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Lachet)
Chap. II.
Questions posées :
Objectifs du cours :
1. Diversité linguistique
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Université de Paris – M1 DDL : Syntaxe du français (C. Lachet)
Lexique :
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Université de Paris – M1 DDL : Syntaxe du français (C. Lachet)
n°2 : « Parler français (c’est) posséder la compétence linguistique nécessaire pour produire des
phrases susceptibles d’être reçues et reconnues comme recevables dans toutes les situations où
il y a lieu de parler » (Bourdieu).
n°3 : Par Eveline, samedi 3 novembre 2007 à 09:12 :: Education, Ecole et Pédagogie
Il arrive que nos adversaires mettent une pointe d'humour dans leurs attaques. C'est ainsi que, à
la question qui sert de titre au texte de Sylvain Grandserre ("le laxisme, il est où finalement ?")
l'un d'entre eux me répond : "dans le titre". Cela mérite deux sous d'analyse, et quelques
précisions.
De toute évidence, ce correspondant a été choqué par le choix très "parlé" de la question. Pour
lui plaire, j'eusse été bien avisée d'utiliser plutôt quelque chose comme :
Où est le laxisme, finalement ?
Le laxisme, où est-il finalement ?
Mais j'aurais pu aussi écrire :
C'est où qu'il est, le laxisme, finalement ?
ou encore :
Où est-ce qu'il est, finalement, le laxisme ?
sans oublier :
Finalement, bordel de bordel, où c'est-ti qu'il est, ce putain de laxisme ?
On pourrait en trouver beaucoup d'autres. Et il est bien évident que chacune de ces formulations
ne produit pas le même effet. Et notre correspondant, un peu limité quant à sa vision du
fonctionnement de la langue, aurait pu songer qu'une agrégée de grammaire classique ne choisit
pas ses formulations au hasard.
Mais il en est resté à une conception un peu obsolète de la langue, selon laquelle il y aurait une
façon de parler convenable, — le célèbre "bon usage" de Maurice Grévisse — le reste étant à
rejeter comme non conforme aux bonnes mœurs.
C'est oublier que toute langue est définie par l'usage de ceux qui l'utilisent, que ses règles de
fonctionnement se dégagent de cet usage, qu'elles n'ont pas été posées a-priori et qu'on n'a rien
à appliquer mécaniquement.
Depuis plus d'un siècle, les Chercheurs en sciences du langage ont mis en évidence que l'on ne
communique (à l'oral, comme à l'écrit) jamais pour dire seulement, mais pour agir sur ceux à
qui l'on s'adresse. On s'adresse à quelqu'un pour le convaincre, le blesser, l'émouvoir, le
déstabiliser, se faire aimer de lui, se faire admirer...etc. etc.
Toute production langagière est définie par la situation de communication qui l'a provoquée,
c'est-à-dire, par les enjeux qui étaient les siens : qui parle, à qui, pour obtenir quel résultat.
Une production langagière n'a donc à être jugée qu'à l'aune de son efficacité. Les choix
langagiers ne dépendent point de ce qu'on a à dire, mais du résultat attendu.
Rappelons, pour le plaisir, la célèbre réponse que l'Académicien Jacques de Lacretelle fit, en
pleine séance de l'Académie, à un collègue qui s'excusait de lui avoir prêté des propos n'étant
pas les siens :
"Merci, cher collègue. En vérité j'eusse été fâché que vous m'imputassiez cette connerie !"
Bel exemple de ce qu'on peut appeler la maîtrise de la langue !
Il est assuré aujourd'hui que le "bon usage" de la langue, c'est le bon usage des choix, parmi
toutes les formulations possibles, en fonction de la situation de communication et, notamment,
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en plus du but conscient ou non de la prise de parole, de ses aspects non objectifs que sont :
1- l'image que celui qui parle a du destinataire,
2- celle qu'il a de lui-même,
3- celle qu'il a de l'opinion que le destinataire a de lui.
