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le 01/10/2021 16:59
Moscou, au tout début du XXe siècle, le somptueux palais d’Ivan Morozov se visite comme
un musée d’art dit "moderne", car il accueille non seulement l’avant-garde des jeunes
peintres russes, mais aussi et surtout, toutes les futures grandes stars parisiennes de l’art
"en train de se faire"...
Touche à touche sur les murs des différents salons, il y a ces artistes qui se vendent déjà très
cher, ces impressionnistes reconnus comme Manet, Monet, Degas ou Renoir… Et puis il y a
les petits nouveaux de la scène d’avant-garde comme Cézanne, Gauguin, Matisse, ou
Picasso… Et leurs oeuvres sont encore très abordables : seulement 300 francs pour Les deux
saltimbanques de Pablo Picasso (qui figure aujourd’hui sur l’affiche de l’exposition). Ce jour -
là Yvan Morozov a fait une belle affaire.
Finalement, ils seront roulés, et expédiés en Sibérie où ils resteront entreposés pendant
plusieurs décennies dans des conditions catastrophiques, par moins 40 degrés. Avec ce froid
terrible, les peintures vont énormément souffrir et certaines ne seront jamais restaurables.
C’est le cas de la plupart des tableaux de Van Gogh et de Gauguin qui, faute d’argent,
travaillaient tous les deux de mauvais pigments sur des supports ultra-fragiles.
Vincent Van Gogh, La Ronde des prisonniers, Saint-Rémy, 1890 (MUSEE D'ETAT DES BEAUX-
ARTS POUC)
Après Staline et le dégel de l’URSS, ce qui reste de la légendaire collection Morozov va être
réparti entre le musée de l’Ermitage à Saint Petersbourg, et à Moscou, les Musées d’Etat
Pouchkine et Trétiakov. Rescapées du froid et du communisme, ces œuvres sont devenues
un trésor d’état, et demeurent unanimement considérées comme l’une des plus belles
collections au monde.
Aujourd’hui, cinq ans après avoir prêté la remarquable collection Chtchoukine, (grâce à
d’excellents contacts et au mécénat pro-actif de LVMH), ces grandes institutions russes
consentent à nouveau le prêt extraordinaire de 200 chefs-d’oeuvres à la Fondation Vuitton.
Une exposition aussi émouvante qu’historique. C’est la première fois en effet, depuis la
Révolution Russe, que les œuvres de cette fabuleuse collection sont rassemblées dans un
même lieu, comme à l’époque d’Yvan et de Mikhaïl Morozov. Et c’est en France, à Paris, que
ce petit miracle artistique a lieu.
Les oeuvres de la collection Morozov appartenant à des musées russes sont de retour en
Russie après une exposition exceptionnelle à Paris, ont annoncé ce jeudi les autorités russes,
ces créations étant épargnées par les sanctions liées à l'Ukraine.
Quelque 200 tableaux de cette collection ont été exposés six mois durant à la Fondation
Louis Vuitton, attirant en dépit de la pandémie 1,25 million de visiteurs.
Mais l'offensive russe en Ukraine et la vague de sanctions s'abattant sur la Russie avaient
nourri la crainte que le retour des oeuvres aux musées russes puisse être perturbé,
notamment du fait des restrictions imposées dans le secteur de la logistique et des
transports.