passé
surcomposé : on y trouve l’auxiliaire avoir au passé
composé, suivi du participe passé du verbe à
conjuguer.

Le plus-que-parfait
Le plus-que-parfait comporte l’auxiliaire, avoir ou
être, à l’imparfait, suivi du participe passé du verbe
à conjuguer. Il exprime un fait qui s’est passé avant
un autre fait passé.

Le plus-que-parfait
surcomposé
Il possède la même structure que le passé
surcomposé, mais l’auxiliaire avoir (ou être) y est
conjugué au plus-que-parfait  : Dès qu’il avait eu
regardé le spectacle, il était reparti chez lui. Avait eu
regardé est un plus-que-parfait surcomposé.

Le passé antérieur
L’auxiliaire est conjugué au passé simple et suivi du
participe passé. Comme le plus-que-parfait, ce
temps exprime un fait antérieur à un autre fait
passé, mais on ne l’emploie pas à l’oral. On le
rencontre surtout dans les textes littéraires  : Dès
qu’il eut gagné assez d’argent, il partit.

Le futur antérieur
Il est composé de l’auxiliaire au futur simple, suivi
du participe passé du verbe à conjuguer. Il exprime
un fait futur accompli par rapport à un autre fait.
Le futur dans le passé
Un futur simple peut basculer dans le passé  : il
suffit qu’on rapporte le fait évoqué au futur un peu
plus tard. Par exemple, la phrase Nous décidons que
nous aurons un chien devient douze mois plus tard :
Il y a un an, il fut décidé que nous aurions un chien. Nous
aurons est devenu nous aurions. Ce nous aurions
ressemble au conditionnel mais, étant donné qu’il
n’exprime aucune condition, on lui restitue sa
fonction de futur en précisant qu’il se situe dans le
passé, d’où son nom : futur dans le passé.

Les temps du conditionnel


Les temps du conditionnel sont au nombre de deux
ou de trois, cela dépend des grammairiens ou
linguistes qui les recensent. Pour certains, le
conditionnel passé se divise en passé première
forme et passé deuxième forme. Pour d’autres,
étant donné que le conditionnel passé deuxième
forme est exactement le même que le subjonctif
plus-que-parfait, il est inutile de parler de ce
conditionnel passé deuxième forme, et le
conditionnel ne possède qu’un seul et unique passé.
Le présent
Le présent du conditionnel permet d’envisager une
action dans sa réalisation éventuelle. Les
terminaisons de ce temps sont les suivantes :
» Pour le premier groupe : erais, erais, erait, erions,
eriez, eraient.

» Pour le deuxième groupe : irais, irais, irait, irions,


iriez, iraient.

» Pour le troisième groupe : rais, rais, rait, rions, riez,


raient.

Le passé première forme


Le conditionnel passé première forme est composé
de l’auxiliaire au conditionnel présent, suivi du
participe passé du verbe à conjuguer. Dans J’aurais
fait des courses si tu m’avais prévenu, j’aurais fait est
un conditionnel passé première forme.

Le passé deuxième forme


Le conditionnel passé deuxième forme est composé
de l’auxiliaire (avoir ou être) au subjonctif
imparfait, suivi du participe passé du verbe à
conjuguer. Dans J’eusse préféré cette solution à celle
qu’elle me proposa, j’eusse préféré est un conditionnel
passé deuxième forme.

SI J’AURAIS SU…

Après un si exprimant une condition, on n’emploie


pas le conditionnel, mais l’indicatif. Vous avez sans
doute appris cette règle de la façon suivante : les si
n’aiment pas les rais. En effet, on ne dit pas  : Si je
pourrais faire quelque chose, je le ferais, mais  : Si je
pouvais faire quelque chose, je le ferais. L’auteur de
La Guerre des boutons, Louis Pergaud (1882-1915),
met dans la bouche du personnage Petit Gibus,
joyeux cancre, cette forme fautive très connue : « Si
j’aurais su, j’aurais pas venu ! » (au lieu de : Si j’avais
su, je ne serais pas venu  !). En revanche, les si
interrogatifs indirects peuvent être suivis de
formes en rais  : Je me demandais si tu viendrais
(futur dans le passé) aujourd’hui.

Les temps du subjonctif


Ils sont quatre  : le présent, l’imparfait, le passé et
le plus-que-parfait. Le plus célèbre est l’imparfait.
Son emploi peu fréquent à l’oral le fait considérer
comme une curiosité, un temps compliqué, alors
qu’il ne recèle aucune difficulté particulière.

Le présent
Les trois premières personnes du singulier des
verbes du premier groupe sont identiques au
présent de l’indicatif et au présent du subjonctif (je
travaille, il faut que je travaille – après le verbe falloir,
qui exprime une nécessité, on emploie le
subjonctif). Il en est de même pour la troisième
personne du pluriel. En revanche, les première et
deuxième personnes du pluriel sont les mêmes que
les première et deuxième personnes de l’imparfait
de l’indicatif (nous travaillions, il faut que nous
travaillions).

Pour les verbes des deuxième et troisième groupes,


la conjugaison aux trois premières personnes du
singulier est différente de celle de l’indicatif (je sais,
il faut que je sache). Souvent, les deux premières
personnes du pluriel sont les mêmes que celles de
l’imparfait de l’indicatif (vous veniez, il faut que vous
veniez). Et la dernière personne du pluriel est dans
la majeure partie des cas la même que celle de
l’indicatif présent. Voici les terminaisons du
subjonctif présent :
» Pour le premier groupe : e, es, e, ions, iez, ent.

» Pour le deuxième groupe : isse, isses, isse, issions,


issiez, issent.

» Pour le troisième groupe : e, es, e, ions, iez, ent.

L’imparfait
Le subjonctif imparfait est peu employé. C’est la
raison pour laquelle certains l’approchent avec une
extrême prudence, comme s’il s’agissait d’un
monstre dont il faut se méfier des réactions.
D’autres, pour résoudre toutes les difficultés qu’il
est supposé engendrer, le déclarent obsolète,
réaffirment régulièrement sa disparition. Mais il
est bien vivant, utilisé comme un ingrédient rare
par certains écrivains ou orateurs soucieux de
relever leur propos, de lui donner à la fois
correction et élégance. Et ça énerve ceux qui ne
savent pas s’en servir  ! Pourtant, l’imparfait du
subjonctif n’est pas plus compliqué qu’un autre
temps de la conjugaison, il suffit de l’apprendre.
Les trois personnes du singulier
L’imparfait du subjonctif est surtout utilisé à la
troisième personne du singulier. Pour en trouver
l’orthographe, il suffit de savoir conjuguer la
troisième personne du singulier du passé simple de
l’indicatif. On ajoute un accent circonflexe et un t
pour les verbes du premier groupe, un accent
circonflexe seulement pour les autres. Ainsi, il joua
(passé simple) devient il fallait qu’il jouât (imparfait
du subjonctif) ; il courut devient il fallait qu’il courût
(rappelons que le mode subjonctif est utilisé ici
parce que la proposition principale contient une
idée de nécessité : il fallait que…).

Pour les deux premières personnes du singulier, les


terminaisons sont sse et sses  : je coupai (passé
simple) donne il fallait que je coupasse (imparfait du
subjonctif, on a enlevé le i de la première personne
du passé simple) ; tu coupas (passé simple), il fallait
que tu coupasses (imparfait du subjonctif)  ; je rendis
(passé simple), il fallait que je rendisse (imparfait du
subjonctif) ; je lus (passé simple), il fallait que je lusse
(imparfait du subjonctif)  ; tu sus (passé simple), il
fallait que tu susses (imparfait du subjonctif).

Les trois personnes du pluriel


Les deux premières personnes du pluriel donnent
toujours un peu de pittoresque à la conjugaison de
ce temps  : les terminaisons sont ssions et ssiez. Ce
qui donne : nous marchâmes (passé simple), il fallait
que nous marchassions (imparfait du subjonctif)  ;
vous lûtes (passé simple), il fallait que vous lussiez
(imparfait du subjonctif)  ; vous vîntes (passé
simple), il fallait que vous vinssiez (imparfait du
subjonctif). Pour la troisième personne du pluriel,
on ajoute aussi ssent, mais les verbes du premier
groupe changent le è du passé simple en a  : ils
alléchèrent (passé simple), il fallait qu’ils alléchassent
(imparfait du subjonctif). Évidemment, on
rencontre peu la conjugaison de ces personnes du
pluriel, mais on les lit dans les œuvres des siècles
passés, où leur emploi ne posait pas de problème
particulier.

Quand employer le subjonctif


imparfait ?
L’emploi du subjonctif imparfait obéit à la règle de
la concordance des temps. Au présent de l’indicatif
(ou du conditionnel) dans la proposition principale,
correspond le subjonctif présent ou le subjonctif
passé dans la subordonnée : Je souhaite (présent de
l’indicatif) que tu comprennes (présent du
subjonctif) mon point de vue  ; J’aimerais
(conditionnel présent) que tu termines (subjonctif
présent) ou que tu aies terminé (subjonctif passé) ton
travail tout à l’heure.

À l’imparfait ou aux autres temps du passé de


l’indicatif ou du conditionnel, correspondent
l’imparfait ou le plus-que-parfait du subjonctif : Je
souhaitais (imparfait de l’indicatif) qu’il comprît
(imparfait du subjonctif) mon point de vue  ; Il aurait
été (conditionnel passé) préférable que nous
retinssions (subjonctif imparfait) ou que nous
eussions retenu (subjonctif plus-que-parfait) nos
places  ; J’avais demandé (plus-que-parfait de
l’indicatif) qu’elle fût présente (imparfait du
subjonctif).

Mais, dans l’usage, surtout oral, on préfère


l’emploi systématique du présent ou du passé du
subjonctif. Dans Il était plus prudent que nous
marchassions ensemble, l’action exprimée par le
verbe disparaît sous le pittoresque de la
conjugaison inhabituelle, et on préfère dire : … que
nous marchions.
CYRANO

Parmi les nombreux imparfaits du subjonctif qu’on trouve


dans Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand (1868-1918),
celui-ci, extrait de la tirade du nez (scène 5, acte I), est assez
pittoresque : «  Agressif  : “Moi, monsieur, si j’avais un tel nez/Il
faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse !” »

Le passé
Le subjonctif passé est composé de l’auxiliaire
(avoir ou être) au subjonctif présent, suivi du
participe passé du verbe à conjuguer  : Il voudrait
(après ce verbe exprimant un souhait, un désir, on
emploie le subjonctif) que j’aie compris (subjonctif
passé).

Le plus-que-parfait
Le plus-que-parfait du subjonctif est composé de
l’imparfait du subjonctif de l’auxiliaire, suivi du
participe passé du verbe à conjuguer : J’eusse préféré
(conditionnel passé deuxième forme) que nous
fussions sortis (subjonctif plus-que-parfait) pour
régler ce problème.
Les deux temps de l’impératif
Deux temps, deux personnes seulement  ! Et,
pourtant, que de petits problèmes à résoudre quand
on emploie l’impératif à l’oral ou à l’écrit. Liaisons,
place des pronoms, orthographe, autant
d’incertitudes…

Le présent
Peut-être avez-vous pensé  : «  Deux personnes  ? Je
croyais qu’il y en avait trois.  » Trois, si vous voulez,
mais en réalité ce sont deux personnes qui sont
concernées  : la première uniquement au pluriel
(travaillons) et la deuxième au singulier et au pluriel
(marche, allez). Pour la troisième personne du
pluriel, le subjonctif tient lieu d’impératif  : Qu’ils
partent ! Qu’elles sortent ! La terminaison des verbes
à l’impératif présent est la suivante :
» Pour le premier groupe : e, ons, ez.

» Pour le deuxième groupe : is, issons, issez.

» Pour le troisième groupe : e, ons, ez/s, ons, ez.

Vigilance !
Pour écrire sans se tromper la deuxième personne
du singulier de l’impératif présent, il suffit de la
faire précéder mentalement de je, car cette
deuxième personne possède la même orthographe
que la première (survivance du latin). On écrira
donc  : Observe cette remarque en ayant pensé
préalablement (j’) observe  ; ou  : Avance jusqu’à la
limite en ayant pensé (j’) avance ; ou bien : Couvre tes
épaules en ayant pensé (je) couvre ; ou bien encore :
Rends ce service à ton voisin en ayant pensé (je) rends.
Ce procédé ne convient pas aux auxiliaires (avoir
fait à l’impératif deuxième personne du singulier
aie, être fait sois), ni au verbe aller (qui à la
deuxième personne du singulier fait va).

Le s euphonique
Si on respecte absolument la conjugaison de la
deuxième personne de l’impératif présent, on se
trouve dans certains cas en présence d’un hiatus (le
mot hiatus ne commence pas par un h aspiré, on
fait donc la liaison  : un-n-hiatus). L’hiatus est la
rencontre de deux sons vocaliques (provenant des
voyelles) qui donne l’impression désagréable de
rester trop longtemps bouche ouverte sans articuler
tout en parlant : Il va à Aachen (Aix-la-Chapelle).
Pour éviter l’hiatus, on emploie un s euphonique  :
Voici le cerisier et ses cerises  : cueilles-en (et non
cueille-en qui comporterait un hiatus entre cueille et
en). On trouve ce s euphonique dans manges-en,
offres-en, gardes-en, etc. Le s euphonique est aussi
employé devant le pronom adverbial y  : Vas-y (et
non : Va-y) ; Le Parlement s’occupe de cette question :
adresses-y ta requête. Si en ou y est suivi d’un
infinitif ou si en est une préposition, l’impératif
garde son orthographe initiale et le trait d’union
disparaît : Va en parler au responsable ; Va y mettre ton
grain de sel ; Donne en homme généreux !

Les traits d’union et les pronoms


L’impératif peut être suivi de deux pronoms. Dans
ce cas, on les relie tous les deux par des traits
d’union  : Allez-vous-en  ; Prenez-le-lui. La
succession des pronoms pose parfois quelques
problèmes, surtout aux enfants qui s’habituent
difficilement à l’élision. Ils diront par exemple  :
Donne-moi-  (z)-en, au lieu de  : Donne-m’en (sans
doute influencés par donnes-en et son s
euphonique). On entend aussi parfois  : Parle-moi-
(z)-en, au lieu de  : Parle-m’en  ; Dis-moi-  (z)-en
davantage au lieu de : Dis-m’en davantage.
Les pronoms le et la ne s’élident que devant les
pronoms en et y (qui se mettent toujours en
dernier)  : Convaincs-le de cela donne  : Convaincs-
l’en  ; Mène-le là-bas donne  : Mène-l’y  ; Emmenez-
moi là-bas donne  : Emmenez-m’y. À la forme
négative, le COD est toujours le plus près du verbe :
Ne me le dis pas  ! Cependant, il y a exception pour
leur et lui, qui se mettent entre le COD et le verbe :
Ne le leur dites pas ; Ne le lui avoue pas !

Les deux autres personnes


La première et la deuxième personne du pluriel ne
posent pas de problème particulier. Elles s’écrivent
comme à l’indicatif : Courons vers la victoire ; Revenez
rapidement. Pour trouver leur orthographe correcte,
il suffit de faire précéder mentalement la première
personne du pluriel du pronom personnel nous et la
deuxième personne du pluriel du pronom personnel
vous.
VA-T’EN OU VA-T-EN ?

Seule la première orthographe est correcte, car t’


n’est autre que le pronom personnel te qui s’élide
(c’est-à-dire qui perd son e, remplacé par
l’apostrophe) devant la voyelle e du pronom en. En
revanche, on écrira  : Va-t-on bientôt partir  ? en
faisant suivre le t d’un trait d’union car ce n’est pas
un pronom personnel mais un t destiné à éviter
l’hiatus (on ne peut prononcer va-on).

Le passé
Le passé de l’impératif est composé de l’auxiliaire
(être ou avoir) au subjonctif et du participe passé du
verbe à conjuguer. La conjugaison de l’auxiliaire
suit la même règle que celle de l’impératif présent :
la deuxième personne du singulier possède
l’orthographe de la première. On doit donc, avant
d’écrire, penser je. Ce qui donne  : Aie terminé (que
j’aie) ton travail dans une heure  ! Sois revenu (que je
sois) pour dix heures.
Les temps du participe et de
l’infinitif
Le participe et l’infinitif possèdent chacun un
présent et un passé.

Le présent et le passé du
participe
Le participe présent se termine par ant  : coulissant
est le participe présent du verbe coulisser. Attention,
sans doute vous rappelez-vous que le participe
présent est invariable, par exemple dans cette
phrase  : Cette porte de bois coulissant difficilement,
nous la remplacerons par une baie en aluminium. Mais
le participe présent peut devenir un adjectif verbal :
Cette porte coulissante devra être remplacée. Le passé
du participe est composé de l’auxiliaire avoir au
participe présent suivi du participe passé du verbe à
conjuguer  : ayant coulissé est le passé du participe
du verbe coulisser. Mais la plupart du temps on
rencontre le participe passé sans l’auxiliaire.

Le présent et le passé de
l’infinitif
« On ne peut être et avoir été. » Dans cette maxime,
dont on relève la première trace écrite en  1750, on
trouve l’infinitif présent être et l’infinitif passé du
même verbe  : avoir été. L’infinitif passé est donc
composé de l’auxiliaire avoir à l’infinitif, suivi du
participe passé du verbe à conjuguer.

Les règles de la concordance


des temps
La qualité d’un message dépend du vocabulaire, de
la syntaxe (la construction de la phrase), mais aussi
du bon emploi des temps qui permet d’exprimer
avec précision les idées, le déroulement d’une
action.

Les doutes
Il existe une infinité de combinaisons possibles
entre les différents temps disponibles dans la
conjugaison française. En général, intuitivement,
on exprime sa pensée en faisant concorder les
temps employés, mais parfois subsistent des
doutes. On l’a constaté pour l’emploi du subjonctif
dans les subordonnées, il existe une règle précise :
à l’emploi du présent ou du futur de l’indicatif dans
la principale, correspond celui du présent ou du
passé du subjonctif dans la subordonnée  ; à
l’emploi des temps du passé dans la principale,
correspond l’emploi de l’imparfait ou du plus-que-
parfait du subjonctif dans la subordonnée. Mais
l’usage en décide autrement  : l’emploi du
subjonctif imparfait peut confiner au ridicule (Il
aurait fallu que nous avançassions) ou révéler un
louable souci de la correction (Nous aurions aimé
qu’il fût parmi nous). Chacun demeure seul juge de
ses choix.

L’harmonie avant tout


La règle qui recommande pour le récit l’emploi des
couples présent/ passé composé ou imparfait/passé
simple est souvent transgressée, parfois
maladroitement, parfois de façon habile et réussie.
D’ailleurs, est-ce vraiment une règle ? C’est plutôt
un ensemble de recommandations qui soulignent la
nécessité de ne pas mélanger de façon intempestive
les temps qu’on emploie au risque de perturber la
qualité du message. Bien sûr, on préfère que
l’imparfait soit accompagné du passé simple quand
on nous raconte une histoire ou quand on la lit.
Mais il en est des temps comme d’un clavier  :
certains en tirent spontanément des suites
harmonieuses et séduisantes, d’autres produisent
de la cacophonie sans forcément s’en apercevoir.
Dans un récit commencé au passé, on peut lire tout
un passage raconté au présent, appelé alors présent
de narration ou d’actualisation. Son avantage  :
donner à l’action davantage de vivacité, la mettre
en relief. Puis on revient aux temps du passé
(imparfait, passé simple).
Chapitre 25
Les conjugaisons particulières
DANS CE CHAPITRE :

» Maîtriser l’emploi des accents

» Connaître les terminaisons délicates

» Conjuguer les verbes défectifs

L si pour la plupart d’entre eux tout est simple et


a conjugaison du verbe n’est pas toujours aisée :

clair, pour d’autres, en revanche, il est nécessaire


de connaître certaines règles qui évitent d’écrire
selon l’humeur du moment en décrétant que
chacun a le droit de faire ce qu’il veut ! Soit, mais le
message écrit ou oral risque de s’opacifier, la
communication en sera inévitablement altérée, et
ce n’est pas ce qu’on cherche en général lorsqu’on
s’adresse aux autres. Des tentatives de réforme
ayant pour objectif de normaliser l’utilisation des
accents ou de certaines terminaisons sont en train
d’échouer. Tout simplement parce que l’écriture ne
relève pas d’une logique absolue, ce qui serait
infiniment triste, mais de choix opérés pour
certaines raisons, à certaines époques, et qu’il faut
traiter comme un précieux héritage.

Le problème des accents


Les accents graves, les accents aigus, les accents
circonflexes… Il est rare que dans une phrase on
n’ait pas à décider lequel choisir pour faire
fonctionner le verbe.

Les verbes en -aître ou en -


oître
Les verbes se terminant par  -aître ou par  -oître
sont peu nombreux. La règle qui s’y applique est
simple et facile à retenir : ils conservent leur accent
circonflexe quand le i du radical est suivi d’un t.
Ainsi, on écrit je connais mais il connaît, je
connaissais mais je connaîtrai, nous disparaissons
mais ils disparaîtront, je naissais mais il naît ou il
naîtra. Simple  : dès qu’arrive le t du radical, on
prépare l’accent circonflexe. Et pourtant, dans les
propositions de réforme, il est conseillé de ne plus
utiliser cet accent dans la conjugaison. On peut
remarquer que ces propositions ne sont pas suivies
d’effet, et cela a une cause  : ces petites
rectifications sont toujours considérées comme des
erreurs par les correcteurs qui ne voient pas
l’utilité de deux orthographes. Et puis, pourquoi,
sous prétexte que la plupart des verbes vont tête
nue, interdire à certains le port du chapeau  ? La
liberté, c’est aussi celle des mots…

Croître et son chapeau


Outre qu’il conserve l’accent circonflexe sur le i
devant le t du radical, le verbe croître en prend un
dès qu’il risque d’être confondu avec le verbe
croire. Ainsi, on écrit je croîs (je grandis), tu croîs au
présent, je crûs, tu crûs, il crût, etc. au passé simple,
que je crûsse, que tu crûsses au subjonctif imparfait.
On ne peut cependant éviter au subjonctif imparfait
l’homophonie (même son) et l’homographie
(même orthographe) entre qu’il crût (croître) et qu’il
crût (croire).
CLORE, GÉSIR, PLAIRE

À la troisième personne du singulier, les verbes


clore, gésir et plaire prennent un accent circonflexe
devant le t : il clôt, il gît, il plaît (s’il vous plaît).

Attention à l’avant-dernière
syllabe
Deux catégories de verbes sont concernées  : ceux
qui comportent un e muet à l’avant-dernière
syllabe et ceux qui possèdent un é à l’avant-
dernière syllabe.

Élever, peser…
Élever, peser, soulever, etc. changent le e de l’avant-
dernière syllabe en è devant une syllabe muette,
c’est-à-dire une syllabe dont le e ne se prononce
pas à l’oral. Ainsi, le verbe élever se conjugue au
présent en utilisant le è : j’élève ; de même au futur
simple  : j’élèverai. Pour le verbe peser  : je pèse, je
pèserai. Mais nous élevons (la syllabe qui suit le e
n’est pas muette), nous pesons, nous soulevons.
Accéder, alléger…
Accéder, alléger, céder, concéder, considérer, décéder,
déléguer, disséquer, léser, pénétrer, régler, régner,
reléguer, tolérer, etc. : tous ces verbes qui possèdent
un é à l’avant-dernière syllabe changent ce é en è
devant une syllabe finale muette (un e qu’on ne
prononce pas), sauf au futur et au conditionnel  :
j’accède, tu accèdes, il accède, nous accédons, vous
accédez, ils accèdent ; j’allège, tu allèges, il allège, nous
allégeons, vous allégez, ils allègent  ; je céderai, tu
céderas, il cédera, nous céderons, vous céderez, ils
céderont  ; je piège, vous piégerez  ; je pénètre, nous
pénétrerons, je pénétrerai, il pénétrera  ; je siège, nous
siégeons, ils siégeront  ; je tolère, tu toléreras, nous
tolérons, nous tolérerons. Tout cela n’est pas
compliqué, il suffit de l’apprendre et de se le
rappeler au bon moment.

Dépecer
La lettre e de la deuxième syllabe du verbe dépecer
devient è dès qu’elle est suivie d’une syllabe
comportant un e muet. Présent  : Je dépèce, tu
dépèces, il dépèce, nous dépeçons, vous dépecez, ils
dépècent. Imparfait  : Je dépeçais, tu dépeçais, etc.
Passé simple  : Je dépeçai, tu dépeças, etc. Futur
simple  : Je dépècerai, tu dépèceras, il dépècera, nous
dépècerons, vous dépècerez, ils dépèceront.
Conditionnel présent  : Je dépècerais, tu dépècerais,
etc. Subjonctif présent  : Que je dépèce, que tu
dépèces, qu’il dépèce, que nous dépecions, que vous
dépeciez, qu’ils dépècent. Impératif présent : Dépèce,
dépeçons, dépecez. Participe passé : Dépecé.

Les verbes terminés par -eyer, -


ayer, -oyer, - uyer
Oyez, oyez (du verbe ouïr)  ! Les verbes en  -eyer, -
ayer, -oyer, -uyer suivent les règles que voici :

Les verbes en -eyer


Les verbes terminés par  -eyer (il n’y a guère que
grasseyer…) conservent le y dans toute la
conjugaison. La prononciation est en conséquence :
je grasseye (qui rime avec groseille, mais signifie
prononcer certains sons de façon gutturale,
notamment les r, c’est une prononciation contraire
à celle du r roulé).

Les verbes en -ayer


Balayer, bégayer, débrayer, délayer, enrayer, essayer,
pagayer, payer, rayer, zézayer (il en existe quelques
autres), peuvent changer le y en i devant un e muet,
mais peuvent aussi conserver le y. Ce qui donne une
double conjugaison : je paie ou je paye, il délaiera ou
il délayera, nous essaierons ou nous essayerons, ils
pagaieront ou ils pagayeront.

BAYER AUX CORNEILLES

Le verbe bayer (rester la bouche ouverte, ne pas


confondre avec bâiller) conserve le y dans toute sa
conjugaison.

Les verbes en -oyer ou -uyer


Nettoyer, essuyer, verbes domestiques, mais aussi
tous les autres verbes terminés par  -oyer ou  -uyer
doivent changer le y en i devant un e muet, c’est
obligatoire  : je nettoie, nous nettoyons, vous
nettoierez, ils nettoieront  ; j’essuyais, j’essuierai, ils
essuieront  ; j’appuie, nous appuyons, vous appuierez,
etc.
Les verbes terminés par -éer, -
ier, -ouer, - uer
Il y a des fins de verbes délicates, elles réclament
du doigté, des précautions ou plus simplement de
la mémoire. Encore faut-il, pour cela, connaître la
règle qui les gouverne, et pour la connaître il est
nécessaire de l’avoir rencontrée. Cela ne vous est
jamais arrivé ? Commençons par les présentations.

Les verbes en -éer


Les verbes qui se terminent par  -éer, par exemple
créer, gréer, suppléer, ont un participe passé un peu
particulier qui peut faire douter de ce qu’on veut
écrire. En effet, ces verbes possèdent un radical qui
se termine par é  : cré, gré, supplé… À ce é peut
s’ajouter le é du participe passé : créé, gréé, suppléé.
Mais à ces deux é peut encore s’ajouter un e, celui
de l’accord au féminin : créée, gréée, suppléée (Cette
œuvre fut créée en… ; Cette voile est gréée… ; Cette toile
est suppléée par celle-ci). Leur conjugaison ne doit
pas non plus dérouter : je crée, tu crées, il crée, nous
créons, etc. Au futur et au conditionnel, la
terminaison est toujours précédée d’un e qu’on ne
prononce pas : je créerai, tu créeras, nous créerions, ils
créeraient.

Les verbes en -ier, -ouer, -uer


Au futur simple et au conditionnel, de même que
les verbes en -éer, les verbes en -ier, -ouer et -uer
prennent un e avant la terminaison. Ce e est muet :
je crierai, tu prieras, il triera, nous scierons, vous ne
vous y fierez pas, ils lieront (du verbe lier), je louerais,
tu nouerais, il jouerait, nous vouerions, vous alloueriez,
ils tatoueraient, je suerai, tu tueras, il puera, nous
situerons, vous diluerez, ils salueront, etc.

Les verbes terminés par -dre


Les verbes terminés par  -dre forment une famille
nombreuse à laquelle il faut faire attention  :
certains de ses membres peuvent vous plonger dans
l’erreur si vous n’y prenez garde.

Les verbes en -dre : règle


générale
Les verbes terminés par  -dre conservent le d dans
leur conjugaison  : je vends, tu vends, il vend  ; je
pends  ; tu répands  ; il tend  ; nous tendons. Mais
attention  : je mouds, tu mouds, il moud, nous
moulons, vous moulez, ils moulent  ; je couds, tu couds,
nous cousons, ils cousent ; etc.

Les verbes en -indre et -


soudre : cas particuliers
Les verbes terminés par -indre et -soudre perdent le
d aux deux premières personnes du singulier du
présent de l’indicatif. De plus, ils changent, au
présent de l’indicatif également, le d en t à la
troisième personne du singulier. Ils ne conservent
le d qu’au futur simple et au conditionnel présent :
je résous, tu résous, il résout, je résoudrai, ils
résoudraient ; je peins ; tu plains ; il geint ; etc.

Les verbes terminés par -eler


et -eter
On est souvent assailli par un petit doute lorsqu’il
faut écrire les verbes qui se terminent par  -eler
ou -eter. Voici de quoi le dissiper.

Les verbes terminés par -eler


Ils redoublent le l devant un e muet ou, plus
simplement, pour obtenir le son è, on redouble le l
car, suivi de deux consonnes, le e devient è sans
qu’il soit nécessaire de lui ajouter un accent grave.
Ainsi, on écrit j’appelle, tu appelles, il appelle, mais
nous appelons (le son du e est bien e, et il n’y a pas
de e muet après le l), vous appelez, ils appellent,
j’appelais, nous appelâmes, j’appellerai, etc. Mais
certains verbes ne suivent pas cette règle et
s’écrivent avec un è suivi d’un seul l lorsque celui-
ci est suivi d’un e muet. Ces verbes sont celer
(cacher), ciseler, congeler, déceler, dégeler,
démanteler, écarteler, geler, marteler, modeler, peler,
receler. On écrit donc je congèle, tu gèles, nous gelons,
vous écartelez, ils pèlent.
INTERPELLER

Le verbe interpeller conserve dans toute sa


conjugaison les deux l de son radical, mais il suit la
prononciation du verbe appeler. Ainsi, on prononce
nous appelons et nous interpellons de la même
façon, de sorte qu’on se trouve en présence d’une
exception pour la prononciation du e devant deux
consonnes (car le e, dans nous interpellons, devrait
se prononcer è devant les deux l, cela en a dérouté
plus d’un…). Les verbes flageller et sceller
conservent aussi leurs deux l pendant toute la
conjugaison, mais on prononce è le e central. Ce
qui donne  : je flagelle, tu flagelles, il flagelle, nous
flagellons, vous flagellez, etc. (prononciation : fla-gè) ;
je scelle, tu scelles, il scelle, nous scellons, etc.
(prononciation  : sè). De même  : consteller, exceller,
libeller, quereller, se rebeller.

Les verbes terminés par -eter


Ils suivent la même règle que les verbes terminés
par -eler, à la différence que la consonne redoublée
est le t. On écrit donc je jette, tu brevettes, elle
caquette, nous époussetons, vous empaquetterez, ils
déchiquetteront (lorsque le e a le son è, il est suivi de
deux t). Les verbes qui ne suivent pas cette règle et
s’écrivent avec un è devant une syllabe contenant
un e muet sont les suivants  : acheter, corseter,
crocheter, fureter, haleter. On écrit donc j’achète, il
achète, nous achetons, vous achèterez  ; ils halèteront  ;
etc.

Autres particularités
Certaines conjugaisons, certaines personnes,
comportent des constructions particulières, des
orthographes qui peuvent surprendre si on ne les a
jamais vraiment observées, donc si on ne les
possède pas entièrement ou même pas du tout.

Les verbes terminés par -yer


Aux deux premières personnes du pluriel de
l’imparfait, les verbes terminés par  -yer prennent
un i après le y. Ce i fait partie de la terminaison  -
ions. Qu’il vienne après le y peut surprendre, mais
c’est tout à fait logique puisque le radical du verbe
se termine par y. Ainsi, on écrit nous payions, vous
nettoyiez. On retrouve cette orthographe au
subjonctif présent aux deux premières personnes
du pluriel : Il faut que nous essayions ; Il est nécessaire
que vous balayiez.

Les verbes terminés par -ier


Les verbes qui se terminent par -ier prennent deux
i aux deux premières personnes du pluriel de
l’imparfait de l’indicatif  : nous criions, vous triiez,
nous épiions, vous pliiez. Il en est de même pour le
verbe rire  : nous riions, vous riiez. On retrouve cette
orthographe au subjonctif présent aux deux
premières personnes du pluriel  : Il faut que nous
nous méfiions ; Il est nécessaire que nous skiions.

Les verbes terminés par -guer


Les verbes terminés par  -guer et  -quer conservent
le u du radical pendant toute la conjugaison  : nous
naviguons, il irriguera, en reléguant (gérondif).

Les verbes terminés par -uer


et -ouer
Les verbes terminés par  -uer et  -ouer ne prennent
pas de tréma sur le i aux deux premières personnes
du pluriel de l’imparfait de l’indicatif et du
subjonctif présent  : nous remuions, vous remuiez  ;
nous louions, vous louiez.

Les verbes défectifs


Avant de plonger dans la conjugaison générale,
celle des verbes modèles qui servent à la
conjugaison de tous les autres, il est nécessaire de
rassembler ceux qui sont arrivés jusqu’à nous
amputés d’une partie de leurs temps, de leurs
personnes, parfois réduits à un infinitif. On les
appelle les défectifs. Ce terme vient du latin deficere,
qui signifie faire défaut. Ce sont souvent des verbes
anciens, érodés par l’usage ou qui perdirent leur
procès dans les siècles passés, jugés inélégants,
difformes ou malbâtis par les académies. Ils
arrivent sur nos rivages comme les restes d’un
naufrage ou la relique heureuse du discours ancien.

1. Accroire
Ce verbe qui date du XIIe siècle ne s’emploie plus
qu’à l’infinitif. On le trouve souvent sous la plume
d’André Gide  : «  Il ne faut pas chercher à m’en faire
accroire, voyez-vous… » (La Symphonie pastorale).
2. Advenir
Advenir se conjugue comme le verbe venir, mais
seulement à la troisième personne du singulier et à
la troisième personne du pluriel.

3. Apparoir
Évincé par le verbe apparaître au XVIe siècle,
apparoir, qui signifie aussi apparaître, subsiste dans
l’adjectif apparent et n’est plus conjugué qu’à la
troisième personne du singulier dans la locution du
langage juridique Il appert que… (il apparaît que…).

4. Braire
Présent : Il brait, ils braient. Futur simple : Il braira,
ils brairont. Conditionnel présent  : Il brairait, ils
brairaient. On peut aussi trouver l’imparfait  : Il
brayait, ils brayaient. Inusité aux autres personnes,
temps et modes.

5. Bruire
Présent : Il bruit, ils bruissent. Imparfait : Il bruissait,
ils bruissaient. Subjonctif présent  : Qu’il bruisse,
qu’ils bruissent. Participe présent : Bruissant. Inusité
aux autres personnes, temps et modes.

6. Chaloir
Ce verbe ne se conjugue qu’à la troisième personne
du singulier de l’indicatif présent  : Une seule chose
me chaut (m’intéresse)  ; Peu m’en chaut (cela ne
m’intéresse pas). On trouve rarement le futur  : Il
chaudra ; et le subjonctif présent : Qu’il chaille.

7. Choir
Présent  : Je chois, tu chois, il choit (nous et vous
inusités), ils choient. Imparfait  : Inusité. Passé
simple  : Je chus, tu chus, il chut, nous chûmes, vous
chûtes, ils churent. Futur simple  : Je choirai, tu
choiras, il choira, nous choirons, vous choirez, ils
choiront. Ou bien  : Je cherrai, tu cherras, il cherra,
nous cherrons, vous cherrez, ils cherront. Passé
composé  : Je suis chu, tu es chu, il est chu, nous
sommes chus, vous êtes chus, ils sont chus. Plus-que-
parfait  : J’étais chu, tu étais chu, etc. Passé
antérieur  : Je fus chu, tu fus chu, etc. Futur
antérieur  : Je serai chu, tu seras chu, etc.
Conditionnel présent : Je choirais, tu choirais, etc. Ou
bien  : Je cherrais, tu cherrais, etc. Conditionnel
passé  : Je serais chu, tu serais chu, etc. Subjonctif
présent  : Inusité. Subjonctif imparfait  : troisième
personne du singulier seulement  : Qu’il chût.
Subjonctif passé : Que je sois chu, que tu sois chu, etc.
Subjonctif plus-que-parfait : Que je fusse chu, que tu
fusses chu, etc. Impératifs présent et passé  :
Inusités. Participe présent  : cheyant. Participe
passé : Chu.