Une situation de communication est loin d'avoir la simplicité qu'on lui a prêtée longtemps. C'est
un lieu de variations et un entrelacs de représentations en miroir, incompatible avec une
application de règles toutes faites.
n°4 : Papa, il est prof de français… Oh, pardon : mon père enseigne la langue et la littérature
française. C’est pas marrant tous les jours ! Je veux dire : parfois, la profession de mon père est
pour moi cause de certains désagréments.
L’autre jour, par exemple. En sciant du bois, je me suis coupé le pouce. Profond ! J’ai couru
trouver papa qui lisait dans le salon.
- Papa, papa ! Va vite chercher un pansement, je pisse le sang ! ai-je hurlé en tendant mon
doigt blessé.
- Je te prie de bien vouloir t’exprimer correctement, a répondu mon père sans même lever
le nez de son livre.
- Très cher père, ai-je corrigé, je me suis entaillé le pouce et le sang s’écoule abondamment
de la plaie.
- Voilà un exposé des faits clair et précis, a déclaré papa.
- Mais grouille-toi, ça fait vachement mal ! ai-je lâché, n’y tenant plus.
- Luc, je ne comprends pas ce langage, a répliqué papa, insensible.
- La douleur est intolérable, ai-je traduit, je te serais donc extrêmement reconnaissant de
bien m’accorder sans délai les soins nécessaires.
- Ah, voilà qui est mieux, a commenté papa, satisfait. Examinons d’un peu plus près cette
égratignure.
Il a baissé son livre et m’a aperçu, grimaçant de douleur et serrant mon pouce sanguinolent.
- Mais t’es cinglé ou quoi ? a-t-il hurlé, furieux. Veux-tu f… le camp, tu pisses le sang ! Tu as
dégueulassé la moquette ! File à la salle de bains et d…-toi ! Je ne veux pas voir cette
boucherie !
J’ai failli répondre : « Très cher papa, votre façon de parler m’est complètement étrangère. Je vous
saurais donc gré de bien vouloir vous exprimer en français. » Mais j’ai préféré ne rien dire. De
toute façon, j’avais parfaitement compris. Je suis doué pour les langues, moi.
(B. Friot, Nouvelles histoires pressées, Milan Poche, p. 39-41)
Les variantes seraient des écarts, « des accidents de parcours, des sortes de ratés dans un
mécanisme régulier et stable » (Combettes 2010).
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« le « français » décrit par les linguistes et les grammairiens est un objet idéal (ou fictif) que
personne ne parle vraiment, et qui représente pourtant une bonne approximation de ce que
tout le monde parle » (M.-N. Gary-Prieur, De la grammaire à la linguistique, 1985).
La variation est permise par la structure elle-même qui fournit les déséquilibres permettant la
variation et donc l’évolution (des langues en général). La variation n’est donc pas le fruit du
hasard mais s’inscrit dans des possibilités offertes par le système. Ce qui signifie que :
Mais on pourrait envisager d’autres éléments que les noms et les adj, par ex les groupes
prépositionnels qui peuvent fonctionner comme les adj :
(3) Elle est essoufflée > Essoufflée, elle l’est
(4) Elle est à bout de souffle > *A bout de souffle, elle l’est (non évoqué par la gr. normative)
Dans le système :
(7) Elle va à Paris > Elle y va
(8) Il habite en Suisse > Il y habite
(9) Il est de bonne humeur > (?) Il y est, de bonne humeur
(10) Il est de bonne humeur > Il l’est, de bonne humeur
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FAUTE
évolution de la norme
(si majorité locuteurs)
Perçu conforme Perçu Perçu non conforme
. par la majorité des locuteurs non conforme + non accepté
. par une minorité de locuteurs + accepté + stigmatisé
Face à cette diversité des usages, les jugements formulés par les locuteurs ne convoquent pas
systématiquement les mêmes critères pour évaluer les données observées. On peut citer, outre
le recours à la norme prescriptive :
- Agrammaticalité : correspond à un jugement intuitif formulé au regard d’un certain nombre
de règles intériorisées, plus ou moins conscientes et propres à l’usage actuel de la langue
structures agrammaticales. Structure non identifiable (donc inacceptable).
