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ΣΙΚΙΝΟΣ
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Jean-Claude Mougin
SIKINOS
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© Mougin Jean-Claude
37 rue du Dr Griveaud
71600 Paray-le-Monial
0385816474
le plongeur
jcm.mougin@wanadoo.fr
www.platine-palladium.com 9
www.platine-palladium.fr
pour Héloïse
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Un jour, à Sikinos
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Mais parmi ces douze négatifs l’un d’eux suscita son étonne-
ment et une grande perplexité. Sur le moment il ne reconnais-
sait aucun élément de ce qu’avait pu être la prise de vue. Cette
photo il n’avait pas pu la prendre, un Autre l’y avait prise à sa
place.
Au retour des vacances, et peut-être un ou deux mois après, il a
entrepris de développer les rouleaux des vacances en Grèce. 26
« Le spectateur est malgré lui forcé de chercher dans une pa- Dans le temps, l’ici et là fait place au maintenant à « l’alors » .
reille image, la petite étincelle de hasard, d’ici et de mainte- Toute photo fait ainsi le deuil de ce qui a été. L’île de Sikinos
nant, grâce à laquelle le réel a, pour ainsi dire brulé le caractère accueille désormais les ferries, les maisons vénitiennes écrou-
d’image et il lui faut trouver le lieu imperceptible où, dans la lées ont sans doute été relevées pour accueillir des B&B. Petit
façon d’être singulière de cette image depuis longtemps révo- Jean a sans doute reconverti son bateau en navette à touristes
lue, niche encore aujourd’hui l’avenir, et si éloquent que par un qui souhaitent visiter la grotte noire. Quant à L ses grands yeux
regard rétrospectif, nous pouvons le retrouver. » Benjamin bleus se sont fermés, et désormais selon sa volonté, « elle nage
dans la paysage », et quant à lui, il est bien là, il est là présent à
évoquer ce qui n’est plus. « La photo confirme et scelle un ver-
dict, un compte à rebours déjà déclenché. Le sursis ne change Est-ce là « l’Eros mélancolique », de J.Roubaud, dont les
rien à cette fatalité : rien ne sera sauvé » Derrida. images ne seraient plus que « des carrés blancs de mélanco-
lie. »
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Reste l’image faite de platine et palladium, présumée inalté-
rable, devenue bien inaliénable de la B.N.F. qui sera désormais
son tombeau. 31
Le Carré Noir
pas de hors champ. C’est sa contrainte, mais aussi son efficaci-
té.
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Le carré 35
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Ce carré, pourrait n’être que la projection en deux dimensions
de la boite noire d’un Hasselblad qui n’est que la version mo-
derne de la camera obscura des peintres de la Renais-
sance conçue par le scientifique arabe Ibn al Haytam. Dans son
traité d’optique de 1027, il y établit le fait que les faisceaux lu-
mineux se propagent en ligne droite. Plus tard il étudiera les
rayons du soleil et conclura qu'ils forment un cône en se ren-
contrant au niveau du trou de la camera obscura, un cône qui
s’inverse de l'autre côté du même trou.
Utilisation de la chambre noire par Ibn al Hayzam pour observer une
éclipse de soleil.
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mais surtout perspective aérienne, à la façon du fameux « sfu-
mato » de Léonardde Vinci, si proche des procédés qu’utili-
saient les peintres chinois pous représenter la profondeur.
Peintres chinois, qui ne se sont pas convertis à la pertpective
géométrique, que des jésuites italiens voulaient introduire au
XVème siècle à la cour de l’empreur de Chine.
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Pour Malévitch, le seul monde vivant est le monde sans. Il définit le su-
prématisme comme une manifestation purement picturale de la nature
en tant que physis, site de l’être, de la vie, de ce Rien que le peintre li-
bère sur la toile. Car l’acte créateur n’est pas mimétique, mais est un
« acte pur ». Les représentations figuratives de temps et d’espace dis-
paraissent, font place à cette « flamme cosmique », « sans nombre,
sans précision, sans temps, sans espace, sans état absolu et relatif ».
Ayant atteint le zéro avec le « Carré noir », c’est-à-dire le Rien comme
St Trinit jcm Ce tableau L. et Lui l’ont longuement contemplé en 2008 au
Moma, ainsi que les autres tableaux d’Ad Reinhardt qui y sont
exposés. Ces tableaux d’une matité noire à la fois sont noirs et
ne sont pas noir, leur longue contemplation, de ce qui a priori
ne représente rien, apparaît comme pare accoutumance à la
nuit, ici une croix là des carrés, des rectangles coloriés, rouges,
verts. bleus …. Cette expérience fut au sens propre spectrale ?