8. Clore
Présent  : Je clos, tu clos, il clôt (nous et vous
inusités), ils closent. Imparfait  : Inusité. Passé
simple : Inusité. Futur simple : Je clorai, tu cloras, il
clora, nous clorons, vous clorez, ils cloront. Les temps
composés de l’indicatif, du conditionnel et du
subjonctif sont conjugués. Conditionnel : Je clorais,
tu clorais, etc. Subjonctif présent : Que je close, que tu
closes, etc. Subjonctif imparfait  : Inusité.
Impératif  : Clos (première et deuxième personnes
du pluriel inusitées). Impératif passé  : Aie clos,
ayons clos, ayez clos. Participe présent  : Closant.
Participe passé : Clos.
CLORE, CLÔTURER

L’absence de certaines personnes et de certains


temps dans la conjugaison de clore a donné
naissance à clôturer. Son emploi, lorsqu’il ne
signifie pas entourer d’une clôture, est critiqué.
Ainsi, il est préférable de dire  : Je clos les débats,
plutôt que  : Je clôture les débats. Mais le problème
se pose lorsque l’énonciateur est la première
personne du pluriel. Dire : Nous clôturons les débats
devient presque inévitable.

9. Déchoir
Présent  : Je déchois, tu déchois, il déchoit, nous
déchoyons, vous déchoyez, ils déchoient. Imparfait  :
Inusité. Passé simple  : Je déchus, tu déchus, nous
déchûmes, etc. Futur simple  : Je déchoirai, tu
déchoiras, nous déchoirons, vous déchoirez. Ou  : Nous
décherrons, vous décherrez, etc. Conditionnel  : Je
déchoirais, tu déchoirais, etc. Les temps composés de
l’indicatif, du conditionnel et du subjonctif sont
conjugués avec l’auxiliaire avoir (pour l’action) ou
être (pour l’état). Subjonctif présent : Que je déchoie,
que tu déchoies, qu’il déchoie, que nous déchoyions, que
vous déchoyiez, qu’ils déchoient. Subjonctif
imparfait  : Que je déchusse, que tu déchusses, qu’il
déchût, etc. Impératifs présent et passé  : Inusités.
Participe présent : Inusité. Participe passé : Déchu.

10. Échoir
Présent  : Il échoit, ils échoient (inusité aux autres
personnes). Imparfait  : Il échoyait, ils échoyaient.
Ou  : Il échéait, ils échéaient (inusité aux autres
personnes). Passé simple  : Il échut, ils échurent
(inusité aux autres personnes). Futur simple  : Il
échoira, ils échoiront. Ou  : Il écherra, ils écherront
(inusité aux autres personnes). Les temps
composés de l’indicatif, du conditionnel et du
subjonctif sont conjugués à la troisième personne
du singulier et à la troisième personne du pluriel
(auxiliaire être). Conditionnel  : Il échoirait, ils
échoiraient. Ou  : Il écherrait, ils écherraient (inusité
aux autres personnes). Subjonctif présent  : Qu’il
échoit, qu’ils échoient (inusité aux autres personnes).
Subjonctif imparfait  : Qu’il échût, qu’ils échussent
(inusité aux autres personnes). Participe présent  :
Échéant. Participe passé : Échu.
11. Éclore
Le verbe éclore se conjugue comme le verbe clore,
mais ne s’utilise en général qu’à la troisième
personne du singulier. Aux temps composés, on
emploie l’auxiliaire être (état) ou avoir (action).
Attention  : selon l’Académie, on doit écrire il éclot
sans accent circonflexe, ce qui n’est guère logique
puisqu’on écrit il clôt. Aussi l’usage coiffe-t-il d’un
chapeau ce o d’éclore afin qu’il ne demeure pas
l’inexplicable exception.

12. Enclore
Ce verbe se conjugue comme clore, mais possède les
première et deuxième personnes du pluriel à
l’indicatif présent : Nous enclosons, vous enclosez ; et
à l’impératif : Enclosons, enclosez. La remarque pour
il éclot (il éclôt) concerne aussi il enclot (il enclôt).

13. S’ensuivre
Le verbe s’ensuivre n’est utilisé qu’à la troisième
personne du singulier et du pluriel. Présent  : Il
s’ensuit, ils s’ensuivent. Imparfait  : Il s’ensuivait, ils
s’ensuivaient. Passé simple  : Il s’ensuivit, ils
s’ensuivirent. Futur simple  : Il s’ensuivra, ils
s’ensuivront. Les temps composés de l’indicatif, du
conditionnel et du subjonctif sont conjugués avec
l’auxiliaire être. Exemple au passé composé : Il s’est
ensuivi (et non  : Il s’en est suivi), ils se sont ensuivis.
Conditionnel présent  : Il s’ensuivrait, ils
s’ensuivraient. Conditionnel passé  : Il se serait
ensuivi, ils se seraient ensuivis. Subjonctif présent  :
Qu’il s’ensuive, qu’ils s’ensuivent. Subjonctif
imparfait  : Qu’il s’ensuivît, qu’ils s’ensuivissent.
Subjonctif passé : Qu’il se soit ensuivi, qu’ils se soient
ensuivis. Subjonctif plus-que-parfait  : Qu’il se fût
ensuivi, qu’ils se fussent ensuivis. Impératif  : Inusité.
Participe présent  : S’ensuivant. Participe passé  :
S’étant ensuivi.

14. Ester
Ce verbe bien connu des cruciverbistes ne s’emploie
qu’à l’infinitif, notamment dans l’expression ester
(comparaître) en justice. Il a pour origine le latin
stare : se tenir debout.

15. Falloir
Le verbe falloir ne se conjugue qu’à la troisième
personne du singulier. Présent : Il faut. Imparfait  :
Il fallait. Passé simple  : Il fallut. Futur simple  : Il
faudra. Passé composé : Il a fallu. Plus-que-parfait :
Il avait fallu. Passé antérieur  : Il eut fallu. Futur
antérieur  : Il aura fallu. Conditionnel présent  : Il
faudrait. Conditionnel passé  : Il aurait fallu.
Subjonctif présent  : Qu’il faille. Subjonctif
imparfait  : Qu’il fallût. Subjonctif passé  : Qu’il ait
fallu. Subjonctif plus-que-parfait  : Qu’il eût fallu.
Impératif  : Inusité. Participe présent  : Inusité.
Participe passé : Fallu.

16. Férir
Le verbe férir n’est utilisé que dans l’expression
sans coup férir, c’est-à-dire sans frapper un coup (férir
vient du latin ferire : frapper).

17. Foutre
Ce verbe trivial, qu’on rencontre notamment dans
l’expression familière foutre le camp, se conjugue à
toutes les personnes, mais pas à tous les temps.
Présent  : Je fous, tu fous, il fout, nous foutons, vous
foutez, ils foutent. Imparfait  : Je foutais. Passé
simple  : Inusité (parfois on rencontre : Je foutis, tu
foutis, il foutit, nous foutîmes, vous foutîtes, ils
foutirent). Futur simple : Je foutrai. Passé composé :
J’ai foutu. Plus-que-parfait  : J’avais foutu. Passé
antérieur : J’eus foutu. Futur antérieur : J’aurai foutu.
Conditionnel présent  : Je foutrais. Conditionnel
passé  : J’aurais foutu. Subjonctif présent  : Que je
foute. Subjonctif imparfait  : Inusité (mais on peut
rencontrer  : Que je foutisse, que tu foutisses, qu’il
foutît, que nous foutissions, que vous foutissiez, qu’ils
foutissent). Subjonctif passé  : Que j’aie foutu.
Subjonctif plus-que-parfait  : Que j’eusse foutu.
Impératif présent  : Fous, foutons, foutez. Impératif
passé  : Aie foutu. Participe présent  : Foutant.
Participe passé : Foutu.

18. Frire
Présent : Je fris, tu fris, il frit (les trois personnes du
pluriel sont inusitées). Imparfait  : Inusité. Passé
simple  : Inusité. Futur simple : Je frirai, tu friras, il
frira, nous frirons, vous frirez, ils friront. Les temps
composés de l’indicatif, du conditionnel et du
subjonctif sont conjugués à toutes les personnes
(auxiliaire avoir). Conditionnel  : Je frirais, tu frirais,
etc. Impératif  : Fris (les première et deuxième
personnes du pluriel sont inusitées). Impératif
passé : Aie frit, ayons frit, ayez frit. Participe passé  :
Frit.

19. Gésir
Présent : Je gis, tu gis, il gît, nous gisons, vous gisez, ils
gisent. Imparfait  : Je gisais, tu gisais, il gisait, nous
gisions, vous gisiez, ils gisaient. Participe présent  :
Gisant. Gésir est inusité aux autres temps et modes.

GISANT, ORANT

Le participe présent du verbe gésir a donné le nom


gisant, qui désigne un monument funéraire
représentant un personnage allongé. Ce terme a
pour contraire orant, désignant un personnage à
genoux en prière.

20. Issir
Le verbe issir (d’exire en latin  : sortir) n’est plus
utilisé qu’au participe passé : issu.

21. Messeoir
Le verbe messeoir vient du verbe seoir, qui signifie
convenir. Messeoir, c’est donc le contraire de
convenir  : c’est ce qui n’est pas séant. Or ce verbe
est surtout utilisé à la forme négative. On se trouve
donc en présence d’une double négation lorsqu’on
entend la phrase Il ne messied pas de… Elle signifie,
en clair  : Il convient de… Messeoir ne se conjugue
qu’à la troisième personne du singulier de
l’indicatif présent  : Il messied. Mais on trouve
exceptionnellement : Il messeyait, il messiérait, ainsi
que le participe présent messéant.

22. Ouïr
Ce verbe vient du latin audire, qui signifie entendre.
On ne l’utilise plus qu’à l’infinitif et au participe
passé. La forme oyez est archaïque. D’ouïr sont tirés
l’adjectif inouï et le nom ouïes (du poisson).

23. Paître
Présent  : Je pais, tu pais, il paît, nous paissons, vous
paissez, ils paissent. Imparfait : Je paissais, tu paissais,
il paissait, nous paissions, vous paissiez, ils paissaient.
Futur simple  : Je paîtrai, tu paîtras, il paîtra, nous
paîtrons, vous paîtrez, ils paîtront. Conditionnel
présent  : Je paîtrais, tu paîtrais, il paîtrait, nous
paîtrions, vous paîtriez, ils paîtraient. Subjonctif
présent : Que je paisse, que tu paisses, qu’il paisse, que
nous paissions, que vous paissiez, qu’ils paissent.
Impératif présent : Pais, paissons, paissez. Participe
présent  : Paissant. Paître est inusité aux autres
temps. Il ne possède pas de participe passé.

24. Poindre
Lorsqu’il a le sens de commencer à paraître, le
verbe poindre ne s’utilise qu’à l’infinitif et à la
troisième personne du singulier du présent et du
futur de l’indicatif : Le jour point. Au sens de piquer,
blesser, faire souffrir, il se conjugue comme
joindre : La douleur me poignait.

25. Seoir
Présent  : Il sied, ils siéent (inusité aux autres
personnes). Imparfait : Il seyait, ils seyaient (inusité
aux autres personnes). Futur simple  : Il siéra, ils
siéront (inusité aux autres personnes). Conditionnel
présent  : Il siérait, ils siéraient (inusité aux autres
personnes). Subjonctif présent  : Qu’il siée, qu’ils
siéent (inusité aux autres personnes). Participe
présent : Séant ou seyant. Participe passé : Sis.

26. Sourdre
Présent : Il sourd, ils sourdent. Imparfait : Il sourdait,
ils sourdaient. Inusité aux autres personnes, temps
et modes.
PARTIE 3
LES PIÈGES ET DIFFICULTÉS DE
LA LANGUE FRANÇAISE
par Christine Bolton

DANS CETTE PARTIE :

Vous trouverez particulièrement dans cette partie


comment parer aux obstacles de la langue
française (et il y en a un nombre certain !).
Informations relatives à la grammaire,
l’orthographe, la typographie, la conjugaison, la
syntaxe… mais abordés ici sous l’angle des pièges
et difficultés. Après avoir vu les difficultés liées aux
adjectifs, adverbes et pronoms, vous pourrez
découvrir celles propres aux substantifs. Ensuite,
les pièges tendus aux coins des phrases et des
mots (syntaxe, figures de style, ponctuation) seront
développés. Pour finir, vous découvrirez le verbe et
ses multiples facettes !
Chapitre 26
Ces drôles de numéraux
DANS CE CHAPITRE :

» Voulez-vous « diver » (voir sens ci-après) avec moi ?

» Un pluriel en moins de deux

» Cardinal ou ordinal ?

L de
e simple fait de remplir un chèque nous impose
savoir orthographier correctement les
nombres, même si la carte bleue résout en grande
partie le problème. Dans un CV pour l’indication de
l’âge, on peut facilement tricher en l’écrivant en
chiffres arabes  –  rien ne nous empêche de tricher
aussi sur l’âge  –, mais nos écrits, papier ou mail,
étant fort heureusement différents de nos feuilles
d’impôts, nous nous devons de savoir écrire en
lettres les nombres !

Voulez-vous « diver » avec moi ?


Une grande majorité des termes de typographie
sont issus de l’imprimerie au plomb. Le trait
d’union n’y échappe pas, et il a gagné de cet
héritage son nom de division, plus fréquemment
abrégé en div.

Jusqu’à seize, pas de nom composé. Le trait d’union


s’impose donc à partir de dix-sept. Tous les
nombres jusqu’à cent prennent la division, sauf
vingt et un, trente et un, quarante et un, cinquante
et un, soixante et un et soixante et onze. En effet,
ces termes étant déjà coordonnés par la
conjonction, il est inutile de doublonner. Quatre-
vingt-un et quatre-vingt-onze récupèrent le trait
d’union puisque le «  et  » a disparu. Au-delà de
cent, il ne faut pas de trait d’union.

Cent quatre films ont été tournés dans la région.

Cette école a recensé trois cent soixante-dix-huit


enfants.

J’ai gagné quarante-trois euros au grattage.

Les nombres de dix-sept à quatre-vingt-dix-neuf


prennent un trait d’union, à l’exception de ceux qui
s’écrivent avec la conjonction de coordination
« et ».
Un pluriel en moins de deux
Les nombres sont avant tout des adjectifs appelés
adjectifs numéraux. Bien qu’adjectifs, ces derniers
sont invariables, à l’exception de trois.
» « Un » fait « une » au féminin.

Je vous accorde une petite pause de vingt et une


minutes.

» « Vingt » s’écrit avec un « s » dans quatre-vingts


uniquement, c’est-à-dire quand il est multiplié et
qu’il n’est suivi d’aucun autre adjectif numéral et à
condition d’être un cardinal (voir page suivante).

Mon grand-père vient de fêter ses quatre-vingts ans.

Mais Mon grand-père vient de fêter ses quatre-vingt-


un ans.

» « Cent » prend la marque du pluriel dans le même


cas (précédé d’un nombre le multipliant et suivi
d’aucun autre adjectif numéral et en emploi
cardinal).

Il est parti près de deux cents jours.

Mais Trois cent vingt espèces ont été recensées.


ATTENTION

Si les nombres de votre phrase ne sont plus adjectifs mais


exceptionnellement transformés en noms communs, ils
restent pratiquement tous invariables, sauf cent et zéro.

Ce pauvre homme a dépensé des mille et des cents pour


reconstruire sa maison.

L’élève a récolté trois zéros la première semaine !

Les trente et un invités s’étaient mis sur leur trente et un.


N’EST PAS PLURIEL QUI VEUT !

Nous avons vu que « cent » précédé d’un nombre le


multipliant mais suivi d’un autre adjectif numéral
perdait son « s ».

Si à la place d’un adjectif numéral se trouve un


nom commun, « cent » repassera au pluriel. Il faut
en conclure que, devant millions, milliards et
milliers qui sont des substantifs, «  cent  », à
condition d’être multiplié, prend obligatoirement la
marque du pluriel.

Cette saga lui a rapporté trois cents millions de


dollars.

Nous avons vu un peu large, rectifions.

Cette saga lui a rapporté trois cent mille dollars.

« Mille » est un adjectif numéral, « cent » redevient


invariable. Vous remarquerez également le
changement de construction : la préposition « de »
est indispensable entre les deux noms de notre
première phrase (millions et dollars), elle ne figure
plus entre l’adjectif « mille » et le nom. Grammaire
oblige…
Quatre cents milliards, de quoi faire rêver…

Huit cents milliers de manifestants ont défilé


aujourd’hui.

Cardinal ou ordinal ?
» Un nombre cardinal exprime une quantité. Or, les
règles relatives au pluriel ne s’appliquent qu’aux
nombres cardinaux.

Quatre-vingts étudiants attendaient le professeur


dans l’amphithéâtre.

Rends-moi les six cents euros que tu me dois.

» Un nombre ordinal indique le rang, l’ordre.


« Cent » et « vingt » employés comme ordinaux
restent donc invariables même s’ils sont précédés
d’un chiffre et suivis d’aucun autre nombre.

L’intrigue du roman se dénoue à la page deux


cent.

Il faut entendre la deux centième page, qui se


situe entre la page cent quatre-vingt-dix-neuf et la
page deux cent un. Il n’est fait allusion qu’à une
seule page ! De même :

Elle est folle des années quatre-vingt.


Décennie située entre les années soixante-dix et
les années quatre-vingt-dix.
Chapitre 27
Ces adjectifs qui nous en font
voir de toutes les couleurs
DANS CE CHAPITRE :

» Où mettre son « s » ?

» Des familles de couleur plus ou moins unies ?

M aintenant que vous savez écrire n’importe quel


nombre en deux temps trois mouvements, il ne
vous reste plus qu’à prendre des couleurs pour voir
la vie en rose  ! Même problématique qu’avec les
nombres, quand faut-il un « s » ? Quand devons-
nous nous plier au diktat du trait d’union  ?
Pourquoi certains en prennent et d’autres pas dans
une même phrase ?

Où mettre son « s » ?


La plupart des couleurs qui parsèment notre
quotidien s’accordent en genre et donc en nombre :
beige, blanc, bleu, blond, brun, châtain, glauque,
gris, jaune, noir, pers, rouge, roux, vert, violet…

Pour simplifier, on les qualifiera de classiques,


elles constituent ainsi une première liste.

Ses cheveux châtains flottaient sur ses épaules, ses lèvres


si rouges, ses mains si blanches…

Nous devons redoubler d’attention pour les autres,


celles qui demeurent invariables en toutes
circonstances.

Qui se cache derrière ces couleurs  ? Si la couleur


désigne un minéral, un végétal, un animal, bref si
elle fait référence à un élément existant
quelconque, alors l’adjectif devient invariable  :
abricot, ambre, argent, bordeaux, bronze, cerise,
chocolat, framboise, marron, miel, moutarde, olive,
orange, pistache, rubis, turquoise…

Elles sont regroupées dans une seconde liste à bien


distinguer de la première !

Ses escarpins aubergine s’harmonisaient à merveille


avec ses tuniques turquoise.

Il faut considérer qu’il s’agit d’une ellipse pour ses


escarpins couleur aubergine, ses tuniques couleur
turquoise.
« EMPIFFREZ »-VOUS DE COULEURS

Nous sommes bien d’accord, s’empiffrer s’écrit avec


deux f  ! Pourtant voici un habile repère pour
mémoriser les exceptions, parce que oui,
exceptions il y a !

Ces six adjectifs (dont les initiales forment le mot


empifr) s’accordent bien qu’ils renvoient qui à un
tissu, qui à une plante, qui à un animal…

Écarlate

Mauve

Pourpre

Incarnat

Fauve

Rose

Ils n’appartiennent à aucune des deux listes ou au


contraire aux deux. Peu importe puisqu’ils ne
répondent pas à la règle de l’invariabilité.
Des familles de couleur plus ou
moins unies ?
Le mariage de deux couleurs, quelle que soit leur
origine (faisant référence à un végétal…, à rien ou
issu de la série des exceptions [empifr]), les fige,
c’est-à-dire qu’aucun des deux adjectifs réunis ne
prendra la marque du pluriel ni du féminin !

Elle portait souvent des robes bleu pâle sous sa chevelure


châtain clair.

Nous savons désormais que la présence de deux


adjectifs de couleur implique l’invariabilité, si
curieux que cela paraisse  ! Mais que faire du trait
d’union ?

Deux possibilités s’offrent à nous :


» Les deux adjectifs sont dits classiques, c’est-à-
dire ne désignent pas un fruit, une pierre, un
objet, alors ils s’acoquinent par le biais du trait
d’union !

Les yeux bleu-vert de Natacha me faisaient vaciller !

La petite chatte gris-noir s’était enfuie depuis deux


jours.
» Si, à l’inverse, les contraires s’attirent, une couleur
classique s’associe à une autre, extraite de la
seconde liste, le trait d’union n’est plus permis.

Quelle palette ce mariage m’offrait : des capelines


jaune citron aux coiffes rouge framboise, des étoffes
vert olive, des costumes rose saumon, du bleu ciel à
l’indigo… l’ivresse !

VIVE LA POLYCHROMIE

Méfiez-vous des cravates bleu et vert. Outre que


cela n’est pas du meilleur goût, il vous faudra peut-
être ajouter la marque du pluriel à ces deux-là.
Avec l’accord (cravates bleues et vertes), vous êtes
un amateur de cravates bleues certains jours et
vertes les autres. Dans la version invariable
(cravates bleu et vert), vous portez des cravates qui
mêlent les deux couleurs sur cette petite bande de
tissu, allez vite vous faire relooker !
Chapitre 28
Les adjectifs, attribut ou
épithète, n’en font qu’à leur
tête
DANS CE CHAPITRE :

» Le collectif manifeste

» De quoi avons-nous l’air ?

» Toujours s’incliner devant un superlatif

» Eh bien, on nous a menti !

» Demi : on s’en jette un à la demie ?

» On se met à nu !

» Faites votre possible (pour éviter la faute) !

» Ça ne m’est pas du tout égal !

» Un adjectif pour deux noms

» Ces virgules qui changent l’accord

» Le complément de nom

» Le quantitatif

» Un nom pour deux adjectifs


L’ épithète qualifie le nom, il est placé à proximité
de ce dernier dans un groupe nominal.

Le jardinier proposait d’alterner massifs fleuris et arbres


fruitiers.

L’attribut se rapporte aussi au nom mais par


l’intermédiaire d’un verbe souvent d’état (sembler,
paraître, demeurer, avoir l’air, passer pour, rester
ou de l’auxiliaire être).

Cette maison paraît lumineuse, elle est bien orientée !

L’accord dans les deux cas ne fait aucun doute.


Mais la richesse de notre grammaire nous expose à
de nombreuses situations où l’adjectif sort de ce
cadre. Ce chapitre nous servira donc de guide.

Le collectif manifeste
La notion de collectif désigne n’importe quel terme
qui symbolise un ensemble  : une majorité, ce
groupe, la totalité, un nombre de…

L’accord de l’adjectif est fonction du déterminant


(article, démonstratif ou possessif… placé devant le
nom pour le déterminer).
» Si le collectif est précédé d’un article défini (« le »,
« la »), d’un démonstratif (« ce », « cette ») ou d’un
possessif (« sa », « son », « leur »), l’adjectif, ainsi
que le verbe qui suit, s’accorde avec le collectif.

(Pour l’accord du verbe avec deux sujets dont un


entre virgules, voir dans ce même chapitre « Ces
virgules qui changent l’accord ».)

Cette foule d’étudiants hétéroclite me harcèle de


questions.

On préférera la version moins ambiguë :

Cette foule hétéroclite d’étudiants me harcèle de


questions.

L’actuelle majorité des éditeurs était représentée au


Salon du livre.

Mais La majorité des éditeurs français était


représentée au Salon du livre.

La règle porte plus particulièrement sur l’accord


du verbe, l’adjectif dépend évidemment du sens
qu’il prend, on l’accordera avec le complément
pluriel s’il s’y rapporte.

La foule des ouvriers vêtus de bleus de travail


ondulait dans le cortège.
Il est d’ailleurs quelquefois impossible de
respecter scrupuleusement la règle de l’accord au
singulier – ce dernier exemple nous le confirme –
 et on est alors conduit à proposer deux accords
différents dans la même phrase.

» En revanche, si le collectif est introduit par un


article indéfini (« un » ou « une »), nous avons le
choix de l’accord entre le singulier du collectif et le
pluriel du nom complément.

Une troupe de comédiens nomade(s) sillonnai (en) t


la campagne à la recherche d’un théâtre.

Il est conseillé d’unifier l’accord de l’adjectif sur


celui du verbe chaque fois que ce sera possible.

Un grand nombre de vestiges anciens ont été


retrouvés dans cette région.
EXCEPTIONS - DEUX PLURIELS CLÉS

Deux exceptions doivent être relevées  : «  la


plupart » et « une infinité de », qui exigent le pluriel
dans tous les cas.

La plupart des nouveaux restaurateurs proposent des


formules à volonté.

Une infinité d’exemples contradictoires ont été


évoqués lors de la réunion.

Avec «  la plupart  » employé seul, le pluriel est


toujours de rigueur.

La plupart sont issus de milieux défavorisés.

De quoi avons-nous l’air ?


A-t-elle l’air satisfait ou satisfaite  ? nous
demandons-nous.
» Si le sujet est une personne, les deux possibilités
sont admises. La première construction (accord
avec air) signifie « avoir une physionomie, avoir
une allure ». La seconde (accord avec le sujet),
« sembler, paraître ».
Donc si nous sommes le sujet, nous sommes
maître de l’accord.

Elle a l’air sérieux (au moment où je la croise).

Elle a l’air sérieuse (d’être sérieuse).

» Avec les choses, seul le second sens est permis.

Ces fruits ont l’air mûrs.

Ces plantes ont l’air mortes.

Toujours s’incliner devant un


superlatif
« Des plus », « des moins », « des mieux » forment
la super famille des superlatifs. L’adjectif qui se
niche derrière porte la marque du pluriel (et, le cas
échéant, du genre aussi).

Cette danseuse est des plus gracieuses.

On entend « parmi les plus gracieuses ».


ATTENTION

Il restera invariable avec un sujet neutre (pronom, verbe).

Apprendre cette leçon d’histoire n’était pas des plus facile.

Cela m’est des plus pénible.

Eh bien, on nous a menti !


Ouvrez toutes grandes vos pupilles ! Vous êtes sûr ? S’il
y a bien une chose que l’école nous a apprise, c’est
qu’un adverbe (la difficulté est qu’il peut aussi être
adjectif, tout dépend de sa fonction dans la phrase)
ne s’accorde jamais ! Eh bien, on nous a menti !

Il est des situations, certes exceptionnelles, où


l’adverbe s’aligne sur l’adjectif. Typiquement ici.

Prenons un adverbe, plaçons-le juste devant


l’adjectif, nous constatons alors que les deux
s’accordent. Cet héritage nous vient d’un usage
ancien où certains adverbes (ou adjectifs employés
adverbialement) «  frais  », «  large  », «  grand  »
adoptaient la forme féminine avec un nom du
même genre. Le nombre n’avait plus qu’à suivre. (Il
est en effet inconcevable d’accorder au féminin et
non au pluriel.)
Des roses fraîches écloses

Les yeux grands ouverts

L’usage est resté, mais on ne peut pas considérer


comme une faute l’invariabilité de l’adverbe si c’est
le choix d’un auteur.

Des fleurs frais cueillies.

Demi : on s’en jette un à la


demie ?
Pour ne pas tomber à demi fou devant les diverses
graphies de «  demi  », mieux vaut se repérer un
peu dans ses fonctions. « Demi » peut être adjectif,
nom ou adverbe.
» Comme tout adjectif, il se rapporte à un
substantif (ou nom).

• Cas 1 : S’il est placé devant, il se lie à lui


par un trait d’union, et les deux éléments
forment alors un nom composé. « Demi »
est toujours invariable dans ce cas !

Ils sont restés dans la demi-obscurité près


d’une demi-heure.
• Cas 2 : Après le nom, il ne s’accorde qu’en
genre. En effet, « demi » évoque la moitié de
quelque chose, l’accord au pluriel serait
donc ici absurde.

Elle est partie depuis trois heures et demie.

Ce voyage d’études est prévu pour deux ans et


demi !

» En adverbe, il ne s’accorde jamais.

• Il s’unit à l’adjectif par un trait d’union


(comme il le fait avec un nom).

On a découvert des corps demi-nus.

La couturière ne travaillait qu’avec des


aiguilles demi-fines.

• Il compose la locution « à demi » qui n’est


pas suivie d’un trait d’union devant les
adjectifs.

Cet homme d’affaires avoue être à demi ruiné.

Il n’est qu’à demi fâché !


ATTENTION

Cette locution « à demi » peut être employée dans quelques


rares cas devant un nom. « Demi » redevient alors adjectif et,
comme pour « demi » adjectif (cas 1), est relié au nom par un
trait d’union.

Elle avait pris l’habitude de s’exprimer à demi-mot.

Je parlerai à demi-voix pour ne pas prendre le risque de réveiller


le petit.

» Employé (seul) comme nom, il s’accorde sur le


modèle de ce à quoi il fait référence.

J’ai commandé des demies de champagne.

« Demie » désigne ici des demi-bouteilles, la


bouteille est un nom féminin, « demie » prend la
marque du féminin.

À la demie, nous irons boire quatre demis.

Le premier fait allusion à l’heure, le second au litre,


même si le demi ne correspond plus aujourd’hui
au demi-litre, mais à la demi-pinte.

Ne démissionnons pas devant ces difficultés,


allons plutôt le boire (avec modération) !
On se met à nu !
« Nu », semblable à demi, s’accorde placé après le
substantif, mais en genre et en nombre, à la
différence de demi !

Pourquoi se promène-t-elle pieds nus ?

Quand il précède le nom, un trait d’union les unit,


et seul le nom s’accorde.

Ne sors pas nu-tête ni nu-pieds, tu vas prendre froid.

Les termes nus-propriétaires et nue-propriété font


exception.

La locution « à nu » est figée.

Faites votre possible (pour


éviter la faute) !
Nous allons courir le moins de risques possible !

C’est l’usage du superlatif («  le plus  », «  le


moins  », «  le mieux  ») qui pose problème.
Généralement, on ne fait pas l’accord de
« possible » quand il accompagne un superlatif.
» Le plus (ou le moins) + possible de + nom

Faites le moins possible de fautes.


On entend dans cette construction « qu’il est
possible de faire », donc pas d’accord possible !

» Le plus (ou le moins) de + nom + possible

J’ai proposé le plus d’invités possible.

Cette fashionista s’est acheté le plus de robes


possible.

L’invariabilité demeure même si l’accord pourrait


se concevoir. Dans le premier exemple, il faut
comprendre « qu’il est possible de proposer », dans
le second, « qu’il est possible d’acheter ».

» Le plus (ou le moins) + adjectif ou participe +


possible

Là encore, « possible » devrait rester invariable.

Prononcez les mots les plus doux possible.

« Qu’il est possible de prononcer. »

Cependant certains grammairiens considèrent


l’accord non seulement possible, mais souhaitable,
pour la raison qu’il faut entendre selon eux «  les
plus doux qui soient possibles ».
DES ACCORDS POSSIBLES

Nous devons accorder « possible » :


» Quand il est placé en dernière position
derrière le nom complément du superlatif.

Ce n’est certes pas le meilleur des


gouvernements possibles.

« Possible » se rapporte ici à gouvernement, et


c’est le pluriel de l’article qui nous met sur la
bonne voie.

» « Possible  » sans superlatif suit les règles de


n’importe quel autre adjectif.

Toutes les éventualités possibles sont à


envisager.

Ça ne m’est pas du tout égal !


« Égal  » appartient à bon nombre d’expressions  :
«  n’avoir d’égal que  », «  d’égal à égal  », «  sans
égal ».

On peut retenir que ces expressions peuvent rester


invariables. L’orthographe et l’honneur sont saufs.
On peut aussi s’y pencher d’un peu plus près et
observer les différentes possibilités qui s’offrent à
nous.
» « N’avoir d’égal que » peut également s’accorder
avec le premier ou le second élément.

Son humour n’a d’égal que sa finesse d’esprit ou Son


humour n’a d’égale que sa finesse d’esprit.

On évite l’accord au masculin pluriel. On dira


plutôt :

Ses mérites n’ont d’égale que sa générosité.

On pourrait tout autant laisser « égal » invariable.

» « D’égal à égal »

C’est la seule qui ne varie pas.

Je suis lasse qu’il ne me traite jamais d’égal à égal.

» « Sans égal »

Au féminin, au pluriel, on peut jouer sur tous les


tableaux – invariabilité ou accord avec le nom –,
pourvu qu’on n’écorche pas l’oreille ; donc jamais
de masculin pluriel !

Elle manifestait une bravoure sans égale.

« Sans pareil » suit la même règle (donc peut aussi


rester invariable), mais accepte l’accord au
masculin pluriel.

La reine portait des bijoux sans pareils.

Un adjectif pour deux noms


Nous attaquons maintenant des histoires de trios
infernales (ce sont bien les histoires qui sont
infernales, ou plutôt les règles grammaticales !).
» Avec « et »

• Quand un adjectif se situe derrière deux


noms, c’est le bon sens qui nous permet de
déterminer l’accord.

Le dessert – frugal – se composait d’une


corbeille de fruits : pommes, poires et abricots
secs.

On imagine aisément que les pommes


comme les poires ne sont pas sèches.

Cette rédactrice de mode porte toujours des


gants et une écharpe blancs. (1)

Même si l’adjectif blanc se rapporte aux


deux substantifs, notre oreille supporte mal
le masculin pluriel de l’adjectif derrière un
nom féminin. Il est donc conseillé d’inverser
les noms.

Cette rédactrice de mode porte toujours une


écharpe et des gants blancs. (2)

Mais on risque d’entendre que seuls les


gants sont blancs. On peut alors répéter
l’adjectif.

Cette rédactrice de mode porte toujours une


écharpe blanche et des gants blancs. (3)

Il se peut également qu’elle préfère porter


une écharpe (de couleur) et des gants
blancs. Et notre exemple (2) ne lève pas
l’ambiguïté, à moins de connaître la couleur
de l’écharpe et de le préciser…

Cette rédactrice de mode porte toujours une


écharpe bleue et des gants blancs.

Les adjectifs de couleur vont décidément


nous rendre fous !

• Si l’adjectif est antéposé, c’est-à-dire placé


devant deux noms, l’accord se fait
généralement avec le terme le plus proche.

C’était un homme de bonne vie et mœurs.


Il n’est pas interdit d’accorder avec les deux
termes si le sens de votre phrase le
recommande.

Le cellier garde frais les provisions et le vin.

On préférera inverser les provisions et le vin


pour l’euphonie (l’harmonie sonore).

«  Et  » peut se substituer à «  ni  » dans les


propositions négatives.

Il n’aimait pas les légumes et les fruits. Ou

Il n’aimait pas les légumes ni les fruits. Ou

Il n’aimait ni les légumes ni les fruits.


» « Ou »

La conjonction de coordination « ou » peut


prendre deux sens contradictoires.

• Soit elle signifie « ou bien », et les deux


solutions proposées sont exclusives,
l’adjectif ne peut s’appliquer aux deux
noms, il s’accorde alors avec le terme le plus
proche. C’est ce qu’on appelle l’accord de
proximité.

Prendrez-vous une limonade ou un thé glacé ?


• Soit elle joue le rôle d’un « et ». Dans ce
dernier cas, l’adjectif porte sur les deux
substantifs et prend la marque du pluriel.

Le metteur en scène recherchait une


comédienne ou une chanteuse brunes.

Ce qui ne signifie pas forcément qu’il


recherche et une comédienne et une
chanteuse (mais c’est une des possibilités), il
peut rechercher une femme, comédienne
ou chanteuse, l’essentiel étant qu’elle soit
brune. Et le pluriel donne cette
information !

» « Ni »

« Ni » correspond exactement à la forme négative


du « ou ».