(1) *Chien le court
(2) *Toi vendre voiture ?
(3) *Vandales venir détruire voiture
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2.4. Qu’enseigner ?
a. Fréquence des usages : hiérarchiser les faits de langue à enseigner en tenant compte de leur
fréquence d’utilisation. Par ex. :
(1) C’est-ti toi qui…
(2) C’est dans le Sud que je suis allée en vacances
(3) Il est probable qu’il soit parti
Pour fixer une progression dans l’enseignement, Denise François (cf. texte Moodle, « La notion
de norme en linguistique », p. 155-159) propose de se baser sur la différence entre usage actif et
usage passif et classe les faits linguistiques en trois groupes (A, B, C). A partir de cette
classification, on peut évaluer les erreurs selon leur importance et le fait qu’elles entravent ou
non la communication : aucune tolérance pour A, tolérance pour B et C.
• A/ Faits communs à tous les locuteurs (usage actif + passif) : peu nombreux
Ex. forme interrogative est-ce que ? vb faire, dire, être, avoir, ordre sujet + vbe +
expansion (*il rapidement est venu/ il est venu rapidement), dét + nom, etc. *elle est beau
incorrect pour tous.
• B/ Faits variables qui ne font partie que de l’usage passif de certains locuteurs
(diffèrent d’un locuteur à l’autre) : les plus nombreux. Domaine des latitudes, des
tolérances. Ex. concurrence on/ nous, puis/ peux, je viendrai/ je vais venir.
• C/ Faits d’une moindre efficience qui n’entrent ni dans l’usage actif ni dans l’usage
passif d’une partie de la communauté.
c. Evaluer l’oral avec des critères créés spécifiquement pour l’oral et non à l’aune de l’écrit
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3. Oral et écrit
Corpus 1 :
Un habitué raconte au patron les frasques d’un ami commun. Le locuteur, qui ne se savait
pas enregistré, a censuré, en les rendant inaudibles, les passages qui pouvaient lui sembler
d’autant plus palpitants qu’ils demeuraient sous-entendus.
hé j’ t’ai raconté la dernière d’Alain / avant-hier on était à Orly/ moi j’étais prêt à partir /
pendant qu’ j’ stationnais devant la station je vois euh Alain qu’ arrive avec un camion / ah je je
sors / et puis i’ m’ dit tout content /// alors i’ m’ dit euh / oh putain ce soir je suis bien i’ m’ dit
tout ça avec mon pote on va faire un un tour viens avec nous / j’ai pas envie de rentrer et tout
euh / finir à midi / j’ai pas envie de rentrer chez moi / je lui dis ben ben euh / si tu veux je viens
avec toi mais /// ça m’embête un peu tu vois j’ dis / non mais i’ voulait faire une super fiesta lui
// ah non / on va boire un coup si tu veux vite fait vite fait mais c’est tout / pas une fiesta / i’ dit
euh / bon ben d’accord / j’ finis mes avions et puis / on va boire un coup à l’E. si vous voulez
mais terminé tu vois / à Orly hein c’était / alors i’ va sur son avion alors j’ lui dis moi j’ vais
prendre ma douche j’ me casse / pi je lui dis jusqu’à onze heures un quart onze heures et demie
tu peux me téléphoner à à la maison / tu vois chez moi là au Kremlin et / je dis tu peux m’
téléphoner euh j’ le dirai à Martine et pi on descendra boire un coup vite fait / histoire d’une
heure tu vois // moi i m’ dit bon d’accord c’est tout ça me botte tout ça / et alors / bon moi j’
rapplique à la maison / j’ le dis à Martine / j’ le dis à Martine et tout tu vois / et euh bon onze
heures onze heures au lit il était onze heures / minuit moins le quart ou minuit moins dix / cet
enfoiré qui m’ téléphone / j’ dormais moi / alors lui i’ m’ dit euh / oh j’ai été emmerdé j’ai encore
un avion à faire mais / minuit et demie j’ai fini aucun problème euh / je on passe te chercher et
tout je lui dis tu rigoles JE VIENS PAS MOI/ attends j’ lui ai téléphoné / i’ sont rentrés à SIX
heures du mat’ ces emmanchés / il a dit à Brigitte qu’il était à Roissy ce con-là.