Ce tableau ne représente
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La diversité de la peinture chinoise tient moins à la diversité de Avec le pinceau étendre et faire pénétrer une émulsion compo-
ses sujets, qui sont peu ou prou toujours les mêmes, qu’à celle sée, à moitié, d’oxalate ferrique et à moitié de chlorure de pal-
des touches du pinceau si bien décrites par Shitao dans son ladium. Sécher le papier et l’exposer sous un négatif à une lu-
traité. De même les tirages palladium dans leur « inactualité » mière ultra-violette. L’exposition peut durer une heure et plus.
Développer l’image obtenue dans du citrate de soude, éclaircir du Yi King. Toutefois les qualités physiques des images chi-
l’image avec un acide pour en éliminer le fer, laver, sécher. noises traditionnelles et des images palladium ne sont pas sans
L’image finale ne sera ressemblance.
faite que de papier et de filament métalliques de palladium qui
de façon plus ou moins dense traduiront une gamme de valeurs On attribue à Wang Wei, peintre du VIII ème siècle l’invention
de gris, du noir le plus dense au blanc du papier. Les pigments du « lavis d’encre » : « Dans l’ordre pictural, la peinture à
ne sont pas déposés sur le papier comme le font les procédés l’encre (le lavis) est supérieure entre toutes. Elle capte l’es-
modernes de jets d’encre, mais sont dans le papier et donne à sence de la nature et parachève l’ordre de la Création. »
l’image sa profondeur, une troisième dimension familière à la
peinture au lavis d’encre. Pu Yen T’u de la dynastie Ts’ing, anticipe dans ce texte ce que
seront les « sensations colorées » de Cézanne, et les Zones
d’Ansel Adams : « l’Art de l’encre, il est magique et quasi-
50 ment surnaturel !... C’est
La gamme de gris présente dans tirage palladium présente un avec les Six Couleurs de l’Encre que le peintre incarne les lois
cert- de la Création.
ain nombre de valeurs conventionnellement définies par l’amé-
ricain Ansel Adams en 1930 qui va de la zone 0 noir pur, à la
zone X, le vide, le blanc du papier. Sikinos ainsi oppose deux 51
zones celle de la mer en Zone 0 et celle du ciel en zone 1 qui Ce qu’on appelle « Sans-Encre » n’est pas tout à fait dénué
de toutes les zones est la plus mystérieuse, celle de l’apparition d’encre, c’est un
du sens. La ligne blanche est légèrement voilée en zone 9, der- prolongement de « sèche-diluée ». Tandis que « sèche di-
nière valeur à avoir un sens. luée » reste encore marquée par le « Plein », « sans-encre est
totalement vide ». Il existe un état intermédiaire ch’iu-jan qui
Ainsi cette façon de concevoir les valeurs d’une image de les consiste à suggérer le Vide par le Plein. En alternant Vide et
prévisualiser au moment de la prise de vue donne à chacune de Plein, on épuise les potentialités de l’Encre. S’il est aisé au
ces valeurs, une qualité physique, mais aussi sensible, un peu à Pinceau-Encre de peindre le Visible, le Plein ? Il lui est plus
l’image de ce que le peintre Cézanne, le plus chinois de difficile de représenter l’invisible, le vide. »
peintres occidentaux appelait des « sensations colorées ».