• On peut donc en conclure que, si le « ni » a


une valeur additive (bien sûr au sens
négatif), l’adjectif se met au pluriel.

• Elle ne possédait ni voiture ni maison


luxueuses.

• Si l’adjectif ne se rapporte qu’à un seul des


deux noms, il s’accordera seulement avec ce
nom.
• Ni la photographie ni la toile peinte n’ont
retenu l’intérêt du critique.

• Seule la toile est peinte, d’où l’accord au


féminin singulier, mais le verbe porte sur
les deux sujets.

«  Ni  » ne doit pas être employé dans une


proposition affirmative.

Ces virgules qui changent


l’accord
» L’adjectif suit deux noms non coordonnés, mais
reliés par une virgule. Si l’on considère que les
noms sont synonymes, on estime alors qu’il s’agit
d’un seul concept décrit par différents substantifs
et, donc, que le singulier s’impose.

Cette danseuse conquit le public par son élégance, sa


grâce exemplaire.

» De même, si les noms créent un effet de


gradation (succession de termes suggérant une
progression. Il est parfois difficile de distinguer la
gradation des synonymes), il faut obéir à la même
règle et accorder avec le terme le plus proche.
Il conserva tout entière son honnêteté, son intégrité.

» Si nous ne sommes ni dans un exemple de


gradation ni dans celui de synonymes, l’adjectif se
rapportera aux différents noms.

Elle ressent une fatigue, une faim immenses.

» Il se peut enfin que ledit adjectif ne porte que sur


un nom, il s’accordera donc avec ce dernier.

Il prend des cours de chant, de guitare sèche.


L’INCISE

Avec deux virgules

Lorsque l’on place un nom ou un groupe nominal


entre virgules, celui-là ne compte pas dans
l’accord :

La petite fille, ainsi que son frère, jouait dans la cour.

Le verbe placé après l’incise (groupe de mots entre


deux virgules) snobe ouvertement le mot ou le
syntagme placé entre virgules, et il est couvert par
la grammaire. Le passage au pluriel serait
considéré comme une faute, il vaut mieux alors
supprimer les virgules pour mettre le verbe au
pluriel.

La petite fille ainsi que son frère jouaient dans la cour.

Elle avait souvent le visage, comme les ongles, très


maquillé.

Deux autres situations affolent nos neurones  : le


complément de nom et le quantitatif !

Le complément de nom
Quand l’adjectif est précédé d’un complément de
nom, il est souvent délicat de décider auquel des
deux noms s’applique l’adjectif.

Des robes de soie brodées

Des robes de soie verte

Il n’existe pas de règle, aussi, même si tout n’est


pas permis, nous ferons appel à notre vieux bon
sens. Il arrive aussi que la logique ne parvienne pas
à trancher, les deux solutions étant possibles, nous
ferons alors un choix arbitraire !

Le quantitatif
» Autre source de cauchemar : le quantitatif !

• Avec « une partie », nous sommes libres de


choisir pour l’une ou l’autre des solutions.

Une partie des pommes était tombée.

Une partie des pommes étaient tombées.

• En revanche, avec « la plus grande partie »,


le quantitatif est alors nettement
déterminé, l’accord doit se faire avec lui.
Cela rejoint la règle des collectifs, vue en
première partie de ce chapitre.
La plus grande partie des affaires a été
vendue.

• Si « la moitié » correspond précisément à la


quantité divisée par deux (12 sur 24 par
exemple), l’accord se fait avec le collectif. S’il
s’agit d’une quantité approximative, on
accorde avec le nom qui suit.

La moitié des étudiants se sont retrouvés après


les examens.

La moitié des blancs d’œufs doit être montée


en neige.

Cette règle s’applique aussi au « quart » et


au « tiers ».

• Pour l’adverbe « tant », l’accord se fait


plutôt avec le complément de tant.

Tant d’obséquiosité me paraît malsaine.


POINT TROP N’EN FAUT

«  Trop  » est de nature adverbiale, mais il adopte


une forme nominale lorsqu’il s’associe à un nom.

Le trop de constance qu’il mettait dans cette relation


aurait dû nous inquiéter.

Normalement avec « trop », on copie sur « tant » en


accordant avec le mot complément.

Trop de rigueur peut devenir inquiétante.

Mais l’accord avec «  trop  » est admis si on veut


mettre l’accent sur la notion d’excès.

Trop de précipitations alerte les météorologues.

Un nom pour deux adjectifs


Les couples à trois font difficilement bon ménage,
comme nous venons de le constater, et même en
redistribuant les rôles, la complexité reste… Quand
un nom est précédé de deux adjectifs numéraux,
» si le second numéral est déterminé par un article,
on met le singulier parce qu’on estime que le nom
est sous-entendu derrière le premier numéral.
Le deuxième (étage) et le troisième étage de la tour
Eiffel

Le XIXe et le XXe siècle

» Si un seul article pluriel détermine les adjectifs, le


nom se met obligatoirement au pluriel.

Les deuxième et troisième étages de la tour Eiffel

Les XIXe et XXe siècles

Et sans article : XIXe et XXe siècle

Dans les autres cas, c’est le bon sens qui guidera


notre crayon :

Les populations française et germanique

Les villes françaises et germaniques


Chapitre 29
Les intermittents de l’accord
DANS CE CHAPITRE :

» Même, m’aimes-tu ?

» Tout est bien qui commence bien…

» Quel que soit le quelque

» Tel que vous

« M quand ême  », «  tout  », «  quelque  » et «  tel  »,


ils surviennent au détour de la
phrase, nous figent tout net  ! Tel adverbe est
invariable, tel adjectif s’accorde. On ne peut pas
changer systématiquement de tournure pour éluder
le problème. Alors autant attaquer de front ces
quelques constructions !

Même, m’aimes-tu ?
Quand «  même  » est encadré d’un article et d’un
nom, c’est très simple, il s’aligne toujours sur le
nom.

Les mêmes erreurs mènent toujours aux mêmes échecs.

S’il perd sa place et se retrouve derrière un ou


plusieurs nom(s), c’est le sens qu’il prend qui
déterminera son accord. S’il signifie «  eux-
mêmes  », «  elles-mêmes  » (on remarquera que,
accolé à un pronom personnel, il faut lui adjoindre
un trait d’union et la marque du pluriel si le
pronom est lui-même au pluriel), il est alors
adjectif et s’accorde.

Il était la douceur et la gentillesse mêmes.

Les adultes mêmes peuvent jouer à cache-cache.

En revanche, si l’on peut le remplacer par


« aussi », il est adverbe et reste invariable.

Elle s’est blessée et a même versé quelques larmes.

Dans la phrase Les adultes même peuvent jouer à


cache-cache, on pourrait tout autant laisser
«  même  » invariable, considérant qu’il pourrait
être remplacé par «  aussi  ». On constate que
certaines phrases présentent un double sens, et que
seul le contexte nous permet de décider.

Chaque fois que «  même  » est adverbe, donc


employé dans l’acception d’«  aussi  », on peut le
déplacer dans la phrase sans en changer le sens.
S’il peut être remplacé par «  eux-mêmes  », nous
ne pouvons pas le bouger sans modifier la
signification de la phrase.

Ils sont infidèles et fourbes même.

Ils sont infidèles et même fourbes.

VOUS ÊTES SEUL ?

Attention au « vous » de politesse qui s’écrira « vous-même »


puisqu’il ne s’adresse qu’à une seule personne, à bien
distinguer du « vous-mêmes  » qui correspond à un véritable
pluriel.

Vous-même, monsieur le président, constatez avec amertume


cette situation.

Vous-mêmes, étudiants, défendez vos droits !

Il en ira de même avec le «  nous-même  » qui, pris dans un


sens de généralité pour désigner un groupe, restera au
singulier. Ou dans un cas de mégalomanie aiguë !

Nous-même, président, …
Tout est bien qui commence
bien…
L’usage, dans notre langue, jouit d’une immense
influence sur l’orthographe. Et l’euphonie
(l’harmonie sonore) tout particulièrement.
» Chaque fois que « tout » vient amplifier l’adjectif
féminin qu’il précède, il a le sens de tout à fait. Si
l’adjectif commence par une voyelle ou un « h »
muet, la liaison se fait naturellement, et l’adverbe
« tout » reste donc invariable.

La jeune femme tout abandonnée à ses pensées ne


remarqua pas l’absence de son amie.

» Si c’est une consonne ou un « h » aspiré, pour


flatter l’oreille, nous devrons accorder au féminin
et féminin pluriel « tout » sur le modèle de
l’adjectif.

Cette route toute sinueuse s’avère des plus


dangereuses.

Ces fillettes toutes surprises de voir qu’il n’y avait pas


d’école ce matin.

Elle était tout heureuse et à la fois toute honteuse.


Pour savoir si un « h » est muet ou aspiré, il
suffit de lui mettre un « l’ » devant. On peut
élider (mettre une apostrophe à la place de la
voyelle de l’article) quand le « h » est muet,
on conserve l’article devant un « h » aspiré et
on ne fait pas la liaison au pluriel.

L’homme (« h » muet) détestait le haddock (« h »


aspiré).

» Avec un adjectif masculin pluriel, « tout » ne varie


pas.

Ils semblaient tout satisfaits de leur plaisanterie.


LA VILLE FORME UN TOUT

Si l’envie vous prend de faire des effets de style et


de vouloir mettre tout Paris, tout Rome ou Londres
dans une seule phrase, prenez garde. Le peuple
d’une ville désigné par le nom de la cité est
toujours du masculin.

Tout Paris défilait dans les rues.

Mais le Tout-Paris s’est rendu à l’inauguration de sa


dernière exposition.

On placera un trait d’union entre tout et Paris (si


Paris est la capitale, tout se doit d’en prendre une)
quand on crée un nom commun sur le modèle de
tire-bouchon.

» « Tout à » ou « tout de » suivent la même règle l’un


et l’autre, et bénéficient d’une certaine souplesse,
on peut accorder en genre et en nombre comme
on peut laisser invariable.

Elle est toute à son ouvrage. Elle est tout à son


ouvrage.
Sa lettre était tout de passion. Sa lettre était toute de
passion.

On se pliera au diktat de notre ouïe et on choisira


plutôt l’accord devant une consonne et
l’invariabilité devant une voyelle, mais le tout au
singulier !

En effet, au pluriel le sens diffère selon l’accord.

Ses lettres étaient toutes de passion. Toutes ses lettres


sont empreintes de passion.

Ses lettres étaient tout de passion. Elles sont


enflammées.
» « Tout en » supporte l’accord uniquement si
l’expression se rapporte à un nom féminin
singulier.

La mariée portait une robe tout(e) en broderie.

Il ne semble pas concevable de dire des robes


toutes en broderie, la liaison ne le permet pas.
EN LARMES

La locution «  tout en larmes  » est figée et ne


s’accorde jamais.

» « Tout autre » échappe à la règle euphonique qui


exige de ne pas accorder devant une voyelle.

C’est de nouveau une histoire de sens ! Si « tout


autre » signifie n’importe quelle autre, tout
s’accorde au féminin.

Toute autre difficulté me paraîtrait annexe.

N’importe quelle autre difficulté me paraît annexe.

Inversement dans le sens de tout à fait autre, il


reste invariable.

Son projet est tout autre…

On peut déplacer « autre » après le nom dans


le sens de « n’importe quelle autre ».

Toute difficulté autre me paraît annexe.

Quel que soit le quelque


Qui que vous soyez, quelle que soit votre tournure,
quelque interrogation que vous vous posiez, les
réponses, pas quelconques, se trouvent dans ces
pages. Ici encore le sens est maître de l’accord.

Comme adverbe
» « Quelque », complétant un adjectif numéral, est
employé adverbialement dans le sens
d’« environ ». Donc il demeure invariable.

Les quelque cent jours que j’ai passés dans ma


résidence d’été…

» Quand on peut le remplacer par « si », il est


toujours adverbe et invariable.

Quelque qualifiés que vous soyez tous, il


n’embauchera aucun de vous !

Comme adjectif
» « Quelque » prend le sens d’un « certain nombre
de », il s’accorde avec le nom.

Venez ramasser quelques pommes dans mon jardin.

Quelque temps signifie un certain temps, qui est


du singulier, ne vous méprenez pas sur le « s »
final de temps !

» « Et quelques »

On rencontre quelquefois cet emploi (notez bien


le « s ») qui est du langage familier (n’empêche,
cela permet de conserver une certaine dignité si
quelqu’un avait l’audace de vous demander votre
âge). Il n’est admis que derrière un nombre rond
et suppose que le nom soit sous-entendu.

Il est âgé de quarante ans et quelques.

Et quelques années…

» La construction avec « que » diffère juste parce


qu’elle est composée des deux éléments
(« quelque + que »).

• Quelques prétextes que vous avanciez, vous


ne couperez pas à cet examen.

L’adjectif s’accorde avec le nom qui suit, et le


verbe se met le plus souvent au subjonctif.
Il a alors le sens de « n’importe quel ».

Quelque discipline qu’il établisse, il y aura


toujours un étudiant pour la transgresser.

Mais l’indicatif n’est pas fautif dans certains


cas.
Mangez ces quelques figues que j’ai cueillies
pour vous.

• Si « quel que » est immédiatement suivi de


l’auxiliaire être ou d’un verbe (c’est souvent
devoir), il s’écrit en deux mots, le verbe se
met au subjonctif, et « quel » (rappelez-vous
qu’il est ici adjectif) s’accorde sur le sujet (en
genre et en nombre).

Quelles que soient ses raisons, elle n’aurait pas


dû répondre si sèchement à sa responsable.

Quelles est au féminin pluriel comme


raisons.

Quelles que soient ses paroles, je le suivrai


partout !
ATTENTION

Il arrive parfois avec la construction en deux mots que « quel


que » soit immédiatement suivi d’un pronom personnel (il ou
elle) au lieu du verbe, ce dernier se positionne alors après le
pronom.

Quelle qu’elle soit, je pars.

Quelle que soit l’heure, je pars.

Si le sujet est un pronom, il ne peut se trouver derrière le


verbe, on a donc une inversion, mais rien n’est changé à
l’accord.
RAPPEL

» Nous avons vu que quand «  quelque  » est


suivi d’un adjectif isolé (sans nom), il a la
valeur du « si » et reste invariable.

Quelque bonnes que soient ses paroles.

» S’il est suivi d’un nom, il s’accorde.

Quelques paroles qu’il ait dites.

» Si, enfin, il est accompagné d’un adjectif et


d’un nom, on se retrouve comme dans le
deuxième cas, il s’aligne sur l’adjectif et le
nom.

Quelques bonnes paroles que ce soit…

Tel que vous


Pour finir sur ce chapitre, une règle beaucoup plus
simple !
» « Tel » s’accorde avec le nom qui suit, « tel que »
avec celui qui précède.

De tels comédiens sont bouleversants.


Tel fut son comportement en ce triste jour.

Toutes ces nouvelles matières telles que la physique.

ATTENTION

Il faut cependant se méfier des effets de style où les


propositions sont inversées…

Tels que les vagues déchaînées, ils se sont emportés très


violemment.

La construction « tels que » se rapporte au sujet « ils ».

» « Tel » s’accorde dans les expressions « en tant que


tel », « tel quel ».

Les contrôleurs, en tant que tels, sont mal perçus par


les usagers des transports.

Je vous restitue vos livres tels quels.

» « Tel ou tel », « tel et tel »

Le nom qui suit est généralement au singulier,


mais il est tout à fait envisageable de mettre un
pluriel en fonction de ce que l’on veut exprimer.

Telle ou telle secrétaire a battu le record de frappe.

Telles et telles pages de ce livre évoquent l’histoire…


Après « tel et tel », même si le nom reste au
singulier, le verbe se met au pluriel.

Tel et tel candidat ont passé l’entretien d’embauche.

Avec « tel ou tel » (employé seul ou avec un nom


singulier), le verbe reste au singulier.

Tel ou tel s’est fait élire maire.

ATTENTION

« Untel » s’écrit aussi « un tel », « unetelle » a également deux


orthographes (« une telle  »), mais M. «  Un tel  » ou «  Untel  »
appelle la majuscule. Idem pour Mme «  Une telle  » ou
« Unetelle ».

J’ai vu untel et unetelle ensemble.


Chapitre 30
Adjectif verbal ou participe
présent ? Dis-moi, qui es-tu ?
DANS CE CHAPITRE :

» Identité, s’il vous plaît !

» Ralentir, graphies trompeuses

C edistinguer
n’est absolument pas superflu de vouloir
l’adjectif verbal du participe présent,
pour la bonne raison que l’un s’accorde (vous
l’aurez deviné, c’est l’adjectif !) alors que l’autre –
  le participe présent  –  reste invariable. Outre cette
difficulté, un autre obstacle se présente  : la
question de l’orthographe. Doit-on écrire cet
emploi « fatigant » ou « fatiguant » ? Le personnel
«  navigant  » ou «  naviguant  »  ? Cet orateur
« convaincant » ou « convainquant » ? D’autres (la
plupart) ont une graphie commune  : exigeant,
hurlant, obligeant, tombant, souffrant… Nous
tâcherons donc d’établir deux séries d’éléments
vous permettant d’identifier l’adjectif du participe.

Identité, s’il vous plaît !


Nous savons que le participe présent se termine
toujours par «  ant  ». Bien sûr, ce n’est pas un
indice suffisant pour déterminer le participe
présent. Mais, au moins, si le mot s’achève par
« ent », cette fois il est sûr que c’est un adjectif et
il faut l’accorder. Bon, on progresse. Essayons de
lister les informations relatives à l’adjectif.

Il est obligatoirement adjectif et s’accorde :


» Chaque fois qu’il peut être remplacé par
n’importe quelle épithète.

On appelle épithète un adjectif qui qualifie le nom,


il se place avant ou après le substantif selon les
cas.

Le comportement extravagant de cet homme avait de


quoi inquiéter ses proches.

Le comportement bizarre de cet homme avait de quoi


inquiéter ses proches.

Cette entreprise a été plébiscitée grâce aux projets


foisonnants qu’elle a menés.
Cette entreprise a été plébiscitée grâce aux projets
rentables qu’elle a menés.

» Quand il est employé comme attribut. Ce dernier,


à la différence de l’épithète, passe par
l’intermédiaire d’un verbe (être, sembler,
paraître…) pour qualifier le nom.

Ces candidats paraissent compétents.

On pourrait ici aussi proposer un autre adjectif.

Ces candidats paraissent motivés.

L’adjectif verbal exprime alors (dans les deux cas


précédents) une qualité ou un état qui s’inscrit
plus ou moins dans la durée.

» Dernier repère : s’il est précédé d’un adverbe (et


non suivi d’un complément d’objet direct), il est
encore adjectif (épithète ou attribut).

Des chaudrons bien brillants pendaient au-dessus de


la cuisinière. (Emploi épithète)

Ces chaudrons sont bien brillants. (Attribut)

Si vous ne trouvez pas d’adjectifs similaires ou si


vous désirez être doublement conforté dans votre
choix, féminisez votre mot. Si ça marche, vous êtes
dans le camp des adjectifs, et donc il faut accorder !
Ces candidates paraissent compétentes.

Ces casseroles sont bien brillantes.

Il est obligatoirement participe et reste invariable :


» Dans le cas du gérondif, quand il est précédé de
en.

En suppliant son responsable, il espérait gagner son


estime et une augmentation !

En lavant ses affaires, il montre son autonomie.

ATTENTION

Il faut être vigilant (attention, adjectif verbal  !) et ne pas


confondre le gérondif  –  Ils sont venus en complotant (en
faisant l’action de comploter) – de l’adjectif verbal précédé de
la préposition en  –  Ils sont venus en intrigants (en tant
qu’intrigants). Le dernier exemple marque un état durable,
une attitude.

» S’il est suivi d’un COD (complément d’objet direct).

Traversant la forêt, Blanche-Neige découvrit la


maison des sept nains.

» S’il est suivi d’un COI, d’un CC (complément d’objet


indirect/ complément circonstanciel de lieu, par
exemple) qui crée une entité avec le participe.

Déménageant pour le Midi, il s’allégea de ses


vêtements d’hiver.

» Lorsqu’il est employé à la forme négative, avec les


négations ne… pas, ne… plus, ne… rien.

Ne correspondant pas au profil recherché pour ce


poste, il envisage de suivre une formation
diplômante.

Attention, ici diplômante est adjectif verbal,


correspondant est participe présent !

» Accompagné d’un adverbe ou d’une locution


verbale.

Son coucou volant vite a suscité l’intérêt de la presse


locale.

Les cours commençant tout de suite, le programme


pourra être traité entièrement.

» Précédé de aller ou de s’en aller.

Il s’en allait sifflotant.

» Enfin, à la forme pronominale… il ne peut que


participer !

S’informant sur les démarches à suivre, il visita une


grande partie de l’université.
Se suivant les uns les autres, les invités du cortège ne
risquaient pas de se perdre.

En tant que participe, il traduit une action ou un


état de courte durée.

Chaque fois qu’il est participe, on peut remplacer


ce dernier par le même verbe conjugué précédé
de qui.

Le moniteur racontant des histoires à la veillée


captivait son auditoire.

Le moniteur qui racontait des histoires à la veillée


captivait son auditoire.

» Des participes présents hérités du passé, il nous


reste quelques expressions : les ayants droit, les
ayants cause, les tenants et les aboutissants,
toutes affaires cessantes…
LES FORMULES DE POLITESSE

On rencontre quelquefois au cours d’une phrase


un participe présent qui ne se rapporte pas au
sujet de la proposition principale :

Espérant que ma demande retiendra votre attention,


veuillez agréer mes salutations les meilleures.

Il faut écrire :

Espérant que ma demande retiendra votre attention,


je vous prie d’agréer mes salutations les meilleures.

Le sujet est identique, il n’y a plus de faute de


construction.

Ralentir, graphies trompeuses !


Quelques exemples d’orthographes divergentes
entre ces frères ennemis nous aideront à piocher le
mot juste entre l’adjectif et le participe, et à bien
choisir son équivalent substantivé, qui n’est autre
que le nom commun !

Adjectif ou participe ?
Quelques exemples :

Adjectif verbal Participe présent

Adhérent Adhérant

Affluent Affluant

Coïncident Coïncidant

Communicant Communiquant

Convaincant Convainquant

Convergent Convergeant

Différent Différant

Divergent Divergeant

Émergent Émergeant

Équivalent Équivalant

Excellent Excellant

Fatigant Fatiguant

Influent Influant

Intrigant Intriguant

Navigant Naviguant

Négligent Négligeant

Précédent Précédant
Provocant Provoquant

Somnolent Somnolant

Suffocant Suffoquant

Vacant Vaquant

Zigzagant Zigzaguant

Adjectif ou participe ? Non,


nom !
Soyez vigilant également avec quelques variantes
de substantifs  : un adhérent, un affluent, un
confluent, un équivalent, un expédient, un
fabricant (participe  : fabriquant), un intrigant, un
précédent…
Chapitre 31
Des consonnes, lesquelles
redoublent ?
DANS CE CHAPITRE :

» Chez les adverbes

-  Les adverbes en formation

-  Tout est dans l’oreille

» Chez les verbes

-  Ceux qui bissent

-  Les autres sont « grave »

Chez les adverbes


Dans la famille des adverbes, qui adopter  ?
Comment distinguer le redoublant (« mment ») de
celui qui ne double pas la consonne («  ment  »)  ?
Quelle solution choisir devant «  mmant  » et
«  mment  »  ? Et, cerise sur le gâteau, quels
adverbes sont revêtus arbitrairement du beau
circonflexe  ? Les pages qui suivent devraient nous
éclairer sur ce sujet épineux. Une chose est sûre  :
tous ces adverbes sont invariables !

Les adverbes en formation


Le principe de construction d’un adverbe offre un
large choix. Il consiste à greffer un suffixe sur un
radical (la racine d’un mot  : «  lait  » dans
«  allaiter  »). Les suffixes se placent à la fin d’un
mot, lâchement, les préfixes au début de celui-ci,
reprendre.

L’adverbe est souvent une forme dérivée de


l’adjectif sur lequel s’accroche notre suffixe,
«  ment  », «  mment  », ou «  mmant  ». Soit il
choisit un adjectif (féminin, masculin, ou invariable
en genre), soit il opte pour un nom commun ou un
participe passé.

La ville de Paris anciennement appelée Lutèce demeure


l’une des plus belles capitales. (Dérivé de l’adjectif
féminin ancienne.)

On ne dirait pas que cette ravissante petite fille est née


prématurément. (Dérivé de l’adjectif masculin
prématuré.)
Pourriez-vous lui demander aimablement de se joindre
à nous  ? (Dérivé de l’adjectif invariable en genre
aimable.)

Cette cuisine sent diablement bon. (Dérivé du nom


commun diable.)

Cette navigatrice n’est décidément pas faite pour la vie


sédentaire. (Dérivé du participe passé décidé.)

Il arrive aussi que l’adverbe repose sur un adjectif


féminin dont le «  e  » se transforme en «  é  »
(confusément, expressément…).

Ce n’est pas précisément ce qu’il a dit.

Certains adverbes, très usuels, sont issus d’un


adjectif qui a disparu de l’usage (sciemment,
grièvement…).

Elle nous a brièvement résumé la situation. (De


l’ancien français brief qui a donné bref.)

Tout est dans l’oreille


» Les adverbes qui se prononcent avec le son [a]
prennent toujours deux « m ». Disons que la
sonorité en [a] est l’indice du doublement de la
consonne.
Ce top-modèle s’habillait toujours si élégamment.

Il avalait négligemment sa purée.

En conséquence, tous les autres adverbes (son en


« ement », « ément » ou « ument ») s’écrivent avec
un seul « m ».

Reste à déterminer pour les premiers quand le


« a » dame le pion au « e ». Là encore, il suffit de
remonter à l’origine du mot, donc à l’adjectif dans
la plupart des cas.

» La graphie « amment » est destinée aux adverbes


dont l’adjectif finit par « ant ».

Il a brillamment achevé ses études.

Les discours étonnamment optimistes de certains


politiques…

Il a plu abondamment ces dernières semaines.

Dans cette dernière série, derrière l’adjectif doté


d’une terminaison en « ant » (brillant, étonnant,
abondant) se cache peut-être un participe présent.
Mais peu importe, me direz-vous poliment,
l’essentiel étant de savoir si notre adjectif a sa
terminaison en « ant » ou en « ent ». Et de
construire notre adverbe sur le même modèle !
Vous saviez pertinemment qu’il ne viendrait pas
(pertinent).

J’ai récemment visité le Japon (récent).

ATTENTION

L’adverbe en « ammant », donc avec une prononciation en [a]


et construit sur un adjectif en « ant », double obligatoirement
le m.
CEUX QUI PORTENT LE CHAPEAU

Le vrai problème se pose avec les adverbes en


« ument ». Certains sont chapeautés, d’autres non !
L’accent circonflexe que l’on peut observer sur le
« û » signale la disparition du « e ». En effet, comme
nous l’avons expliqué au début de ce chapitre,
l’adverbe est souvent construit sur l’adjectif
féminin. Le «  e  », marque du genre, a
progressivement disparu au fur et à mesure qu’il
n’était plus prononcé (polie/poliment). Pour gaie,
nous avons conservé les deux graphies  : gaiement
et gaîment. De même, pour nue : nuement, nûment.
En revanche, les autres ont perdu le «  e  », et il
n’existe pas de repère qui permette de distinguer
les « chapeautés » des têtes nues.

Les chapeautés

Assidûment

Congrûment

Continûment

Crûment

Dûment
Gaîment

Goulûment

Incongrûment

Indûment

Nûment

Les têtes nues

Absolument

Ambigument

Éperdument

Ingénument

Prétendument

Résolument

ATTENTION

Comme nuement et gaiement, exquisement peut s’écrire d’une


autre façon  : exquisément. La version accentuée est plus
fréquente.

Chez les verbes


La difficulté avec les verbes en « eter » ou « eler »
consiste à repérer ceux qui prennent un accent
grave de ceux qui bissent le «  t  » ou le «  l ». La
grande majorité voit sa consonne doubler, mais
quelques verbes échappent à la règle.

Ceux qui bissent


» Un grand nombre de verbes doublent leur
consonne (« l », « t ») devant un « e » muet (« e »
muet : non accentué, qui peut se prononcer ou
non).

Il appelle sa femme tous les midis. Mais Il appelait sa


femme tous les midis. [Encore un « jaloux » !]

Les enfants ont appris qu’on ne jette pas de papier


par terre.

Si, à la conjugaison, le « e » muet disparaît au


profit d’une syllabe sonore (qui se prononce : ais,
ait, ons, ez…), la consonne reste simple.

Ici, encore, c’est donc une question d’oreille, enfin


de son !

» À l’usage, quatre temps sont concernés : le


présent de l’indicatif, du conditionnel et du
subjonctif, et le futur simple.
» Prenons le verbe jeter à titre d’exemple :

Présent de l’indicatif

Je jette

Tu jettes

Il jette

Nous jetons

Vous jetez

Ils jettent

Futur simple

Je jetterai

Tu jetteras

Il jettera

Nous jetterons

Vous jetterez

Ils jetteront

Présent du subjonctif

Que je jette

Que tu jettes

Qu’il jette
Que nous jetions

Que vous jetiez

Qu’ils jettent

Présent du conditionnnel

Je jetterais

Tu jetterais

Il jetterait

Nous jetterions

Vous jetteriez

Ils jetteraient

Il faut ajouter à ces temps la deuxième personne


du singulier de l’impératif qui voit également sa
consonne redoublée.

Impératif présent

Jette

Jetons

Jetez

Donc, à l’oreille, nous pouvons facilement repérer


si la syllabe est constituée d’un « e » muet, comme
dans tous les exemples ci-dessus, et en conclure
qu’il faut doubler notre « t » ou notre « l ». Dans
« nous jetons », « vous jetez », « que nous jetions »,
« que vous jetiez », le « e » muet n’est plus, la
consonne retourne à sa solitude.

» Dans cette catégorie, on recense dans l’usage


courant :

amonceler, appeler, atteler, cacheter, carreler,


chanceler, craqueler, décacheter, déchiqueter,
décolleter, déficeler, déniveler, dépuceler,
désensorceler, dételer, écheveler, empaqueter,
ensorceler, épeler, épousseter, étinceler,
étiqueter, feuilleter, ficeler, grommeler,
guillemeter, hoqueter, interjeter, jeter, jumeler,
marqueter, morceler, moucheter, museler, niveler,
pailleter, parqueter, pelleter, piqueter, projeter,
rappeler, recarreler, rejeter, rempaqueter,
renouveler, riveter, ruisseler, tacheter, voleter.

» D’autres verbes plus spécialisés nous invitent à


consulter le dictionnaire :

agneler, aiguilleter, anneler, banqueter, baqueter,


bateler, becqueter ou béqueter, bosseler, botteler,
bourreler, bretteler, breveter, briqueter, cailleter,
canneler, capeler, caqueter, chapeler, chevreter,
claqueter, claveter, cliqueter, colleter, coqueter,
cordeler, craqueter, créneler, cureter, cuveler,
débecqueter, débosseler, décapeler, décarreler,
déclaveter, décliqueter, déjeter, démoucheter,
démuseler, denteler, dépaisseler, dépaqueter,
détonneler, duveter, embotteler, encliqueter,
engrumeler, enjaveler, épanneler, forjeter, fuseler,
gobeter, greneler, griveler, grumeler, javeler,
louveter, moleter, mugueter, nickeler, oiseler,
paisseler, panteler, pommeler, raineter, râteler,
soucheter, souffleter, surjeter, taveler, trompeter,
valeter.

REGRETTEZ D’ÊTRE INTERPELLÉ

Interpeller conserve dans toute sa conjugaison les


deux «  l  ». Il ne faut pas l’assimiler au verbe
appeler. Idem pour regretter qui garde ses deux
«  t  ». Il suffit d’observer le verbe à l’infinitif pour
savoir s’il prend une ou deux consonnes.

Les autres sont « grave » !


Les verbes qui préfèrent mettre l’accent grave
devant une syllabe muette se conjuguent sur le
modèle de… modeler !

Comme pour la partie précédente, les quatre


mêmes temps sont affectés  : le présent de
l’indicatif, du conditionnel et du subjonctif, et le
futur simple.

Présent de l’indicatif

Je modèle

Tu modèles

Il modèle

Nous modelons

Vous modelez

Ils modèlent

Présent du subjonctif

Que je modèle

Que tu modèles

Qu’il modèle

Que nous modelions

Que vous modeliez

Qu’ils modèlent

Futur simple
Je modèlerai

Tu modèleras

Il modèlera

Nous modèlerons

Vous modèlerez

Ils modèleront

Présent du conditionnnel

Je modèlerais

Tu modèlerais

Il modèlerait

Nous modèlerions

Vous modèleriez

Ils modèleraient

Ici aussi, on constate que seules les première et


deuxième personnes du pluriel des présents de
l’indicatif et du subjonctif conservent le «  e  »
muet (donc ne veulent pas d’accent) puisque la
syllabe qui suit est sonore (voir plus haut dans ce
chapitre).

À l’impératif présent, deuxième personne du


singulier, prise d’accent obligatoire pour notre
verbe «  modèle  » mais au pluriel «  modelons,
modelez ».

S’alignent sur cette conjugaison :


» En « eler », aciseler (terme de viticulture), celer
(déceler, receler), ciseler, démanteler, écarteler,
embreler, s’encasteler, épinceler, geler (dégeler,
regeler, congeler, décongeler, recongeler,
surgeler), harceler, marteler, peler, receler.

» En « eter », acheter (racheter), bégueter, caleter,


corseter, crocheter, émoucheter, fileter, fureter,
haleter, rapiéceter.

Il faut considérer cette dernière catégorie comme


une exception et s’assurer quand nous rencontrons
un verbe en « eler » ou « eter » qu’il ne figure pas
dans cette dernière liste pour lui doubler sa
consonne.
Chapitre 32
Relativisons !
DANS CE CHAPITRE :

» Qui est « qui » ?

» Les caprices du « dont »

L deux propositions qui ont un nom en commun et


es pronoms relatifs nous permettent de relier

d’éviter ainsi la répétition de celui-ci. Ils se


classent en deux catégories, les formes simples et
usuelles (qui, que, quoi, dont, où…) et les formes
contractées (desquelles, duquel, auxquelles, à
laquelle…). Seules ces dernières s’accordent en
genre et en nombre, mais on ne peut les utiliser
indifféremment dans n’importe quel cas. Explorons
un peu ce nouveau champ.

Qui est « qui » ?


» Avec « qui », aucune restriction, « qui » peut
s’appliquer à une personne, un animal, une chose.

Le présentateur qui taquine toujours ses invités


anime une nouvelle émission.

Le renard qui manifeste tant de ruse dans les fables


de La Fontaine sort toujours vainqueur.

L’eau qui coule de la fontaine est réputée potable !

On se demande souvent quelles sont les règles


qui régissent l’emploi de « ce qu’il » plutôt que « ce
qui ». Eh bien, il n’y en a pas ! On peut faire comme
on veut ! Aucune distinction de sens, de
grammaire, et même à l’oreille il est difficile de
repérer lequel des deux a été prononcé.

Je ne comprends pas ce qu’il se passe. Ou Je ne


comprends pas ce qui se passe.

À moins que la construction soit exclusivement


impersonnelle comme avec le verbe falloir, le
« qu’il » s’imposera alors.

Qu’est-ce qu’il faut comme bûches pour se chauffer.


ATTENTION

Si « qui » est précédé d’une préposition, le sujet auquel il se


rapporte qu’on appelle un «  antécédent  » doit être une
personne ou une chose personnifiée. Parmi les prépositions
les plus courantes : à, avec, chez, dans, de, derrière, devant,
en, par, parmi, pour, près, sans, sous, sur…

Le libraire chez qui je fais mes courses spirituelles…

L’arbre, symbole de vie, devant qui je m’incline


révérencieusement…

On ne peut donc pas dire  : la fleur à qui je parle (à moins


d’être dans Peau d’Âne…).

Les animaux familiers faisant partie de la famille bénéficient


d’un traitement de faveur, ils peuvent faire fonction
d’antécédent. Reste à savoir où s’arrête le noyau familial. Des
singes ou des souris… La règle ne dit mot !

» Les pronoms composés s’adressent


indifféremment aux personnes ou aux choses,
c’est donc vers eux que l’on se tournera si notre
verbe exige une préposition.

Les voyages pour lesquels j’ai dû patienter jusqu’à ma


majorité sont mes meilleurs souvenirs.
Les amis sur lesquels je peux compter…

On aurait pu écrire : Les amis sur qui je peux


compter… Mais non* Les voyages pour qui.