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Caractéristique n°1 :
ORAL ECRIT
. La communication orale est immédiate (présence de . Le message est décontextualisé, déplacé par rapport à
l’interlocuteur), en situation, elle s’inscrit dans un la situation de communication. Il est différé dans le
cadre spatio-temporel. L’oral est ainsi intimement lié à temps et dans l’espace (absence de l’auditeur). Délai
la situation de communication. entre l’émission et la réception. Hors situation.
A nuancer : cas des répondeurs téléphoniques sur A nuancer : cas des messageries instantanées sur
lesquels on délivre un message oral à un auditeur Internet (chat) où les personnes se répondent en temps
absent. réel.
Les référents situationnels sont communs. Bcp A l’écrit, besoin de s’assurer que tous ces renvois
d’informations sont données par la situation prennent appui sur un univers qui aura été au
extralinguistique et qui permettent la compréhension préalable textuellement établi, faute de renvoyer à du
du message : vide. Le cadre spatio-temporel doit être défini :
1/ Gestes, mimiques, attitudes qui ajoutent du sens préciser qui est je, tu, il, maintenant, ce soir.
au message. Permettent des rattrapages, de suppléer
certains manques de l’oral. Le feed-back est immédiat, . L’écrit est autonome : il doit se suffire à lui-même
ce qui permet une régulation et une adaptation du pour transmettre sans ambiguïté ce que l’émetteur
message au fur et à mesure de sa production. veut communiquer et pour être compris sans risque
2/ Référence : forte présence de termes dont la d’erreur. Il doit se comprendre seul, sans recours
valeur ne prend de sens que par identification à un extérieur (rôle de la mise en page, ponctuation).
élément de la situation de communication. Du respect des contraintes dépend la lisibilité.
. des démonstratifs (ce, cette, celui-ci)
. des possessifs (mon, ton)
. Le feed-back est différé : il faut donc anticiper sur les
. des pronoms personnels (je, tu)
réactions du lecteur et ses connaissances supposées.
. des déictiques spatiaux et temporels (hier, demain,
ici, là)
. des noms propres dont le référent est évident en
situation.
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Caractéristique n°2 :
ORAL ECRIT
Spontané => production en cours d’élaboration : Production dans sa version finalisée : avant d’être
traces de sa construction/ mise en mots/ traces de la diffusé, l’écrit est préparé, corrigé, réécrit pour être mis
production de sens, piétinements (y compris pour les au point.
professionnels de la parole, et même en situation de
surveillance maximale).
Les phénomènes de révision du texte (ratures, ajouts,
L’oral se développe dans le temps et ce qui est dit est remplacements…) sont foisonnants dans les brouillons
dit. On ne peut ensuite que corriger, reprendre… la mais exclus de la version définitive.
modification ne peut se faire que dans
l’accumulation.
(1) On imaginait à travers la brume encore des des bunkers des de on imaginait tout ce qui
avait pu faire le rideau de fer qui avait été supprimé très rapidement mais sans en
enlever les infrastructures
On imaginait à travers la brume
On imaginait encore des
des bunkers
des
de
tout ce qui avait pu faire
qui avait été supprimé
(2) y en a qui ont leurs femmes y en a mais pas beaucoup non / ceux qui ont les femmes sont
pas beaucoup louer dans dans dans l'hôtel / non ceux qui ont leurs femmes ils sont c'est
rare si vous les voyez dans le hôtel oh non// (corpus de D. Luzzati)
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Registres :
Familier continuum (+/- connaissances partagées) Familier
Courant Courant
Soutenu Soutenu
Situation de communication :
. immédiateté communicative . différée
. connaissances partagées/ supposées (auditeurs, situation) . distance communicative
. médium phonique . médium graphique
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