Pour Ting Kao de la dynastie Ts’ing « toute chose dans l’uni-
Cette même simplicité de moyens on la retrouve dans la calli- vers est dominé par le « Yin » et le « Yang ». Pour la lu-
graphie et la peinture chinoise traditionnelle, « peinture au la- mière, le clair est « Yang », l’obscur est « Yin ». Pour les ha-
vis d’encre » qui remonte au VIème siècle. Il est évident bitations, l’extérieur est « Yang » et l’intérieur « Yin » ; pour
qu’une telle technique n’a que peu à voir dans son principe les objets, le haut est « Yang » et le bas « Yin », et si l’on veut
avec une technique photographique et une représentation ma- rendre les effets du « Ying » et du « Yang », il faut que dans
thématique du monde sans rapport avec la cosmologie chinoise le pinceau il y ait le Vide-Plein, de plus comme il y a du
« Yang » dans l’intérieur du « Ying », et du « Yin » à l’inté-
rieur du « Yan »g il faut qu’il y ait dans le Pinceau le Vide-
Plein. De plus comme il y a du « Yang » à l’intérieur du L’unique trait de pinceau
« Yi n » à l’intérieur du « Yang », il faut également qu’il y ait
du Vide dans le Plein et du Plein dans le vide dans le pin-
ceau » (la castration)
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Le noir est la soustraction de toutes les couleurs mais tout aussi « The dark of absolute freedom »
bien leur addition. Le noir est tout à la fois le vide et le plein. 56
Il est « l’arche », la souche de tout ce qui est. Avant la lumière La castration de Chronos
insaisissable et éthérée, avant que « la lumière soit », la Nuit Ouranos et Gaïa
profonde était déjà là, noire plus noire que noire enveloppant
de l’épaisseur de son ombre les êtres à naître, des êtres qui Chez Homère, la Nuit est bien la puissance primordiale à la-
pour vivre enfanteront des songes et des images, juste avant quelle Zeus lui-même doit se soumettre : elle y est nommée
que la mort à nouveau ne les prennent. Nuit dominatrice des dieux et des hommes (Iliade, XIV, vers
259). Zeus respecte en effet le pouvoir immense de Nuit, alliée
L’image enregistrée pour la première fois sur papier par la ici à ses deux enfants Hypnos et Philotes. Cette triade redou-
« boîte à souris » de Fox Talbot, minuscule ombre de la croisée table, Nuit, Sommeil et Passion amoureuse, nous dit la toute
d’une fenêtre, n’était pas une photographie mais une une skia- puissance de l’amour au cœur de la nuit.
graphie, elle n’était qu’une ombre, un négatif et quand la pho-
tographie sera enfin révélée dans sa positivité elle ne sera plus Chez Hésiode dans sa Thégonie, au commencement est le vide,
dès lors que l’ombre d’une ombre. Cette nature ombreuse faite un lieu de béance. Dans ce chaos primordial où tout est
de pigments métalliques : argent, platine, palladium lui donne confondu, la Terre et le Ciel, les mortels et les dieux ne vivent
sa profondeur, son épaisseur, qui à la fois dévoile et occulte, pas encore séparés. Le « Chaos » reste l’« Abîme », la
invite le regard à une accoutumance, une contemplation qui ap- « Béance » ou encore « l’Ouvert »., images d’un « vide sans
profondit, qui devine. Elle donne et elle retient. fond » ; l’ « apeiron » dirait Anaximandre.
Comme il en est pour la gravure, il existe en photographie une De Gaïa et d’Ouranos naquirent une multitude d’enfants, mais
manière noire. La manière claire, informe, donne à voir, se lit, Ouranos s’opposait à ce qu’ils voient le jour, en ne faisant q’un
invite au commentaire, elle est spectacle. Elle est, dirait avec Gaia dans une interminable confusion amoureuse.
Nietzsche, de l’ordre de l’apollinien. La manière noire, appar-
tient, elle, au dionysiaque, elle fait apparaître, elle est spec- « La Terre immense gémissait, profondément attristée, lorsqu’
trale. Tel le dieu qui surgit dans la nuit, elle dépossède, elle af- enfin elle médita une cruelle et perfide vengeance. Dès qu'elle
fole, elle ravit. Le noir est mystique, « le noir est la nuit de eut tiré de son sein l'acier éclatant de blancheur, elle fabri -
l’âme » disait Saint Jean de la Croix qua une grande
faux, révéla son projet à ses enfants et, pour les encoura-
Ainsi pouvait apparaître à l’initié dans la nuit de Lascaux la ger, leur dit consumée de douleur :
« Bête innommable », la « Sagesse aux yeux plein de larmes ».
« Mes fils ! si vous voulez m'obéir, nous vengerons l'outrage
Ainsi au ciel dans la nuit de son sarcophage, apparaît le nageur que vous fait subir votre coupable père : car il est le premier
de Paestum, le sourire aux lèvres, plongeant dans la mort. auteur d'une action indigne. Elle dit. La crainte s'empara de
tous ses enfants ; aucun n'osa répliquer. Enfin le grand et astu-
cieux Chronos, ayant pris confiance, répondit à sa vénérable L’appelant de son nom de Joyeuse et d’Aphrodite
mère :"Ô ma mère !