La forme simple (sur qui) est considérée comme


plus soutenue que la forme composée (sur
lesquels).

» Quand deux propositions comportent deux


pronoms identiques, on peut faire l’ellipse du
second. Si le temps des verbes n’est pas le même
dans les deux propositions, certains grammairiens
imposent la répétition du pronom. Cette pratique,
un peu rigoureuse, est peu suivie dans l’usage.

La comédienne qui chante le blues et danse


admirablement le rock and roll.

Les manifestants qui défilaient dans les rues et (qui)


s’étaient donné rendez-vous de bonne heure
commençaient à se disperser.

Si le second pronom est différent, nous ne


pouvons pas en faire l’omission.

Les médecins qui étaient en consultation et dont nous


connaissions la renommée s’étaient constitué une
belle clientèle.
» Après « qui », le verbe s’accorde généralement
avec l’antécédent. Certaines phrases (avec je, tu,
nous ou vous pour sujet) présentent toutefois des
équivoques. L’accord est indiscutable quand
l’antécédent est un attribut (qui qualifie un sujet
ou un complément par l’intermédiaire d’un verbe)
déterminé par un article défini (le/la) ou un
adjectif démonstratif (ce/cette) ou si l’attribut est
un pronom démonstratif (ceux/celle/celui) :

Tu es l’élève qui a les meilleures notes. (Accord avec


l’élève qui est attribut.)

Vous êtes cet homme qui peut prendre le pouvoir.


(Idem avec cet homme.)

Nous incarnons ceux qui se sont toujours battus.


(Idem avec ceux.)

Et également quand la proposition principale est


interrogative ou négative sans aucune restriction
sur le déterminant :

Êtes-vous une personne qui se froisse facilement ?


(Accord avec une personne.)

Je ne serai jamais cette esclave qui admet sa


soumission. (Accord avec cette esclave.)
Si l’attribut est précédé d’un article indéfini, l’usage
est hésitant, mais tend toutefois vers l’accord avec
l’attribut.

Je suis une professionnelle qui a fait ses preuves.

Les caprices du « dont »


» « Dont » peut représenter des personnes comme
des choses. Le plus souvent, il peut être remplacé
par duquel, de laquelle, de qui, de quoi,
desquels… Il équivaut au « de » suivi de
l’antécédent.

François Truffaut dont j’ai vu tous les films… (On


pourrait tout autant dire de qui j’ai vu puisque
l’antécédent est une personne…)

Nous avons l’habitude de placer « dont » dans la


plupart de nos phrases, mais nous ignorons
souvent que certaines restrictions s’appliquent à
ce mot magique, que nous employons des fois à
tort et à travers.

Il est des constructions un peu alambiquées qui


peuvent nous mettre dans un certain embarras.

La voiture à la réparation de laquelle il voue ses


week-ends est une antiquité.
Soit vous changez la phrase : Il voue ses week-ends
à la réparation de sa voiture, qui est une antiquité.
Soit vous vous inclinez devant la lourdeur de la
première phrase, cette dernière reste cependant
correcte.

L’antécédent du pronom de laquelle est voiture, le


pronom en est donc séparé par le mot réparation.

1) Avec ce schéma (antécédent + préposition


et nom + pronom relatif), l’emploi de
« dont » est proscrit. On le remplace par de
laquelle, duquel ou de qui (si l’antécédent
est une personne pour ce dernier).

Le tableau à la restauration duquel il travaille


était exposé au Louvre.

Comment avoir la certitude que cette


phrase est juste, que le pronom relatif est le
bon ? Il suffit de la remettre dans le bon
ordre :

Il travaille à la restauration du tableau et ce


tableau était exposé au Louvre. Le à la était
bel et bien dans notre phrase initiale, la
préposition sur laquelle se construit le
pronom (pour éviter la répétition de
tableau) est « du ». On sait qu’une
restriction nous interdit l’emploi de « dont »,
il faut donc choisir « du », et opter pour la
forme composée (puisque l’antécédent est
une chose, on ne saurait dire « de qui »),
avec un antécédent masculin singulier
(tableau), ce sera forcément duquel.

2) « Dont » ne peut pas dépendre d’un


complément introduit par une préposition.

*Le propriétaire dont j’ai roulé sur les fleurs


n’était pas content. Phrase fautive

Cela signifie : J’ai roulé sur les fleurs du


propriétaire. La préposition « sur » dépend
de l’antécédent « propriétaire », on ne peut
donc pas user du « dont » dans la phrase. Il
faudra donc dire :

Le propriétaire sur les fleurs duquel (ou de


qui) j’ai roulé n’était pas content.

Il faut toujours partir du complément pour


construire sa phrase : sur les fleurs.

De même, il serait fautif d’écrire :

*L’Administration dont j’ai accédé aux plus


hautes fonctions…

On corrigera par :
L’Administration aux plus hautes fonctions de
laquelle j’ai accédé…

ATTENTION

Impossible de remplacer de laquelle par de qui dans notre


précédent exemple. Ce pronom relatif précédé d’une
préposition ne peut se rapporter qu’à une personne. Ce que
n’est pas l’Administration.

3) Autre restriction : si un possessif est en rapport


avec l’antécédent, « dont » ne peut être envisagé
dans la phrase !

*Le fils dont je reçois ses amis est de passage dans la


région. Phrase fautive

Le possessif « ses » est bien en rapport avec


l’antécédent « fils ».

La solution, ici, est simple, on change le possessif !

Le fils dont je reçois les amis est de passage dans la


région.

Regardez le château dont on aperçoit le donjon.

Et non : *Regardez le château dont on aperçoit son


donjon.
4) Enfin, on ne peut concevoir de mariage possible
entre « dont » et le pronom « en ».

*Les femmes dont j’en admire l’élégance. Association


inimaginable.

Mais il est juste de dire : Les femmes dont j’admire


l’élégance.

ATTENTION

Dont est obligatoire si l’antécédent est ce, cela, ceci, rien. Il


peut avoir pour vocation de ramasser toute la proposition
précédente.

C’est ce dont j’ai le plus besoin.

Il fumait cigarette sur cigarette, ce dont je n’avais pas pris


conscience auparavant. «  Ce  » se rapporte dans ce dernier
exemple à toute la proposition.
UN PRONOM PEUT EN CACHER UN AUTRE

« Dont » et « où »

« Dont » s’emploie pour exprimer la descendance et


l’origine sociale.

Les Valois dont il descendait…

« D’où » est plutôt réservé au lieu et au temps.

Je me suis précipitée dans la cuisine d’où émanait une


étrange odeur.

C’est l’heure où la nuit tombe.

Le village d’où je viens organise des festivals de rue


comme on n’en voit plus.

«  Où  » peut s’accompagner ou non d’une


préposition (où, d’où), comme on le remarque dans
les exemples précédents. Il ne peut avoir pour
antécédent qu’un nom de chose.

» Nous nous abstiendrons de mettre un là (il est


question d’adverbe et non de musique, l’accent le
prouve) entre la préposition « de » et le pronom
relatif « où ».
La station d’où nous sommes sortis est une phrase
correcte, mais il est impossible de s’exprimer
convenablement avec *La station de là où nous
sommes sortis.

Cela vaut pour d’autres prépositions : ne pas


employer jusque là où mais jusqu’où.

Ne pas tomber dans le piège du C’est là où, qui


relève du langage populaire. Pencher plutôt pour
C’est là que.

« Où » manifeste son exigence : il s’associe avec


peu de prépositions : de, par, jusque, quelquefois
pour.

Jusqu’où irez-vous dans la provocation ?

ATTENTION

La combinaison «  vers où  » semble bien malheureuse, on


s’épargnera de l’utiliser.

Il faut éviter d’employer «  où  » quand il se rapporte à la


situation.

Ne pas dire *L’état de fatigue où je suis mais L’état de fatigue


dans lequel je suis.
» « Que »

« Que » est le pronom relatif que l’on emploie


quand l’antécédent est complément d’objet direct,
c’est-à-dire quand le pronom relatif n’est pas
construit sur une préposition.

Roxane lave les fraises pour le déjeuner. Les fraises


sont le COD de laver.

Les fraises que Roxane lave pour le déjeuner.

Si le verbe exige une préposition (penser à


quelqu’un), le pronom ne sera pas « que » et il se
construira sur la préposition indissociable du
verbe.

Les desserts auxquels elle pense…

» « Dont » et « que »

Deux verbes similaires par le sens se conjuguent


avec des prépositions différentes : « rappeler » est
un verbe transitif direct, c’est-à-dire qu’il a un
complément d’objet direct, comme manger.

Je mange une pomme. Le COD est une pomme. Si la


pomme devient sujet, il faudra dire La pomme que
je mange est d’un rouge éclatant.
On reproduit le schéma grammatical avec se
rappeler :

L’histoire que je me rappelle puisque Je me rappelle


l’histoire et surtout pas Je me rappelle de l’histoire.
Cette fréquente erreur vient de l’analogie avec « se
souvenir ». Ce dernier, en revanche, se construit
obligatoirement avec « de ».

L’épisode dont je me souviens est celui du singe qui


s’échappe du zoo.

Parce que je me souviens de l’épisode ! Dans le


même esprit, on ne dira pas :

*Je m’en rappelle. « En » signifiant « de cela », cela


reviendrait à dire : Je me rappelle de cela.

Il faudra corriger pour : Je me le rappelle ou je m’en


souviens.

Attention toutefois à certaines phrases où « se


souvenir » constitue le verbe de notre proposition
relative mais où la préposition « de » figure déjà
dans la phrase. Dans ce cas, c’est le « que » qui
sera préféré, pour éviter une grave faute de
syntaxe.

C’est de son sourire charmeur qu’elle se souvient.

Si l’on remet la phrase dans l’ordre, on obtient :


Elle se souvient de son sourire charmeur.

Avec la phrase fautive : *C’est de son sourire


charmeur dont elle se souvient. La remise en ordre
supposerait *Elle se souvient de de son sourire,
puisque le « dont » est la contraction de « de ».

Sur le même principe, on peut dire :

La solitude dont il est jaloux… (puisqu’il est jaloux


de la solitude).

Mais on dira :

C’est de la solitude qu’il est jaloux… (le « de » est


déjà dans la construction de la phrase, on
sollicitera donc le « que » pour éviter la répétition
du « de »).]

» « Où » et « que »

Si l’on joue la carte de l’élégance, on préférera


l’emploi de « que » à « où » dans des phrases
semblables à cet exemple :

Un jour que je ne travaillais pas…

C’est-à-dire quand le nom est une indication de


temps et qu’il est précédé d’un article indéfini (un,
une, des).
Avec un article défini, on emploiera plutôt « où » :

Le jour où je ne travaillais pas…

La version avec « que » et article défini nous


bascule dans la langue littéraire !

Le jour que je ne travaillais pas.

» L’expression c’est à toi exige l’emploi de « que »


pour éviter la répétition inévitable du « à » (c’est à
lui à qui je m’adresse/ou auquel je m’adresse) qui
est fautive. Il faudra donc dire :

C’est à toi que je m’adresse.

Gardons à l’esprit que « dont » est la contraction


de « de ». Même procédé avec c’est de lui. Pour
ne pas alourdir avec une redite (c’est de lui dont je
parle), on préférera :

C’est de lui que je parle.

Seul « que » est autorisé.


Avec les prépositions «  parmi  » et «  entre  », nous
sommes contraints de recourir à la forme
composée lesquelles, lesquels. Impossible de placer
un « qui » ici !

Cette association m’a permis de faire de nouvelles


connaissances parmi lesquelles j’ai choisi mon témoin
de mariage.

» « Lequel »

« Lequel » concurrence « qui », les deux pouvant


s’employer indistinctement. Mais, dans certains
cas, « lequel » permet d’éviter une ambiguïté.

Il faut repeindre la façade qui jouxte le bâtiment,


lequel date un peu.

Avec « qui », nous n’aurions aucun moyen de


savoir qui, de la façade ou du bâtiment, date un
peu. Évidemment, avec deux noms féminins (ou
masculins), le problème demeure.

Il faut repeindre la façade qui jouxte la maison,


laquelle date un peu.

Il présente également l’avantage de nous épargner


la répétition du « qui » !
» « Quoi »

Ne peut se rapporter qu’à un nom de chose.

Les enfants ont préparé le petit déjeuner, ce à quoi je


ne m’attendais pas.

Notre « quoi » se rapporte ici à toute la proposition


Les enfants ont préparé le petit déjeuner. Il est
d’usage de le faire précéder du démonstratif « ce ».
« Quoi » ne s’emploie plus aujourd’hui que pour un
sujet neutre.

Quelque chose à quoi je ne crois plus.

Mais contre quoi je me suis cogné ?

Mais on peut rencontrer au cours de nos lectures


des phrases dans lesquelles « quoi » se réfère à un
sujet nettement déterminé, puisque c’était l’usage
jusqu’au XVIIIe siècle.
Chapitre 33
Comment ne pas perdre le
nord ?
DANS CE CHAPITRE :

» Mettre le cap sur la cap.

» Les cas de cap.

» Prendre la bonne direction

» À quel saint se vouer ?

» La côte a la cote

E Nord 
st-il plus grave de perdre le nord ou de perdre le
? L’expression courante qui signifie
«  perdre la tête  » s’écrira sans majuscule à nord.
Avec la capitale, majuscule en jargon de
typographe, nous perdrions la région nord de la
France. Ce chapitre nous permet donc de naviguer
entre direction et région et de nous repérer dans ce
labyrinthe géographique.
Mettre le cap sur la cap.
On distingue les régions par la capitale. On place en
effet la majuscule chaque fois que l’on désigne la
région géographique et non la direction.

J’ai quitté le Nord à la suite d’une mutation. (La région


nord. Les points cardinaux sont en minuscules,
employés en adjectifs.)

Elle redoute les hivers rigoureux de l’Est.

Le Grand Palais abrite une exposition sur la


magnificence des bijoux de l’Orient.

De même que les noms de pays prennent la


capitale, les noms de populations aussi :

Les Orientaux, les Européens, les Asiatiques, les Austro-


Hongrois, les Allemands…
CAP. OU PAS CAP.?

Les noms de populations perdent leur majuscule


(mais non leur superbe) quand ils sont employés
en adjectif et non plus en nom commun :

Les sportifs nord-américains sont montés sur le


podium.

Les estampes orientales sont consultables à la


bibliothèque d’Istanbul.

Il partit à la découverte des us et coutumes anglais.

Les cas de cap.


Capitale également pour désigner une unité
géographique bien définie : le Pacifique Sud, la mer
du Nord. La capitale joue en effet un rôle
déterminatif, le mot «  capé  » (avec capitale)
indique un lieu géographique unique.

Cette auteure raconte ses voyages, de l’Amérique du


Nord à l’Asie du Sud-Est, peu de pays lui sont encore
inconnus.
Certains noms consacrés par l’usage prennent
toujours une capitale  : l’hémisphère Nord,
l’hémisphère Sud, le pôle Nord et le pôle Sud, la
gare de l’Est, la gare du Nord.
LE « DE » N’ANOBLIT PAS TOUJOURS !

Si le nom du pays, ou de l’entité supérieure, suit le


nom de la région, ce dernier perd sa capitale,
puisque l’élément déterminant est repris par la
majuscule du nom propre.

Le nord de la Bretagne regorge de paysages sauvages.

L’ouest de la France possède un littoral d’une


exceptionnelle richesse.

Si nous parlions de l’Ouest, vu qu’il s’agit de la


région, la capitale s’imposerait, mais le
complément de la France nous contraint à baisser
la capitale à Ouest.

Nous pouvons en conclure que la région suivie de


la préposition «  de  » et d’un nom géographique
reste en minuscules.

Mes voisins passent leurs vacances dans le nord de


l’Italie.

Mais De retour d’Italie, j’ai pu constater que le Nord


était plus industrialisé que le Sud.
Prendre la bonne direction
Si les points cardinaux désignent la direction, cette
fois ils resteront en minuscules.

La maison est orientée plein sud.

Ma tante habite désormais la côte ouest, mais elle a


passé vingt ans dans la banlieue nord.

Il faut lire que la maison est orientée en direction


du sud, que ma tante habite la côte qui est en
direction de l’ouest, que la banlieue est en direction
du nord…

Ces règles s’appliquent aussi à midi et à centre :

La terrasse est exposée au midi. (La direction.)

Le Centre a essuyé de nombreux orages ces dernières


semaines. (La région.)

Cette dame ne renoncerait pour rien au monde à son


séjour dans le midi de la France. (Région aussi mais
suivie du complément déterminant de la France.)
ATTENTION

Les points cardinaux désignés par leur abréviation s’écrivent


en capitales avec un point (abréviatif).

Le nord (N.), le sud (S.), l’ouest (O. ou quelquefois W.), l’est


(E.).

Dans les bulletins de météo marine, on peut observer les


vents N.-O. (nord-ouest), S.-E. (sud-est), N.-N.-E. (nord-nord-
est), etc.

À quel saint se vouer ?


Le mot saint ne prend pas de capitale si l’on parle
du personnage, en revanche, nous en mettrons une
au nom propre.

Il ignorait que saint François avait fondé l’ordre des


Franciscains.

Il étudiait les écrits de saint Thomas d’Aquin.


SAINT LOUIS

Une exception porte sur le roi Saint Louis. Louis IX,


plus connu sous son surnom, a bien été canonisé
après sa mort, mais sa sainteté était déjà admise
de son vivant. Les deux capitales relèvent ici de la
règle typographique des surnoms, où l’usage est de
mettre des majuscules aux adjectifs et aux noms.

C’est à Saint Louis que nous devons la Sorbonne.

Lorsqu’on emprunte le nom d’un saint pour


baptiser une église, une école, une rue, un bâtiment
public, ou encore pour désigner une fête du
calendrier, nous distinguons graphiquement la
dénomination de son auteur en insérant un trait
d’union entre le mot saint et le nom propre, et les
deux éléments prennent la capitale.

Le jour de la Saint-Jean, je me rends à l’église Sainte-


Marie.

Je vais prendre de nouvelles fonctions au lycée Saint-


Louis.

Elle vient d’emménager rue Saint-Benoît.


Certains saints sont passés dans le langage courant
(d’où les minuscules) :

Des saint-jacques, des saint-bernard, du saint-émilion,


des saint-honoré…

On constate l’invariabilité de ces noms composés.

Et pour ce qui relève de la sphère religieuse, on


trouve souvent la capitale :

Le Saint-Esprit, l’Esprit-Saint, l’Écriture sainte, le


Saint-Père, le Saint-Siège, la Sainte Vierge…

La côte a la cote
Les côtes françaises désignées par un nom
complément présentent la particularité de prendre
deux capitales, mais si la côte est suivie d’un
adjectif, seul le mot côte prend une majuscule.

Je pars m’installer sur la Côte d’Azur.

Mes cousins habitent sur la Côte basque.

L’agence organise des excursions sur la Côte de Granit


rose.
Chapitre 34
Les accents voyageurs
DANS CE CHAPITRE :

» Jouer du grave et de l’aigu

» Les mots ont-ils des frontières ?

» L’accent qui fâche

» Les circonvolutions du circonflexe

» Le tréma parmi les voyelles

C es petits complices des lettres qui nous


compliquent bien la vie s’appellent des signes
diacritiques. Même s’ils revêtent un certain cachet,
ils ne sont pas là que pour faire joli  ! Soit ils
donnent une information phonétique, soit ils
distinguent des homographes. Ce chapitre va donc
nous mettre les points sur les « i ».

Jouer du grave et de l’aigu


L’accent aigu se place devant une syllabe sonore  ;
l’accent grave s’impose devant une syllabe muette.
Une syllabe muette est constituée d’une ou de deux
consonnes et d’un «  e  » non accentué («  te  »,
«  re  », «  che  », «  se  »…), une sonore doit
s’entendre, comme son nom l’indique, et sera donc
composée d’une ou de deux consonnes et d’une
autre voyelle («  cha  », «  ta  », «  mi  », «  po  »,
« nu  », «  sy  »…) ou du «  e  » accentué («  é  »,
« è », « ê », « ë »). L’accent aigu indique un son
fermé [é] alors que le grave, un son ouvert [è].

Les géomètres enseignèrent le théorème aux élèves.

Hélène ne se désespère pas devant la difficulté de son


devoir et persévère.

Dans persévère, l’accent aigu de «  sé  » se justifie


par la syllabe accentuée « vè » tandis que la finale
«  re  », étant muette, requiert l’accent grave de
« vè ».
DIFFICULTÉ – VERS UNE SIMPLIFICATION ?

Un certain nombre d’exceptions ont


progressivement disparu de notre lexique. Enfin
pas tout à fait disparu. On les trouve encore dans
les dictionnaires, mais il est admis de les écrire
selon les règles énoncées ci-dessus.

«  Céleri  » ou «  crémerie  » s’orthographiaient avec


deux aigus malgré la présence de la syllabe
muette. Nous pouvons aujourd’hui écrire : « cèleri »
ou «  crèmerie  » ou conserver l’orthographe
d’origine, les deux sont permis.

Après avoir acheté du céleri en prévision du dîner, je


m’apprêtais à entrer dans la crémerie.

Il en est de même avec le célèbre « événement » qui


peut aujourd’hui suivre la règle et s’orthographier
«  évènement  », idem avec «  allégement  » ou
« allègement »…

Il est fortement recommandé d’adopter une


unification dans son texte, et de s’y tenir si
plusieurs occurrences d’anciennes exceptions se
présentent. Parmi ces exceptions qui n’en sont
plus, quelques-unes prennent ou non l’accent  :
« assener » ou « asséner », « receler » ou « recéler »,
« refréner » ou « réfréner »…

EXCEPTIONS – NE SÉCHEZ PLUS !

Deux termes échappent à cet assouplissement  :


«  sécheresse  » et «  médecin  », qui maintiennent
l’accent aigu devant la syllabe muette.

Le jardinier s’inquiétait pour ses plantations devant la


persistance de la sécheresse.

Ni grave ni aigu devant deux «  m  », deux «  t »,


deux « s »…

Chaque fois qu’un mot abrite une consonne double,


le « e  » qui précède ce doublement reste toujours
muet ! C’est le doublement de la consonne qui crée
le son.

Son ennemi cesse de mener une vie errante et


emménage rue des Pâquerettes.
LES REBELLES

Tous les mots construits sur l’élément «  télé  »


prennent deux accents aigus, sauf «  télescope  » et
tous ses dérivés («  télescoper  », «  télescopage  »…)
qui n’en ont qu’un, et sauf « télex ».

Il impressionna tout son entourage avec ce stylo


télescopique.

Attention à «  Cedex  » qui, lui, n’en prend pas


puisque c’est l’acronyme (sigle que l’on peut
prononcer comme un mot simple) de Courrier
d’entreprise à distribution exceptionnelle.

Le mot « repartie » qui se prononce [répartie] s’écrit


sans accent aigu.

Barthélemy a le sens de la repartie.

Nos prénoms qui peuvent prendre toutes les


variantes possibles ont pour origine l’orthographe
des saints. C’est vers eux qu’il faut se tourner pour
adopter la graphie originelle !

Le mot « féerique » s’écrit avec un seul accent aigu


malgré la prononciation. Il est construit sur le mot
« fée ».
Quelle démonstration féerique c’était, on aurait cru un
vrai conte de fées !

Remarquez le pluriel (obligatoire) de fées dans


« conte de fées ». Même si votre conte n’en compte
qu’une !

Les mots ont-ils des frontières ?


» Quand un mot emprunté à une langue étrangère
est adopté dans notre langue, il rentre dans les
dictionnaires, on considère alors qu’il est
« francisé ». Il faut en déduire que, normalement, il
prend les accents et la marque du pluriel.

Ces allégros de Mozart me touchent particulièrement.

Il faut rester vigilant devant cet usage qui ne se


vérifie pas toujours. Certains mots francisés, donc
recensés dans les dictionnaires, ne prennent ni
accent ni « s » : des « requiem » (mot issu du latin),
mais des « revolvers » (mot issu de l’anglais : pas
d’accent mais pluriel). Les « Vénézuéliens » (nom
francisé) héritent donc des accents et du pluriel,
alors qu’ils sont issus du « Venezuela », dont le
nom qui n’a pas été francisé reste figé (mais il se
trouve dans les dictionnaires aux noms propres).
Devant une telle complexité, la prudence est de
vérifier avant d’envoyer sa missive ! Si le mot n’est
pas référencé dans les dictionnaires, il faut le
mettre en italique pour indiquer qu’il n’est pas
encore francisé.

» Pas d’accent sur « a fortiori », « a posteriori », « a


priori ». Ni sur « ça » quand il est la contraction de
cela. Mais méfiez-vous de l’expression « çà et là »
(avec deux accents).
LES ORIGINAUX

Les mots en « ète », comme « poète », « prophète »,


voient l’accent changer à la forme féminine. La
finale masculine est constituée d’une syllabe
muette qui explique la présence du grave, mais la
forme féminine transforme la dernière syllabe qui
devient sonore, l’accent se mue alors en aigu !

La poétesse prouva ses talents de prophétesse.

Quelques familles de mots présentent des


variantes. Certains sans accent voient leurs parents
en prendre :

Discret → discrétion  ; rebelle → rébellion  ; serein →


sérénité ; tenace → ténacité…

Le verbe «  créer  » présente la particularité d’avoir


deux aigus à la suite au participe passé : « créé ».

Il a créé cette maquette de toutes pièces.

La maquette qu’il a créée.

La coexistence des trois «  e  » est non seulement


possible mais obligatoire dans le cas d’un participe
passé féminin.
Au passé simple, nous verrons l’aigu flirter avec le
circonflexe.

Nous créâmes, vous créâtes…

Et plus surprenant, la troisième personne du


pluriel fait cohabiter un aigu et un grave.

Très inventifs, ils créèrent des jouets pour les enfants.

Le présent n’exige qu’un seul accent.

Ce garçon est très doué, il crée des manèges


électroniques.

Dans la langue littéraire, on rencontre quelquefois


cette construction qui figure un présent de
l’indicatif (et ne concerne que la première
personne du singulier) :

Osé-je ? Puissé-je ?

Cet usage repose sur une condition : le verbe doit


se terminer par un « e » muet. On inverse alors le
pronom et le verbe et on place un accent aigu sur
le « e  » qui, comble de la grammaire, se prononce
[è].
ATTENTION

De nos jours, on accentue les majuscules. Même si la presse


ne suit pas forcément cette pratique, c’est ce que nous nous
efforcerons de faire dans nos textes.

Émile et Édith ont choisi l’Égypte comme destination.

Être ou ne pas être…

» L’accent grave n’est pas réservé à la voyelle « e ».


On ne doit pas l’omettre sur le « à » dans :

« çà », « en deçà de », « déjà », « au-delà », « holà »,


« là », « voilà ». On le rencontre aussi sur le « ù »
dans « où ».

Aigu

Allégresse

Extrémité

Réglementation

Réglementer, réglementaire, réglementation


(contre toute logique)

Répréhensible…

Grave
Allègrement

Complètement

Grossièreté

Règle et règlement

Sèchement…

L’accent qui fâche


Les verbes du premier groupe qui passent pour être
d’une grande simplicité ont leur faille, eux aussi. Il
faut distinguer deux ensembles.
» Les verbes sans accent à l’infinitif (peser, mener,
lever...) prennent un accent grave à la conjugaison
devant une syllabe muette. Cela nous intéresse

Au présent de l’indicatif

Je lève

Tu lèves

Il lève mais

Nous levons

Vous levez

Ils lèvent
Au futur

Je lèverai

Tu lèveras

Il lèvera

Nous lèverons

Vous lèverez

Ils lèveront

et au présent du subjonctif

Que je lève

Que tu lèves

Qu’il lève mais

Que nous levions

Que vous leviez

Qu’ils lèvent

et au conditionnel présent

Je lèverais

Tu lèverais

Il lèverait

Nous lèverions
Vous lèveriez

Ils lèveraient

À l’impératif présent

Lève

Levons

Levez

En principe, cette série ne pose pas de problème.

» Les verbes qui ont déjà un accent aigu à l’infinitif


(céder, célébrer, régner…) transforment l’accent
aigu en accent grave devant une syllabe muette
finale uniquement.

Donc le même schéma se présente

Au présent de l’indicatif

Je règne

Tu règnes

Il règne

Nous régnons

Vous régnez

Ils règnent

et au présent du subjonctif
Que je règne

Que tu règnes

Qu’il règne

Que nous régnions

Que vous régniez

Qu’ils règnent

À la différence qu’avec nous et vous l’accent aigu


se maintient, mais le vrai changement porte sur le
futur et le conditionnel présent :

Au futur

Je régnerai

Tu régneras

Il régnera

Nous régnerons

Vous régnerez

Ils régneront

et au conditionnel présent

Je régnerais

Tu régnerais
Il régnerait

Nous régnerions

Vous régneriez

Ils régneraient

La syllabe muette n’étant pas finale, le verbe


conserve son accent aigu à toutes les personnes.

À l’impératif

Règne

Régnons

Régnez

Les circonvolutions du
circonflexe
Le circonflexe chapeaute toutes ces dames, les
voyelles, à l’exception du « y ».
» Couramment surnommé le « flexe » par les
ouvriers du livre, il a pour principale vocation de
signaler une lettre disparue, essentiellement le
« s ». Dans « forêt », l’accent nous informe que
l’ancienne graphie était « forest », on a conservé le
« s » dans certains dérivés comme
« déforestation », même origine pour « hôpital » qui
est issu d’« hospital », et que nous retrouvons dans
« hospitaliser », « hospitalisation », « bâton »
descendant de « baston », qui nous a laissé le
familier « bastonner », etc.

C’est un honnête homme qui a bon goût !

La grande majorité des flexes informe donc de


l’évolution du mot.

» Une autre fonction consiste à distinguer des


homographes (mots de même orthographe mais
de sens différents).

La voisine du deuxième étage a dû vendre sa voiture.

On peut observer dans cet exemple la contraction


de la préposition « de » et de l’article « le » en
« du », à distinguer du participe passé « dû » du
verbe devoir qui prend un flexe uniquement au
masculin singulier, puisque, si l’on passe au
féminin ou au pluriel, l’ambiguïté disparaît ! Il en
va ainsi du participe passé « crû » de croître pour
le différencier du « cru » de croire, ou encore du
substantif « boîte » à ne pas confondre avec le
verbe conjugué « boite » (de boiter), l’adjectif
« sûr » de la préposition « sur », la « tâche » à
accomplir de la « tache » du vêtement…
Le réalisateur qui n’aimait pas trop rôder dans les
bars décida de rentrer pour roder son spectacle.

Ce marin bien hâlé tentait de haler son ancre.

Même scénario ici, le chapeau mentionne un sens


différent.

» À l’oral, il informe sur la prononciation de la


voyelle qui doit être allongée.

La pâaaale et frêeeele jeune fille lâaaacha son ballon


dans les airs.

Quelques mots nous posent souvent problème


quant à ce fameux flexe. Un repère
mnémotechnique peut nous éviter de faire un faux
pas.

Le chapeau de la cime est tombé dans l’abîme et est


remonté sur le faîte.

Impossible d’oublier ainsi la graphie de « cime » et


d’« abîme » !

Certains verbes sont déjà dotés du flexe à


l’infinitif  : paraître, disparaître, comparaître,
connaître, naître…

Lors de la conjugaison, l’accent apparaît,


disparaît… Donc pour s’y retrouver dans ce petit jeu
de cache-cache, il suffit de repérer la réapparition
du « t » devant la syllabe finale pour savoir que le
« i » placé devant se revêt de l’accent.

Tu connaîtras demain la solution de ce problème de


mathématiques.

Il naît plus de filles que de garçons.

C’est la troisième personne du singulier, au présent


de l’indicatif, qui est concernée, ainsi que toutes les
personnes du futur et du conditionnel présent.

Il paraîtra simplement, puis réapparaîtra cette fois en


costume d’apparat afin de ménager ses effets.

Le magicien disparaîtrait de la scène s’il n’avait oublié


la formule magique.

À cela s’ajoute la troisième personne du singulier,


toujours au présent de l’indicatif de plaire, déplaire,
complaire.

Ce restaurant me déplaît, j’éviterai d’aller y dîner.

Pouvez-vous me raccompagner, s’il vous plaît ?


Toujours dans la série des verbes, une constante à
garder à l’esprit : tous les verbes, quel que soit leur
groupe, prennent un accent circonflexe aux
première et deuxième personnes du pluriel au
passé simple. Certes, on ne parle pas tous les jours
au passé simple… mais il arrive qu’on l’écrive.

Avec élégance, nous cédâmes nos places à ces femmes


enceintes.

Vous jetâtes vos affaires sur le canapé.

Une exception quand même : le verbe « haïr » qui


conserve son tréma, même avec nous et vous au
passé simple.

Nous haïmes recevoir des ordres de ce grossier


personnage.
ÇA S’EN VA ET ÇA REVIENT !

» Les pronoms « nôtre » et « vôtre » sont nantis


du flexe.

Amicalement vôtre.

Regardez cette maison sur la colline, c’est la


nôtre.

À ne pas confondre avec les adjectifs « notre »


et « votre » qui n’en ont pas.

Votre Cloclo, c’était aussi le nôtre !

«  Même si tu revenais Je crois bien que rien n’y


ferait Notre amour est mort à jamais Je
souffrirais trop si tu revenais »

» Certaines familles constituent de véritables


pièges. Pourquoi le «  fantôme  » porte le
chapeau quand son dérivé « fantomatique » l’a
perdu  ? Un «  symptôme  » n’est pas
« symptomatique ». Le repère repose là encore
sur la syllabe muette. C’est en effet la syllabe
muette («  me  ») qui détermine l’accent
circonflexe de la voyelle qui précède
(« arôme » mais « aromatique »).
Il a osé nous servir ces mets si infâmes, qui
traînaient dans la cuisine depuis plusieurs jours !

Ce comportement relève de l’infamie.

De même la «  grâce  » comme la «  disgrâce  »


ont l’honneur du chapeau, ainsi que la
locution « grâce à ».

En revanche, perte de cet attribut pour les


dérivés «  gracier  », «  disgracier  », «  gracieux  »,
« disgracieux », « gracieusement »…

Fait exception à la règle le mot « diplôme » qui


voit son dérivé «  diplômant(e)  » garder son
flexe.

Tous les mots composés avec le suffixe «  iatre  »


n’ont jamais d’accent circonflexe  : «  pédiatre  »,
« psychiatre », « gériatre »…

Son médecin l’a adressé à un pédopsychiatre.

Attention, en revanche, à ne pas l’oublier sur le


suffixe « âtre », « blanchâtre », « verdâtre ».

Le teint rougeâtre de ces personnages évoque des scènes


champêtres, chères à ce peintre.
Le tréma parmi les voyelles
Le tréma, signe composé de deux points juxtaposés,
se positionne sur les voyelles « e », « i », « u »
pour indiquer que la voyelle qui précède doit être
prononcée séparément. Il a la fonction d’un « h »
qui séparerait deux voyelles.

Le tréma se place toujours sur la deuxième voyelle


(sauf les noms propres qui échappent à toutes les
règles : Dürer, Brontë, Louÿs, jusqu’à se poser sur le
« y » !).

Mon aïeul s’est installé aux Caraïbes pour ses affaires.

Ces païens ont fait un acte héroïque en s’enfuyant en


canoë.

Deux exceptions, l’une avec le mot «  ïambe  » qui


peut aussi s’orthographier «  iambe  » et qui
signifie « pied composé de deux syllabes » en poésie
cette fois. L’autre avec la série l’«  ouïe  », les
«  ouï-dire  », et le verbe «  ouïr  » qui voient leur
tréma déplacé sur la troisième voyelle  ! Même
punition pour le dérivé « inouï » (in + ouïr).

C’est inouï ce glaïeul en plein champ de maïs.


ON NE L’ENTEND PLUS !

La prononciation de certains noms propres ignore


totalement la présence du tréma et de la lettre sur
laquelle il s’assied.

Mme de Staël (prononcez Stal) a tenu un salon


littéraire et politique à la fin du XVIIIe siècle.

Connaissez-vous le Carnaval des animaux de Saint-


Saëns (prononcez Sans) ?

Un dérivé d’un nom (commun ou propre) en « ë »


transforme son tréma en aigu («  canoë  »/
« canoéistes », « Israël »/ « Israélite »).

Les peintres préraphaélites se sont inspirés des


précurseurs de Raphaël.
ON L’ENTEND !

Vous pourrez jouer les caïds si vous le placez bien


sur le «  ë  » des adjectifs «  ambiguë  », «  contiguë »,
«  exiguë  »… pour que la prononciation soit
identique à la forme masculine («  ambigu  »,
«  contigu  », «  exigu  »…) et ne s’aligne pas sur des
noms comme « géologue », « astrologue »… Dans ce
cas particulier, la voyelle accentuée ne se prononce
pas.

Ce qui justifie sa présence au féminin (singulier ou


pluriel) exclusivement.

Sa voix aiguë me parvenait telle une sonnerie


stridente.

Les substantifs en héritent sur le «  ï  »  :


« ambiguïté », « exiguïté », « contiguïté ». On retrouve
une construction similaire avec certains noms
communs : la « ciguë ».

En son temps, Socrate fut condamné à boire la ciguë…

Beaucoup de noms propres d’Extrême-Orient sont


dotés de consonances qui sont des invitations aux
trémas  : Saigon, Hanoi, Shanghai…, mais qui n’en
ont pas. Taïwan, Thaïlande et Thaï en sont pourvus.

Il prend le premier avion pour Taipei, capitale de


Taïwan.

Quelle coïncidence de s’être retrouvés en Thaïlande.

Le tréma ne se place jamais dans l’association


«  ei  » («  absentéisme  », «  cunéiforme  »,
« homogénéité », « kaléidoscope »…).

J’ai rencontré une pléiade de romanciers dans ma


vie.

Ce laïc revendiquait son athéisme.

Le verbe «  haïr  » (dont nous avons déjà parlé


précédemment dans ce chapitre) est un électron
libre. Il ne suit pas les règles de conjugaison
traditionnelles. L’accent circonflexe fidèle aux
première et deuxième personnes du pluriel au
passé simple est détrôné par le tréma qui ne quitte
son «  i  » qu’aux trois premières personnes du
présent de l’indicatif ainsi qu’à la deuxième
personne du singulier de l’impératif.

Je ne te hais point.
Chapitre 35
Apostrophez-moi !
DANS CE CHAPITRE :

» Élisons l’élision

» « Entre » ou « contre » en union libre

» Les liaisons dangereuses

» H dans l’Hexagone et Hors de nos frontières

» Les interdits

» Et le « y » ?

N ous avons l’habitude de glisser une apostrophe


devant tout mot commençant par une voyelle si
celui-ci est précédé d’un article défini ou de la
préposition «  de  ». Fi du «  la  » ou du «  le  »,
quand le « l’ » s’impose, du « de » remplacé par
«  d’  ». Mais si une conjonction ou un adverbe
s’empare de notre mot et évince l’article défini ou
la préposition, nous nous retrouvons démunis.
Nous vivons aussi des instants de panique, quand
en pleine réunion, le nom qui vous inspire
commence par un « h ». Est-il aspiré, muet ? Dit-
on l’handicap ou le handicap, l’happy end ou le
happy end, l’hiéroglyphe ou le hiéroglyphe…? Ce
chapitre vous livre les recettes du bien-parler.

Élisons l’élision
L’élision est la suppression de la dernière voyelle
du mot devant la voyelle ou l’«  h  » muet du mot
suivant.

L’ornithologue dont l’étude de l’amazone à front bleu a


fait grand bruit vient de publier l’ouvrage en question.
» Le « h » a la particularité d’être une « lettre
double », muette ou aspirée. La première ne se
prononce pas, comme si elle n’existait pas à l’oral
et exige l’élision.

L’homme aux cheveux blonds…

On prononce [l’omme].

La seconde devrait normalement s’accompagner


d’une aspiration, elle équivaut à une consonne en
ce sens qu’elle ne supporte pas l’élision. Cette
distinction est signalée dans tous les dictionnaires,
soit par un astérisque devant le mot, soit par une
apostrophe placée dans la partie phonétique.

Le héros du film danse admirablement le hip-hop.


(« H » aspiré pour les deux.)

L’hermine ne craint pas le hibou. (« H » muet pour le


premier, aspiré pour le second.)

Le handicap de ce pays est son retard technologique.


(« H » aspiré.)

C’est le happy end le plus larmoyant que j’ai vu. (« H »


aspiré.)

UN COUPLE DE LÉGENDE

« Héros  » portant un «  h  » aspiré ne doit pas être


précédé de l’apostrophe alors que sa compagne
légendaire l’« héroïne » est doté d’un « h » muet.

C’est plutôt la chienne l’héroïne dans Belle et


Sébastien.

» L’usage est plutôt défavorable à l’élision devant


une lettre simple.
Le « o » peut s’écrire de multiples façons selon le sens
qu’on lui donne.

Mais si celle-ci est définie par un élément précis,


on adoptera alors la forme élidée.

L’« è » ouvert peut être prononcé de différentes


manières selon la région où l’on a grandi.

Certaines conjonctions s’élident, selon des


restrictions.

» « Lorsque » et « puisque » doivent abandonner


leur « e » devant : « il(s) », « elle(s) », « on », « en »,
« un(e) ». C’est une faute d’ignorer l’apostrophe
dans ce cas.

Lorsqu’elle a découvert cet héritage inespéré, elle est


tombée en pâmoison.

Puisqu’en Amérique elle est plus célèbre, pourquoi


reviendrait-elle en France ?

» « Quoique » s’aligne sur ses camarades « lorsque »


et « puisque », mais se montre plus capricieux en
excluant « en ».

Élision devant « il(s) », « elle(s) », « on », « un(e) ».

Quoique lasse de sa promenade à bicyclette, elle


s’attaqua à la préparation du dîner.
Quoiqu’on mange du fromage, nous ne ferons pas
l’impasse sur le dessert.

PAS DE COUAC

« Quoique  » peut s’écrire en un mot, comme dans


nos exemples précédents. Il signifie alors «  bien
que », et c’est en le remplaçant par ce dernier que
l’on aura la certitude de la bonne graphie.

Quoique rebelle, l’étudiant a regagné sa salle de cours.

«  Quoi que  » séparé en deux mots a le sens de


« quelle que soit la chose qui ».

Quoi que les gens disent, elle ne vendra pas son


terrain.

» Si notre phrase suppose la graphie en deux mots,


la question de l’élision est simplifiée. C’est le
« que » qui déterminera s’il y a élision ou non et
non plus l’entité « quoi que ». Or, avec « que », le
« e » s’incline toujours devant l’apostrophe en cas
de voyelle ou d’« h » muet.

Qu’elles se préparent leur goûter seules.


Je regrette, il n’est pas plus octogonal qu’hexagonal !

Les deux constructions («  quoique  » et «  quoi


que ») exigent le subjonctif.

Quoiqu’il remportât la victoire, il ne manifesta pas sa


joie.

Quoi que nos voisins fassent pour se racheter, nous ne


leur pardonnerons pas.

Au «  que  » s’ajoutent toute une série de petits


mots derrière lesquels on élidera si le mot suivant
commence par une voyelle ou un «  h  » muet  :
« je », « me  », «  te  », «  se  », «  le  », «  la  »,
« de », « ne », « ce » et « jusque ».

J’espérais qu’Aurore s’absorberait dans sa lecture.


ATTENTION

« Ç’ » se substitue donc au « c’ » devant la voyelle « a ».

Ç’aurait été dommage de louper ce feu d’artifice.

Mais C’eût été un comble qu’ils refusent notre invitation.

Ç’a eu des conséquences sur son activité.

C’en est fini.

Ç’allait être ma fête.

Cette élision est souhaitable devant les temps composés du


verbe être («  a été  », «  avait été  », «  eut été  », «  aura été  »,
« aurait été », « eût été »), devant avoir, en et aller.

» « Parce que » n’admet l’apostrophe que devant


« à », « il(s) », « elle(s) », « on », « en », « un(e) ». Il
faut cette fois considérer l’entité « parce que »
indissociable.

Je l’ai suivie jusqu’en Islande parce qu’elle voulait


visiter ce pays magique.

» L’adverbe « presque » ne consent à perdre son


« e » que dans la formation de « presqu’île ».

La presqu’île de Crozon où je passe mes vacances


d’été a subi beaucoup d’intempéries.
» « Quelque », tout aussi exigeant que « presque »,
ne s’élide que devant « un » ou « une ».

Avez-vous aperçu quelque chose ou quelqu’un ?

Quelque enlevé que soit son allégro, ce n’est pas le


morceau que je préfère.

ATTENTION

Au pluriel, «  quelques-uns  » comme «  quelques-unes  »


troquent l’apostrophe pour un trait d’union.

» « Si » ne présente aucune difficulté puisqu’il


s’élide uniquement devant « il ».

S’il apprend la nouvelle, je crains des représailles.

« Entre » ou « contre » en union


libre
Un certain nombre de mots, substantif ou verbe,
s’acoquinent avec les prépositions «  entre  » ou
« contre » pour créer des composés.
» Avec « entre », la tendance est de plus en plus
pour la soudure : « s’entrechoquer »,
« s’entrecroiser », « s’entremettre », « s’entretenir »…
Les politiques se sont longuement entretenus avant
de parvenir à un accord.

• On remarquera que le mot


accompagnateur débute par une consonne.
Une autre solution consiste à relier les deux
éléments par la divine div. (trait d’union) :

« s’entre-déchirer », « s’entre-détruire »,
« s’entre-dévorer », « s’entre-haïr », « s’entre-
heurter », « entre-temps », « s’entre-tuer ».

Ces deux amis ont fini par s’entre-déchirer


pour cette femme.

• Si « entre » est suivi d’une voyelle, son « e »


peut être absorbé par cette voyelle :
« s’entraccuser », s’entradmirer »,
« s’entraider », « s’entrouvrir »…

Laisse la fenêtre entrouverte en sortant.

• Enfin, quelques-uns remplacent le « e » par


l’apostrophe :

« s’entr’aimer », ou « entr’apercevoir » (qui


s’écrit aussi « entrapercevoir »),
« s’entr’égorger » (qui s’orthographie aussi
« s’entre-égorger ou s’entrégorger »).
En tant que témoin, j’ai le droit de voir, au
moins d’entr’apercevoir, ta robe de mariée.

Cet usage de l’apostrophe un tantinet


désuet tend à se perdre, la composition
elle-même laisse progressivement sa place
au verbe seul : « aimer » pour
« s’entr’aimer », « avertir » pour
« s’entr’avertir », « appeler » pour
« s’entr’appeler », les dictionnaires récents ne
mentionnent même plus les deux derniers.

» Avec « contre », à la différence de son


prédécesseur, le « e » ne s’échange plus (comme il
a pu le faire) contre l’apostrophe.

En revanche, il peut être remplacé par la voyelle


du mot qui se greffe à la préposition : « contralto »,
« contravis », « contrescarpe », « contrordre ».

Le contremaître joue de la contrebasse en contrebas


de la place de la Contrescarpe.

Les autres composés de « contre » :

• si le deuxième élément commence par une


voyelle, ils adoptent le trait d’union :
« contre-allée », « contre-attaque », « contre-
emploi », « contre-enquête », « contre-
espionnage », « contre-exemple », « contre-
expertise », « contre-ut »…

Une contre-attaque me semble fortement


contre-indiquée dans ta situation.

• si c’est une consonne, on observe soit la


div. sur le modèle de la voyelle, soit la
soudure. « Contrebalancer », « contrecarrer »,
« contrechamp », « contre-courant », « contre-
culture », « contrefaçon », « contre-filet »…

Ce cinéaste s’est spécialisé dans les contre-


plongées.
ATTENTION

La locution «  par contre  » est critiquée, il faut l’employer


justement, ou alors l’éviter. «  Par contre  » introduit une
proposition qui doit venir en opposition à ce qui vient d’être
dit.

Je me suis lancé dans une grande aventure professionnelle qui


exige de grandes ressources technologiques, par contre j’y ai
investi tout mon capital.

Si l’on ne maîtrise pas bien la nuance, on a toujours la


possibilité de lui substituer d’autres locutions  : «  en
revanche », « au contraire », « mais »…

Les liaisons dangereuses


Nous avons abordé le problème de l’élision que l’on
rencontre avec le « h » (voir le début de ce chapitre),
il s’avère être indissociable de celui de la liaison. Il
est interdit de faire des liaisons (donc à l’oral) avec
des termes commençant par un «  h  » aspiré.
Quelques générations se souviennent peut-être des
haricots verts que l’on ne prononce surtout pas des
zaricots, avec lesquels on a pu nous marteler la tête.
J’ai entendu des hérissons crier cette nuit, c’est fou le
bruit qu’ils peuvent faire !

Des humains (prononcez zumains) sont partis en


expédition sur Mars.

De même, il est fautif de ne pas faire les liaisons


avec l’« h » muet comme nous les faisons avec les
voyelles.

Quelques rares mots  –  mais ils ont le mérite


d’exister – ne posent pas de problème de liaison ou
d’élision. Le hiatus ou la hyène, que l’on ne
s’autorise pas à écrire ou à prononcer *l’hiatus ou
*l’hyène, sont en réalité dotés d’un «  h  » muet,
mais l’usage nous a tellement conditionnés au son
avec « h » aspiré que personne ne s’aventurerait à
une prononciation avec élision ou liaison. On serait
pourtant tout à fait en droit de le faire. Hiéroglyphe
subit le même sort, et l’usage là encore favorise la
version non élidée.

Le huis clos a été demandé. (« H » aspiré, pourtant le


terme « huisserie  » est issu de l’«  huis  », et tous
deux prennent un « h » muet.)

H dans l’Hexagone et Hors de


nos frontières
Nul doute sur les règles d’élision concernant les
mots français commençant par un «  h  », mais
quelle attitude adopter devant un nom propre
français et, à plus forte raison, étranger ?

Point d’astérisque ni d’apostrophe dans la partie


noms propres des dictionnaires, aussi que faire de
home sweet home ?

Pour les noms propres français, là encore, le choix


nous est donné :

Le règne d’Henri IV ou le règne de Henri IV.

Mais aucune élision n’est permise devant les noms


étrangers commençant par un « h ».

L’art de Hopper vient d’être salué et honoré dans une


magnifique exposition parisienne.

Elle n’ignorait rien des intrigues de Hollywood.

Il est aussi impératif de respecter une unité de


présentation dans un même texte. En d’autres
mots, si des noms français et étrangers cohabitent,
nous nous plierons aux exigences requises pour les
noms étrangers.

La popularité de Henri IV est restée dans les esprits tout


comme le mystérieux revirement de Henri VIII
d’Angleterre.
Jamais d’élision devant l’initiale d’un prénom.

As-tu déjà lu la poésie de A. Rimbaud ?

Les interdits
» Pas d’élision devant un nombre, qu’il soit écrit en
chiffres ou en lettres (un, huit et onze).

Mon voyage dure moins de une heure. Si surprenant


que cela paraisse ! Je viens de ramasser une pièce
de 1 € (ou 1 euro).

Cette règle est à respecter scrupuleusement.

Elle bénéficie cependant d’une ouverture…

Si le nombre écrit en lettres exclusivement est


suivi d’une décimale, il est alors permis et d’usage
d’élider.

Mon rendez-vous ne prendra pas plus d’une heure et


demie.

» On ne peut pas élider devant les dérivés de ces


mêmes nombres (« huitième », « onzième »…) ni
devant « énième ».
C’est la huitième fois que je lui téléphone aujourd’hui.

Cette comédienne en est à la onzième représentation.

Ces castings n’en finissent plus, envoyez le énième


candidat.

Deux exceptions : le « bouillon d’onze heures »


(breuvage empoisonné) que je vous déconseille de
boire en guise de tisane et, plus poétique, la
« dame-d’onze-heures » qui n’est autre qu’une
plante qui s’ouvre en fin de matinée…

» En revanche, les mots « oui », « uhlan » (lancier


dans certaines armées étrangères), la « une » du
journal et « ululer » (« ululement ») ne doivent pas
s’élider. L’ancienne graphie « hululer » avait hérité
d’un « h » aspiré.

Et le « y » ?
C’est encore une histoire de prononciation.

Chaque fois que le « y » est suivi d’une consonne,


il supporte l’élision, la voyelle étant par nature plus
capricieuse ne l’admet que dans trois cas  :
« yeux », « yeuse » et « yèble » (petit sureau).
Une paire d’yeux a croisé mon regard quand je me
reposais sous l’yeuse (chêne vert).

Il préfère le yachting au trekking.

C’est une grande amatrice d’ysopets (recueil de fables


au Moyen Âge), qu’elle lit en dégustant le yassa
mitonné par sa voisine.

EXCEPTION – À L’ÉTRANGER ?

Les noms étangers commençant par un «  y  »


suivent la même règle que le «  h  », à l’exception
d’«  York  », qui mystérieusement appelle
l’apostrophe…

Pouvez-vous me donner le cours du yen ?

Élisabeth d’York était la mère de Henri VIII


d’Angleterre.

Quel délice, ce jambon d’York !

Certains substantifs français dont la première lettre


est une voyelle peuvent choisir entre les deux
formes, c’est le cas de l’«  ouate  » ou de la
« ouate », de l’« ouistiti » ou du « ouistiti »…
On recense plus d’une vingtaine d’espèces de ouistitis.

À l’usage, on observe davantage l’élision devant


« ouate » que devant « ouistiti ».
» Devant les titres d’œuvres, il est conseillé d’élider.

Une nouvelle adaptation d’Autant en emporte le


vent vient d’être tournée.
Chapitre 36
Homonymes et paronymes, ça
rime !
DANS CE CHAPITRE :

» Dans la faune des homophones

» Homographes & allophones

» Paronymes

» Antonymes

N on, les homonymes et les paronymes n’ont de


commun que la rime  ! Les homonymes qui se
subdivisent en deux catégories sont constitués de
mots de même son ou de même orthographe. Les
paronymes désignent des éléments presque
homonymes mais pas tout à fait…

La grande famille des homonymes représente


l’entité supérieure. Elle regroupe des mots qui
peuvent se prononcer de la même façon  –  les
homophones – ou qui s’écrivent à l’identique – les
homographes –  , mais tous possèdent un sens
différent. «  Homo  », préfixe issu du grec homos,
signifie «  semblable  ». Essayons de déchiffrer un
peu nos semblables si distincts !

Dans la faune des homophones


» Les homophones désignent les mots de sonorité
analogue : « saint », « ceint », « sein », « sain »,
« seing » et de sens différent.

Tout à fait sain d’esprit, le saint homme ceint de la


couronne apposait son seing en regardant le sein de
La Liberté guidant le peuple accrochée dans son
bureau !

ATTENTION

On remarque l’accord au féminin du participe passé. L’usage


tend à accorder l’adjectif, le participe ou le verbe qui suit un
titre d’œuvre, en fonction du genre et du nombre de celui-ci.
Dans le cas où il semble difficile de les déterminer, le
masculin correspondant au neutre français est admis.

» « Au », « eau », « haut », « ô », « oh », « ho », « aulx »


(pluriel d’« ail »), « os » (au pluriel puisque au
singulier le « s » s’entend), là encore, ont la
particularité de s’orthographier différemment.

Elle semble avoir perdu ses repères depuis quelque


temps.

Les trappeurs ne savaient comment faire sortir l’ours


de son repaire.

C’est sans aucun scrupule qu’elle a laissé sa chambre


sens dessus dessous.

L’expression « sens dessus dessous » s’écrit bien


« sens ».

Homographes & allophones
» Les homographes, eux, ont pour caractéristique
de s’écrire de la même façon :

J’ai oublié de te poster le poster de Marilyn.

Les religieuses du couvent couvent une grippe.

Il est vrai que le soleil se lève à l’est !

Le président a ouvert la séance. Les deux directeurs


nouvellement arrivés président l’assemblée.

Ces homographes qui se distinguent par une


prononciation différente s’appellent également
des allophones.

ATTENTION

Si l’oreille ne discerne aucune nuance, il s’agit


d’homographes qui sont homophones  : le possessif «  son »
et le substantif « son ».

Son lecteur émet un son d’une pureté incroyable.

Aucun moyen de distinguer l’un de l’autre, ce ne sont plus


des allophones. On peut aussi y ajouter le verbe être
conjugué : « sont ». Mais exit homographes, on retourne chez
les homophones.

Les homographes peuvent donc être


homophones.

Mon cousin vient de tuer le cousin, cet insecte à


longues pattes, qui se nichait dans le rideau de ta
chambre.

Ou allophones :

Pourquoi faudrait-il se fier à cet énergumène si fier ?

Paronymes
» On appelle paronymes des termes proches en
sonorité, qui peuvent être facilement confondus et
employés l’un pour l’autre : « proscrire » et
« prescrire », « capiteux » et « captieux »,
« conjecture » et « conjoncture », « perpétrer » et
« perpétuer », « circonscrire » et « circonvenir »,
« éluder » et « élucider », « réprimer » et
« réprimander », « session » et « scission »…

« Suggestion » et « sujétion » bien que très proches


ne se prononcent pas pareillement, ils sont donc
paronymes et non homophones.

» Quelques exemples nous permettront de mieux


cerner l’essence du paronyme (ou les sens, et là
c’est un homonyme homophone).

Cet éminent professeur savait que le conflit était


imminent.

Il manifestait une certaine inclination pour l’écriture.

L’inclinaison du voilier ne laissait rien augurer de bon


quant à son imminent naufrage.

L’« inclinaison » s’emploie au sens propre,


l’« inclination » au sens figuré.

Il a provoqué une collision sur l’autoroute. (« Choc »)


Les lords ont fomenté une collusion avec le confident
de la reine. (« Entente secrète »)

Antonymes
» On ne peut faire l’impasse sur les antonymes,
précieux compagnons de route, qui nous offrent
une palette de mots de sens opposé. Ce sont donc
des contraires, qui doivent répondre à une
exigence, être de même nature, un adjectif pour
un adjectif, un nom pour un nom… .

L’antonyme de « parler » → « se taire »

De « disponible », « engagé » → « indisponible »

L’antonyme peut être le même mot doté d’un


préfixe ou un élément totalement autre.
Chapitre 37
Unissons-nous
DANS CE CHAPITRE :

» Substantivation

» Préfixes

» Les démonstratives et les autres

» Inversions verbales

» Vie privée et vie publique

» La div. symbole de l’Administration

A vant le trait d’union de notre clavier


d’ordinateur, l’écriture manuscrite usait déjà du
trait en bout de ligne pour signaler la coupure des
mots. C’est de cette pratique qu’est né le mot
«  division  » («  div.  ») qui est aujourd’hui
synonyme de notre inestimable allié, le trait
d’union.

Il joue un rôle essentiel dans la graphie des


nombres et dans les noms composés.
Il occupe de multiples fonctions  : indication
typographique des inversions verbales ou des
expressions démonstratives, mais aussi de la
nature des noms communs, repère dans le langage
administratif, mais c’est surtout son usage dans les
préfixes qui suscite de vives inquiétudes. C’est sur
ces derniers sujets que ce chapitre met l’accent.

Substantivation
Qu’est-ce que ce mot savant  ? C’est tout
bonnement la fabrique des noms communs.
Prenons la locution « face à face ».

Les journalistes ont organisé un duel télévisé où les


candidats seront face à face.

Si l’on substantive cette construction, autrement


dit si on la transforme en nom commun, il est
indispensable de placer des traits d’union entre les
différents éléments.

Un face-à-face des deux politiques est annoncé pour


l’émission de ce soir.

Et si on se préparait un petit tête-à-tête entre


amoureux ?

Mais
Je suis convoquée pour un entretien professionnel, je
redoute que ce soit en tête à tête…

Le sujet de philo du bac portait sur la non-violence.

Il se définit comme un militant non violent.

ATTENTION

Il arrive aussi que la div. permette de distinguer deux


locutions de sens différent.

Je vous ordonne de quitter cette entreprise sur-le-champ.


(Immédiatement) C’est sur le champ de bataille qu’ils ont noué
leur amitié. (Sens propre)
EXCEPTION – UN PETIT CREUX ?

Un mot, un seul, ne se plie pas à cette règle


typographique : petit déjeuner.

Le petit déjeuner n’est pas «  divé » (c’est-à-dire n’a


pas de trait d’union) bien que ce soit un substantif.
Curieusement, c’est le verbe qui hérite du trait
d’union.

Je petit-déjeune toujours d’un bol de céréales avant de


commencer la journée.

Même si l’on crée un néologisme de fantaisie en


guise de groupe nominal, il ne faut pas omettre ce
petit indicateur.

La femme-au-chat était de tous les cocktails.

Préfixes
Le préfixe est un élément chargé de sens qui se lie
au radical (racine d’un mot) pour former un mot. À
l’origine, les préfixes se plaçaient
systématiquement avec un trait d’union, tel un
témoignage de la constitution du mot. Puis, le
temps entérinant la construction, celle-ci perd
progressivement la trace de sa formation, et les
deux éléments n’en font plus qu’un. C’est ainsi que
de nombreux mots adoptés par l’usage ont fini par
s’écrire en un seul mot alors que d’autres pour
lesquels l’usage s’est montré moins généreux
continuent de s’orthographier « divés ».

Quand on observe attentivement chaque cas de


préfixe, on en conclut une grande complexité, le
trait d’union se place devant certaines voyelles
pour les préfixes « infra », « intra », « supra » et
«  ultra  », mais ce ne sont pas les mêmes pour
« anti » et « anté », ni pour « micro »…

Comme nous nous faisons un devoir d’unifier une


présentation dans un texte, il semble judicieux
d’adopter une ligne de conduite applicable à tous
les préfixes.

La distinction, comme on a tendance à le penser, ne


repose pas sur le principe simpliste du trait d’union
devant une voyelle et de la soudure devant une
consonne.
» La soudure s’impose chaque fois que possible,
que ce soit devant une consonne ou une voyelle !

Le siège archiépiscopal vient d’être pourvu.


» Le trait d’union se glisse entre le préfixe et le
mot dans les cas suivants :

• Si le son de la dernière syllabe du


préfixe se modifie lors de la soudure. Le
préfixe « micro » associé à un nom
commençant par un « i » génère le
phonème « oi » (phonème : son d’une unité
lexicale).

Nous sommes alors obligés d’insérer un


trait d’union pour éviter un changement de
prononciation. Nous obtiendrons donc la
« micro-injection » (terme de biologie) ou la
« micro-informatique ». Ce sont bien les
voyelles qui posent problème, mais
certaines ne modifient pas les phonèmes
existants, et nous collons alors les deux
éléments. « Antialcoolique »,
« antiéconomique », « macroévolution »
(terme de biologie), « mégaoctet »,
« microampère », « radioactif »…

La recherche en cosmétologie a fait des


progrès considérables sur les antioxydants.

C’est un spécialiste de la chirurgie


intraoculaire.
Mais C’est un documentaire sur la vie intra-
utérine du fœtus.

Pour échapper au phonème « trau ».

De même si le mot reproduit la même voyelle que


la finale du préfixe : « anti-infectieux », « micro-
ondes », « micro-ordinateur »…
EXCEPTIONS – LES LATINS ET LES AUTRES

Quelques exceptions figurent dans le paysage de la


division, là où on ne s’y attendrait pas.

«  Intra-muros  », du fait de son origine latine,


s’équipe d’un trait d’union devant la consonne.

« Ultra-petita », de source latine également, s’écrit


avec trait d’union. C’est un terme du langage
juridique qui signifie «  au-delà de ce qui a été
demandé ».

Le préfixe «  cardio  » s’agglutine ou non selon le


sens de son acolyte. Si les deux éléments
désignent des organes, ils doivent s’unir par la div.
« Cardiopulmonaire », « cardio-rénal »…

L’hypertension artérielle est la plus fréquente des


maladies cardio-vasculaires.

Si l’on ne fait référence qu’au cœur, on colle


l’ensemble. « Cardiotonique », « cardiorespiratoire »…

Son médecin lui a prescrit une cardiographie.

« Cardio-training » adopte le trait d’union parce que


le préfixe s’associe à un mot étranger. La langue est
encore timide dans la mixité linguistique.
Super exige le trait d’union dans quatre cas
spécifiques

Le super-huit (format de film),

Le super-géant (épreuve de ski),

Le super-léger (boxe et judo),

Le super-lourd (boxe).

Les préfixes ne varient jamais dans l’accord du


nom composé.

• Si le préfixe est accolé à un nom propre,


trait d’union impératif, d’autant que ce
dernier portera une capitale (majuscule)
initiale.

Un Néo-Zélandais conversait avec un Néo-


Calédonien.

Ces deux gouvernements se sont ligués pour


mener une politique anti-Occident

Ils sont parvenus à établir un mini-État dans


cette principauté.

L’institution étatique s’écrit toujours avec


une majuscule, et, en ce sens, on l’assimile
pratiquement à un nom propre.
Déjà athlétique à l’école, il était considéré
comme un super-Tarzan.

• Div. si le préfixe s’associe à un nom


composé.

Le navire était équipé de grenades anti-sous-


marines.

C’est un nouveau système anti-pince-doigts.

Il n’est pas réellement natif de la région, je le


considère comme un pseudo-Franc-Comtois.

(On cumule ici nom composé et nom


propre !)

• Lorsque l’on crée un composé de


circonstance, le trait d’union indique que
l’entité n’est pas homologuée dans les
dictionnaires.

Pourquoi as-tu fait l’acquisition d’une machine


ultra-compliquée ? Elle est en congé de
maladie, une pseudo-grippe, je pense !

• Si la construction relève d’un registre


familier, on évitera de lier les deux
éléments, on pourra choisir la division ou la
séparation en deux mots, cette dernière
semblera de meilleur goût.
L’information transmise aux services
concernés était archi fausse (archi-fausse).

C’est super chouette (super-chouette) de me


tenir compagnie.

À plus forte raison, si l’adjectif employé seul


est déjà familier.

LE TRÉMA À LA RESCOUSSE

On fait quelquefois appel au tréma dans la


soudure d‘un préfixe et d‘un autre mot. Ce tréma
permet de dissocier la prononciation des deux
syllabes : « thermoïonique » (terme de physique) et
d’éviter le phonème « oi ».

Ils ont été arrêtés et coïnculpés, ce n’est certes pas une


coïncidence.

Les démonstratives et les


autres
Le trait d’union requiert deux conditions ici : il doit
être précédé d’un nom ou d’un adjectif déterminé
par un démonstratif («  ce  », «  cet  », «  cette  »,
« ces ») et suivi d’un adverbe « ci » ou « là ».

Cette voiture-là me fait rêver depuis bien longtemps.

Ces deux-là préparent un mauvais coup.

C’est ce gâteau-ci que je voudrais.

On devine «  plutôt que celui-là  ». En l’absence de


véritable opposition, l’usage favorise l’emploi de
« là ».
ANECDOTE

Normalement la nuance qui distingue «  ci  » de «  là  » est


d’ordre spatio-temporel. «  Ci  » désigne quelque chose de
proche, « là » de plus éloigné.

Je préfère ce livre-ci à cette brochure-là. (Le livre est plus


proche que la brochure.)

Les deux adverbes sont couramment utilisés sur le modèle


de « ceci » et « cela ». Le premier (« ceci ») doit être employé
pour annoncer quelque chose, le second («  cela  ») pour
reprendre ce qui vient d’être dit.

Racontez ceci à vos amis : « Je ne serai jamais des vôtres ! »

Je renoncerai à tout pour elle, dites-lui bien cela.

C’est en raison de cette subtile distinction qu’il ne faut


surtout pas dire «  ceci dit  » après avoir achevé la narration
d’un fait, mais « cela dit ».

C’est donc cette proposition-là que je lui ai faite. (Sous-entendu


celle que je viens d’expliquer.)

Le trait d’union s’impose dans toutes les


expressions suivantes : « ci-après », « ci-contre »,
« ci-dessous », « ci-dessus », « ci-devant », « ci-
joint  », «  celui-ci  », «  celle-ci  », «  celui-là  »,
« celle-là  », «  ceux-là  », «  de-ci  » indissociable
de « de-là », idem avec « par-ci » et « par-là »…
(Ces dernières expressions fonctionnant par paire
sont généralement séparées d’une virgule.) Et
« là-bas  », «  là-dedans  », «  là-dessous  », «  là-
dessus  », «  là-haut  », «  jusque-là  », «  par-
delà  », «  par-dessus  », «  par-dessous  », «  par-
devers »…

Là contre et là même n’en prennent pas.

Les petites expressions avec «  au  » et «  par  »


s’écrivent avec div.  : « au-delà », « au-devant  »,
« par-dedans  », « par-dehors »…, mais sans avec
la préposition «  en  »  : «  en dedans  », «  en
dehors », « en dessous », « en dessus »…

Inversions verbales
» Il est d’usage dans une inversion verbale de relier
le verbe à son pronom par un trait d’union.

Viendras-tu dîner ce soir ?

Dans la vraie vie – en dehors de la littérature – il


est rare de respecter cette construction inversée
qui est l’apanage de la forme interrogative.
Aujourd’hui, à l’oral, on adopte le plus souvent la
forme affirmative en y mettant le ton pour
formuler notre question.

Pour une harmonie dans la liaison, on est


quelquefois contraints de placer un « t »
euphonique, qui n’a aucune autre fonction. Il doit
être entouré de traits d’union.

Rompra-t-elle son contrat ?

» Au mode impératif :

Rappelle-toi les consignes de l’exercice.

Couvre-la bien pour qu’elle ne prenne pas froid.

• Après un verbe, les pronoms personnels


compléments (« le », « la », « les », « lui ») lui
sont reliés par une div., exactement comme
dans le cas d’une inversion verbale.

Dites-le-lui, s’il vous plaît !

• Si les deux pronoms dépendent tous les


deux de l’impératif, deux traits d’union.

• Si le second dépend d’un infinitif, un seul


trait d’union entre l’impératif et le premier
pronom.

« Rendez-les-nous », « prends-le-leur »…
Laisse-le nous emmener en voiture.

Pour savoir quand placer le ou les trait(s) d’union,


il suffit de remettre la phrase au présent de
l’indicatif. Les pronoms situés devant le verbe
conjugué se rapportent à celui-ci et devront être
reliés par un trait d’union au verbe. Ceux qui sont
placés derrière n’en prendront pas.

Venez nous l’expliquer de vive voix. → Vous venez


nous l’expliquer de vive voix.

Donne-le-moi. → Tu me le donnes.

Tenons-nous-en là. → Nous nous en tenons là.

Laissez-la venir. → Vous la laissez venir.

» Avec un verbe pronominal, le pronom se place


immédiatement après le verbe et il lui est rattaché
par la div.

Amusons-nous avant qu’il ne soit trop tard.

» Si le verbe est suivi de l’un des pronoms « en » ou


« y », il se reliera au verbe par la div.

Cueilles-en, vas-y, prends-en !

Il est impératif que les pronoms personnels « en »


ou « y » soient bien compléments du verbe et non
suivis d’un infinitif. Sinon, plus de div.
Allons y goûter. « y » est complément de « goûter ».

Partez en acheter.

UN COMBAT PERDU D’AVANCE

Lorsqu’on rencontre l’apostrophe, le trait d’union


disparaît.

Va-t’en.

Donne-m’en.

Mets-t’y est une forme juste, mais on évitera de


l’employer pour ne pas choquer l’oreille, on choisira
plutôt Mets-toi là.

On élide donc aussi les pronoms «  me  », «  te  »,


«  le  », «  la  » devant «  en  » et «  y  » sauf si ceux-ci
dépendent d’un infinitif.

Envoie-la y acheter des provisions.

Vie privée et vie publique


» La typographie impose les traits d’union entre les
différents éléments des noms de rue, comme
pour les stations de métro. Ces indications
n’apparaissent pourtant pas sur les plaques, qui
ne sont que rarement corrigées. Mais vous
pourrez l’observer dans votre hebdo favori, à la
rubrique Où déjeuner ? ou Week-end à la
campagne...

Nous avons passé trois jours merveilleux au Domaine


des oiseaux, 18 route du Moulin-de-La-Ronce, à
Crécy-la-Chapelle.

La rue Neuve-des-Boulets est fermée à la circulation.

Il s’est aménagé un loft rue du Faubourg-Saint-


Antoine.

Pouvez-vous m’indiquer l’itinéraire de Barbès-


Rochechouart à Notre-Dame-des-Champs ?
ANECDOTE

Quand un nombre figure dans un nom de rue, plusieurs cas


se présentent.
» C’est une date, le nombre s’écrit en chiffre arabe

Ils défilaient de la rue du 14-Juillet à la rue du 8-Mai-1945.

» C’est un numéro d’ordre de souverain, on se plie au


romain.

Ce chanteur descend toujours dans un célèbre hôtel de la


rue Pierre-Ier-de-Serbie.

» Ce n’est ni une date ni un numéro d’ordre, le nombre


passe aux lettres.