Personne ne l’a reconnue comme elle tournoie les
yeux
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je promets d'accomplir notre vengeance, puisque je ne respecte pas un mortel……
plus un père trop fatal : car il est le premier auteur d'une action
indigne. A ces mots, la Terre immense ressentit une grande
joie au fond de son coeur. Après avoir caché Chronos dans une Empédocle d’Agrigente 58
embuscade, elle remit en ses mains la faux à la dent tranchante Il y a, le Dao
et lui expliqua sa ruse tout entière. Le grand Ouranos arriva,
amenant la Nuit, et animé du désir amoureux, il s'étendit sur On sait comment les philosophes aiment à poser la question
Gaïa de toute sa longueur. Alors son fils, sorti de l'embuscade, de l’origine en particulier Heidegger celle du « il y a », qui
le saisit de la main gauche, et de la droite, agitant la faulx est la question du monde. Mais de la question de l’avant du
énorme, longue, acérée, il s'empressa de couper l'organe viril monde il ne parle guère. En général les philosophes quand il
de son père et le rejeta derrière lui…. s’agit de parler de l’origine, font appel au mythe, comme l’a
Saturne mutila de nouveau avec l'acier le membre qu'il avait fait Platon de façon systématique, soit à la mythologie de son
coupé déjà et le lança du rivage dans les vagues agitées de temps, soit à une mythologie littéraire comme il le fait le
Pontus : la mer le soutint longtemps, et de ce débris d'un corps Banquet.
immortel jaillit une blanche écume d'où naquit une jeune fille
qui fut d'abord portée vers la divine Cythère et de là parvint Heidegger qui de temps à autre fait allusion à la mythologie
jusqu'à Chypre entourée d’ilots. Bientôt, déesse ravissante de grecque, comme nous l’avons vu avec le personnage d’Athé-
beauté, elle s'élança sur la rive, et le gazon fleurit sous ses na, semble tout ignorer des mythologies scandinave ou chi-
pieds délicats. Les dieux et les hommes appellent cette divinité noise.
à la belle couronne Aphrodite, parce qu'elle fut nourrie de Or cette dernière qui peut s’autoriser d’une haute antiquité,
l'écume des mers. » Hésiode trouve naturellement sa place dans le quatuor. Elle se déve-
loppe dans une opposition de la terre et du ciel, du « yin » et
« Elle, regarde là avec ta pensée, ne reste pas là les du « yang », qui sont les deux extrêmes de l’habita-
yeux éblouis tion et donc du quatuor.
Elle qu’honorent les hommes plantés dans leur join- La pensée taoiste a fait du Vide, la réalité essentielle primor-
tures ; diale de toute chose, qui constitue la Voie, le « Dao »,
qui intégré à la pensée Bouddhiste deviendra le « chan »,
Par elle ils méditent l’amour, ils accomplissent les puis le « Zen » dans la pensée japonaise. Le Vide est à la fois
œuvres qui joignent l’état premier de l’Origine, mais il est aussi l’élément central
du monde dont il est le moteur. Les plus anciens textes cos- Sans la nommer origine du ciel et de la terre
mologiques chinois sur lattes de bambou ont été trouvées en
1995 sur le site de Fujiwara. L’une de ces lattes décrit ainsi Libre de toute préoccupation je contemple sa mer-
l’origine du Dao : veille
« A l’origine le dao prit son essor dans le sans-avant. Tout Constamment préoccupé je ne vois que sa lisière
était obscur, trouble, immense, confus. Il n’y avait rien sur
quoi reposer. Du vide naquit la spontanéité et ainsi le pou- L’une comme l’autre nommées différemment ont
voir de mutation fut activé. Avant même que le souffle pri- même source
mordial ne s’actualise, naquit celui qu’on appelle l’Ancien
de la Voie et de la Vertu, le vénérable du « dao »… Cette source s’appelle l’obscur
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Le Dao n’est pas seulement le principe de toute chose, mais
il participe en tant que souffle « qi » à ce qui anime toute
chose. En tant que Voie, le Dao est le but à atteindre par le
sage est le non-agir, et puis de « s’asseoir dans l’oubli ».
Le souffle « qi »
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Lacan n’a que 20 ans, et il accompagne à la pêche son ami
« Petit Pierre », quand ce dernier lui montre au loin un objet
brillant flottant sur la mer : « Tu vois cette boîte ? Tu la vois,
elle, elle ne te voit pas ».
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qu’au centre de l’œil, est la tache aveugle qu’élide la vue. Le 73
voir et son « me voir voir » s’épuisent dans leur aveuglement.