Il joue dans un petit théâtre de la rue des Cinq-Diamants.

» Le nom de baptême d’un établissement public est


souvent emprunté à un personnage illustre. Pour
éviter une éventuelle équivoque avec ladite
personne, on insère un trait d’union entre le
prénom et le nom ou entre les éléments de l’entité
(école, lycée, hôpital, église, théâtre, stade...).

Il suit des études musicales au collège Henri-Matisse.


L’Hôtel-Dieu de Paris est le plus vieil hôpital de la
capitale.

La div. symbole de
l’Administration
» Les départements, les villes et villages, lieux-dits,
toutes dénominations reconnues officiellement
par l’Administration sont estampillés par la
marque du trait d’union.

Les Hauts-de-Seine et la Seine-et-Marne dépendent de


la région Île-de-France.

Il quitte les Bouches-du-Rhône pour les Pyrénées-


Orientales afin de s’adonner à sa passion, l’escalade.

Connaissez-vous les remparts de La Charité-sur-Loire,


bien connue pour son Festival du mot ?

» Les communautés d’agglomérations n’échappent


pas à la règle.

A-t-on créé un gentilé pour les habitants de la région


Provence-Alpes-Côte d’Azur ?

(Gentilé : dénomination des habitants d’un lieu.)

» À ces divisions administratives françaises se


joignent les anciennes provinces françaises et les
entités étrangères (pays, État, province…) dont le
nom est francisé. Toutes les divisions
administratives se soumettent à cette règle.

Je suis le descendant d’un croisé du Bas-Languedoc,


région où l’on entend encore un peu parler la langue
d’oc de nos jours.

La « Nouvelle-Calédonie », les îles du « Cap-Vert », la


« Forêt-Noire », le cap de « Bonne-Espérance »…

Les New-Yorkais connaissent une criminalité


endémique.

Le principe même de la francisation induit le


placement d’un trait d’union, au même titre que
lors d’une substantivation (voir le début de ce
chapitre).

» Certains noms géographiques désignant un lieu


bien déterminé s’orthographient aussi avec un
trait d’union.

Le « Mont-Blanc », le « Mont-Saint-Michel »…
Chapitre 38
Des pluriels singuliers
DANS CE CHAPITRE :

» Pas si communs que ça

» Les bi

» Les invariables

» Les deux-en-un

» Mots étrangers sans maux

» De l’emphase à l’antonomase

S’ ilpasser
suffisait d’ajouter un «  s  » aux noms pour
au pluriel, ce chapitre n’aurait pas lieu
d’être. Plusieurs règles viennent contredire notre
pluriel classique. À cela s’ajoute la difficulté que
représentent les noms composés, le choix du pluriel
des mots étrangers, et les particularités des noms
propres qui ne sont pas toujours invariables.

Pas si communs que ça


La terminaison des noms détermine le type de
pluriel à adopter. C’est donc le moment de réviser
ses classiques parmi les familles suivantes.
» Les noms en « al » font tout simplement « aux ».

Les piédestaux étaient faits de métaux lourds.

J’ai préparé des bocaux de confiture.

La matière doit normalement être indiquée par la


préposition « de » plutôt que « en », mais c’est
plutôt cette dernière qui s’est imposée par l’usage.

Je me suis acheté un pantalon en cuir.

« Je me suis acheté un pantalon de cuir »


conviendrait mieux.
EXCEPTION – LES « ALS »

Une série de substantifs ne suivent pas la règle


grammaticale et se contentent juste du «  s  »  :
«  aval  », «  bal  », «  bancal  », «  cal  », «  carnaval  »,
«  caracal  », «  cérémonial  », «  chacal  », «  choral  »,
« festival », « narval », « nopal  », «  pal  », «  récital »,
« régal ».

Ces chacals nous ont attaqués avec des bancals.


(Sabre)

«  Chacal  » employé ici au sens figuré devient très


péjoratif.

L’attaque est plus incisive que les dents du vrai


chacal.
ATTENTION

Des mots jouissent du privilège des deux pluriels  : «  étal  »,


«  val  », «  idéal  ». L’usage conseille toutefois «  étals  » pour
éviter la confusion avec l’« étau » (« étaux »). Le pluriel « vals »
l’emporte également, excepté dans les expressions figées ou
les lieux :

Par monts et par vaux

Les Vaux-de-Cernay

Les deux pluriels se rencontrent pour « idéal ».

Ces jeunes ingénieurs n’ont pas les même idéaux.

Ces jeunes ingénieurs n’ont pas les mêmes idéals.

Mais le premier prévaut souvent, en substantif comme en


adjectif.

» Les noms en « au », « eau » et « eu » prennent un


« x » au pluriel.

Ces jumeaux aux cheveux blonds ont envoyé leurs


vœux.

J’aperçois les bateaux au bout du chenal.


EXCEPTION – LES « AUS » ET LES « EUS »

Les mots suivants ignorent le pluriel réglementaire


des mots de la même famille pour le «  s  »
traditionnel  : «  landau  », «  sarrau  », «  bleu  »,
« émeu », « pneu », « lieu ».

J’ai pêché plusieurs lieus, lors de mon séjour en


Alaska.

ATTENTION

«  Camaïeu  » profite indifféremment des deux pluriels


« camaïeux » ou « camaïeus ».

Cet artiste est connu pour ses camaïeux (ou camaïeus).

Parmi ces homophones, distinguez bien le poisson « lieu(s) »


de la mesure « lieue(s) » et du « lieu(x) » géographique.

Nous ignorions tout, nous étions à cent lieues de cette histoire !

Il n’y a aucune âme qui vive à plusieurs lieues à la ronde.

» Les noms en « ou » suivent le pluriel classique du


« s ».
C’est chez les fous que l’on mange la meilleure soupe
aux choux.

Le cirque présente un nouveau numéro avec des


sapajous.

EXCEPTION – LES « OUX »

« Bijou  », « caillou », « chou  », «  genou  », «  hibou »,


« joujou », et « pou » ont adopté le « x ».

La petite s’est blessée aux genoux en tombant.

» Les noms en « ail » ne se démarquent pas du


pluriel français, « s » d’usage.

Il pense remettre cette boîte sur les rails.


EXCEPTION – LES « AUX »

«  Bail  », «  corail  », «  émail  »*, «  fermail  »,


« soupirail », « travail  »*, «  vantail  » et «  vitrail  » se
singularisent par un pluriel en « aux ».

La tour de la Lanterne de La Rochelle recèle de


magnifiques vitraux.

* Voir la partie « Les bi » qui complète la particularité


des deux pluriels.

Certains noms peuvent se satisfaire du simple


« s » ou se soumettre à la règle de sa famille. C’est
le cas du mot «  ail  », pluriel en «  ails  » ou
« aulx » si l’on veut faire « vieilli ».

Les noms terminés au singulier par «  s  », «  x  »


ou « z » ne changent pas au pluriel.

C’est un conte avec des sorcières, un loup, des puits…

Il m’a emmenée à la chasse aux perdrix.

Je ne supporte plus les gaz d’échappement des voitures.

Les bi
Des substantifs ont la chance (?) de posséder deux
pluriels.
» Avec « aïeul », on opère une distinction
sémantique entre les deux.

Ses aïeuls célèbrent leurs 100 ans ce week-end. (Sens


de grands-parents)

Mlle Samty partit sur la route de ses aïeux. (Sens


d’ancêtres)

» « Ciel » présente plusieurs définitions pour


chaque pluriel.

• « Ciels » est d’usage dans les domaines de


la peinture, du dessin, de la météorologie,
du climat et de l’aviation, mais aussi en
astrologie.

Il peint des ciels plutôt orageux.

Nos régions connaîtront des ciels couverts à


pluvieux…

Au cours de l’émission, il a évoqué son voyage


sous les ciels torrides des tropiques.

On parle également des « ciels » en


astrologie et dans les composés « ciels de
lit », « ciels de carrière ».
• Les « cieux » s’appliquent aux autres pays
(s’en aller vers d’autres cieux), ils désignent
l’espace des astres (en termes
d’astronomie), le paradis (en termes
religieux)…

Notre Père qui êtes aux cieux… ou Invoquer les


cieux.

C’est la voûte des cieux qui vous servira de


guide.

» Le radical du mot « œil » se transforme jusqu’à


devenir « yeux » au pluriel, cela concerne autant
notre vue que notre jardin.

On peut tailler à deux yeux les rosiers peu vigoureux.

On conserve « œils » dans les compositions


(linguistiques et non plus florales) : « œils-de-
bœuf » (lucarne), « œils-de-chat » (pierre), « œils-de-
perdrix » (durillon)…

Et en typographie, on parle de l’œil d’un caractère


ou des œils (« partie supérieure du bloc de plomb
du caractère »).

» « Émail » offre lui aussi deux possibilités au


pluriel. La version « émaux » est plutôt réservée
aux bijoux, blasons, poteries. Les « émails » se
destinent davantage à la peinture pour carrosserie
de voiture ou aux vernis à ongles ainsi qu’aux
dents (si toutefois on doit user du pluriel, ce qui
paraît rare).

» Le « travail » passe aux « travaux », mais s’il s’agit


de l’instrument permettant de ferrer les chevaux,
ce sera des « travails ».

Les vétérinaires se servent également de travails pour


soigner les animaux de grande taille.

Les invariables
» Les notes de musique ne prennent jamais la
marque du pluriel, en revanche, elles s’écrivent en
italique (donc en romain dans une phrase en
italique, comme ci-dessous).

Reprends la gamme, do, ré, mi, fa, sol, la, si, do.

» Les adverbes qui, par nature même, sont


invariables le restent s’ils sont substantivés.

Je n’en pouvais plus de ses pourquoi, de ses


comment !

» « Soir » et « matin » placés derrière un nom de la


semaine occupent une fonction adverbiale et ne
s’accordent pas.

Nous jouons au tennis tous les mercredis soir.

Les jours de la semaine ainsi que les mois varient


comme les saisons.

Les juillets et les aoûts nous apportent des étés de


plus en plus caniculaires.

» Le « moi » substantivé reste unique en termes de


grammaire, donc invariable !

Connaissez-vous les différents moi de votre


personnalité ?
DIFFICULTÉ – LE PLURIEL QUI VIENT DU
PASSÉ

Certains mots autrefois séparés ont conservé au


pluriel une trace de leur graphie. Les
«  bonshommes  » correspondent aux «  bons
hommes  » d’avant. Attention à l’adjectif identique,
qui employé au pluriel s’aligne sur n’importe quel
autre adjectif. C’est la même histoire avec
«  gentilshommes  » issus de «  gentils hommes  » ou
« mesdemoiselles », « mesdames », « messieurs ».

J’admirais les airs bonhommes de tous ces gens qui


défilaient main dans la main.

Ces chevaliers, marquis et barons sont bien dignes


d’être des gentilshommes.

Les deux-en-un
Tout est dans la nature… des mots. C’est en effet
cette dernière qui détermine l’accord ou non des
éléments qui entrent en composition. Selon la
règle, « seuls les noms et les adjectifs prennent le
pluriel ». Ce qui élimine d’emblée les adverbes, les
verbes, les prépositions… Mais une restriction vient
nuancer la règle en ajoutant… « sauf si le sens s’y
oppose ».
» Dans la série nom + nom, normalement l’accord
ne fait aucun doute.

Des Bateaux-Mouches aux wagons-citernes, des


portes-fenêtres, des choux-fleurs…

Dans « porte-fenêtre », le premier élément est bel


et bien un nom et non un verbe, d’où l’accord.

Mais des timbres-poste, des stations-service, des


soutiens-gorge.

Ce sont des timbres de la poste, des stations qui


offrent du service, des vêtements qui sont des
soutiens (nom) pour la gorge… une pure question
de sens !

» Nom + adjectif → accord des deux éléments.

Des procès-verbaux, des rouges-gorges, des


coffres-forts, des hauts-fourneaux, des hauts-
reliefs…

Mais des haut-parleurs (le sens est « qui parle


haut »). C’est alors un emploi adverbial.

» Adverbe + nom ou réciproquement → seul le


nom prend le « s ».
Des avant-postes, des arrière-gardes, des arrière-
grand(s)-mères…

ATTENTION

Les avants-centres ont l’honneur d’un pluriel aux deux


éléments, « avant » étant considéré comme un nom dans cet
emploi.

Dans les composés masculins avec «  grand  », tous les


éléments s’accordent sauf « arrière ».

Des grands-pères, des arrière-grands-pères, des grands-oncles…

Au féminin, grand ne s’accordant pas en genre peut aussi


rester invariable en nombre, mais la tendance est plutôt
pour l’accord.

Des grand(s)-mères, des grand(s)-tantes, des grand(s)-voiles…

» Verbe + nom → même scénario, le verbe est


invariable.

Des garde-robes, des porte-serviettes, des couvre-lits,


des brise-glace…

Mais des coupe-gorge (où l’on se fait couper la


gorge), des réveille-matin (verbe [se] réveiller au
matin [adverbe], réveil tend à supplanter la forme
composée), des abat-jour…
DIFFICULTÉS – DES VERBES PAS COMME LES
AUTRES

«  Garde  » présente une particularité (comme


« porte », « aide », « pince »…), il peut être verbe ou
substantif ; de sa fonction dépend l’accord.

Les «  gardes-malade(s)  » sont à différencier des


« garde-robes  » puisqu’ils désignent des personnes
qui s’occupent d’un ou de plusieurs malades. Le
pluriel du dernier mot est donc lié au sens. De
même, le bateau affecté à la surveillance des côtes
calquera son pluriel sur le singulier  : des «  garde-
côtes  » alors que les gardiens seront des «  gardes-
côtes » (« garde » redevient ici un substantif).

Des aides-soignants mais des aide-mémoire.

Des pinces-monseigneur mais des pince-nez.

Attention « garde champêtre » et « garde forestier  »


s’écrivent sans div. Les deux s’accordent au pluriel.

Au singulier, certains de ces noms composés (avec


verbe) ont déjà leur complément au pluriel. Le
pluriel sera alors identique au singulier.

Un compte-gouttes, un porte-bagages…
» Verbe + verbe → aucun accord possible !

Des pousse-pousse, des va-et-vient, des laissez-


passer, des savoir-faire…

» Une préposition dans la composition ? Accord du


premier élément.

Des cous-de-pied, des arcs-en-ciel…

Les pot-au-feu ne varient pas pour une raison


euphonique (imaginez une liaison avec un « s »),
tout comme les « coq-à-l’âne » !

» Mot invariable + substantif, le nom s’accorde,


en principe.

Des contre-attaques, des micro-ordinateurs, des


Anglo-Saxons, mais des après-midi…

Le préfixe est, par définition, invariable.

» Les expressions sont toujours invariables.

Des pince-sans-rire, des on-dit…

» Mot d’origine étrangère dans la composition →


il ne s’accorde pas.

Des ex-voto (deux éléments latins), des post-


scriptum (deux éléments latins), des vice-rois
(premier élément latin)…
Mots étrangers sans maux
L’italique constitue l’identité des noms étrangers.
Si ces derniers ne figurent pas dans nos
dictionnaires, c’est-à-dire s’ils ne sont pas
francisés, ils ont l’obligation d’être mis en italique.

Mais qu’ils soient ou non référencés ne change en


rien le pluriel. Reste à savoir lequel proposer…

Normalement, nous avons le choix entre le pluriel


de la langue du mot et le français. Peut-être est-il
bon de rappeler le principe d’unification dans un
texte. Il faut respecter le choix de départ sur toutes
les pages.
» Les mots d’origine latine sont souvent francisés,
on peut donc en déduire qu’ils devraient
normalement se doter d’accents (selon la
prononciation) et adopter le pluriel français. Mais
la réalité prouve que ce n’est pas si simple, et il
convient de jouer la prudence en s’assurant de la
bonne orthographe dans les dictionnaires.

C’est le plus beau des requiem que j’aie jamais


entendus. (Cas d’invariabilité et pas d’accent)

Elle prétend avoir vérifié tous les folios.


Notre imprimeur nous a envoyé les in-folio et les in-
quarto.

« Folio » ne varie pas en composition.

Les locutions « a fortiori », « a posteriori », « a


priori » sont francisées et s’écrivent en romain la
plupart du temps. On évitera de les accentuer.

Le substantif « a priori » est invariable.

Avoir des a priori.

Les noms « maximum », « minimum », « optimum »


doivent changer de terminaison quand ils sont
employés en adjectif : « maximal », « minimal »,
« optimal ». Comme substantif, l’usage hésite entre
le pluriel latin et le français, des minima ou des
minimums…

C’est sans conteste la solution optimale.

Des albums, des alléluias, des pensums, des


quorums, des sanatoriums, des référendums, des
spécimens… mais des errata, des desiderata…

On constate que certains substantifs ont conservé


le pluriel latin tandis que d’autres ont été francisés
avec le pluriel français.
» Une certaine souplesse s’offre à nous pour tous
les noms issus des autres langues (anglais,
allemand, espagnol, italien…), nous pouvons opter
pour le pluriel de la langue ou pour le français.

• Les barmen ont servi aux ladies des


sandwiches. (Pluriel anglais)

Les barmans ont servi aux ladys des


sandwichs. (Pluriel français)

• Franz Schubert a composé de célèbres lieder.


(Pluriel allemand)

Franz Schubert a composé de célèbres lieds.


(Pluriel français)

• Hernan Cortes est l’un des plus grands


conquistadores espagnols du XVIe siècle.
(Pluriel espagnol)

Hernan Cortes est l’un des plus grands


conquistadors espagnols du XVIe siècle.
(Pluriel français)

• Elle raffole de spaghetti, de gnocchi et de


tagliatelle. (Pluriel italien)

Elle raffole de spaghettis, de gnocchis et de


tagliatelles. (Pluriel français)
Aucune obligation en faveur de l’un plutôt
que l’autre si ce n’est que le pluriel étranger
appelé « savant » peut passer pour précieux
dans certains cas.

• C’est l’auteur de scenarii de qualité. (Pas


d’accent dans la version italienne)

C’est l’auteur de scénarios de qualité.

L’adjectif « touareg » invariable en nombre


puisqu’il correspond déjà au pluriel possède
un singulier de radical différent, « targui ».
L’usage n’ayant pas retenu ce dernier, c’est
souvent la forme « touareg » qui répond
aussi au singulier. On rencontre quelquefois
(à tort) en substantif « Touaregs ».

J’ai été frappée par la beauté des vêtements


touareg.

De l’emphase à l’antonomase
Ce qui distingue en partie les noms propres des
autres, c’est qu’ils sont par essence invariables. Et
pourtant, dans certaines situations le pluriel leur
est imposé.
» Les noms de populations (substantif avec
majuscule) opèrent une distinction (exactement
comme les noms communs) entre le singulier et le
pluriel.

Les Américains ont remporté de nombreuses


victoires lors des J.O.

Un joueur américain s’est blessé dans l’épreuve


d’athlétisme.

» Un certain nombre de familles qui se sont


illustrées dans l’histoire bénéficient d’un
traitement de faveur en prenant la marque du
pluriel :

les Antonins, les Bourbons, les Capets, les Césars, les


Condés, les Constantins, les Curiaces, les Flaviens, les
Gracques, les Guises, les Horaces, les Montmorencys,
les Paléologues, les Plantagenêts, les Ptolémées, les
Scipions, les Sévères, les Stuarts, les Tarquins et les
Tudors.

Le pluriel repose sur une condition : il doit


désigner l’ensemble des membres de la famille.

Les Gracques n’étaient pas très amis avec Émilien,


l’un des Scipions.
» Certaines figures de style jouent un rôle dans le
pluriel des noms propres.

• L’emphase consiste à placer un article


pluriel devant un nom afin de nommer la
personne dans un style ampoulé. Pas de
pluriel au nom dans cet emploi.

Les Breton, les Desnos, les Éluard sont


quelques-uns des représentants du
surréalisme.

• Cette forme doit être distinguée


graphiquement de l’antonomase, figure de
style qui consiste à désigner un (ou des)
individu(s) par le nom d’un personnage
célèbre ou par un nom commun qui prend
une valeur de nom propre.

Ce sont les Tartuffes de l’Administration.

Inutile de prononcer son nom, je parle de


l’Avare.

Tous ces dons Juans qui courent les villages.

La capitale et la marque du pluriel (dans le


cas d’un article pluriel) sont d’usage dans
l’antonomase.
Les Goliaths sont toujours vaincus par les
Davids.

DIFFICULTÉ – « ANTONOMASE,
ANTONOMASE, EST-CE QUE J’AI UNE TÊTE
D’ANTONOMASE ? »

Si l’antonomase porte sur un nom composé, on


évitera le pluriel, du fait du singulier de l’article ou
de la structure du nom.

On ne trouve pas des La Fontaine à foison dans la


littérature française.

Ils se font appeler les Robin des Bois des temps


modernes.

Les antonomases courantes sont assimilées à des


noms communs et peuvent s’écrire en minuscules.

Il adorait jouer les hercules.

» Les lieux géographiques ne prennent la marque


du pluriel que s’il existe une réelle pluralité.

J’aime me ressourcer dans l’une des îles des


Canaries.
Peut-on dire qu’il existe deux France, celle des riches
et celle des pauvres ?

L’étudiant est parti à la découverte des deux


Amériques.

DIFFICULTÉ – DANS LES VILLES

Les villes ne suivent pas cette règle et ne


supportent aucun pluriel même si deux
agglomérations portent le même nom.

De laquelle des deux Vienne reviens-tu ?

» Les œuvres d’art désignées par le nom de leur


auteur restent invariables. C’est un raccourci de
langage.

Ce petit musée abrite deux Corot, trois Watteau et


deux Rembrandt.

On entend deux peintures de Corot, trois tableaux


de Watteau et deux toiles de Rembrandt.

Sa bibliothèque comptait des Molière, des Racine,


des Corneille.
» Quand les sujets ou les personnages représentés
désignent les œuvres elles-mêmes, on leur
attribue capitale et pluriel.

Vous pourrez admirer des Jupiters, des Dianes, des


Apollons.
EXCEPTIONS – DES SUJETS RELIGIEUX

Pas de majuscule pour ces trois exceptions  :


« christ », « pietà » et « madone ».

Il peint des Enfants Jésus et des christs en croix.

Sais-tu combien de madones Raphaël a peintes ?

Mais Elle implore chaque jour la Madone.

«  Croix  » ne prend la capitale initiale que si elle


correspond au véritable instrument du supplice.

La précision du trait de toutes ces Descentes de Croix


me fascine.

Le mot « pietà » est toujours invariable.

Les pietà des peintres de la Renaissance sont


particulièrement émouvantes.

On essaie de se souvenir que c’est une double


exception !

Les noms déposés ne se mettent pas au pluriel, la


capitale témoigne de la marque officielle.

Si tu n’avais pas bu tous ces Ricard, tu n’aurais pas


détruit les trois Renault.
Chapitre 39
Enfin d’accord avec le
complément de nom
DANS CE CHAPITRE :

» « De »

» « À »

» « En »

» « Sans »

» « Par »

Uà n complément de nom est un nom qu’on accole


un autre pour lui donner plus de précision
(dans « un pot de confiture(s) », « confiture(s) » est
le complément de « pot »).

On sèche souvent sur le nombre du complément, et


aucune règle de grammaire ne vient à la rescousse
de notre désarroi. On pourrait s’arrêter là et, de
rage, jeter des « coups de pied  », se dire qu’on est
« peu de chose » ou bien se montrer plus positif, se
dire que «  tout compte fait  » nous pouvons
reprendre la situation «  en main  » en feuilletant
les pages de ce chapitre, qui nous donne quelques
repères avec (ou sans) ces prépositions.

Les compléments de nom constituent de véritables


pièges quant à l’accord. Ils varient en fonction des
prépositions qui les introduisent.

« De »
» Écrit-on « deux sortes de mémoire » ou « deux
sortes de mémoires » ?

L’usage – toujours et encore – nous donne un


indice précieux. Si le complément est un nom
concret, on tend plutôt vers le pluriel, s’il relève du
domaine abstrait ou si c’est un indénombrable, on
le laisse au singulier. Il faut ajouter que le sens n’y
est pas pour rien non plus ! Cette astuce vaut
aussi pour ses homologues : « espèce », « genre »,
« type »…

Dans notre exemple, les deux accords sont


possibles selon qu’il s’agit de mémoires
d’ordinateur ou de mémoire humaine.

« Les diverses espèces d’oiseaux »…


» Si « de » introduit une comparaison, le
complément reste au singulier, si c’est une
distinction entre deux éléments, l’usage penche
pour le pluriel, mais le singulier est admis. S’il est
question d’un grand nombre (notion de quantité),
le pluriel s’impose.

« Des mots de même nature », « des personnes de


même nationalité », « des enfants de taille
identique »…

« Deux phrases de sens opposé(s) ».

« Des boîtes de différente(s) grandeur(s) », « des


vêtements de différentes couleurs ».

Le magasin proposait des robes de tailles et de


formes variées.

» Vous prenez des bains (ou des douches) dans la


« salle de bains » conçue à cet effet, mais vous
enfilez votre « maillot de bain » sur la plage pour
aller prendre un bain (un seul à la fois), et en
sortant votre « peignoir de bain ». Pour ceux qui
préfèrent la montagne, vous irez en cure dans une
« ville d’eaux », et, avec un peu de chance, vous
aurez dans votre chambre une « salle d’eau » pour
faire un brin de toilette. À la mer ou à la
campagne, le soir pour vous divertir, vous
fréquenterez une « salle de spectacle », certains
opteront pour une « salle de concerts », d’autres
une « salle de bal », les plus studieux se tourneront
vers une « salle d’étude ou de conférences » avec un
« maître de conférences » avec lequel vous
échangerez des « poignées de main ».

» « Changer de mains »…

» Les « nids » au sens propre, pour désigner la


demeure de l’oiseau, appellent un complément au
singulier, « des nids de pie ». Au sens figuré, pluriel,
des « nids de serpents », des « nids de vipères » pour
le repaire peu fréquentable…

Les « nids de guêpes » ou « nids de fourmis » sont


évidemment au pluriel.

Les « nids » avec trait d’union portent sur des


éléments bien éloignés de l’ornithologie. On
appelle « nid(s)-de-pie » le poste d’observation
érigé sur le mât d’un bateau et « nids-de-poule » les
trous de la route, qui sont de véritables dangers
pour les deux-roues. Les « nids-d’oiseau » des
orchidées, le « nid-d’abeilles » une broderie, etc.

» Des « peaux de lapin » (une seule espèce), mais


des « peaux de bêtes » (plusieurs espèces).
» Un « garçon de course » monte un « cheval de
course », de même un « pilote de course », le
« garçon de courses » correspondrait à notre
coursier.

Les « champs », comme les « écuries de courses ».

» On escalade la « chaîne de montagnes », mais on


habite un « pays de montagne ».

» Il a souvent joué des « rôles de gangsters », mais


elle a souvent joué des « rôles de mère ».

» Un « corps de métier », des « corps de métiers ».

DIFFICULTÉ – DANS TOUS « CES » ÉTATS

Ne confondez pas les « grands corps de l’État » que


sont le Conseil d’État, la Cour des comptes… et les
« corps d’état », les métiers du bâtiment.

» « Chance » : Il y a « peu de chances » qu’elle ait son


diplôme. (On entend peu de probabilités.)

» « De tout temps » : singulier.


» Des « prises de vue » en photo ne sont pas
identifiables aux « prises de vues » en cinéma.

» « De couleur », expression toujours au singulier.


Des « crayons de couleur », du « linge de couleur »,
des « gens de couleur », mais exceptions pour le
« marchand de couleurs » et la « boîte de couleurs ».

» Un « conte de fées ».

» Le « pain d’épice(s) » avec ou sans « s » selon que


l’on insiste sur le concept de l’épice ou sur les
épices utilisées.

» Les « jaunes d’œufs » ou les blancs, mais un


« jaune d’œuf » !

» Du « sucre de betterave, d’orge, de canne, de fruits ».


SOLIDE ET LIQUIDE

Avec les confitures et assimilés (compote,


marmelade, pâte), le complément se met au
pluriel  : «  confiture de cerises  », «  marmelade
d’oranges », « pâte de coings ».

Avec le liquide (gelée, jus, liqueur, sirop), le


complément est singulier. «  De la gelée de
groseille », « du jus d’orange », « du sirop de fraise ».
Mais jus de fruits !

» Des « numéros de pages ».

» Des « taux d’intérêt », des « centres d’intérêt ».

» Un « carnet de commandes », un « carnet de


chèques ».

» Des « chefs d’entreprise », des « chefs d’équipe »,


des « chefs d’orchestre ».

» Un « rapport de force », ce sont des rapports qui


s’appuient sur la force. « À bout de forces ».

» Un « appel d’offres ». On insiste sur l’aspect


nombrable, comme dans les « créations d’emplois »
ou les « suppressions d’emplois ».
» « Zone d’activité », c’est la notion générique qui
prime, notion de l’activité.

« À »
En l’absence de règle, des exemples pêle-mêle :
» « De la pâte à choux », « à beignets », « à crêpes »
mais « à tarte », rien de plus logique.

» « Une roue à aubes ».

» « Réclamer à cor et à cri » : terme de la chasse à


courre.

» « Prendre à témoin », on considère ici l’emploi


adverbial, mais « sans témoins », « appel à
témoins » → expressions figées.

« Prendre pour témoin(s) » selon le sens et « des


appartements témoins ».

» « Couler à flots », mais « un navire à flot », « un


bassin à flot ».

» « Du gibier à poil ou à plume », on imagine plutôt


la matière que la quantité.

» « Aller à pied ». Le pied est vu comme moyen de


locomotion.
« Un va-nu-pieds » s’aligne sur nu-pieds.

» « Être battu à plate couture » : singulier. À l’origine,


les tailleurs « battaient » (écrasaient) la couture du
tissu… mais « sous toutes les coutures ».

Une intuition cependant, le singulier apporte une


notion de généralité, d’uniformité que ne transmet
pas le pluriel !

» Être « à couteaux tirés ».

» « Une brosse à dents », « une boîte à gants ».

» « À coups de », expression toujours au pluriel ! « À


coups de canon, de pied mais de roquettes ». On
distingue l’engin (canon) au singulier des
projectiles (roquettes) au pluriel. Le « coup de pied
ou de poing » se justifie par le sens. On ne peut
donner un ou des coup(s) qu’avec un pied ou un
poing à la fois. « À coup sûr » figé au singulier !

» « Du papier à lettres », « du papier à cigarettes ».

« En »
» La « mise en bouteille » dépend de son
environnement… On lira sur l’étiquette qu’un vin
est « mis en bouteille » au château, de même on
commandera du vin « en bouteille », mais
l’opération industrielle de la « mise en bouteilles »
exigera le « s » !

» La « mise en boîte » reste « singulière », que ce soit


au propre ou au figuré.

» Les serveurs « en veste blanche » côtoient des


femmes « en robe du soir ».

DIFFICULTÉ – LA QUALIFICATIF MET UN « S


»

Très souvent, quand le complément (ou le nom) est


qualifié par un adjectif, il passe au pluriel.

Des serveurs «  en vestes blanches toutes tachées  »


côtoient des femmes «  en robes du soir
décolletées ».

» Raconter une scène « en détail » (on entend


« dans le détail »), singulier aussi pour l’expression
« au détail ».

» Un château « en ruine » (à l’état de ruine), « tomber


en ruine », « menacer ruine ».
» Une maison « en flammes », « être tout feu, tout
flamme ».

» Ils y sont allés « en personne », expression


adverbiale donc invariable.

» Marcher « en zigzag ».

» Une route « en lacet ».

» Tracer « en pointillé ».

» « Entrer en fonctions » à distinguer de « être ou


rester en fonction » (en activité).

» Butiner « de fleur en fleur », mais « de villages en


cités », le pluriel est de rigueur si l’on met deux
mots différents.

» Une prairie « en fleurs », diverses espèces


occupent la prairie. Un arbre « en fleur » signifie en
floraison.

» « En couleurs » l’expression veut le pluriel :


« télévision en couleurs », « photos en couleurs »
mais exception pour l’expression « haut en
couleur ».

Des personnages hauts en couleur.

« Haut » s’accorde comme adjectif, « couleur » est


invariable.
» Être « en relation » avec quelqu’un, mais obtenir
quelque chose « par relations ».

» Sourcils « en accent circonflexe », en forme de…,


c’est le modèle.

» « Prendre en main », « preuve en main », remettre


« en main(s) propre(s) », « en bonnes mains », « en
mains sûres »…

» « En termes de » pluriel obligatoire ! « Au terme de »


dépend du sens. Au terme de la période (à la fin de)

Aux termes du contrat (selon les termes)…

» Du sucre « en morceaux ».

» Du blé « en sacs », « en épi ».

» Du pain « en tranches ».

» Des épinards, du céleri « en branches » mais


l’oiseau vole « de branche en branche ».

» De l’or « en barre ».

» Des militaires « en civil ».

» Prendre « en traître », locution adverbiale, donc


invariable.
« Sans »
Attention à ne pas tenir un raisonnement qui nous
mènerait sur une fausse route. Ce n’est pas parce
que «  sans  » signifie «  l’absence de  » que le
singulier s’impose. On décrit un ciel «  sans
nuages  » parce qu’il y a rarement un seul nuage
dans le ciel. La logique s’oriente donc plutôt vers le
nombre du nom, comme si la préposition ne
figurait pas dans la phrase.
» « Sans tambour ni trompette », (singulier aussi
pour les freins à tambour, à disque).

» Une ambition « sans bornes ».

» Se rendre « sans condition », « mettre en


condition ».

» Voyager « sans encombre », « sans bagages » au


sens propre, mais Il part sans bagage dans la vie. Et
aussi « plier bagage ».

» « Sans façon », « de toute façon », mais « sans plus


de façons ».

Une personne sans façon (qui ne fait pas de


manières).

» « En tout cas » singulier comme « en tout genre ».


» « Sans aucuns frais », « aucuns » ne prend
aujourd’hui la marque du pluriel que devant un
nom qui n’a pas de singulier.

» « Sans couleur » au singulier comme avec « de ».

» Un couteau « sans manche », une robe « sans


manches », question de sens !

» Une femme « sans enfants » parce qu’elle est


susceptible d’en avoir plusieurs !

» Un homme « sans scrupule », ce n’est pas qu’il ne


peut avoir qu’un scrupule, c’est plutôt là encore
une notion générique, de même « sans regret ».
Mais un homme « sans principes ».

» Une dictée « sans fautes », on rencontre peu


souvent une seule faute dans une dictée. Mais
faire un « sans-faute » ou venir « sans faute ».

» Un homme (ou une femme, pas de sectarisme)


« sans passions » ou « sans soucis », mais un débat
« sans passion ».

» Une étoffe « sans couture » sur le modèle de « à


plate couture ».

» « Sans ménagement », « sans preuve ».


« Par »
Chaque fois que l’on peut le remplacer par «  pour
chaque », c’est le singulier qui s’impose.
» 10 euros « par verre » → pour chaque verre du
service.

» Menu à 50 euros « par personne » → pour chaque


personne.

» Gagner 24 000 euros « par an » → pour chaque


année.

» Des œufs « par douzaines » → on ne peut dire


« pour chaque douzaine ».

» Classer « par rubriques, par matières, par séries »


→ en revanche, si l’on peut remplacer « par » par
« en », pluriel de rigueur.

» « Par groupes de 6 » → en groupes de 6.

» Au pluriel « par moments », « par endroits ».


DIFFICULTÉ – LES RACCOURCIS

» On rencontre de plus en plus des


compléments qui ne sont pas reliés au nom
par une préposition.

Des congés formation, les pauses café…

Des diabolos menthe, des spécialités maison…

On opère un raccourci de langage en


supprimant la préposition d’origine. On
évitera le trait d’union qui n’aurait aucun sens
dans cette construction et, si l’on veut garder
un registre de langue soutenu, on réintégrera
la préposition. Le sens suppose un singulier.

Des congés de formation, les pauses pour le


café, des diabolos à la menthe, des spécialités de
la maison…

» Des pochettes surprises, des cas limites, des


paquets cadeaux…

Le pluriel du complément intervient quand on


peut dire «  des pochettes qui sont des
surprises », « des cas qui sont des limites », « des
paquets qui sont destinés aux cadeaux »…
Chapitre 40
Les formes féminines
DANS CE CHAPITRE :

» Du féminin au pluriel

» Règles

» Choisir son camp

» Les hermaphrodites

L’ Pour une fois !


avantage du féminin réside dans ses exceptions.

Des règles régissent le genre des noms, mais les


exceptions étant fort nombreuses, cela nous offre
une souplesse avec laquelle s’amuser, tout en
restant respectueux des formes féminines !

Du féminin au pluriel
De nombreuses possibilités existent.
» En principe le féminin des noms se construit par
l’ajout du « e » à la forme masculine.

Un avocat → Une avocate

Un député → Une députée

Un magistrat → Une magistrate

Un général → Une générale

» On remarque parfois le doublement de la


consonne devant ce « e ».

Un pharmacien → Une pharmacienne

Un Bourguignon → Une Bourguignonne

Un colonel → Une colonelle

Un muet → Une muette

» Une variante consiste à modifier la finale « e » +


consonne (« et », « er ») en « è » + consonne + « e »
(« ète », « ère »).

Un préfet → Une préfète

Un conseiller → Une conseillère

Un charcutier → Une charcutière

Chez les adjectifs aussi :

Discret, inquiet → Discrète, inquiète


Autrefois les femmes de préfet, amiral,
ambassadeur… pouvaient porter le titre de leur
mari. La préfète désignait donc l’épouse du préfet,
l’ambassadrice celle de l’ambassadeur…, cet usage
explique en partie l’actuelle réticence de certaines
femmes à féminiser leur fonction.

» Le « c » final d’un substantif (ou d’un nom propre)


peut se transformer en « que » ou être conservé
devant « que ».

Un Turc → Une Turque

Frédéric → Frédérique

Un Grec → Une Grecque

» Le « e » final du masculin se mue en « esse ».

Un maître → Une maîtresse

Un prince → Une princesse

Un comte → Une comtesse

» Le « eur » se change en « eresse ».

Un chasseur → Une chasseresse (ou une chasseuse)

Un vengeur → Une vengeresse

Un enchanteur → Une enchanteresse


Ce féminin nous transporte dans un registre
poétique.

Règles
» Les noms masculins avec une finale en « eur »
font leur féminin en « euse » à condition d’avoir un
participe présent de même radical.

Un vendeur vendant → Une vendeuse

Un acheteur achetant → Une acheteuse

Un coiffeur coiffant → Une coiffeuse

» Les noms en « teur » qui perdent leur « t » au


participe présent font leur féminin en « trice ».

Un moniteur → Une monitrice

Un facteur → Une factrice

Un acteur → Une actrice

Certains exemples n’ont aucun verbe qui leur


corresponde. D’autres perdent seulement le « t » à
la forme verbale.

Un directeur dirigeant → Une directrice

Un correcteur corrigeant → Une correctrice


Un rédacteur rédigeant → Une rédactrice

Mais les exceptions sont légion.

Un sculpteur sculptant devrait faire son féminin en


sculpteuse plutôt que sculptrice.

L’inspecteur inspectant devrait avoir pour


homologue une inspecteuse et non une
inspectrice.

Selon la règle, il semble tout à fait justifié de


proposer « autrice », féminin qui est suggéré par
certains dictionnaires. Mais l’usage en a décidé
autrement et a entériné « auteure ». On trouve
couramment dans la presse « écrivaine ». Le sujet
se prêtant à la polémique, il n’est pas considéré
comme une faute de laisser le mot au masculin
« un auteur ». Mais un problème se présente
rapidement pour les autres accords de la phrase :

Un(e) auteur rompue à l’exercice de l’écriture ? si l’on


parle d’une femme… Pourtant personne ne sera
choqué de lire : Agatha Christie était une romancière
hors pair !

Les féminins en « eure » sont tout à fait admis.


Libre à chacun de les utiliser ou non.

Un professeur → Une professeure


Un procureur → Une procureure

Le langage juridique a son propre féminin en


« esse ».

Un bailleur → Une bailleresse

Un demandeur → Une demanderesse

Un défendeur → Une défenderesse

DIFFICULTÉ – GENRE DÉESSE (PLUTÔT DES «


ESSE »)

Le féminin des noms en « ète » permute son [è] en


[é] et fait sa finale en « esse ».

Un poète → Une poétesse

«  Poétesse  » est quelquefois considéré comme un


mot péjoratif.

Un prophète → Une prophétesse

» À cette série de féminins s’ajoutent les noms


épicènes, c’est-à-dire ceux dont l’orthographe ne
varie pas d’un genre à l’autre !

Un maire → Une maire

Un artiste → Une artiste


Un journaliste → Une journaliste

C’est le cas pour un grand nombre de noms


d’animaux.

Un crocodile mâle → Un crocodile femelle

Une souris mâle → Une souris femelle

» Des noms changent complètement de radical à la


forme féminine.

Un homme → Une femme

Un garçon → Une fille

Un mâle → Une femelle

Un empereur → Une impératrice


DIFFICULTÉS – ATTENTION AUX FORMES

Certains noms prennent des formes différentes


selon le sens.

« Hôte » qualifie autant la personne qui reçoit que


celle qui est reçue  ; son alter ego féminin
«  hôtesse  » ne concerne que celle qui offre son
hospitalité…

Un «  serviteur  » est au service de quelqu’un, la


«  servante  » est attachée aux travaux
domestiques…

« Enquêteur » présente deux féminins :

L’enquêteur fait équipe avec une nouvelle enquêteuse.

Les enquêtrices tentaient d’attraper les badauds pour


les soumettre à l’épreuve du sondage.

Certains noms masculins n’ont toujours pas


d’équivalents féminins :

«  successeur  », «  vainqueur  », «  imposteur  »,


« médecin », « chef »…

L’inverse est aussi vrai :

« cantatrice », « nourrice »…
«  Sage-femme  » doit être traité à part,
étymologiquement le mot signifie «  celui ou celle
qui a la sagesse (le savoir) de la femme ».

Choisir son camp


Certains mots nous glissent de la bouche sans que
nous en connaissions le sexe. La liste suivante
devrait nous épargner cette situation fâcheuse.

Sont féminins
«  acoustique  », «  alcôve  », «  algèbre  »,
«  amnistie  », «  anagramme  », «  anicroche  »,
« antichambre », « apologie », « arrhes » (plur.),
«  atmosphère  », «  aura  », «  autoroute  »,
«  azalée  », «  coriandre  », «  ébène  »,
«  échappatoire  », «  écritoire  », «  encaustique  »,
«  épigramme  », «  épigraphe  », «  épitaphe  »,
« équivoque  », « escarre  », «  icône  », «  idole »,
« immondice » (plur. pour les ordures ménagères),
«  interview  », «  mandibule  » (souvent au plur.),
«  moustiquaire  », «  nacre  », «  oasis  »,
«  omoplate  », «  onomatopée  », «  optique  »,
«  orbite  », «  oriflamme  », «  phalène  »,
« réglisse », « scolopendre », « stalactite ».
Masculins
«  acrostiche  », «  amiante  », «  antidote  »,
« antipode », « antre », « apanage », « aparté »,
«  apogée  », «  appendice  », «  après-midi  »,
«  arcane  », «  archipel  », «  armistice  »,
«  augure  », «  effluve  », «  épilogue  »,
«  équinoxe  », «  esclandre  », «  exergue  »,
«  exode  », «  globule  », «  granule  »
(pharmaceutique), «  haltère  », «  hémisphère  »,
«  hémistiche  », «  indice  », «  insigne  »,
«  intermède  », «  intervalle  », «  isthme  »,
«  midi  », «  minuit  », «  opprobre  », «  ovule  »,
«  pétale  », «  planisphère  », «  tentacule  »,
« termite », « tubercule ».

Les hermaphrodites
Certains noms ont une double identité (féminine et
masculine) :
» Amour est masculin dans son emploi courant,
féminin pluriel dans le sens de la passion.

De nouvelles amours sont nées.

» Cartouche est du féminin quand il s’agit des


munitions, de la recharge du stylo, ou du « pack »
de paquets de cigarettes.

Le cartouche encadre un titre ou une légende sur


un document géographique, une carte, c’est aussi
un ornement sur lequel on appose une
inscription.

Des cartouches de l’Antiquité gréco-romaine ont été


retrouvés sur des sarcophages pour le plus grand
bonheur des historiens.

» Nous connaissons tous l’existence d’un couple,


mais la couple d’œufs nous est moins familière.
On l’utilise essentiellement dans cette expression.
L’emploi du féminin requiert toutefois une
exigence. Les deux éléments réunis
accidentellement doivent impérativement être de
la même espèce. (Une couple de poulets.) « Le »
couple est plus ouvert à la mixité !

» Délice est masculin au singulier et féminin au


pluriel.

Cette boisson, quel délice !

Expression figée : Un de mes plus grands délices.

» L’expression foudre de guerre s’adresse à un


grand capitaine. Masculin donc comme pour le
tonneau.

Le vin était entreposé dans de nombreux foudres.

Féminin pour la foudre de l’orage et pour les


foudres de l’excommunication.

» Même le beau geste n’a rien à envier à la geste


qui relate l’épopée d’un héros.

Il a légué sa fortune à une œuvre caritative, quel


beau geste !

» Il est plus prudent d’accepter le gîte et le couvert


offert par notre amphitryon que de s’aventurer en
mer sur un voilier qui risque de prendre de la gîte
(inclinaison).

» Hymne, masculin au sens profane, devient


féminin au sens religieux.

Ils se sont mis au garde-à-vous pendant l’hymne


national.

» Œuvre est du féminin dans son acception


courante, mais le masculin désigne l’ensemble de
la production d’un artiste, excepté en littérature où
l’on publie des œuvres complètes.

Connaissez-vous l’œuvre gravé de Callot ?

Masculin aussi pour le gros œuvre en bâtiment.


» Orge relève de la gent féminine, mais reste au
masculin dans deux expressions : « l’orge mondé »
et « l’orge perlé ».

» Orgue est normalement du masculin, mais il peut


se soumettre au féminin pluriel. « De grandes
orgues » désignent un seul instrument dans un
style emphatique.

» Pâques est masculin singulier pour désigner la


fête chrétienne.

Quand Pâques sera venu.

Féminin pluriel avec un adjectif épithète : Joyeuses


Pâques.

Féminin singulier pour désigner la Pâque juive


(sans s) ou la Pâque russe.

» Solde féminin pour le traitement des militaires et


masculin pour les marchandises vendues au
rabais et pour le compte bancaire.
Chapitre 41
« Arrière, anacoluthes ! »
DANS CE CHAPITRE :

» « Anacoluthes, iconoclastes, ornithorynques… »

» Barbarismes & solécismes

» Pléonasmes

O et « anacoluthe » est l’une de ses favorites. Et


n connaît bien les injures du capitaine Haddock,

pour cause. Cette figure de style qui peut faire


preuve de poésie et d’humour se montre
quelquefois sous son plus mauvais jour, en
s’offrant comme une vulgaire faute de construction
syntaxique. Par son côté obscur, l’anacoluthe est
parente du barbarisme, du solécisme et du
pléonasme pour n’en citer que quelques-uns. Ce
chapitre nous convie à la rencontre de ces figures
décomposées du langage.
« Anacoluthes, iconoclastes,
ornithorynques… »
Dans la bouche du capitaine, ça ne ressemble certes
pas à un compliment. Alors que signifie une
anacoluthe ? C’est une rupture dans la construction
syntaxique.

Vingt ans après sa création, le saxophoniste a remonté


son groupe de jazz.

Phrase on ne peut plus claire, personne ne se


méprendrait sur son sens. Et pourtant la phrase est
fautive. Le sujet de la proposition principale «  le
saxophoniste  » doit être aussi celui qui est sous-
entendu dans la première partie. Or, «  vingt ans
après sa création » se rapporte au groupe. Si tout le
monde comprend parfaitement, pourquoi changer
la phrase ? Cela relève du style, si votre texte exige
un style châtié, vous vous ferez un devoir de le
corriger  ; si vous êtes dans un registre moins
classique, plus souple, rien de vous empêche de
tolérer certaines anacoluthes.

Une des solutions pour les puristes serait de


proposer :
Vingt ans après la création de son groupe de jazz, le
saxophoniste a décidé de le remonter.

Dans cette nouvelle version, l’ambiguïté a disparu.

D’abord mobilisé en  1918, son service militaire se


poursuit à Saint-Nicolas-de-Port.

Dans cette phrase, on comprend que le service


militaire est mobilisé en 1918. Nous nous ferons un
devoir de la modifier.

D’abord mobilisé en  1918, il accomplit son service


militaire à Saint-Nicolas-de-Port.
» Pour corriger une anacoluthe, nous pouvons soit
exprimer dans la proposition principale le sujet
sous-entendu dans la première proposition.

Nouvelle anacoluthe :

Guerrier confirmé, aventurier mais fidèle, elle le


savait craint pour sa bravoure.

» Soit insérer un sujet dans la première


proposition.

Alors qu’il était un guerrier confirmé, aventurier mais


fidèle, elle le savait craint pour sa bravoure.

La reine quitta son grand écuyer, qui resta perdu


dans ses pensées. De retour dans ses appartements,
une camériste se précipita vers elle, prévenante.

Deux problèmes se posent dans cette phrase.


L’accord du participe nous laisse entendre que
c’est bien l’écuyer qui reste « perdu dans ses
pensées », mais, en cas de faute d’accord, aucune
indication ne peut nous mettre sur la bonne voie.

Dans la seconde phrase, selon l’analyse


grammaticale, c’est la camériste qui est de retour
dans ses appartements.

La reine quitta son grand écuyer, lequel resta perdu


dans ses pensées. Dès le retour de la reine dans ses
appartements, une camériste se précipita vers elle,
prévenante. Mais on n’échappe pas à la répétition
de la reine.

Ou Une camériste prévenante se précipita vers la


reine quand cette dernière retourna dans ses
appartements.

Ce qui alourdit bien notre phrase, il faut en


convenir. C’est la raison pour laquelle on jugera de
la « gravité » de l’anacoluthe avant d’intervenir.
L’exemple du saxophoniste, tout en étant fautif,
aurait pu être laissé en l’état.
On rencontre de très belles anacoluthes  –
  n’oublions pas que c’est d’abord une figure de
style  –  dans la littérature que l’on se gardera bien
de changer :

« Et pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre » La


Fontaine

C’est une fable sur trois jeunes gens qui provoquent


un vieil homme sur son grand âge, et la morale
donne raison au vieillard qui enterre les
jouvenceaux !

Barbarismes & solécismes
» Commençons par une définition. Le barbarisme
est une faute de langage qui porte sur un mot.
Soit le mot est altéré, soit sa graphie est juste mais
son emploi impropre.

*Ils croivent qu’ils pourront entrer dans la


discothèque.

Pour ils croient.

*Cette espèce de fou ne cessait de nous agoniser


d’injures.

Pour agonir.
*Après son accident, sa boitation n’était pas
surprenante.

On conjugue ici anacoluthe et barbarisme. Le mot


« boitation » n’existe pas, il faut le remplacer par
« claudication » et reconstruire la phrase pour
supprimer l’anacoluthe. Sinon c’est l’accident de la
boitation, et la phrase perd tout son sens !

Sa claudication causée par son accident n’était pas


surprenante.

Ou mieux Après l’accident de Francis, sa claudication


n’était pas surprenante.

Des lois somptueuses pour des lois somptuaires


(relatives aux dépenses).

Des magasins bien achalandés signifient que de


nombreux clients les fréquentent. Il faut corriger
pour des magasins bien approvisionnés.

» Le solécisme est un défaut de construction de la


phrase, une impropriété syntaxique.

J’ai allé…

J’en avais profité pour changer de voiture et


découvert à cette occasion l’avancée technique des
nouveaux bolides.
Il est possible de faire l’ellipse du sujet et de
l’auxiliaire dans la seconde proposition, mais
uniquement si la construction sous-entendue est
identique.

J’avais suivi une formation et appris le maniement de


ces logiciels. (« Et j’avais appris le maniement de
ces logiciels. »)

L’exemple précédent présente donc un solécisme.


La phrase corrigée :

… et j’avais découvert à cette occasion…

Nous ne pouvons pas refuser une aussi gracieuse


invitation.

Nouveau cas de solécisme ! « Aussi » doit être


remplacé par « si ».

Nous ne pouvons pas refuser une si gracieuse


invitation.

« Si » exprime l’intensité, « aussi » la comparaison.

Elle est aussi belle que spirituelle.


ATTENTION

Dans l’expression de la comparaison, « aussi » est supplanté


par « si » aux formes interrogative et négative.

Il n’est pas si doué que ses prédécesseurs.

Avec le subjonctif, le « si » est de rigueur.

Si rusé soit-il…

Je n’ai goûté ni à ce buffet ni bu la moindre coupe de


champagne. (Solécisme)

Les deux éléments doivent être de même nature.


On peut dire :

Je n’ai ni goûté à ce buffet ni bu la moindre coupe de


champagne.

Pléonasmes
» Enfin le pléonasme qualifie la répétition d’un mot
ou d’une expression.

« Monter en haut », « marcher à pied », « comme par


exemple », « au jour d’aujourd’hui », « dune de
sable », « prévoir d’avance », « puis ensuite »,
« reculer en arrière », « se réunir ensemble »…
Après la secousse sismique, ils restèrent tétanisés au
fond de leur chambre d’hôtel.

Le nom « secousse » contient déjà le concept de


tremblement de terre, l’association est donc
pléonastique. On peut réécrire Après le séisme…
D’autres pléonasmes à éviter :

Une rafale de vent

Par étapes successives

La destinée fatale

Mais on peut dire une « rafale de neige » ou « de


pluie ».

On n’emploie pas « où » et « y » dans la même


proposition.

*La province où j’y ai mes amis. À remplacer par La


province où j’ai mes amis.

» On ne peut faire l’impasse sur le janotisme,


construction des plus ambiguës… qui tourne au
ridicule !

C’est le chat de mon voisin qui a été empoisonné.

Qui est coupable ?

» Ni sur l’amphibologie qui offre un double sens


dans sa construction.
Il peint des filles jeunes.

Les filles jeunes sont-elles le sujet de ses


tableaux ?

Ou bien ne prend-il que des modèles de filles


jeunes ?

Son responsable l’a admonesté le jour de sa rupture.

S’agit-il de la rupture de notre homme ou de son


responsable ?

Il croit sa femme coupable.

Il croit sa femme malgré sa culpabilité, ou il pense


que sa femme est coupable.
Chapitre 42
Une ponctuation au point !
DANS CE CHAPITRE :

» Compter les points

» Ne plus savoir où se mettre devant une citation

» Virgule, le signe qui fait couler beaucoup d’encre

» Entre parenthèses ou entre tirets ?

L langage qui aide à décrypter notre langue. Elle se


a ponctuation n’est ni plus ni moins qu’un

développe essentiellement au XVe siècle, à partir de


l’invention de l’imprimerie. La lecture de textes
classiques sert de référence pour constater
l’évolution de la ponctuation au cours des siècles.
L’usage classique de la virgule, par exemple,
n’observait pas du tout les règles auxquelles nous
nous plions aujourd’hui. C’est cette pratique
actuelle que nous allons détailler dans ce chapitre.

Compter les points


» Le point d’interrogation est en principe destiné
à poser une question. On l’utilisera presque
systématiquement lors d’une interrogation directe
(sauf si l’auteur veut jouer avec les signes).

As-tu pris tes clés ce matin ?

Il n’apparaît pas dans l’interrogative indirecte.

Je me demande s’il a fermé les volets avant de sortir.

Si plusieurs interrogatives portant sur le même


sujet s’enchaînent, on pourra soit les faire suivre
d’une virgule et mettre le signe tout à la fin, soit
considérer chaque partie autonome et les
ponctuer toutes d’un point d’interrogation. L’usage
place souvent des capitales dans ce cas.

De quelle fable ce récit s’inspire-t-il ? Quelle est la


morale de l’histoire ? Quel message peut-on
transposer à notre réalité quotidienne ?

De quelle fable ce récit s’inspire-t-il, quelle est la


morale de l’histoire, quel message peut-on transposer
à notre réalité quotidienne ?

Dans la seconde version, le narrateur donne des


axes de réflexion différents sur un même sujet et
attend un seul et même développement orienté
en fonction de ces trois axes. Dans la première, il
est possible de détacher les trois réponses, de les
traiter de façon distincte. C’est donc une question
d’intention de la part de l’auteur.

La capitale n’est obligatoire derrière un point


d’interrogation que si elle signale une nouvelle
phrase. Si ce qui suit le signe peut être considéré
comme une suite, comme une précision de la
pensée ou comme la réponse à la question,
réponse formulée par le même locuteur (dans le
cadre d’un monologue, par exemple), le caractère
peut rester en minuscule.

Que se passe-t-il ? je ne comprends pas ce qui justifie


ce va-et-vient.

Que suis-je devenu ? je ne suis plus le même depuis


son départ de la maison. (Monologue)

Comment vous portez-vous ? votre jambe vous fait


moins souffrir ? (Dialogue)

EXCEPTION – BD

À l’exception de la BD, on évitera d’enchaîner


les ????
» Le point d’exclamation est réservé aux phrases
exclamatives, censées exprimer un sentiment fort
(colère, surprise, joie…) et injonctives (qui donnent
un ordre, un conseil ou signalent un interdit).

Quelle belle maison vous avez !

Soyez prudent !

Il est normalement d’usage de placer le point


d’exclamation derrière une interjection.

Hélas ! il pleut.

• L’assouplissement des règles classiques


nous conduit progressivement vers une
adaptation où le point d’exclamation – s’il ne
disparaît pas complètement – est rejeté en
ponctuation finale, tandis que l’interjection
est marquée d’une virgule. Cette procédure
n’est possible qu’avec une phrase courte.
Dans sa version traditionnelle, l’hésitation à
passer le mot suivant en capitale contribue
à cette évolution.

Hélas, il pleut !

• Derrière l’interjection « ô » (servant à


interpeller) suivi d’un nom, ou d’un adjectif
et d’un nom, on rencontre le point
d’exclamation.

Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !


DIFFICULTÉS – DES SIMILITUDES

Les similitudes des points d’interrogation et


d’exclamation

Que viens-tu faire ici ? demanda-t-elle.

Je refuse de te prêter ma voiture ! a-t-il répondu.


» On remarque dans le premier exemple que
l’incise «  demanda-t-elle  » n’a pas de
majuscule, on ne mettra jamais de capitale
aux incises, que ce soit derrière un point
d’interrogation ou un point d’exclamation !

» Le point d’interrogation doit se placer


immédiatement derrière la question et donc
devant l’incise et non à la fin de cette
dernière.

» Idem pour le point d’exclamation qui ponctue


la remarque ou l’injonction… et non l’incise.

» Pas de virgule derrière un  ? ni derrière un  !


même si les deux signes sont suivis d’un
guillemet fermant. Mais rien ne nous interdit
de privilégier la virgule derrière une citation
au détriment du point d’interrogation ou
d’exclamation de la citation.

« Bon, je suis partant pour cette compétition  »,


déclara-t-il.

» Ces deux signes ainsi que le point final


constituent ce qu’on appelle la ponctuation
forte, ils signalent en cela la fin d’une phrase.

» Le point est attribué aux phrases déclaratives


(qui racontent un événement, transmettent une
information), ainsi qu’aux phrases impératives, qui
se ponctuent soit d’un point d’exclamation, soit
d’un simple point final selon l’intensité de la parole
exprimée.

• C’est le seul signe absolument proscrit dans


les titres !

• Il marque les abréviations et prend alors le


nom de point abréviatif :

M. pour Monsieur

Etc. pour et cetera ou et cætera

p. pour page
Si la dernière lettre du mot apparaît en
exposant, nul n’est besoin du point
abréviatif.

Mlle pour Mademoiselle

Mme pour Madame

Il se confond avec le point abréviatif si celui-


ci se place en fin de phrase.

» Les points de suspension expriment l’hésitation,


l’inachèvement de l’expression de la pensée, qui
est laissée à la libre interprétation du lecteur. Ils
sont alors souvent suivis des points
d’interrogation ou d’exclamation.

Il est le seul signe habilité derrière le point


d’exclamation ou le point d’interrogation, qui invite
ici à la réflexion.

Ce n’est pas croyable !...

On pourrait imaginer une suite :

Ce n’est pas croyable !... cet immense jardin à la


végétation luxuriante, caché derrière cette toute
petite maison.

» Le point-virgule est à mi-chemin entre la virgule


et le point et est toujours suivi d’une minuscule. Il
lie deux phrases grammaticalement
indépendantes l’une de l’autre mais unies par le
sens.

C’était un personnage grossier, hautain, dédaigneux ;


nous ne pouvions l’accepter dans le cercle familial.

Il ponctue aussi une énumération à double niveau.

La fiche d’inscription porte les indications suivantes :


civilité, nom, prénoms ; numéro de rue, rue, code
postal, commune, téléphone ; situation de famille,
nombre d’enfants…

» Le deux-points annonce une citation, une


énumération, une analyse, une explication, une
cause, une conséquence, une synthèse. On ne
peut le placer deux fois dans une même phrase. Il
est suivi d’une minuscule.

Je me suis procuré des outils de jardinage : une pelle,


un râteau, une bêche…

Ne plus savoir où se mettre


devant une citation
Une citation se doit d’être circonscrite par les
guillemets. On se demande souvent où placer la
ponctuation finale d’une citation.
Plusieurs solutions se présentent en fonction de la
structure de la phrase !
» La citation est introduite par un deux-points, le
guillemet ouvrant, conjugué au deux-points
précédant, exige la capitale au premier mot de la
citation. La majuscule initiale indique que la
phrase débute et sous-entend qu’elle va s’achever.
La ponctuation finale doit donc être à l’intérieur
du guillemet, et aucune autre ponctuation
extérieure n’est permise ! Même si la première
proposition est purement déclarative, la
ponctuation de la citation quelle qu’elle soit (ici un
point d’interrogation) conclut également la
première partie de la phrase.

Éric insiste, il vient de me dire : « Le grand air vous


ferait le plus grand bien ; quand vous déciderez-vous
à passer un week-end dans notre maison de
Normandie ? »

Pourquoi ne pas suivre le conseil du médecin : « Le


repos, je ne peux que vous prescrire un long repos
pour soigner cette affection ! »

Le point d’interrogation sous-jacent ne trouvera


pas sa place, il est en quelque sorte absorbé par le
point d’exclamation final, sans aucun souci
sémantique.

» La citation est signalée par les guillemets, mais


pas de deux-points introductif. On considère que
la citation est tronquée, elle doit commencer par
une minuscule, et si la phrase ne se poursuit pas
derrière le guillemet fermant, la ponctuation se
placera après celui-ci.

Il se pique d’être un artiste et se prétend « le meilleur


sculpteur de sa génération ».

Virgule, le signe qui fait couler


beaucoup d’encre
Commençons déjà par oublier quelques principes.
La virgule ne se loge pas forcement là où l’on
marque la pause à l’oral. Pour la raison simple que
la rigueur grammaticale a des exigences
incompatibles avec de simples repères de
respiration.
» Mais il est vrai qu’il existe des virgules de rythme,
qui viennent aérer le texte à la condition de ne pas
empiéter sur le terrain grammatical.
Le doute était survenu dans la maison le jour où des
soi-disant amis lui avaient rendu visite, pour partager
un moment de convivialité, et à l’issue duquel elle
s’aperçut, stupéfaite, de la disparition de l’argenterie.

Ces virgules, facultatives, ont pour vocation de


guider et d’alléger la lecture, et ce,
particulièrement dans des phrases jugées longues.

» La virgule est obligatoire entre des termes de


même nature non reliés par une conjonction de
coordination.

Le jardinier reprit sa pelle, creusa de plus belle,


souffla un moment, recommença sans se lasser.

Les groupes verbaux doivent être détachés les uns


des autres par une virgule, on pourrait aussi
ajouter une virgule de rythme après le dernier
verbe afin de mettre en exergue le dernier
élément de la phrase.

» Ce signe caractéristique d’une pause de moyenne


durée se positionne devant les conjonctions de
coordination autres que « et », « ou » et « ni ». Cela
se vérifie particulièrement avec « mais » et « car ».
N’oublions pas que la virgule, dans ses multiples
attributions, symbolise l’équilibre, sa présence se
justifie donc pleinement dans une phrase
déséquilibrée. Or, le « mais » introduit une
proposition qui relève de l’opposition, ce qu’on
appelle un déséquilibre en termes de grammaire !
Le « car » devrait être également toujours précédé
de ce signe. Plus de réticence s’impose quant au
« donc ». On ne le fera pas précéder d’une virgule
s’il commence une phrase ou s’il suit
immédiatement un verbe (voir le « donc » en gras
du paragraphe). Ce sera donc le sens qui
déterminera la virgule. On appliquera cette même
logique à la conjonction « or », qui n’est soumise à
aucune obligation spécifique de ponctuation (que
ce soit placé avant ou après).

Il était extrêmement dévoué vis-à-vis de sa grand-


mère, mais manifestait une profonde indifférence à
l’égard de ses parents.
DIFFICULTÉ

Mais quoi ?

Si le « mais » oppose deux mots de même nature,


aucune ponctuation ne viendra casser le rythme
percutant de la construction.

Il est riche mais avare.

» C’est dans l’incise que la virgule joue pleinement


son rôle. Attention de ne pas confondre l’incise
dont nous avons déjà parlé précédemment et qui
désigne généralement un verbe déclaratif et son
sujet (« dit-il ») et l’incise – même nom – qui
consiste à encadrer de virgules un groupe
généralement nominal. Cette portion peut être
enlevée de la phrase – à la lecture – sans que cela
nuise à sa compréhension. L’incise ne doit donc
contenir ni sujet, ni verbe, ni complément d’objet
direct. Elles peuvent se succéder.

L’homme, natif de Berlin, âgé d’une cinquantaine


d’années, racontait son arrivée en France.

L’homme racontait son arrivée en France.


La suppression des deux incises n’entrave
aucunement la compréhension de la phrase.

• « Et » une histoire d’équilibre

La conjonction ayant pour rôle de


coordonner, l’emploi de la virgule peut
paraître redondant, sauf quand les deux
propositions créent une construction
dissemblable. C’est le cas avec deux sujets
distincts ou avec deux modes différents.

Les silences de notre conversation me


pesaient, et j’essayais de les traduire.

Venez, et je vous donnerai quelques fleurs.

• « Ni »

On ne sépare pas deux « ni », mais si un


troisième intervient, les trois propositions
peuvent se parer de virgules (ou se séparer
par elles).

Ni Marc, ni Franck, ni Pascal n’avaient pensé


aux alliances des mariés.

Mais Ni Marc ni Franck n’avaient pensé aux


alliances des mariés.

• « Ou »
La virgule semble superfétatoire avec cette
conjonction. Excepté si plusieurs
propositions longues se succèdent.

Devais-je accepter cette situation, ou bien


engager un conflit qui aurait pu s’éterniser
dans le temps, ou tout révéler à la police pour
m’épargner le moindre état d’âme, ou…

Que ce soit « ou » ou une autre conjonction,


la virgule interviendra toujours pour
marquer les différentes propositions d’une
même phrase, particulièrement si elles
s’étirent un peu.

Nous nous sommes familiarisés avec la notion


d’incise. Nous allons donc affiner notre
connaissance.
» Lorsqu’un sujet est suivi d’une relative, il faut
s’assurer que la proposition ne détermine pas le
sujet pour l’encadrer de virgules. On dit alors
qu’elle est « explicative ». On rejoint le concept de
l’incise qui peut être supprimée de la phrase, son
information reste secondaire.

Si la relative détermine le sujet, les virgules


constitueraient une grave faute de compréhension
du texte.
Margaux, qui était toujours joyeuse, décida de
prolonger son séjour parmi nous.

Le fait qu’elle soit toujours joyeuse justifie sa


décision, mais elle ne la conditionne pas. C’est une
explication intéressante, mais presque superflue.

Les pommes qui étaient exposées au soleil


semblaient plus mûres.

Ce ne sont pas toutes les pommes qui semblaient


plus mûres, mais seulement celles qui étaient
exposées au soleil.

Son fils Paul signifie qu’il a plusieurs fils, il est ici


question de Paul.

Son fils, Paul désigne le fils unique, le prénom est


apposé et donné en explication complémentaire.

» La virgule s’impose devant un pronom relatif qui


se rapporte à un antécédent placé plus en avant
dans la phrase.

La jupe à carreaux bleus d’Agathe, qui est signée d’un


grand couturier, est décousue.

Mais La jupe qui est signée d’un grand couturier est


décousue.
» Elle se substitue au verbe quand on en fait
l’ellipse.

Elle avait vingt ans ; lui, vingt-cinq.

» La virgule peut ponctuer le complément d’objet


indirect placé en tête de phrase…, mais ce n’est
pas une obligation.

À la tombée de la nuit, j’observe les reflets sur l’océan.

Après mon départ elle vendit la propriété.


DIFFICULTÉS – LES VIRGULES
EMBARRASSANTES

» Elle ne doit pas s’intercaler entre un sujet et


un verbe ni entre un verbe et son
complément d’objet direct. En revanche, une
incise escortée de ses deux virgules peut
s’introduire entre ces différents groupes.

Je descends, tous les matins, la rue du Renard.

Cependant deux écoles s’opposent dans le


cas d’une énumération sujet. Pour les uns, le
dernier élément peut être ponctué d’une
virgule au même titre que ses camarades,
celle-ci ne pouvant être considérée comme
une virgule séparative. Selon les autres,
aucune virgule ne doit se glisser entre un
sujet et un verbe quel que soit son contexte…

» Si le sujet et le verbe sont inversés, aucune


virgule ne doit venir troubler davantage
l’ordre (ou plutôt le désordre) de la phrase
après le complément qui précède le verbe.
Mais une incise peut s’insérer derrière le
verbe.

Sur la corde pendait, lourdement, le linge.


» Sur le modèle de phrases simples
(complément + nom + verbe)

À Toulouse, les habitants ont aménagé les bords


de la Garonne.

On lit quelquefois

Alors qu’à Toulouse, les habitants ont aménagé


les bords de la Garonne…

Et l’on est tombé dans le piège. La


construction suppose :

Alors que les habitants… et non Alors que, les


habitants…

Une alternative s’offre à nous. Glisser entre


les deux éléments une information entre
virgules : Alors que, à Toulouse, les habitants… à
condition de supprimer l’élision. Ou
supprimer toute virgule.

Alors qu’à Toulouse les habitants ont aménagé


les bords de la Garonne…

Entre parenthèses ou entre


tirets ?
» Les tirets seront préférés aux parenthèses si l’on
veut une mise en valeur de notre syntagme. Les
parenthèses créent également une rupture plus
marquée avec le reste de la phrase. Lorsqu’on
place en incise de tirets un groupe de mots, le tiret
fermant disparaît au profit de la ponctuation
finale. On se sert des mêmes tirets dans le cadre
du dialogue ou de l’énumération.

Gladys se préparait pour son cours de danse –


 comme tous les mercredis matin !
Chapitre 43
Les prescriptions verbales
DANS CE CHAPITRE :

» Une histoire de transitivité, de quoi ?

U ne terminologie assez complexe identifie les


différents types de verbes. Tel le jargon médical,
tous ces noms ne nous disent rien qui vaille  :
verbes transitifs directs, indirects, intransitifs. Avec
quelques explications, nous pouvons démythifier ce
langage pour enfin comprendre et respecter les
prescriptions… verbales.

Une histoire de transitivité, de


quoi ?
» On appelle « transitifs directs » les verbes qui ont
un complément d’objet direct, donc le
complément s’enchaîne directement sur le verbe.

J’aime le poisson frais. C’est meilleur !


J’apprends le chinois.

J’aperçois mon voisin.

J’aime quoi ? le poisson frais.

J’aperçois qui ? mon voisin.

» Les « transitifs indirects » concernent les verbes


dotés d’un complément d’objet indirect. Cette
catégorie regroupe tous les verbes qui sont
indissociables d’une préposition : « accéder à »,
« attenter à », « contribuer à », « douter de », « nuire
à », « obéir à », « profiter de », « relever de »,
« succéder à »…

Le fils succède à son père à la propriété viticole, ce


qui fait la fierté de ce dernier.

Il use de son pouvoir pour faire admettre sa fille dans


la célèbre institution.

La sociologie relève des sciences humaines.

« À son père », « de son pouvoir », « des sciences


humaines » constituent les compléments indirects
parce qu’ils sont introduits par une préposition.
Cela nous intéressera particulièrement avec le
participe passé.
Comment savoir si le mot qui suit votre verbe est
bien une préposition ? Placez « qui » ou « quoi »
derrière pour formuler une question.

Elle parle à son responsable. À qui ? la réponse sera


évidemment le complément qui suit. C’est donc
bien une préposition.