Le regard lui, est possédé, exstasié, décentré, dédoublé comme
le sont les ocelles de « Caligo Promethéus », les yeux de Gor-
gô la méduse, ceux de Dionysos, dieu de la transe, dieu de la
déposession de soi, dieu de la tragédie.
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l’œil, quelque chose qui comporte l’abandon du regard », une
sorte
de « plus à jouir » qui est donné à la pulsion scopique, ce plai-
sir proprement esthétique et apollinien qui est donné à qui
aime la peinture.
Le tableau est un « piège » à regard », mais aussi un « dompte Par le pouvoir de néantisation du sujet le sujet en est pétrifié,
regard qui invite à déposer là son regard comme on dépose les renvoyé à sa propre castration, à sa propre mort. La boîte de
sardine comme l’os de sèche sont d’abord des objets que cha-
cun de nouspeut voir, fixer de l’œil, mais alors il est pris au
piège par ces regards qui le fascinent, et qui le prennent au
piège, comme point lumineux ou « os de seiche », alors qu’ils
ne sont que mort et trous.
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« Le regard, la beauté est la forme sublime de la tache » 76
Jacques-Alain Miller
L’écran noir
Le studium (Barthes)
Dans cette Pimage, il n’y a rien à voir, elle n’a rien à montrer
si ce n’est une longue ligne blanche, avec une brève coupure
qui la coupe de part en part, à l’image d’une castration symbo-
lique entre le ciel et la mer. Et puis une tache blanche, telle
« une boîte à sardines » qui illumine deux nuances de noir.
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L. qui lui manque comme il lui manque à elle. L. qui n’est plus 80
que manque, alors que lui n’est plus que le manque d’elle. Le « studium »
Le « studium » est devenu un « spectrum ». Le « Ça a été », de
« Mon deuil me plaît parce qu’il me rappelle sans cesse l’amie Sikinos pour moitié appartient à une mémoire disparue. Elle ne
que j’ai perdue ». sera bientôt plus rien quand lui aura été.
Anonyme du XVIII ème siècle « … petite étincelle de hasard, d’ici et maintenant…. Elle al-
lume la mèche d’un dispositif dans ce qui a été. » Benjamin
Le punctum
« Il est dans la photographie son champ aveugle » Barthes La photo noire de Sikinos, nimbée de nostalgie et de mélanco-
lie,
« confirme et scelle un verdict, un compte à rebours déjà dé-
clenché. Le sursis ne change rien à cette fatalité : rien ne sera
sauvé »
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Le deuil Derrida.
L’île de Sikinos n’existe plus, elle est sans doute devenue une
ile pour touristes comme las autres cyclades. Le port de pèche
accueille désormais des ferries, sans doute n’y pratique-t-on
plus la pËche au lamparo mais la pêche industrielle.
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L. à Santorin 1998
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CV
88 89
Jean-Claude Mougin 1998 « Gaïa, la terr », XIème mois de la photographie,
Talant, catalogue
né le 30 novembre 1943 « Affaire(s) de générations »,Espace Georges Bras-
professeur de philosophie au Lycée de Sfax, Tunisie, de 1969- sens, Talant
1978 1999 « Gaïa, la terre », Centre d’art contemporain , Grignan
professeur de philosophie au lycée de Charolles de 1979-2004 “Gaïa, la terre”, M.J.C., Dieppe
1971 : débuts en photographie « Affaire(s) de générations, », F.N.A.C. Dijon
2000 « 12 mineurs de fond et 1 lampiste »Musée de la Mine,
expositions personnelles Blanzy
« L’exil d’Hélène », rétrospective 1970/2000 L’ARC,
1976 « Images du Portugal »,Théâtre de Sfax Le Creusot
« Les signes et les visages” avec une préface de Michel 2003 « Mzab », PEP+NO NAME, Basel
Tournier 2011 « Carrés de Pierres », hommage à Laurence,
Bibliothèque Charles de Gaulle, Tunis Tour Saint Nicolas, Paray-le-Monial
Maison de la culture Ibn Rchiq, Tunis 2012 « Carrés de Pierres », hommage à Laurence,
1977 « Les Anglais », Le Poisson Banane, Arles Le grenier à sel, Talant
1978 « Des signes à la dérive », Odéon-Photo, Paris 2012 « Nomos » exposition « Regards » ,Villeneuve-la- Ri-
1981 « Gens de Copenhague », Institut Français de Copen- vière
hague 1986 « La Bresse, voyage photographique”, Musée 2013 « Le Noir » Tilt Gallery, Phoenix ,Arizona
Niépce, Cha 2013 « L’Exil d’Elle », Ceret
lon-sur-Saône, catalogue 2014 « Après le jour vient la nuit », Wuyue Image Space, Pé-
1987 « La Bresse, voyage photographique », Ecomusée de la kin
Bresse, Pierre-en-Bresse 2016 « 2nd Shenzen International Photographic Week », Shen-
1989 « L’atelier des locos », Talant zen
1992 « Imaginary museum », Fox Talbot Museum ; Lacock Ab 2016 « Blue and Black » « Luxun Academy of Fine Arts”
bey Shenyang
1997 « La Fabrique de l’arbre” »Espace des Arts, Chalon-sur- 2019 « Jean-Claude Mougin » See+, Bejing
Saône 2019 « exposition sur table », Tree Shadows, Bejing
1998 « 12 mineurs de fond et 1 lampiste » X ème mois de la 2020 « UMB » Brasilia
photographie, Talant
Collections
Bibliographie
Heidegger Martin: « L’Origine de l’Oeuvre d’Art »
Heidegger Martin: « La Chose »
Heidegger Martin: « Batir,Habier, Penser »
Heidegger Martin: « Gellassenheit »
Krauss Rosalind : L’inconscient optique »
Lacan Jacques: « Le Stade du Miroir »
Lacan Jacques: « Les Quatres Concepts Fondamentaux
de laPsychanalyse » séminaire 11
Lao Tseu : « Tao Tö King »
9(
Adams Anselm: « The Negative »
Barthes Roland: « La Chambre Claire » 96
Baltrusaitis Jurgis: « Anamorphoses » Lie Tseu : « Traité du Vide Parfait »
Bazin André: « Ontologie de l’image photographique » Martineau Emmanuel : Malévitch et la philosophie
Benjamin Walter : « Le Livre des Passages » Merleau-Ponty Maurice : « L’œil et l’Esprit »
Benjamin Walter : « Petite Histoire de la photographie » Miller Jacques-Alain : « les Us du Laps »
Blanchot Maurice : « les deux versions de l’imagi- Reinardt Ad : « Art as Art »
naire » Sapphô : « Le Cycle des Amies »
Caillois Roger : « Méduse et compagnie » Roubaud Jacques et Garréta Anne F :
Celan Paul : « La Nuit », Pavot et mémoire « Eros mélancolique »
Celan Paul : « L’Entretien sur la Montagne », Wang Wei : « Ecrits sur la Peinture »
Cheng François : « Vide et Plein » Le Yi King
Conésa Jean-Claude « Esse est percipi »
Damisch Hubert : « L’Origine de la Perspective » Dumézil Georges: « Le Crime des Lemniennes »
Derrida Jacques : « Demeure, Athènes »
Duchamp Marcel : « Notes » Dans ce texte Dumézil commente le récit d’Apollonios de
Dubois Philippe: « L’Acte Photographique » Rodes, auteur du III ème siècle av. J-C, qui rapporte le
Freud Sigmund : « Pulsions et Destins des pulsions » crime des femmes de Lemnos qui en une nuit ont tué tous
Freud Sigmund : « Éphémère destinée » leurs maris. Celles-ci devenues malodorantes suite à une
Freud Sigmund : « La Tête De Méduse » malédiction d’Athena, sont délaissées par leur maris qui
Freud Sigmund : « L’Inquiétante Étrangeté » leur préfèrent leur esclaves thraces. Folles de jalousie, en
une nuit dionysiaque, elles les tuent tous. Toutefois Hyp-
syle, la fille du roi Thaos, arrive à sauver son père en le
déguisant en femme et en le confiant à une barque qui
part à la dérive sur la mer Egée. Elle finit per échouer et
trouve son port à Sikinos. Thaos s’établit dans l’ile et en
devient le roi, et donne naissance à une nouvelle lignée.
97 97
TABLE
74. l’écran noir
90. L.
94. Bibliogaphie
98 99
3. SIKINOS
24. Le Négatif
60. Çà me regarde
( la castratiuon )
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Ouvrage écrit et imprimé durant l’été 2020
à l’occasion de l’exposition « Noir et blanc : une esthétique
de la photographie » - collections de la BnF.
Grand Palais, RMN, du 12 nov. 2020 au 4 janv. 2021.
N° /10
1. N0°Nphie – Col
1. N &
le plongeur 103
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