Elle fait ses courses chez le maraîcher. Chez qui ?


chez le maraîcher. Ces réponses constituent des
compléments d’objet indirects.

Un repère mnémotechnique peut faciliter notre


démarche.

Adam part pour Anvers avec Sansous. Traduire : à,


dans, par, pour, en, vers, avec, sans, sous, les plus
courantes des prépositions.

» Enfin les « intransitifs » pointent les verbes sans


complément : « aller », « bâiller », « bouillir »,
« croître », « dormir », « durer », « partir », « venir »…

Il dort.

Pas de complément.

Des ponts existent entre ces groupes, et il est


courant de voir un transitif changer d’appellation
selon son emploi.
Il n’obéit plus depuis quelque temps.

Ce transitif indirect (« obéir à ») devient


momentanément intransitif.
DIFFICULTÉS – DÉTOURNEMENT

Les directs
» « Pallier » est souvent traité à tort comme un
verbe transitif indirect alors qu’il ne doit pas
être accompagné de la préposition « à ». Deux
acceptions différentes se distinguent. On
utilise en principe le verbe dans le sens de
«  remédier à  » mais à titre provisoire. Cet
emploi est en réalité fautif, mais l’usage a pris
le pas sur la sémantique, et c’est dans ce sens
qu’on le rencontre le plus souvent.

Alison prend des cours pour pallier ses lacunes


en mathémathiques.

À l’origine, il avait pour signification


«  dissimuler  », «  atténuer  » que l’on retrouve
dans l’adjectif ou le substantif «  palliatif  » en
médecine.

C’est en vain qu’il aura pallié ses erreurs.

» « Se rappeler » n’est que transitif direct. Ne le


confondez surtout pas avec « se souvenir de ».
Je me rappelle les promenades de mon enfance
dans cette campagne encore sauvage.

Ils se souviennent de leurs années de collège.

» «  Vilipender  » (traiter avec beaucoup de


mépris) se construit directement.

La star a vilipendé les journalistes qui avaient


publié un article mensonger.

« Vitupérer » (blâmer) subit le même sort.

Il me fatigue à vitupérer les chauffeurs de taxi,


les cyclistes, les automobilistes…

Les indirects
» Éviter de « déblatérer sur » quelqu’un !

En revanche, on peut tout à fait «  déblatérer


contre » qui on veut !

Il s’emploie quelquefois absolument.

Tu n’en as pas assez de déblatérer.

» «  Invectiver  », confrère de «  déblatérer  »,


s’aligne aussi sur sa construction en adoptant
la même préposition «  contre ». Il est plus ou
moins admis en version « transitif direct ».
Elle invective systématiquement contre les
représentants du gouvernement, quelle que soit
la majorité.

Pourquoi invectiver les manifestants ?

La double casquette
» « Postuler » a la double casquette. Il peut être
employé avec («  à  », «  pour  ») ou sans
préposition.

Elle postulait un emploi d’expert-comptable.

Il a postulé pour la place de directeur d’école.

» «  Suppléer  » une personne. Le verbe se


construit sans préposition dans le sens d’un
remplacement temporaire.

«  Suppléer  » une chose relève du registre


littéraire. Il signifie alors «  compléter  »,
« combler  », «  ajouter  » ce qui manque, voire
«  remplacer  » quelque chose d’obsolète,
d’inadapté.

Le professeur a suppléé l’exposé de l’élève par


quelques définitions techniques.

«  Suppléer à  » quelque chose signifie


«  remédier au manque  ». On ne doit pas
l’employer avec une personne.

Sa bonne volonté supplée à son incompétence.

Les intransitifs
» «  Débuter  » est normalement un verbe
intransitif. On ne débute pas sa carrière, on la
commence, mais on peut débuter dans la vie
par le théâtre...

Les vendanges débuteront la semaine prochaine.

» «  Démarrer  », sur le même modèle, se veut


un verbe intransitif, à l’exception du langage
maritime, où l’on démarre un bateau (ce qui
symbolise non pas le démarrage au moteur,
mais le largage des amarres).

Les soldes démarrent demain.

» La locution «  à ce que  » accompagne de


nombreux verbes «  condescendre  »,
«  s’employer  », «  s’exposer  », «  s’habituer  »,
« s’opposer », « se refuser », « tenir », « veiller  »,
« voir »…

Il faut veiller à ce que les lumières soient éteintes


avant de sortir.
Quatre verbes sont souvent assimilés aux
précédents alors qu’ils doivent se construire
uniquement avec « que » :

«  aimer  », «  s’attendre  », «  consentir  » et


« demander ».

Elle aime qu’on la dorlote.

Nous ne nous attendions pas qu’il quitte le


groupe si rapidement.

Consentez-vous qu’elle s’absente une journée ?

Ils demandent que le décret soit abrogé.

De même, il faut écrire «  de manière que  »,


« de façon que ».

Nous rentrerons suffisamment tôt de façon


qu’elle n’arrive pas en retard à son cours.
Chapitre 44
Les verbes « yéyé »
DANS CE CHAPITRE :

» Les verbes en « ayer », « eyer », « oyer », « uyer »

» Un futur incertain

» Ce qui est impératif

» L’après que

» Pas de « pas »

C elumière
chapitre n’a pas la prétention de faire toute la
sur la conjugaison, ces quelques pages
n’y suffiront pas, mais il nous éclaire toutefois sur
quelques aspects obscurs du sujet.

Les verbes en « ayer », « eyer »,


« oyer », « uyer »
» Les verbes en « ayer » se déclinent selon deux
options.
• Ils conservent le « y » à tous les temps de la
conjugaison :

Il essaye, vous payâtes, nous payerons, que tu


effrayes…

• Ils troquent le « y » contre un « i » mais


uniquement devant un « e » muet
(terminaison en « e », « es », « ent » ainsi que
le « e » du futur) :

Elle délaie, ils balaient, il s’enraiera, ils


relaieront…

Cette disposition concerne les quatre présents


(indicatif, conditionnel, subjonctif et impératif)
ainsi que le futur. Les deux graphies sont admises.

» Les verbes en « eyer »

Ils conservent leur « y » à tous les temps de la


conjugaison. Ces verbes (« barbeyer », « faseyer »,
« capeyer », « grasseyer ») sont d’un usage assez
rare, un certain nombre relève du vocabulaire de
la voile.

La voile faseye.

» Les verbes en « oyer » et « uyer » changent


obligatoirement le « y » en « i » devant un « e »
muet. Cela s’applique aux mêmes temps que pour
les verbes en « ayer ».

Il broie, tu emploies, nous broyons, vous employez…

Tu appuieras, nous appuierons, il s’ennuierait, qu’il


ploie, que nous ployions.

EXCEPTION – BIEN ENVOYÉ !

«  Envoyer  » et «  renvoyer  » ne suivent pas la


conjugaison classique de leur famille au futur et au
conditionnel.

Il enverra, vous enverrez, tu enverrais, nous


enverrions…

ATTENTION

N’omettez pas le «  i  » derrière le «  y  » aux deux premières


personnes du pluriel à l’imparfait de l’indicatif et au présent
du subjonctif.

Nous grasseyions, vous essayiez, que nous employions, que vous


appuyiez…
ATTENTION

Les verbes en «  guer  » conservent le «  u  » à toute la


conjugaison, même s’il semble superflu devant les voyelles
« a » et « o ».

Nous conjuguons, elle navigua, ils promulguent, nous irriguions,


tu prodiguais, déléguant…

Les verbes en « ier » (« apprécier », « scier ») redoublent le « i »


avec «  nous  » et «  vous  » à l’imparfait de l’indicatif et au
présent du subjonctif.

Nous appréciions, vous sciiez, que nous étudiions, que vous


criiez.

Un futur incertain
Nous venons de voir l’irrégularité des verbes
«  envoyer  » et «  renvoyer  » au futur et au
conditionnel. Nous connaissons la particularité du
verbe «  aller  » qui change de radical aux mêmes
temps. D’autres verbes se caractérisent par un futur
pas tout à fait calqué sur leur radical.
» « Cueillir », « accueillir » et « recueillir » qui
présentent déjà des similitudes avec les verbes du
premier groupe à certains temps (« je cueille », « ils
cueillaient », « que j’accueille », « que nous
accueillions ») alignent au futur leur conjugaison
sur celle de ces mêmes verbes.

Je cueillerai, tu cueilleras, il cueillera, nous


cueillerons, vous cueillerez, ils cueilleront.

» Au troisième groupe, on constate de nombreuses


variantes au futur, le redoublement du « r », le
changement du radical…

J’acquerrai, vous requerrez, vous courrez, ils


mourront…

Je viendrai, nous tiendrons…

Ce qui est impératif


L’impératif se conjugue sur trois personnes  : la
deuxième du singulier et les première et deuxième
du pluriel.
» La particularité de l’impératif réside dans la
terminaison de la deuxième personne du
singulier, qui est dispensée du « s » pour les
verbes du premier groupe et pour quelques-uns
du troisième (ceux qui ont une finale en « e ») dont
« cueillir » et ses dérivés.
Cueille, cueillons, cueillez, couvre, ouvre, découvre,
souffre, assaille, sache et va…

» Ces verbes prennent toutefois un « s » pour


permettre la liaison quand ils sont suivis des
pronoms personnels « en » ou « y ». On les relie
alors par un trait d’union. Ces pronoms doivent
être compléments du verbe et non suivis d’un
infinitif.

Cueilles-en, ramasses-en, vas-y, allons-y

mais Allons y goûter. « Y » est ici complément de


« goûter ».

L’après que
La locution « après que » exige un temps autre que
le subjonctif qui incarne l’hypothèse. Elle peut donc
être suivie d’un temps de l’indicatif ou du
conditionnel. Le sens même de l’expression
suppose que l’action a bel et bien eu lieu. En
revanche, «  avant que  » suppose une action à
venir, qui peut se produire ou non, et qui justifie
l’emploi du subjonctif.

C’est par analogie avec «  avant que  » que l’on


observe souvent l’usage totalement fautif du
subjonctif derrière « après que ».

Appelle-le avant qu’il ne soit trop tard…

Après qu’il eut dégusté sa mousse au chocolat, il se leva


pour faire quelques pas.

Pas de « pas »
Certains verbes permettent l’ellipse du «  pas  »
dans les constructions, mais rien n’interdit de
l’ajouter si la construction vous semble ambiguë  :
« cesser », « oser », « pouvoir » et « savoir ».

Elle ne cesse d’y penser.


Chapitre 45
Accordez vos violons
DANS CE CHAPITRE :

» Revoir ses bases

» Un participe passé « à tiroirs »

» « Être ou ne pas être », la devise des pronominaux

R des souvenirs de cauchemar. Et pour beaucoup


ien que le nom « participe passé » éveille en nous

d’entre nous, l’angoisse ne s’est toujours pas


dissipée aujourd’hui. La complexité du participe
passé ne réside pas dans ses règles, qui s’avèrent
être à la portée de tous, mais dans le nombre. C’est
devant l’avalanche de celles-ci que nous prenons la
fuite. Alors armons-nous de courage pour escalader
cette montagne. Le sommet est au bout de ces
pages…

Revoir ses bases


» Rappelons le principe de base : le participe passé
des verbes conjugués avec avoir s’accorde avec
son COD (complément d’objet direct) si celui-ci est
placé devant. Accord en genre et en nombre.

Les fleurs que j’ai cueillies.

Les papillons que j’ai attrapés.

Les amis que j’ai aperçus hier.

Si le COD est placé après, le participe reste


invariable.

Nous avons traversé la région de mon enfance.

Comment repérer le COD ? C’est la réponse à la


question « qui » ou « quoi », précédée du participe
passé. Nous avons traversé quoi ? « La région de
mon enfance » est COD. J’ai aperçu qui ? Le groupe
« Les amis » constitue le COD.

» En l’absence d’auxiliaire, plusieurs cas de figure se


présentent :

• le participe est en tête de phrase – il joue


alors le rôle d’un adverbe ou d’une
préposition – ou précède immédiatement le
nom auquel il se rapporte, son invariabilité
est de rigueur.
Passé vingt heures, vu la situation…

Vous trouverez ci-joint documents…

• Il s’accorde s’il est placé après le substantif


ou dans le corps d’une phrase avant un
nom précédé lui-même d’un article, d’un
adjectif possessif ou numéral :

Les copies ci-jointes.

Veuillez trouver ci-jointes deux copies des


contrats…

Les enfants exceptés.

• Lorsque le participe est suivi d’une


préposition, même s’il est en tête de phrase,
il s’accordera au même titre qu’un adjectif.

Vues d’avion, les voitures sont minuscules.

Le syntagme nominal est antéposé (placé devant)


par effet de style, son accord s’impose comme s’il
était placé derrière le sujet.

Les voitures vues d’avion sont minuscules.

Un participe passé « à tiroirs »


Le participe passé (p.p.) regorge de règles qui n’ont
pas forcément de lien entre elles et qui ne sont pas
transposables d’une phrase à une autre !
» Avec « en »

Il a acheté des oranges, j’en ai pressé.

Le pronom « en » mis pour « des oranges » a une


valeur de COD. Contre toute attente, le participe
ne s’accorde pas. Enfin, pour tenir un discours plus
juste, il faut apporter quelques précisions. On a vu
que, avec l’auxiliaire avoir, si le COD était devant le
participe, ce dernier s’accordait. Ici, c’est en réalité
la même logique, mais il s’accorde avec le pronom
« en », qui n’ayant ni genre ni nombre est
considéré comme neutre ! Au final, le participe ne
change pas !

Pour repérer la bonne fonction du pronom « en »


dans la phrase, il suffit de le supprimer. Quand il
est COD, il est impossible de l’ôter de la phrase à
moins qu’elle ne perde tout son sens. On ne peut
dire : Il a acheté des oranges, j’ai pressé !

En revanche dans l’exemple suivant, la


suppression du pronom ne nuit aucunement à la
structure syntaxique, le « en » n’est donc pas COD,
nous pouvons accorder le participe avec le bon
COD (« leçon ») s’il est placé devant. « En » renvoie
ici à toute la proposition précédente.

J’ai perdu mon argent au poker, et voici la leçon que


j’en ai reçue.

» p.p. suivi immédiatement d’un infinitif

• Soit le COD fait l’action de l’infinitif, et le


participe s’accorde.

Les actrices que j’ai vues jouer.

J’ai vu qui ? « Les actrices », le COD, font bien


l’action de jouer, donc « vues » s’accorde
avec « Les actrices ».

• Soit le COD ne fait pas l’action de l’infinitif


et l’accord n’est plus de mise.

Les pièces que j’ai vu interpréter.

Dans le premier cas, on pourrait intercaler « en


train de » entre le participe et l’infinitif.

Les actrices que j’ai vues « en train de » jouer.

Dans le second, on pourrait glisser « se faire ».

Les pièces que j’ai vu « se faire » interpréter.

» p.p. suivi d’une préposition « à » ou « de » et d’un


infinitif
Il suffit de choisir le bon COD et d’appliquer la
règle de base.

Les costumes que j’ai donnés à nettoyer.

Accord avec le COD « costumes » parce j’ai donné


quoi ? « Les costumes ».

Les analyses que les chercheurs ont eu à commenter.

Le COD est « à commenter ». Ils ont eu quoi ? « À


commenter ». Le COD est placé derrière, pas
d’accord.

DIFFICULTÉS – LES FIXES

» Le participe passé «  fait  » immédiatement


suivi d’un infinitif ne s’accorde jamais.

Les robes que Clara s’est fait confectionner.

Elle s’est fait embaucher.

» Le participe des verbes impersonnels reste


invariable.

» Les tempêtes qu’il y a eu.

» Avec « le »
• « Le » est neutre et n’a pour rôle que
d’éviter la répétition de la première
proposition, on opte pour l’invariabilité.

L’affaire est plus grave que nous ne l’avions


pensé d’abord.

Sans « le », la phrase serait

L’affaire est plus grave que nous n’avions


pensé qu’elle était grave.

• « Le » désigne un nom déterminé, on


choisit l’accord.

La maison, je l’avais imaginée plus grande.

Quand on passe le sujet au pluriel (avec un sujet


singulier), si l’on peut remplacer « le » ou « l’ » par
« les », c’est que le pronom n’est pas neutre,
l’accord est donc de règle.

Les maisons, je « les » avais imaginées plus grandes.

» Avec un collectif

L’accord strict de la règle est fonction du


déterminant.

La multitude des étudiants qu’il avait formée.

Mais Une masse d’informations que j’ai engrangées


(ou engrangée).
» Les agents doubles

Une série de verbes « courir », « coûter », « valoir »,


« vivre », « mesurer », « peser »… peuvent prendre
deux sens différents, qui renvoient à deux accords
possibles.

• Au sens propre, ces verbes n’ont pas de


COD.

Les trois heures que nous avons couru.

Les quatre-vingts kilos qu’il a pesé.

La question sera cette fois « nous avons


couru combien de temps ? » et non plus
« quoi », la réponse devient complément
d’objet indirect (COI), d’où l’invariabilité.

• Au sens figuré, ces verbes deviennent


transitifs directs.

Les dix kilos de cerises qu’il a pesés.

Il a pesé quoi ? Le complément est COD,


d’où l’accord.

« Être ou ne pas être », la devise


des pronominaux
Les pronominaux se regroupent en trois
catégories  : les essentiellement pronominaux, les
accidentellement pronominaux et les non-réfléchis.
Le plus difficile est de ne pas se tromper de case !
» Les essentiellement pronominaux, comme leur
nom l’indique, n’existent qu’à la forme
pronominale :

s’absenter

s’abstenir

s’accouder

s’accroupir

s’acharner

s’acheminer

s’acoquiner

s’adonner

s’en prendre

s’enquérir

s’en retourner

s’en revenir

s’ensuivre
s’en tenir

s’entraider

s’entremettre

se lamenter

se méfier

se méprendre

se moquer

se morfondre

s’obstiner

s’opiniâtrer

se pâmer

s’affairer

s’agenouiller

s’avachir

s’avérer

se blottir

se cabrer

se chamailler

se dédire
se démener

se désister

s’ébattre

s’ébaubir

s’ébrouer

s’écrier

s’écrouler

s’efforcer

s’élancer

s’emparer

s’empresser

s’en aller

s’enfuir

s’en venir

s’envoler

s’éprendre

s’esclaffer

s’escrimer

s’évader
s’évanouir

s’évertuer

s’exclamer

s’extasier

se formaliser

se gargariser

se gausser

se gendarmer

se goberger

s’immiscer

s’ingénier

s’ingérer

s’insurger

s’invétérer

se parjurer

se pommeler

se prélasser

se prosterner

se ratatiner
se raviser

se rebeller

se rebiffer

se récrier

se recroqueviller

se réfugier

se renfrogner

se rengorger

se repentir

se ressouvenir

se soucier

se souvenir

se suicider

se tapir

se targuer

Inutile de rechercher un COD, ils n’en ont pas.

Le participe de ces verbes s’accorde en genre et en


nombre avec le sujet.

Elle s’était évanouie.


Les prisonniers se sont évadés.

EXCEPTION – UN VERBE ARROGANT

Le verbe « s’arroger » fait exception. C’est en effet le


seul de sa catégorie à posséder un complément
d’objet direct, son participe est donc assujetti à son
COD.

Les privilèges qu’ils se sont arrogés.

Mais Ils se sont arrogé des privilèges.

» Les accidentellement pronominaux concernent


les verbes qui peuvent prendre ou non la forme
pronominale. Le principe d’accord est identique à
la règle de base du participe, la difficulté est de
repérer le COD quand il prend la forme d’un
pronom personnel (« me », « te », « se », « nous »,
« vous »).

Si l’on permute l’auxiliaire « être » avec « avoir », il


devient aisé d’analyser la phrase.

Elles se sont disputées.


Elles ont disputé qui ? « se » est mis pour « elles »,
c’est bien un COD, on accorde.

Elle s’était promis de l’inviter.

Elle avait promis de l’inviter à qui ? « À elle », la


réponse commence par une préposition, c’est un
COI, le participe reste invariable.

» Les non-réfléchis

s’apercevoir de

s’attaquer à

s’attendre à

s’aviser de

se battre comme, en

se départir de

se défier de

se taire

se douter de

s’échapper de

s’ennuyer de

se jouer de

se moquer de
se plaindre de

se porter vers

s’en prendre à

se prévaloir de

se railler de

se refuser à

se résoudre à

se saisir de

se servir de

Cette dernière catégorie rassemble les verbes qui


ne sont ni réfléchis ni réciproques. Le pronom
personnel ne peut être perçu comme un COD ici.

Le participe de ces verbes s’accorde avec le sujet.

Elle s’était doutée de sa venue.


Chapitre 46
La concordance détend !
DANS CE CHAPITRE :

» La machine à remonter le temps

» Ici et maintenant

» Retour vers le futur

» Deux pépites

T des
out de suite, les grands mots  ! La concordance
temps coordonne les différents temps
employés dans une phrase selon des critères
préétablis. Le temps de la proposition principale
joue le rôle du roi, il est le maître des temps. C’est
donc en fonction de lui que se déterminent les
valets, les temps des propositions subordonnées.

Passé ce premier cap, il nous reste à nous situer


dans « l’espace-temps ». La conjugaison donne du
sens à la phrase. L’usage de l’imparfait n’est pas
anodin par rapport à un passé simple. Chaque
temps véhicule des informations qui lui sont
propres. Et c’est grâce à ces atouts que nous
pouvons jouer avec la concordance des temps.

La machine à remonter le
temps
On parle d’antériorité quand la proposition
subordonnée porte sur un événement qui s’est
produit avant celui de la principale.

Je sais que tu as eu ton permis de conduire.

Sens : tu as eu ton permis avant que je le sache !

Pour exprimer l’antériorité, le temps de la


subordonnée doit impérativement être au passé.
» Avec un présent dans la principale (notre
exemple), presque tous les temps passés sont
permis (excepté le passé antérieur).

Le passé composé indique un fait qui a commencé


dans le passé et qui est achevé au moment où l’on
parle ou qui perdure encore dans le présent. Du
fait de sa relation au présent, il ne peut pas se
marier avec le passé simple.

Ce dernier que l’on qualifie de temps du récit


s’applique à des événements bien déterminés
dans le temps.
Tandis que l’imparfait introduit la notion de durée
ou d’habitude.

» Si la principale est au passé, nous devons signaler


un cran de plus dans le passé, et il nous faudra
piocher dans les temps composés du passé. Dans
l’idéal un plus-que-parfait avec une principale à
l’imparfait, un passé antérieur avec une principale
au passé simple.

J’ignorais qu’elle avait adopté un enfant.

Les marins rentrèrent au port quand ils eurent


achevé leur pêche.

Mais si la principale est déjà à un temps composé,


notre marge de manœuvre est réduite. Soit nous
alignerons la subordonnée sur la principale, soit
nous « surcomposerons » le temps de la
subordonnée (solution inadaptée à notre langage
actuel).

Il avait appris qu’elle s’était mariée.

Il avait appris qu’elle avait eu eu un enfant. (Temps


surcomposé)

» Avec un futur dans la principale, c’est dans un


temps passé de l’indicatif que nous trouverons là
encore notre bonheur.
Tu n’auras qu’à dire qu’il était venu te voir.

DIFFICULTÉ – FÛT-CE MÊME LE SUBJONCTIF


1!

Il existe également des verbes qui exigent le


subjonctif, nous choisirons donc le passé du
subjonctif pour exprimer l’antériorité (peu importe
le temps de la principale).

Je doutais qu’ils aient obtenu gain de cause.

Ici et maintenant
» L’idée de simultanéité est la plus simple à
transmettre, il suffit de calquer le temps de la
proposition principale au présent comme au
passé pour l’adapter à la subordonnée.

Je devine que tu nous quittes.

Je déballai le cadeau qu’il me tendit.

Les connotations propres à chaque temps dont


nous avons déjà parlé peuvent bouleverser un
peu l’équilibre énoncé :
Tu arrivas juste quand nous commencions de
manger.

» Avec un futur dans la principale, la subordonnée


se plie au présent.

Quand tu iras consulter le tableau des résultats, tu


sauras que tu passes en cinquième.

DIFFICULTÉ – FÛT-CE MÊME LE SUBJONCTIF


2!

Avec la simultanéité, les verbes qui appellent le


subjonctif choisiront le présent quel que soit le
temps de la principale.

J’exigerai qu’il soit bienveillant envers toi.

Retour vers le futur


» Quand la subordonnée exprime une action
postérieure à celle de la principale, nous aurons
recours au futur que la principale soit au présent
ou au futur.

Tu penses qu’il rentrera tard ?


À l’annonce de sa nomination, il saura qu’il devra
gérer une trentaine de personnes.

» Au passé, la situation est un peu différente. Le


temps qui exprime le mieux le futur du passé n’est
autre que le conditionnel (présent ou passé).

Je croyais qu’il serait parti plus tôt.

DIFFICULTÉ – FÛT-CE MÊME LE SUBJONCTIF


3!

Au subjonctif, c’est le présent qui fera office de


futur quel que soit le temps de notre principale.

Tu n’aimeras pas qu’il fasse plus âgé que son âge.

Deux pépites
» « Après que » doit être suivi d’un temps marquant
l’antériorité (indicatif ou conditionnel), donc plutôt
un temps composé qui s’harmonise avec celui de
la principale.

Après que nous eûmes chanté, nous allâmes dîner.

D’abord on chante, ensuite on dîne.


Les temps composés évoquent l’achèvement d’une
action.

» « Avant que » introduit un verbe signalant la


postériorité (subjonctif).

Avant que je ne descende à Toulouse, je dus régler


quelque affaire.

D’abord je règle quelque affaire, puis je me rends


à Toulouse.
Sommaire

Couverture

Les Clés de la langue française tout-en-un pour


les Nuls

Copyright

Introduction

À propos de ce livre

Comment ce livre est organisé

Les icônes utilisées dans ce livre

PARTIE 1. L’ORTHOGRAPHE. par Marianne


Gobeaux et Françoise Ravez

Chapitre 1. Se réconcilier avec les accents

Les accents sur le E

Les accents sur A - O - U - I

Un accent pour distinguer des mots de nature différente et de sens


différent : les homophones

Pour finir, le tréma


Chapitre 2. Employer la/les bonnes consonnes pour
transcrire un son

Psitt… voici comment écrire le son « SS » !

Le Z fait le BUZZ ! Comment écrire le son « Z » ?

Si vous rencontrez le son « K », que choisir : C, QU, CQU, K, CK ou


CH ?

Évitez les accidents sur le son « KS » !

Différenciez bien le son « G » du son « J »

Ne nous affolons pas face au son « F » !

Chapitre 3. Quand faut-il mettre deux consonnes


alors que la prononciation ne l’exige pas ?

En début de mot

Au cœur du mot

À la fin du mot

Chapitre 4. Ne pas hésiter à propos des lettres


muettes

Il ne se prononce pas, mais est indispensable, le H !

Écoutez les autres consonnes muettes !

Très discret, le E muet peut passer inaperçu : ne l’oubliez pas !

Chapitre 5. Employer la/les bonne(s) voyelle(s) pour


transcrire un son

Comment écrire le son « O » ?


Pour le son « I », il faut mettre les points… sur quel I ?

Comment écrire le son « ILLE » ?

EUH… Comment écrire le son « E » ?

Comment choisir entre AI et EI ?

Chapitre 6. Bien marier les voyelles et les consonnes

Choisir entre ON et OM

Comment écrire le son « EN » ?

Bien écrire le son « IN »

Chapitre 7. Du côté du féminin…

Commençons par le cas le plus simple : le -E final

Si vous voulez passer du masculin au féminin

Chapitre 8. Comment former le pluriel des noms et


adjectifs ?

Une règle simple

Pour choisir entre -S ou -X, la taille du mot ne compte pas !

Qu’en est-il du pluriel des mots empruntés au latin ou à d’autres


langues ?

Comment composer avec les mots composés ?

Chapitre 9. Des chiffres et des lettres… Comment


écrire un nombre ?

Le trait d’union
L’accord

Quid des chiffres romains ?

Chapitre 10. Comment écrire un son à la fin d’un


verbe ?

Si vous entendez le son « I » à la fin d’un verbe

Quand le verbe se termine par le son « U »

Quand le verbe se termine par le son « É » ou « È »

Chapitre 11. Dix erreurs à éviter : un, deux ou trois


mots ?

Savoir écrire les sons « MA », « TA », « MON » et « TON »

Combien de mots vous faut-il si vous voulez écrire le son « KEL » ?


Choisir entre. QU’ELLE et QUEL, QUELS, QUELLE ou. QUELLES

Choisir entre ON et ON N’

Écrire QUOIQUE ou QUOI QUE

Distinguer POURQUOI de POUR QUOI

Savoir écrire DANS, DENT ou D’EN

Avoir AFFAIRE ou À FAIRE ?

Se décider entre PLUTÔT et PLUS TÔT

Deux ou trois mots ? Trancher entre PARCE QUE ou PAR CE QUE

Chapitre 12. Les faux jumeaux : dix homophones à


savoir distinguer

Vous hésitez entre ET ou EST ?


Comment facilement distinguer SON et. SONT ?

Ne vous emmêlez pas entre ON et ONT !

Vous saurez tout sur TOUT et TOUS !

Évitez les erreurs sur CE et SE

Pour bien maîtriser SES et CES

SOI, SOIT, SOIENT ou SOIE ?

Y voir enfin clair entre VOIR et VOIRE

Ne confondez plus CHER, CHÈRE, CHAIR et. CHAIRE, cela pourrait


vous coûter cher !

Quelle différence entre SUBI et SUBIT ?

Chapitre 13. Dix des pièges courants à éviter

Quand verbe et nom se ressemblent : savoir s’il faut ajouter ou pas


un E à la fin du mot

Des personnes m’ont dit qu’il n’y avait personne ! Quand mettre un S à
personne ?

Je suis presque arrivé à la presqu’île ! Quand enlever la voyelle finale


d’un mot ?

Quand accorder POSSIBLE ?

Choisir sans erreur le singulier ou le pluriel après SANS

Savoir employer le singulier ou le pluriel après DE

Bien écrire la PLUPART

ESPÈCE DE…!

Une lettre change tout !


AVOIR L’AIR… beau ou belle ?

PARTIE 2. LA GRAMMAIRE. par Jean-Joseph


Julaud

Chapitre 14. Les dix classes grammaticales

Les prépositions

Les pronoms

Le verbe

L’adverbe

Les déterminants

Les adjectifs qualificatifs

Les noms

Les conjonctions

Les interjections

Les onomatopées

Chapitre 15. Les dix fonctions dans la phrase

Le complément d’objet

Le complément d’agent

Le complément circonstanciel

Le complément du nom

Autres compléments

L’attribut
L’apposition

L’apostrophe

Le sujet

L’épithète

Chapitre 16. Les dix propositions dans la phrase

Les propositions indépendantes

La proposition principale

Les propositions subordonnées relatives

Les propositions subordonnées conjonctives complétives

Les propositions subordonnées conjonctives circonstancielles

Les propositions subordonnées interrogatives

Les propositions subordonnées infinitives

Les propositions subordonnées participiales

Les propositions nominales

Autres propositions

Chapitre 17. L’accord du participe passé

Qu’est-ce que le participe passé ?

Accorder ou ne pas accorder…

De la méthode

Accordez le participe passé des verbes pronominaux

Changer d’attitude
Chapitre 18. L’accord des adjectifs numéraux

L’adjectif numéral

Les écrire, les accorder

Chapitre 19. L’accord des noms

Quel est ton nom ?

Des pluriels singuliers

Le pluriel des noms propres

Le pluriel des mots composés

Chapitre 20. Qualifier, disqualifier avec les adjectifs

L’adjectif qualificatif : carte d’identité

La vie de l’adjectif qualificatif

L’accord des adjectifs de couleur

Les adjectifs employés comme adverbes

Chapitre 21. À propos d’autres accords

Chasser le doute

Les collectifs

Moi qui…

Chapitre 22. La carte d’identité du verbe

Trois groupes spécialisés

Les trois voix


Chapitre 23. Les modes

L’indicatif : le réel

Le conditionnel : l’éventuel

Le subjonctif : le doute

L’impératif : l’ordre

Le participe : l’adjoint

L’infinitif : le voyageur sans bagages

Chapitre 24. Les temps

Les temps simples de l’indicatif

Les temps composés de l’indicatif

Les temps du conditionnel

Les temps du subjonctif

Les deux temps de l’impératif

Les temps du participe et de l’infinitif

Les règles de la concordance des temps

Chapitre 25. Les conjugaisons particulières

Le problème des accents

Les verbes terminés par -eyer, -ayer, -oyer, - uyer

Les verbes terminés par -éer, -ier, -ouer, - uer

Les verbes terminés par -dre

Les verbes terminés par -eler et -eter


Autres particularités

Les verbes défectifs

PARTIE 3. LES PIÈGES ET DIFFICULTÉS DE LA


LANGUE FRANÇAISE. par Christine Bolton

Chapitre 26. Ces drôles de numéraux

Voulez-vous « diver » avec moi ?

Un pluriel en moins de deux

Cardinal ou ordinal ?

Chapitre 27. Ces adjectifs qui nous en font voir de


toutes les couleurs

Où mettre son « s » ?

Des familles de couleur plus ou moins unies ?

Chapitre 28. Les adjectifs, attribut ou épithète, n’en


font qu’à leur tête

Le collectif manifeste

De quoi avons-nous l’air ?

Toujours s’incliner devant un superlatif

Eh bien, on nous a menti !

Demi : on s’en jette un à la demie ?

On se met à nu !

Faites votre possible (pour éviter la faute) !


Ça ne m’est pas du tout égal !

Un adjectif pour deux noms

Ces virgules qui changent l’accord

Le complément de nom

Le quantitatif

Un nom pour deux adjectifs

Chapitre 29. Les intermittents de l’accord

Même, m’aimes-tu ?

Tout est bien qui commence bien…

Quel que soit le quelque

Tel que vous

Chapitre 30. Adjectif verbal ou participe présent ?


Dis-moi, qui es-tu ?

Identité, s’il vous plaît !

Ralentir, graphies trompeuses !

Chapitre 31. Des consonnes, lesquelles redoublent ?

Chez les adverbes

Chez les verbes

Chapitre 32. Relativisons !

Qui est « qui » ?

Les caprices du « dont »


Chapitre 33. Comment ne pas perdre le nord ?

Mettre le cap sur la cap.

Les cas de cap.

Prendre la bonne direction

À quel saint se vouer ?

La côte a la cote

Chapitre 34. Les accents voyageurs

Jouer du grave et de l’aigu

Les mots ont-ils des frontières ?

L’accent qui fâche

Les circonvolutions du circonflexe

Le tréma parmi les voyelles

Chapitre 35. Apostrophez-moi !

Élisons l’élision

« Entre » ou « contre » en union libre

Les liaisons dangereuses

H dans l’Hexagone et Hors de nos frontières

Les interdits

Et le « y » ?

Chapitre 36. Homonymes et paronymes, ça rime !

Dans la faune des homophones


Homographes & allophones

Paronymes

Antonymes

Chapitre 37. Unissons-nous

Substantivation

Préfixes

Les démonstratives et les autres

Inversions verbales

Vie privée et vie publique

La div. symbole de l’Administration

Chapitre 38. Des pluriels singuliers

Pas si communs que ça

Les bi

Les invariables

Les deux-en-un

Mots étrangers sans maux

De l’emphase à l’antonomase

Chapitre 39. Enfin d’accord avec le complément de


nom

« De »

«À»
« En »

« Sans »

« Par »

Chapitre 40. Les formes féminines

Du féminin au pluriel

Règles

Choisir son camp

Les hermaphrodites

Chapitre 41. « Arrière, anacoluthes ! »

« Anacoluthes, iconoclastes, ornithorynques… »

Barbarismes & solécismes

Pléonasmes

Chapitre 42. Une ponctuation au point !

Compter les points

Ne plus savoir où se mettre devant une citation

Virgule, le signe qui fait couler beaucoup d’encre

Entre parenthèses ou entre tirets ?

Chapitre 43. Les prescriptions verbales

Une histoire de transitivité, de quoi ?

Chapitre 44. Les verbes « yéyé »


Les verbes en « ayer », « eyer », « oyer », « uyer »

Un futur incertain

Ce qui est impératif

L’après que

Pas de « pas »

Chapitre 45. Accordez vos violons

Revoir ses bases

Un participe passé « à tiroirs »

« Être ou ne pas être », la devise des pronominaux

Chapitre 46. La concordance détend !

La machine à remonter le temps

Ici et maintenant

Retour vers le futur

Deux pépites

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